Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Sujet: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Mer 18 Avr 2012 - 21:22
Mendier n'est pas l'activité rémunérée qui m'ait coûté le plus dans ma vie. Bien au contraire, j'ai énormément appris et reçu, ce qui va suivre est assez surprenant pour un gars de la banlieue comme moi. Une histoire de riche, encore.
En plein hiver 2052, je demandais de l'argent aux passants. Il faisait froid et je m’étais légèrement dévêtu pour l’occasion : pantalon et pull troués, la bosse dans le dos, la mauvaise nuit passée, tout était calculé pour suggérer qu’actuellement j’en chiais et qu’un coup de pouce aurait été le bienvenu. Sans forcer la main bien sûr, susciter de la pitié était un bon début pour entendre la musique des pièces jetées dans ma boite, son si doux à mes oreilles malgré sa froideur métallique. Certains trouvent cela dégradant et cachent ensuite leur passé de mendiant, je n’en fais pas partie. Au contraire même, je suis fier d’avoir eu affaire de près à la misère et de pouvoir en parler. Bien sûr, j’aurais préféré vivre autrement, au hasard dans une maison douillette, avec un repas chaud et une famille accueillante. Sauf que non, on ne choisit pas toujours le chemin que l’on emprunte, même quand on demande et qu’on remercie poliment. De toute façon, à cette époque-là, je me servais de la politesse comme papier toilette, donc bon…
Bref, je zonais à Vancouver, c’était une ville assez pratique puisque les mutants tels que moi y étaient un peu plus tolérés qu’à Seattle et que ce n’était pas très loin. Entre un coup de fourche et un coup de semonce, le choix était vite vu. Je m’étais lié d’amitié avec un groupe de sans-abris, certains même plus toxicomanes que moi. Il fallait se méfier d’eux, d’ailleurs, ils étaient capables de te poignarder dans le dos pour un rail de plus. Dans le pire des cas, ils restaient quand même plus sympas que des banquiers. On était donc plusieurs à squatter la zone du centre commercial, haut lieu de la consommation et donc cible facile des sans-le-sou.
J’avais à ce moment là un très bon contact avec les gens : j’étais jeune, assez mignon, j’avais du bagout. Par exemple, quand je demandais un petit quelque chose, personne ne se sentait agressé et je repérais assez facilement les bonnes poires susceptibles de considérer ma situation avec suffisamment d’empathie pour me faire l’aumône. Mon contact n’allait pas jusqu’à me prostituer… Déjà il aurait fallu que je me mette à nu, exposant par là mes ailes à de potentiels phobiques du gène X, et en plus il aurait fallu que je sacrifie ma vertu, chose ô combien précieuse. Haha, non, mes plumes étaient le seul frein à cette époque et, à la rigueur, un peu de timidité pour l’inconnu. N’empêche, maintenant que j’y pense, certains ont peut-être des trips bizarres avec de la volaille.
Herrm'enfin, la vie n’était pas facile et j’aurais aimé être ailleurs mais, présentement, ce midi-là, je vis s’approcher un groupe de filles de confession riche qui commentaient très fort et en riant le nouveau copain d’une top-model très connue. Tout autour, les gens s’affairaient-ils à rentrer chez eux ? Une petite mamie, mal assurée, emmitouflée dans un manteau visiblement pas assez chaud, remontait la rue dans l’autre sens. De près on pouvait l’entendre dire « ah, mes os, de mon temps… ». Je l’imaginai instantanément entourée de chats. Son petit chapeau avec une fleur rose vieillotte brodée dessus était au diapason avec le reste de sa personne. Un mec louche attendait non loin de moi. Et encore, louche… Qui étais-je pour juger ? Disons que je le sentais mal du fait qu’il était habillait de sombre et qu’il n’arrêtait pas de regarder sa montre – de luxe, soit-dit en passant. C’était peut-être pourquoi il m’avait l’air antipathique : les bourgeois qui s’affichent n’étaient pas mon type, sauf quand ils alignaient les billets. Sur le trottoir en face, une famille de quatre membres – deux enfants trop gros pour être en bonne santé et un couple modèle – pressaient le pas. L’un des bambins voulut s’arrêter pour contempler la devanture d’une confiserie, ce qui lui valut fissa une perle de l’éducation donnée par la main droite. Pendant qu’il commençait à sangloter, l’autre tentait de se donner une contenance et de faire abstraction de la peur de s’en prendre une à son tour, par soucis d’égalité. Sans doute aurait-il prétendu ne pas connaitre son frère si on lui avait posé la question.
Le groupe de filles, visiblement très propres sur elles, était pratiquement à ma hauteur. Je repérai très vite celle qui semblait au cœur du débat : une blonde très clinquante, limite vulgaire. Ses seins semblaient généreux, son cul moulé à la perfection, son odeur ensorcelante la précédait, accordé à la perfection avec son style de vie. Bandante, en fait. Sortant mon plus pitoyable sourire, je lançai au groupe :
- Bonjour mesdemoiselles, vous semblez avoir bien chaud… Vous auriez un petit quelque chose pour moi ?
Allez, un billet, quelque chose, j’avais froid enfin !
Dernière édition par Eniss le Lun 17 Sep 2012 - 0:15, édité 2 fois
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Mer 18 Avr 2012 - 23:21
La nuit avait été rude, et aucune n'était véritablement fraîche. C'est qu'après s'être trémoussées pendant quelques heures sur les musiques les plus commerciales du moment, éconduisant ces messieurs qui leurs tombaient dessus à tour de bras et savourant des mojitos qui ressemblaient davantage à du dentifrice dissous, ces demoiselles avaient aperçu l'aurore et s'étaient égayées comme une nuée de sauterelles en se donnant rendez vous au centre commercial. Parce qu'il fallait troooooop pas qu'on finisse comme ça !
C'était pourquoi, encore embuées par l'alcool, la dream team du moment piaillait, minaudait, discutait, papotait et se trémoussaient devant le bâtiment. C'était qu'en 2052, il était toujours interdit de fumer dans les lieux publics voyez vous ?
Elaine fronçait les sourcils sous ses hologrammes. Encore une merveilleuse invention. Plutôt que de porter d'encombrantes montures teintées, pourquoi ne pas implanter directement des générateurs sous les sourcils ? En une commande vocale (désactivable à l'envie pour éviter les incidents), elle occultait son regard d'un fin hologramme. Un système autrement moins fragile que les hideuses lunettes de grand père. En l’occurrence, cela lui évitait de subir le contrecoup d'une gueule de bois relativement violente. Car personne n'avait encore inventé le remède miracle à cette maladie si contagieuse.
La belle n'avait toutefois guère la tronche de ces abrutis de nerds qui s'enfilaient des bières jusqu'à pas d'heure, et bavaient et vomissaient le lendemain. Non, entendons nous bien, c'était une gueule de bois Elaine Hildredienne. Elle avait pris une longue douche, s'était remaquillée, enfilé des vêtements propres, et en dépit d'une nuit blanche et de quelques mojitos de trop, Elaine était encore capable de remporter les concours de beauté d'une trentaine de pays parmi les plus exigeants. La jeune beauté portait un pantalon très ajusté, des bottes très montantes, et un pull qui, s'il paraissait chaud de dos, ressemblait davantage à un maillot de bain vu de face. Encore une invention miraculeuse que les vêtements chauffants. Bien qu'elle ne se fasse pas d'illusion sur les regards qu'elle sentait peser sur elle. Ce n'était pas les prouesses techniques de ses habits qui focalisaient l'attention, mais plutôt les attentions de mère nature. Un jour, elle songerait à la remercier d'avoir rendu tant de personnes laides pour la garder sublime.
En revanche, Elaine était fichtrement mécontente de sa nuit. Si elle n'avait guère eut de problèmes pour inciter quelques mercenaires à l'accompagner à sa soirée et ces pintades étaient trop heureuses de suivre MISS Elaine Hildred et ses gros billets, elle s'était vite aperçue que leur conversation était ennuyeuses leur compagnie désagréable et les mecs qu'elles lorgnaient, tout à fait vulgaires. C'était bien parce qu'aucune copine potentielle ne passait par là qu'elle restait avec cette bande de dindes.
Hé casse toi bâtard !
Trop occupée à se recoiffer d'une main face à la porte vitrée, Elaine ne réagit pas tout de suite aux piaillements de ses « amies ». De toute façon, elles piaillaient TOUJOURS. Ce ne fut que lorsqu'elle aperçu le reflet de l'homme dans la vitre qu'elle daigna se retourner dans une tornade de cheveux blonds. Elle lui offrit par la même occasion la vision la plus érotique qu'il n'ait probablement jamais eut dans sa vie de rebut de la société, drogué et pauvre.
Jaune !
Elle s'adressait bien évidemment à ses lunettes holographiques, qui passèrent du noir mat au jaune transparent, lui permettant d'examiner plus en détails l'intrus. Il était maigre, blanc, mal fringué et arborait le sourire le plus pitoyable qu'elle ait vu depuis qu'elle avait payé ses deux mojitos en trop à Britanny, poufiasse n°5.
Elaine, jte jure, stun drogué, il va te violer et te voler ! On f'rait mieux d’appeler les flics !
Bien évidemment, il était drogué. Elaine avait vu suffisamment de toxicomanes pour en déduire l'origine du teint de papier toilette du malheureux. Néanmoins, il était poli, et c'était le genre de choses qui lui plaisaient. Enfin, pour être plus précis, c'était ce genre d'occasions qui lui permettaient d’asseoir son autorité sur la cour qui l'accompagnait. (Elle ne tarderait de toute façon pas à les dégager à grand renfort de piaillements). Les malheureuses se pressaient en effet les unes contre les autres pour faire courageusement front à l'arrivée de l'ennemi, symbolisé en l’occurrence par un mec qui s'apprêtait probablement à les violer, les manger, voler leur argent et peut être même leurs téléphones ! Alors que elle, mademoiselle Hildred, l'approchait sans même trembler, jusqu'à se trouver à portée de main.
En dépit des apparences, Elaine n'était pas quelqu'un de fondamentalement méchant. Et si ce malheureux était un excellent moyen de briller en société, elle avait réellement eut l'intention de l'aider, puisqu'elle avait de l'argent et lui non.
Disparition !
Les reflets jaunes s'évanouirent, laissant la place à des yeux légèrement cernés. Question élémentaire de politesse, on ne prenait pas un futur allié de haut. Elaine adressa au nouveau venu un sourire engageant et lui adressa une réflexion longuement mûrie.
Bonjour ! Z'avez froid vous non ?
Remarque fort judicieuse étant donné l'accoutrement du mendiant. Elle remarqua qu'il était bossu, mais qu'il n'était pas laid en dépit de son handicap. Cela acheva de la rassurer. Un type mignon n'était jamais méchant. Puis elle vit la guitare, et ses yeux s'étoilèrent, parce qu'elle allait montrer à ses copines qu'elle n'avait pas peur de l'homme de la rue.
Oh vous avez une guitare ! Jouez un truc !
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Ven 20 Avr 2012 - 0:40
Ça partait assez mal, j’avais mis le doigt sur le nid de pouffes le plus insupportable qui soit, du genre à donner une bonne tarte à la première de mes sœur qui voudrait ressembler à ça. Je bâillonnai et enfermai à double tour la part de mon égo qui pensait leur faire goûter les cordes de ma guitare pour me concentrer sur l’instant présent : faim et besoin d’argent. Elaine m’ignora superbement et son ami m’insulta, me propulsant en une fraction de seconde au rang de déchet le moins souhaitable de la planète. Je m’apprêtai à faire profil bas et laisser couler quand la blonde eût un geste assez fou : elle se retourna de manière langoureuse, dans un élan de cheveux propres, en soutenant et caressant sa poitrine de ses mains douces et diaphanes. Sa langue passa sur ses lèvres pulpeuses et son regard animal exprima le désir profond de me connaitre d’avantage. Ou alors c’est ce que j’ai voulu voir, je ne sais plus vraiment aujourd’hui. De toute façon l’effet fut tel qu’un innocent réflexe me condamna dès lors à rester assis et à être pris de haut vu que la station debout serait extrêmement gênante.
Égrainant tous les clichés du violeur toxicomane – j’étais un bon gars, je n’aurais violé aucune d’entre elles, par contre j’étais un gars et je n’étais pas étranger au désir – le groupe passa en mode haro sur le clodo. Ça ne me fit pas grand-chose, tout au plus le bâillon de mon égo tressaillait de rage. Par contre, la belle sembla s’opposer au lynchage public et m’encouragea à jouer, après une remarque peu perspicace que j’avais d’autant plus envie de lui pardonner qu’elle avait un beau corps. J’allais jouer de la guitare pour une bombasse capable d’éclipser en un rien de temps et ses cruches de copines et les préjugés ambiants dans lesquels je vivais. Et elle sentait bien meilleur que les filles que je côtoyais à l’époque.
- Il fait un peu froid, répondis-je en lorgnant assez peu discrètement sur ce nombril exhibé, mais vous avez raison, un morceau me réchauffera.
Je me tordis sur place et sortis ma guitare de son étui. Un vieux modèle, sans hologramme perturbant. N’empêche, Elaine était toute en électronique et en implant, ce qui était intimidant. Je gardai la tête froide et, dans le geste souple qui amena l’instrument sur mes genoux, je choisis le morceau auquel je pensais en voyant ces bourgeoises. Stairway to Heaven, un véritable mot d’espoir. Si je me plaisais à y trouver un sens plus noir, notamment dans le fait que la femme en question était morte puisqu’elle rejoignait le Paradis, c’était surtout pour me cacher le fait que ma situation aurait pu être plus confortable si je ne m’étais pas prélassé dans l’addiction matérielle la plus sauvage.
C’était risqué, la chanson était longue et sans doute pas du goût de ces filles plus modernes, plus commerciales. Au pire elles partiraient en piaillant. Sur le moment je me moquais bien de leurs goûts, et sans le savoir je jouais donc la partition qu’attendait de moi la reine : je m’étais incliné devant sa volonté et elle s’était rendue maitresse de l’inconnu, de la différence. Elle était capable de dompter le pauvre, le méprisable, raison pour laquelle elle était en haut de l’échelle sociale. Elle était née pour gouverner. Ces considérations me passaient loin au dessus et, quand les premiers accords glissèrent hors de ma guitare, plus rien n’avait d’importance.
- There's a lady who's sure all that glitters is gold
Je suis un toxicomane, donc on peut me faire confiance quand je parle de drogue. La musique en est une dans le sens où elle partage certains de ses effets, la passion dans laquelle je me plongeais par exemple éclipsait toutes les autres, notamment celles plus primaires. Je n’agissais plus, c’étaient mes doigts qui courraient les cordes, ma voix qui cherchait l’intonation juste. Mon esprit était désactivé, hors de contrôle tant la mélodie l’accaparait, et le reste de ma personne servait la Musique. Elle était magnifique, les sens nus dans son blouson de cuir, la voix un peu grave, cassée par l’alcool. Sa capacité à envoûter le monde semblait n’avoir aucune limite et elle méritait très largement ce « M » majuscule. … Bien sûr que j’étais sobre, pourquoi ?
Dans le même temps, la vieille femme avalait le bitume à son rythme, remontant progressivement la rue pour parvenir à notre hauteur. Elle en avait encore pour quelques dizaines de secondes vu qu’elle s’arrêta, en s’appuyant contre le mur, pour s’enlever un caillou de la charentaise gauche. Elle fut rattrapée par une femme d’affaire visiblement en retard puisqu’elle trottait en refermant précipitamment un attaché-case. Elle adressa à peine un coup d’œil au gars louche qui ne cessait de lorgner sa montre d’un œil protubérant. En face la petite famille avait disparu, laissant la place à un couple de trentenaires qui s’embrassèrent brièvement avant de rentrer dans la boutique s’acheter des fruits confis. Un œil très exercé aurait remarqué à leur sortie que l’écharpe de la fille avait changée de couleur, ce qui était sans intérêt pour la suite.
- And she's buying a stairway to heaven
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Sam 21 Avr 2012 - 17:17
Nombre de jeunes femmes bien dans leurs peaux auraient collé quelques phalanges dans la tronche de cette raclure de clochard qui les matait sans vergogne. Elaine se contenta d'observer le manège de l'homme avec la patience d'une habituée. C'était une triste vérité, mais la riche héritière avait depuis longtemps cessé de s'offusquer lorsqu'on la reluquait avec la discrétion d'un gnou et l'appétit d'un américain devant un steak. C'était même plutôt plaisant de savoir que l'on pouvait faire à peu près ce que l'on voulait de la gente masculine en achetant toujours une taille de débardeur en dessous de la sienne.
La jeune beauté se vit confortée dans ses théories bas de gammes lorsque le jeune sdf se saisit de sa guitare avec un geste d'habitué, sans parvenir à la décrocher du regard. A ce rythme, il allait bien vite être capable de lui réciter ses mensurations. Elle oublia bien vite les pensées lubriques du toxicomane pour se concentrer sur le morceau qu'elle avait demandé, non sans un regard triomphal en coin à ses copines qui restaient soudées dans une phalange clinquante de verroteries, plus sûrement campées sur leurs talons qu'une bande de macédoniens dans leurs spartiates.
Malheureusement pour la jeune Hildred, ce qui s'ensuivit fut davantage un calvaire qu'un moment de triomphe. Forte d'une culture musicale qui se résumait à la première chanson du top cinquante du mois, la blonde platine ignorait à peu près tout des vieilleries pourtant cultes. Il ne s'en fallut que d'un cheveu pour que Kenjiss n'émerge des enfers avec une pelle de bonne taille pour lui refaire son minois à grand renfort de fer, mais par chance, le tatoué ne prêtait pas attention à cette rencontre. Elaine échappa donc à une vie de souffrance et au rôle de Jigsaw dans l'énième remake du Punisher prévu pour l'année 2054. Cela ne l'empêcha pas de grimacer au bout de la troisième minute. Oh, discrètement évidemment, histoire de ne pas froisser son interlocut... non mais sérieusement ? Elaine tirait une tronche de trois pieds de longs depuis le troisième accord, premièrement parce qu'elle n'avait aucune idée de ce que le joueur de guitare racontait, deuxièmement parce qu'elle ignorait tout des métaphores et qu'une nuit de débauche avait achevé de trucider les quelques neurones survivants, et troisièmement parce qu'elle sentait ses amies passer d'une opinion admirative à son égard à une moquerie quasi palpable pour le clodo qui s'entichait d'elle au point de lui sortir des chansons à rallonge.
C'était que le statut social dans ces groupes de mercenaires ne tenait qu'à un fil, et il importait de ne jamais baisser sa garde sous peine d'en être réduite à celle qui porte le sac à main lorsque les autres vont au toilette. Et ça, jamais. Elaine Hildred était peut être une potiche, mais elle n'allait pas assumer le rôle de porte manteau. Aussi eut elle recourt à l'une des techniques les plus vicieuses de son arsenal, quelque part entre le piaillement aigu et la gifle à un vieux moche. Elle détourna les yeux du musicien, inclinant une cascade de cheveux sur sa nuque d'un geste exercé et décocha un sourire à faire fondre la banquise à celle qui tentait de l'assassiner en public.
Au fait Brit'... Kévin m'a appelé, il fait de l'herpès...
C'était dans ce genre de moment qu'elle s'adorait. Plus que d'habitude en tout cas. Elle observa Brittany passer du vert au bleu, avant de devenir franchement violette, brusquement abandonnée par ses copines qui s'écartèrent d'un bon mètre en voyant la pimbêche se dandiner brusquement. Elaine enfonça le clou.
Mais t'as rien à craindre non ? L'alcool tue les microbes !
Et elle mit un dernier coup de marteau sur le pieu qui saillait encore du cœur de la greluche.
Oh... Tu veux dire que... Dans les toilettes ? Naaaaaan, c'est juste craaaaade Brit !
S'ensuivit une scène mémorable où une pimbêche en larme se précipita vers l'intérieur de la galerie commerciale, à la recherche d'une pharmacie avant que la rumeur ne se répande plus vite sur les réseaux sociaux que l'hypothétique infection sur son entrejambe.
Oh. Allez me chercher une glace... Pistache chocolat ? Merciiiiiii !
Et voilà comment on se débarrassait en quelques secondes d'une bande d'imbécile. Elaine avait le contrôle, elle gérait la situation, elle jubilait intérieurement... En dépit d'une migraine tenace, la jeune blonde se sentait au mieux de sa forme, rassurée d'avoir pu juguler la crise avant qu'elle n'atteigne un niveau critique...
C'est juste suuuuuuper beau !
En réalité, elle aurait sorti cette phrase à n'importe qui d'un tant soi peu mignon qui baragouinait trois notes en grattant un bout de bois. Mais personne ne lui en voulait, m'voyez ? Elle avait un sourire à vous faire lever un mort...
Mais heu... C'est encore long, vraiment ? Parce qu'il lui restait tout de même à se débarrasser de ce mec avant qu'elles ne reviennent avec sa fichue glace.
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Ven 27 Avr 2012 - 20:02
- Hé la connasse, tu vas fermer un peu ta grande gueule oui ?!
Agrémentée de deux ou trois claques, j’avais vraiment envie de lui faire sentir ma déception. Ça aurait été tout à fait approprié. Elaine était incroyablement pénible, elle parlait dans des fréquences suraigües, limite audibles, par-dessus mon très beau morceau. Je n’avais aucun mérite, soit dit en passant, Stairway to Heaven était tellement mythique qu’il était difficile d’avoir un rendu laid. Donc la gourdasse se demandait quand ça s’arrêtait, mais la gourdasse était très jolie et visiblement friquée, aussi je fermais ma gueule. Elle demandait si c’était long ? Elle voulait que ça s’arrête ? Hé bien soit, j’avais alors le choix entre deux options : continuer à la faire chier ou m’arrêter et prendre sur moi un tel outrage à la beauté. Elle était très pneumatique, je choisis donc la deuxième possibilité.
J’arrêtai donc à « And the forests will echo with laughter. » et, avec un air très humble, je la regardai dans les yeux. Ma pauvreté était inscrite au fer rouge directement sur mon front et je lançai un regard en direction de ma cagnotte en guise d’encouragement.
- Merci beaucoup pour votre écoute, si vous voulez bien maintenant…
Je ne dis pas les mots, mais il était évident que j’attendais une rémunération sonnante et trébuchante. La mamie, que j’avais perdu de vue pendant le morceau, était arrivée près d’Elaine et semblait enjouée.
- C’était très beau, jeune homme. Ça me rappelle mes vingt ans, ajouta-t-elle avec émotion.
De près on pouvait constater que son visage était ravagé par les rides. Je n’avais jamais vu de personne aussi visiblement rongée, attaquée par le temps. Elle portait des pantoufles, tirait un cabas et son imperméable, type années trente, renforçait l’impression de faiblesse qui se dégageait d’elle. On aurait dit qu’un souffle pourrait la terrasser. Par contre, il se dégageait d’elle un charisme de ceux qu’on n’acquiert quand on a vu le monde et qu’on le connait son propre enfant. Bien évidemment, à ce moment-là, je ne me doutais pas de ce qui allait ensuite se passer. Bien que mon regard croisât le sien, je ne réalisai pas quelle force hors du commun, quelle détermination pouvait l’habiter. J’aurais pu bien évidemment lui sauter dessus, la prendre par surprise, mais cela aurait été en faisant fi de la présomption d’innocence, et avec une pointe d’omniscience.
- C’est dommage que vous vous soyez arrêté en si bon chemin, pour la peine je ne vous donne qu’un bonbon, qu’elle sortit de son sac à roulettes.
Je voulus répliquer mais je savais d’avance que j’avais tort. J’avais amputé un chef-d’œuvre pour le seul avis d’une potiche siliconée. J’avais honte car j’avais perdu dans le domaine musical face à une octogénaire mal fringuée, mais en plus j’avais troqué l’art contre une paire de fesses moulées dans un jean’s trop serré, donc fait pour ça. Je baissai alors les yeux, devenu rouge de honte.
- Pardon madame, balbutiai-je à mon auditoire.
Non loin, l’homme en noir semblait satisfait. Il tapota sa montre en signe de contentement et commença à sourire et ses dents parfaitement blanches ressortirent, par contraste. Je n’y avais pas prêté attention mais il semblait ne pas avoir de visage, tout ce dont je pouvais me rappeler était ses dents. C’est peut-être pour ça que je le trouvais louche, en fait, il y avait un petit côté flippant avec ce sourire carnassier.
En face, la confiserie se plaisait à me donner faim. J’étais certain que son sadisme se voyait satisfait devant mon manque de nutrition.
Et Elaine, dans tout ça, allait-elle enfin me donner quelque chose ?
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Jeu 10 Mai 2012 - 21:52
La potiche la moins siliconée des environs était ravie d'être parvenue à faire taire ce musicien. Elle n'avait pas exactement aimé ou détesté le morceau joué -pour cela il lui faudrait lire les critiques d'un grand magasine avant de se... faire sa propre idée- mais au moins était elle parvenue à sauver la situation avant que le malheureux drogué ne fasse plonger sa côte de popularité auprès de ses mercenaires, lesquelles n'allaient probablement pas tarder à revenir avec la glace qu'elle flanquerait aussitôt à la poubelle sur un prétexte quelconque.
En attendant, Elaine venait d'avoir l'équivalent d'un éclair de génie. Le malheureux avait terminé son morceau et désignait un petit gobelet à ses pieds, remplis de pièces de monnaie. La jeune blonde resta un instant interdite. Cet homme aux goûts déplorables en matière de porte monnaie avait il donc si mal au dos qu'il ne pouvait le ramasser ? L'arrivée d'une vieille dame au bonbon sauva de la surchauffe trois neurones en détresse et l'équivalent d'un nirvana cérébral inonda les champs arides d'un cerveau à l'abandon. L'homme était un mendiant ! Un gentil mendiant qui jouait de la guitare !
Et on lui refilait un bonbon ! En grande héroïne des causes perdues, dûment formée par un père qui avait une fâcheuse tendance à se débarrasser de ses costumes à cinquante mille dollar pour le poser sur les épaules d'un malheureux frigorifié (devant les photographes était il utile de le préciser?) la jeune blonde explosa.
Non mais ça va pas ?! Une main aux ongles manucurés agrippa la malheureuse vieille dame, qui se retrouva à fixer le nombril d'une grande greluche brusquement agacée.
Ce type est en train de MENDIER ! Il crève de faim ! Il va faire quoi avec votre bonbon hein ? Bah je vais vous le dire, il va se le coller dans une narine pour empêcher son cerveau rongé par la coke d'y couler ! Nan mais ! Un bonbon quoi ? Sérieux ? Le type est à la rue, il vend son cul pour se payer la dose qui le tuera un jour, il bouffe ses mycoses pour survivre et vous lui filer un bonbon ? Il a fait l'effort de chanter avec ses dents déchaussées, et vous l'remerciez comme ça ?! Sale égoïste va ! Sérieux ça m'dégoute quoi ! Il va crever dans sa gerbe avec des vers dans le cerveau à cause de vous !
Et Elaine de tirer de son sac à main (qui valait probablement la moitié de l'appartement de la malheureuse ancêtre) son porte monnaie. Ce geste nécessite tout de même quelques explications. En bon citoyen concerné par le bien être de votre prochain, vous n'êtes sans doute pas le dernier à vous débarrasser de vos horripilantes petites pièces rouges sans valeurs dans la main d'un mendiant. L'esprit apaisé, persuadé d'avoir sauvé votre âme pour trente générations à venir tout en sachant pertinemment avoir été motivé par le pur égoïsme de débarrasser votre bourse de ces inutiles petites breloques, vous pensez que le malheureux va louer votre générosité pour les dix années suivantes. En fait, vous n'êtes qu'un connard qui tente de se racheter une conduite. C'était à peu près la même situation que vivait Elaine. A ceci près qu'elle ne s'encombrait pas vraiment de petite monnaie.
Y avait il geste plus sexy qu'une déesse de la beauté plongeant sa main dans son porte monnaie ? Fière d'avoir compris ce qu'espérait le malheureux, Elaine rejeta la tête en arrière, bomba le torse et lui sortit une liasse de billets. Elle ne savait pas exactement combien elle lui donnait et cela n'avait que peu d'importance. C'était probablement trois cent, quatre cent dollars, et elle en perdait davantage en égarant ses sacs, sans la moindre conséquence. Aussi eut elle un sourire mutin en déposant cet argent dans la main du clochard, ravie de rendre service pour une somme aussi modique. Oh et le sourire qu'elle lui décochait avait probablement de quoi occuper ses nuits pendant quelques mois. Bah wai. On a la classe ou on l'a pas biatch.
Je m'appelle Elaine. Vous pouvez m'appellez El' si vous voulez
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Sam 19 Mai 2012 - 20:40
Je crois bien que ce jour là, un ange a dû se pencher sur moi et murmurer, en faisant craquer les articulations de ses mains, d'un air menaçant : « Toi, tu vas passer une journée de merde. Tu vas t'en prendre plein la gueule, dans tous les sens du terme. Tu vas littéralement ramasser tes dents. »
LE point positif, c'est que je n'ai perdu aucune dent.
Déjà, Elaine, El', comme elle voulait que je l'appelle, m'a envoyé mon pedigree de clochard toxicomane dans la figure avec la dextérité et le tact qu'un remorqueur poids-lourd. Comme quoi ma cervelle allait se liquéfier au travers de mon cul pour bouffer mes mycoses, j'ai rien compris. Je l'ai assez mal pris, forcément, jusqu'à ce qu'elle sorte une liasse de billet monumentale. Je n'avais jamais vu autant d'argent de ma vie et je crois bien que ce fait se lisait sur mon visage. La bouche bée de stupeur, elle me décrocha un sourire ravageur, à damner un sain. Belle et riche, elle avait presque tout pour elle, sauf le goût musical. Dieu n'était pas si injuste, au final.
- Merci, balbutiai-je en salivant. - Oh, merci petite, rajouta la vieille avec un accent campagnard forcé. Vous avez raison, mais tout le monde n'a pas vos moyens, vous savez. Un bonbon, c'est tout ce que j'avais, heureusement j'en ai trouvé un deuxième.
En le disant, un sourire taquin apparut sur son visage. Dans un mouvement très fluide, elle se glissa derrière ma bienfaitrice et lui bloqua les deux mains dans le dos, les maintenant d'une poigne de fer à l'aide d'une seule des siennes. Sa peau était fripée, douce, en parfait antagoniste avec la puissance musculaire qu'elle dégageait.
- Comme l'a si bien dit le Saint Prophète, murmura-t-elle juste assez fort pour que je l'entende, donnez-moi vos biens et Dieu vous les rendra. Gamine, tu seras le prochain bien, veux-tu ?
Sans attendre de réponse, elle lança Elaine en l'air, sur une planche en bois fixée au mur à 4 mètres du sol. Elle était assez large pour qu'une personne puisse y tenir sans problème. J'aurais pourtant parié qu'elle n'y était pas deux minutes auparavant et, pour confirmer mon sentiment, elle jurait tout-à-fait avec la façade à l'architecture moderne, toute en verre et en métal. Tout autour, les gens semblaient ne pas tenir compte de ce qui se déroulait sous leurs yeux, leur regard fuyant plus ou moins consciemment l'agression. L'homme en noir continuait de tapoter fixement sa montre, les quelques amas de gens semblaient ignorer la scène, les amies d'Elaine ne revenaient pas... Malgré tout, une tension croissait et quelques personnes s'intéressaient à la scène, se rapprochant imperceptiblement, sans doute pour intervenir si la situation se révélait peu risquée.
N'écoutant que mes hormones – ou mon courage, la différence est minime – je me redressai, après avoir dûment fourré la liasse dans ma poche. Tel un preux chevalier, je défiai l'ancienne.
- Hé, la vieille, tu te crois où, là ? - Ouh, que vous êtes malpoli, vous, déclara-t-elle en fronçant les sourcils.
Elle attrapa le bas de mon T-shirt et tira dessus. Je pensai pouvoir résister, mais elle gagna haut la main et parvint à me faire tomber sans difficulté. Sentant qu'elle allait agir, je roulai sur le sol, évitant de peu son poing qui fracassa le trottoir où ma tête se tenait précédemment, anéantissant du même coup l'intérêt que portaient les gens alentour pour notre sort. La rue se vida progressivement, mais sûrement. Comprenant que la situation virait au vinaigre, je me mis à fuir tout en me dessapant, espérant m'en aller à tire-d'aile et, éventuellement, intervenir une fois que j'aurais pris de la hauteur sur la situation, du recul.
C'était sans compter sur mamie Bonbon. A peine étais-je torse nu, cinq mètres plus loin, que quelque chose dans mon dos bloqua ma retraite en me saisissant par les ailes. Avec une facilité déconcertante, je fus soulevé du sol et porté à l'envers, observant avec surprise le ciel sous mes yeux.
- Les jeunes, de nos jours, franchement... Entendis-je en dessous.
Revenant à mon point de départ, la mamie me saisit par la nuque et, avec un sourire carnassier, me colla un puissant coup droit dans le ventre. Je tombai au sol sur les genoux, suffoquant. Ma vue se brouillait, j'entendais la voix d'Elaine qui m'appelait. Levant les yeux, mon regard tomba sur celui de ma tortionnaire. Le sien était chaleureux, doux, étonnamment bienveillant vue la situation.
- Tu n'iras pas plus loin, cui-cui. Retourne dans ta cage.
Elle finit de m'assommer, en regroupant ses mains dans la forme d'un marteau, d'un formidable coup en travers de la mâchoire. Elle se retourna en direction du perchoir de la blonde et lança :
- Mademoiselle Hildred, vous pouvez faire le choix de descendre calmement de là. Sinon, je devrais m'occuper de vous comme je me suis occupée de lui. Elle désigna mon corps inerte sans même lui accorder un regard pendant qu'un escalier descendant apparaissait, prolongeant la plate-forme depuis la jeune jusqu'à l'âgée. Que décidez-vous ?
Même s'il s'agissait d'un kidnapping en bonne et due forme, la femme âgée conservait un visage souriant, presque candide, qui aurait pu figurer sur un pot de confiture artisanale. Peut-être même en faisait-elle d'excellentes ?
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Jeu 31 Mai 2012 - 0:54
***…Et ça s'est passé quand ?***
***A l'instant… Enfin, il y a moins de trente secondes…***
Maria essayait de lacer ses bottes à la vitesse de la lumière. Évidemment, la précipitation lui fit riper sur le lacet droit. Elle grommela, se força à garder son calme et redémêla le tout pour repartir de zéro. Quelle guigne que la coquetterie ne soit pas en accord avec le laçage automatique façon "Retour Vers Le Futur"! ***Et ça ressemble à quoi ?***
***A une vieille dame, dit la voix dans sa tête, une grand-mère… Du genre de celles qui tricotent des bonnets de nuit à la lumière d'un feu de bois les mois d'hiver… Du genre de celles qui pensent que si la météo est détraquée, c'est à cause des fusées qu'on envoie…***
***OK, ça va, ça va, j'ai compris…*** Coupa mentalement Maria.
Henri pensait-il vraiment qu'ils avaient le temps de diverger dans la paraphrase poétique ? ***Fais attention, tu refais la même erreur : je le vois dans ton esprit ! Il faut passer l'extrémité du lacet dans la boucle du dessous…***
Le cerveau de Maria chercha tout à coup à analyser ces gestes normalement automatiques, bien ancrés depuis plus de quinze ans dans sa mémoire procédurale. Elle s'embrouilla à nouveau et faillit piquer une crise de nerf. ***Mais tu vas la fermer oui ? Pensa-t-elle avec l'équivalent psychique d'un soupir exaspéré, dis-moi plutôt quel pouvoir je vais affronter…***
Silence mental vexé, elle en profita pour finir de lacer ses chaussures. Elle se releva et ouvrit le tiroir de son bureau. ***Apparemment, on a affaire à une force exceptionnelle, fit Henri au bout de quelques secondes, peut-être mâtinée d'une super rapidité…***
Maria extirpa du tiroir son Smith & Wesson Model 60… Une antiquité, peut-être, mais beaucoup plus jolie que tous ces fichus pistolets-laser-du-futur sans âme… Et puis, ça tuait son homme à vingt pas. ***Mouais, j'y crois pas trop, fit-elle en vérifiant que le barillet était plein, c'est super rare qu'il y ait ces deux mutations en même temps… Problème d'incompatibilité des gênes.***
***Méfie-toi quand même…***
Elle coinça le revolver dans sa ceinture. Elle était habillée d'une petite jupe blanche de flanelle et un chemisier noir aux manches froufrouteuses. Pas l'idéal pour se battre contre un dangereux mutant, mais tant pis, il y avait urgence. ***Où en est Stephen ?***
***Il frappe à ta porte dans… Trois… Deux… Un…***
Quatre petits coups timides sur le battant de la porte, Stephen entra sans attendre. Il avait le sourire aux lèvres, prêt à en découdre. "_ On peut y aller, fit-elle sans même prendre le temps de dire bonjour, tu me déposes et tu repars derechef pour chercher du renfort, OK ?"
Le sourire de Stephen s'estompa, il répliqua immédiatement : "_ Mais enfin, miss Yevgeniyen, je peux vous aider… Vous pouvez compter sur moi, je sais me battre ! Faut arrêter de me prendre pour un gosse ! Miss Hildred est en danger !"
Maria fronça les sourcils. "_ Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est vachement dangereux, je ne peux pas prendre la responsabi…"
Une pensée parasite la coupa dans son élan : ***Il en pince pour la petite Élaine, il veut faire son beau devant elle… Il ne voudrait pas qu'elle croit qu'il est un lâche qui quitte le champ de bataille dès que ça se gâte.***
***Pfff… Dieu nous garde ! Vire-lui temporairement ces sentiments à la con. Juste le temps qu'il accomplisse sa mission !***
***Tu sais que je n'apprécie pas ce genre de méthode***
***C'est ça ou tu auras à assumer sa mort au champ d'honneur. Une érection, ça fait oublier le danger !***
Elle s'approcha de Stephen et lui prit la main de façon maternelle. "_ Assez discuté, le temps presse… Téléporte-nous !"
Riche idée d'avoir fait suivre la petite Élaine dans ses pérégrinations citadines ! Maria voulait simplement vérifier qu'elle se comportait bien en société. L'idée d'en faire la prochaine porte-parole de la Confrérie Moderne n'était pas étrangère à cette filature.
L'Univers devint blanc lumineux l'espace d'un instant. Maria savait qu'elle ne devait pas cligner des yeux, au risque de se retrouver déboussolée à l'atterrissage. L'écran blanc devint transparent. Autour des deux téléportés, une rue de Vancouver. Vide. Et trois protagonistes. Maria pointa le canon de son revolver en direction du machin qui ressemblait à une vieille dame. "_ Hé Mamie Gang-bang !"Hurla-t-elle.
Merde, d'où ça venait cette insulte nase ? Elle y réfléchirait plus tard. "_ Lève gentiment les mains en l'air ou je te refais le chignon !!"
Peut-être aurait-elle dû tirer sans sommation… Mais UN, éthiquement, ça la gênait un peu de descendre une personne âgée de dos… DEUX, cette supermamie servirait sûrement mieux la Confrérie Moderne avec une cervelle intacte. Maria vit du coin de l'œil que Stephen n'était toujours pas reparti. Il s'était même mis en position de défense… La connexion mentale d'Henri avait dû se rompre lors de la téléportation. Sans quitter l'adversaire des yeux, elle chuchota au jeune mutant : "_ Mais tire-toi, toi ! Va nous chercher du renfort !!"
Le téléporteur regardait partout autour de lui : "_ Élaine ? Élaine, tout va bien ? C'est Stephen ! Ne vous inquiétez pas, on va vous sortir de là !"
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Jeu 31 Mai 2012 - 22:45
Les décibels étaient une calamité dans les villes du futur. Davantage encore que la pollution visuelle des hideuses infrastructures néo contemporaines, c'était l'agression perpétuelle des sons qui avaient peu à peu amené les maires à valider des constructions anti soniques, quatre fois plus chères mais seul rempart contre la fureur de leurs administrés à moitié sourds...
On estimait que le moteur d'un jet à réaction était suffisant pour assourdir un homme. Une exposition prolongée lui faisait risquer de graves lésions internes. Le cri d'une Elaine Hildred effrayée était à peu près aussi nocif, moins à cause de son niveau sonore sommes toute acceptable, que de sa teneur en aigu particulièrement élevée...
C'était en substance le son produit par une Elaine Hildred en pleine accélération ascensionnelle. Fort peu aérodynamique car fichtrement poitrinée, la belle blonde n'en fendit pas moins l'air avec la grâce d'une patineuse artistique obèse et l'assurance d'un parkinsonien en équilibre sur une lame de rasoir. L'atterrissage fut brutal, mais à contrario relativement élégant tant des années de gymnastiques avaient appris à Elaine à tomber. Elle se réceptionna sans mal sur... une planche de bois, encore essoufflée de sa mésaventure, cheveux dans les yeux et larmes sur les joues.
P... p... p...
Nul ne sut exactement ce qu'Elaine voulut dire ce jour là. Blanche comme un linge, aussi courageuse qu'un sixième face à sa prof de math ménopausée, la riche héritière eut le courage de dandiner son fessier jusqu'à ramper au rebord de la plate forme, espérant probablement y trouver par un quelconque miracle un bazooka ou au moins de quoi s'enfuir prompto d'ici...
Elaine était tout à fait paniquée et ne comprit pas grand chose à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Dans le désordre, elle vit un mendiant se faire casser la figure, un ange tenter de s'enfuir à tire d'aile et se faire mettre ko aussi sec par une petite vieille qui avait probablement consommé assez de petites pilules pour assommer une équipe de football américaine au grand complet! Le pire fut lorsqu'elle la regarda, et qu'elle lui parla, cette vieille.
Soyons clairs. Elaine n'avait absolument pas pensé à décrocher son super téléphone portable implanté dans le tympan. Elle n'avait pas non plus réfléchi au pourquoi du comment on l'envoyait au septième ciel de la façon la moins agréable possible, pas plus qu'elle n'avait songé à s'enfuir AVANT qu'on ne se souvienne d'elle. La pauvrette ne brillait pas par la rapidité de sa réflexion, mais d'autres avant elles s'étaient fort bien tirés de situations bien pire sans réfléchir davantage. Hélas pour Elaine, elle ne possédait pas de colt à dégainer plus vite que son adversaire, de briquet pour ramper dans les bouches d'aération d'un building, d'un arc à flèche explosives ou encore de puissance mentale capable d'influencer les esprits faibles. Enfin si, ça s’appelait un décolleté et ça marchait uniquement sur les mecs. 'chier.
Alors quant à songer à descendre de sa plate forme, vous pensez bien qu'on était pas sorti de l'auberge... Avec l'instinct de survie qui avait on ne sait trop comment échappé à dix huit ans de superficialité complète et de deux mille cinquante deux ans d'inutilité crasse, Elaine savait que descendre, s'était s'exposer à de gros ennuis. Papa l'avait bien dit, on s'éloignait TOUJOURS des ennuis.
Par chance pour la malheureuse, quelqu'un avait pensé à veiller sur elle. Et ce quelqu'un se matérialisa sous la forme d'une autre blondinette brandissant un engin d'une taille respectable. Hein ? Un travesti blond ?
Stephen ?!
Bien évidemment, elle connaissait Stephen. En fait, les trois quart des individus mâles de la Confrérie s'étaient débrouillés pour se faire connaître d'elle. Et Stephen, c'était le gars troooop marrant mais trop oufff kwa, qui l'avait téléportée dans sa chambre, genre comme une princesse kwa !
Stepheeeeeeeen ?
Bon, elle l'avait viré avec pertes et fracas lorsqu'il avait tenté de lui piquer son chewing gum avec l'assurance d'un koala au sol.
Mais à cet instant précis, elle s'en foutait totalement et se redressa fièrement, cheveux aux vent, à quatre mètres de hauteur, sur la plate forme. Les renforts étaient là, tout irait bien à présent. N'est ce pas ? Avec une assurance qu'elle ne se connaissait pas, elle mit le premier pied sur la marche de bois. Et s'aperçut que Stephen était totalement inutile, puisque c'était Maria qui tenait le flingue.
Madame Yeye-hygiène, vous arrivez juste à temps ! Vous êtes juste troooop géniale ! C'était juste trooooop stylé ! Mamie Gang-Bang et tout, la pause, le flingue ! Sérieux on aurait du filmer kwa !
Et la blonde de fixer la blonde et son fusil à éléphant modèle réduit. Elle avait fière allure, il n'y avait pas à dire. Il faudrait qu'elle pense à demander un flingue. Y avait pas à dire, ça donnait la classe un flingue.
Note de la rédaction : Confier un objet de type arme à feu à Elaine Hildred revient à peu près au même que de se masturber avec une lame de rasoir. Ou pénétrer dans le bureau de Maria avec une bouteille de cocktail sans alcool. C'est une idée dramatiquement stupide qui ne peut que se terminer dans le sang et dans les larmes.
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Mer 13 Juin 2012 - 23:24
"_ Hé Mamie Gang-bang ! Lève gentiment les mains en l'air ou je te refais le chignon !!"
Voilà ce que j'aurais pu entendre si je n'étais pas allé sucrer les fraises. Sauf que j'y étais, elles rougeoyaient vivement et jutaient tout autant. Un champ de fraises tout entier était à ma disposition. Je sucrais consciencieusement.
Pendant ce temps, la mamie en question leva les mains. Il n'était pas question de se faire tirer dessus tout de suite, elle avait encore du temps devant elle. Ses gestes étaient très lents, très calmes. Elle se retourna, toutes dents dehors – des fausses, on voyait bien que c'était un dentier. Elle constata la présence d'une jeune fille mais n'en tint pas compte, en voyant que Maria ignorait son existence. Sans doute était-elle présente par hasard. Elle semblait moins dangereuse que le pistolet pointé. Maria Aleksandrovna Yevgeniyen, la bien connue. Riche héritière, membre influente de la Confrérie Moderne... Une personne qui valait cher. Les yeux de la mamie pétillèrent devant ce spectacle. Elle était venue pour Elaine, elle repartirait avec Elaine ET Maria. Une aubaine. Derrière la sanglante, la pièce rapportée était richement vêtue : en pyjama aux heures du déjeuner, certes, mais l'ancienne reconnut, même de loin, une facture de grande qualité, très onéreuse. Elle reconnut l'odeur de l'argent. Une aubaine.
- Oh, que vous n'êtes pas très polie vous non plus, mademoiselle, stipula la vieille. Vous avez besoin d'une bonne correction, ajouta-t-elle en désignant d'un geste de la tête mon corps sur le côté.
Malgré les remarques de la piailleuse sur son perchoir, mamie profita de la proximité d'un Stephen insouciant et peu attentif pour lui saisir le bras et le retourner en direction de Maria, tel un bouclier humain. Cette dernière put percevoir, dans son regard, une forme évidente de surprise. Pourtant, cela s'était passé à vitesse normale. Par exemple, si j'avais été réveillé, j'aurais vu une vioque saisir un gamin par le bras et le retourner de manière très calme. Là, le Stephen semblait dépassé par les événements.
- Je n'ai rien contre vous, justifia la mamie en tordant le bras de l'étudiant de manière douloureuse. Il ne put réprimer son premier cri. Mais vous savez, le Saint Prophète a raison : « une douleur est une épreuve, un sou est dans ma poche ». Je vous demanderais bien de venir calmement avec moi, mais vous ne le feriez pas. Pourquoi êtes-vous butés au point de ne comprendre que la force ?
Elle saisit le coude de Stephen entre son pouce et son index et serra fortement sa prise. Les os de cette articulation se brisèrent et le pauvre téléporteur poussa un autre hurlement. Sous l'effet de surprise, il se retrouva à genoux, haletant. Des larmes roulèrent sur ses joues tendues et rougies par l'effort qui lui permettait de rester conscient. Mamie, qui n'était pas de très grande taille, se camouflait à peine derrière le jeunot et pouvait enfin regarder Maria dans les yeux.
- Il ne fait pas très beau aujourd'hui. Heureusement, à la météo, ils ont dit qu'il fera meilleur demain.
L'infortuné mutant, bien que principalement gouverné par ses hormones, n'était pas idiot pour autant. Il tenta, par le regard, de faire comprendre à sa supérieure qu'il allait se téléporter, lui laissant ainsi une ouverture pour tirer. Il ne comprit cependant pas ce qu'Isobel faisait là. Puis il trouva l'énergie pour transporter son corps endolori ailleurs, laissant une mémé surprise.
**********
A quelques mètres seulement de là, Elaine descendait des escaliers en bois. Le spectacle valait le détour. Quel déhanché, quelle présence naturelle, quel charisme ! Quelle poitrine ! Je me damnais d'avoir les yeux fermés. Arrivée à mi-chemin, elle fut incapable de lever le pied gauche. Baissant les yeux, elle vit qu'une boucle le lui enserrait, et qu'une autre venait de se fermer de l'autre côté. Ces boucles s'épaissirent, formant rapidement une seconde paire de chaussures qui la clouait au sol. Enfin, au sol... À l'escalier, plutôt. C'était étrange, le bois se comportait comme un fluide. Il remontait à présent les mollets de Princesse Hildred à l'image d'un liquide qui défierait la gravité. Pourtant, les jambes étaient fermement emprisonnées, comme si, au contact de la peau, le bois, matière végétale parmi toutes, était très dur et très solide.
Insensible à ses protestations, une langue de bois peu diplomate se détacha et parcouru le reste du corps pour bloquer le cou et, ce faisant, toute la partie élainesque qui se situait en altitude. Elle entendit une voix murmurer à son oreille, pendant que le végétal recouvrait le reste de son physique – avec plus de difficultés au niveau de la poitrine, tant la surface à couvrir était impressionnante :
- J'espère que tu n'as pas peur du noir...
Elle était grave, clairement masculine, très virile. Elle aurait pu appartenir à un camionneur bien velu ou à un bûcheron. Rapprochement bois/bûcheron. Malgré l'insistance du metteur en scène, l'haleine fétide, qui aurait rendu le tableau plus dramatique, était partie faire un tour. De l'extérieur, on pouvait voir une statue de bois parfaitement polie. De la tête se dégageait une protubérance qui se mit à gonfler, pour atteindre la taille d'une seconde tête. Elaine était devenue siamoise. Deux orbites apparurent, ainsi qu'une bosse en plein milieu. Une fente s'ouvrit à sa base, laissant entrevoir à l'intérieur des filets qui joignaient haut et bas. Avant qu'Elaine ne commence sérieusement à suffoquer, la masse végétale s'écarta de son nez. Ses yeux, comme le reste de sa personne, restèrent clos.
- Arrête de te débattre et tu verras, continuait de lui susurrer le mutant planchimorphe, tout se passera pour le mieux. Je n'ai le droit de te faire de mal que si tu te débats.
Il avait un fort accent campagnard, consolidant le stéréotype du bûcheron. Il insista bien sur le « que », pour que le message passe bien. Il respirait la franchise, même si Elaine éprouvait des difficultés à utiliser ses poumons.
**********
L'homme en noir était toujours adossé au mur, impassible, le regard dirigé vers l'ancêtre en apparente difficulté. Autre fait notable, mon corps gisait, insensible à la perception du monde alentour. Pas exactement tout le monde, quelqu'un commençait à s'y intéresser. Quelqu'un manifestement animé de mauvaises intentions. Mais, lâche ça enfin !
Isobel Baker
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Jeu 14 Juin 2012 - 0:09
J’avais dû m’évanouir. Ou quelque chose comme ça. Peut-être avais-je dormi longtemps. Très longtemps. Parce qu’il faisait jour alors que l’instant plus tôt, il faisait nuit. Avait-on chassé les étoiles et la lune ? Mais qui donc ? L’image du garçon blond me revint en tête. Il n’était pas tard de là où je venais. Vingt heures, peut-être, quelque chose comme ça, je ne suis jamais très sûre pour ce genre de choses. Le temps passe et je ne le vois pas beaucoup. Que s’était-il passé avant que je n’apparusse dans cet étrange endroit ? Ah ! Je me préparais à aller me coucher. Mais avant ça, comme chaque soir, je me devais de boire mon grand verre de lait avant de m’endormir. J’étais sortie de ma chambre en pyjama et avec Remmy sous le bras pour rejoindre la cuisine. J’avais toutefois oublié que je n’étais plus à la maison, et quelques uns se moquèrent de mon pyjama et moi sur le chemin. Remmy m’avait dit de ne pas m’en faire et que tout irait bien une fois mon verre de lait à la main. Je l’ai cru. La cuisine était vide à mon arrivée, mais elle ne le fut plus quelques minutes plus tard parce que le garçon blond m’y rejoignit. J’ignorais son nom (et je l’ai encore oublié), mais c’est lui qui avait gravé l’ange sur la porte de l’Institut. Nous avons dû parler. De choses et d’autres. Remmy était resté silencieux tout du long. Puis le garçon m’avait proposé de me montrer son pouvoir magique qui consistait, à ses dires, à faire disparaître les choses et les gens pour les faire réapparaître autre part. C’était un garçon magicien. J’avais accepté. Et je me retrouvais là, dans une rue en pleine journée avec des gens qui criaient fort.
« Bonsoir. Non. Bonjour ?, dis-je sans m’adresser à quelqu’un en particulier.
Il y avait une dame devant moi qui me tournait le dos et qui ne m’avait pas vu. Elle discutait (en criant) avec une autre dame beaucoup plus vieille qui tenait entre ses bras un autre garçon. Son petit fils ? Il ne ressemblait pas vraiment à celui que j’avais quitté dans la cuisine, mais les deux avaient un point commun. Magiciens.
Je sentis une pression au niveau de ma main et je constatai avec une grande joie que Remmy était toujours là. Il m’indiqua d’un mouvement imperceptible un homme allongé non loin et qui paraissait endormi. En plus, il avait des ailes, comme Remmy. Je délaissai les deux dames et le garçon pour me rapprocher de l’homme aux ailes de canard. Le bitume sous mes pieds nus me dérangea un peu, mais je ne me stoppai pas pour autant. Arrivée près de lui, je m’accroupis et le regardai. Il n’avait pas l’air d’aller très bien. La vieille dame derrière avait dû lui donner des graines empoisonnées et maintenant il était malade. Ma main se posa sur l’une des ailes et caressa la surface duveteuse des plumes. Elles ressemblaient à de la soie.
« Vous êtes un ange, monsieur. Ce n’était pas une question que je lui posai.Mais on vous a cassé les ailes et maintenant vous ne pouvez plus vous envoler. Vous n’êtes pas triste ? »
Remmy émit un bruit dans ma tête, que j’écoutai avec attention. Il était autoritaire, parfois. Mais j’étais une gentille fille, alors j’obéis. Je posai Remmy devant le visage du monsieur et le laissai là pour qu’il puisse discuter avec. Je cessai mes caresses pour me redresser et je vis au loin une statue en bois avec deux têtes.
Je lui fis un grand signe de la main pour la saluer.
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Jeu 19 Juil 2012 - 15:09
Maria gardait le canon de son pistolet pointé sur la vieille. Crétin de Stephen, il s'était fait avoir comme le premier des pigeons ! Trop occupée à lui ordonner de décarrer, elle s'était laissé surprendre. Son annulaire crispé nerveusement sur la gâchette n'avait pas bougé. A cet instant, elle aurait tout donné pour revenir dix secondes en arrière et tirer sur l'ancêtre sans ultimatum. Une voix familière résonna dans son esprit. ***Maria ? Maria, désolé, je viens juste de vous retrouver… La téléportation m'a fait décrocher***
Telle la cavalerie des westerns-spaghetti poussiéreux, Henri arrivait à la rescousse un poil trop tard ! ***On s'est fait avoir !***
***Oui, j'ai lu ça dans l'esprit de Stephen, il n'a rien vu venir.***
La petite vieille était en train de blablater. Maria ne l'écouta pas, concentrée sur sa discussion mentale ô combien plus importante… ***Moi non plus, à vrai dire… J'ai des réflexes de lamantin endormi. Mets-moi en contact avec Stephen, je vais lui dire ce que j'ai sur le cœur***
~~
Tout ne se déroule pas comme prévu. Je suis penché en avant, mes yeux n'arrivent pas à se détacher du trottoir couvert de lichen. Une petite vieille me fait une clef de bras, une main osseuse et froide est en train de bloquer l'articulation de mon coude gauche. La pression augmente, ça fait super mal, mais je sers les dents et j'essaie de me retenir de crier. Pas devant la dirlo, pas devant Elaine. Mais, merde, c'est quoi cette espèce de mémé cinoque ? Une championne d'aïkido ? Elle me parle, sa voix me fait le même effet qu'une craie en train de crisser sur un tableau… Ou quand Elkash faisait glisser ses ongles sur une vitre pour nous contraindre au silence. Elle se moque de moi, la vieille, son haleine pue la mort parfumée au bonbon à la menthe. J'ai rien vu venir : on venait de sortir de mon seuil de téléportation avec la dirlo. Aucun problème, je gère, ce n'est pas la première mission dangereuse que je fais avec elle. Cette fois, Elaine était en danger. Pas question de la laisser tomber ! En arrivant dans la rue, j'ai entendu sa voix cristalline, le soleil m'éblouissait, j'ai mis ma main en visière pour la repérer. Tout était clair dans mon esprit : j'allais me retéléporter auprès d'elle et la tirer de ce guet-apens. Facile !
Ce que je n'avais pas prévu, c'est que la dirlo chie dans la colle. Pourquoi cette conne n'a-t-elle pas immédiatement shooté la vieille ? Quand on tire, on ne raconte pas sa vie ! A cause d'elle, je me suis fait avoir… Merde !
Je tords ma nuque pour lui jeter un regard indigné. Elle pointe toujours son flingue vers nous… Elle a l'air furax. Merde, c'est comme si elle m'en voulait… Mais c'est elle et elle seule qui n'a pas assuré ! ***Stephen ? Ca va ?***
Henri, le télépathe de la Confrérie. Un type sympa qui détourne le regard chaque fois qu'il croise le chemin d'une bouteille d'alcool. ***Non, ça va pas, je lui réponds, y a la grand-mère de Toutankhamon qui veut me faire la peau !***
J'adore mon sens de l'humour ! Être capable de bons mots lors de situations dramatiques ça a la classe ! ***C'est rien à côté de ce que Miss Yevgeniyen va te faire subir !***
***Quoi ? Quoi ? Attends, c'est quoi ce délire ?***
La voix de la dirlo se met à gronder dans mon esprit. ***Stephen, espèce de crétin ! Qu'est-ce que tu as foutu ? Tu devais partir immédiatement ! Nous voilà dans de beaux draps !***
Elle est furax. Je veux lui répondre sur le même ton mais la vieille se met à appuyer comme une brute sur mon coude. J'entends quelque chose craquer, une douleur indicible irradie depuis mon bras jusque dans tout mon corps, les muscles de mes jambes lâchent, je m'éclate les genoux sur le sol. Je hurle. ***C'est bien fait pour toi !*** Me hurle télépathiquement la dirlo.
Hein ? Quoi ? Comment elle ose ? Elle surenchérie : ***C'est fini les missions pour toi, tu es trop dangereux, tu risques nos vies à tous !***
Quelle connasse ! Quelle ordure ! Papa va porter plainte ! ***Sitôt rentrés à la Confrérie, je te colle un rapport au cul, Stephen ! Insubordination lors d'une mission, ça va te coûter cher !***
Merde, elle n'a pas l'air de plaisanter ! Mes convictions chavirent… Qu'est-ce que va dire Papa si je me fais virer de l'école ? La douleur devient secondaire. Elle va voir ce dont je suis capable ! Je gueule télépathiquement : ***Attention, m'dame, je me téléporte… Je ramène du renfort !***
***T'as plutôt intérêt, p'tit con ! Et ne lambine pas !***
Un cocktail de douleur, d'indignation et de honte m'électrisent. La vieille relâche un instant son étreinte, j'en profite. Je me laisse tomber dans un seuil de téléportation. Merde, je vais me faire démonter…
~~
Dans un flash de lumière, Maria vit l'adolescent échapper à son prédateur. ***Bon, ça va, il n'est pas encore trop con, ce gosse ! Fit Maria à Henri, réceptionne-le et assure-toi qu'il aille me chercher du renfort***
***Avec un bras cassé ?***
***Ca lui fera les pieds, il faut qu'il comprenne que l'erreur ne vient uniquement que de lui. Il a désobéi à un ordre, il doit payer.***
… et ainsi, peut-être n'ira-t-il pas chouiner chez ses parents qu'il s'est fait casser le bras lors d'une sortie avec la directrice. Maria connaissait Stephen, elle savait qu'il se sentirait bien idiot de s'être laissé choper comme le dernier des étourneaux. Il chercherait à se rattraper. ***Tu lui diras qu'il n'a le droit qu'à deux minutes pour se rétablir.***
... Ainsi il n'en prendra qu'une ! Maria n'hésita pas une seconde de plus. A peine la silhouette de Stephen était-elle complètement dématérialisée qu'elle tira à plusieurs reprises dans les jambes de la vieille. Elle n'était pas suffisamment entraînée pour tenter un headshot, ni certaine que la vieille ne dissimulait pas un gilet pare-balles. Les jambes lui paraissaient une bonne alternative… Il aurait été étonnant que ses bas à varices soient renforcés en titane… La cible était surprise et immobile, elle fit mouche au bout du troisième tir. Restait à savoir si se prendre une balle dans les genoux était propre à gêner la mamie gang-bang.
Elle s'approcha prudemment de quelques pas, le canon toujours pointé sur la vieille, menaçante. "_ Dis à ton pote de relâcher Elaine ou je te crame la cervelle, vieille peau !"
Elle ne plaisantait pas. ***Henri ? Essaie d'entrer en contact télépathique avec l'autre mutant. Parle-lui des renforts, dis-lui que si il laisse tomber immédiatement, il aura la vie sauve !***
***Maria, il y a quelqu'un d'autre avec vous !***
Et c'est à cet instant bien tardif que Maria se rendit compte de la présence d'une autre personne sur le champ de bataille. Une gamine discrète, éthérée, à la limite de la visibilité. Elle recula d'un pas et pointa son arme dans sa direction. "_ Et toi, la pouffe, tu te fixes !"
Merde, ça commençait à faire beaucoup de monde à gérer d'un coup... Les renforts, vite ! ***Euh, Maria, je ne suis pas sûr qu'il faille craindre cette fille... Ca a l'air d'une douce dingue arrivée par hasard ici***
L'info n'eut pas le temps d'être totalement analysée par le cerveau de Maria qu'un coup de semonce venait d'être tiré juste au dessus de l'épaule droite de la nouvelle arrivante.
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Jeu 19 Juil 2012 - 16:04
Elle avait eut l'impression de marcher dans des sables mouvants... Et puis plus rien, le noir total, le néant absolu et cette horrible voix qui chuchotait à ses oreilles, avec un ton trop vicieux pour être tout à fait honnête.
Il était rare que quelqu'un parvienne à faire taire Elaine Hildred. Qu'il s'agisse des nanas jalouses, des mecs en chien qui la mataient trop, des vieux qui l'admiraient, des larbins qui rampaient, miss Hildred beuglait toujours plus fort que tout le monde, qu'importe l'état dans lequel elle était... Mais Elaine avait ses peurs, elles aussi. Des terreurs bien plus atroces que n'importe quelle perte de maquillage ou humiliation garderobesque. Des frayeurs qui se refermaient telles un poing d'acier sur son estomac, nouaient sa gorge et la rendaient tout à fait incapable de faire autre chose que de paniquer. Une panique pure, loin de la peur logique d'un flingue braqué sur elle, ou même d'une brusque montée en altitude digne des meilleurs films hollywoodien.
Elaine ? Tout était noir et Elaine somnolait, alanguie sur le sofa lorsque papa poussa la porte du manoir. Il avait la voix étrange des nuits qu'elle n'aimait pas. Des nuits où les domestiques étaient curieusement absents, où maman était à une soirée avec des amis. Des nuits où papa vacillait en franchissant le seuil.
Elaine ?
Elle remonta la couverture jusqu'à son menton, dérisoire protection contre cette frayeur qui lui faisait encore aujourd'hui mouiller son lit...
Elaine ? Il avait l'haleine chargée de ce liquide qui rendait les hommes fous. Les mains fébriles d'un homme qui avait besoin d'alcool pour se donner le courage de supporter ses vices.
Elaine, papa est très fatigué...
C'était un froid intense qui s'emparait d'elle, alors que ses mains étaient chaudes. Elle était si gelée qu'elle ne parvenait plus à bouger, brusquement muée en statue de glace, lèvres pincées, doigts crispées sur ses draps. Demain, papa avait une réunion très importante où il sourirait aux photographes ravis de shooter un monsieur aussi présentable, aussi serviable en toutes circonstances. Alors on le laissait en paix, monsieur Hildred. On ne le traquait pas pour exposer ses vilains petits secrets au grand jour. Il y en avait bien eut quelques un, mais ses clichés étaient si grossièrement truqués qu'il s'était suicidé de honte avant l'ouverture de son procès. Et puis on ne traquait pas un homme qui consacrait 90% de sa fortune à des œuvres caritative. Dernière action en date, l'ouverture d'un hôpital spécialisé. L'image de monsieur Hildred serrant la main d'une malheureuse gamine famélique aux yeux de biche effrayée avait fait le tour du monde. Vraiment, quelle chance que des hommes comme monsieur Hildred s'engagent avec force contre les tarés qui infligeaient ça à des enfants.
De toute façon, monsieur Hildred les préférait plus vieilles, un tout petit peu plus vieilles...
Alors Elaine disjoncta tout à fait. Elle haïssait le noir. Elle détestait cette obscurité où tout pouvait arriver, où l'on ne voyait rien de ce que l'on faisait. La blonde platine ne put retenir ses larmes sous la rude carapace d'écorce, et elle ouvrit la bouche pour hurler, mais son cri résonna à ses oreilles, sans qu'elle sache si il avait percé l'épaisseur du bois. Elle manqua de s'étouffer en déglutissant lorsque l'écorche empêcha sa voluptueuse personne d'hurler à plein poumons, compressant la malheureuse qui explosa littéralement.
LAISSE MOI ! TIRE TOI BATARD !
Elle faillit se déchausser la mâchoire en la percutant d'un coup de langue, mais parvint à éviter la catastrophe au dernier moment. L'organe rebondit avec un bruit étrange sur l'écorce, qui s'incurva sans céder.
NE M'TOUCHE PAS !
Cette fois, elle y mit toutes ses forces. Sa langue transperça littéralement la fine couche de bois, faisant jaillir un rayon de lumière dans l'étrange sarcophage. Elaine éclata en sanglot.
LAISSE MOI !
Et sa langue frappa, encore et encore, se piquetant d'échardes au fur et à mesure qu'elle démolissait son carcan végétal. A si courte distance, l'étrange pouvoir de mademoiselle Hildred avait un impact tout à fait dévastateur pour une si fine couche d'un cercueil si fragile... Trop fragile pour retenir une blonde paralysée par une crise de panique en tout cas. De l'extérieur, les spectateur pouvaient voir les trous se faire dans le bois, éclaté de l'intérieur par un mètre d'un étrange tentacule rosé...
NE M'TOUCHE PAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAS !
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Mar 7 Aoû 2012 - 15:39
La situation dérapait et devenait de plus en plus incontrôlable. Ce qui devait virer au petit kidnapping sans prétention se muait en une foire des plus chaotiques. Des gens criaient de partout, d’autres se téléportaient, certains gisaient pendant que certaines étaient incongrues. Et il ne restait plus beaucoup de temps, l’homme en noir l’attestait, tapotant sa montre d’un doigt frénétique, tous sourires dehors.
- Il est bientôt l’heure, murmura-t-il à personne en particulier, toujours adossé comme un écolier particulièrement taquin. Sa voix était brisée, rocailleuse, l'image d'un alcoolique en phase terminale. Comme le dit le Saint Prophète : le temps, c’est de l’argent. Restez avec moi. - Amen, répondirent faiblement les deux autres, malgré la douleur qui les assaillait.
Mémé était aux prises avec une sensation lancinante au niveau des jambes. Les deux premières balles avaient été évitées de justesse, mais pas la troisième. Elle n’avait alors plus trop de soucis à se faire pour ses rhumatismes, qui passèrent au second plan. Sa jambe touchée flageola, incertaine, et se plia. Mère-grand mit un genou à terre et se tâta : les dégâts n’étaient pas lourds, seule la cuisse était entaillée. Quelques années auparavant elle aurait pu résister et continuer comme si de rien n’était mais, à la vérité, elle n’avait plus vingt ans, son âge commençait à se mesurer en siècle.
Ah, si seulement le Saint Prophète était là, ou au moins un de ses Conseillers de la Foi, ce serait différent… Mais on lui avait donné une mission et elle comptait bien la réussir. En poussant un grognement, elle tenta de se relever – ce fut un échec. Haletante, le visage dégoulinant de sueur, elle releva sa tête pour voir que Maria était distraite par Isobel. Il s’agissait là d’une opportunité qu’elle était incapable de saisir en l’état, aussi décida-t-elle de souffler un peu en veillant à se tenir non loin de la directrice. A quatre pattes, elle savourait ce petit répit en observant ses complices et la situation générale. Elle s’était faite tirer dessus mais ce n’était pas grave, elle aurait le temps plus tard pour s’en remettre. Finalement, ça n’avait pas l’air aussi mal parti qu’elle l’avait imaginé.
**********
Un peu plus loin, d’autres hurlements retentirent, certains masculins, d’autres féminins. Personne n’aurait pensé à quoi que ce soit de tendancieux tant la souffrance se percevait dans les deux cris. Des échardes, propulsées par un long bout de chair rose, volèrent en tous sens et la masse ligneuse perdit du terrain, laissant de nouveau la plupart du corps d’Elaine exposé à la lumière. Seuls les poignets et les chevilles restèrent entravés. Aux côtés de la jeune fille, la statue en bois d’un homme se forma. Elle devint alors de chair, à l’exception de ses jambes, et surtout de sang : son torse nu et puissamment musclé était maculé, une sueur écarlate perlait dessus. Des plaies s’étaient ouvertes à divers endroits. L’homme tout entier haletait et reprenait sa respiration en s’appuyant les mains sur les genoux.
Les mugissements de la blonde sulfureuse étaient insupportables, aussi l’homme passa ses mains autour de son cou pour l’étrangler et la faire taire. Ce fut très efficace, le temps qu’une masse végétale suffisamment épaisse sorte du bras du mutant et vienne bâillonner la sirène d’alarme. La masse força même le passage au travers des dents, de sorte que la bouche soit remplie et que la langue n’ait plus l’élan suffisant pour frapper. Croisant le regard effrayé de la riche héritière, le bûcheron reconvertit dans le crime lui souffla :
- Nocturnophobe, heh ? Désolé, j’aurais jamais deviné.
Malgré sa respiration pantelante, ses yeux reflétaient une forme de franchise, ce qui fit une belle jambe à l’apeurée. Il souleva ensuite Elaine avec beaucoup de facilité, comme si elle ne pesait pas plus qu’une bûche – ce qui n’était pas si loin de la vérité – et descendit les dernières marches qui le reliaient au sol. Dans un mouvement très fluides, ces dernières réintégrèrent les jambes du mutant qui, enfin, apparut intégralement humain. Par respect pour les règles de bienséance, il portait un unique mais ample pantalon beige qui avait la fabuleuse propriété de rester sur lui entre ses transformations, raison pour laquelle il n’en changeait jamais. La fille sur l’épaule, il lança à l’homme en noir :
- Tel le forgeron Moore, dans la parabole des Saints Écrits… - … je suis prêt, compléta l’homme en noir. Parfait.
Le black-guy-super-mystérieux-et-trop-dark bougea pour la première fois de son mur et se rapprocha du groupe constitué d’Isobel et de moi-même, toujours inconscient. Apparemment peu soucieux de ce qui pourrait lui arriver de fâcheux, il s’accroupit à mes côtés, regarda la peluche et dit à la jeune femme :
- Si tu veux, on peut ramener cet ange au pays des anges où ses amis pourront le soigner.
Il lui tendit alors une main, d’apparence gracile et douce, en grimaçant de la même manière qu’un enfant de dix ans qui chercherait à s’amuser.
Isobel Baker
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Dim 19 Aoû 2012 - 23:28
Tout étant dans le cri. C’était très étrange. Il y eut d’abord le cri mécanique d’un révolver et le sifflement d’une balle près de mon oreille. Je sursautai vivement, bien sûr ; ce genre de bruits ça m’effrayait. Une mouche de fer qui vous transperçait la peau dans son élan ; plus horrible qu’un moustique robot et sa piqûre métallique. Mes oreilles tintèrent (réellement) et le monde me parut si sourd d’un coup.
Quand mon corps n’était pas content, il se rebellait. Pas envers moi, il m’aimait, mais contre ce qui le contrariait. Dans le cas présent, le tireur derrière moi fut le sujet de sa colère. Je ne réagissais pas dans ce genre de cas, le laissant faire, même si cela finissait souvent en grosses bêtises. Une fois il avait frappé le facteur, puisqu’il nous avait bousculés méchamment. Le facteur avait failli pleuré et Papa avait dû intervenir.
Je ne bougeai pas, ne quittant pas des yeux l’ange brisé. Mon corps lui entra en action sans se soucier de mon avis. Tout mon bras gauche fondit. Les muscles et le gras le désertèrent et il resta plus qu’un membre tout vieux, tout flétri, tout desséché. Il devint très vilain à regarder. La matière qui composait autrefois mon bras se déplaça sous ma peau jusque dans ma nuque, comme un gros ver de chair. Je sentis un pincement et quelque chose s’étira, quelque chose de long et flasque. Une tige de peau qui parcourut vite, très vite, la distance entre nous (le reste de mon corps et moi) et le vilain au pistolet. J’entendis deux bruits alors. La chair contre la chair. Paume contre joue ? Ma tige n’avait pas de paume. Mais le vilain avait des joues, et elles claquèrent fort.
La ficelle revint à moi et mon bras gonfla, à nouveau lui-même. Remmy n’avait pas fait attention à la scène. Il parlait à l’ange qui ne répondait pas, et je craignis qu’il ne fût mort. Remmy ne possédait pas une bonne vision de la vie et de la mort, alors des fois il parlait dans le vide sans le savoir. Ses paroles sonnaient souvent justes quand on savait les écouter. Peut-être que l’ange y arriverait, là où il était.
La voix d’un homme prit la relève des échos de Remmy. Je levai la tête et le vis, penché sur moi. Il était terrifiant. C’était l’Homme-Horloge et ses sourires grinçants, celui qui buvait les fleuves de sang d’enfants. Sans père ni mère, ni frère ni sœur, et qui vomit tant d’horreurs rouges ! Ses yeux, vides. Comme le blanc d’un œuf sans le jaune. Deux absences qui luisaient.
J’étais si triste pour lui. Si triste devant ce regard si gris. Je ne l’écoutais pas, il n’y avait rien à entendre de sa bouche. Le sang de la vérité brisée, rien d’autre. Je pris Remmy entre mes bras et je me penchai sur l’ange. Mes bras enlacèrent son cou et je me tins là sans regarder le méchant homme. L’ange n’avait pas d’amis, c’était bien pour cela qu’il était brisé. Alors je le serrai pour que plus jamais il ne se sente seul.
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Jeu 30 Aoû 2012 - 18:13
Le visage de Maria resta fixé quelques instants sur une expression de stupeur hébétée. Elle sentait une vive brûlure au niveau de sa joue droite. Ça n'avait duré que le temps d'un éclair, c'est à peine si elle s'était rendue compte de ce qui lui était arrivé. ***Maria, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tes constantes psychiques s'affolent !***
Les pupilles de Maria se rétractaient lentement, un frissonnement froid était en train de remonter le long de sa colonne vertébrale. ***Maria ? Maria, calme-toi !***
Des picotements irritaient sur toute la surface de son visage, ses sourcils se fronçaient petit à petit. ***Cette nana…*** Cracha-t-elle mentalement.
Ses dents étaient serrées les unes contre les autres au bord du point de rupture. ***Maria, détends-toi, ce n'est pas elle la…***
***Cette nana vient de me gifler !! Ânonna-t-elle avec fureur, je vais lui cramer sa putain de cervelle à cette pute en gelée !***
Physiquement, elle n'avait pratiquement rien senti, la douleur avait été équivalente à celle d'un coup de règle en plastique. Mais son amour-propre avait terriblement morflé. La rancœur lui tenaillait les entrailles. Elle pointa le canon de son arme en direction du crâne de celle qui avait commis l'odieux crime de lèse-majesté. ***Non Maria, elle n'est pas dangereuse !***
***Rien à foutre ! Elle va crever !***
Au moment où elle allait appuyer sur la gâchette, elle reçut une violente décharge psychique. L'équivalent mental d'une douche glacée. ***Merde, Henri, mais qu'est-ce que tu fous ?***
***Pense à la mémé surpuissante et super dangereuse que tu es en train de laisser sans surveillance !*** Premier flash mental : mamie gang-bang en train d'essayer de se relever.
***Rappelle-toi de la petite Élaine qui est en train de se faire étrangler au moment où je te parle. C'est pour la sauver qu'on est venu, non ?*** Deuxième flash mental : Élaine, avachie, au bord de l'inconscience, sur l'épaule de l'homme-bois.
***Concentre plutôt tes efforts sur CE type.*** Troisième flash : un type en noir, agenouillé près du clodo crevé, tendant la main vers la nana que Maria avait voulu démembrer quelques secondes auparavant.
***Il m'a l'air d'être le chef de ces freaks, méfie-toi.***
Maria leva le pistolet vers le ciel et tira en l'air. Elle venait de s'approcher de la vieille toujours à terre. "_ Votre attention s'il vous plaît !" Se mit-elle à crier d'une voix ferme et assurée.
Elle attendit qu'une seconde de silence passe et reprit. "_ Je me permets de rappeler rapidement la situation. J'ai un flingue calibre .38 dans les mains, pointé en direction de la boîte crânienne de votre copine. A bout portant comme je le suis, je ne peux pas la rater ! Alors, le xylomorphe, dépose la jeune fille à terre et éloigne-toi de dix pas. Si je vois un autre geste que celui demandé, même si c'est un battement de cil, je repeins le trottoir en rouge ! J'vous jure j'le fais !"
Ses doigts étaient crispés sur l'arme. Tour à tour, elle regardait les trois compères. Elle sentit une goutte de sueur couler le long de son front et glisser entre ses deux sourcils. Allez... Il fallait qu'elle tienne encore quelques secondes, les renforts allaient arriver !
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Mar 11 Sep 2012 - 15:41
Peur, peur, peur, tambourinait un cœur à un rythme affolé dans une poitrine trop parfaite pour être malmenée par des hommes de bois par ailleurs davantage portés sur l'enlèvement de riches héritières que sur leur vocabulaire. Nyctophobe, et non pas nocturnophobe, Elaine aurait pu hurler de joie au retour de la lumière si une masse végétale ne lui avait pas ouvert de force la bouche, écrasant sans férir sa seule arme de défense et manquant de la faire vomir au premier contact. Mais ce fut lorsqu'elle s'aperçut qu'elle était en train d'étouffer que la malheureuse blonde perdit tout à fait le contrôle de la situation.
Et qu'y avait il de pire que de ne pouvoir strictement rien changer à un état de fait ? Ouvrant des yeux affolés, Elaine tenta d'arracher ses bras à l'étreinte de fer (de bois...) de son bourreau, sans parvenir à faire grand chose. Bien que particulièrement solide pour une femme de son âge et de son milieu, la riche héritière restait une pauvre petite chose aux forces affaiblies par la peur, aux muscles tétanisés par la douleur et définitivement terrorisée par ce qui lui tombait sur la tronche ces derniers jours.
Huaaarrrrrrgraaa...
Alors qu'un liquide tout sauf gracieux coulait de son nez malmené par une respiration à la limite de l'hyperventilation, Elaine sentit une dent crisser désagréablement sur le bois de son ravisseur, alors que sa mâchoire manquait de se disloquer à chaque mouvement, écartelée par ce... truc que ce sale mec lui avait foutu dans la gorge, trop attentif à son propre plaisir et non pas à... Bref.
Elle ne vit rien des efforts de Maria pour la libérer, des coups de feu tirés, de l'ange au sol. Elle ne voyait que le sol se balancer au gré des pas de l'homme tronc, bavait tant qu'elle pouvait pour tenter de respirer, plissant les yeux pour tenter d'y voir clair malgré ses larmes. Ses forces l'abandonnaient et son visage prenait doucement une teinte bleutée alors qu'elle s’affaiblissait petit à petit. Ces pupilles qui avaient tant séduit se révulsaient doucement alors que les noires frontières de l'inconscience écrasaient sans merci les décharges d'adrénalines qui tentaient d’insuffler à la malheureuse dépourvue de tout instinct de survie l'énergie suffisante pour se sortir de ce piège. La peur broya toutes les tentatives de la pauvrette pour se dégager, et elle vit de plus en plus troubles alors que sa tête dodelinait sur l'épaule de son ravisseur.
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue. Lun 17 Sep 2012 - 0:15
Maria semblait en proie à un déchirement interne. C'est par elle et mamie que commence la fin de ce récit. Elle venait de se faire gifler et la fureur montait en elle, avant d'être refroidie par un mentaliste vraiment très puissant. Elle pointa son calibre en direction de l'ancêtre qui, levant vers elle un regard suppliant, son visage humide de sueur, attendait le verdict. Elle semblait tellement fragile, tellement faible cette pauvre centenaire. On aurait dit qu'une simple poignée de main pouvait la briser, la détruire. J'étais bien placé pour savoir qu'elle représentait une force de frappe difficilement égalable. La vieille, toujours à quatre pattes, rampait, gémissait. Elle était pathétique, dans son habit trop ample, dans ses chaussons à carreaux. En s'approchant, on pouvait constater qu'un rallye de varices courait sur ses jambes gonflées par une rétention d'eau due à l'âge. Passé le siècle, le corps avait toujours tendance à se détraquer, si on ne l'entretenait pas...
Elle tendit un bras implorant en direction de Maria et effleura du doigt le damné lacet de sa chaussure. L'effort sembla la terrasser, tant elle tremblait pour ne serait-ce que maintenir son bras en l'air. Qui aurait cru que, tout en fixant le sol, elle souriait ?
**********
Intéressons-nous brièvement au bûcheron et à sa compagne de fortune. Après lui avoir fourré dans la bouche un de ses appendices sans ménagement, l'armoire normande vit le canon d'un pistolet se pointer sur lui. Il s'était déjà fait déchirer le corps à coup de langue, ce n'était pas pour se faire maintenant cribler de balles. Il aurait sans doute pu résister à un tir, mais pas deux, il en était certain. Et encore, cela dépendait de l'endroit où il serait atteint... Aussi le colosse se figea, insensible aux protestations de la blonde sur son épaule. Il espérait intérieurement que le transfert aurait bientôt lieu et retint son souffle, bloqué dans l'expectative. Il pourrait bientôt déposer sa belle, il le croyait vraiment. Sinon, la situation tournerait mal pour lui.
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Revenons à moi, enfin. Je me faisais aguicher par une demoiselle de mon âge, plutôt jolie bien qu'étrangement accoutrée, vue l'heure qu'il était. Je ne pouvais pas lui rendre son étreinte, bien que le cœur y fût. Un peu de réconfort, voilà qui me faisait du bien. Je sentais que ma conscience n'était pas loin, qu'il ne me faudrait plus beaucoup de temps pour me relever, mais je n'y arrivais pas. Quelque chose clochait, je me sentais loin, à dériver sans raison, comme un bateau inhabité soumis aux seules lois de la dynamique des fluides. Au dessus de moi, un homme terrifiant me fixait. Son regard était remarquable, notamment par son absence. Je ne compris que trop tard qu'il ne me toucha pas la main pour me donner du réconfort, mais plutôt pour attirer Isobel dans son piège. L'araignée avait tendu son filet, et sa main froide au contact de la mienne me vida de toute ma volonté.
C'est l'heure, susurra-t-il.
C'est alors que le groupe de mutants disparu. Tous les sept furent concernés.
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Le timing était parfait. Pas de cette perfection approchée que l'on pouvait voir dans les films où le héros arrive juste à temps pour sauver la princesse, après qu'elle soit morte de peur. Non, il était vraiment parfait, comme si le héros était arrivé avant le méchant et lui avait réglé son compte illico. Les secours étaient réglés à la perfection sur le départ des kidnappeurs. La probabilité qu'un tel phénomène ait lieu était de une chance sur un million. Tout le monde savait que les chances sur un million, ça avait lieu neuf fois sur dix.
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Sujet: Re: [RP] Petite aventure au détour d'une rue.