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[RP] Mon front est rouge encor du baiser de la reine (terminé)

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Virginie Parish

Type Sigma

Type Sigma

Virginie Parish

Alias : Résilience
Race : Mutante
Clan : Le Nouvel Institut
Age du perso : 18 ans
Profession : Employée de la LC et Membre du Contrepoison
Affinités : Ami(s): Institut
Ennemi(s): Anti-mutants
Points XP : 1171


-PERFORMANCES-
Pouvoir: Résistance physique et sens hyper développés
Type: Sigma
Niveau: 5

MessageSujet: Re: [RP] Mon front est rouge encor du baiser de la reine (terminé) [RP] Mon front est rouge encor du baiser de la reine (terminé) - Page 2 EmptyLun 15 Mar 2010 - 1:03

Il ne lui disait pas tout. Une évidence qui aurait put vexer l’esprit trop possessif. Cela dit tout en étant quelqu’un de très attachée Virginie prenait aussi l’intimité pour le sacrosaint des droits. Elle n’avait pas à tout savoir. Quant bien même il aurait été un jeune homme à l’intelligence lambda. Alors la jeune fille écoutait tout ce qu’il avait à lui dire sans jamais l’obliger à aller plus loin. En cela ils se ressemblaient assez, assez pour ne pas s’obliger à des confessions inutiles. La petite démonstration sociologique venait alors avec la simplicité qui enrichissait une relation en création. Le privilège de ce partage, quelques semaines plus tôt, l’aurait troublé sur bien des plans. Le temps et la patience avaient ses effets et la confiance se renforçait.

En cela la demoiselle cherchait et voulait voir le meilleur de lui. Incapable de manipuler qui que ce soit de son pleins grés, il lui était inconcevable qu’un ami puisse faire de même. En tous les cas pas lui qui toujours faisait preuve d’une franchisse bénéfique. Et si elle se trompait alors elle osait espérer qu’un quelconque calcul ne serait jamais dénué de sens. Et que l’extrémité qui pousserait Koji à le faire justifierait en soit une telle tricherie. Parce que pour les gens qu’on aime les excuses sont si faciles à trouver. Un exercice dans lequel elle excellait particulièrement. Un exercice qui entretenait vicieusement des espoirs vains et des croyances puériles. Celui qui lui permettait d’encaisser les désillusions les plus absurdes.

Elle n’était pas dupe au point de croire que ce compagnon d’expérience éviterait de l’analyser. Après tout elle aussi passait son temps à ce demander ce à quoi pensait l’autre. Puisque le connaître permettait d’éviter les impaires, d’apporter exactement ce qu’il conviendrait. Toutes les paroles qu’ils avaient échangées prenaient une nouvelle dimension. Qu’avait il put remarquer qui le poussa à l’entretenir sur ses chances de réussites avec Luc ? Peut être croyait il plus en cette histoire qu’elle-même. Il lui fallait tout reprendre depuis le début. Un chemin tortueux, qui lui semblait également fourbe. Car il accordait à Koji le crédit de la tricherie. Or Virginie le pensait honnête et non éducateur avec elle. Il lui faudrait mieux choisir ses mots sans doute. Faire plus attention à ce qu’elle disait. Sans pour autant tomber dans une paranoïa destructrice.

Ils prenaient le même trajet. Ils ne voyaient pas les mêmes choses. La londonienne regardait le maintiens des cous. Il fallait pour cela que ses yeux soient forcés à se poser sur une silhouette. La contemplation n’était pas un état qu’elle pouvait retrouver dans un lieu pareil. Là coincée entre deux inconnus. Un repli stratégique sur son moi intérieur était le choix le plus préservateur. Pour quelques minutes du moins. C’était une tactique qui avait fait ses preuves. Un paradoxe tout entier pour cette adolescente capable de s’oublier pour l’autre. Son être avait développé heureusement quelques instincts de survis. Il lui fallait donc soit encaisser tout soit se blinder et attendre. Parfois elle ne contrôlait rien et c’est là que les évènements la happaient avec méchanceté.

C’est donc avec vivacité qu’elle quitta le grand espace bondé. Elle n’était pas assez masochiste ou combative pour avoir choisi le sous-sol de la bâtisse. Non c’est dehors sous le soleil blanc qu’elle avait garé son véhicule. Un Cadillac une affaire de première ordre, une ancienneté sans nom. Virginie n’avait d’ailleurs jamais sut la valeur qu’avait eut ce genre d’engin à une autre époque. La forme et la couleur lui avait plut. La suite n’avait été qu’une affaire de gestion financière. Voilà un peu plus de deux ans qu’elle roulait avec ce petit bijou tout désuet. Ce qui l’avait encouragée à faire de nombreuses recherches en mécanique. Il était atypique d’imaginer l’archétype de la blonde simplette entrain de s’occuper de la machinerie d’une vieille voiture.

Virginie fouillait son sac en avançant jusqu’à elle. Il fallait avoir un sens du pratique assez poussé pour ne pas tout faire tomber. Le tintement des clés annonça le retour de son interlocuteur à la réalité. La réplique la surprit alors qu’elle s’arrêtait et avançait la main vers la serrure avant. Une seconde en suspend elle tenta de discerner le pourquoi d’une telle remarque. En ouvrant la porte arrière son ton était de l’évidence et de la légèreté.

-« « Ce truc » m’a fait faire des centaines de kilomètres elle est sûr. Crois-moi, elle est même plus sûr que leur fameuse plate… »

Elle s’arrêta et son sourire s’éclipsa une seconde. Les sacs furent expédiés sur la banquette arrière. Son mouvement était dénué de toute précaution superflu comme si toutes ces choses avaient put être aussi résistantes qu’elle. C’est que pour elle une fois sortie il fallait juste penser au retour. Ses gestes étaient presque mécaniques. La mécanique de l’enfant rapide et pressé. La porte côté conducteur repoussée avec une vivacité coutumière. Il y avait dans tout cela l’énergie de l’habitude. Celle qui trahissait la capacité de la jeune fille à prendre les choses en main sans buter sur chaque instant. Une fois assise une multitude d’opération s’exécuta telle une partition invisible : bien placer le rétroviseur, mettre la ceinture, placer son corps correctement sur le siège, enlever le frein à main. Il ne lui fallait guère plus d’une minute pour être prête. Au volant, sa silhouette rose faisait encore l’effet d’une jeune américaine décontractée, alors que dans son cerveau chaque détail était enregistré dans la seconde. La vie au Canada et par extension aux USA lui avait apprit à rationalisé l’acte de la conduite en elle-même. Pour accentuer sa nécessité de contrôler tout le reste. L’heure, le trajet, les arrêts.

Concentrée, elle débuta le geste pour démarrer, tout en choisissant une station de radio qui habiterait l’habitacle sans s’imposer à eux. Face à eux tout semblait calme. Le principal restait que cela lui simplifiait les choses. Le pied prêt à agir. La voix de Koji l’appela instinctivement car elle avait un accent rare et perturbant. Alors tout son corps se suspendit et fût tout à la présence de l’autre qui la réclamait. Ses hésitations la rendirent encore plus attentives, car inhabituelles chez le sage et féroces chez l’adolescent. Ses mains abandonnaient le volant le voyage de retour tout à fait oublié. Ses prunelles se déposaient sur lui avec la douceur de la patience. Il allait lui dire quelque chose d’important. Elle ne se demanda pas ce que cela pouvait être. Il y avait tant de choses à se dire.

Cela. Elle ne s’y était pas attendue. Pourtant oui c’était un sujet perturbant. Un corps d’adolescent pour un esprit de centenaire. Elle n’envisagea pas de lui mentir. Il lui fallait choisir les bons mots. Virginie savait que ce sujet était angoissant pour lui. Elle l’avait comprit, il lui fallait donc être le plus clair possible. Pour l’apaiser un tant soit peu son avis devait être dit avec douceur. D’ailleurs son avis était-il le plus indiqué ? Elle ne se posa pas même la question. Son ami la préoccupait trop pour qu’elle se soucis de sa légitimité à parler. Koji avait besoin d’une réponse et elle ferait de son mieux. Malgré elle ses poumons prirent une inspiration et le regarda avec une affection protectrice, inversant pour une fois les rôles. Ses intonations furent lentes et précautionneuses.

-« Tu n’es pas un vieillard non. Je ne sais pas comment dire. Mais je crois que ta capacité te rend… conscient, plus conscient que nécessaire. Alors peut être que cela te rend aussi plus lucide, oui. J’en suis même sûr. Sur bien des plans. Tu as une finesse que je n’aurais jamais. Parce que tu peux moins faire semblant. Un peu comme ce qui a dû grandir par la force des choses tu vois ?

Mais ce n’était qu’une partie de lui. Cela aussi elle en était convaincue.

Mais ce qu’il y a de bien c’est que tu es aussi un adolescent comme les autres. Tu aime faire des rencontres. Manger du chocolat. Bien t’habiller. Avoir un côté romantique pour charmer les jeunes hommes innocents. Et encore pleins d’autres choses que je ne soupçonne même pas.
En fait tu es un jeune sage tout simplement. Cette impression d’avoir tout vécu c’est peut être bien parce que justement tu n’as pas encore assez vécu. Les choses concrètes qui mangent tes certitudes. Enfin je ne sais pas comment dire cela. Mais… tu es peut être passé des bras aux quatre pattes. Mais pour marcher il faut que tout ton être soit prés. Tu es plus pressé. Mais cela c’est plus enfantin qu’autre chose tu sais.


Il était rare que mademoiselle Parish s’accapare autant la parole. D’autant plus sans laisser à l’autre la possibilité de répliquer. Mais c’était tout à fait volontaire. Koji devait entendre chaque mot. Cela donnait l’effet d’un soliloque, d’un discourt. Maintenant son regard se faisait un peu timide de tout ce culot.
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Koji Ashton

Type Gamma

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Koji Ashton

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MessageSujet: Re: [RP] Mon front est rouge encor du baiser de la reine (terminé) [RP] Mon front est rouge encor du baiser de la reine (terminé) - Page 2 EmptyJeu 18 Mar 2010 - 19:02

Sans doute ne le pouvait-il, sans doute n’était-ce pas possible, pour son esprit, de ne pas voir, de ne pas savoir, de ne pas analyser, et à vrai dire Koji était à peu près incapable de sentir quelle différence séparait ce qu’il sentait, comme spontanément, en rencontrant les personnes, en vivant avec elles, et une stratégie élaborée qui pût passer pour une manipulation quasi perverse. Il connaissait Virginie, il l’interprétait, il l’observait, et pourtant elle n’en était pas moins son amie, son amie intime et sincère, et il songeait même que sans cette scrutation, elle ne l’eût peut-être pas été. Elle lui avait plu dès qu’il l’avait vue, et le premier regard qu’il avait posé sur elle lui avait inspiré toute la tendresse dont il tentait de l’envelopper depuis ; mais dans ce seul regard et dans cette seule seconde s’étaient déroulés pour Koji de longs, longs développements.

Etait-ce qu’il n’y avait rien qu’il sentît qui fût spontané ? Sans doute pas, car il était vieux, et il était jeune. Les instants si nombreux qui vivaient pour lui dans la moindre des secondes ne s’écoulaient pas comme s’écoule le temps d’un vieillard, qui jette sur sa vie longtemps vécue un seul regard, qui y contemple un seul tableau, un tableau vague avec certaines couleurs : chacun de ces instants, il le vivait intensément, il s’en souvenait dans les détails, avec ses nuances les plus anodines, c’était une seconde vie qu’il vivait dans ses souvenirs, une troisième dans les souvenirs de ses souvenirs, et il était éternellement, aussi, un enfant.

Alors ce que Virginie lui disait, lorsqu’il y songeait bien, ne lui paraissait pas si étrange. Sans doute sentait-il bien qu’elle ne pouvait pas comprendre, pas comprendre exactement ce que cela faisait, combien le temps, ce temps qu’elle évoquait, même dans ses paradoxes, lui était étranger, et quelle douleur il y avait à y être sans cesse renvoyer, comme à un monde hostile. Il ne se plaignait pas de ne pas avoir eu d’enfance, ni d’avoir grandi trop vite : il était vieux, et il était jeune, il était tout cela à la fois, sans passage et sans succession, des secondes repliées sur des secondes, comme abandonné au milieu de l’écho.

Et même lui n’aurait su comment dire sa propre expérience : il lui semblait que jamais personne n’avait inventé les mots qui lui eussent permis de l’exprimer. C’était alors qu’il se sentait seul, immensément seul, plus seul que lorsque la nuit il marchait dans les couloirs de l’Institut après avoir dormi toute la journée, plus seul qu’après un cauchemar ou au plein d’une insomnie : seul parce que dans l’éternité de l’histoire de l’humanité, jamais personne n’avait vécu ce qu’il vivait, ne serait-ce qu’à peu près. Il n’avait plus même ce dernier, cet ultime contact, ce lien pervers du monstre avec le public auquel on l’exhibe ; seul, le silence.

Sans doute les paroles de Virginie ne pouvaient-elles pas écarter cette douleur profonde, mais elles dissipaient du moins une autre angoisse : celle de ne paraître qu’un de ses personnages. Il savait que pour beaucoup qui ne le connaissait pas, beaucoup d’élèves de l’Institut qui ne faisait que l’apercevoir dans les couloirs – quand il y apparaissait, ce qui arrivait si rarement, lui qui y vivait comme un fantôme – il passait probablement pour un jeune homme comme les autres, espiègle, charmeur, et insouciant. Cette illusion-là, au fil d’une conversation, et même la plus anodine, parfois au détour d’un simple regard un peu trop perspicace s’effondrait, et alors la seconde illusion, celle qui lui paraissait plus terrible encore, parce que plus véritable peut-être, s’installait : pour ceux qui ne le connaissaient qu’un peu, il était un esprit, un esprit acéré, une machine à calculer, un sage peut-être, mais rien que cela, et comme un être désincarné.

Et voilà qu’elle, avec son sérieux de jeune femme, et peut-être un peu de maladresse, elle le rejetait dans son corps dont il avait parfois l’impression qu’il essayait de lui fuir, dans sa vie qu’il n’appréhendait encore que confusément – c’était qu’il n’avait toujours pas rencontré Gaël – mais dont il sentait, un peu, et déjà avec un frisson d’angoisse et de plaisir, qu’elle lui résistait, qu’elle échappait à ses calculs : vie encore à vivre, vie à peine enclose, qu’il ne suffisait pas de penser, mais qu’il lui faudrait encore sentir, souffrances sans cesse renouvelées mais toujours véritables – comme il aimait ces souffrances lorsqu’elles n’étaient pas le terme de systèmes trop longtemps échafaudés, lorsque c’était le cœur vraiment qui souffrait, comme si on l’avait déchiré, comme si on l’avait ouvert, comme si on l’avait découpé – c’était la seule façon qu’il pouvait s’imaginer de se sentir vivant, et si c’était la seule, c’était la plus précieuse.


« Tu sais… »

Il avait détourné les yeux pour l’écouter, regardant le parking immense par la vitre de la voiture, avec ses voitures soigneusement alignées, ses gens qui allaient et venaient, ses familles presses, un chariot rempli sorties de l’hypermarché ; il les regardait comme on regarde une féérie, comme on regarde un monde étranger, sans savoir si c’est avec nostalgie ou avec pitié. Il n’avait pas vécu toute sa vie, mais lorsque sa mutation ne s’était pas encore déclarée : ses parents avaient une employée qui faisait les courses pour eux, et les boutiques qu’ils fréquentaient eux-mêmes, en famille (en famille !) ne se trouvaient pas dans les centres commerciaux, c’était des boutiques froides, froides et dépeuplées, trop grandes pour un enfant.

Tant à vivre qu’il n’avait pas vécu ; sans doute avait-elle raison. Que ne savait-elle pas alors qu’il voulait lui dire ? Ses yeux avaient quitté leur contemplation vague des scènes de la vie quotidienne, ils avaient erré un peu, avant de rejoindre les yeux de Virginie. Il aurait aimé lui dire combien, oh combien il était fatigué. Mais de quelle profonde, profonde fatigue pouvait-il lui parler ? Il lui avait tant parlé aujourd’hui qu’il sentait qu’il aurait pu la lui révéler : ce n’était qu’un petit mot de plus, qu’un trait à sa personnalité.

Insurmontable trait cependant : c’était la vie qu’il avait vraiment vécue, celle-ci, le seul instant peut-être, c’était la seule souffrance véritable, le seul moment où il avait presque cessé de penser. Le dire, l’expliquer, il ne le pouvait pas : c’était encore un fragment, tombé d’il ne savait où, tombé droit dans le néant, lui semblait-il, quand il n’y songeait plus, mais le néant encore, toujours là. C’était sa vie qu’il ne pouvait pas comprendre, son dernier minable petit secret.

D’un sourire il balaya ce qu’il aurait pu dire, et son regard à nouveau dériva.


« C’est une chose curieuse de se sentir vieux. C’est comme de vivre sans cesse dans un pays étranger. On croise des gens qui nous ressemblent, mais ils semblent tous hors de portée. Comme s’ils menaient une autre vie, une vie pour laquelle nous ne sommes plus faits, avec des choses, des êtres et des habitudes qui ne nous sont plus familières. »

Et pourtant, la matinée qu’il avait passée avec Virginie, les conversations qu’ils avaient eues, si intimes, et à ses yeux si étranges, le repas qu’ils avaient partagé, les derniers mots que la jeune femme avaient prononcés, tout cela lui avait fait sentir, et, sinon comprendre, du moins entrevoir, que ce pays qui vivait là hors de lui ne devait pas lui être si étranger que cela – et ce n’était pas la lassitude amère qui avait modulé sa voix, c’était plutôt comme un songe, comme le dernier regard jeté sur une longue et éprouvante équipée, les derniers pas dans le sable aride du mont Nébo, avant Jérusalem.

« Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance »


Les mots s’étaient échappés en français de ses lèvres : il les avait prononcés sans vraiment réfléchir ; les mots avaient effleurés eux-mêmes la surface de son esprit, il n’avait pas songé à les retenir. Il les croyait peut-être – ces mots, peut-être prophétiques. Ce n’était pas les choses sur lesquelles il arrêtait son esprit : elles étaient choses bien trop importantes pour qu’il découvrît vraiment si elles avaient un sens. Il avait eu un sourire lointain, et c’était comme le signe de son départ : il ne voulait pas traiter Virginie trop cavalièrement, mais il n’avait plus guère la force de rajouter quelque chose. Il espérait que la jeune femme saurait voir qu’elle l’avait rassuré, rassuré autant qu’il pouvait l’être, lui et ses incertitudes, sans fin, sans fin.

Bientôt, ils quittaient un peu le centre de la ville. Sur les gens, sur les immeubles, sur les couples qu’ils apercevaient dans la rue, sur les arbres qui perdaient leurs feuilles, sur l’alignement des pavés et le dessin de façades, Koji faisait des commentaires : il n’y avait pas un élément du paysage qui ne lui rappela un vers de poème, une anecdote sur Londres, une histoire ou un bref conte. Il n’était pas d’habitude aussi prolixe de ses rêveries, et ne laissait pas le flot de ses inspirations s’exprimer si longuement, mais il trouvait dans ce flot, pour l’heure, un allié précieux, qui l’emportait loin de lui-même.

Il se doutait bien que Virginie n’était pas dupe : elle le connaissait trop bien, maintenant, pour ne pas savoir que lorsqu’il parlait de tout, de rien, du monde qui se déroulait anodin sur leurs yeux, c’était qu’il y avait beaucoup d’autres choses, dont il aurait été préférable, sans doute, qu’il parlât, et auxquelles il tentait de se dérober. Et Koji savait gré à la jeune femme de ne pas le forcer à les affronter. Peut-être était-ce sa lâcheté (car dans bien des cas, lâche il l’était en effet), ou bien simplement, fatigue, fatigue, fatigue.

Bientôt la façade de l’Institut se découpait devant eux, si familière. Lui qui s’y faisait si discret, qui n’apparaissait guère en public, si bien qu’après des mois de présence il y avait encore des gens pour lui demander s’il venait d’arriver, et que d’autres qui savaient fort bien qu’il était là depuis longtemps, ignoraient toujours tout de son nom et de ses activités, il se sentait dans cette immense bâtisse comme chez lui.

Sorti de la voiture, en marchant dans les allées avec Virginie, pour rejoindre la porte, il songeait qu’un jour peut-être, quelqu’un allait arriver, comme lui jadis, et qu’à son tour, comme la jeune femme l’avait fait pour lui, il allait faire visiter cette demeure qu’il sentait la sienne, il allait essayer de diffuser dans son esprit la bienveillance qu’il découvrait dans les pierres des murs ; et, alors que leurs pas commençaient à résonner dans les couloirs, son esprit commençait à errer, à rêver à cette rencontre future, rencontre hypothétique mais déjà précieuse, et aux traits qu’elle pouvait prendre, et qu’il espérait ne pas deviner.


FIN
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