[HJ : June, Virginie, Luc]

20h05... ou plutôt 20h06 maintenant. Luc marchait tranquillement parmi la foule grossissante. Il se trouvait pour le moment dans ce qui semblait être la réception. D'ailleurs le simple étudiant se demandait si c'était vraiment une réception... tout était tellement grand, immense, luxueux. Il n'en revenait pas d'être là.

Pourtant il y a seulement quelques semaines il se demandait s'il irait ou pas à cette fête d'inauguration. Il avait reçu une invitation comme quoi il était convié à cette soirée très spéciale. Il n'avait pas spécialement envie de se mélanger à un monde qu'il ne connaissait pas, mais finalement, et sous l'impulsion discrète de quelques amis il avait finit par se décider à tenter l'aventure. Au moins il pourrait se vanter d'être aller à l'inauguration d'un des plus grands moyens de transports qui existe au monde, et pour le moins le plus impressionnant.

Machinalement il lissa de la main la veste de son costume. Il avait un peu l'impression de ressembler à un pingouin, engoncé dans cette chemise et ce pantalon à la coupe stricte, bien loin des vêtements bien moins ajusté qu'il portait habituellement. Et cette cravate lui faisait effet d'une corde au cou du pendu.

Spoiler:

Le mutant avança à travers la foule qui se pressait vers la réception et les autres salles. Il jetait des coups d'œil aux alentours, regardant si par hasard il n'y aurait pas des têtes connues, ou pour observer le luxe des constructions. Tout était fait pour leur en mettre plein la vue. Des dorures, des marbres, l'agencement était harmonieux, et les lumières somptueusement placées pour faire le meilleur effet. Ceux qui avaient conçus ce monstre devaient être payés très très cher pour créer ce splendide tableau.

Luc s'arrêta un instant. Il avait cru voir une tête connue. Mince la foule l'avait caché. Le jeune homme se déplaça, poussant quelques gens devant lui. Il n'arrivait pas à retrouver la personne qu'il avait entraperçue. Avait-il rêvé?

* Je dois me faire des idées. Quelle est la probabilité qu'elle se trouve ici même? *

Pensif, le jeune mutant suivit le flux de la foule, guidés par le personnel du transAtlante.

Ner-vo-si-té !

Voilà bien un mot qu’on n’avait pas l’habitude d’associer à June ! Pourtant, depuis quelques heures, la jeune femme avait atteint un état de panique non négligeable où se mêlaient joyeusement le stress et l’énervement ! La soirée qui s’annonçait était d’une importance capitale, notamment pour son association et en aucun cas, il ne devrait y avoir le moindre problème. Or, avant même que celle-ci ne commence, la jeune femme en voyait au moins deux. Et de taille. Kenjiss et Samarah. Confiner ces deux adversaires dans un même espace clos n’était à priori, déjà pas spécialement une bonne idée en soi. Ajoutez à cela que le premier était devenu son compagnon non officiel depuis plus d’un mois et la seconde, son amie d’enfance détestant cordialement le mutant… Ca promettait quelques étincelles. Surtout que cette dernière l’ignorait –normalement- encore plus ou moins. Si elle se doutait de quelque chose, cela ne devait pas aller plus loin que quelques soupçons qui devrait vite lui paraître totalement impossibles. Car si June avait rapidement pu affirmer à son amie qu’elle allait bien après la scène du British… et de la ruelle, son changement de comportement soudain, n’avait certes pas échappé à l’œil de lynx de la Cerbère. Pour quelqu’un d’un naturel nonchalant, se retourner du jour au lendemain à la moindre porte qui claque dans son dos, avait de quoi éveillé votre curiosité, non ?

Et comme si devoir veiller en permanence –et surtout discrètement- au cours de la soirée sur eux pour s’assurer qu’ils ne se croisent pas trop souvent ne suffisait pas, June allait devoir y assister en robe ! En robe de gala, s’il vous plaît. Une pure hérésie ! Non mais vous vous imaginez June en robe ? Elle, l’ancienne fille des rues, une adepte fidèle du jeans et de la veste en cuir, se retrouver à faire concurrence aux nanas de la haute, dans un accoutrement digne de la Jet Set ? Jamais de la vie ! Elle avait failli fusiller du regard Miranda lorsqu’elle lui avait aimablement rappelé de se vêtir correctement, en l’honneur de cette soirée inoubliable. Forcément, pour elle, c’était facile. Miranda avait l’habitude de porter des robes. Pas June. Elle détestait même profondément cela. June en robe, c’était un peu comme Sam’ au milieu de la foule qui afficherait un sourire éclatant. Impossible. Cependant, elle savait qu’elle n’avait pas le choix. Et que pour une fois, elle devrait faire une exception. Une entorse à ses convictions. Mais… forcer la main à June ne se révélait pas toujours être une excellente idée. La jeune femme aimait relever les défis.

Miranda voulait voir sa secrétaire en robe ? Qu’à cela ne tienne ! June viendrait en tenue de soirée. Mais pas n’importe laquelle ! Après moult expéditions et surtout désillusions du côté des vendeuses, la jeune femme avait fini par trouver ‘the’ robe. La seule et unique qu’elle mettrait certainement dans sa vie. Même pour l’ouverture du Nouvel Institut, elle était restée dans un simili de tailleur, limite en grinçant des dents. Mais elle ne voyait pas vraiment Sam’ lui forcer la main niveau robe de soirée, son amie n’étant pas non plus une grande fan de ces tenues affriolantes. Mais revenons-en à la fameuse robe. A la fois très simple et élégante, de couleur noire. Elle se refermait sur le cou de June, laissant apparaître ses épaules, son dos… et son flanc droit. Une fente courait sur le côté droit de la robe, offrant un peu de liberté de mouvement à ses jambes. L’ensemble était certes… détonnant. Un soupçon provocant. Eh oui, June ne faisait pas les choses à moitié. Sa supérieure avait voulu la voir en robe, June s’était mise en robe. Mais pas n’importe quelle robe. Et maintenant, il serait difficile de passer inaperçue. En temps normal, lorsque vous êtes une adepte du jeans, ça choque déjà les gens de s’habiller en robe. Alors passer du jeans à la tenue de soirée avec en bonus une vue plongeante sur ses formes généreuses… Oui, elle assumait complètement. June aimait jouer et elle avait relevé le défi de Miranda. La directrice de la Lib’Corp allait en tirer une tête quand elle se trouverait face à June. Elle voulait que l’association marque le coup. June venait de marquer le coup à sa manière, non ?

Limite en retard, la jeune femme avait dévalé les escaliers de son immeuble à toute vitesse. Et tanpis pour les états d’âme de son voisin de palier. De toute façon, après la moto, ce n’était pas des malheureux talons aiguille qui iraient ruiner son sommeil. Le point d’envol de la TransAtlante n’était pas très loin de son appart’ et elle s’y rendit à pied. Autant tenter de s’habituer aux perches qu’elle avait aux pieds ! Lorsqu’elle arriva devant la plateforme, elle ne put s’empêcher de l’admirer. Elle l’avait déjà vue sur base de plans, mais elle devait reconnaître que les concepteurs avaient fait du bon travail. D’ailleurs, ils seraient à bord ce soir. Elle irait probablement leur glisser un mot, au nom de la Lib’Corp.

Etre secrétaire adjointe à la Lib’Corp et totalement humaine ne la dispensa pas de la fouille corporelle. La jeune femme se laissa faire de mauvaise grâce. Elle n’avait rien à cacher. Ou plutôt si, elle avait une chose à cacher absolument. Une unique chose. Et ce n’était pas ses dossiers de la Lib’Corp. Mais celle-là était profondément ancrée dans le fond de son crâne et ce n’était pas un détecteur de métaux qui révélerait son secret si même Samarah n’était pas encore parvenue à le lui arracher de force. Bon, en même temps, elle n’avait pas laissé le temps à son amie dernièrement pour lui fouiller ses neurones et Samarah n’avait à priori aucune raison de le faire non plus. L’agent de sécurité lui fit signer d’avancer et June monta à bord en se mordant les lèvres.

Elle redoutait tout autant qu’elle attendait cette soirée. Il y a encore deux mois, la perspective qu’offrait la TransAtlante l’aurait enchantée. C’était en effet l’occasion idéale pour ouvrir un dialogue entre les humains et les mutants. Ce qu’elle tentait désespérément de faire au sein de son association. Seulement voilà, entretemps, le destin avait mis sur son chemin un bien étrange individu. Un mutant. Et par n’importe lequel. Ni plus ni moins que leader confrériste. Ce soir, il serait là aussi, entouré de ses alliés dont une jeune Russe qui se ferait un plaisir d’écorcher vive June si elle apprenait sa relation avec son patron. Ils allaient devoir être prudent. Très prudents. Ils avaient eu chaud avec le British et Samarah. Cette fois, ce serait pire encore. Absolument personne ne devait savoir. Tout le monde ignorait encore leur relation ambiguë et personne ne devrait le savoir après cette soirée à bord de la TransAtlante.

*en gros, il te suffit d’éviter les membres de la confrérie, les journalistes et Sam’… et ça ira*

En fait, cela revenait à éviter presque tout le monde. Qu’était-elle donc venue faire à bord ? Ah oui… représenter la Lib’Corp. Miranda lui avait assuré qu’elle aurait absolument besoin d’elle. Sur le coup, June n’avait pas relevé. Persuadée que ce serait pour un discours ou l’autre. A présent, elle se posait de plus en plus la question. Par réflexe, elle fit le tour de la salle d’un regard. Elle aperçut Samarah au loin, entourée de Camille, Léon et Panic. Elle savait que son amie n’allait pas bien et elle savait aussi que c’était en partie de sa faute. June avait limité ses contacts avec elle depuis son coup de téléphone. Elle irait quand même la voir au cours de la soirée. Après tout, au plein milieu de la foule, elle ne risquait pas un interrogatoire. Puis son regard accrocha une chevelure blonde dans la foule. La petite reporter ! Avec tout ce qui lui était tombé sur la tête, elle avait complètement oublié de la contacter. Elle décida de corriger son erreur et c’est une jeune femme fort différente de celle qu’elle avait croisé dans le hall de l’association qui lui fit bientôt face.

"Bonsoir Virginie ! Je t’ai aperçue en rentrant, ça me fait plaisir de voir des membres de l’Institut monter à bord de la TransAtlante. Comment vas-tu depuis la dernière fois ?"

Elle semblait calme et naturelle. Mais derrière cette impression, elle était vraiment soulagée de revoir la jeune fille vivante. Elles ne pourraient pas parler librement à bord, mais au moins June pourrait la rassurer.

"Nous travaillons toujours sur ton dossier et les choses avancent doucement. Mais je ne vais pas t’ennuyer plus longtemps avec ça. Nous en reparlerons plus tard. Ce soir, c’est la fête !"

Elle lui sourit en lui tendant un verre de jus d’orange qu’elle avait subtilisé sur un plateau. A nouveau, un coup d’œil discret autour d’elle pour s’assurer qu’elle ne s’était pas trompée la première fois. Il n’était pas encore là.

"Dis-moi, elle s’approcha de Virginie, l’air de rien, tu le connais ce jeune homme là-bas ?, elle indiqua d’un mouvement de la tête le lieu où se trouvait Luc, il me semblait très intéressé par ta robe quand je suis passée près de lui"

Toujours aussi franche, June n’y allait pas par quatre chemins quand il s’agissait de mettre les pieds dans le plat. Et c’est une jeune femme resplendissante au regard étrange et pétillant qui attendit sa réponse. Resplendir et briller pour mieux cacher, dissimuler, manipuler… Mentir pour survivre... Ce soir, June risquait de devoir reprendre de très mauvaises habitudes…

Spoiler:

Virginie avait accueillit l’humaine avec le sourire aux lèvres. La reporter n’en dit rien mais son regard avait parlé pour elle lorsqu’il s’était posé sur la robe de June. Et la jeune femme se sentit presque coupable. Presque. Car elle savait qu’une telle transition vestimentaire se remarquerait, davantage par ceux qui la connaissait, mais elle l’assumait. Et puis, elle devait bien se faire remarquer dans l’intérêt de la Lib’Corp, non ? Le fait qu’elle rendrait en plus un mutant tatoué probablement un peu jaloux n’entrait absolument pas en considération, bien évidement. D’ailleurs cette idée lui avait à peine effleuré l’esprit. June était une extravertie, s’il ne l’avait pas encore remarqué, il allait devoir s’y faire.

"J’espère bien qu’il n’y a pas que des gens de l’Institut, le but de cette soirée c’est avant tout de se rencontrer !"

Lorsqu’elle lui retourna sa question, la jeune femme sourit. Du nouveau ? Oh oui, elle en avait dans sa vie depuis leur dernière rencontre. Malheureusement, elle ne se voyait pas lui raconter toute sa vie amoureuse… étant donné les circonstances.

"Rien de spécial…, assura donc la jeune femme. Je cours aux quatre coins du globe pour offrir mon aide là où certaines personnes en ont besoin."

Et ça, c’était la vérité. Elle avait juste… omis un léger détail. Qu’entre ses rendez-vous d’affaire et ses passages à l’Institut, s’immisçait désormais des rendez-vous… d’ordre privé avec le Directeur de la Confrérie, à l’insu de tous. Et devoir organiser des rencontres secrètes sans éveiller le moindre soupçon ne s’avérait pas vraiment évident.

Lorsque Virginie gouta son jus d’orange, elle lui posa néanmoins la question qu’elle aurait réellement voulu éviter. Quelle moitié lui conviendrait ? Son interrogation la fit vaguement sourire. La plus inattendue, certainement, aurait-elle été tentée de répondre. Avant de s’attirer des regards outrés, pour ne pas dire profondément révoltés, si la presse venait à apprendre sa relation avec Kenjiss, tous ces fouineurs seraient également très étonnés. A moins que la question n’ait même pas raison d’être, car la réponse demeurait évidente. Quel meilleur moyen en effet, de cacher une chose sinon de la laisser à la vue de tous ? Imperceptiblement, ses yeux avaient replongé dans la salle, à la recherche d’un individu bien précis. Un individu qui se faisait visiblement attendre. Mais June se reprit.

"Rassure-toi, je n’attends personne. C’est vrai… avec mon travail, il ne me reste plus beaucoup de temps pour penser à moi et encore moins pour penser à quelqu’un d’autre ! Et puis entre nous, je crois que je ne serais pas facile à vivre tous les jours, je ne tiens pas en place !"

Elle lui sourit, en espérant avoir été assez convaincante. Affirmer un tel mensonge alors que se dessinait devant ses yeux le visage d’un certain tatoué n’était pas chose aisée. Heureusement qu’elle avait de l’entrainement…

La conversation dériva heureusement sur le jeune inconnu qu’elle avait pointé du doigt. Elle ne s’était pas trompée. Il connaissait visiblement Virginie. Qui sans hésiter l’attrapa par le bras pour le lui présenter. June, surprise, la suivit entraînée par la force de la frêle adolescente. A première vue réservée, la jeune fille avait parfois des réactions assez inattendues. Celle-ci traversa la foule sans hésiter et elles arrivèrent devant le mystérieux jeune homme.
Celui-ci accueillit Virginie avec une galanterie qui se faisait rare de nos jours et à son accent, June nota qu’il devait probablement être Français. Et lorsqu’il se tourna vers elle, June plongea son regard vairon, tout aussi malicieux que celui de Virginie, sur l’inconnu. Elle nota l’instant d’hésitation de la part de son interlocuteur avant de sourire.

"Bonsoir, jeune homme ! Inutile de nous perdre en formalité, je m’appelle June. J’ai cru comprendre que vous étiez un ami de Virginie ?"

( dsl du retard les filles )

Luc souria en voyant la réaction de Virginie à son baise main. Hum peut être qu'il y était allé un peu fort là. Ce genre d'attention ne se pratiquait plus beaucoup de nos jours, et il avait agit un peu sans réfléchir. Mais ça avait l'air de lui plaire, vu comment elle venait de rougir. Ce qu'elle confirma ensuite par la parole.
Ensuite vint son amie qui prit la parole.

June... elle s'appelait donc June. Luc jeta un coup d'œil à Virginie, et cru voir un instant une drôle de regard. Se serait-elle aperçue de la réaction incontrôlée qu'il avait eu il y a un instant? Il y avait une chance. Luc grogna mentalement. C'était pas vraiment le truc à faire dans ce genre de situation.

Un amis? Pouvait-il le prétendre? Il ne l'avait rencontrée qu'une seule fois il y a de ça deux mois à Londres. Pouvait-il prétendre être un amis de Virginie, bien que dans un coin de sa tête il dirait oui sans hésitation. Il préféra modérer un peu ça.

Je dirais plutôt une connaissance, pour le moment. On s'est rencontré il y a deux mois à Londres, peu après la conférence au British Museum. Elle m'a généreusement guidée dans la ville jusqu'à des endroits que je n'aurais peut être jamais vu tout seul.

Un serveur passa pile poile entre eux, comme pas hasard, et les obligea à se séparer. L'instant d'après, Virginie était de retour à coté de lui, bien plus proche d'ailleurs. Hum, là Luc ne sentait pas trop à l'aise dans ce genre de situation. C'est ce genre de moment qui vous tordent les boyaux, où vous ne savez pas comment réagir, où votre cravate vous serre la gorge encore plus que d'habitude... Luc saisit une flute de champagne au passage, et en bu une gorgée histoire de détendre un peu le gosier.

L'étudiant leva la tête. Un groupe venait de faire son entrée, et ce de façon plutôt théâtrale. La confrérie. Luc passa en revue tout les membres du groupe. Il aperçu de suite la Russe, Maria, dans une robe qui avait dû couté plus que ce que lui coutait 5 années d'études. Derrière se tenait l'homme qui l'accompagnait la dernière fois, au British Museum. Il ne connaissait pas son nom. Mais ce fut l'homme qui était en tête qui attira son regard et son attention. Le directeur semblerait-il. Il le vit balayer l'assemblée, et s'arrêter un instant sur quelqu'un à coté de lui. Sur June plus précisément. Intrigué, Luc revint sur le directeur, qui semblait le fixer lui même, d'un regard noir qui lui fit passer un frisson dans le dos, avant que le groupe ne reparte.

Luc regarda à nouveau June. Il aurait juré que le Directeur l'avait regardé elle bien précisément. La connaissait-il? Il préféra garder ses questions pour lui... ou pour plus tard. Ce n'était peut être qu'une erreur de vision.

Sacrée entrée en scène avec ceux là...

Virginie semblait déjà bien mature pour son âge et à même de voir lorsqu’on tentait de lui cacher certaines choses. June le nota dans un coin de sa tête. Même si la jeune femme appréciait la compagnie de l’adolescente, elle allait devoir rehausser d’un cran le niveau de sécurité en sa présence. Néanmoins, elle lui glissa dans un sourire :

"Tu aurais peut-être du dire ça à mes ex…"

La jeune femme ayant inévitablement connu quelques aventures, plus ou moins longues, par le passé, et celles-ci s’étant terminées invariablement de la même façon. Incompatibilité caractérielle pour la plupart du temps, quand elle ne tombait pas carrément sur un type bassement intéressé. En fait, à bien y regarder, ses relations sentimentales avait toujours été à l’image de son existence, loin de tout repos. Et ce n’était pas un certain mutant tatoué qui allait faire changer cette vérité, établie au fil des années.

La Confrérie ! Monsieur Kenjiss, accompagné de monsieur Nohlann, mademoiselle Yevgeniyen, monsieur Gray et… mademoiselle Elkash !

Alors qu’elle avait peut-être légèrement mis mal à l’aise Virginie et son ami d’un soir, June se tendit imperceptiblement à l’annonce qui résonna dans la salle. Elle s’y était pourtant préparée, certainement à peu près tout autant que son compagnon. Ne pas bouger, ne pas ciller, ne pas se retourner. Arrêter de respirer.

Elle n’y parvint pas. Pas tout à fait.

Alors, pour justifier un quelconque mouvement, elle jeta une main avide sur le plateau qui passait à sa hauteur. Et une coupe de champagne. Une ! Il parait que ça peut aider dans de tels moments… Elle porta la coupe à ses lèvres, laissant vagabonder son regard au dessus de la foule par la même occasion. Celui-ci se posa bientôt sur le groupe de la Confrérie, le plus innocemment du monde, évidemment.

Et June dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas briser le verre qu’elle tenait entre ses doigts. Son mutant de compagnon, non content d’être… remarquable dans son costume, se retrouvait joliment entouré. Un peu trop joliment, même. La présence féminine au mètre carré autour de lui frisait l’indécence. Jalouse June ? Voilà qu’elle se découvrait une facette inconnue de sa personnalité…

Agacée, elle fronça légèrement les sourcils avant de détourner son attention du groupe qui arborait plus d’un visage connu –et plus précisément de Kenjiss qu’elle avait observé une fraction de seconde supplémentaire- pour la reporter sur ses interlocuteurs. Sa réponse fut laconique.

"Oui… je crois que c’était voulu. Et c’est plutôt réussi"

La jeune femme promena à nouveau son regard dans la salle, mais dans la direction opposée aux escaliers et bientôt, elle aperçut deux visages familiers. Miranda et Helen, ses supérieures. Helen portait une robe de soirée noire classique tandis que Miranda s’était parée d’une robe rouge vermillon. June eut un sourire ravi. Elle allait peut-être enfin savoir la raison véritable de sa présence ici.

"Vous m’excusez une minute, jeune gens. J’ai un mot à dire à ma supérieure"

Elle se débarrassa de sa coupe de champagne à présent vide avant d’abandonner Luc et Virginie pour se frayer un passage dans la foule. Au passage, elle apostropha Léon et interrompit sa passionnante discussion avec une journaliste pour lui glisser un mot à l’oreille.
Elle offrit son plus beau sourire à la journaliste avant de lui ravir l’attention de Léon.

"Vous permettez que je vous l’emprunte quelques secondes ?"

Et sans attendre une réponse, elle entraîna l’aquaman avec elle, un sourire finement dessiné sur ses lèvres alors qu’elle lui délivrait son message.

Mon amie Bernadette avait dit : « Si dans l’apparence, une faute gâche ta peinture, sers-t-en comme d’un atout ». Je me suis approprié cette philosophie. Avec le temps, les jeunes couches de mon enfance ont été étouffées par les préoccupations adultes. Des tâches grasses sans importance aux coups barbares de la séparation. Malgré cela le tableau de ma vie me convient. Après tout, il n’y a qu’en étant bousculé qu’on avance vraiment.
C’est dans cet état d’esprit, pour le moins optimiste que j’entrais dans le hall d’embarquement.
J’étais lourdement accompagnée. Une foule me suivait alors que j’en suivais une autre, n’ayant pas la présence d’esprit de demander où est-ce que nous nous rendions. Nous étions une masse d’homo zombicus qui parfumaient la pièce de ses saveurs de fleurs et de chair.
Pourquoi avais-je accepté cette invitation ? Ah oui ! Parce que malgré les vingt ans qui me séparaient de mon adolescence, je me comportais toujours en « petite gamine ». Hélas, il se peut que ce soir, je maudisse ma curiosité.
Dans la cohue, je vis cette femme, coincée dans son ceinturon. Lequel avait été ramené au bas de ses côtes, raffermissant de manière discrète sa mince poitrine. Également intéressante, la tenue étroite de cet homme à ma droite. Il aurait pu se faufiler au travers de la foule sans frôler personne tant elle lui collait à la peau. « Comme une moto dans un embouteillage », ajoutais-je, amusée.

Arrivée à la réception, les homo zombicus se dispersèrent quelque peu, permettant à mes yeux languissant de localiser les toilettes. Ma vessie douloureuse dû toutefois se contrôler car deux épreuves m’attendaient : L’enregistrement du billet et la sécurité.
Lorsque vint mon tour, on eut dit que je n’étais pas la bienvenue. (Pourtant j’avais fais un effort vestimentaire : Elégante tenue 1920, 100% recyclée, et n’exploitant en rien les petits chinois !!).
Ma présence parue tellement déplacée, que le réceptionniste héla ses deux rats de bureaux pour confirmer l’authenticité de mon carton d’invitation. Ils chuchotèrent entre eux, formant un cercle à la manière des sportifs qui préparent une offensive. Heureusement, j’avais l’ouïe fine.
On m’avait invitée car j’étais « une actrice principale dans les œuvres de paix ». Malheureusement ma réputation était celle d’une « emmerdeuse révoltée pour tout et n’importe quoi ». Alors les conspirateurs s’accordèrent sur le fait que « l’épisode Dear Nature » avait calmé mes « bouffées d’agressivité ». Il n’en était rien bien sûr, la découverte de mon gêne X ne m’ayant pas rendue introvertie par enchantement.
L’aparté se conclut par des hochements de tête peu rassurants. Sur quoi les rats se tournèrent vers moi, et derrière le masque répugnant de l’hypocrisie déclamèrent en cœur:

« Passez une excellente soirée mademoiselle France ».

Le contrôle de sécurité se passa à merveille.
J’embarquais en gigotant, donnant à mon corps les mouvements harmonieux et énergiques de la salsa.
Vite ! Les toilettes !
Je les rejoignais pour m’y soulager.
Ensuite, je sortis un petit sachet rempli de ce qui à priori étaient des herbes de Provence. Je fus prise d’une bouffée de chaleur. « Je ne peux même pas ici ! Il n’y avait pas de détecteur de fumée quand j’étais au lycée. Fichtre ! » Pensais-je en compressant le sachet au maximum. Je l’entourais d’un élastique pour garder le tout hermétique et cherchais où le dissimuler. Je réussi à caler le trésor entre le réservoir d’eau et l’embouchure de la canalisation, dans un recoin qui semblait prévu à cet effet.
Après quoi je sortis, entrai dans le hall pour me mêler aux convives.
Tel un robot, je me dirigeais vers le buffet en répétant : « Objectif verrouillé : Goûter aux mets délicieux », espaçant mes phrases par des : « KSSSS TUUUT KKK TUUUT ».

(Bonjour le post inutile , c'pas très glorieux comme premier post ahah)