[RP] Résistance en défaillance (Twikjeya Elkash)-(terminé)

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[HRP: Après la conférence ]

Les invités partirent petit à petit. Le calme s’installait. Et dans un coin, sur un petit banc, une jeune fille restait assise. Elle ne bougeait plus d’un pouce. Si on l’observait avec attention. On aurait put voir une moue de douleur déformer le coin de ses lèvres.

La petite tête blonde était penchée en avant semblant sans vie. Virginie se tenait le ventre d’une main, et serrait les dents, prostrée dans une douleur aussi soudaine que vive. Était-elle maudite ? a peine quelques morceaux de pain décorés… que son estomac hurlait. Si on lui avait dit.

Quand la mutante réalisa que le service était entrain de tout remettre en place elle se décida à bouger. Avec un petit grognement elle se redressa puis attrapa son sac juste à côté d’elle. Son téléphone presque déchargé -évidement- indiquait plus de vingt heures. Vingt heures! Peut être aurait elle dû éviter les coupe de champagne… sa résistance avait tendance à minimiser les effets visibles du breuvage. Par contre la perte des repères temporels.

Quand bien même l’adolescente avança vers l’intérieur de la bâtisse. Elle se souvenait du chemin. Elle se souvenait aussi de ou l’attendait sa voiture. Dans une petite heure à peine elle s’effondrerait sur son lit. C’était son bute ultime pour cette fin de soirée. Sa démarche était bien trop lente, son corps recroquevillé sur lui-même telle une âme souffrante.

Une jeune femme s’arrêta devant elle. La jaugeant pied en cape en un regard. Virginie la regarda avec une certaine distance envahie par sa sensation. Pour une fois elle se fichait d’être observée. Mais la femme ne semblait pas décidée à reprendre sa route. Elle fronça un sourcil et annonça d’une voix ferme de matrone.

-« Aller à l’infirmerie mademoiselle…

-« Merci mais…

-« Pas de mais, je ne laisse pas une gamine dans cette état reprendre la route."

Un nouveau spasme la secoua et elle étouffa sa réaction. Elle ne voulait surtout pas rester ici plus longtemps. Elle se soignerait très bien elle-même. Et par-dessus tout, elle détestait les docteurs. Les docteurs et tous leurs examens impudiques. D’une voix faible elle argumenta :

-« Je vous assure que…

-« Pas de réplique jeune fille. Venez. »

La femme lui attrapa le bras avec une poigne étonnante même pour la mutante. Elle la guida d’un pas vif. Elles suivaient des longs couloirs et la malade avait l’impression de se trouver dans un labyrinthe. Aucune marche heureusement.

Et sans prévenir avec brusquerie la mère de quelques minutes s’arrêta devant une porte. Elle frappa de coups secs sur la porte et sans attendre de réponse l’ouvrit avec énergie. Elle passa le seuil sa protégée toujours bien accrochée. Son regard vert épia la piéce avant qu’elle n’appelle de sa voix franche :

-« Mademoiselle Elkash ?

Pas possible ! N'avait elle pas fait assez d'effort, prit assez sur elle pour une année entière aujourd'hui ? Maudis serveur ! Elle essaya de faire bonne figure affichant un petit sourire polie à sa mine trop blanche.

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En principe, lorsque quelqu'un cherchait Twikjeya, il avait une chance sur deux de la trouver à l'infirmerie, perpétuellement occupée... Et malgré la conférence, cette journée ne faisait pas exception à la règle. Le terme "d'infirmerie" convenait bien peu à la salle qui s'offrait désormais à Virginie. Particulièrement grande, elle n'abritait pas moins d'une dizaine de lits et une table d'opération, sans compter les innombrables armoires et postes de travails qui la parsemaient. Une équipe de vingt personnes auraient pu y travailler sans le moindre problème. Et au fond de la salle, tranchant singulièrement avec la blancheur de la pièce se tenait la longue robe noire de la mutante qui observait avec attention une petite plante qu'elle venait de greffer. Twikejeya avait depuis longtemps réquisitionné le fond de la salle pour d'autres usages que la médecine, et personne n'avait osé le lui reprocher. La sombre mutante était la seule à venir ici régulièrement et à savoir manier autre chose que bandages et désinfectants...

Twikjeya n'eut pas le temps de se retourner aux coups frappés à la porte que celle si s'ouvrait déjà. La docteur aurait déjà renvoyé l'intruse d'un ton glacial si elle n'avait été accompagnée. Certains des habitants de cette bâtisse étaient dépourvus du savoir vivre le plus élémentaire... Le regard bleu clair de la jeune slave détailla rapidement la nouvelle venue. Une petite blonde qui n'avait clairement pas l'air dans son assiette... Amusée, elle nota que la jeune femme avait elle aussi un goût prononcé pour les bijoux en tout genre. Ses mains et avant bras en étaient couverts. Twikjeya se contentait de porter des boucles d'oreilles trop chargées... Enfiler des gants chirurgicaux avec bagues était impensable.

Merci.

La jeune femme ayant amené ce nouveau cas se retira sans demander son reste. Elle avait rempli son rôle et la voix de la docteur avait parfois des accents impératifs à vous faire froid dans le dos ... Du moins lorsqu'elle excerçait.

Twikjeya abandonna sa plante pour se diriger vers la jeune blonde avec un sourire qu'elle espérait engageant. Lorsqu'on ne la connaissait pas, sa voix mélodieuse et son aimabilité aidait généralement à mettre les gens en confiance...

Soyez la bienvenue à la Confrérie ! Je suis navrée si Salomé vous a parue un peu... brusque.

Le tissu noir ondula une dernière fois lorsque la dame des glaces s'arrêta à deux mètres de la jeune demoiselle, soucieuse de ne pas apparaitre comme trop envahissante. Elle n'avait pas l'air à l'aise et il était hors de question de la perturber davantage. Twikjeya n'appréciait que modérément Salomé et elle espérait bien lui toucher deux mots après cette entrevue, si celle si avait perturbé la nouvelle venue... Quoiqu'on puisse dire de la demoiselle aux mains d'acier, elle n'était pas dépourvue d'une certaine délicatesse... Chose essentielle pour une médecin n'est ce pas ? La mélodie de sa voix s'éleva à nouveau, accompagnée de quelques discrets chocs métalliques lorsqu'elle inclina légèrement la tête vers le lit le plus proche.

Je vous en prie, mettez vous à l'aise. Comment puis je vous aider ?

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La taille démesurée de cette pièce la rendit un peu hésitante. Que faisait elle dans un complexe aussi grand et équiper au cœur d’une confrérie de mutants. Ce n’était pas très rassurant tout ça. La dame avait était un peu simpliste dans ses termes. On aurait dit une base militaire ou quelque chose comme ça. La gamine n’aimait pas ce lieu. Et puis se blanc d’hôpital…

Elle remarqua tout de suite la silhouette sombre et longue plus loin devant elle. C’était une jeune femme et elle était diablement concentrée. A voir la minutie de ses gestes elle devait savoir ce qu’elle faisait. Sauf que son patient ne semblait pas humain. Peut être une expérience ? Virginie sentit une petite boule de nervosité s’installer au creux de son ventre.

A vrai dire l’idée de finir en cobaye la terrifiait depuis qu’elle connaissait sa particularité génétique. C’est en pensant à cela que la petite sentit un regard se poser sur elle. Deux yeux d’un bleus beaux mais bien trop perçant pour qu’elle puisse le supporter sans rougir. Immédiatement par habitude son visage se tourna vers le sol y cherchant on ne sait quoi. Elle étouffait la douleur en silence.

Elle entendit la dame à ses côtés s’éclipser rapidement sans un mot de plus. On dirait que cette doctoresse imposait très facilement son autorité. Virginie ne s’en sentit que plus fragile et déstabilisée. Pour un peu elle aurait même acceptée d’appeler sa mère… Elle était peut être tombée sur l’une de ses professionnelle froide et distante qui ne faisait aucun cas des relations humaines.

Cela dit c’est bien un sourire qui approchait tranquillement d’elle. La jeune malade osa l’observer avec un respect honnête et une certaine crainte. Elle n’y pouvait rien. Ces lieux éveillaient toutes ses peurs. Elle se força à chasser ses mauvais pressentiments en inspirant discrètement de l’air trop propre. Si cela se trouve elle se faisait des idées… comme souvent. So, état la mettait à fleur de peau.

Soyez la bienvenue à la Confrérie ! Je suis navrée si Salomé vous a parue un peu... brusque.

Ses paroles inattendues lui firent bon effet. Voilà bien tout ce qu’elle avait besoin d’entendre. Des mots aimables et attentionnés. Et elle s’y accrocha tout de suite. Voulant montrer qu’elle appréciait sincèrement Virginie essaya de parler. Par un effort de bonne volonté elle chassa toutes ces images cauchemardesques. Son ton ne fut pas plus qu’un son fluet et intimidé.

-« Merci Madame. C’est gentil. Je crois que cette dame voulait surtout bien faire… alors… heu eh bien… ce n’est pas très grave… »

Elle vit avec soulagement qu’une distance appréciable demeurait entre cette inconnue et elle. Cette attention discrète l’amena à sourire de gratitude. Elle jeta un regard autour d’elle comme pour trouver un repère. Il lui fallait toujours avoir conscience de sa place dans l’espace pour éloigner certaines névroses.

Je vous en prie, mettez vous à l'aise. Comment puis je vous aider ?

Ses deux mains se lièrent devant elle comme pour la protéger. Se mettre à l’aise… plus facile à dire qu’à faire… Elle essaya pourtant de coopérer. Cette femme était là pour l’aider… normalement. Alors elle avança de deux pas en signe d’accord.

-« En fait…. Je crois… je crois qu’il s’agit d’une simple intoxication… je ne vous dérangerais pas longtemps. Un cachet devrait tout arranger… »

L’intonation de sa voix trahissait tout son espoir que cette réponse fut la bonne. Voilà pas plus de cinq minutes ici. Mais à ce moment là un spasme l’assailli la pliant un peu plus sur elle-même. Une grimace lui échappa et ses yeux bleus parlèrent pour tout son corps.

D’elle-même la jolie patiente se rapprocha d’un siège et si posa en silence. Elle avait un peu honte de montrer aussi facilement sa douleur. Mais elle n’était pas assez courageuse pour jouer la comédie face à son propre malaise. Elle attendit que la souffrance se soit de nouveau éloignée. Et d’une toute petite voix demanda un verre d’eau comme on aurait plutôt demandé des excuses.

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Twikjeya observa Virginie s'assoir sans se départir de son sourire engageant. Salomé était inexcusable, quoique la façade de marbre de la dame de glaçe ne laissait rien présager de l'engueulade qu'elle lui réservait....

Salomé est très... volontaire oui.

Bien que la sombre mutante n'était clairement pas suffisament vieille pour mériter du "madame", elle ne le reprocha pas à Virginie. Cette nouvelle arrivante était particulièrement polie et elle n'allait pas briser ses efforts pour une convention totalement ridicule... Qui plus est, elle n'avait pas l'air à son aise. Les mains chargées de bagues qu'elle croisait nerveusement en étaient une illustration parfaite, de même que ses paroles légèrement hésitantes. Le sourire de Twikjeya s'élargit. Par chance, la chirurgienne était habituée à ce genre de situations. La Confrérie était remplie d'ados hésitants pour les moins fragiles, complètement traumatisés pour les plus faibles... Elle savait s'y prendre.

Un mal de ventre ? En temps normal, Twikjeya aurait posé quelques questions à sa patiente histoire d'en avoir une idée plus précise, mais elles étaient ici inutiles... La jeune femme avait sans doute dévoré des petits avec d'autant plus d'ardeur qu'elle était motivée par de discrets signaux télépathiques. Malheureusement pour elle et quelques autres estomac fragiles, les dit petits fours avaient été achetés à un prix dérisoire par la Confrérie, histoire d'économiser quelques deniers... Il en résultat que bien que très appétissants, ces trucs étaient au mieux périmés, au pire croqués par des rats pestiférés...

Oui en effet, ne vous en faites pas...

La douleur amplifiait visiblement. Et comme bien d'autres, la jeune demoiselle ne semblait pas réellement apprécier le brasier qui gangrenait peu à peu son corps, tourbillonant dans son ventre ... Une petite voix tiraillée par la douleur réclama un verre d'eau.

Evidemment !

Twikjeya fit volte face dans un impressionant tourbillon de tissu noir, ralliant en quelques pas le robinet le plus proche en attrappant un verre sur une étagère au passage. Elle parlait bien plus que d'habitude, trop sans doute, mais la slave avait remarqué que pour beaucoup de personnes, parler procurait un réel réconfort. Bien qu'elle n'y entende rien, elle se pliait docilement aux dialogues lorsqu'ils rendaient service aux autres... Et la mélodie caractéristique de sa voix n'y était sans doute pas étrangère.

Je suis enchantée de vous rencontrer mademoiselle... ? Que venez vous chercher à la Confrérie ?

Le verre fut rempli sans que la moindre goutte en déborde, le robinet fermé d'une main sèche. Twikjeya repartit en sens inverse, ouvrant une armoire de sa main libre. Elle attrappa une petite boite sans y jeter le moindre coup d'oeil. Depuis sept ans, tout était à sa place... La masochiste aurait pu se crever les yeux et continuer à travailler ici sans la moindre hésitation, ses gestes toujours aussi efficaces...

Tenez. Navrée de l'attente.

Tendant le verre à Virginie, elle ouvrit la boite d'une seule main et sans un regard, extrayant la plaquette de gélules entre le majeur et l'index pour la tendre à sa patiente. Hors de question d'ouvrir un médicament pour le tendre à quelqu'un qui n'avait visiblement qu'une confiance limitée en vos services. Les yeux bleus de Twikjeya remontèrent jusqu'au visage de la petite blonde, tendant la plaquette, nom bien en évidence. Dans un lieu inconnu, accepter une pilule donné par une étrange dame n'était pas forcément rassurant.

Prenez en une maintenant et une autre dans deux heures. Cela suffira à soulager votre mal dès les premiers instants.

Dès que la jeune mutante saisit la plaquette, Twikjeya se recula d'un pas, s'asseyant sur le lit qui se trouvait derrière elle en croisant les mains sur ses cuisses. Ne pas paraitre envahissante, laisser la douleur passer avant de la harceler à nouveau...

J'aime beaucoup vos bijoux.

Et, étrangement, c'était vrai. Toute mutante, glaciale et associable qu'elle était, Twikjeya avait bien le droit d'avoir quelques péchés mignons non ?

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Virginie fut soulagée de voir son hôte sourire au lieu de s’agacer de son hésitation. Elle n’avait vraiment pas besoin de reproche ce soir. D’ailleurs elle semblait tout à fait maîtresse de la situation et des lieux. Ce qui donna envie à la gamine de se laisser aller. De la laisser un peu prendre les rennes de leur échange. Elle se sentait fatiguée… pour une foi.

Oui en effet, ne vous en faites pas...

Bien ! Cette femme n’essaierait donc pas de lui faire inoculer une dizaine de médicaments. La blondinette le visage replier contre elle-même entendit l’infermière faire couler de l’eau et attraper des objets. Pendant que dans son corps ses cellules essayaient de déclencher l’anti sensation de douleur. Mais ce « talant » ne fonctionnait que pour les agressions extérieures…

Elle releva les yeux en l’entendant lui parler de l’autre bout de la pièce.

-« Virginie, c’est Virginie. Elle hésita un instant était il convenable de lui demander son nom ? Et vous ? Si je puis me permettre. »

Ne voulant pas passer pour une enfant, la patiente tenta de retrouver une position convenable. La douleur était là résistante à tout. Elle essuya son front d’un geste las et répondit à la suite.

-« Une connaissance m’a invité à venir assister à la conférence de ce soir… »

Son regard erra dans la salle regardant son agencement. Tout était si ordonné ici. Ca aurait put la rassurer. Aucune mauvaise surprise. La femme en noir revint et lui tandis l’eau avec une excuse. Elle s’en saisie la regardant d’un air étonné. Et avec une honnêteté déboussolant la rassura immédiatement.

-« Même dans ma propre salle de bain j’aurais mit plus de temps à avoir tout ça. Vous êtes efficace madame croyez moi. »

Elle but la première gorgée et sentit le liquide couler jusqu’à son estomac en feu. La température redescendit doucement. Un soupire de soulagement accueillit l’évolution. Puis son regard bleu remarqua la plaquette de la dame. Elle lui proposait la boîte ou elle pouvait lire…

Au moins c’était clair. Cette femme ne voulait pas lui cacher les choses. Virginie apprécia cela en silence. Elle s’attarda sur ses étranges eux bleus. Il n’y avait aucune méchanceté ou autorité. Juste de la patience. Cela lui permit de se détendre un tant soit peu.

Prenez en une maintenant et une autre dans deux heures. Cela suffira à soulager votre mal dès les premiers instants.

Cela ne l’empêcha pas de douter encore. Mais la douleur ne partait pas. Et à son avis elle ne partirait pas sans aide. Alors elle attrapa délicatement le médicament. Et en bonne élève libéra la première gélule. Elle la tourna lentement entre ses doigts. Rien d’anormal. Elle jeta un dernier coup d’œil à son médecin.

Et enfin avala avec un peu d’eau. Il glissa doucement dans sa gorge. Une nouvelle gorgée aida la chute. Puis elle attendit. En effet au bout de quelques secondes le brassier s’apaisa un peu. Un sourire sincère éclaira son visage. Il semblait hurler un « ouf » à sa sauveuse.

J'aime beaucoup vos bijoux.

Se moquait-elle ? A sa voix douce Virginie imagina que non. Et cela la surprenait. Car si toute personne remarquait sa fantaisie sur le sujet, personne ne la complimentait. C’était plutôt des mimiques moqueuses ou un mépris. Cette femme était adorable avec elle. On aurait dit qu’elle faisait tout pour la mettre à l’aise. Et ça ça lui faisait plus de bien que n’importe quel cachet.

-« Merci ! Vos boucles d’oreilles sont très jolies. Et elles vous vont bien en plus. »

Elle aussi était tout à fait sincére. Elle termina son verre maintenant plus calme. Elle regarda cette alliée improvisée avec gentillesse. Et eut même le courage de reprendre la conversation. Après tout le lieu ne définissait pas toujours la personne. Cette dame en était la preuve. Cela rassurait la jeune mutante.

-« Avez-vous entendu Maria ? »

Elle se rendit compte qu’elle avait utilisée le prénom. Quelle familiarité. Pour qui se prenait elle ? Le rouge lui monta au joue et elle ajouta précipitamment.

-« Je veux dire... La conférencière… c’était la conférencière. »

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Appellez moi Twikjeya.

Une personne normale se serait sans doute excusée pour la difficulté de son nom et aurait donné quelques éclaircissements sur son origine mais Twikjeya jugeait que c’était amplement suffisant… Principalement tournée vers les autres, la mutante ne parlait jamais d’elle lorsqu’on ne l’interrogeait pas directement, et personne ne s’en était jamais plains jusqu’à présent… Elle sourit lorsque Virginie la complimenta sur sa rapidité, usant une nouvelle fois du « madame » tellement respectueux à ses yeux…

Ne vous en faites pas, c’est mon métier de savoir manipuler tout ce qui se trouve ici.

La sombre mutante parlait trop, c’était certain. Elle n’avait jamais été spécialement douée dans les conversations courantes et cela se ressentait parfois… Mais la gentillesse et le stress de sa patiente rattrappaient le coup. La jeune blonde paraissait tout aussi perdue qu’elle, à ceci près qu’elle ne se dissimulait pas derrière un masque de glace tout ce qu’il y avait de plus agréable.

Les boucles d’oreilles appréciées par Virginie cliquetèrent légèrement lorsque la dame de glace inclina la tête pour remercier silencieusement sa patiente. Finalement, toute mutante qu’elle était, elle semblait au moins posséder quelques goûts en commun avec les gens plus… normaux, ou plus intégrés, au choix. Virginie n’était peut être même pas mutante, mais cela n’empêchait pas la slave de se comporter aussi agréablement que possible avec elle. La Confrérie avait une réputation à préserver et de toute façon, Twikjeya était l’une des personnes les plus agréables qu’il soit.

C’est gentil. Vous en voulez ? C’est moi qui les fabrique…

Et accessoirement, généreuse… Ou n’ayant aucune notion quelconque de valeur ou de gêne…

Je peux réduire leur taille si cela vous gêne.

Il était aussi vrai que la taille «lustre » ne convenait pas à tout le monde… Virginie risquait aussi bien la fracture de la nuque que la déchirure du lobe !
Ce fut toutefois loin de ces idées sanglantes qu’un soulagement plus que visible s’imprima sur le visage de la patiente. La sombre dame était donc confortée dans son idée quant à l’origine du mal… Les petits fours à trois dollars la tonne étaient bien en cause.

Twikjeya cligna des paupières lorsque la jeune blonde parla de Maria. Ainsi donc elle la connaissait ? A bien y réfléchir, c’était vraisemblablement la secrétaire qui avait amenée Virginie à la Conférence… Kenjiss n’était pas sociable, Terry n’était pas sorti récemment et les autres membres de la Confrérie n’étaient pas reconnus pour l’efficacité de leur recrutage à l’ancienne dans les rues… Les joues de Virginies qui s’empourprèrent brusquement rappelèrent à la mutante combien elle était mal à l’aise malgré ses tentatives. Trop de familiarité, trop brusquement… Bien d’autres personnes auraient depuis longtemps explosé devant cette jeune étrangère qui se mettait à appeler les confréristes par leurs prénoms, à peine arrivée… Le joli visage à peine soulagé de la douleur qu’elle éprouvait s’était à nouveau refermé, elle bredouillait…Twikjeya eut un sourire rassurant… Ce n’était pas bien grave. Elle rejeta sa tête en arrière, sans essayer de toucher la jeune femme. Sa gêne pouvait aussi être expliquée par un pouvoir non contrôlé et tout masochiste qu’elle était, Twikjeya préférait éviter de perdre son bras. Par ailleurs, elle n’aurait sans doute fait qu’accentuer sa gêne. La sombre mutant prit sur elle d’oser quelque chose qu’elle réussissait rarement… L’humour.

Maria ? Je n’ai pas écouté la Conférence en elle même mais je l’ai suffisament entendue… Ca fait un mois qu’elle répète face au miroir, piquant des crises de rage lorsqu’elle oubliait un passage, je crois connaître son discours mieux qu’elle…

Il y avait effectivement eut quelques crises de nerfs de la russe qui tentait d’apprendre son discours, bien que celui de Kenjiss, amplement plus court, eut nécessité trois fois plus d’effort… Twikjeya se leva soudainement, affectant de rajuster sa robe… En réalité elle souhaitait simplement enfoncer davantage le clou qui lui traversait la cuisse… Le métal pénétra plus profondément dans sa chair lorsqu’elle se rassit, accentuant le filet de sang qu’elle solidifia par réflexe. La slave se mordit discrètement la langue pour étouffer son gémissement de plaisir, avant de reporter son attention sur Virginie. Autant continuer la conversation, cela pouvait toujours être intéressant… Maria ramenait rarement des personnes inintéressantes. Et bien que cela aille à l’encontre de tous ses principes, Twikjeya interrogea la jeune blonde.

Avez vous apprécié la Conférence ?

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Twikjeya : ce nom raisonnait étrangement à son oreille. Elle ne savait pas bien d’où ce nom pouvait venir. Il était si exotique. Il lui plut tout de suite. Elle hocha la tête avec un sourire. Finalement elle commençait à se sentir bien ici. La doctoresse faisait tout pour continuer la conversation ce qui la poussait elle aussi à parler. Un fameux travail d’équipe.

Virginie était d’ailleurs heureuse de trouver un terrain d’entente, si futile pouvait il sembler. Elle adorait les bijoux et ça depuis toujours. On la comparait volontiers à une pie quand elle en parlait. Et la plus part du temps cela avait de quoi la faire rire.

Ses yeux devinrent de grandes billes bleues quand elle apprit le secret de fabrication. Impossible ! Elle devait avoir des doigts de fées ! De son côté la petite blonde devait se contenter des perles multicolore à glisser dans ses folles coiffures. Elle avait toujours été fascinée par les personnes capables de créer de leurs mains. Et cette dame en noir n’échappa pas à la règle. Ce fut un murmure admiratif qui s’échappa :

-« Vous êtes très douée… »

Et plus encore elle lui proposait de passer commande. Son visage s’égailla instantanément. Elle en avait de la chance. Sa douleur était entrain de disparaître et cette femme devenait de plus en plus charmante avec elle. Pour un peu elle lui aurait serrée la main avec gratitude. Mais bien trop pudique elle se contenta d’une réplique tout en naïveté:

-«Ho ça alors oui ! J’en serais honorée madame Twikjeya. Merci Beaucoup. »

C’était gentil et généreux oui. Elle n’en revenait toujours pas. Ses sourcils se froncèrent quand elle étudia avec attention les boucles en exemple sous ses yeux. Peut être un peu moins grandes, pour ne pas créer de déséquilibre. Quoi qu’elle aimait aussi les grosses boucles il n’y avait qu’a voir sa chambre.

-« Peut être légèrement moins grandes oui. Si cela ne vous dérange pas. »

Elle se demandait juste quand elle aurait l’occasion de la revoir après ce soir. Elle ne pensait pas revenir de si tôt à la Confrérie. Enfin ! Qui vivra…
Ce fut au tour de cette aînée d’être étonnée. Pourtant elle ne départit pas de son sourire et de son calme. Virginie en fut soulagée.

Maria ? Je n’ai pas écouté la Conférence en elle même mais je l’ai suffisamment entendue… Ca fait un mois qu’elle répète face au miroir, piquant des crises de rage lorsqu’elle oubliait un passage, je crois connaître son discours mieux qu’elle…

Un rire répondit à cette confidence. Eh bien. Si elle avait imaginée ça. Maria ! Un besoin de répéter. Mais elle parlait si bien pourtant ! Elle essaya de se représenter le belle jeune femme devant un miroir et ria de plus belle. Personne n’échappait à l’entrainement alors ? C’était rassurant.

Son interlocutrice se leva soudainement. La petite blondinette l’observa en alerte. Qu’est ce qui se passait ? Elle se calma illico en la voyant replacé le tissu. Elle aussi faisait tout le temps ça. Une petite manie. Du coup elle en profita pour changer de position elle aussi. Sur le lit elle recula un peu et se mit en tailleur. Elle avait toujours été plus à l’aise ainsi.

La conversation reprit ses droits. Et Virginie ne sut comment répondre à la question. Comment expliquer le pourquoi de la chose. Elle allait surement passer pour une idiote avec ça. Rien d’étonnant vue son comportement. Sa tête se baissa à l’image d’une enfant prise en faute.

-« En fait je suis arrivée après la conférence proprement dite. J’ai un peu trop hésitée avant de venir. Je n’aime pas beaucoup la foule vous voyez ? Je m’en veux. J’aurais aimé l’entendre… »

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Twikjeya commençait sérieusement à envisager d'assommer Virginie pour la traîner devant les espèces d'ados archi perturbés et bien trop sûr d'eux mêmes et de leurs pouvoir qui constituaient le plus souvent son auditoire, histoire de leur montrer ce qu'était réellement une adolescente agréable ! Cette petite était tout à fait adorable et Twikjeya savait apprécier les gens lorsqu'ils le méritaient... Elle ne sourit pas au compliment de Virginie, pour la bonne et simple raison que son sourire aimable ne s'était toujours pas effacé de son visage. La sombre mutante y remédia immédiatement histoire de ne pas passer pour une cruche. La commande de Virginie lui donnerait l'occasion de se saigner quelque peu... Cependant elle jugea bon de remettre cette fabrication à plus tard. Dégaigner une lame face à la jeune blonde avait de quoi effrayer... A plus forte raison si elle se la plantait dans le bras avec un cri d'extase !

C'est moi qui vous remercie, vous me donnerez de quoi m'occuper... Combien de temps restez vous à la Confrérie ? Je devrais pouvoir m'en occuper avant demain.

Le rire cristallin de Virginie eut pour effet de faire apparaitre un nouveau sourire sur les traits gracieux de la mutante. Elle nota mentalement de tenter de reproduire ce genre d'humour avec d'autres personnes, histoire de vérifier si c'était réellement amusant... Sa froideur avait parfois l'inconvénient de la rendre insensible à ce genre de choses, ou plutôt elle ne comprenait que rarement l'intérêt ironique des diverses blagues qui fusaient parfois entre ses adolescents... En quoi décrire leurs exploits sexuels de la veille tandis que les autres mettaient en doute les aventures réels du conteur était amusant ? Elle avait pensé à les castrer pour s'assurer de leur attention en cours mais Kenjiss lui avait affirmé que c'était une mauvaise idée...

Fort heureusement pour elle, Virginie n'avait pas du tout l'air de ce genre de jeunes. Eux étaient généralement blancs comme des linges en pénétrant dans l'infirmerie lorsqu'ils y étaient forcés. La petite blonde elle, reprenait des couleurs. Du moins jusqu'à ce qu'elle se lève... Twikjeya tendit une main aux longs doigts arachnéens dans un geste d'apaisement.

Oh. Navrée. Je ne voulais pas vous inquiéter..

Juste se planter un peu plus un malheureux clou dans la cuisse...

Mais Virginie se reprit vite et affirma ne pas avoir assisté au discours de Maria. Dommage. Ou plutôt tant mieux, si cela devait être une recrue future, mieux valait ne pas la bercer d'illusions... La guerre qu'ils livraient était dure, sale, brutale, et tout ce qu'il y avait de plus sournoise. La splendide blonde qui était montée sur l'estrade n'était autre qu'une psychopathe assoiffée de sang et le tatoué était un genre de nihiliste archi violent aux méthodes expéditives...

Bien sûr.

Les mutants appréciaient rarement la foule en effet. Et il y avait dans ce "bien sûr" un sous entendu qu'elle ne cherchait pas le moins du monde à cacher. Si la conversation pouvait dériver sur la question mutante, Twikjeya ne s'en plaindrait pas... En revanche, sa délicatesse naturelle lui interdisait de questionner Virginie sur un sujet aussi sensible. La doctoresse reporta son attention sur les oreilles de la petite blonde, prenant mentalement note de la taille de sa commande. Elle devrait pouvoir assembler cela en deux heures...

Twikjeya se releva, plus doucement cette fois. Elle aurait bien voulu ranger immédiatement le verre que Virginie tenait mais il était bien évidemment hors de question de lui arracher des mains ! En quelques enjambées, elle fut de retour à sa bouture qu'elle examinait lors de l'entrée de Virginie. Elle saisit la plante pour la reposer dans sa serre, avant de la refermer et de se laver aussitôt les mains. Les longues manches de sa robe auraient pu rendre l'action délicate mais pas une goutte ne vint mouiller le tissu, et ce sans qu'elle n'ait à le rabattre. Précision, toujours... La jeune slave s'essuya les mains avant de revenir auprès de Virginie dans un discret tintement métallique.

Navrée. Je manque à tous mes devoirs. Désirez vous autre chose ? Je dois pouvoir me procurer une copie du discours si vous y tenez...

Elle jeta un coup d'oeil à la pendule murale. Vingt heures trente. En théorie et si elle n'avait fait que manger des petits fours, la jeune demoiselle devait être affamée... Twikjeya se demanda brusquement ce que faisait Maria. C'était très bien d'inviter des gens mais encore fallait il s'en occuper... La Conférence était achevée depuis longtemps à présent... La sombre mutante ne pouvait évidemment pas savoir que quelques mètres plus loin, la sanglante russe et la moitié des adultes de la baraque étaient en train de torturer un humanoïde tandis qu'elle bavardait agréablement avec l'une des créatures les plus douce qui n'ai jamais posé un pied à la Confrérie.

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Pouvait-elle répondre aussi spontanément : le moins de temps possible ! Alors que cette femme était si douce avec elle. Ca aurait été mal poli, pir une sorte d’affront, devant tant de sympathie envers la gamine quelconque qu’elle était. En plus si elle voulait être franche avec elle-même cette discussion lui donnait envie de s’attarder. Cela dit elle n’allait pas se trouver une autre faiblesse physique pour retarder la fin… ça aurait été difficile. Tout ça pour dire qu’un silence hésitant plana.

Demain ! Pour demain ? Mais c’était incroyable ! Non même plus avant demain. Elle l’aurait donc dans la soirée… mais elle n’allait pas attendre des heures ici. Même si ces bijoux étaient magnifiques. Elle n’aurait jamais le courage de rester dans ce lieu sans avoir de repère. Comment dire ça ? Son regard hésitant quémanda la patience quand elle répondit :

-« Je serais ravie madame. Je vous assure ! Mais … je… enfin je ne vais pas rester à encombrer les lieux toute la soirée… peut être que si je repasse plus tard… »

Elle hocha la tête en voyant que la belle dame en noire avait juste besoin de se dégourdir les jambes. Elle pouvait bien le comprendre. Elle qui était toujours en mouvement. Une autre façon de na pas avoir à se confronter à ses penser. Un comportement lâche et inutile. Mais un jour ça changerais. Virginie ferais tout pour devenir quelqu'un de bien. Une personne dont elle puisse elle-même être fière.

-« J’ai tendance à m’inquiéter facilement… surtout pour les autres. Excusez-moi. »

La blondinette comprit avec soulagement que son infermière ne lui tenait pas rigueur de son manquement. Elle la regarda de nouveau. Qu’elle chance d’être tombée sur quelqu'un de compréhensif. Finalement cette Salomé avait bien fait, n’est ce pas ?
Il lui sembla entendre autre chose qu’un simple bien sûr. Twikjeya avait elle déjà comprit ? A cette idée Virginie sentit une petite boule se reformer au creux de son ventre. C’était toujours la même angoisse sournoise. Elle avait si honte d’être ce « monstre ». Et en même temps se sentir appartenir à cette communauté si spéciale. Drôle de paradoxe qui guidait toute son existence.

Heureusement aucune question ne fut posée dans se sens. Et même si elle aussi était curieuse elle se tut et éluda donc le sujet avec un petit sourire. Pourquoi aller mettre un peu plus d’angoisse dans cette maudite boule ?

Son interlocutrice retourna à son travail. Et Virginie se rendit compte qu’elle lui prenait beaucoup de temps à papoter. Avidement cela la fit culpabiliser. Voilà qu’elle retardait le travail d’une chercheuse, c’était du joli ! Elle l’observa faire ces choses, tant de délicatesse, tant de précision. C’était presque magique, comme si les objets lui obéissaient. Elle se perdit dans cette étude, attentive et admirative. Elle aurait aimé savoir faire ça…

Le son doux du bijou la fit sourire. Cette musique bien connue. Celle qui accompagnait presque toujours ses pas. Un point commun avec cette fascinante personne.

Navrée. Je manque à tous mes devoirs. Désirez-vous autre chose ? Je dois pouvoir me procurer une copie du discours si vous y tenez...

Encore une bonne attention à son égard. Et sens mentir c’était agréable. Ca lui changeait. Pourtant elle ne voulait pas exagérer un peu plus. Et lui fournir un travail supplémentaire. Avec bonne humeur et franchise elle la remercia tout de suite.

-« Ne vous embêtez pas pour moi madame. Je vous remercie. Je pense que je pourrais le trouver par moi-même. »

Après tout une journaliste… apprentie d’accord… une simple pigiste… était faite pour ça. Son ventre gronda comme un ténor donnant raison à l’heure tardive. Virginie posa une main sur son vente la mine confuse. Elle hésitait entre le rire et la fuite. Sa voix communiquait toute ça gêne à nouveau.

-« Pardon… je crois que mon estomac aura du mal à attendre votre création… »

Un sourire déçu dessina sa bouche alors qu’elle posait le verre sur la table de nuit juste à sa droite. Son regard bleu se posa sur la belle slave avec un peu de regret. C'était parfois agaçant d'être gourmande se dit elle.

-« Je peux revenir demain ? »

Pouvoir · Type Gamma

Twikjeya hocha doucement la tête. Evidemment, Virginie était toujours mal à l'aise ici. Même sans être mutante, la petite blonde avait de quoi être stressée par l'imposante et mystérieuse bâtisse. Et quand bien même elle même était agréable, elle n'en restait pas moins une étrangère, une inconnue qui n'avait fait que la soigner et lui sourire.

Je comprends. Toutefois sachez que vous n'encombrez nullement les lieux, vous êtes notre invitée n'est ce pas ?

La doctoresse espérait sincèrement que Virginie en était persuadée et qu'elle ne se voyait pas plus comme prisonnière entre ces murs qu'elle ne connaissait pas. Les vrais prisonniers n'étaient pas traités avec ces égards. Et puis après tout, la Confrérie n'apparaissait elle pas comme un refuge, un endroit paisible et acceuillant ? Non vraiment, la slave espérait ne pas effrayer Virginie en faisant mime de la retenir ici...

Virginie, je me répète mais vous n'embêtez personne ici... Vous êtes venue en ayant besoin d'aide, je n'ai fais que vous la procurer. Il n'y a rien "d'embêtant". C'est mon métier et la Confrérie serait bien en peine de vanter son hospitalité si une nouvelle venue nous "gênait"

Et la mutant d'achever ses paroles par un sourire éblouissant, qui ne correspondait certes pas tout à fait avec son caractère, mais tant pis... Cela mettait en général les gens bien plus à l'aise qu'un simple sourire, et ce même lorsqu'il était simulé. Twikjeya ne révélait que rarement le peu de sentiments qu'elle avait.

La ténébreuse dame hésita à reprendre le verre déposé par Virginie, mais cela n'aurait fait qu'accroitre la sensation de gêne de la jeune blonde. Se jeter sur quelque chose qu'elle déposait délicatement avait de quoi vous donner l'impression que vous étiez en trop ici. Un grondement en provenance de l'estomac de Virginie interrompit le fil de ses pensées. Gagné, elle avait faim.

C'est humain voyons... Et elle espérait sincèrement que cette humanité s'arrêtait à sa faim et pas à un gêne X inexistant ! Elle serait vraiment navrée de devoir trancher la gorge de la jolie demoiselle qu'elle avait soigné quelques temps auparavant.

Si vous avez été invité par Maria Aleksandrovna Yevgeniyen Virginie, considérez vous comme la bienvenue quelle que soit l'heure... Elle ne vous l'a peut être pas dit mais elle occupe une place importante ici, et le premier qui s'aviserait de vous mettre à la porte pourrait bien se retrouver au chômage sur l'heure... Les portes vous seront en permanence ouvertes, quels que soient vos besoins. Vous pouvez bien évidemment revenir demain mais... Elle eut un coup d'oeil malicieux. Etes vous sûre de vouloir faire attendre davantage votre appétit ? Ce n'est qu'un aperçu bien maigre de ce que la Confrérie peut faire pour vous, mais vous proposer un repas serait la moindre des choses pour vous remercier de votre venue à la Conférence ! Des doigts d'acier se levèrent aussitôt pour empêcher Virginie de répliquer. Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas un recrutement dans notre association. Sourire, encore. Plutôt une mesure de sécurité. Les journalistes sont encore nombreux dehors et ils sont parfois agaçants avec les gens sortant de la bâtisse...

Pouvoir · Type Sigma

N’est ce pas ? Oui. Elle était entrée ici grâce à une invitation c’est vrai. Mais pourquoi cela changerait quelque chose ? Ou qu’elle se trouvait elle se sentait de trop. Dans sa chambre à Londres, chez sa tante… Enfin ce n’était pas le moment d’y penser. Ce trait de caractère la révoltait toujours. Cela ne l’aidait pourtant pas à trouver ses racines. Il le faudrait bien un jour ou l’autre ! Pas ce soir en tous cas.

Son regard se planta dans celui de sa doctoresse. Elle avait l’air sincère avec ce grand sourire. Virginie mourrait d’envie de la croire. Et son raisonnement lui paraissait logique imparable. Comme le lui avait dit Maria la Confrérie voulait aider… Mais était ce dans le même esprit que Lib Corp ? Elle savait pertinemment que les Confréristes étaient disons… beaucoup plus hargneux. Il y avait des objectifs plus dangereux. C’était le versus du Cercle.

Quoi qu’il en soit cela ne rendait pas Twikjeya moins agréable à ses yeux. Peut être que si elle revenait les deux jeunes femmes pourraient sympathiser un peu plus. La petite mutante avait peu de personne vraiment important dans sa vie. D’ailleurs si elle était honnête personne n’attendait quelque chose d’elle. Exception peut être pour cette mademoiselle Wind qui lui avait fait confiance jusqu’au bout. La seule.

Les efforts de la slave lui rappelait son propre comportement avec les autres. A toujours vouloir qu’ils soient bien, à toujours être serviable, à toujours être douce. Elle n’oserait pas dire qu’elle lui ressemblait ça aurait été terriblement présomptueux ! Mais au moins elle était heureuse de ne pas être la seule à se comporter ainsi. Elle n’avait pas tout à fait tord de rester avenante et attentive.

Entendre le nom étiré de la conférencière lui donna envie de sourire. C’est vrai qu’elle portait un patronyme impressionnant. De quoi se créer un passer de reine de tzarine ! Maria ne lui avait pas franchement dit la place qu’elle avait dans cet ordre. Mais étant donné sa prestance Virginie avait fait ses hypothèses. Elle n’était donc pas surprise. Par contre s’entendre énoncer tous ses droits grâce à elle.

Une véritable Carte Blanche ! Sa bouche forma un « ho » stupéfait. Comme si on venait de lui ouvrir les portes d’un château. La pointe d’humour de Twikjeya lui fit rosir les joues. Elle ne voulait pas avoir tant d’importance ! Elle n’en avait pas le droit ! Elle n’était qu’une petite mutante qui avait croisé la route d’une grande femme de l’avenir.

Enfin ! Elle avait faim ! Et son infermière l’avait parfaitement compris. Un repas ? Tel les repas d’hôpitaux ? Non. Pas dans cet endroit là ! Mais quoi la remercier ? Son regard dû trahir son désaccords sur la question car la dame en noir l’arrêta avant même la phrase pensée. Etait elle donc si prévisible ? Sauf que ce fût pour la rassurer sur un autre point. La question du recrutement. Virginie n’y avait même pas songée. Pas un instant. Tout simplement parce qu’elle savait qu’elle n’intéresserait jamais une si grande organisation.

L’ultime argument lui tira une grimace. Les journalistes. Les journalistes, elle les avait oublié eux. Ses confères. Oui elle les connaissait, eux et leurs méthodes. Zut alors ! Elle ne voulait pas les voir, les croiser. Elle ne voulait pas affronter ça, ces vautours. Elle les côtoyait déjà bien assez au boulot. Sa voiture était loin en plus. Elle capitula dans un soupire.

-« Oui je sais. Ils peuvent être très envahissants aussi. »

Elle était fière de son métier. Mais elle savait aussi ou se trouvait toutes ses faiblesses. Son interlocutrice venait de toucher une du doigt. Et maintenant Virginie était indécise. Un autre débat intérieur la minait. C’était si simple de faire basculer sa détermination. Elle s’en voulait pour ça. Elle aurait aimé savoir garder ses choix en vie jusqu’à leur exécution. Trop tard… encore une foi.

-« Peut être que je peux rester encore un peu le temps de ce repas… en attendant que la route soit libre. »

Et promis après elle laisserait la jolie dame à ses expériences.

Pouvoir · Type Gamma

Le visage de Twikjeya s'illumina brusquement à la capitulation de Virginie. Ce n'était pas un sourire satisfait de la forcer à rester, simplement une joie réelle de la voir surmonter son mal être (ses peurs ? ) pour oser rester à la Confrérie.

Les vrais journalistes sont ceux qui s'intéressent réellement à nos actions, pas ceux qui guettent le moindre ragot sortant de ces murs... Ceux qui attendent dehors sont de vrais nuisances.

Et lorsque l'on savait comment la sombre dame traitait les nuisances, parasites et autres encombrants, on pouvait fortement craindre pour la gorge des envoyés spéciaux postés dehors... Fort heureusement pour eux, la mutante des glaces avait autre chose à faire.

Je vous en prie...

Inclinant légèrement la tête, Twikjeya accompagna Virginie jusqu'à la porte dans sa mélodie habituelle, concerto métallique et froissement d'étoffe noire.

Ce soir, vous pourrez manger du poulet aux haricots, si cela vous convient. Emmett sera à votre disposition pour toute envie particulièrement, ou si vous désirez quelque chose de plus... raffiné.

La porte s'ouvrit automatiquement sur le couloir, vide, bien évidemment. Les élèves n'aimaient pas spécialement trainer à proximité de l'infirmerie... Etrange non ? Twikjeya continua sa marche d'un pas gracieux, comme à son habitude, en vérifiant de temps à autre que Virginie la suivait. Bien. Lorsqu'elle aurait trouvé Emmett, elle pourrait repartir dans sa chambre, fabriquer la commande de Virginie avant de la lui livrer. Peut être trouver Maria entre temps, lui demander quels étaient ces projets avec la jolie blonde.

Emmett est notre majordome. N'hésitez pas à lui demander tout ce que vous souhaitez, il tâchera de vous combler... Je tâcherais de vous rejoindre à la fin de votre repas. Rassurez vous, les élèves ont fini le leur, vous ne serez pas dérangée dans la salle commune.

Ce fut l'instant que choisit Emmett pour faire son apparition devant l'étrange duo, comme s'il les attendait déjà. Dans une tenue de majordome immaculée bien qu'un peu démodée, le très distingué anglais s'inclina légèrement devant les deux beautés qui arpentaient les couloirs de la Confrérie.

Mesdemoiselles... Que puis je pour vous ?
Emmett, cette demoiselle désirerait souper. Pouvez vous...?
Je peux toujours mademoiselle Elkash, et vous le savez... Quant à vous, je vous conseille de vous nourrir plus régulièrement. Vous plus qu'une autre en avez particulièrement besoin...

Twikjeya secoua la tête. Oui, evidemment qu'elle avait besoin de manger plus qu'une autre étant donné le sang qu'elle perdait et qu'elle devait reconstituer à chaque fois. Mais elle estimait se nourrir suffisamment. Et bien qu'en tant que médecin, elle recommanderait à quelqu'un de sa taille et de son poids de manger plus en raison d'une légère maigreur, elle passait outre lorsqu'il s'agissait d'elle même. Ce n'était pas une question de coquetterie, c'était... autre chose. Trop compliqué à expliquer.

Je vous en prie Emmett...
Bien. Mademoiselle si vous voulez bien me suivre ? J'imagine que mademoiselle Elkash vous a déjà mit au courant du menu de ce soir, désirez vous autre chose ?

Habitué des étranges personnes qui peuplaient la Confrérie, voire des invités étranges qui ne cessaient de passer, Emmett, en parfait gentleman britannique, ne se démontait jamais. Et Virginie paraissait bien calme face à certaines "connaissance" de l'étrange tatoué qui lui servaient de directeur...

Twikejya agita les doigts à l'attention de l'étrange couple qui s'éloignait. Virginie tranchait singulièrement avec le majordome, dans sa petite robe blanche à côté de ce vieux monsieur très droit... C'était amusant.

Bon appétit Virginie.

La mutante attendit qu'ils aient tourné le premier angle du couloir pour reprendre le visage qui était le sien -froid et sans émotion particulière-. Pourtant elle était heureuse. Virginie était à l'aise et elle... Elle n'allait pas tarder à se vider d'une bonne partie de son sang pour lui faire plaisir. Programme fascinant... Douloureux et attirant...

Pouvoir · Type Sigma

Virginie hocha vivement la tête devant la définition que lui donnait la dame du « vrai journaliste ». Elle partageait tout à fait cette vision du métier. Mais vue l’air sérieux et critique de son interlocutrice elle hésita à prolonger ce sujet. D’ailleurs pouvait-elle lui dire ce qu’elle faisait dans la vie ? Ce qu’elle avait déjà fait, avec l’aide de Jimmy et de mademoiselle Wind et de June. Bien sur leur but à eux était louable. Pourtant les méthodes étaient quelques fois très limites. Comme pour toutes personnes convaincue jusqu’à la moelle.

-« Vous avez raison. »

Voyant Twikjeya avancer la gamine se leva d’un bon agile et la rattrapa rapidement. Elle aussi jouait sa petite musique. Peut être un peu plus vive et agitée tant il y en avait. Ces deux sont de cloches si différents soient ils s’accordaient très bien à son oreille. Un léger rire accompagna son constat.

-« Nous sommes deux musiciennes du mouvement ne trouvez vous pas ? »

La suivant un pas juste derrière par respect Virginie l’écouta. C’était parfait. Elle s’en contenterait très bien. Elle n’allait pas demander plus. Déjà qu’elle trouvait cela très généreux de lui offrir ainsi le gîte. Elle devait avouer qu’un peu de sucré lui aurait plut. Mais elle n’allait pas réclamer malgré la sollicitation de son infermière. Elle n’était pas assez libre ou culottée pour ça.

-« Non, non je vous remercie c’est très bien comme ça… je n’ai pas besoin de plus. »

Elles ne croisèrent personne… à vrai dire Virginie en fut soulagée. Etre confronté à une nouvelle rencontre n’était pas dans ses projets. Enfin il y avait ce monsieur Emmet dont elle venait de lui parler. Peut être était ce le cuisiné ? Elle ferait tout pour être convenable bien sûr. La nuit avançait au dehors et elle en devina la fraicheur avec un petit sourire.

Twikjeya en parfaite maîtresse de maison continuait de lui expliquer le déroulement des évènements. Elle fut heureuse d’apprendre qu’elle serait là après. Avec ou sans bijou ce n’était pas l’important pour elle. Elle ne voulait pas se retrouver seule dans cette immense bâtisse.

D’ailleurs elle dû se contrôler pour ne pas montrer son soulagement quant à l’absence des jeunes apprentis. Ca aurait été beaucoup trop pour elle. Oui beaucoup trop. Cela dit elle se garda de le dire à autre voix. C’était terriblement mal poli. On aurait même put la prendre pour une misanthrope. Elle aimait les gens… mais un par un.

Elle n’eut rien besoin de dire, un monsieur arrivait à leur encontre. La petite mutante se fit toute petite, ne bougeant plus pour ne pas les gêner. Ses grands yeux foncés observaient le monsieur avec curiosité. Il était très élégant. Elle aimait sa tenue son ton posé et poli. Rien à voir avec ce… Kyle. Leur échange l’intrigua. Est-ce que ça doctoresse mettait sa santé en danger ? Cela la peina. Pourrait-elle lui dire ? En avait elle seulement le droit ? Elle essaierait se promit elle parce qu’elle appréciait cette femme.

Pour le moment elle suivit Emmet telle une petite ombre.

Bon appétit Virginie.

-« Merci mademoiselle Elkash. A vous aussi. A tout à l’heure ! »

Puisqu’elle connaissait son nom maintenant. Elle lui offrit un sourire plein de reconnaissance. Et le duo reprit sa route. Virginie sentit sa timidité revenir d’un bon. Elle se maudit en silence suivant le grand maître. Ils arrivèrent dans la fameuse salle commune. Une table était prête avec couvert et une cloche retenant la chaleur d’un plat.
L’invitée attendit qu’on lui permit de s’assoir. L’odeur lui monta aux narines. Elle eut un grand sourire ravi.

Elle avait si faim qu'elle ne se fit pas prier. Saisisant sa fourchette elle déclara une lueur de gourmandise dans les yeux.

-« Merci Monsieur Emmet. »

**

Virginie posa les couverts dans son assiette et se leva spontanément pour les débarrasser. Elle sentit un bâillement venir et le bloqua d’une main vive. Un sourire maladroit s'esquissa à l'adresse du charmant serviteur.

Emmett lui prit le tout des mains et l’assigna au silence d’un simple regard. Elle ne dit rien et alla repousser doucement sa chaise. Puis elle attrapa son sac. Après un bon diner la jeune fille avait toujours une baisse de régime. Evidement. Elle mangeait plus que nécessaire et son corps devait tout réguler. Tout ça pour dire qu’elle était plutôt lente. Le majordome l’observa d’un air entendu. Il lui libéra le passage. Et avec le plus grand naturel lui demanda de la suivre.

La mutante s’attendait à revenir vers l’infirmerie. Mais ils prirent un nouveau chemin. Un peu nerveuse elle le suivit tout de même. Et avant qu’elle ne comprenne ils se dirigeaient vers les chambres d’invités.

-« Mais »

Son guide lui lança un regard autoritaire. Du genre pas de discussion enfant. Un peu inquiète Virginie obtempéra. Une nuit. Ca ne serait surement pas si terrible. La chambre était spacieuse, propre, belle, charmante. Elle était fatiguée...

Dix minutes plus tard l’adolescente dormait comme un ange dans son berceau.