[RP] Tissu vs Soupçons...

Pouvoir · Humaine

La salle était prête. Une table. Deux chaises. Pas de fenêtres. Un éclairage faible aux néons. Et une vitre sans teint.

June attendait. Bien déterminée à élucider cette affaire une bonne fois pour toute ! L’ignorance la rongeait de toutes parts. C’était insupportable. Elle devait savoir. Il fallait qu’elle sache, qu’elle comprenne…

Elle avait tenté de reconstituer les pièces du puzzle au fil des différents témoignages. Et l’enchainement des révélations amenaient toutes vers une seule personne, dorénavant suspecte. La Lib’Corp avait envoyé une convocation. Elle ignorait si l’intéressée y répondrait, mais elle le saurait bientôt…

L’horloge murale décomptait les minutes avant l’heure de la convocation. Dans 3 minutes et 47 secondes, elle serait en retard.

L’humaine avait bien spécifié à sa supérieure qu’elle désirait mener l’interrogatoire seule. C’était risqué, voire dangereux ou suicidaire si elle en croyait les différents qualificatifs qu’elle avait entendu sur sa tentative. Mais June était plutôt bornée dans le genre. Et elle voulait savoir… Elle voulait savoir ce qu’il s’était réellement passé ce jour-là. Qui était responsable. Qui était le vrai coupable de l’histoire…

L’humaine fit le tour de la table et s’installa. Elle était armée. Simple précaution, même si elle espérait ne pas avoir à s’en servir. Il lui fallait des réponses… et celles-ci ne sortiraient pas de la bouche d’un cadavre.

Elle sortit un briquet de la poche de son jeans, un paquet de cigarettes de l’autre. Première clope depuis près de 20 ans…

Pouvoir · Type Gamma

Twikjeya n’était jamais en retard. Quand bien même toutes les forces du monde se ligueraient contre elle, dusse elle affronter les pires grèves et embouteillage de sa vie, il y avait cet amour de l’horloge qui triompherait de l’adversité. Elle n’était toutefois jamais en avance non plus et arriva donc devant la Liberty Corp une minute avant la fin du compte à rebours.
Et ce fut trois secondes avant que l’aiguille de l’horloge n’atteigne l’heure H qu’elle parut dans la pièce enfumée. Et fronça son adorable petit nez.

Judith Appleby, si vous avez décidé de me tuer, de grâce, faites le vite et tirez moi dans la tête plutôt que de m’intoxiquer à petit feu !

L’humaine put constater qu’elle n’avait rien à craindre de la mutante alors que celle si la dépassait pour s’installer dans le siège opposé. Twikjeya avait enfilé une petite robe noire qui ne laissait guère de place à l’imagination. Le tissu s’arrêtait trente bons centimètres au dessus du genou et soulignait ses formes étrangement contrastées. Un simple coup d’œil permettait de constater qu’il était rigoureusement impossible que mademoiselle Elkash ne cache la moindre chose contre sa peau, par ailleurs amplement dévoilée. L’enquêteur mâle de base en aurait été pour ses frais, mais d’homme il n’y avait point dans cette pièce. Sans doute s’étaient ils désistés lorsqu’on leur avait annoncé l’arrivée d’une harpie engoncée dans vêtements du siècle dernier. Tant pis pour eux.

Ce fut dans un cliquetis de ses éternelles boucles d’oreilles (qui reposaient sur des épaules nues, et le cas était suffisamment rare pour être signalé) que la jeune femme s’installa dans son siège, mains à plat sur la table. Les yeux d’acier plongèrent dans ceux de la veuve.

Que puis je donc faire pour vous ?

Pouvoir · Humaine

Une chose qu’on ne pourrait jamais reprocher à Twikjeya Elkash, c’était sa ponctualité. La dame des glaces ne mentait pas lorsqu’elle affirmait qu’elle n’était jamais en retard à un rendez-vous. Elle franchit la porte du bureau exactement 3 secondes avant l’heure du rendez-vous et referma la porte derrière elle moins d’un quart de seconde plus tard.

La première chose qui frappa l’humaine, ce fut sa tenue… peu ordinaire. La chirurgienne était réputée pour porter des tenues vestimentaires plutôt décalées, mais aujourd’hui… elle s’était surpassée. Cela étant, à part faire naitre un éclat de perplexité au fond de son regard, cela n’eut aucun autre effet sur l’humaine.

Celle-ci tira une dernière fois sur sa cigarette avant de l’écraser négligemment sur un coin de la table, non sans prendre soin d’enfumer une dernière fois toute la pièce, pour le plus grand déplaisir de la chirurgienne

L’humaine s’installa en face de la mutante

" Devrais-je avoir des raisons de vous tuer ? "

Elle plongea à son tour son regard bicolore dans les yeux clairs de la dame des glaces et déclara de but en blanc :

" Je veux que vous me racontiez tout ce que vous savez. Tout ce qu’il s’est réellement passé sur la Zone 56 "

L'humaine n'y alla pas par 4 chemins. Elle avait manqué d'informations. Or, elle avait une chronologie des évènements à reconstituer. Et des soupçons à confirmer...

Pouvoir · Type Gamma

Twikjeya resta immobile tandis que l'humaine écrasait sa cigarette sur le coin de la table. Comme 90% des fumeurs, elle était mal élevée. Mais c'était probablement lié à son utérus en lambeau après son accouchement, qui la rendait folle de rage. Twikjeya inclina légèrement la tête et sourit en dépit de la fumée qui flottait autour de son visage.

Deux raisons.

Elle leva un doigt arachnéen.

D'abord, vous êtes humaine et je considère à ce titre que vous ne valez guère mieux qu'une guenon.

Un majeur vint s'ajouter à l'index, et ces deux doigts narguaient June.

Ensuite vous avez quarante ans et il est probable que ce soit votre inaptitude au devoir conjugal en raison de votre récente grossesse qui ait poussé Kenjiss à revenir me voir.

Twikjeya eut un sourire sans joie. Parce qu'elle ne savait guère ce qu'était la joie et se contentait d'appliquer les leçons apprises auprès des pires pestes de la Confrérie pour faire enrager une rivale. Elle se renversa sur sa chaise, envoyant un mètre trente de cheveux dans des ondulations à faire pleurer un mannequin professionnel.

Alors June, dites moi ce qui se passe. Je vois à vos yeux rouges que vous avez pleuré. Je vois à votre cigarette que vous êtes stressée. Je vois à vos haillons déplorables que vous n'avez guère envie de profiter d'un corps pourtant encore gonflé par votre accouchement pour passer votre peine sur le premier éphèbe venu.

Alors Twikjeya récupéra le paquet de cigarettes en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, en sortit un fin bâton de mort concentré d'un doigt agile et le cala au coin de ses lèvres pour l'allumer d'un coup sec. Elle tendit la clope désormais marquée de son rouge à lèvre sanglant à son futur bourreau.

Cigarette ? Je suis prête à endurer cette horreur si elle suffit à vous calmer. Mes interlocuteurs ne sont jamais réellement eux même et j'en ignore la cause.

Elle fronça à nouveau les sourcils dans une débauche d'émotion rarement atteinte en si peu de temps.

Donc votre question est de savoir qui a tué votre amant cocaïnomane, alcoolique, stéroïdé et dépressif, n'est ce pas ?

Pouvoir · Humaine

L’humaine leva les yeux au ciel face aux premières insultes. Au moins, celles-ci ne la blessèrent plus. Elle aurait même presque pu dire qu’elle en avait l’habitude venant de la part de la Confrériste. Cela étant, elle dut faire tous les efforts du monde pour ne pas s’étouffer lorsque la jeune slave continua. Il était certain que Kenjiss avait du aller voir ailleurs avant qu’ils n’entament leur relation. C’était tout à fait normal et elle ne se voyait pas lui en tenir rigueur. Mais de là à sous-entendre qu’il était allé voir d’autres femmes –ou plutôt cette femme !- au cours de ces derniers mois… non, ça, ce n’était pas possible ! L’humaine ne pouvait même pas l’imaginer.

"Je ne vous crois pas. "

Lâcha-t-elle à mi-chemin de la table en se retournant. Autant pour s’en persuader que pour balayer ces menaces d’infidélité du plat de la main. Ce n’était pas de ça qu’elle voulait parler de toute façon.

" Et quand bien même cela serait arrivé, ce n’est pas ça qui m’intéresse aujourd’hui " reprit-elle enfin en faisant à nouveau face à sa rivale.

Son regard brillait d’une lueur dangereuse. Kenjiss était mort. Quoiqu’il ait pu faire, on ne salissait pas le souvenir des morts… Elle tentait de se convaincre d’agir de la sorte même si l’idée même de ce squelette ambulant entre les bras du mutant lui apparut fortement déplaisante.

Elle ne broncha pas davantage quand Twikjeya décoda son attitude de la tête aux pieds. Oui, elle était énervée et elle ne pouvait le nier. Mais qui ne le serait pas à sa place ? Elle refusa néanmoins la seconde cigarette tendue. L’humaine tenait à garder ses idées claires. Elle ancra son regard dans celui de Twikjeya et déclara :

"Précisément."

Elle aurait même pu ajouter qu’elle tenait plutôt à confirmer ses soupçons au lieu de chercher l’identité de l’assassin, mais ses yeux parleraient certainement à sa place…

Pouvoir · Type Gamma

Twikjeya continuait de fixer la malheureuse avec une intensité surprenante. Ses pupilles avaient beau être dépourvues d'émotions, elles n'en conservaient pas moins leur capacité unique à mettre mal à l'aise n'importe quel interlocuteur pourvu d'un tant soi peu d'émotivité. Il n'était jamais facile de se retrouver face à un mur de glace capable de vous transmettre ce frisson si particulier alors que la pièce était convenablement chauffée, en témoignait la tenue provocante de la dame des glaces. Quant à savoir si il était facile d'observer l'amante de votre amant...

Je ne vous demande pas de me croire, je vous demande d'interpréter ce que vous savez déjà. Les baisses de régime de Kenjiss, ses distractions... Était ce vraiment dû à la fatigue de ses journées harassantes ?

Des doigts squelettiques dressèrent le fin bâtonnet blanc à la verticale, comme pour mieux observer la braise qui dévorait peu à peu le papier. Twikjeya ne souriait plus. Elle s'ennuyait.

Je peux vous raconter tout ce qui s'est passé sur la zone 56 mais vous vous ennuieriez. Nous sommes arrivés avec le jet de la Confrérie, nous avons bombardé la zone avant de débarquer et d'éliminer les survivants. J'ai pris la décision d'investir le bâtiment au plus vite pour tenter de pallier à une exécution sommaire des gardes. C'est moi qui ai trouvé Kenjiss.

Twikjeya s'interrompit un instant et pinça les lèvres, comme pour donner à l'humaine un semblant d'émotion à laquelle elle pourrait se raccrocher pour tenter de comprendre son interlocutrice. Comme pour accentuer la véracité de son récit.

Le tir était entré à la base de sa gorge et avait traversé verticalement son crâne, vaporisant le cerveau et ressortant par un orifice d'environ cinq centimètres de diamètre au sommet de la tête. L'impact était encore visible sur le plafond. Mon amant était mort, cela ne faisait aucun doute. Même vous auriez pu le constater.