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[RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône

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Doris Léolagus

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Doris Léolagus

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MessageSujet: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 13:02

Le mois de Février touchait à sa fin et Doris était particulièrement embêté. Comme tous les ans, sa femme n’allait pas tarder à prendre un an d’âge et la nécessité d’offrir un présent se faisait de plus en plus pressante.
Il s’agissait pour lui d’une formalité absolument vaine. Enfin, ce n’était pas tout à fait juste, il trouvait intéressant de « prouver son amour » par son seul portefeuille. D’habitude, il s’arrangeait pour que le cadeau soit plutôt original, et raffiné.

Madame Léolagus, comme son mari, n’avait pas des goûts très dispendieux. Il en avait été très étonné car, dans son imaginaire, une femme dépensait tout l’argent qui lui tombait sous la main, en plus de celui de l’homme de sa vie.
C’était même, à leur début de vie commune, une règle qu’il avait appréhendé : plus le flux d’argent entre les deux était important, plus le couple était solide. Très vite cette loi s’avéra, en plus d’idiote, complètement infondée et donc fausse.

Trêve de retour sur les légendes qui ont créé Doris tel qu’il était connu en 2052, il lui fallait aller de l’avant.
Son choix cette année là se porta sur la France. Les suédois avaient, depuis longtemps, des affinités avec le pays du pain et du vin. La langue française, par exemple, y était très appréciée, au point que des mots suédois avaient une origine et une prononciation très proche de l’hexagone, comme par exemple
fåtölj ou paraply.

La France était un pays assez vaste – à peu près autant que la Suède – et le scandinave se posa donc la question du lieu d’achat du fameux cadeau.
La capitale, Paris, était beaucoup trop cliché. On y trouvait des tours Eiffel miniatures de différente nature mais offrir une tour Eiffel à une suédoise, c’était un peu comme offrir un verre de vodka à un russe : l’attention était touchante, le cadeau faisait plaisir mais, au bout de dix minutes, on passait à autre chose. Or l’homme voulait marquer les esprits.
Un coin perdu, c’était trop fastidieux. Il aurait fallut à Doris beaucoup de temps et d’exploration du territoire français pour trouver une idée convenable. Or il voulait faire plaisir sans que ce soit le bagne pour lui. Il voulait éprouver le plaisir d’offrir.

Après une petite réflexion il jeta son dévolu sur la zone commerciale appelée Plan de Campagne, non loin de la ville de Marseille, qu’il lui serait facile à rejoindre. Cette zone était devenue un pôle commercial européen, une véritable ville dédiée au commerce et à l’argent, avec plusieurs milliers d’enseignes présentes dont une « Léolagus » bien sûr.
C’était donc un jeudi matin que le passe-muraille se promenait, nonchalamment, entre les complexes de vente. Les affiches rivalisaient d’idées pour attirer l’œil du passant et il se demanda quelle était la politique adoptée par l’établissement qui portait son nom.


* Ce serait intéressant d’y passer incognito, pour voir. *

Il avait choisi pour l’occasion un accoutrement très décontracté : un simple jean foncé, des chaussures de ville noires communes, une chemise blanche, toute simple, ouverte sur un T-shirt blanc plutôt ample, les cheveux en bataille et les mains dans les poches, aucun signe extérieur de richesse ne pouvait trahir l’excellent état de son compte en banque.
Ne sachant pas exactement ce qu’il cherchait, il décida de nier le réseau de transport en commun qui reliait toutes les boutiques, jugeant qu’il aurait plus de chance de trouver une très bonne idée en flânant.

A un moment, au bout d’une petite heure de marche, il tomba sur une petite enseigne « Mon Pays », gravée dans du bois ciré, qui se prétendait être une boutique de souvenirs. Il regarda rapidement par la vitrine et vit des vins exposés, ainsi que du fromage. Il ne voulait pas acheter à manger ou à boire mais tout de même il fut charmé par ce petit lieu sans prétention et le contraste qu’il offrait avec tous ces géants de la finance autour.
Naturellement il se dirigea vers la porte d’entrée, une magnifique porte en fer ouvragée. Doris était incapable de reconnaitre la valeur artisanale d’un tel objet, mais il s’agissait d’une très belle porte, forgée à la main par une personne de talent.

C’est en voulant la pousser que l’histoire commença vraiment. Une résistance s’offrit à lui. Il regarda rapidement à hauteur des yeux et vit l’inscription « Tirer », écrite en français.
Souriant devant son erreur, il tenta donc de tirer la porte vers lui, ce qui n’eut aucun effet. La porte demeurait fermée. Pourtant les horaires d’ouverture correspondaient avec l’heure actuelle, il était environ dix heures et trente huit minutes.
Bien évidemment il aurait été facile de créer un portail et passer, cependant il était hors de question de se donner en public dans un pays où des émeutes avaient éclatées.

Doris était donc perplexe devant cet obstacle et ne savait pas vraiment quoi faire. Malgré tout, il conserva son sourire et son air plein de confiance.
Quelqu’un viendrait sous peu à son secours, c’était évident.


Dernière édition par Doris Léolagus le Sam 11 Aoû 2012 - 13:45, édité 1 fois
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Nakor

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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 19:24

Nakor avait participé au sauvetage de Samarah Lemington, au beau milieu d'un odieux carnage, pleins de sang, de fumé et de destruction. Il avait lui même dû tuer un grand nombre de personne, puis aider ce bon Luc à dévaster la méga structure afin que tous les autres y restent! Ils étaient alors rentrés à l'Institut puis avaient tous passé une lourde série de tests médicaux. Nakor n'avait eut que pour ordre de se droguer de vitamines et de prendre du repos, quelques pansements en cadeaux. Il avait ensuite participé à une petite fiesta du meilleur gout avec les jeunes mutants de Londres et des environs, puis s'était enfin décidé à prendre une semaine de vacance dans le sud de la France. Sa région d'origine, dans son si cher pays. Un soleil timide mais réchauffant ce qu'il pouvait et surtout de temps en temps des rafales de mistral à décorner un cocu. Le vieillard avait une vieille bâtisse dans la bonne ville d'Istres, dont il était le propriétaire et qui lui servait de vacance lorsqu'il quittait le brouillard londonien pour quelques semaines de vacances chaque année depuis si longtemps déjà.

Nakor avait décidé de se rendre à Plan de Campagne, mégalopole du commerce certes, mais un lieu qui lui rappelait sa jeunesse et les dimanches qu'il y passait avec ses amis, alors que cette zone commerciale était la seule de France à ouvrir intégralement ses portes. Il prit donc un ticket de métro intercommunal et se rendit en moins d'une heure, dans la ville de son choix. Il arriva pour neuf heures cinquante quatre et arpenta doucement les rues de cette ville. Elle avait tellement grandi, tellement changée. Bon sang, qu'il n'était pas bon de vieillir et d'avoir lourdement sur ses épaules plus de quatre vingt dix ans. Même si, fringuant au possible, Nakor n'en paraissait souvent pas tant. Il marcha encore un bon quart d'heure puis décida de se mettre sur un banc non loin d'une vieille boutique de souvenir qu'un de ses amis avait ouvert voilà ... ho par les dieux quarante huit ans. Nakor poussa un long soupir, souleva son chapeau, se passa une main sur son crane et repensa au passé. Puis il vit un jeune homme arriver, en chemise et jean, tranquille et décontracté. Comparé au pantalon de costume, au gilet de serveur, à la chemise violette de Nakor ainsi que son chapeau melon et sa bonne veste, canne à la main le nouvel arrivant était clairement sur un autre mode, et même sur une autre mode.

Mais soudain Nakor tourna de nouveau la tête en direction de ce bonhomme et fronça les sourcils. Il se frotta même le menton à l'aide de son index, son vieux pouce le long de sa joue gauche. Ce visage ... bon sang, Nakor connaissait ce visage! Le vieillard se plongea dans sa mémoire antique et se morigéna de ne pas trouver immédiatement le lien qu'il y avait entre ce visage et un nom quelque part là, dans son esprit. Il était dix heures vingt huit. Nakor se plongea si profondément dans sa mémoire qui ferma les yeux et détourna son visage en direction du sol, sans même s'en rendre compte. Puis soudain le professeur ouvrit de grands yeux et un sourire illuminé inonda son visage ridé. Mais oui, comment avait-il put passer à côté de cet homme qui avait permit la découverte et le développement des batteries photoélectriques. Nakor se frappa même le genou tellement il se sentait stupide, un de ses cours parlait justement du fonctionnement de ces machines et de leur rendement ... il prononçait donc souvent le nom de cet homme, apportant une grande importance à l'histoire des sciences. Nakor vit alors que le suédois approchait de la boutique non loin de là. Ni une ni deux, le vieil homme fut convaincu qu'il avait tout intérêt à échanger quelques mots avec cette pointure, au moins de sa longue vie il aurait eut cet homme à son palmarès. Le professeur activa donc son pouvoir, un air de malice sur le visage et bloqua la porte de métal. Sauf si l'homme était un colosse, personne ne parviendrait à ouvrir cette porte tant qu'elle était sous le contrôle mental du vieillard maitre du métal. Puis, tout en conservant sa conservation, il se releva et approcha de la boutique. Arrivant au niveau de la porte, le vieillard mit sa vieille main sur le battant et tira tout en disant de façon plus qu'énigmatique et en français

"Je pensais pourtant que les portes suédoises fonctionnaient comme les portes françaises ... mais je vois qu'il n'en est rien monsieur Léolagus!"

Puis Nakor se mit à rire doucement en pouffant comme le vieux fou qu'il était tout en libérant la porte de son contrôle et en invitant le jeune homme a entrer. Il ajouta tout de même

"Quoi que ... vous savez ... une vieille porte comme celle là, elle devait être un peu bloquée"

Puis voyant le gérant se précipiter vers les nouveaux venus qui avaient eut quelques difficultés avec la lourde porte, il eut un mouvement de surprise et salua chaleureusement le vieillard en poussant simplement un long

"Hoooooooo!"

Mais il ne prononça jamais le prénom de Nakor, puisqu'il fut rattrapé par ce dernier

"Aurélien! Mon cher petit ... ça fait des siècles n'est-ce pas! Et comment vas ton père?
-Ho il va très bien merci, il est fatigué et il a prit sa retraite depuis longtemps. Et toi comment tu vas, j’ai l’impression que ça fait mille ans qu’on t’a pas vu?
-Hé je le sais bien qu'il a prit sa retraite, j'étais là fichu gredin! Sinon ho ben moi ça va très bien merci, je reviens un peu au pays même si les long trajets m'escagassent toujours autant ... mais que veux-tu hein!
-Hé ouais je te comprends ... bon je te laisse fouiller alors!
-Oui oui mon petit, aller va."


Puis Nakor laissa le jeune homme s'en aller et se tourna alors, dubitatif à souhait en direction du suédois qui n'avait pas bougé. Un sourire sur les lèvres, Nakor se demandait comment ce garçon allait réagir.
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Doris Léolagus

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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 18 Aoû 2011 - 15:44

Un sauveteur apparut, mais, comment dire…
Le scandinave était visiblement en état de choc. Lui si discret, si introverti, si humble venait d’être frappé par un cyclone d’exubérance. Il aurait fallu inventer un nouvel élément chimique, le Nakorium, qui éclaterait de mille feux et de mille couleurs. Il s’agissait presque d’indécence.
Cependant Doris savait cacher ses émotions primaires et le moment d’apathie fut bref. Rapidement il sourit et se mit à réfléchir, tout en mettant son mode de politesse automatique en route. Notamment il remercia le vieillard.


- Merci monsieur pour votre aide, cette porte était pénible, mais visiblement vous savez mieux vous en sortir avec les portes françaises que moi.

Il respirait la bienveillance et était de nouveau en état de détente, il semblait évident que cet arrivant était, bien que trop visible, inoffensif. Il répondit même au large rire de son interlocuteur par un plus petit, et donc plus discret.

* Il connait mon nom, pensa Doris, donc il sait certainement que je suis un mutant. S’il était hostile, il ne m’aurait pas abordé en riant et en faisant de l’humour, même si le sien m’échappe. Lui-même, qui est-il ? Un mutant, peut-être ? La porte était bloquée… Super force ? Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire, pour un homme de cet âge ? Le pouvoir d’ouvrir les portes coincées ? *

Il répondit favorablement à l’invitation d’entrer et vit que le propriétaire se ruait sur eux. Il se contenta d’écouter leur discussion en lançant un « Bonjour ».
Le magasin était très bien éclairé et décoré avec goût pour un magasin de souvenirs. On pouvait visiblement se procurer autre chose que de l’alcool ou du fromage puisque, à l’entrée, on pouvait faire l’acquisition d’aimants pour réfrigérateur, il en vit un représentant « Notre-Dame de Lagarde », bien qu’il ne sut pas ce dont il s’agissait. Le local était plus spacieux qu’il ne le semblait de dehors, avec des escaliers qui montaient à l’étage.
Le propriétaire, un homme affable d’une quarantaine d’années, discutait avec son ainé.

Doris profita de leur échange pour se plonger dans ses pensées. Le vieil homme était considéré avec beaucoup de respect, comme un grand-père. L’était-il ou ne l’était-il pas, cela n’avait aucune espèce d’importance.
En revanche, un mot résonna aux oreilles du scandinave : « escagasse ». Un mot d’argot. L’étranger comprit à l’aide de l’intonation et du contexte le sens de ce mot, mais il lui serait difficile de suivre une discussion dans un langage trop rural. Bien que bon en français, Doris n’excellait pas dans cet idiome comme il maitrisait l’anglais. Il décida donc d’accentuer légèrement son accent suédois pour que Nakor soit tenté de faire attention à son vocabulaire.

Lorsque le métalleux revint vers lui, Doris fit mine d’être absorbé par les aimants et de ne pas avoir prêté oreille à sa discussion. Il sourit à son approche en se demandant quelle réaction serait la plus mesurée.
Il avait envie de le traiter de vieux fou qu’il faudrait enfermer dans un asile. Ce n’était pas pensé méchamment mais il semblait lui manquer une ou deux cases. Bien que dénuée de méchanceté, cette remarque pouvait être mal perçue.
Il pouvait aussi s’adresser à lui comme un vieillard respectable, respirant la sagesse. Un ancêtre distillant au gré de ses paroles des gouttes de vérité. Le pantalon de costume et le gilet de serveur lui hurlaient que non, ce ne serait pas possible.


* Les seuls mots qui me viennent sont « vieux fou », pourtant. *

Finalement, il décida de détourner un peu la discussion vers un sujet facile.

- Ah, monsieur, vous me connaissez. Nous ne sommes de toute évidence pas à égalité… Qui êtes-vous ? Votre habit est étonnant, singulier.

Les tournures de phrase étaient un peu bancales, pas tout à fait correctes. C’était bien normal, après tout, Doris n’était pas français. Pourtant cet échange était une bonne raison pour améliorer son français.
Il laissa donc l’ancêtre réagir puis enchaina sur le sujet qui le portait dans cette partie du globe. Ils auraient le temps de faire connaissance plus tard, il lui tardait d’en finir avec la besogne annuelle.


- Dites, vous êtes bien de la région ? En fait je suis là pour ma femme : je cherche à lui offrir quelque chose de propre à la région, et raffiné. Les suédois aiment la France, c’est bien connu, rajouta-t-il en souriant de manière suggestive. Vous avez des idées ?
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyDim 21 Aoû 2011 - 18:35

Nakor avait fait une rencontre qui lui promettait d'être intéressante. Et cela portait ses fruits, en effet, son comportement de vieux monsieur un brin excentrique ainsi que ses manières de monsieur je sais tout puisqu'il avait cité le nom de l'inconnu allait donner un mélange plaisant pour le vieux professeur. D'ailleurs Monsieur Léolagus répondit à ses premières répliques avec beaucoup de bonne manière, ce à quoi Nakor répondit par une gentille inclinaison de tête et un sourire sincère sur les lèvres. La porte fut libéré de l'emprise du maitre du métal, ils entrèrent et avant de pouvoir continuer cet imbécile de patron se jeta presque sur eux. Nakor expédia l'affaire aussi vite qu'il le put afin de pouvoir plus amplement faire connaissance avec ce suédois protocolaire. D'ailleurs ce dernier ne fut pas en reste et dans un français clairement prononcé, sans presque aucune trace d'accent mais avec quelques étrangetés, il posa une question qui fit rire le vieil homme aux éclats. Nakor pouffa donc pendant quelques secondes, très amusé de la réplique du jeune homme et prit la parole dans un français un peu plus lent que ce que le professeur employait de coutume

"Vous posez une très bonne question, qui en cache plusieurs Monsieur Léolagus. Voyez vous, je m'appelle Nakor, je suis professeur. J'ai enseigné et j'enseigne encore à mes heures perdus, la physique et la chimie. Par conséquent, je ne pouvais pas vous rater quand je vous ai vu, je vous ai tout de suite reconnu, l'homme qui a permit la découverte des batteries photoélectriques. J'explique tous les ans leur fonctionnement à quelques étudiants intéressés."

Nakor se mit à sourire et passa subitement à l'anglais, un anglais parfait qui montrait que, sans aucun doute, le vieil homme passait régulièrement beaucoup de temps dans un pays où la seule langue pratiquait était l'anglais.

"Quand au côté vestimentaire, mais mon cher monsieur, c'est la dernière mode enfin! Personne ne vous a mit au courant ... haaa il faudra y remédier, assurément!"

Puis Monsieur Léolagus amena sur la table les raisons de sa présence ici en France. Nakor écouta et se mit à sourire en pensant à ce que pensaient les Français des suédois et surtout ... des suédoises. D'ailleurs, ne pouvant s'en empêcher, le vieillard se mit à rire en disant, cette fois en Français

"Ho oui, les Suédois aiment notre pays, tout comme nous les aimons beaucoup! En effet je suis née ici, il y a de cela de nombreuses années. Je sais tout ce qu'il y a à savoir sur cette région Monsieur Léolagus."

Puis se frottant le menton avec son index et son pouce, Nakor se mit à réfléchir et à planter un regard antique dans celui du jeune suédois.

"Bien ... vous dites que c'est pour votre femme, que vous voulez quelque chose de propre à chez nous et de raffiné bien évidemment. Laissons donc de côté la nourriture, le vin ou quelque alcool propre à notre bon soleil du sud. Je crois que cela aussi, il vaut mieux le laisser tomber!"

Nakor pointa d'un doigt tremblant les aimants qui étaient tous là, sur une plaque de métal. D'ailleurs afin de s'amuser un peu, et sans faire aucun geste, le maitre du métal activa son pouvoir et fit tomber tous les aimants en même temps. Ils arrivèrent au sol dans un bruit notable pendant que Nakor s'exclamait, sur le ton du choc évident

"Hooooo ... alors ça!"

Puis faisant les gros yeux, il vit le gérant arriver, il glissa alors sur un ton réprobateur

"Dis donc Aurélien, depuis quand tu te permets de vendre des aimants qui n'aimantent rien du tout! Ca va pas du tout ça ... si ton père te voyait!"

Puis Nakor glissa son bras sous celui du suédois et arpenta tranquillement la boutique tout en parlant

"Vous me direz si cela vous convient, mais j'ai une idée pour vous ... si j'étais à votre place, je ramènerai à ma femme un magnifique flacon d'huile essentielle de lavande. Pas cette huile synthétique qu'on fabrique en laboratoire, non de l'huile essentielle extraite à la main et de façon artisanale par les hommes de ma région, en usant des plantes de ma région aussi, qui ont su profiter d'un sol plein de calcaire et d'un soleil de plomb. Une goutte dans votre linge à laver et une merveilleuse odeur s'en verra diffusé, une goutte dans un peu d'eau chaude et voilà que vous avez une tisane aux vertus thérapeutiques incroyable : lutte contre l'anxiété, la nervosité, les rhumatismes et sert aussi de très bon antiseptique. Si de plus on trouve un flacon stylisé, cela lui fera, j'en suis certain, un cadeau raffiné, utile et qui lui donnera sans doute gout à notre belle région. Qu'en dites-vous?"

Nakor resta donc là, devant l'homme, à attendre de voir comment il réagissait, si cela pouvait lui plaire ou non et s'il était donc tenté de savoir où trouver la meilleure huile essentielle du coin. Nakor en profiterait pour passer un peu de temps avec le jeune homme et en apprendre un peu plus sur lui et sa mutation.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptySam 3 Sep 2011 - 10:05

Le vieil homme aimait intriguer son monde, ça sautait aux yeux comme une évidence et Doris n’était pas trop dupe à ce sujet. Par exemple, sa manière de se présenter était farcie de sous-entendus. Professeur de sciences, mais à quel point ? A quel niveau ? Il ne s’agissait pas de mystères fondamentaux ou transcendants, non, mais Nakor avait su retourner le sujet vers Doris, dont il savait visiblement beaucoup. Que ce soit dû au seul fait qu’il soit professeur de sciences était troublant.
C’est pour cela que le scandinave réfléchit à un moyen de piéger l’enseignant.


- Oh, vous êtes un scientifique ? Enseigner est un très beau métier.

Il se mit en mode politesse automatique et continua de suivre le vieil homme. Quand ce dernier s’exprima en anglais, le suédois fut un peu déçu. Il côtoyait cette langue très régulièrement et espérait profiter du séjour pour améliorer son français. Heureusement Nakor reparla en français, pour le plus grand plaisir de son interlocuteur.

Mais le moment clé de la rencontre, du point de vue du suédois, fut la chute inopinée de tous les aimants. Peu importait le cadeau, il n’était qu’un élément de second plan qu’il fallait reléguer rapidement aux oubliettes.
En revanche, vingt-sept aimants n’avaient aucune raison de tomber simultanément de leur présentoir. La désaimantation, de ce qu’il s’en rappelait, était un phénomène n’ayant lieu que dans de très forts champs magnétiques : il fallait imposer un champ plus intense que celui généré par un aimant pour le désactiver, ce qui paraissait logique. Ici il y avait plus de vingt aimants, dont le sens de polarité était très certainement différent pour chacun.
Et que penser du côté théâtral du professeur ? L’événement improbable s’accordait trop avec son doigt. Un producteur hollywoodien aurait pu avoir l’idée d’une telle mise en scène.

Nakor voulait jouer, Doris acceptait la partie.


* Il doit avoir un pouvoir en rapport avec le magnétisme, songeait le scandinave. La porte d’entrée était bloquée, et il l’a sortie de son cadre. Ça n’a rien à voir avec une super force. C’est très puissant. *

Il regarda le petit vieux : sans même considérer son âge, son accoutrement était parfaitement ridicule, quoi qu’il en dise, et ses manières trop familières.
On lui donnerait le bon Dieu sans confession ou, à la rigueur, un abonnement pour l’asile du coin. Il ferait un maitre du crime parfait, indétectable.


* Serait-il… Non, ce n’est pas possible, serait-il polymorphe ? *

Doris repensa à un célèbre mutant sachant manier le métal et pouvant modifier son apparence à volonté, inexplicablement disparu et n’ayant donné aucun signe de vie au cours des vingt dernières années. Se pourrait-il qu’il ait retrouvé Marcus ?
Il regarda Nakor avec un air suspicieux pendant qu’il vilipendait le pauvre Adrien qui n’avait rien demandé. Un manque de respect aussi flagrant alors qu’il était à la base du problème, assurément, un cœur de suie habitait le vieillard. Encore que, vieillard… En apparence seulement.

C’est l’évocation d’une huile de lavande et de ses propriétés qui le sortirent de sa rêverie sérieuse. L’idée était excellente, brillante même. Un génie du mal l’aurait sans doute eue.


- Très bonne idée monsieur Nakor, dit Doris en cherchant une anagramme possible de ce nom.

N’étant pas français, seul
Ankor lui évoqua quelque chose. En effet, maitrisant l’anglais bien plus que le français, Akorn lui évoqua quelque chose mais pas Konar. Son manque d’intérêt pour les religions lui fit rater Koran.

* Peut-être est-ce un clin d’œil au fait qu’il puisse encore changer de forme ? Ou considère-t-il les humains comme des glands ? C’est un peu vulgaire tout de même. *

Ils allèrent ensuite chercher cette fameuse huile. L’étranger se laissa conduire au travers de Plan de Campagne. C’était un lieu vaste mais, visiblement, le vieux connaissait la zone comme sa poche.
Il indiqua un magasin plutôt luxueux dont ils poussèrent la porte d’entrée. Une dame très présentable les accueillit.


- Bonjour messieurs, la dame s’interrompit dans son élan, observant la tenue de Nakor d’un regard suspicieux. Vous désirez ?

Le ton de la vendeuse était devenu un peu plus froid. Elle prit un air pincé à l’idée que des gueux aient passé le seuil de son magasin. Heureusement le suédois, à grand renfort d’accent et de fautes d’accord, fit comprendre qu’il était un touriste, donc qu’il était potentiellement riche.

- Bonjour madame, mon ami ici présent – Doris désigna Nakor de la main – m’a vanté le qualité de vos huiles de lavandes. Je souhaite un exemplaire de grand valeur.
- Bien sûr, suivez-moi.

Elle les emmena près d’un rayonnage situé à droite de l’allée centrale. De nombreux flacons s’affichaient, exhibant tous des formes plus ou moins originales pour attirer le regard.
La commerciale se saisit d’un en forme de feuille de chêne, en posa une goutte sur une bandelette de papier et la tendit à Doris, comme elle l’aurait fait avec un parfum.

Le scandinave la porta à son nez : son esprit fut alors envahi de mille senteurs, ou au moins huit cent soixante sept. Comme il était capable d’en identifier seulement trois ou quatre, l’effet était le même. Un sentiment d’asphyxie s’empara de lui, et la tête commença à lui tourner.
Il donna le papier à Nakor avant de préciser :


- C’est un peu trop, voyez. Il me semble que dans cette huile la diversité se noie dedans. Auriez-vous quelque chose de plus fin et plus subtil ?
- Bien sûr, ajouta-t-elle sans se démonter. Vous avez ici – elle se saisit d’un flacon aspergiforme – une huile de lavande aux extraits d’asperge verte et à l’huile de noisette. L’alliance de ces odeurs est réputée pour le calme apaisant qu’elle procure, et sur le plan gustatif elle rehausse n’importe quel plat instantanément.

Selon le même rituel elle en proposa une goutte à sentir. Cette fois-ci le produit semblait plus simple, plus agréable. Malheureusement, on sentait assez peu l’asperge et trop la noisette.

- Merci, dit Doris en tendant le nouveau papier à Nakor, mais votre produit est déséquilibré. En auriez-vous une qui donne envie de crier « France ! » quand on le sente ?
- J’ai peut-être ce qu’il vous faut, dit la vendeuse après un temps de réflexion. Une huile de lavande de haute qualité à laquelle on a ajouté diverses herbes de la région. Ses vertus thérapeutiques sont nombreuses, vous pouvez en faire des inhalations.

Elle sorti du rayon un flacon particulièrement simple, épuré, qui charma instantanément l’étranger par sa simplicité. A l’odeur on reconnaissait la lavande, bien sûr, mais aussi de nombreuses herbes de Provence telles le thym, le romarin ou le laurier.
Bien qu’incapable de les discerner toutes, Doris fut conquis par la sobriété du produit. Sobriété qui n’était que feinte, car les proportions de chaque herbe avait été savamment étudiées afin de rendre le meilleur de chacune d’elles.


- Monsieur Nakor, qu’en pensez-vous ? demanda Doris en lui tendant le papier odorant. Je crois bien que je vais vous prendre ce flacon. Avec un paquet cadeau, s’il-vous plait.

La vendeuse s’éclipsa prestement et revint quasi-instantanément avec un flacon neuf. Elle l’emballa sous leurs yeux en glissant le tout dans une poche en plastique.

- Vous pouvez garder le sac, je n’en aurai pas besoin, précisa Doris par soucis d’écologie.

Afin de payer, le suédois sortit de son pantalon un portefeuille étonnamment volumineux pour son lieu d’origine. Il retrouva sa place et un petit détail n’avait peut-être pas échappé au professeur : aucun renflement n’était visible dans la poche du scandinave, comme si elle ne contenait rien.
Enfin les deux hommes sortirent de la boutique. Là encore, le passe-muraille n’avait plus le paquet cadeau dans ses mains, comme s’il s’en était délesté entre-temps.
A l’extérieur le Soleil était haut et un vent frais parcourait la place où ils se trouvaient. Cette dernière était essentiellement occupée par une majestueuse fontaine, d’où coulaient quatre jets d’eau, un par point cardinal. L’eau sortait de statues représentant chacune une saison.

Une idée venait de naitre dans l’esprit du scandinave pour savoir si le contrôle de son interlocuteur se bornait au magnétisme ou si il pouvait contrôler toute matière.


- Monsieur Nakor, il est bientôt midi, dit Doris en jetant un œil à sa montre. Je vous propose de passer un peu de temps à table. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, vous pouvez même choisir le lieu de repas, je suis très ouvert.

Puis, après avoir obtenu une réponse, il ajouta :

- Je serais aussi très honoré de vous offrir un verre.

A ce moment-là, Doris, un large sourire de confiance aux lèvres, attira l’attention du vénérable vers sa main gauche, qu’il tendait devant eux à hauteur de ceinture. On pouvait alors y voir qu’un disque noir y était apparu.
Un autre interceptait l’eau de la fontaine, de sorte qu’un jet peu puissant sortait maintenant de la paume du trentenaire.

Le but de cette manœuvre était de connaitre un peu plus l’identité et l’étendue des capacités de Nakor. Avec de bons réflexe il pourrait sans doute l’éviter mais, s’il se faisait mouiller, ce serait très léger, pas même de quoi s’enrhumer.
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Nakor

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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyMar 6 Sep 2011 - 21:54

Le suédois mutant devait être bien intrigué, ce qui amusait énormément le vieux Nakor. Ce vieil homme n'avait plus grande source de plaisir, sa femme était morte depuis des lustres, emportant avec elle son amour, son enfant à venir au monde et tout le reste de sa vie et de son cœur. Il n'avait jamais pu retrouver l'amour et à l'approche de la fin de sa vie, il fallait bien qu'il puisse rire comme bon lui semblait. Monsieur Léolagus sembla même s'extasier devant la profession d'enseignant. Cela fit rire Nakor, qui tout en marchant répondit à ce qui n'était pour lui qu'un jeune homme.

"Oui, oui enseigner est un métier magnifique, mais, seul ceux qui n'ont jamais enseigné le pense sans l'ombre d'un doute. Par contre, ceux qui ont pratiqué savent à quel point les difficultés sont nombreuses ... cela n'enlaidit en rien la chose, mais amoindri malheureusement, avec le temps, les effets positifs d'un début de carrière. Et puis je dois avouer que, avec l'âge, la différence devient grande et quand le fossé est creusé ... l'enseignement devient délicat! Mais j'adore avec une grande ferveur mon métier, je veux simplement dire que c'est un peu plus compliqué qu'il n'y parait. En tout cas une chose est sûre, je suis scientifique jusqu'à la racine des os!"

Puis en riant un peu le vieillard fit encore quelques pas et joua un bon tour en faisant choir les aimants d'un misérable panneau. Ce genre de cadeau était selon lui le plus grand attrape nigaud jamais inventé. Cela laissa perplexe le suédois qui se mit étrangement à fixer le vieil homme en étant de façon assez claire, profondément plongé dans une réflexion intense. Haha, Doris était tout sauf un idiot, Nakor avait mit l'homme sur la piste de la mutation avec une suspicion forte en tout cas. Le vieillard fut heureux de voir qu'il ne se laissait pas berner, après tout il était un homme qui avait permit une avancée scientifique de taille, Nakor aurait donc était déçu de trouver là un imbécile. L'homme sembla même ne pas prendre garde à la petite engueulade que Nakor passa à Aurélien. Ce ne fut que la lavande majestueuse et flagrante qui ramena sur terre Doris, qui énonça clairement son intérêt pour la matière. Le professeur le guida alors dans les allées immenses et hautes en couleurs de Plan de Campagne.

"J'ai, je pense, exactement ce qu'il vous faut. Il y a pas mal d'année maintenant, au point que j'ai l'impression que c'était dans une autre vie, je venais régulièrement dans une boutique, afin d'acheter moi même la meilleure des essences de lavande. Mon épouse, dieu tout puissant ait son âme, adorait cela. Haaaaaaa que le temps ravage sur son sillon, les souvenirs heureux d'une vie perdue. Ô Rage, Ô désespoir, Ô vieillesse ennemie! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie!"

Nakor venait de prononcer ces quelques vers de Corneille d'une façon théâtrale, à grand renfort de gestes et de postures. Il se mit ensuite à rire puis tira Doris sur la droite. Ils arrivèrent tout deux enfin devant la boutique dans laquelle, des années auparavant, il avait lui même acheté régulièrement du parfum de lavande pour sa douce épouse Audrey. Il fut un brin étonné de trouver la boutique si changé et ils entrèrent. Une sacrée fichu foutu bonne femme les accueillit avec un regard à glacer une flamme d'été. Elle prit la parole et demanda ce qu'il faisait là? Et bien nous venons acheter une cafetière vieille gourgandine! Voilà ce que Nakor allait cracher quand Doris prit la parole à son tour et dirigea la discussion. Et cette vieille harpie de l'enfer devint mielleuse en entendant et en comprenant que l'homme qui lui faisait face avait beaucoup d'argent à revendre et que le vieillard qui l'accompagnait était sans doute celui grâce à qui elle allait vendre un de ses diables de produit luxueux. Ils marchèrent donc tous trois dans les allées aux milles senteurs et Doris eut l'honneur de sentir une goutte d'essence en premier. Il daigna par contre transmettre les papiers parfumés au vieillard avant de donner son envie. Nakor plongea donc son nez au dessus du papier et inspira. Il releva les babines et fit une moue épouvantable avant de dire, sur un ton choqué

"Hêtre, chêne, bois de santal et citronnier! Hooooooo!"

Puis mettant sa main droite sur le côté de sa bouche afin d'en masquer la visibilité, il fit monter sa main gauche, index et majeur tendus, mimant un geste de dégout et de vomissement forcé. La femme afficha clairement son mécontentement et son choc, mais ne perdit pas contenance, pensant sans doute à la montagne d'argent qu'elle allait voler au pauvre Monsieur Léolagus. Nakor fit cela pour montrer qu'il était un client compliqué. Ils avancèrent encore et eurent à sentir une nouvelle invention. Doris n'était pas emballé et le fit savoir durant son geste de transmission du papier à parfum. Nakor inspira en profondeur, on sentait plus la lavande, mais en effet ce doux retour d'asperge ... non. Le professeur fit la moue, de façon moins forte et hocha de la tête de droite à gauche. Il ajouta à la suite de la demande de Doris

"Oui, je crois qu'il faut que l'on se rapproche plus de la senteur d'origine ma chère! Les mélanges d'essences naturelles inhibe la nature mémorielle de ce produit."

Elle revint avec une nouvelle senteur, sans doute sa dernière arme. Doris sembla satisfait et Nakor inspira de nouveau d'un air septique. Mais cette fois, il garda les yeux fermés et expira très lentement. On pouvait lire sur le visage du vieillard un plongeon incroyable et presque enviable dans des souvenirs passés. Nakor revoyait les champs du sud de la France dans sa jeunesse, la flagrance douce et fraiche de sa jeune épouse, quand elle virevoltait dans ses plus beaux atours, parfumée d'une lavande pure et extraite à la main par des techniques ancestrales, usant de la plus grande solubilité de l'acétate de linalyle dans l'alcool. Le professeur ouvrit enfin les yeux et hocha lentement la tête de haut en bas. C'était celui là!

"Mon cher Doris, de la lavande, du thym, du romarin et de la bergamote ... oui c'est celle là qu'il vous faut, c'est celle là, qui rappellera à votre épouse la douce brise du vent chaud sur un champ de lavande d'un bleu apaisant, le gout profond et raffiné d'une cuisine chaude, chaleureusement et familiale et la longue sieste à l'ombre d'un vieil arbre en été."

Tout ceci avait été prononcé avec un sourire heureux et véridique. La transaction fut opérée par le bon suédois qui fit jaillir un volumineux portefeuille. Nakor ouvrit de grands yeux et fronça les sourcils comme pour appuyer le fait qu'avec son petit salaire il n'avait jamais eut un portefeuille si plein. Mais une chose attira son regard : le portefeuille disparu. Nakor se frotta le menton comme pour masquer sa surprise et fronça le sourcil gauche, sans bouger le droit. Puis le professeur comprit : l'homme était un sacré mutant et il jouait maintenant avec le vieillard. Nakor hocha imperceptiblement la tête et suivit Doris dehors. Nakor se dit que sa rencontre avec l'homme approcher de la fin s'il ne trouvait pas un moyen de continuer un peu cette journée avec lui, jusqu'à découvrir quel était sa mutation. Ils passèrent devant une fontaine et Doris invita le professeur à manger. Un brin gêné le vieil homme prit la parole

"Ho c'est très aimable à vous Doris. Vous permettez que je vous appelle Doris, Doris?"

Puis Nakor se permit de rire un peu, après tout il prenait clairement la liberté d'appeler l'homme par son prénom

"Et bien j'accepte, même si cela me gêne un peu ... mais vous m'êtes sympathique alors pourquoi pas prolonger notre petite rencontre autour d'une bonne table!"

Puis Nakor inclina la tête pour terminer de donner son assentiment. Le suédois ajouta qu'il voulait offrir à boire au professeur, qui était en train de regarder la jolie fontaine à côté d'eux. Quelque chose attira son œil mais sans trop savoir quoi. Et c'est en abaissant la tête que le professeur put voir un disque noir au dessus de la paume de la main gauche de Doris. Il ouvrit les yeux en grand et fit le lien quand il commença à voir de l'eau jaillir. S'il ne faisait pas quelque chose, le jet serait visible par plusieurs personnes et deux mutants au beau milieu de la foule, ce n'était pas forcément une bonne chose. Sans même tourner les yeux mais en tendant la main vers la fontaine tout en rentrant le ventre, Nakor déploya son pouvoir. Il compressa l'acier du déversoir et le força à se refermer sur lui même. Le métal céda sur le champ et quelqu'un proche aurait put voir qu'une sorte de main invisible venait littéralement d'écraser le robinet à l'aide d'une poigne de fer monstrueuse. L'eau cessa donc immédiatement de s'écouler et le jet sortant du disque noir de Doris retomba jusqu'à l'épuisement. L'eau atterrit sur les pieds du couple et Nakor posa un regard scrutateur dans les yeux du suédois. Un regard à la fois amusé et inquisiteur, donnant l'impression de pouvoir percer le plus profond des secrets de l'homme qui lui faisait face. Un regard gagné auprès des milliers d'étudiants qui étaient passés sous sa gouverne et qui passaient leurs temps à tenter de lui cacher des choses. Il prit alors la parole dans un souffle

"Mon cher Monsieur, en France comme dans bien d'autres pays, la mutation est en ce moment un terme un brin ... tendu si vous voyez ce que je veux dire. Mais j'aime les gens qui sont joueur et assez courageux pour pousser leur raisonnement jusqu'à son terme. Bonne idée en tout cas, la fontaine ... on ne me l'avait jamais faite! Mais c'est surtout parce que je n'avais jamais rencontré quelqu'un capable d'ouvrir entre lui et un endroit de son choix, un trou de verre ou quelque chose de proche. Je suis ... étonné et intéressé."

Nakor se disait que le suédois n'avait peut-être pas découvert complètement le pouvoir du professeur, en effet, il pouvait aussi être télékinésiste, ou maitre du métal. Comment ferait-il pour découvrir le vrai pouvoir du vieillard? Le tour de parole se termina ainsi

"Et si nous allions nous assoir là bas, à l'auberge de la Crau. Ils font de très bons fruits de mers et des viandes gouteuses. Mais c'est moi qui offre le vin si vous trouvez ma mutation et ses effets."

Puis d'un geste, Nakor invita Doris à reprendre la marche, il marcha un peu, fit semblant de faire tomber sa canne et avant qu'elle ne touche le sol, elle remonta jusqu'à la main du vieillard. Puis le professeur se mit à rire. Alors comment faire la différence entre un maitre du métal et un télékinésiste? Voyons voir de quel bois se chauffait le suédois.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyMar 25 Oct 2011 - 0:31

L’intrigue se poursuivait et Doris était de plus en plus étourdi par le comportement de l’ancien. Comment pouvait-on évoquer le souvenir de sa femme au passé, puis éclater d’un rire franc et sonore ? Comment se comporter de manière aussi exubérante dans un magasin chic ? Comment jouer l’ingénu avec un adepte du nihilisme ?
Une telle attitude, aussi peu naturelle, n’en finissait pas d’étonner l’étranger qui ne savait plus comment se comporter pour aller dans le sens de son interlocuteur et endormir sa méfiance. Si encore il s’agissait d’une jeune fille douce et manquant cruellement de confiance en elle, il saurait quoi faire. De même s’il s’agissait d'un tyran despotique et lâche abusant de son pouvoir et de son emprise sur ses sujets.
Sauf qu’ici, en ce jour, Nakor jouait sur plusieurs registres à la fois, passant du dramatique à l’euphorique sans transition, tout en jouant de manière évidente avec son vis-à-vis. Il était en réalité un fin manipulateur qui avait su attiser le scandinave pour mieux l’embarquer dans son jeu.

Les moments lyriques autour des huiles furent un ravissement. Nakor avait une manière unique de présenter sa pensée. La moue dégoûtée, puis progressivement la félicité qui s’installa sur son visage, avait de quoi faire fondre la plus solide des glaces. Peut-être même que Twikjeya aurait été émue ? Le papy se replongeait dans d’antiques souvenirs, montrant une sorte de douceur qui jusque là était passée inaperçue.
La thèse de Marcus ne tenait plus. Doris devait se rendre à l’évidence : il ne se tenait pas en face du seigneur du vice, du rejeton du Diable mais plutôt d’un vieil homme qui, comme de nombreux autres, avait beaucoup vécu et sur qui la masse de l’expérience pesait comme si l’on se trouvait à l’approche d’un trou noir. Le petit vieux était juste un petit vieux. Sans doute sa mutation était-elle puissante, mais en rien cela ne changeait sa nature profonde, nature qui ressortait d’avantage grâce à la gêne liée à la proposition du suédois.


- Ho c'est très aimable à vous Doris. Vous permettez que je vous appelle Doris, Doris ?
- Bien sûr, répondit-il avec beaucoup d’aplomb, ce n’est pas la première et je souhaite que ce n’est pas la dernière des fois.
- Et bien j'accepte, même si cela me gêne un peu ... mais vous m'êtes sympathique alors pourquoi pas prolonger notre petite rencontre autour d'une bonne table !
- Cela vous gêne, vous ? insista l’étranger en souriant. Je suis content que vous acceptez, il y a tant de chose que je veux parler avec vous.

Doris était très satisfait de l’embarras qu’il avait suscité. De son point de vue, vis-à-vis de l’argent, ceux qui prétendent ne pas y faire attention sont de deux catégories différentes : certains le flambaient par petits morceaux, le donnant à qui en veut par petite touches, couvrant de petits cadeaux ses proches, et d’autres l’utilisaient en masse mais moins régulièrement.
Doris faisait parti de la deuxième catégorie, l’argent n’avait aucune importance à ses yeux et il aurait payé volontiers les frais de scolarité de tous les enfants de son quartier si l’éducation n’y était pas déjà gratuite pour tous. En revanche, il n’aimait pas donner l’aumône aux sans-abris et ne se promenait jamais avec des liquidités.
A l’opposé Nakor semblait être capable d’offrir sa chemise au premier nécessiteux, pourvu qu’il fût aveugle, mais les grosses sommes obscurcissaient quelque peu son esprit.

L’information valait d’être enregistrée et ils poursuivirent.

La facétie doriesque qui suivit fit son petit effet, là encore. Le passe-muraille sentait qu’il pouvait avoir une emprise sur l’excentrique ancien. Bien qu’il se fit gronder pour ses agissements inconscients, il faillit mourir de rire et réprima tant bien que mal son envie.
Nakor était intimidant, ce n’était pas la question, mais la situation était forcément cocasse : deux inconnus qui ne s’étaient jamais rencontrés une heure auparavant jouaient maintenant le rôle du maitre et de l’élève en pleine rue. Depuis son adolescence Doris ne s’était pas fait gronder de la sorte. C’était trop improbable pour être sérieux, et rafraichissant, comme une enfance retrouvée.
Étonnamment, les gens autour n’y prêtèrent aucune attention : ils furent choqués par l’écrasement de la fontaine et l’arrêt de celle-ci mais le bruit dévia les regards, si bien que la posture suggestive de l’ancien passa inaperçue.


- Et si nous allions nous asseoir là bas, à l'auberge de la Crau. Ils font de très bons fruits de mers et des viandes gouteuses. Mais c'est moi qui offre le vin si vous trouvez ma mutation et ses effets.
- Vous suivre m’a porté chance jusqu’à présent, il n’y a aucune raison que je renonce maintenant. Surtout, reprit-il après un bref silence, si le jeu en vaut la chandelle. Les vins français sont très réputés vous savez. Tant qu’on y est, vous vous disiez intéressé par ma mutation. J’ai une petite colle à vous soumettre.

Freinant Nakor dans son élan, Doris lui demanda de s’arrêter. Ils se regardèrent et se tinrent l’un devant l’autre.

- Mettez votre main gauche en forme de coquille autour de votre oreille, comme ceci. Le scandinave lui prit la main pour lui faire comprendre la position qu’il devait adopter. Ainsi, votre main récupère le son que je vous envoie, et vous m’entendez mieux, n’est-ce pas ?

Il attendit l’accord de son partenaire pour poursuivre son expérimentation.

- Je vais continuer à vous parler avec la même intensité et, maintenant, vous devez moins bien m’entendre, comme si quelque chose vous bouchait l’ouïe. Regardez dans ma main.

Dans sa main se trouvait, une fois de plus, un disque parfaitement circulaire et noir. Aucun reflet n’était observable, aucune aspérité visible et il avait la taille d’un petit abricot, parfaite pour se loger dans le creux d’une oreille attentive.
Il referma sa main dessus et le disque disparu.


- Et vous m’entendez à nouveau correctement. Comme vous pouvez le constater, dit Doris de manière faussement surprise, toutes les formes d’énergie – matière incluse – sont absorbées par mon pouvoir, mais seule la matière et recréée à la sortie. Je vous en prie, continuons de marcher vers cet excellent restaurant, finit-il en souriant et désignant la fameuse auberge de la Crau qui n’était plus très loin.

Bien que n’ayant pas répondu à sa remarque, elle n’était pas passée inaperçue, le vin n’était qu’un autre prétexte : l’ancien proposait une bouteille contre l’identité de son pouvoir. Jusqu’à présent, il n’avait manifesté ses capacités que sur le métal : la porte, les souvenirs magnétiques, le tuyau de la fontaine, sa canne même, bien qu’en bois, était partiellement métallique, on pouvait distinguer dessus un globe poli aux reflets métalliques caractéristiques, sans doute du cuivre ou du bronze.
Pour ne pas se faire remarquer, si Nakor était capable de manipuler la matière au sens large du terme il aurait été plus discret de dévier le jet d’eau.

Ce jour était l’occasion d’une rencontre entre deux esprits, pas forcément fins mais qui avaient envie de jouer l’un avec l’autre, qui avaient des points communs.
Doris s’installa à la table, en face de son homologue mutant, et se dit que son partenaire de jeu lui enverrait certainement d’autres signes. Les connaisseurs auraient pu y distinguer l’âme d’une partie de Bridge.
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Nakor

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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyMar 1 Nov 2011 - 15:21

Ce Suédois était décidemment plus que sympathique. Nakor passait un excellent moment, ayant prit le jeune homme à son propre jeu, il était déjà satisfait et avait gagné sa journée. Il n'avait pourtant pas tenu un rôle, bien au contraire, le vieillard était ainsi excentrique disait-on. Non pas vraiment, plutôt plein d'une vie qui voulait encore profiter de chaque instant à fond, sachant que chaque minute passée pourrait bien être la dernière. Il subissait simplement les assauts d'une longue vie, qui fait que la patience même la plus intense du monde s'amenuise au fil des décennies. Ainsi, devenant vieux et jovial, on finissait par n'être qu'un bougon, un homme capable de passer du rire aux cris en quelques secondes selon que la gaieté ou l'impatience prenait le pas l'une sur l'autre. Cela donnait un mélange explosif qui n'était autre que le vieux Nakor, un papy que l'on aimait avoir à ses côtés, que ce soit pour ses coups de gueules ou ses coups de cœurs. Ils firent donc leurs petits chemins et Doris proposa à l'homme de lui financer un repas. Le professeur en fut rapidement gêné, pour une raison bien simple là aussi. Nakor n'avait jamais été riche, il avait même grandi dans une famille très humble, et en difficulté à chaque fin de mois. Il n'empêche qu'avec son salaire d'enseignant dans de grandes institutions il pouvait tranquillement se payer un très bon restaurant quand bon lui semblait. Il n'empêche que depuis la mort de sa femme Audrey, Nakor n'avait jamais cherché quelqu'un d'autre. Il avait vécu seul! Et la solitude était donc sa plus vieille compagne, une compagne difficile qui rend la vie encore plus longue et usante mais qui donne des finalités évidente : plus personne ne vous invite à diner. Alors la gêne de Nakor trouvait une explication évidente, gagnée au fil de ses longues années solitaires. Mais le vieillard ne perdait pas son entrain et sa verve habituelle. Il sourit très largement à monsieur Léolagus, dans un premier temps, pour lui montrait sa reconnaissance d'accepter allègrement une sorte d'amitié entre lui et le vieil homme en l'invitant à le prénommait plutôt qu'à le nommer. Puis sentant la pointe d'ironie le professeur décida de ne pas perdre le combat et de lever un doigt d'enseignant correcteur

"On doit tenir compte d'un accord temporel dans la conjugaison de nos verbes Doris. Il faut dire et je souhaite que ce ne SOIT pas la dernière. Dans votre phrase il y a l'idée d'un futur conditionnel, et donc d'une conjugaison adéquat. Ainsi vous auriez dû dire je suis content que vous ACCEPTIEZ, car l'action vient déjà de passer, elle est donc antérieur au moment où vous parlez. Enfin il y a des choses DONT on veut parler mon cher enfant! Ainsi est la très intéressante grammaire française."

Puis Nakor se mit à glousser, comme un petit impertinent qui venait de faire son malin mais pas de façon trop moqueuse, loin de là même.

"Mais j'ai moi aussi grandement envie de discuter avec vous Doris, alors allons y!"

Nakor et Doris jouèrent avec de l'eau et du métal avant de découvrir chacun à peu prés la capacité incroyable dont ils étaient dotés l'un et l'autre. Evidemment le vieux professeur ne put que donner un petit conseil un brin cinglant au jeune suédois. Intérieurement Nakor se demanda depuis combien de temps quelqu'un n'avait pas osé faire la leçon au milliardaire qui se tenait devant lui et cela lui donna grandement envie de sourire et de rire. Il fit la première chose mais pas la deuxième. Il proposa un restaurant et entraina Doris sur son chemin. Doris donna quelques indications, parlant de vin. Le vieux professeur nota mentalement qu'il fallait donner une information colossalement importante : il était un expert en vin. En bon enseignant, le vin rouge, blanc et rosé n'avait plus aucun secret pour lui depuis plusieurs dizaines d'années. Mais voilà que Doris proposait une petite expérience à Nakor, en prenant la main du vieil homme sans hésiter. Une main âgée, un brin tremblotant et ternie par les années. Le professeur suivit l'expérience en développant en même temps en lui une étrange sensation : l'homme qu'il avait en face de lui était un surprenant gaillard. Bien rares étaient les gens qui osaient toucher une personne âgé avec autant de délicatesse et sans tirer la langue ou faire la moue. Ce fut donc un sourire bien paternel qui s'inscrivit sur la face du vieillard. L'expérience se déroula et Nakor ouvrit de grands yeux bien surprit de voir le son de sa bonne oreille être fortement dissipé. Il plongea un regard ensuite perplexe et réfléchit. Doris donna un début d'explication et continua à avancer. Le vieil homme mena sa réflexion à son terme et prit place sans trop prendre garde. Il fallu un peu de temps pour qu'un serveur vienne à eux.

"Vous parvenez donc à créer un trou de verre dans la structure espace-temps de notre univers Doris, mais lors de ce passage dans ce tunnel de votre propre création ... vous aspirez partiellement les ondes de matières ... et je dis partiellement parce que vous ne faite pas que ça, vous amoindrissez leur vitesse de déplacement et leur intensité et de perturbation du milieu de propagation. Vous n'êtes pas sans savoir que le son est une onde mécanique : elle a besoin de l'air, un milieu compact et fait de molécules pour se propager. Lorsque vous parlez, l'air devant vous est compressé, comme poussé par une force, celle issu de votre gorge et de vos poumons. Puis cette première couche d'air compressé, en comprime la suivante et ainsi de suite comme un ressort jusqu'aux oreilles de votre interlocuteur. Le tympan et le cerveau retraduit le signal reçu en son intelligible. Par conséquent si vous parvenez à amoindrir l'intensité sonore, c'est soit que votre tunnel freine de par sa forme, le son, comme si la densité de ce trou de verre était bien supérieure à la densité de l'air. Soit ... vous avez des fuites Doris!"

Puis Nakor explosa de rire, un rire franc, toutes dents dehors. Il venait de donner quelques informations scientifiques de premières ordres afin d'être sur que son interlocuteur comprenne son raisonnement du début à la fin et avait fini par une pirouette succulente. Voilà qu'un serveur arrivait avec une assiette pleine de croutons de pains frottés à l'ail et de tapenade fraiche, afin de servir d'amuse-bouche. Nakor remercia le serveur et lui dit simplement

"Nous commencerons par un apéritif vinicole jeune homme, servez nous un verre de vin rosé chacun, très frais! De La Venise Provençale de l'an passé serait parfait en cette chaude journée!
-Oui Monsieur, nous en avons."

Puis le serveur s'inclina légèrement et parti. Nakor prit le relais bien sur

"Je voudrai vous faire gouter à ce vin, fabriqué par des agriculteurs de la ville dans laquelle je suis né. Martigues. Qu'on surnomme aussi la Venise provençale, pour ses canaux et son port interne de petite taille mais tellement beau et atypique. Vous verrez qu'en Provence nous faisons le meilleur vin rosé du monde, il est frais, gouteux, ne pique pas à la gorge et se boit comme de l'eau de source."

Puis Nakor se mit à glousser. Il cherchait aussi un moyen de mettre Doris sur une fausse piste. Il saisit un grand crouton de pain et une bonne cuillère de tapenade. Il tartina délicatement son crouton et le posa sur une des deux petites assiettes classique qui furent posés au milieu de la table. Nakor avait étendu ses perceptions et avait senti que le petit liseré doré autour de l'assiette, un mélange dense de cuivre et de plaqué or. Une pale imitation donc, mais qui possédait une bonne dose de métal caché. Une dose suffisante pour permettre son petit manège à Nakor. Il avait donc fini de tartiner le crouton quand il ajouta

"Et ceci mon cher, est une création toute provençale aussi, une spécialité forte en gout, faite à base d'olive : de la tapenade. Mais je vous en prie, goutez donc afin de vous faire votre propre avis."

Il y avait aussi de l'anchois et bien d'autres composants dans la tapenade. Mais l'assiette se souleva dans les airs et vint jusqu'à hauteur de buste, afin que Doris puisse, sans effort saisir son crouton préparait par les soins du grand père. L'assiette était en porcelaine, ce n'était donc pas un métal. Nakor reposa l'assiette sur la table avant que le serveur ne revienne et serve les deux verres. Il saisit alors son verre, le releva en direction de Doris et dit simplement

"Et bien trinquons à notre rencontre Doris!"

Les verres tintèrent et Nakor but une belle gorgée avant de savourer ce bon vin. Il termina ainsi

"Alors?"

La question était très ambigüe. Demandait-il s'il avait évolué quand au pouvoir du vieillard ou bien demandait-il comment était le vin? Nakor se mit à sourire et attendit de voir comment réagissait le suédois.
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Doris Léolagus

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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyMar 6 Déc 2011 - 23:24

Cette rencontre était un petit jeu de rôles, grandeur nature. Doris était un élève peu talentueux mais pétri d’une grande envie d’apprendre alors que Nakor était un sage professeur dispensant sa connaissance, la distillant au gré des moments, tantôt donnant des leçons de grammaire, tantôt des cours de physique fondamentale.
Tout autour le monde n’existait plus. D’une certaine manière, le besoin de vide du scandinave fut satisfait, le temps ne s’écoulait plus que par à-coup, avançant de manière erratique, malhabile, comme un jouvenceau troussant sa première gueuse.

Ce vieil homme n’était pas Marcus, non. C’était juste un petit vieux, un mutant, peut-être parmi les premiers vu son âge.
Doris souriait, le regard plein d’une ironie non feinte, en acceptant qu’on lui dispense la conjugaison française.


- On doit tenir compte d'un accord temporel dans la conjugaison de nos verbes Doris. Il faut dire et je souhaite que ce ne SOIT pas la dernière. Dans votre phrase il y a l'idée d'un futur conditionnel, et donc d'une conjugaison adéquat. Ainsi vous auriez dû dire je suis content que vous ACCEPTIEZ, car l'action vient déjà de passer, elle est donc antérieur au moment où vous parlez. Enfin il y a des choses DONT on veut parler mon cher enfant! Ainsi est la très intéressante grammaire française.
- Vous ne me laissez donc aucun répit, prononça-t-il humblement en s'inclinant dans un signe de déférence teinté de sarcasme. J’imagine que vous êtes habitué à corriger les fautes des jeunes gens, avec le temps. Vous ne… Doris hésita un instant, les lèvres immobiles manifestant une petite réflexion pré-locutoire. Le subjonctif est un peu la bête sombre des étrangers qui désirent apprendre le français. Ça et les genres : il est inconcevable, pour nous, que des mots sont – soient, pardon, rattrapa-t-il en guettant le regard approbateur de son interlocuteur – masculin ou féminin. Les mots sont des mots, mais c’est ce qui rend votre langue si agréable, les petites subtilités qui s’y cachent. Je ne crois pas ceux qui la trouvent pauvre.

Cet échange assez facile et évident pour deux personnes courtoises n’ayant pas les même origines les apporta autour d’une table où ils purent savourer, en entrée, la science l’un de l’autre. C’était savoureux et relevé, comme un excellent indien.

- Par conséquent si vous parvenez à amoindrir l'intensité sonore, c'est soit que votre tunnel freine de par sa forme, le son, comme si la densité de ce trou de verre était bien supérieure à la densité de l'air. Soit ... vous avez des fuites Doris!

Il ne comprit pas tout de suite qu’il s’agissait d’une blague. Doris avait toujours eu du mal avec l’humour, quelle que soit sa forme. Il écoutait attentivement et semblait concentré, ses sourcils ne formant qu’un au dessus de ses yeux atypiquement sombres, avant de réaliser, grâce au rictus de son interlocuteur, qu’il s’agissait d’un jeu de mots. Le tonitruisme le mit sur la voie, d'une certaine manière.
Il était très étonné. D’habitude, les gens le respectaient profondément ou, du moins, faisaient semblant en l'enviant pour sa richesse. Or le papy ne semblait affecté de rien hormis les brèves évocations de sa femme.
Il rit donc en retour, amusé par la farce qu'on venait de lui jouer, malgré la désagréable impression de ne pas avoir forcément saisi toutes les subtilités des dernières paroles échangées.

Une chose en entrant parfois une centaine d'autres, Doris se retrouva progressivement assis avec un croûton à la tapenade dans une main et un verre de rosé dans l'autre.
Il ne fut pas surpris en voyant léviter l'assiette, du moins en apparence. En réalité il sentait bien qu'il avait droit à des indices supplémentaires et réprima son envie de faire remarquer que faire flotter une assiette dans les airs était aussi discret que faire jaillir des petits courants d'eau de nulle-part. A ce sujet il se tût, estimant que la docilité était son meilleur atout.


- Et bien trinquons à notre rencontre Doris !

Le scandinave obéit et trinqua, imprégné de politesse qu'il était. Il porta alors le verre à sa gorge et le doux liquide caressa sa glotte sèche, lui rendant ainsi un peu de vigueur grâce à sa fraîcheur. Le vin était effectivement fruité, sucré et agréable, une mise en bouche qui valait le détour.
Bien sûr il avait déjà goûté des alcools bien meilleurs que celui-ci, même parmi ceux issus du raisin, mais il avait dans la main un excellent apéritif.


- Alors ?

Doris laissa la question en suspens quelques instants, le temps de goûter à la tapenade. Il trouva dans un premier temps le goût agressif, c'était très salé et l'anchois se prononçait en faveur d'une déshydratation spontanée de sa gorge. Il y eut un vote, cependant, et il parvint à saisir rapidement la saveur de l'olive noire et la présence de quelques herbes dont il ignorait le nom, sans doute la plupart étaient présentes dans le flacon d'huile essentielle qu'il avait acheté précédemment et dans sa bouche.
Puis enfin il répondit – à la question et au sourire – par un
« Très bon vin, merci pour la découverte » très sobre, expéditif. Non pas qu'il ait eu envie d'expédier son interlocuteur, mais le serveur se dirigeait de nouveau vers eux, ce qui lui fit par ailleurs oublier une remarque au sujet du glögg, un vin chaud suédois souvent agrémenté de raisins secs et d'amandes.

- Messieurs, avez-vous choisi ?
- Pas tout à fait, répondit le scandinave. En fait je suis ici exceptionnellement et je souhaite voir ce que vous avez de spécial dans cette région. J'allais demander conseil à mon ami, précisa-t-il en désignant Nakor de la main, se permettant lui aussi quelques familiarités.
- Alors vous devez goûter la bouillabaisse, spécialité phocéenne parmi toutes. C'est du poisson, rajouta-t-il en voyant l'air surpris de l'étranger.
- La... Bouillabaiss, vous dites ?
- Bouillabaisse, oui, répéta-t-il en insistant sur le « e » final.
- Du poisson ?
- Oui monsieur, du poisson frais, bien sûr, cuisiné au bouillon.
- Au bouillon... répéta Doris.

Il était un peu indécis. D'une part le bœuf en sauce au poivre lui faisait de l’œil – pour autant qu'un cadavre d'animal le puisse – et lui donnait par là très envie mais, d'un autre côté, sa femme serait furieuse d'apprendre qu'il avait cédé à la tentation de manger, comme elle se plaisait à le lui rappeler, le macchabée d'un mammifère, le corps mort d'un cousin très éloigné, la dépouille funèbre d'un être qui manque sans aucun doute à sa famille.
A regret il opta pour le poisson et le demanda sans grande conviction, ce que le serveur perçut aussitôt.


- Notre bouillabaisse est particulièrement réussie, vous savez.
- Merci, je vous fais alors confiance ! Après tout, je suis là pour découvrir voir charmant pays.
- Voir ?
- Votre, autant pour moi.
- Monsieur, on dit au temps pour moi.
- Ah, oui, merci.

Puis il laissa Nakor faire son choix et attendit qu'ils soient suffisamment seuls pour continuer la discussion précédente.

- Je pense que vous êtes télékinésiste, lâcha-t-il comme une remarque bénigne sur le temps qu'il fait et la hausse du thermomètre de ces cinquante dernières années.

Prenant une profonde inspiration, il développa son raisonnement.


- Vous m'avez laissé de nombreux indices en très peu de temps, finalement. D'abord vous m'avez ouvert la porte avec de l'élégance, une porte métallique, ce qui fait pencher la balance pour le fait que vous soyez métallokinésiste. Et l'épisode des aimants ne fait que la renforcer... Cependant la fontaine s'est écrasée sous l'effet d'une contrainte, son regard vers Nakor et son sourire de biais étaient alors lourds de sous-entendus, et rien ne prouve qu'il y avait - ait, désolé - du métal dedans. De même, de ce que j'ai vu de votre canne, elle me semble faite de bois. Et enfin cette assiette, que je n'ai pas placée au four à micro-ondes mais qui, malgré les dorures, semble faite de porcelaine.

Il sortit sa main de dessous la table avec une cuillère en acier et tapota le rebord de la-dite assiette afin d'en extraire un son ne correspondant pas à l'entre-choc de deux pièces métalliques.

- Vous pouvez donc manipuler la matière à votre convenance ?

Cette dernière question cachait tout ce à quoi il avait pensé mais qu'il n'avait pas prononcé. En réalité, rien de tangible ne permettait de discriminer la spécialité du psychokinésiste que Doris avait face à lui. Il y avait du métal sur le bout de la canne et l'assiette était bordée de dorures métalliques, sans doute, mais quelqu'un qui manipule toute matière pouvait aussi contrôler le métal. Le coup des aimants auraient pu l'aider mais, ne se rappelant plus des détails qu'il avait appris au sujet du magnétisme, il ne put rien conclure de réellement solide.
De toute manière, il lui importait peu d'avoir tort ou raison, son comportement l'avait bien prouvé : il voulait savoir, et il incita le vieillard à se dévoiler en exhibant certaines de ses pensées.


- Vous semblez bien me connaître. Vous n'êtes alors pas sans savoir que j'ai rejoint la Confrérie Moderne il y a peu et...
- Messieurs, voici vos plats.
- Ah ! fit Doris, légèrement surpris par cette apparition. Merci encore !

Après avoir humé le fumet de la soupière que l'on lui avait apporté, qui était assez agréable malgré la multitude d'espèces piscicoles ayant participé de gré ou de force à sa confection, il continua sa logorrhée.

- Où en étais-je... Ah oui, donc, vous allez rire, je vous ai pris pour Marcus ! Un adepte du métal capable de changer de forme, vous m'avez intrigué. Finalement, je ne suis pas déçu que ce soit vous ici et non lui.

Il sourit une dernière fois en observant le comportement de son vis-à-vis. Nul doute que, s'il était un mutant assez puissant, il connaissait les deux institutions ennemies et avait un avis sur l'un et l'autre. Celui sur l'autre l'intéressait, forcément, il en faisait partie, et tout était bon à prendre.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 22 Déc 2011 - 19:10

Cette journée, qui devait être une simple journée de lèche vitrine solitaire dans une grande ville de magasins s'avérait de plus en plus être une très intéressante journée. Le vieux fou était plus que content et donc enjoué de voir qu'à son âge, on pouvait encore jouer au chat et à la souris. C'est ce qu'il faisait avec le vertueux et virtuose Doris. En effet, l'homme d'une richesse folle était là, à échanger voir à recevoir des leçons de la part d'un vieil enseignant, ne possédant pas grandes richesses et donc qui aurait dû se retrouver en position d'infériorité. Mais Nakor ne prêtait que bien peu d'attention aux titres et à la noblesse que peuvent apporter l'argent. Non, il se sentait juste un vieux monsieur, discutant avec un vigoureux suédois plein de vie. Il se délectait donc de chaque instant et fut heureux de voir que sa petite remarque grammaticale fit mouche. L'homme, avec un peu de sarcasme et des efforts notables fit attention à ce qu'il disait et à la conjugaison fort difficile de ses verbes. Il se corrigeait seul et Nakor eut un grand sourire de satisfaction sur le visage. Non pas parce qu'il avait donné sa leçon, bien loin de là même, mais parce qu'il trouvait fort agréable de la part de Doris, que de se prêter au jeu et de faire de son mieux. D'ailleurs pour lui démontrer sa dévotion et son plaisir d'avoir un interlocuteur de sa trempe, Nakor inclina la tête et gloussant, un immense sourire sur les lèvres.

"Vous progressez à pas de géant en très peu de temps mon bien jeune ami. Je vous félicite! Quand à la sexualité des mots, tout cela ne me regarde guère, mais en donnant vie à nos mots, en leur donnant un genre, un nombre et des exceptions, nous ne faisons que magnifier notre langue, la sublimer et lui donner l'élan nécessaire pour qu'elle atteigne son propre niveau d'exigence. Nos mots vivent dans nos bouches et nos esprits, les vôtres et ceux de votre langue maternelle, comme celle de tant d'autres langues, ne sont que des outils. De là, je le crois, vient la différence ... mais je ne suis pas un littéraire alors ce que j'en dis!"

Puis Nakor haussa très notablement des épaules en faisant une moue dubitative et laissa donc en suspend ses vérités personnelles pour passer à autre chose. Des pouvoirs de mutants qui entrent en jeu et les voilà à discourir de tout et de rien, un verre de rosé rafraichissant à la main, comme soulagé de pouvoir appuyer son vieux dos contre un dossier, Nakor se laissa aller à un soupir de contentement et de plaisir avant de reprendre.

"Haaaaa!"

Nakor était content que le vin lui plaise, il aimait à penser qu'il était un bon amateur de vin et qu'il avait acquis depuis environ soixante dix ans qu'il en buvait, des connaissances intéressante sur ce breuvage, dont il ne fallait pas abuser bien sur! Puis le suédois se tut et tourna la tête en direction du serveur. Nakor un peu offusqué et surpris, tourna aussi la tête et toisa le jeune homme. Comme s'il était plus qu'anormal qu'on ose le couper en lui demandant ce qu'il voulait dans un restaurant. Mais enfin, que voulez-vous, c'était Nakor et ce qui est normal devient anormal et vis versa lorsque l'on est en présence du vieillard. Le professeur se retint tout de même d'insulter le pauvre travailleur et laissa Doris répondre. Non mais quel gourgandin, quel monstre, quel rat puant, quel odieux personnage, quel vampire de l'enfer. Il se permettait de donner son avis, de forcer la main et par dessus tout de corriger le pauvre suédois. Non mais pour qui se prenait-il, c'était un serveur, pas son ami, il avait un seul travail à fournir : prendre la commande en précisant le contenu de chaque plat, se taire, sourire et repartir rapidement ensuite. Le vieillard ouvrit grand les yeux quand il entendit la dernière remarque et son sang se mit à bouillir. Le serveur tourna alors la tête en direction de Nakor et il donna un petit coup en direction du vieux fou, comme s'il le méprisait. Le professeur explosa sur place

"Non mais pour qui vous prenez vous fieffé faquin. Pauvre fou furieux mais qui vous donne le droit de donner des leçons aux clients et de leur dire quoi manger en plus. Votre bouillabaisse horrible, dont les poissons sont mort trois fois avant d'atterrir dans le bouillon ne touchera pas ma bouche pour tout l'or du monde. Je prendrai le pavé de bœuf au poivre, bien cuit et avec des maudites frites de l'enfer! Et maintenant fouttez moi l'camp, fouttez moi l'camp nondidiou!
-Pfff vieux cinglé!
-Hooooooo mais quelle audace, quelle audace quelle audace quelle audace!"

Le serveur s'en alla et laissa là un Nakor contrit et un suédois qui ne devait plus savoir où se mettre ou qui devait peut-être se délecter de la situation.

"Désolé, je m'emporte un peu mais ... que je vous donne quelques conseils de grammaire maintenant que nous nous connaissons passe, mais qu'un serveur fasse autre chose que son métier, à savoir prendre la commande cela me dépasse ... mais d'une force! Enfin ... ce n'est pas la première fois que je viens ici et je le connais ce petit saligot. A chaque fois c'est pareil, aucun sourire, du mépris et des conseils de débutant ... le personnel n'est plus ce qu'il était ... et entre nous je déteste le poisson!"

Puis Nakor explosa de rire. Voilà peut-être la source de sa colère, on venait de conseiller à Doris du poisson, alors que le scientifique nonagénaire ne supportait pas d'en manger. Et puis ce plat si particulier et si expansif qu'avait commandé le suédois pouvait être à double tranchant : soit c'était délicieux et frais, soit c'était horrible. Hors, il n'y avait pas l'ombre d'un morceau de mer à des kilomètres à la ronde ... alors trouver du poisson frais dans une grande ville non portuaire ... cela laissait à désirer sans doute. Mais ils verraient bien tout deux quel gout avait ce plat. Puis une remarque tout simple, comme s'il disait que le temps était au beau fixe. Nakor fronça le sourcil gauche et ouvrit grand son œil droit. Mais il n'eut aucun besoin de demander des arguments, Doris le fit en homme de science qu'il était aussi. Un sourire d'abord très léger, puis de plus en plus grand. Une excellente analyse, mais un point manquait, un point qui allait tout faire s'effondrer. Baissant un peu la tête, Nakor gloussa puis perçât le suédois d'un regard bien loin d'être délavé par les ans

"Votre analyse est fine et me donnerait presque envie d'en être un pour vous donner raison. Mais vous oubliez une chose non négligeable : devant la fontaine de tout à l'heure, si j'avais vraiment était un télékinésiste, aurai-je laissais l'eau inonder le bas de mon pantalon et mes chaussures Doris?"

Puis un air bonhomme et satisfait s'installa

"Je suis métallokinésiste Monsieur Léolagus. Je commande aux métaux. Depuis le temps que je pratique mon art, j'ai percé les barrières du monde macroscopique pour pouvoir manipuler jusqu'aux atomes de métaux. Mes connaissances générales en sciences physiques m'y ont aidé. La porte c'était donc moi, les aimants aussi puisque je commande aux métaux en créant des champs magnétiques d'une grande finesse et d'une précision réelle. Ma canne possède un pommeau en osmium, le métal le plus dense et donc le plus solide du monte, la fontaine était pleine de fer forgé que j'ai pu compresser à mon aise et enfin cette assiette possède un liseré en cuivre et en plaqué or ... il n'y en a que peu, mais ma maitrise des métaux va assez loin pour pouvoir la soulever grâce au peu de métal présent dedans. Vous savez tout mon cher."

Puis le professeur attendit de voir comment Doris allait réagir, il venait de donner des arguments clair et savait que cela aurait plu au suédois puisqu'il était un scientifique, il aimait donc suivre des raisonnements et trouver les failles de ses propres évaluations. Mais voilà que l'homme du nord lâcha une bombe dans la discussion. Une bombe dont les effets furent retardés par l'arrivée du serveur. Nakor resta bouche bée et ne fit pas un seul mouvement quand l'homme lui plaça l'assiette devant lui. Il revint sur terre quelques secondes plus tard et ajouta, en balayant l'air de la main, devant lui

"Oui oui ... merci!"

Puis il resta toujours planté sur Doris qui termina sa tirade. Il pensait donc qu'il n'était personne d'autre que Marcus, un homme terrible et désagréable, polymorphe et en lien direct avec Magnéto, le fondateur de la Confrérie. Mais Nakor reprit de sa contenance et commença son discours

"Vous avez intégré les rangs de la Confrérie Moderne Doris? Vous? Mais enfin ... pourquoi donc? Leur idéologie est-elle vraiment la votre mon enfant? Je ne vous cacherai pas plus longtemps que je suis un des plus vieux membres de l'Institut ... si ce n'est le plus vieux encore en vie. J'ai eu l'occasion de rencontrer Charles Xavier et d'être approché par Magnéto ... c'était une autre époque et des événements qui remontent à une soixantaine d'année au moins, voir un peu plus. A cette époque les choses étaient claires Doris, les idées aussi. De nos jours il y a de la publicité, des apparences et des mensonges, rien de moins! Je connais pour l'avoir combattu, l'ancien maitre de votre congrégation Kenjiss, le maitre de la gravité. J'ai même prit ardemment part à la mission secrète qui nous a permit de nous débarrasser du quartier général du Cercle mais qui ne nous a pas permit de sauver ce pauvre mutant. Je connais aussi de loin ce cadavre vivant qui vous sert sans doute maintenant de meneuse, à moins que ce ne soit la sanglante Lady Maria. Dans tous les cas et même si les discours public sont moins audacieux l'idée est la même : les Confréristes se pensent au dessus des humains et de part leur supériorité ils se pensent aussi en droit de tuer ou d'asservir les humains ... est-ce là votre point de vue Doris?"

Puis Nakor laissa sa phrase en suspend, afin d'avoir un éclaircissement. Cela ne gênait point le vieil homme de discuter avec un Confrériste, la discussion serait courtoise, poli et sans en arriver aux mains, mais les idéologies étaient là, très opposé et Nakor attendait de voir comment le suédois allait défendre son choix apparemment récent.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyDim 12 Fév 2012 - 17:37

- "Vous progressez à pas de géant en très peu de temps mon bien jeune ami. Je vous félicite!"

- Il est simple de se corriger, quand on prend le temps pour ça. Or, à l'oral... Il laissa sa phrase se suspendre et faire des cabrioles avant de reprendre. Au moins, il est bon de sentir que ses efforts payent. C'est motivé. Vant ? Motivant ?

Continuant à prendre son rôle d'élève modèle très au sérieux, Doris fut très surpris par le revirement d'attitude de Nakor. D'un coup, dans la classe, l'admiration de l'enseignant pour l'enfant du premier rang laissait place à la défiance pour le cancre assis au fond, à côté du radiateur.

D'abord une phase d'observation où il repérait le mauvais élève. Il analysait ses mouvements, ses paroles, son comportement afin de dresser une liste exhaustive de remontrances pour les dernières trente secondes. Un lion n'aurait pu faire preuve de plus de patience pendant cet instant ô combien nécessaire. La biche ne sentait pas le regard du fauve braqué sur elle. La nature retenait son souffle. L'air frissonnait d'appréhension. La feuille de l'arbre tremblotait et se raccrochait à sa brindille de toutes ses forces ligneuses.
Explosion, le scandinave fut balayé. Pour lui, les remarques du serveur étaient si anodines ! Il l'avait vu comme plein de bonne volonté, désireux d'aider un touriste. Il est vrai qu'en Suède il l'aurait assez mal pris, sans pour autant exhorter à ce point. C'est le « fieffé faquin » qui attira son attention. La liste était déroulée, le tapis rouge de la discorde jonchait le sol. Les mots fusaient dans tous les sens, c'en était difficile à suivre. Certains étaient inconnus au bataillon, d'autres identifiés comme clairement argotiques. En comparaison, Stravinsky était un être fadasse, limite fadâtre.
Pour finir, la négation du serveur occupé achevait la confrontation. Le professeur était outré d'être ignoré mais c'était de bonne guerre. Leurs mépris se confrontaient depuis si longtemps qu'ils s'étaient un peu émoussés.


- Désolé, je m'emporte un peu

* Oh, si peu * pensa Doris ironiquement, fier d'être si perspicace.

- Le personnel n'est plus ce qu'il était ... et entre nous je déteste le poisson!

- A vrai dire, moi aussi, souffla-t-il dans un aveu, c'est ma femme qui a des lubies un peu étranges. J'espère qu'un jour vous la rencontrez, vous comprendrez bien vite qui elle est.

Aveu pour aveu, le moment de la révélation avait sonné.

- Je suis métallokinésiste Monsieur Léolagus.

Le vieil homme ne semblait pas peu fier de ses effets de manche. L'argument chaussures mouillées, par exemple, était tout à fait valable. Jamais Doris n'y aurait prêté attention, pourtant, et il était très probable que s'il avait été télékinésiste, il n'aurait pas pensé à se garder au sec.
Cependant Nakor en était là, à montrer par là qu'il était métallokinésiste. Après tout, il n'avait aucune raison de mentir, le suédois décida de le croire. Le vénérable n'était donc pas Marcus.

A ces mots, Doris affecta un bref instant un air déçu. Il aurait aimé retrouver le puissant mutant, pour faire plaisir à Yasha, peut-être mais aussi pour amplifier la puissance de la Confrérie. Si elle devenait assez puissante, sans doute pourrait-elle détruire le monde mutant dans un souffle brutal. Quelle idée folle, mais attrayante : si tous les humains pouvaient détruire leur espèce d'un coup, ce serait bon, particulièrement reposant. Doris serait aux anges, autant au sens propre qu'au sens figuré.


- Ah oui, suis-je bête, le facteur chaussure ! Mes professeurs me disaient souvent que je n'y pensais pas assez. Ça m'a valu une mauvaise note, vous savez...

C'était de l'humour. Si. Bien que pathétique, il s'agissait là d'une tentative de se rendre agréable, encore plus. Il sourit de manière engageante, afin que son interlocuteur comprenne mieux ce dont il s'agit.

Mais l'heure n'était plus à la détente. La guerre était déclarée ! Le feu, le sang, les corps démembrés et déchiquetés jonchaient le sol. Autour des deux mutants, un périmètre de sécurité avait était établi, plus personne n'était autorisé à le franchir.
Dans une posture de combat, Doris tendit la main en avant, paume vers le haut, et ramena une paire de fois ses doigts vers leur poignet dans un signe tellement cliché qu'il en faisait mal aux yeux.
Nakor comprit que ce n'était là que pure provocation et ne se laissa pas impressionner. Sans se démonter il leva le bras. Ce geste commanda à des tonnes de métal de se jeter voracement sur le scandinave. Le choc fut terrible, le fracas tonitruant ! La poussière soulevée retomba lentement, laissant la vue libre de constater... Que son adversaire avait disparu ! N'écoutant que son instinct, il se retourna et s'écarta au moment où un disque noir allait le phagocyter.


- Hum, vous... Vous m'en voulez, peut-être ?

Le visage du candide apparut de manière un peut plaignante, limite geignarde. Doris était déçu de décevoir. Il n'allait cependant pas abandonner la lutte, bien au contraire : il allait faire valoir ses choix.

- Vous êtes donc de l'Institut ? C'est un très bon choix, je comprends un peu ce que vous en pensez. En réalité, mon choix pour la Confrérie est multiple... Tout d'abord, j'en ai fait part dans ma jeunesse. Même si les incidents de Boston – l'euphémisme dans sa voix était palpable, on aurait pu s'en faire des crêpes – remuèrent l'opinion publique et le monde mutant, autant l'un et l'autre camp souffrirent du mal causé par le Comte Di Smorggia. Je me rappelle de l'union brève mais nécessaire qui s'ensuivit pour se débarrasser de ce monstre. A ce moment là, la Confrérie m'a beaucoup aidé : j'aurais pu disparaître, j'étais par hasard dans le café ou ce vilain dévoila son visage. Mais je ne suis pas mort, grâce au hasard encore une fois.

Le regard de Doris devint vague un court instant. Il détestait se remémorer cette époque de sa vie. Un plafond est rarement un bon souvenir. Une folle qui abat sur vous une bouteille vide non plus.
Un ruisseau passait par là. Doris décida de s'en abreuver non sans avoir miné le terrain afin d'empêcher toute intrusion dans ce hâvre de paix. Nakor eut donc le temps de reprendre son souffle et de planifier une nouvelle attaque.

- Une raison sentimentale, donc, je leur suis redevable. Mais ce n'est pas tout, ni la prépondérante. Non, la vraie raison, c'est justement la mauvaise réputation. Vous avez raison, c'est bien leur idéologie qui m'a poussé à les rejoindre. Imaginez un instant un groupe extrémiste. Tout en parlant il mimait à la main la notion de groupe ainsi que ce qui suivait. Pour le détruire, vous avez plusieurs moyens : vous pouvez l'écraser de l'extérieur, au risque de les faire passer pour des martyres, ou alors vous pouvez les faire exploser de l'intérieur.

Semi-feinte, botte secrète du président de la Leolagus Corporation. Il ne mentait pas tout à fait, son but final était de détruire la Confrérie, entre autres.
Il sourit alors.

- Vous pouvez me croire, comme me prendre pour un fou, mais je crois sincèrement qu'il n'est pas gravé dans le marbre que la Confrérie doive incarner le mal, et l'Institut le bien. C'est trop manichéen. Si seulement nous pourrions travailler ensemble... Sans les squelettes dans le placard.

Il approcha alors son visage de l'ancêtre dans un air doucement conspirateur.

- Vous croyez que c'est un hasard si j'y suis retourné à la mort de Kenjiss ?

Le scandinave ne manquait pas d'arguments mais s'arrêta un peu. Il ne devait pas griller ses cartouches trop vite.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyDim 26 Fév 2012 - 14:23

La discussion de départ était orthographique, avec une pointe de philosophie. Comment ça Nakor chauvin? Ho si peu. Mais il est vrai que le vieillard avait un grand amour et un respect sans borne pour sa langue maternelle, même s'il parlait aussi anglais et espagnol sans problème. Il ne perdait donc jamais une occasion de vanter son pays, sa francophonie et tout ce qui pouvait mettre en avant les particularités et les exceptions de son beau pays. Il se permit donc de répondre rapidement et avec un sourire franc sur le visage

"Motivant, en effet, motivant!"

Puis vint ce fourbe de serveur, cet imbécile heureux, ce monstre de choix, avec qui il allait fatalement s'énerver. Oui Nakor était un vieux monsieur comme il faut : énervant, fou et bougon au possible. Il avait donc tempêté contre le jeune garçon qui l'avait remballé ensuite et afin de ne pas passer pour un vieux cinglé, il avait défendu sa position et s'était un peu excusé finalement. Le suédois avait alors parlé de sa femme et du fait que lui non plus n'aimait pas le poisson. Mais alors pourquoi en avoir prit. Nakor afficha une moue dubitative, voir perplexe sur son visage buriné et demanda

"Mais alors pourquoi prendre du poisson si vous n'aimez pas cela ... votre femme serait-elle ... qu'est-elle pour accepter de manger du poisson mais pas de la viande et surtout pour avoir tellement d'influence sur vous que vous craigniez de la voir apparaitre sur le champ si jamais vous commandiez de la viande? Serait elle une mutante apte à se téléporter sur de longues distances lorsqu'elle ressent que son mari va ingurgiter de la viande?"

Puis Nakor se mit à pouffer légèrement, pas pour se moquer mais pour finalement demander pourquoi Doris avait si peur de sa drôle de femme selon ses propos, alors qu'elle n'était même pas présente. Puis cela rappela ses jeunes années au professeur, sa liaison fusionnelle avec sa compagne, morte dans un attentat. Oui ses années d'amours où il faisait des choses qu'il n'aurait jamais fait alors, simplement par amour ou par crainte d'une contre réaction à l'amour de sa femme. Sans rien dire de ce qu'il avait dans la tête, il balaya l'air devant lui d'une main fatigué et poussa un petit soupir. Puis il y eut les échanges d'idée, le souvenir de Marcus, et tout ce qui venait du passé. Monsieur Léolagus lança une petite boutade ridicule, mais le vieil homme mordit à moitié dedans en riant un peu et en dressant un doigt vengeur

"Ho je suis certains que vous aviez de très bonnes notes mon cher Doris, et que vous étiez même ce genre d'élève qui dit à tous ses amis qu'il va avoir une mauvaise note et qui finalement approche toujours de la note maximale!"

Puis Nakor lui lança un regard soupçonneux et amusé à la fois. Et la bombe finit par tomber. La Confrérie moderne, le Comte Di Smorggia et l'enfer de Boston. Le patron de la Léolagus Corporation expliquait doucement son histoire. Il marqua quelques poses dans lesquelles Nakor ne prit pas la parole, lui aussi trop plongé dans ses souvenirs douloureux. Puis il planta un regard froid et perforateur dans celui de son interlocuteur et le laissa terminer son argumentaire. Les plats étaient servi, de la fumée s'en dégageait et les deux hommes se faisaient face. Le silence s'installa quand Doris se tut et le professeur de physique-chimie de l'Institut resta là, inamovible au possible. Comme une statue qui ne respire pas, qui ne bouge plus et qui depuis des siècles, dans son écrin de pierre, reste à jamais immuable. Cela ne dura que quelques brefs instants, mais ce fut assez long pour que le monde semble s'arrêter d'exister. Puis comme si la machine s'était remit en route, tout repartie à cent à l'heure, sans possibilité de freiner, de s'arrêter ou même de ralentir un peu la cadence de ce monde de fou. Le maitre du métal étrécit son œil gauche et ouvrit grand son œil droit tout en prenant la parole

"Seriez-vous en train de prétendre que vous avez réintégré les rangs de la Confrérie Moderne dans le seul et unique but de pouvoir la détruire de l'intérieur? Seriez-vous en train d'essayer de me faire croire que vous allez pouvoir tromper des gens comme Maria Yevgeniyen ou Twikjeya Elkash et les doubler, voir les tripler?"

Nakor marqua une pause, souffla longuement, saisi son couteau et sa fourchette et les planta comme un monstre vorace dans son steak au poivre, il en coupa un morceau, comme énervé et l'enfourna dans sa bouche, il mâcha et observa Doris. Le prenait il pour un imbécile? Le jeune garçon avait il le culot de tromper son monde, d'être hautain ou de négliger la capacité de réflexion de ses proches? Il termina donc de mastiquer et reprit afin de détruire le silence

"Vous savez Doris ... vous êtes peut-être un génie et un inventeur incroyable, vous êtes sans aucun doute très intelligent aussi, mais la Confrérie Moderne a, à sa tête, des mutants d'une incroyable intelligence, doublé d'une ruse et d'une capacité à la fourberie qui dépasse l'entendement. Et quand bien même vous dites vrai, savez vous ce que l'on dira de vous, ce que l'histoire gardera comme trace de votre existence : du traitre, qui par d'odieuses manipulations est venu à bout d'être abjecte afin de quoi? De prendre leur place! Votre méthode est risquée car vous vous permettez d'utiliser, peut-être à votre propre insu, les mêmes artifices que ceux de la Confrérie que vous voulez détruire. Pensez-vous que l'on est moins un pyromane quand on met le feu à une maison afin d'être sûr qu'elle ne sera pas brûlée par un pyromane? Intégré un groupe d'extrémiste, c'est forcément accepter pour une certaine durée, de se comporter comme eux et donc d'être comme eux Doris! La seule chose que vous détruirez ainsi, c'est vous même, votre essence propre et celle de vos proches. La Confrérie Moderne, quoi qu'elle en dise, défend l'idée que les mutants sont au dessus des humains et que par conséquent ils ont le droit de diriger leur vie, d'être les rois sur cette terre et les humains les esclaves! Nous ne sommes pas le bien et eux le mal, nous sommes une idée de la vie et eux une autre. Deux idées qui sont radicalement opposées, rien de plus. En chacun de nous il y a du mal et du bien, et voilà longtemps que je n'ai plus une vision manichéenne du monde, mais ce que j'en dis, c'est que vous allez vous bruler les ailes jeune oiseau et que, les dégâts une fois causés, ne seront pas facilement réparables!"

Nakor se tut alors, il avait essayé de ne pas prendre un ton professoral, de ne pas être un donneur de leçon, et donc de seulement donner son point de vu. Mais dans le même temps, croire qu'on pouvait débattre sans prendre partie pour ses propres idées était une idiotie éhontée. Bien sur que chaque camp défendait son point de vu et y croyait. En tout cas Nakor n'avait pas prit un ton cassant ou méprisant, il voulait vraiment discuter avec lui et voir jusqu'où cela pouvait aller. Il allait donc couper un autre morceau de viande qu'il tremperait ensuite dans sa sauce fabuleuse quand il ajouta

"Et vous ne me décevez pas Doris, sachez que, de ma vie, ma plus envoutante valse, je l'ai dansé avec Maria la Sanglante."

La perche était tout de même tendue : Nakor n'avait aucun problème, il pouvait très bien discuter avec un Confrériste sans avoir envie de le tuer de ses mains. A la Suède de répondre maintenant.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 1 Mar 2012 - 15:12

"Serait elle une mutante apte à se téléporter sur de longues distances lorsqu'elle ressent que son mari va ingurgiter de la viande?"

Le piaffement de Nakor incita Doris à plaisanter, pour montrer qu'il était d'assez bonne humeur. Il fallait cependant trouver une pointe d'humour, la petite finesse d'esprit à avoir, ce qui était difficile. Rebondir, voilà la solution, il devait rebondir sur les propos de son interlocuteur afin d'exagérer et, par là, déclencher un soubresaut comique.

- A vous je peux le dévoiler, soupira Doris dans un souffle, le sourire aux lèvres. Ma femme est bien une mutante... Elle est capable... De... Téléporter sa mauvaise humeur en cas de désaccord marital.

Si, c'était une autre remarque très drôle, dans son référentiel de suédois coincé. Enfin, coincé, n'exagérons rien.
Par exemple, il était très difficile de choquer le bientôt quarantenaire, du moins par les moyens usuels : sexe et drogue ne le feraient même pas ciller. Éventuellement assister à une exécution publique lui ferait battre des yeux – les douloureux traumatismes gravés dans son âme frêle auraient raison de ses sentiments de ce côté là – mais pas plus. Assister à l'assassinat d'un enfant par sa propre mère, qui l'aurait aimé et élevé dans ce seul but, lui tirerait un soupir de lassitude.
Bien que condamnables et moralement inexcusables, ces dernières pratiques le dérangeraient à peine, preuve qu'il est donc très ouvert d'esprit.

Cependant, en terme d'humour il en allait autrement. Rares étaient les cas où Doris riait de bon cœur, joyeusement. Si une blague mutophobe le rendait hilare, c'était par pure politesse, parce qu'il devait rire à ce qu'on lui disait. Pareil pour toutes les blagues dont le thème se terminait en -phobe. Et en -phile. Et en -.
Bref, la vie était joyeuse chez les Léolagus, tellement qu'il lui vint l'idée de distordre l'espace-temps afin de pouvoir poursuivre cette partie de la discussion encore un peu.


- Vous savez ce que c'est, les femmes... On a beau se persuader qu'on dirige notre vie sentimentale, c'est encore l'homme qui fait le beau pour plaire à sa belle. A ce sujet, je ne me rappelle pas, vous avez connu le mariage ? Vous ne parlez pas de votre femme... Ou homme ?

La Suède, pays de la tolérance où les vieux papys avaient autant le droit d'être gais que les jeunes. S'imaginer la vie sexuelle de Nakor, à 90 ans, aurait sans doute quelque chose de dérangeant. Encore que, en tant que métallokinésiste capable de manipuler jusqu'à l'hémoglobine, il y avait fort à parier qu'il pourrait satisfaire sa moitié, quel que fût son sexe.
Évidemment, Doris était loin de ces considérations, il posa la question sans aucun à-priori, avec l'air de la plus pure innocence.

Mais reprenons le cours normal du temps, Nakor avait exposé son point de vue concernant la Confrérie et l'Institut et il fallait trouver de quoi répondre. En substance, les deux mutants étaient d'accord : il n'y avait pas le bien d'un côté et le mal de l'autre. Le point sur lequel l'avis du scandinave divergeait était celui des idéologies qui s'opposaient radicalement. Selon lui, la Confrérie n'incarnait pas une idéologie mais une école pour jeune – ou moins jeune, il en était la preuve – mutant.
Au moins le discours de Nakor permettait à Doris de goûter sa fameuse bouillabaisse. Elle n'était pas si mauvaise, en fin de compte. Une soupe de poissons un peu épaisse, rien de plus perturbant. Le goût était fort mais l'ensemble consistant et, même si le poisson n'était pas si frais que ça, le palais s'en accommoderait.


- Mmm... Votre vision se tient.

Doris fixait le professeur mâchonnant. Son air était alors plus grave, plus sérieux qu'auparavant. Il n'était pas un grand discoureur, sa femme était plus à l'aise en la matière et il devait faire régulièrement des pauses pour organiser ses pensées.

- Je suis tout de même surprise d'entendre ça de vous, un enseignant. L'école, une idéologie ? Sauf votre respect, à l'époque de Xavier et Magnéto c'était très vrai : il y avait peu de mutants, ou du moins on commençait à en entendre parler, et, devant la nouveauté, il fallait choisir son idéologie. Un peu comme à l'époque où on allait à l'école en fonction de sa religion. Maintenant, dans l'enceinte de la Confrérie, je vois surtout des jeunes, des adolescentes, perdus, qui sont surpris de leurs capacités, qui souvent ont reçu un traitement peu favorable, parfois venant de leur propre famille, et qui ont besoin d'un soutien pour affronter la vie qui les attend. Vous avez les mêmes à l'Institut, c'est évident.

Petite pause bouillabaisse, avant qu'elle ne refroidisse trop !

- Concernant le fait de devenir la tête de la Confrérie, vous avez entièrement raison, je ne sais pas dans quoi je me suis engagé. J'ignore qui sont les co-directrices et quelles sont leurs méthodes. C'est pour cela que, pour l'instant, j'observe, j'attends. La fourberie n'est pas toujours le seul moyen pour arriver à ses fins, il y a aussi le hasard, la patience. La Sanglante, vous disiez ? Avec une majuscule ? Il s'agit de Maria Aleksandrovna Yevgeniyen ? Certains prétendent que son pouvoir tue tous ceux qu'elle embrasse... Il y a de quoi devenir folle !

En disant cela, Doris dévoilait complètement le fait qu'il disposait encore de peu d'informations concernant la Confrérie et les personnes qui la dirigeaient. Il prit alors un faciès coupable, celui qu'aurait un enfant prit à côté d'un vase brisé : le PDG Léolagus n'avait encore rien de prévu, sa participation pour l'instant se résumait à aider des téléporteurs et à recruter des mutants difficiles d'accès.

- A mon avis, reprit-il avec une forte conviction dans le regard, ces établissements devraient être plus mixtes et plus nombreux, éparpillés dans le monde. Trop de communauto.. De commamuni... Ça fait trop « communauté », il n'y a pratiquement que des mutants à la Confrérie et, du peu que j'en sais, c'est aussi vrai à l'Institut. D'autres établissements devraient voir le jour, nous ne pouvons pas nous occuper des mutants du monde entier. Cette époque est révolue !

Ce dernier point d'exclamation marquait la volonté qui habitait Doris concernant la question. Il avait déjà tenté des propositions en Suède mais elles ne prirent pas, les autorités jugèrent qu'il y avait plus urgent à penser.

La Suède répondait à la France dans un échange cordial, à elle de rendre la pareille.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyMar 6 Mar 2012 - 18:44

Le Suédois faisait des efforts. En effet s'il semblait être à son aise pour tout, sa façon de faire de l'humour montrait qu'en réalité il n'était pas si à son aise que cela ou qu'il n'avait pas grande habitude de plaisanter et de rire. Il fit donc un petit trait sur le ton de la conspiration et parla de sa femme, qui devait sans doute être un véritable diable. Le maitre du métal s'était un peu rapproché, afin d'augmenter l'air conspirateur, comme si, en parlant trop fort, la femme de Doris risquait d'entendre ce qu'il disait et déploierait sur lui son terrible pouvoir. Une fois la blague terminé, Nakor fit simplement

"Hoooo!"

Comme s'il comprenait subitement quelque chose de terrible et de dangereux puis pouffa de rire dans un hochement de tête vigoureux, comme pour certifier que oui, c'était un très bon jeu de mot. Puis sur la badinerie et dans l'envie de laisser ce moment simple et vrai durer, le patron des entreprises Léolagus fit une autre percée, cette fois sur la vie de façon générale et parla de femme ou ... ou d'homme!

"Par tous les dieux du ciel un homme! Ho grand dieu non, non pas les hommes. Même si j'avoue avec les années qu'il est un peu idiot finalement de mourir bête sur ce point, je n'ai jamais eu envie d'un homme. J’admets sans aucune gène quand un homme est beau, mais ça ne va pas plus loin. J'ai par contre en effet eu la grande chance de connaitre le mariage. J'ai rencontré une jeune et magnifique femme quand j'avais dix huit ans ... mon dieu c'était il y a soixante treize ans ... ça ne me rajeunit pas n'est-ce pas. Elle s'appelait Audrey et elle était belle comme il n'est pas imaginable de l'être. J'en étais follement amoureux, nous nous somme mariés deux ans plus tard, alors que j'avais vingt ans, puis nous avons décidé d'attendre un peu avant de mettre un enfant en route. L'année suivante nous nous sommes lancés et pendant qu'elle était enceinte, nous sommes tombés au mauvais moment au mauvais endroit. Une émeute à éclaté et ma femme a été tué en recevant une balle perdu dans le ventre ... ce qui a aussi tué l'enfant qui était en formation. Cela m'a ... "

Puis Nakor souffla longuement, les yeux secs mais perdus dans le vide quelques instants

"Oui cela m'a dévasté à l'époque et me ronge sans doute encore un peu aujourd'hui soixante dix ans plus tard. Mais depuis lors j'ai été incapable d'aimer quelqu'un d'autre et je suis resté seul. Avec le recul je me dis que j'ai tout de même eu la chance incroyable de connaitre l'amour, vrai, intense, fusionnel ... et ce souvenir plein de beauté me remplie aussi le cœur d'une grande joie nostalgique mon Doris. Enfin tout cela ne sont que des histoires de vieillard."

Nakor balaya, avec un air bonhomme, l'air devant lui comme pour dire que cela n'était que le passé et que pleurer sur le passé n'avait aucun sens, bien au contraire, que c'était une atteinte à ces événements. Car si sa femme en avait eu le choix, elle aurait voulu vivre bien sur, alors Nakor n'avait pas le droit de gâcher sa vie en pleurant. Voilà sans doute pourquoi le vieux fou riait aussi souvent, à plein poumon et de façon sincère : il aimait trop la vie et savait ce qu'elle avait de précieux depuis trop d'années. La discussion avait reprit son cours, les plats étaient arrivés et surtout la révélation fut faite. D'un côté, Nakor avait révélé ses pouvoirs, de l'autre Doris avait révélé son appartenance à la Confrérie Moderne. Il y eut un échange d'idées et maintenant la balle était dans le camp de la Suède, la France avait répondu et attendait la suite. Ce qui se fit, avec quelques petites fautes de langages mais en restant poli et argumenté. Il y avait des faiblesses dans les propositions mais il semblait croire en ce qu'il disait. Le professeur fronça les deux sourcils cette fois, fit claquer sa langue et se tassa sur le dossier de sa chaise, comme pour bien se mettre à son aise et prit la parole après avoir avalé un dernier morceau de son excellent steak au poivre

"En tout premier lieux, si vous êtes surprise et que vous devenez folle, je ne saurai trop vous conseiller de revoir avec attention toute votre sexualité mon cher Doris. Je pense que vous êtes plutôt surpris et que vous en devenez fou. Mais trêve de plaisanterie voulez-vous? La rhétorique que vous déployez est valable pour des jeunes adultes qui n'ont pas encore réellement réfléchie à la question et sans doute qu'avec cinquante ans de moins je vous aurai dit amen ... mais ce n'est pas le cas. L'école des mutants, pas une idéologie? Et depuis quand? Nos jeunes mutants sont les mêmes qu'il y a soixante ans Doris : ils ont peur de ce qu'ils sont car le monde entier à peur de ce qu'ils sont, les parents sont désarçonnés et les institutions mettent au banc de la société ces jeunes enfants différents. Ils sont donc perdus et non confédérations respectives les prennent en charges, afin de leur apporter un peu de sécurité, de tranquillité et une éducation que le reste du monde n'a pas put leur apporter. Ca c'est le travail d'une école, peu importe son idéologie. Mais nous ne sommes pas de simples écoles et vous le savez, dans votre organisation l'idée principale prônée par ses représentant et donc sans aucun doute par ses enseignants c'est la supériorité absolu du mutant sur l'humain et une grave conséquence de cette supériorité : le droit qui sortirait d'on ne sait où et qui permettrait donc aux mutants d'être les maitres du monde et les humains au mieux des esclaves, au pire des cadavres! Dans notre organisation, en plus de servir d'école, et d'éducation nous prônons l'idéologie inverse : ce n'est pas parce que nous avons été rejeté et que nous avons des pouvoirs que d'autres n'ont pas qu'il faut se croire au dessus de tout. Nous prônons une mutualité des ressources et une vie commune possible. Nous luttons contre l'envie de prendre le pouvoir et de se permettre de tuer les humains parce qu'ils nous seraient inférieurs ... car en faisant cela, en développant l'idée que développe la Confrérie auprès de ses jeunes, ils ne se comportent pas mieux que les humains pour qui ils ont tant de haine."

Le vieil homme fit une petite pause pour se rincer la bouche avec un grand verre d'eau qu'il but d'une seule traite. Il revint alors vers Doris et continua, avec du respect et en essayant de ne pas être trop cassant. Un vrai combat politique!

"Je connais bien Maria en effet, et croyez moi, je sais précisément quelle idéologie elle donne à son enseignement. Si nous n'étions que des enseignants normaux, il n'y aurait pas d'idéologie à transmettre, juste des connaissances. Mais en tant que mutant, à chaque instant et en dehors des cours, nous devons prendre en compte la différence de nos élèves, leurs incroyables capacités et nous nous devons de répondre à la multitude de questions qu'ils se posent sur la vie, le sens de leur vie, la signification de leur possession de pouvoir et ainsi de suite. C'est ici que s'ancre l'idéologie Doris. Et une femme comme Maria, qui prend plaisir à toucher de ses mains la peau d'un ennemi à sa cause et qui déverse alors dessus son poison d'enzyme ou de je ne sais quel produit organique qui détruit la peau comme un acide, laissant de magnifiques trainées de sang et de douleur, et bien croyez moi, une idéologie, elle en a une et elle la transmet à tous ceux qui veulent bien l'entendre! Ce que vous proposez est en effet une nécessité de nos jours. Notre monde compte trop de mutant et seulement deux organisations ne peuvent pas englober le flux si grand de jeunes mutants qui ont besoin d'être guidé dans ce nouveau monde qu'est désormais le notre. Mais que vous le vouliez ou non, les humains ne sont toujours pas prêt à accepter auprès d'eux des mutants, et tant que cela sera le cas, aucune école mixte ne pourra voir le jour. Voilà donc pourquoi je milite encore à mon âge pour que nous cessions de nous croire supérieur aux humains. C'est à cause de cette idée qu'ils ont peur de nous et c'est dans cette haine que né l'impossibilité de fonder des écoles de mutants partout dans le monde : réunis dans un même lieu, nous pouvons nous protéger d'éventuelles menaces extérieurs, trop disséminés dans le monde nous serons mit en danger et rien de plus. Et voilà encore en quoi je crois, tant que la Confrérie existera, les humains ne pourront pas nous accepter tel que nous sommes."

Puis le serveur revint pour débarrasser la table et demander si tout avait été. Le vieillard répondit simplement oui d'un hochement de tête et attendit qu'il termine pour que Doris puisse répondre et que leur échange dure ou non. En tout cas bientôt ils commanderaient le dessert. Sera-t-il sanglant et dévasté, ou unis et heureux d'avoir été échangé ... c'était à la Suède de jouer maintenant.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyDim 15 Avr 2012 - 11:03

Ce n'était pas tout mais l'heure tournait ! Entre plusieurs digressions, les mutants ne l'avaient pas vue filer et elle glissait entre leurs doigts taquins en riant à gorge déployée. La coquine, son rire cristallin aurait abasourdi n'importe quelle personne normalement constituée d'un cœur et d'un semblant de cerveau.

N'importe qui se serait laissé prendre au jeu. N'importe qui !
Bon, peut-être pas Samarah la froide, ni Twikjeya la très froide. Encore moins Nathaniel le vide, Basile le changeant ou Tess la chasseuse.
Correction donc : tout le monde ne se serait pas laissé prendre au jeu.

Cependant, Doris et Nakor oui, et le temps filait telle une anguille ondulante au grès des vagues et des remous d'une rivière de printemps. On était en hiver mais, comme s'alarmaient les écologistes, il n'y avait plus de saison. Autant voir le bon côté des choses.

Les révélations sentimentales du vieillard plongèrent Doris dans une réflexion non feinte. Et si Lina venait à disparaître ? Et si son support s'écroulait, que deviendrait-il ?
L'apport financier n'était pas un problème pour l'un des plus riches PDG d'Europe. Non, le souci serait le soutien à long terme qu'elle représente : elle était une négociatrice redoutable, capable de comprendre finement la volonté et les souhaits de ses interlocuteurs. Elle s'était avérée sans faille, digne d'une confiance absolue. Elle était amoureuse, évidemment, et, même si ce n'était pas strictement réciproque, Doris reconnaissait volontiers qu'elle était une alliée de choix.
Les enfants pourraient certainement se débrouiller sans elle. Bien sûr, ce serait difficile pour eux, ils la regretteraient un temps plus ou moins long, mais ils apprendraient à vivre sans elle. Tous les orphelins s'en remettent à un moment ou à un autre, sauf dans les cas où ils se suicident. Ce serait triste mais surmontable. Difficile mais pas impossible.
Au final, la suédoise permettait l'accès à un certain confort. Elle devait vivre encore longtemps, malgré les sombres desseins qui se peignaient contre elle.

Lorsque Nakor balaya d'une main l'air qui se pressait devant lui, Doris comprit qu'il n'était pas nécessaire d'insister. En apprendre plus n'aurait sans doute eu aucun intérêt et, en plus, les horloges devaient se remettre au présent, à la fin de la tirade richement argumentée de l'ancêtre.
Le scandinave écoutait attentivement tout en finissant son bouillon de poissons. Très concentré, la première blague le déstabilisa un peu mais il se reprit, ayant saisi depuis un bon moment le côté taquin de son interlocuteur.
Le métallokinésiste avait mis en évidence le côté utopiste et avant-gardiste de son vis-à-vis, et c'était parfaitement touché : Doris était un rêveur, de ceux qui ne se décrochent jamais de leur nuage.
En revanche, la conclusion de la dernière tirade était un peu dure, et il fallait réagir.


- Je crois que vous… Stigmatisez ? Non, stigmatez ? Bref, vous ne pouvez pas envisager la Confrérie Moderne comme la source de la mutophobie, ni que sa disparition pourrait régler le problème de la peur. Sincèrement, en admettant qu’elle soit effectivement aussi extrémiste et radicale que vous le pensez, je ne crois pas qu’elle soit, dans l’esprit des gens, très différente de l’Institut. Vous avez à votre tête quelqu’un de très puissant, une mentaliste hors normes, capable de faire aller les gens contre leur conscience. Elle ne le fait pas, précisa-t-il pour montrer qu’il ne voyait pas Samarah comme un tyran omnichiant, mais elle le pourrait. Sans doute pourrait-elle plus, et, dans l’imagination populaire, c’est bien suffisant pour avoir peur.

La bouillabaisse était sur le point de rendre l’âme, aussi son chant du signe tint dans une cuillère à soupe. Pas de pain pour récurer l’assiette, le pain suédois était bien trop dur pour qu’il permette ce genre d’habitudes.

- Même vous, vous êtes un fin métallokinésiste. Le contrôle du métal est une capacité puissante, pratiquement tout est fait de métal de nos jours. Si vous me promettez que vous ne l’avez jamais utilisé pour votre profit personnel, je ne vous croirais pas. Les humains sans gène X auront toujours une méfiance à votre égard, non pas parce que vous faites du mal mais parce que vous pourriez le faire. L’Histoire nous a montré que les amalgames sont néfastes pour la société, rappelez-vous de la montée de l’antisémitisme dans les années 1940 et celle de l’islamophobie dans les années 2020, mais les gens feront toujours les mêmes erreurs et ils recommenceront quand le cas mutant ne sera plus d’actualité.

Se rendant compte que sa conclusion était particulièrement pessimiste, il précisa :

- Bien sûr, mon discours pourrait sortir de la bouche d’un radicaliste mais vous noterez que, contrairement à l’élimination de l’un ou l’autre partie, je préconise une nouvelle méthode d’éducation. Elle est inapplicable en ce moment, nous sommes bien d’accord, mais un jour vous verrez que l’acceptation aura raison de la différence. Enfin, je l’espère. Les lois seront aussi applicables aux mutants, même les plus puissants, et… Merci pour la carte.

Le serveur venait d’apparaitre et de s’immiscer à leurs côtés grâce à des techniques de camouflage dignes des plus grands ninjas. Le repas touchait à sa fin et le dessert se rapprochait à grand pas. Doris n’était pas très sucré mais il avait envie d’un peu de douceur après un potage si salé. Aussi il n’oubliait pas le petit marché qui était convenu.

- Comme j’ai perdu, je vous laisse choisir un vin, n’importe lequel. Il lança un clin d’œil complice à Nakor pour l’encourager à choisir selon ses goûts et non pas en fonction du prix. Au fait, je me disais, il y a plein de dessert et que me conseilleriez-vous après une bouballaise ? Les profiteroles me semblent un peu trop lourdes, le flan trop sucré… Vous avez sans doute un avis, j’en suis certaine.

Certaine comme folle, Doris n'avait remarqué la dernière remarque humouristique de Nakor concernant son sexe. Il devait se concentrer sur le fond pour comprendre la discussion qui était très exigeante. Une fois la commande passée en accord avec le choix de l’ancêtre, Doris poursuivit.

- En réalité je connais peu la Confrérie. Je pourrais paraitre de mauvaise foi donc je pense arrêter d’argumenter et prendre le temps de m’inquiéter. Si effectivement les méthodes y sont si peu morales, de deux choses l’une : soit je la quitterai, au profit de l’Institut, soit j’y ferai valoir un peu de tolérance. Et j'ajouterai, continua-t-il avec un air radieux, qu'il est agréable de discuter avec vous, même si ça n'a pas grand rapport.

Il était effectivement radieux : autant il y avait eu des moments graves dans l'échange, autant le tout avait été très plaisant et très cordial. Peut-être les deux scientifiques s'étaient-ils rapprochés, peut-être s'étaient-ils éloignés ? Dépendamment du point de vue, un rapprochement avait eu lieu, en dépit de la divergence d'opinion.
C'était une assez belle journée.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 3 Mai 2012 - 13:29

Le repas touchait à sa fin, ils avaient tous deux consommés leur plat, avec vigueur autant dans les coups de fourchettes que dans les propos, chacun avait son argumentaire et le vieux professeur avait passé sa vie à lutter contre les amalgames, les peurs et la haine. Il était habitué à développer son discours et défendre sa position. En effet, plus de quatre vingt dix années de vie à combattre pour une même cause rendait le discours puissant et sans grande faille. Doris plongea dans la seule faille apparente des propos du vieillard et développa son point de vue. Nakor écouta avec attention, les yeux un brin plissé sous la concentration. Ainsi donc Doris n'était qu'un doux rêveur, qui avait intégré dans le Confrérie sans trop se demander s'il était mieux d'intégrer une congrégation plutôt qu'une autre et qui voulait remettre de la vie et de l'humanité dans cette engeance nauséabonde. A ce moment là, Nakor se mit à sourire, de façon franche, sans moquerie, mais plutôt touché par cette sincérité mignonne. Un peu de fraicheur ne faisait pas de mal! Le vieux fou allait répondre à tout cela quand l'autre imbécile heureux de serveur revint avec ses maudites cartes! Nakor l'arracha presque des mains et entendit les conseils du suédois. Le vieil homme hocha la tête et comme s'il ne venait pas d'entendre un flot de parole à propos des mutants, des humains et de tous les problèmes sous-jacents, il prit enfin la parole

"La bouillabaisse est un plat lourd, qui réchauffe le ventre et le cœur Doris. Il faut impérativement une touche de légèreté pour terminer le repas. Et pour cela, j'ai deux conseils! Même si cela m'écorche la langue, je dois avouer qu'ils ont ici, des glaces à vous faire damner! Ou une tarte poire chocolat ... ho par les dieux, vous n'avez pas idée! La douce fraicheur de la poire, parsemée de quelques gouttes de chocolat fondu, devenu croquant ... de quoi terminer le repas en beauté! D'ailleurs, garçon, deux parts de tarte poire chocolat. Et avec un peu de chantilly fieffé gourgandin! Hop ... mais où allez-vous comme ça ... une bouteille de Monbazillac! Aller aller!"

Nakor s'amusait follement à tyranniser ce jeune serveur méprisant et sans aucune manière. Voilà, un vin liquoreux, un brin pétillant qui allait à la perfection avec des desserts pas trop sucrés. Doris avait fait confiance au vieux marseillais, ce dernier espérait que le choix lui conviendrait. Puis revenant vers le suédois, il allait de nouveau prendre la parole quand celui ci le devança. Nakor se mit alors à sourire et prit enfin son tour de parole

"Il est très agréable pour moi de discuter avec vous mon enfant. Je vous l'ai sans doute déjà dit, mais j'adore danser avec Maria, pourtant nous sommes des ennemis si on reste ultra manichéen. Mon point de vu semble tranché, et il l'est. Mais bien sur, les choses ne sont jamais exactement comme on les pense ou comme on les voit, sinon cela serait trop simple. En réalité tout est d'une complexité si forte qu'on ne peut jamais vraiment comprendre tous les tenants et les aboutissants d'une situation. Il n'empêche que je reste sur mes positions : les humains auraient peur de nous, oui, ils seraient même effrayés par les folles possibilités que sont les nôtres mais nous n'aurions jamais donné au grand l'occasion de rendre ces peurs valable et tangible ... réelle! Doris, Eric était un grand mutant, pleins d'espoirs, d'envie, d'idée de liberté, mais en mettant en application ses idées de façon absolu, il a crée un mouvement de panique irréversible. Avant lui, les gens avaient peur. Avec lui, les gens ont ancré dans leur esprit que les mutants étaient vraiment dangereux, cherchant à dominer le monde. Oui, Magnéto, dans sa lutte pour le pouvoir, a laissé au monde mutant une plaie trop difficile à soigner."

Nakor souffla longuement, oui il accusait encore la Confrérie d'être responsable du niveau si élevé de haine envers les mutants. Mais, il termina ainsi, après qu'on lui ait apporté les desserts et qu'il ait servi les verres.

"Santé! De toutes les façons, nous ne pouvons pas changer le passé, il est maintenant trop tard et la disparition d'une de nos organisations ne changerait plus rien à nos affaires. En tout cas je le répète, je suis heureux d'avoir pu échanger très tranquillement nos idées là dessus, j'espère même vous avoir donné un peu à réfléchir. J'espère aussi vous avoir rassuré, car je ne suis pas absolu non plus, la Confrérie n'est pas le diable en personne, mais c'est une idéologie contre laquelle je lutte ... alors oui, je la STIG.MA.TI.SE un peu mais cela ne peut pas lui faire grand mal! Soyez en CERTAIN Doris, CERTAIN!!!!! Enfin tout de même, et parce que vous m'êtes très sympathique mon jeune ami, prenez garde à vous. En présence de Maria ou de l'autre cinglée cadavérique qui vous sert de chef ... ne tenez pas trop de discours évolutif ... elles n'aiment pas beaucoup ça!"

Nakor leva de nouveau son verre comme pour trinquer et avant de boire, ajouta

"Ho, et quand vous la verrez, saluez Maria de ma part!"

Puis Nakor se mit à rire et avala d'une traite la fin de son verre. Il finit par demander

"Alors Doris, que comptez-vous faire maintenant? Vous avez vos cadeaux pour votre épouse, vous avez goutté au maximum de spécialité du sud de mon cher pays ... que vous reste-il à faire avant de vous en aller vers votre bien froide contrée?"

Nakor savait que bientôt, le chef d'entreprise le quitterait, il n'aurait plus alors qu'à rentrer chez lui, acheter ses billets d'avion et retourner à Londres, auprès de l'Institut Moderne, afin de continuer à dispenser ses cours, aussi longtemps que la vie s'écoulera dans ses vielles veines.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 17 Mai 2012 - 16:48

"D'ailleurs, garçon, deux parts de tarte poire chocolat. Et avec un peu de chantilly fieffé gourgandin!"

Lorsque le serveur apporta le dessert, effectivement, la douceur de la poire se mêlait à la force du chocolat dans une relation qui n'était pas de l'ordre du dominant-dominé mais plutôt de l'amitié robuste qui permet à des individus très différents de s'épauler et de partager une expérience unique. Il y avait un peu de Doris et Nakor dans cette tarte, quand on y repensait. Au sens figuré, bien entendu.
La crème fouettée se rajoutait sur le tableau, aussi légère qu'une plume mais aussi grasse qu'une chanteuse lyrique.

Le scandinave comprit le fond de la pensée Nakoréenne et opina du chef, bien qu'il ne fut pas d'accord sur tout. Comme le métallokinésiste se plaisait à le radoter, on peut faire un pas de deux avec Maria tout en étant contre l'idéologie qu'elle entretient.


- Je vous remercie pour vos mises en garde, ajouta-t-il humblement. J'ai pour l'instant eu un bref contact avec elles mais je saurai me rappeler de l'avis d'un... Grand professeur ? D'un ami ?

Peut-on devenir ami avec une personne que l'on a rencontré deux heures auparavant, à peine ? Rien n'était moins sûr mais, en utilisant ce terme sans trop le maîtriser, Doris voulut mettre en avant le fait qu'il avait apprécié la douce après-midi qu'il avait passé.
Encore que, douce était sans doute erroné puisqu'elle n'était pas finie et que de lourds nuages commençaient à pointer le bout de leur volute.

Doris regarda distraitement le ciel en se demandant s'il aurait le temps de rentrer avant la pluie.


- Je ne manquerai pas de lui passer votre bonjour. Puis, en goûtant le fameux Monbazillac, il poursuivit. Très bon vin que vous avez là, doux, il convient à merveille pendant le dessert. Je félicite votre excellent goût du vin. Pour vous répondre, je pense que je vais rentrer en Suède, retrouver ma famille. Depuis que j'ai rejointe la Confrérie Moderne, je n'ai pas eu le temps de les embrasser.

Puis, après un petit temps de réflexion, il ajouta :

- Et vous alors, qu'avez-vous de prévu ? Vous allez rentrer retrouver vos élèves ? Êtes-vous du type blasé, qui ne voit plus la beauté du métier et qui se porte mieux loin de ses jeunes, ou plutôt du type enthousiaste comme au premier jour, qui a le cœur qui bat d'excitation à l'approche de la rentrée ?

Doris avait une idée en tête, une très bonne idée de son point de vue. Il attendait de voir la réponse du mutant assis face à lui pour développer un dernier sujet de discussion.
Nakor avait un très bon potentiel. A suivre...
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 17 Mai 2012 - 19:35

Le dessert semblait avoir fait son effet, il plaisait à l'homme du nord et tout au fond de lui, Nakor en fut soulagé. Ils discutèrent, ils mangèrent et ils finirent par se mettre d'accord sur un point : chacun avait son point de vu, chacun l'avait défendu et avait donné ses gardes, il était temps de passer à autre chose et tout comme la fin du repas, il fallait sans doute approcher de la fin de cette belle rencontre. Et en plus, le train allait bientôt arriver et Nakor était un maitre de l'horaire. Tout comme les rouages métalliques de sa montre à gousset du siècle passé, le vieux professeur accordait une bien grande attention au temps. Un passe temps de vieillard qui voyait sans doute sa propre horloge interne fuir inexorablement vers son arrêt définitif et qui devait donc profiter de chaque seconde sur ce monde. Doris finit par prendre la parole et le vieux fou écouta avant d'ouvrir grand les yeux et de sourire au moins aussi grandement

"Mais mon cher, d'un ami j'espère!"

Nakor tendit la main afin que le jeune et sympathique Doris la lui serre pendant qu'il dirait

"Le temps d'une rencontre n'a que peu d'influence sur le niveau de lien crée entre les deux personnes. C'est plutôt l'état d'esprit et les idées, les rires et les souvenirs échangés qui peuvent faire d'un lien, une amitié, une haine, un passage ou un oubli. Et j'ai envie de dire qu'aujourd'hui n'a aucun rapport avec un bref passage et un oublie."

Nakor glissa un clin d'œil et explosa de rire, un rire jovial, frais, sans raison mais là! Le professeur inclina la tête quand son homologue Suédois lui indiqua qu'il avait vraiment bon gout pour le vin. Il écouta ensuite et glissa rapidement, comme une dernière pique grammaticale

"Pensez aussi à réviser les genres et les nombres de la langue française ma chère!"

Puis Nakor se mit à glousser comme un fieffé imbécile heureux. Doris posa une dernière question avec un brin d'espièglerie dans la voix et surtout dans les yeux. Mais il venait de toucher la corde la plus sensible du vieillard. Ce dernier prit la parole sans hésiter une seule seconde

"Cela fait maintenant soixante sept ans que j'enseigne Monsieur Léolagus, et je n'en suis toujours pas fatigué, bien au contraire. Rester au contact des jeunes est d'un motivant, d'un revigorant, d'un renouvelant incroyable. On croit qu'une année ressemble à l'autre ... JAMAIS. On croit qu'on se fatigue d'enseigner, de transmettre ou d'expliquer la même chose ... mais ce n'est JAMAIS la même façon de faire, de dire et d'expliquer, cela dépend tellement des oreilles qui écoutent. J'ai toujours une légère pointe au cœur la veille de la rentrée : est-ce que cela va bien se passer? Est-ce que je vais les intéresser? Est-ce que je vais réussir ma mission d'enseignant et faire progresser mes élèves sur le chemin de la connaissance? La connaissance Doris! Bon sang mais que c'est passionnant, important, utile et nécessaire au monde ... comment peut on imaginer que je cherche à fuir mes élèves. Evidemment cela serait possible si je me faisais déborder par eux, mais j'ai quand même un peu d'expérience derrière moi et les petits bout en train, ou les empêcheurs de tourner en rond ... "

Puis Nakor explosa de rire, comme s'il était ridicule de penser pouvoir faire tourner en bourrique le vieux fou. Il allait reprendre quand le serveur apporta la note. Le vieil homme continua à parler tout en cherchant quelques billets dans sa poche

"Non vraiment j'ai encore et peut-être même chaque année un peu plus, une grande passion pour mon métier ... à ce niveau là ce n'est plus un métier, c'est un art, une religion même! Et donc je vais rentrer sur Londres, afin de reprendre mon poste et accueillir les élèves pour la rentrée qui approche. D'ailleurs à ce propos, je vous invite à me suivre afin que nous amenions à son terme notre belle discussion Doris."

Nakor se leva, invita le suédois à avancer dans la bonne direction et c'est en chemin qu'il demanda

"Mais dites moi ... pourquoi cet intérêt pour l'éducation et mon état d'esprit à ce propos?"

Et oui, Nakor aimait savoir pourquoi les gens pensaient à ce qu'ils pensaient. Un enseignant au sommet de sa forme que ce vieux fou.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyJeu 31 Mai 2012 - 20:13

"Pensez aussi à réviser les genres et les nombres de la langue française ma chère!"

Et paf, dans la narine !
Doris commençait à comprendre un peu comment fonctionnait Nakor. Il riait de tout, franchement, comme un grand-père bien portant le ferait avec sa famille, ses petits enfants. Le suédois était parvenu à comprendre qu'il s'agissait d'un trait d'humour avant même que la phrase ne soit terminée. Ainsi il comprit d'avantage le fond et notamment le « ma chère ».
Cela n'était pas aussi trivial qu'il y paraissait. En suédois, il n'y avait pas de masculin ou féminin, il y avait le commun et le neutre, qui s'appliquaient sans raison de la même manière à tel ou tel mot. Comprendre que l'emploi du féminin ici était irrégulier dans un but comique était difficile à saisir et au-delà du niveau linguistique du nordique.
Cependant, il y parvint, en partie grâce à son intuition et grâce à la manière d'être de Nakor : avant de rire, il y avait des changements quasiment imperceptibles dans son port.

Doris rit donc tout aussi franchement, assez content d'avoir un tel niveau de compréhension de la langue française.


- Je ferai de grandes efforts, ajouta-t-il avec un clin d’œil, en insistant bien sur le « grandes ». Il avait exagéré la prononciation de la liaison, pour montrer que lui aussi était capable de plaisanter à ce sujet. Qu'on ne dise pas que Doris était un mauvais élève !

Tout en écoutant le développement enseignant de l'ancêtre, le scandinave téléporteur confrériste opina du chef. Ce que disait son interlocuteur était très positif. Une telle envie de transmettre existait donc. Il se concentra tout le long pour ne pas en perdre une miette. A la fin, il lâcha un « pas mal » pour montrer qu'il avait compris ces propos tenus fermement, mais amoureusement.
Il se demanda un instant si Nakor n'avait pas fait une sorte de transfert affectif : pour supporter la disparition de la femme qu'il aimait, peut-être s'était-il investi intégralement dans son métier ? Son amour de la jeunesse correspondrait à l'enfant qu'il n'a jamais eu.
Une fois n'était pas coutume, le téléporteur confrériste scandinave eut un excès d'empathie. Il trouvait cela triste et espérait se tromper, tel un éléphant expérimenté.
En bon menteur il n'en laissa rien paraître.


- Volontiers, répondit-il à l'invitation de se déplacer vers une gare de trains intra-européens.

Conformément, il paya son repas et le vin. Pour cela il sortit sa carte bancaire, outil ô combien pratique.
En sortant, il sentit des gouttes d'eau lui tomber dessus. Il glissa sa main dans la veste et fit mine d'en sortir le sac contenant le cadeau pour madame. Il en vérifia l'étanchéité, la présence de petites gouttes d'humidité à l'extérieur l'inquiétant un peu. Sa planque n'était pas couverte. Il décida alors de le garder sous son manteau, réellement.

Il décida alors de répondre :


- Vous avez vu que ma question n'était pas innocente ? À vrai dire, je me suis présenté pour le poste de Directeur des Études à la Confrérie. J'espère y réformer le système scolaire pour l'adapter aux spécificités de nos élèves tout en gardant à l'esprit qu'ils doivent, à terme, s'intégrer à la société. Il y a du chemin à faire, mais peut-être pourrai-je déjà installer un système d'échange d'enseignants et d'élèves avec l'Institut ? Avec votre accord, rajouta-t-il en le regardant dans les yeux. Je n'ai pas – il se retint de préciser « encore » – le poste, mais j'ai déjà des idées pour bousculer l'enfermement dans lequel vit le groupe auquel j'appartiens.

Déjà ils arrivaient face à la gare, un bâtiment imposant, au style architectural moderne et clairement axé sur l'efficacité. Elle semblait avoir été construite pour voir des milliers de personnes tous les jours avec le minimum d’accrocs.
Le confrériste scandinave téléporteur se tourna vers l'institutionniste français métallokinésiste afin de prendre note de son avis, peut-être le dernier de la journée.

La probabilité qu'ils se fassent agresser dans ce lieu était de une pour un million. Parfois, cela suffit.
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptyMar 17 Juil 2012 - 13:11

Le jeune suédois avait clairement quelque chose à l'esprit. Nakor avait fait sa petite blague et il fut impressionné de voir qu'elle avait été comprise. Le vieux fou salua d'un hochement de tête souriant, la remarque non négligeable de son ami du moment. Il posa enfin une question qui lui tenait à coeur apparemment. Nakor bien évidemment, ne recula pas, au contraire il enfonça la porte ouverte et prit la parole avec passion et conviction. Ils se mirent à marcher en direction de la gare et ce fut cette fois Doris qui parla. Sur le chemin on put entendre la canne de Nakor frappait le sol à un rythme régulier. Le développement suédois arriva à sa fin quand ils pénétrèrent dans la gare. Machinalement le vieux français empruntait les bons couloirs et les bons escaliers. Il resta étrangement silencieux, comme s'il réfléchissait profondément à la proposition pleine d'utopie de Doris. En effet, qui accepterait que des Confréristes, entrent dans l'Institut et transmettent leur haine aux petits élèves de Nakor et qu'inversement, des Institutionnistes osent mettre une pieds dans le sacro-saint des saints de la Confrérie ... d'un seul coup, alors que le train n'était plus très loin, Nakor explosa de rire et se tourna vers Doris qu'il n'avait alors pas encore regardé

"Mon cher petit, vous êtes un utopiste encore plus chevronné que moi! Et j'aime çà. Si vous voulez mon avis aucun directeur ni de l'Institut Moderne, ni de la Confrérie n'acceptera qu'un enseignant mette le pied chez eux, ni même d'envoyer un de leur élèves entre les mains d'un enseignant de l'autre camps ... par contre, en terrain neutre, un mixage, un échange de pratique, de pédagogie, d'approche ... comme cela serait intéressant."

Le train venait d'entrer en gare et sa cloche sonnait l'ouverture des portes, les gens se jetaient dedans alors que toutes les places étaient assignées. Le maître du métal attendit d'être le dernier sur la gare, dans le silence, pour donner sa dernière réponse

"Lorsque votre projet sera avancé Doris, contacté moi par courrier, je verrai alors ce que nous pouvons faire ensemble pour cette jeunesse si demandeuse. Jusque là, je vous souhaite une santé de fer!"

Nakor se mit à rire, un commandeur du métal qui parlait de santé de fer! Voilà un bon mot. La porte allait se refermer. Nakor la retint grâce à sa mutation puis fit un pas en arrière, en inclinant le visage, comme pour saluer le suédois et laissa enfin la porte se refermer. Le train à vitesse sub-luminique prit son départ et la belle journée de rencontre se termina enfin. Une fois seul dans le train, le français souffla en souriant et se dit à lui même

"Décidemment, voilà un jeune homme tout à fait sympathique et intéressant! Le destin réserve toujours des surprises même après quatre vingt dix longues années de vie!"

Puis le vieux fou alla chercher sa place. Heureusement qu'il n'y avait personne dessus, sinon il aurait vociférer tout le long du voyage. Ce qui n'était pas bon pour son vieux coeur fatigué
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MessageSujet: Re: [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône [RP] Lèche-vitrine dans les Bouches-du-Rhône EmptySam 11 Aoû 2012 - 13:44

Une fois les derniers échanges de politesse effectués, Doris regarda le train partir avec un certain soulagement. Bien que la journée fût intéressante, elle n’en fût pas moins éprouvante. Le vieux fou nécessitait une bonne dose d’énergie pour être suivi.
Au moins, l’objectif de la journée avait été accompli et Lina serait sans doute satisfaite. Il ne restait plus qu’à rentrer à la maison, en avion, classe éco.

Avant cela, Doris visita son magasin, pour voir sur le terrain comment cela se passait. Il demanda à des clients leur avis et au responsable du magasin quelles étaient les améliorations à apporter, avant d’approuver totalement.
Il ne toucha pas un mot de son projet de meuble holographique s’adaptant à la saison et à l’humeur, la gardant pour son prochain conseil d’entreprise, dans quelques mois.

Quant à la question mutante, il se demanda à quel point son idée était utopiste. Il détestait les préjugés et était prêt à travailler avec l’Institut sur un projet commun. Il demanderait leur avis aux co-directrices, et si nécessaire il agirait en cachette pour que ce soit faisable.
Il songeait aussi à développer une campagne de sensibilisation, qui reposerait sur une série d’études psychologiques et sociologique pour montrer l’impact bénéfique des mutants et de leurs capacités dans le monde actuel.

C’était réalisable. Ce serait sans doute long, et difficile, mais c’était réalisable.
Du moins, c’était là ce qu’il pensait avec conviction.
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