Le jet privé J400 propriété de la famille Gray se posa en douceur sur la piste réservée n° 3 de l’aéroport de Vancouver. Il était quoi déjà 18h et quel. De quoi lui laisser le temps d’une petite virée dans la cité. C’était son… troisième voyage aux Canada. Une cousine y avait élu domicile depuis environ dix ans et mettait à sa disposition une résidence secondaire. Le genre de baraque qui lui foutait le cafard : pommée et loin de toute vie sociale.

Une foi il y avait emmené une fille Katia, qu’elle s’appelait, une écrivaine comme elle le disait si bien. Vivre au cœur de la nature lui avait parut une idée charmante. Lui, au bout de trois jours, il avait craqué. Cette fille avait beau être des plus canon il s’ennuyait comme un rat mort. Il l’avait donc virée et c’était dirigé vers Las Vegas.

Tout ça pour dire que la maison familial niet. Il allait se faire un petit tour des palaces de la ville. Bobby s’était occupé des réservations cette nuit. Enfin ce matin… ce type c’est vrai qu’il lui obéissait comme un bon chien. Ce cher Bobby. Un éclat de rire méprisant perça le silence de l’appareil. Ha il allait s’éclater !

Mais pas seulement. Mise à part une petite semaine sabbatique Dany avait aussi une belle idée en tête. La cigarette qu’il avait entre les doigts se décomposa pour de bon. Le pilote ouvrit enfin la porte. Daniel Gray se leva de son siège en attrapant nonchalamment sa veste en cuire. Il descendit de l’appareil avec sa lenteur coutumière. La vie était faite pour être apprécier.

L’air du soir le réveilla un peu plus. Son potable sonna. Sa secrétaire… plus tard. On venait enfin de lui décharger Euterpe son petit bijoux. Il vérifia que son porte feuille était dans sa poche arrière. Puis monta sur sa bécane avec souplesse.

Sa man tournait déjà ma clé pour démarrer. Il lança un regard à son employé avec l’autorité habituelle et exigea :

-« Fait transporter mes bagages à l’hôtel. Et je veux une masseuse à mon arrivée. »

Sans attendre la réponse il fila non pas à l’anglaise mais à la Dany, comme un fou. Direction la ville. Vancouver tu es à lui.

Il était quoi, cinq heure moins le quart quand il se dirigea vers l’hôtel. Il avait trouvé un club de Jazz et sous une impulsion c’était assit au bar. Parce que malgré son franc parler il a avait du goût ce mec. On l’avait élevé avec Brahms dans les oreilles. Le Jazz avait été sa petite révolte adolescente. Cette musique du noir et des trippes. Bref il avait enchainé les coupes de champagne jusqu’à voir les éléphants bleus. Oui les siens étaient bleus.

Le gas au bar avait voulus lui piquer ses clés. Quel crétin ce pauvre. Qui pouvait arrêter Daniel Gray ? Même éméché il gardait cette assurance mordante. Il était toujours droits et son regard dès plus écrasant. Ce qui est drôle c’est que ça fonctionnait même sur sa bon dieu de mère. On ne lui disait pas non.

Bref il était sortit. Le truc quand on bouge tout le temps c’est qu’on peut se retrouver partout. En un quart d’heure il était assez proche de sa destination pour en voir les lumières. Hôtel Hampton Inn le plus acceptable de la région. Il ralentit avec douceur pour arriver juste en face de l’entrée principale de la bâtisse.

Un employé approchait déjà l’air affolé par ce véhicule mal placé. La béquille en place Daniel descendit sans faire attention à lui. Il enleva son casque et le visage à l’air libre fit un tour d’horizon. C’est là qu’il la remarqua, la fille, un quart de seconde. Juste avant de ranger son équipement en entendant le brouhaha du gas qui lui tournait autour.

Il avança d’un pas vers l’entrée puis sans se retourner il annonça de son ton de maître:

-« Je veux qu’elle soit entièrement lavée brossée avant de rejoindre son nid. Et qu’om me prépare des magrets. J’ai faim. »

Ce sur quoi il continua son chemin de sa démarche au léger déhanché. Il commençait à avoir soif aussi. Ses yeux noirs se posèrent à nouveau sur l’envoyée. Elle avait un truc celle là. A deux mètres li lui adressa l’un de ses charmants sourires aux dents blanches et affinées.

-« Qu’une ce qu’une jeune femme fait ici à cette heure ? »

Il prit une cigarette et un briquet dans les poches de sa veste en la quittant des yeux pour l’allumer. Quelle dégaine elle avait. Et certainement pas froid aux yeux. Ca y est il était amusé. Après la première bouffée il ajouta avec un regard moqueur.

-« Vous attendiez un homme peut être ? »

Elle le suivait eh bien… au moins elle était déterminée celle là. Il ne la prit même pas en considération. Si elle voulait venir à son gré. Après tout elle était libre. Dans l’ascenseur il y avait cette petite musique si agaçante. En attendant la montée sa tête se reposa d’elle-même en arrière contre le mur.

Et c’est là qu’elle commença à le contredire. Bien elle n’avait pas peur de lui. C’était une bonne chose. Tout ne serait que plus intéressant. Car si les lèches bottes étaient utiles et éternels, ils étaient aussi terriblement ennuyeux. Mais cette douceur persistante était quelque peu agaçante sans qu’il puisse l’expliquer.

Du retard du retard, mais tout délais était extensible gamine. Il retint une réplique mordante aux bords se ses lèves sèches. Et voilà qu’elle faisait l’apitoiement. C’était si classique que s’en était lassant à force. Tous les mêmes. Rien pour le surprendre. Et il n’avait que vingt cinq ans. Voila ce qu’amenait ce spectacle.
Il a un air sérieux maintenant et sa voix l’ai aussi :

-« Je ne suis ici que depuis quelques heures, alors qu’est ce qui presse tant dites moi ? «

Ils sont arrivés au sixième étage des suites de luxes. Il avance dans le couloir sans la calculer. Sachant qu’elle le suivra maintenant. En habitué il ne regarde même pas la serrure et entre en trois mouvements. Il hôte immédiatement son manteau qu’il lance sur le premier fauteuil.

Suivent ses chaussures qu’il laisse là ou elles sont abandonnées. Puis il se dirige vers la table et s’assoit sur le canapé totalement à l’aise. Il voit la télécommande de la chaine if et met la station spéciale blus.

Il voit par la baie vitrée que le ciel et proche de l’aube déjà. Il a une grimace contrariée puis se relève. Il va attraper sa veste et prend ses cloppes. En marchant il se détend la nuque en bougeant lentement la tête en rond.

Il mit la cigarette allumée dans sa bouche et se saisit de la bouteille hors de prix.

_"Un verre de vin ?"

Il avait bien vue qu’elle s’était raidit. Quoi, encore une de ces utopistes qui pensait que le monde devait être sauvé ? Il n’était pas un héros, ou un altruiste. Et ce n’est certainement pas lui qui ferait quelque chose de bien. Il avait les moyens. Il avait l’influence. Mais il n’en avait pas l’envie. Après tout qu’est ce que cette société avait fait pour lui ? Excepter le pourrir jusqu’à la moelle à peine avait il apprit à marcher.

Ses parents ne lui avaient donné aucun sens moral, et ce n’est pas lui qui le chercherait. Alors il se contenterait de profiter du spectacle avec décadence et ironie.
Elle avait accepté le verre étonnant. Il vit une main maigre et osseuse qui lui donnait une image un peu trop plate de l’enveloppe complète. Cela dit il ne fit aucun commentaire se contentant de remplir son propre verre.

Il la voyait plutôt refuser en le fusillant du regard. Ou même en le fusillant tout court tient. Son calme n’était pas normal. Elle gardait bien trop le contrôle sur elle-même pour que ce fût naturel. Même bourré il le voyait bien. Faut dire qu’il en avait vue du monde. Ils les connaissaient. La race humaine ne changeait pas. Dés qu’on commençait à la comprendre tout devenait logique. Là par exemple il la voyait bien prendre sur elle même.

Malheureusement pour elle, Dany adorait aller loin, trop loin. Jouer avec les limites était un passant qui rendait terriblement adique. Et puisque tout lui était permit pourquoi s’en priver ? Et en plus qu’elle lui parle de son pouvoir comme ça. Parce qu’il s’agissait bien d’un pouvoir il en était persuader. Cela ne lui plaisait pas. Pour qui se prenait elle, à palabrer sur un tel sujet. Il reposa son verre dans un geste un peu sec et la regarda droit dans les yeux.

-« D’informations hein ? »

Malgré la colère l’attitude souveraine de cette fille le fit frissonner. Il termina sa cigarette pour essayer de se donner une raison de détourner les yeux. Bon elle n’abandonnerait pas. Et il voulait s’en débarrasser de cette sorcière. Il se releva avec une vivacité étonnante et lui tourna le dos pour regarder la vue.

Il fallait bien qu’il joue encore un peu. Et aucune victoire ne devait être donnée trop vite. Surtout pas à ce genre de personne. Lorsque le morceau de musique s’estompa Daniel fit volte face et avança vers ses chaussures en attrapant sa veste au passage.

-« Ce sera votre voiture. »

Il sortit et la laissa claquer la porte avançant vers l’ascenseur. Dans le hall il lança sa clé à l’employé dans un geste désinvolte et annonça que la masseuse devrait l’attendre un peu plus longtemps que prévue. Il l’a suivit dans le parking d’un pas dynamique en se grattant le menton d’un air résigné.

Il regardait la scène à travers le par brise. Ca avait été si rapide qu’il n’avait pas eut le temps d’analyser. Elle lui avait tout simplement tranché la carotide et avec une telle classe. C’était même un peu effrayant. Cela amena l’observateur à reconsidérer la petite silhouette sombre. Il ne fallait pas s’en faire une ennemie. Si toute la confrérie avait ce genre de recrue… ils pourraient faire des choses grandioses ! Mais ce n’était pas le moment de penser à l’avenir.

Les trois autres regardaient leur ami cadavre, la bouche grande ouverte par la surprise. Ces buffles ne c’étaient certes pas attendu à une exécution en règle, encore moi par leur hypothétique victime. Dany ouvrit sa portière et lança dans mégot au sol en regardant Twikjeya. Elle saignait. Etait-ce la contrepartie ? Il y en avait toujours une…

Il ne s’inquiétait pas le moins du monde pour elle. Il choisissait plutôt sa première cible. Sans un mot, tranquillement, il ôta sa veste et la déposa délicatement sur le capot. Une habitude. Il fallait préserver les beaux vêtements de la vermine. Il avait bien vue le poilu jouer son mime porno. Et même s’il ne se définissait pas comme un gentleman monsieur Gray avait du mal avec ce genre d’irrespect. Il lui adressa doc un noir sourire.

Quand il passa à côté de sa conductrice il eut un petit frémissement en voyant ses yeux. De la détermination pure et dure. Elle devait être un allier incroyable pour ces mutants. Quelque part Dan était flatté qu’on lui ait envoyé cette tueuse. Mais là, il fixait juste sa proie. Le soleil rouge l’éclairait comme un supplicier au bord de l’échafaud. Du calme avec lui il n’y aurait pas de sang. Juste la mort.

Moustachu avait du deviné qu’il avait attiré l’attention. Il se reculait un peu plus vers la voiture. Le sourire du jeune homme n’en fut que plus grand. Il avait une démarche diablement lente. Il avait l’air sûr de lui. C’était peut être bien ça le plus angoissant pour l’inconnu. Ses yeux noirs fusillaient le vulgaire sans la moindre pitié. Le gas ne comprenait pas et cela semblait le rendre de plus en plus nerveux.

Alors ni tenant plus, il fonça sur Dany. Celui-ci ferma les yeux juste une seconde. Juste le temps de redessinait la scène dans son esprit. Il fallait qu’il sache exactement ou son autre allait atterrir. Lorsqu’il rouvrit les yeux il avait cette vision si spéciale. Il voyait à quatre œil. C’était très perturbant quand on ne connaissait pas. Mais il avait tout de même un peu de pratique. Un peu… beaucoup.

Lui était toujours entrain de marcher vers le bulldozer poilu qui se rapprochait. Son double venait d’apparaitre juste derrière celui-ci et avançait avec la même dégaine. Ils échangèrent un simple regard comme pour confirmer un plan de longue date. Pour pouvoir gérer ces deux êtres qui étaient en fait lui Dany avait dû apprendre à les dissocier très vite. Lui était le Alpha, et son jumeaux instantané était le Béta. L’un ne pouvait agir sans l’accord de l’autre.

Au dernier moment Daniel alpha fit de pas sur la droite pour éviter la bombe humaine. Pendant que béta continuait d’avancer et profita de l’instant pour foutre un très ferme coup du lapin. D’un geste ferme, froid, violent sans appel. Moustachu n’eut lui non plus pas le temps de comprendre.

Pendant que béta contournait son corps et se dirigeait vers la bedaine, alfa vérifia que tout se passait bien pour sa coéquipière. Bedaine c’était éloigné terrorisé par leurs bourreaux de l’aurore. Il était partit vers la droite et abandonnait son dernier copain. Mais béta l’avait vue et avançait vers lui plus vite cette foi. Ils étaient bientôt à la même hauteur. Alpha commençait à les rejoindre. Le même sourire ravi aux lèves.

Béta fit très belle accélération et devança bedaine pour arriver juste devant lui. Il ralentit et s’arrêta la mine angoissée. Il sortit un canif aiguisé et commença à reculer en tremblant. Les deux Daniels eurent le même rire mauvais et moqueur. Béta élança sa jambe avec agilité vers la main du bourré et en fit sauter l’arme blanche. Alpha se rapprochait d’eux.

Tout de suite.

Pourquoi était elle si obéissante, conciliante avec lui ? Il ne comprenait pas. Mais pour le moment réfléchir ne ménerait à rien dans son état. Il alla s’assoir dans la voiture conscient que ses efforts physiques étaient inutiles et pir l’affaiblissaient. Il recroquevilla son corps cherchant la moindre trace de chaleur. Il essayait de contrôler ses muscles mais eux aussi réclamaient grâce. Il ferma les yeux essayant de trouver un peu de concentration. Il détestait ces moments là. Ils lui donnaient l’impression d’être un malade sans force. Impuissant et vulnérable.

Il entendit le son du tissu qui bruisse. Il n’ouvrit pas les yeux sachant que c’était elle. Mais lorsqu’elle commença à l’emmaillota dans une couverture il ne put rester indifférent. D’abord la chaleur nouvelle créa une vague de soulagement. Ensuite si froide était elle en apparence, son corps dégageait la chaleur de la vie. Et c’était instinctif son être réclamait cette chaleur de toutes ses cellules. Il dû se faire violence pour ne pas se coller à elle. Ce n’était pas du désir sexuel, mais le besoin primaire de chaud.

Il la regarda faire refusant de laisser sa fierté intervenir. Au bord du gouffre Daniel savait se la fermer. Elle avait l’air de savoir ce qu’elle faisait. Une vraie petite infirmière. Combien de cordes avait-elle à son arc ? La sentir si proche ne l’aidait pas à rester stoïque. Il était un homme. Il commençait aussi à assez la considérer pour rester correcte. En plus sincèrement à cet instant c’était tout juste une loque. Il la regardait faire, silencieuse, consciencieuse. Une parfaite mère. Il en eut un petit sourire qu’il abandonna tout de suite.

Je reviens.

Le chauffage ! Dieu quelle bonne idée. Pour un peu il l’aurait félicité à haute voix. Il laissa les minutes filer sans bouger pour que ce petit cocon fasse son effet. Une douce langueur commençait à l’envahir. Il ne se préoccupait de rien d’autre. Il aurait peut être dû. Il aurait dû, oui se sentir un tant soit peu concerné. Mais non il voulait juste être bien. C’est là que la fille fit réapparue dans la voiture. Il entendit la porte claquer, les pneus crisser. Mais pourquoi allait-elle vite ?! Ce détail le sortit de son assoupissement. Il ouvrit un œil.

Tout va bien monsieur Gray ?

-« Pourquoi es tu si… »

Il entendit l’explosion. Un incendie immédiat. Il détourna les yeux et se redressa sur son siège. Les mains serrant toujours la couverture amie. Un sourire étrange aux lèvres. Avec elle rien à craindre… c’était une pro, tout simplement. Il observa son profil et après un silence il avoua d’un ton calme :

-« Je comprend pourquoi il t’a choisi. »

Il avait envi d’une cigarette et d’un verre de cognac. Bientôt. Il écouta le bruit du moteur se laissant bercer comme un enfant. La route défilait.