La chambre d'Elaine n'était comparable à aucune autre. D'abord parce qu'elle était parvenue, à grand renfort d'oeillades, de larmes, de suppliques et de gros billets, à obtenir la plus proche de l'escalier, soit la première pièce du couloir, de façon à être sur le devant de la scène, loin des loosers au fond du couloir, mais également parce qu'elle abritait un être unique en son genre. La blonde Atomique avait des goûts bien particuliers que les mauvaises langues repéraient à son seul style vestimentaire, mais les rares personnes admises dans le saint des saints reconnaissaient aisément la touche Hildred.
L'intérieur de la pièce, quoique guère plus grande que les chambres classiques, recelait davantage de bibelots, de gadgets en tout genre et de luxe tape à l'oeil que les malheureux admis ici attrappaient parfois une migraine rien qu'à promener leur regard ébahi sur les merveilles de la retraite de la blonde. Outre une penderie massive, énorme, dépassant l'entendement, qui trônait contre le mur de gauche et l'amputait d'environ dix mètres carrés, un lit double place taille XXL aux draps de soies et aux baldaquins d'il y a quelques siècles imposait sa silhouette gigantesque au centre de la pièce et laissait deviner un certain goût pour la literie hors de prix.
C'est bien simple, pénétrer dans l'antre d'Elaine, c'est subir de plein fouet les effluves du luxe, le summum du moderne, du design, du rare, du très cher. C'est percuter de plein fouet un style de vie innaccessible au commun des mortels, qu'il s'agisse des robes haute couture, des pièces uniques de la garde robe, de la décoration néo futuriste du dernier designer à la mode en passant par les produits de beauté à la facture capable de pousser au suicide un ponte de la Mafia et l'ordinateur dernier cri hébergeant une intelligence artificielle tenant lieu d'intendant. Un coffre blindé installé dans l'armoire protège les bijoux hors de prix de la demoiselle tandis que la table de nuit ne s'ouvre qu'une fois l'empreinte de mademoiselle Hildred reconnue. L'ensemble de la pièce est toutefois relativement bien organisé et surtout impeccablement rangé, grâce au concours évident d'une aide extérieure. Elaine a en effet engagé deux femmes de ménages qui se relaient dès que l'intelligence artificielle de la chambre détecte une nécessité, quelque soit l'heure du jour ou de la nuit, en l'absence de la locataire actuelle.
En d'autre termes, quoique la porte soit légèrement plus épaisse -rien d'étonnant, vu la quantité de titane qu'a exigé son blindage, aux frais de monsieur Hildred- que celle des chambres des autres étudiants, la pièce allouée à Elaine Hildred est à des années lumières des logements des autres clochards du couloir.
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Sujet: [Chambre d'Elaine Hildred] 