[RP] Une matinée nuageuse (ouvert)

Sujet: [RP] Une matinée nuageuse (ouvert) Sam 13 Sep 2008 - 3:04

[HRP : Libre ^^]

Le ciel avait cela de puissant, que le temps avait beau passer, les années se superposer, le monde souffrir, il continuait de porter les nuages. Qui, eux, s'arrangeaient pour être changeants, et parfois dessinaient des formes qui parlaient à leurs observateurs. Peut-être était-ce là une belle leçon d'humilité : quoi que l'on pouvait faire, les éléments ne goûtaient pas à l'importance de l'homme. Il n'y avait pas de raisons, après tout, de s'attarder sur l'existence de gens comme ceux qui peuplaient la Terre. Le monde méritait mieux.

Ambre baissa la tête, s'arrachant à la contemplation d'un ciel paisible peuplé de quelques nuages, puis posa son regard sur une barre chocolatée qui lui servirait probablement de repas pour la matinée. Elle n'avait pas faim, soupira, puis se força à planter ses dents dans un truc qui n'avait pas un goût aussi délicieux que voulaient bien l'annoncer les publicités qui clignotaient dans la ville. Si consommer, c'était bouffer des trucs dégueulasses, elle ne voyait pas pourquoi elle semblait être la seule à désirer un progrès à reculons. Elle termina son léger repas en se demandant si elle ne ferait pas mieux de manger quelque chose de plus, puis lança ses déchets dans la poubelle. Le parc soit-disant merveilleusement bien entretenu, naturel et beau n'était déjà pas en assez bon état pour elle, elle ne se permettrait pas de le polluer plus qu'il ne l'était déjà.

Un passant la fixa un court instant, jusqu'à ce qu'elle croise son regard. Oh, elle ne devait pas avoir l'air très nette, affalée sur ce banc, emmitouflée dans un long manteau noir, et le visage dissimulé par une capuche. Peu importait à Trojan, elle avait subi des regards bien plus désagréables. Bien plus sombres, en somme. La femme plongea ses mains dans les poches de son manteau, puis leva les yeux au ciel pour embrasser de nouveau l'immensité. Elle n'avait que très peu le temps et l'occasion de faire cela, alors autant en profiter. Un réverbère lui gâchait la vue, mais elle ne s'en énerva pas : placé ainsi, il lui donnait une impression de perspective que les nuages seuls ne pouvaient pas forcément offrir. Et cette perspective l'envoyait dans un sentiment bien étrange. C'était comme un vertige, mais à l'envers. Elle ne craignait pas de tomber dans le vide, mais d'être aspirée par lui, et de s'y faire dévorer.

Ambre ferma un court instant les yeux à cette idée, sourit, et les rouvrit. Le vide n'avait plus l'air si mauvais, désormais, puisque quelques oiseaux y volaient tranquillement. Des enfants chahutaient non loin d'elle, un ballon manqua de peu de la percuter, alors la femme se redressa. Elle n'alla pas leur demander d'être plus calmes : ce n'était pas à elle de le faire, et elle ne voulait ni prendre le risque de s'énerver sur les parents, ni prendre celui d'être remarquée.

Parce qu'elle savait bien qu'elle était sur le "territoire" de l'Institut. Que n'importe où autour d'elle, pourrait se trouver un Mutant. Et que certains Mutants sauraient la reconnaître, si les responsables de l'Institut faisaient bien leur boulot en prévenant les plus jeunes des identités des méchants-pas-beaux. Pas la peine de faire plus de bruits que nécessaire. Surtout quand elle n'était même pas en mission, et que la seule raison de sa présence ici, c'était sa mère qui lui avait demandé de faire quelques un détour à Londres pour discuter avec un écologiste terriblement vieux, dont les paroles étaient aussi ennuyantes que son visage était ridé. Ambre avait rapidement jugé son entrevue comme étant une perte de temps. Quitte à prendre un jour de repos au boulot, autant que ce ne soit pas pour rien, mais c'était trop demandé.

Alors, Trojan avait passé du temps au Hyde Park. Peut-être qu'elle se lèverait, à un moment ou à un autre, et qu'elle irait traîner dans les magasins d'instruments de musique de la ville. C'était une histoire de courage. Et par précaution, elle voulait toujours avoir un jeu de cordes supplémentaires pour sa basse... et elle avait installé ses dernières sur l'instrument qui trônait à côté d'elle, dans sa coque, sur le banc. Bien sûr, aller à Londres pour s'acheter des cordes, c'était absolument ridicule. Elle n'avait aucune autre raison d'être là, cependant. Pourvu qu'un Mutant à pouvoirs télépathiques ou autres ne prenne pas sa présence en Angleterre pour une déclaration de guerre.

Un bruit se fit entendre non loin d'elle, bien proche au goût d'un être comme elle, et elle releva le visage vers sa source...

Invité

Qu'est ce qui pouvait pousser une personne comme Victoria à se montrer dans de tels endroits ? Elle avait déjà une belle propriété, avec un beau jardin et une foule de laquais prêts à tout pour la satisfaire... Alors pourquoi venir ici ? La réponse était simple, très simple : en se montrant au regard des gens, on pouvait l'admirer, l'aduler. Se savoir scrutée par le monde entier, au travers des postes de télévision, des fichiers vidéos, était très satisfaisant. Mais la chanteuse préférait infiniment lire l'admiration dans les yeux des gens, appréciant la réalité de sa réussite. Aucun sondage auprès de l'opinion publique ne pouvait lui offrir ce doux extase.

Alors elle déambulait là, au Hyde Park. Elle était vêtue de manière décontractée - ou du moins ce qu'elle considérait comme de la décontraction : grande parka de cuir noir, chemisier blanc, grand pantalon de toile bouffant et une paire de tongs. Le manteau qui juchait ses épaules était particulier, puisque ne comportant aucune manche. A bien y réfléchir, ça ressemblait plus à une cape de cuir qu'à un réel manteau... Sa longue crinière blonde était laissée libre, balayée par quelques souffles de vents épars et ses lunettes rondes restaient posées sur son nez, lui permettant de mieux voir ce qui l'entourait. Son absence de bras, nullement dissimulé, était comme un cri à ceux qu'elle croisait. Ce cri disait : "Regardez moi ! Regardez qui je suis !". Bien entendu, la présence de deux gardes du corps aidaient. Mais, au lieu d'être affublé des classiques costumes cravates noirs, ils portaient du blanc, écru, avec une égale sobriété. Ce point encore, était une signature de Victoria... Il fallait qu'on la remarque, autant par sa personne que par ceux qui la servaient. Et on la remarquait. La majorité se contentaient de la regarder passer, éberlués, tandis que certains lui demandaient des autographes. A chaque fois, elle se contentait de prononcer le nom d'un de ses gardes du corps, pour que ce dernier glisse une main dans sa poche, en sortant un calepin et un stylo. Victoria ensuite, avec une souplesse et une dextérité incroyable - qui lui semblait pourtant naturelle - saisissait la plume entre ses orteils, avant de signer le papier encore tenu par l'homme. Nul besoin de se pencher, nul besoin de se courber, juste un mouvement simple et fluide de sa seule jambe... Puis la promenade se poursuivait.

Victoria pensait rentrer, lorsqu'elle aperçut quelqu'un. Quelqu'un encapuchonné de noir avait généralement peu envie d'être reconnu... Lorsqu'elle résidait encore aux USA, la chanteuse avait vu beaucoup de mutants se balader ainsi. Peine perdue, selon elle, puisque leur manière de vouloir se cacher était suspecte et attirait l'attention plus qu'elle ne l'éloignait. Mais ce que cette fille, puisqu'il s'agissait visiblement d'une fille, avait de particulier, c'était l'endroit où elle se cachait : un parque. Se cacher dans un lieu de passage, avec un accoutrement aussi tape à l'oeil paraissait aussi futile qu'un éléphant rose se cachant derrière une girafe. L'héritière Wingates avait toujours eu un esprit de déduction efficace... qualité nécessaire dans le milieu des affaires. Soit cette fille était stupide, soit elle voulait juste qu'on ne la reconnaisse pas, sans vraiment se cacher. Londres étant sous la protection de l'Institut, il paraissait peu probable qu'elle craignait qu'on découvre ses origines mutantes... alors pourquoi ? La curiosité poussa Victoria à se rapprocher. Elle voulait savoir et, de toute sa vie, une seule personne a ôsé lui tenir tête. Alors elle obtiendrait ce qu'elle voulait avant de partir. Une fois près d'Ambre, la mutante s'éclaircit la gorge, plus pour attirer l'attention que pour la libérer d'une réelle gêne.

Sujet: Re: [RP] Une matinée nuageuse (ouvert) Dim 28 Sep 2008 - 15:21

Oh là.

Ambre esquissa un sourire presque amusé, sous sa capuche qui lui dissimulait à moitié le visage. La personne qui venait de chercher son attention était... il n'y avait pas de mot précis, à vrai dire. Insouciante ? C'était étrange, cette façon qu'avaient certains Mutants à ne pas dissimuler leurs pouvoirs. Celle-là, par exemple, Ambre aurait presque pu la soupçonner avoir envie de se faire tuer. C'était marqué sur son front : "vas-y, je suis Mutante, fais ce que tu as à faire."

Trojan en avait envie, d'ailleurs. Une bouffée assassine la prit à la gorge, s'esquissant sur ses lèvres pour mieux dessiner son sourire, puis s'effaça. C'était dangereux, elle n'était pas sur un terrain connu, elle était trop proche de l'Institut, il y avait trop de monde autour d'eux, et il y aurait eu des dégâts : après avoir observé les pouvoirs de la femme face à elle, Ambre avait remarqué les gardes du corps, puis, en fixant un peu mieux le visage de la gêneuse, l'avait remarquée comme étant... une chanteuse, là... C'était quoi son nom ?

Victoria Wingates, voilà. C'était parfois simple d'avoir quelques fichiers en tête, notamment un sur les Mutants les plus célèbres. Bon sang, elle aimait peut-être la musique, mais elle ne s'en serait jamais servie pour devenir "ça", elle. Mais bon. La richarde qui se trouvait face à elle voulait un semblant d'attention, alors elle en aurait.

-Excusez-moi, bonjour, vous voulez vous asseoir ?

L'accent métallique résonnait dans sa voix, lointain, dérangeant. Son accent français avait presque disparu dans l'anglais américanisé. Passer des années à voyager, puis s'installer à Boston, c'était parfait pour effacer des mauvais tics de paroles. Ici, cependant, ses expressions et sa façon de parler pouvaient trahir qu'elle n'était pas anglaise.

Trojan replia ses jambes, fit mine de se redresser, pour s'asseoir nonchalamment. Non, elle n'ignorait pas la célèbre femme qui se trouvait face à elle, mais elle jouait la carte de la provocation. Elle lui montrait qu'il fallait plus que des richesses pour l'impressionner, et que ce n'était pas deux gardes du corps qui allaient lui faire peur. C'était dommage qu'elle n'ait reçu aucun ordre contre cette femme. Cela aurait été drôle.

Ambre retira sa capuche, dans un semblant de politesse, pour montrer son visage à moitié artificiel. Voilà une différence probable entre elle et Wingates : le pouvoir de la richarde l'aidait, le sien était une plaie. Moins qu'avant, mais c'était quand même la pire des choses qu'elle aurait pu imaginer.

-Belle journée, n'est-ce pas ?

Oui, c'était un de ces jours où le monde aurait été encore plus agréable sans cette pourriture d'humanité... un jour comme un autre.

-J'allais chercher des cordes supplémentaires pour ma basse, sauriez-vous s'il y a un bon magasin dans le coin ?

Certainement que non, mais tant qu'à la considérer comme n'importe qui... Tout ce qu'il y avait à espérer, c'était que Wingates n'ait pas été mise au courant par des gens comme ceux de l'Institut ou de la Confrérie, au sujet du danger que représentaient certains Mutants. Trojan était presque trop reconnaissable, pour quelqu'un qui serait un minimum informé.

Pouvoir · Type Sigma

Comme les nuages vont vite ! Ils volent insouciants des évènements d'ici-bas. Voilà ce que Sinéad pensait en observant ces grosses formes blanches errer dans un vaste ciel d'Avril. Comme le monde est petit ! comme le ciel est grand ! Des réflexions bien banales et bien véridiques. Assise sur un banc du Hyde Park, l'irlandaise songeait, et dans les songes de cette femme se tissait sa vie.
Oui, c'est bien dans les journées comme celles-là où, se retrouvant seul, face au grand vide de l'Univers, on pense à tout.

Sa situation n'était pas si mauvaise. Elle pouvait se dire, en un sens, heureuse. Elle travaillait à l'Institut pour trouver un remède aux effets secondaires du vaccin, pour protéger sa fille. Heureuse... oui, mais c'était un bonheur éphémère et fragile. Isleen avait seize ans et l'espérance de vie des enfants de mutants anciennement vaccinés était si faible... peut-être qu'en à peine deux ans...
C'est pourquoi elle devait travailler. Mais pas seulement pour Isleen, bien sûr... pour tous. Peut-être d'ailleurs que certains autres mutants qu'elle avait connus étaient vaccinés, eux aussi...
Pourtant elle n'en connaissait pas tellement. Pas tellement qu'elle ne connaissait plus, plutôt... elle en avait perdus de vue beaucoup il y avait vingt ans. Et même si c'était passé, elle s'en souvenait encore. A l'époque, en fait, elle allait vraiment mal...
Qui avait-elle connu, qu'elle ne connaissait plus ? Oui, quelques-uns.

Sinéad se leva, pérégrinant de nouveau dans le parc.

Mais pour la plupart, elle avait surtout été un monstre de nerfs. Hystérique, paranoïaque, dépressive : elle n'était pas vraiment un modèle à suivre, ou même une personne avec qui il pourrait être agréable de parler, à l'époque. A moins que ce n'était elle qui avait fui les autres élèves ?...
Bien sûr, elle s'en souvenait encore, de ceux-là. Alex, par exemple, avait été une des premières personnes qu'elle avait rencontrée. Elle ne l'avait pas vu depuis quelques temps... et puis... d'autres personnes... Ambre, aussi. Elle ne lui avait pourtant parlé qu'une fois, le jour de l'an, mais elle se souvenait bien de cette fois-là - et de toute l'horrible soirée d'alors. Mais quand elle lui avait parlé, rien ne s'était encore passé... elles étaient un peu devenues amies. Pas intimes ; elle n'en avait pas eu le temps.

C'était toujours nuageux. Mais, au final, qu'est-ce qui était le plus nuageux ? Son cœur aussi était au vague. Elle-même allait de ça, de là, sans vraiment de raison...
Le parc semblait bien vide. Vide ? Non, pas exactement. Il y avait des gens, il n'y avait pas foule.

Sinéad continuait sa route incertaine, quand elle vit, au bout de cette route, comme une réminiscence forte et lointaine. Cette personne encapuchonnée lui rappelait, d'une manière sûre, quelqu'un... elle se rapprocha, continuant sa marche.
C'était étrange et comme sorti d'un songe. Mais elle savait que ce n'en était pas un. C'était la réalité. Une réalité bien plus bizarre que les songes l'étaient.
Cette femme encapuchonnée fut rejointe par une autre. Une mutante. Assez célèbre, une chanteuse si Sinéad se souvenait bien... Victoria ? Elle se demanda qu'est-ce qu'une personne aussi connue pouvait bien faire ici, accompagnée de deux armoires à glace, mais cette pensée fut balayée quand son regard se reporta vers son interlocutrice. Oui, elle la connaissait. Mais qui était-ce ? Plutôt petite, plutôt menue, cette silhouette lui était un peu familière. Elle remarqua la sacoche d'un instrument posée sur le banc. Oui, elle jouait aussi de la basse. Mais qui était "elle" ?
Le nom ne lui vint que tardivement - presque en même temps qu'elle retirait sa capuche. Sinéad s'approcha, surprise.

- Ambre ?... C'est toi ?

Question inutile : c'était Ambre. Impossible de se tromper : qui d'autre pourrait avoir un visage à moitié mécanique ? Et sans doute que, derrière ses vêtements, se cachaient d'autres mutations. Elle avait bien "évolué" depuis...
Qu'était-elle devenue ? Elle n'était pas à l'Institut. Sinéad n'en avait pas entendu parler... cela faisait tellement longtemps...

- Comment... vas-tu ?

C'était étrange, vraiment étrange, de revoir aussi clairement quelqu'un après vingt ans. Au final, elle errait autant qu'avant. Mais dans cette errance, elle avait rencontré un souvenir.