Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Sujet: [RP] Gnothi seauton (Connais-toi toi-même) Dim 7 Juin 2015 - 18:25
Le temps était superbe en cette belle après-midi de printemps. Le mois de Mai tirait sur sa fin. Au fond du parc de l'Institut, près de la muraille qui en délimitait la frontière, un chêne majestueux s'épanouissait tranquillement. Le soleil filtrait doucement à travers les feuillages. Et Tony, allongé en dessous, profitait de son temps libre (qu'il s'accordait à peu près 24h par jour) pour faire le bilan de sa vie. Une clope au bec et du métal dans les oreilles, son esprit faisait tourner en boucle un compte-rendu au goût amer.
Cela ferait bientôt trois mois qu'il était à l'Institut. Jusque là, ses parents n'avaient pas cherchés à le contacter, mais le moment viendrai très vite où il devrait fournir des explications plus poussées sur son expatriation. Pour couronner le tout, la plupart des filles d'ici étaient trop jeunes pour lui, et il n'avait pas assez confiance en son niveau d'anglais pour aller draguer celles de Londres. Il n'avait pas retouchée une batterie depuis son départ, et son compte en banque fondait comme neige au soleil à cause de sa consommation de cigarettes.
Autant dire que ce bilan n'était pas fameux.
Mais le point le plus noir au tableau, c'était qu'il ne comprenait pas encore entièrement son pouvoir. Oh, il en avait saisit le principe global, bien sûr. Et son entraînement avec Virginie, ainsi que sa virée en forêt, lui avait permis de le maîtriser un peu mieux. Mais le détail lui échappait toujours. D'où est-ce qu'il tirait l'énergie nécessaire à sa propulsion ? Pourquoi le champs de force qu'il produisait le poussait-il ainsi en l'air, au lieu de simplement le protéger ? Pourquoi cela faisait-il de la fumée ? Que se passerait-il si par hasard il était soumis aux flammes ou à de trop grandes températures ? Est-ce qu'il exploserai comme un feu d'artifice ? Et surtout, qu'étaient ces volutes oranges qu'il laissait dans son sillage, et pourquoi diable laissaient-ils une odeur aussi désagréable ?
Autant de questions sans réponses qui malmenaient son cerveau déjà saturé.
Alors que son lecteur audio lui passait un morceau de Gojira (un vieux groupe qu'il adorait), il ne put s'empêcher de penser: * Yeah, ça c'est du bon métal français ! * De là, son cerveau s'égara (comme Hélène... Hélène Ségara... Bon d'accord, plus jamais je la ferai celle-là, promis). "Métal" se mélangea à "français", ce qui de fil en aiguille, l'amena à se rappeler du professeur Nakor.
Mais oui ! S'il y avait bien quelqu'un à qui il pouvait poser des questions et demander conseil, c'était bien le vieux ferokinétique ! En prime, il n'aurait pas de problèmes pour trouver ses mots, puisque le vieil homme était français lui aussi.
Le jeune punk enleva donc son casque, se remit prestement sur ses pieds, écrasa sa cigarette avant de la jeter par dessus le mur d'enceinte, et fila vers le manoir.
Rocket eut toutes les peines du monde à trouver l'aile des salles de cours. Il se perdit, revient à l'entrée deux fois, aux toilettes quatre fois, finit par demander son chemin à Olga la cuisinière, et arriva finalement à bon port.
La salle était pleine de jeunes élèves qui riaient. Sans même entrer, Tony sut que le vieux Nakor se trouvait là. Il prit donc le parti d'attendre la fin du cours, accoudé contre le mur. Quelques minutes plus tard, les élèves sortirent en trombe. Quelques-uns lui firent signe. Il les salua d'un sourire et d'un signe de tête. Puis quant la salle fut libre, il s'y engouffra.
Le vieux professeur était là, occupé à ranger son bureau. Tony l'interpella donc, en français.
« Bonjour professeur ! Pardon de vous déranger, est-ce que vous auriez une minute à m'accorder s'il vous plaît ? »
Plus d'une fois, les gens avaient étés surpris de voir un punk se montrer si poli en dépit de son look si agressif. Ce qui l'avait toujours fait rire. C'était une preuve de plus qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture.
« J'aurais... Eh bien, j'aurais quelques questions à vous poser... sur mon pouvoir, et tout ça... Enfin, si vous avez le temps, bien sûr.»
Il était quant même un peu mal à l'aise, et se gratta nerveusement la nuque.
Nakor
Type Gamma
Sujet: Re: [RP] Gnothi seauton (Connais-toi toi-même) Mar 9 Juin 2015 - 22:00
"Nous allons tenter de comprendre maintenant, pourquoi ces réactions sont si importantes qu'on me demande de tenter de vous en rentrer le principe de base dans ces crânes vides que sont les voooootres!"
Petits sourires dans un coin, petits rires dans l'autre, voilà comment se déroulaient les cours du professeur Nakor. Il aimait piquer au vif ses petits élèves, cela permettait de les remettre en piste et de leur donner envie de suivre. Etonnement, quand un enseignant insulte un peu ses élèves, ils en sont heureux, comme s'il y avait une sorte de connivence entre eux tous. Levant les bras au ciel pour forcer sur son discours, il continua
"L'oxydoréduction, l'oxydoréduction mes enfants! Oxydant, réducteur, réaction chimique, énergie, consommation, destruction, formation ... en un mot : la vie! Vous voulez créer de l'énergie? Oxydoréduction! Vous voulez créer du métal? Oxydoréduction? Vous voulez détériorer un matériau solide? Oxydoréduction? Vous voulez vous protéger d'une détérioration? Oxydo ... "
Mais il se passa alors une horreur infâme : la sonnerie osa retentir, signifiant la fin de son heure de cours, qu'il avait majoritairement passé à corriger des exercices de mécanique où le but était de savoir où allait atterrir un projectile et comment mieux le lancer pour toucher au but. Nakor leva la tête vers le plafond comme si ce dernier était responsable de ce bruit dérangeant et vociféra au milieu des mouvements d'élèves
"Je ne vous ai pas autorisé à quitter ma salle de classe fichus gredins que vous êtes! Vous pourriez au moins me laisser finir ma phrase non? La semaine prochaine vous ferez les exercices qui se trouvent à la page quarante sept, quarante huit et quarante neuf de votre manuel! - Lesquels Monsieur? - Ils seront notés? - Tous! Les vingt quatre exercices qui s'y trouvent et oui je les ramasserai, et je les noterai, avec un coefficient quatre. S'il en manque un seul, cela sera zéro! Voilà, vous pouvez y aller maintenant gourgandins!"
Les élèves roulèrent tous des yeux, ils avaient désobéi à quelques règles que Nakor avait mis en place et surtout la plus importante d'entre elle : quoi qu'il arrive, on l'écoutait. Ils quittèrent donc la salle avant que le professeur de physique chimie ne rajoute deux ou trois pages d'exercices en plus. Un peu énervé de ce qu'il venait de se passer, Nakor se mit à marmonner dans sa barbe tout en rangeant ses affaires. C'est alors qu'on l'interpella en parlant dans sa langue natale se qui lui fit tourner violement la tête, les yeux grands ouverts. Le mouvement fut si brusque qu'on entendit ses articulations craquer et qu'il poussa un râle de douleur
"Hoooooooo fichu bon sang!"
Se massant légèrement la nuque il reconnut le jeune et sympathique Tony. Il continua donc en français en l'invitant d'un geste à entrer dans la salle
"Bonjour Monsieur Difury! Entrez, entrez donc je vous en prie."
Une fois la porte franchie, Nakor agita la main pour prendre le contrôle de la poignée en métal et la fit claquer, en faisant tourner la serrure.
"Nous serons un peu plus tranquille ainsi. Ma journée de cours est terminé, j'ai donc tout mon temps à vous accorder Tony, et avec plaisir."
Nakor était un très vieil homme de plus de quatre vingt dix ans, on pouvait donc le penser vieux jeu, allergique à l'évolution, à la jeunesse, et aux modes actuelles. Mais ce n'était absolument pas le cas, il était certes une vieille momie dans sa blouse blanche de scientifique mais il était aussi ouvert, bienveillant et toujours proche des étudiants, un bain de jouvence sans fin comme il aimait le confier de temps en temps. Alors qu'un jeune punk aux bonnes manières vienne à lui ne lui faisait pas plus chaud ou froid qu'une baronne de la noblesse anglaise ou qu'une miséreuse des bas fonds. Tony indiqua qu'il avait des questions à propos de son pouvoir, un petit geste de gêne en plus.
"Du temps ... j'en ai chaque seconde un peu moins que la seconde d'avant ... mais répondre à des questions! Vous savez bien que j'adore cela mon cher petit. Et vous êtes sans aucun doute au bon endroit. Je n'ai entendu que quelques sortes de rumeurs autour de vos pouvoirs, aussi bien que pour le moment, vous me voyez vierge de toutes connaissances à votre propos."
Nakor se mit à glousser avant de reprendre
"Et quoi de mieux qu'un terrain vierge pour faire germer des idées nouvelles hein? Aller, il va falloir sans doute commencer par m'en dire un peu plus sur la manifestation de votre pouvoir et de me faire une démonstration ... si bien sur cela ne vous met pas en danger, ni vous ni moi mon bon Tony?"
Puis levant les mains comme pour lui dire d'attendre, il se retourna vers la classe et avança ses deux mains. Chaque table, chaque chaise se recula pour aller se plaquer au mieux contre les murs. En quelques instants, et accompagné de quelques grincements, le matériel vola, virevolta afin de se ranger presque magiquement et maximiser l'espace de la salle de cours. Venant enfin poser une main rassurante sur l'épaule du jeune français, le professeur termina ainsi
"Bien, voilà qui sera mieux. Si vous êtes venu jusqu'à moi c'est que votre pouvoir est sans doute en lien avec la physique ou la chimie n'est-ce pas? Même si je ne vous ai pas beaucoup vu en salle de classe depuis votre arrivé parmi nous Tony!"
Nakor fit les gros yeux, puis se mit à sourire et attendit la suite avec intérêt, heureux en plus, de pouvoir user de sa langue natale.
Tony DiFury
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Gnothi seauton (Connais-toi toi-même) Mar 16 Juin 2015 - 18:44
Tony eut toutes les peines du monde à s'empêcher de rire lorsque l'ancêtre manqua de se dénuquer. Non pas que la souffrance d'autrui l'amuse, mais la scène était d'un comique à dérider une momie. Fort heureusement, la momie en question semblait tout à fait disposée à accéder à sa requête en l'illuminant de son savoir.
« Merci beaucoup, professeur. »
Loin de se contenter d'un pudique intérêt professionnel, le vieux Nakor faisait carrément preuve d'une curiosité enjouée. Malgré ses 90 printemps bien sonnés, l'ancêtre avait l'air d'un jouvenceau aussi assoiffé de connaissances que ses élèves (peut-être même plus!). Un sourire éclaira le visage du jeune punk... Juste avant de disparaître pour laisser place à une expression de totale surprise.
Une démonstration ? À l'intérieur ? Ce n'était pas sans danger, loin de là même.
« Heeeeeu ben c'est à dire... »
Le grand blond n'avait pas fini sa phrase que la pièce se rangeait déjà toute seule, sous ses yeux ébahis. Le contrôle du métal... Absolument fascinant. Dans le monde moderne, cette mutation permettait de faire bouger à peu près n'importe quoi. Tony se demanda si cela marcherait aussi avec un album de Metallica. Mais en voyant le vieux Nakor faire bouger les chaises en agitant les bras, une scène surgit dans son esprit : Celle d'un vieux Disney, où un magicien faisait danser son barda en chantant. Higitus Figitus Hoketi Poketi Wok ! Il rit mentalement. La ressemblance était frappante.
La main du vieux magicien... Heu, du vieux professeur, le ramena au présent quant elle se posa sur son épaule.
"Bien, voilà qui sera mieux. Si vous êtes venu jusqu'à moi c'est que votre pouvoir est sans doute en lien avec la physique ou la chimie n'est-ce pas? Même si je ne vous ai pas beaucoup vu en salle de classe depuis votre arrivé parmi nous Tony!"
Les deux français rirent à l'unisson. La petite remarque, dite sans méchanceté, déclencha une nouvelle salve de grattage de nuque intense chez Tony.
« Oui c'est vrai, désolé... C'est qu'il y a beaucoup de gamins, j'avais un peu honte... Mais maintenant je suis prêt à aller aux rattrapages. »
Il ricana encore. Puis il entra donc dans le vif du sujet.
«C'est exact professeur, mon pouvoir est effectivement basé sur une réaction chimique... Enfin je dis ça à cause de la fumée, mais si ça s'trouve c'est pas ça... »
Il n'avait pas peur d'avouer son ignorance. Tout ce qu'il savait de sa capacité n'était que des conclusions tirées de ses observations, rien de plus. Tony hésita une seconde, cherchant comment expliquer son étrange mutation en un minimum de temps.
« Pour faire simple... On peut dire que … j'suis une fusée. En fait... mon corps produit une sorte de champs de force qui me propulse, et qui me protège aussi. Pfiiiiouuuu ! Ça fait de la fumée, et j'ai les jambes qui brillent... Du coup, oui, j'en suis venu à la conclusion que c'était une réaction thermochimique. »
Il embrassa un instant la salle du regard, une moue d'hésitation sur le visage.
« Par contre, pour la démo... Mouais, j'ai cette petite voix dans ma tête qui me dit "c'est une idée d'merde, Jack !" ... Parce que le problème, c'est que je n'arrive pas à changer de direction une fois lancé. Alors si je vous montre ici...»
Il se gratta le menton en fixant le mur, tâchant de s'imaginer les dégâts. Il tendit les bras pour illustrer son propos.
«Voilà ce qui va se passer : J'vais partir tout droit à environ 200 kilomètres/heures. Je vais défoncer le mur, peut-être celui de derrière, rebondir sur le suivant, démolir le parquet ou le plafond, passer à travers la fenêtre, et finir dans un arbre... ou dans le lac... ou dans quelqu'un qui passait par là...»
Tony hocha la tête d'un air grave, une moue de dépit sur le visage. Ce scénario était le plus probable. Il préférait ne pas penser à ce qu'il se passerait si les murs étaient suffisamment solides pour le repousser : il rebondirait dans tous les sens comme une balle tirée dans un coffre-fort blindé, et finirait très probablement par percuter le vieux professeur. Ce qui lui serait sûrement fatal. Un petit frisson lui parcouru l'échine, et il inspira profondément.
«Mouais, c'est à peu près comme ça que ça se passerait... Après c'est vous qui voyez hein, mais je risque de démolir la baraque. Et Miss Lemington me fera la peau... Alors si vous y tenez, on ferai mieux de sortir. Ou d'aller en Salle des Dangers, au pire. Est-ce que vous avez des instruments de mesure dans ce truc ? J'aimerai bien savoir à quelle vitesse je vais, précisément... »
Tony haussa les épaules, laissant à son aîné le soin de choisir la marche à suivre. Il avait tiré les leçons de sa première "démonstration", et on ne le reprendrait pas de sitôt à faire le beau.
Nakor
Type Gamma
Sujet: Re: [RP] Gnothi seauton (Connais-toi toi-même) Mer 17 Juin 2015 - 11:21
Le jeune Tony, qui semblait toujours autant hésitant quand il avait ce petit mouvement de frottement de la nuque, se décida enfin à prendre la parole sincèrement. En effet avoir une différence d'age notable dans une même classe était parfois dérangeant. Mais ici, à l'Institut, il était difficile de faire des classes d'âge. Les pouvoirs se réveillant souvent à des moments différents de la vie, ou parce que l'on s'acceptait et se positionnait dans un camp ou dans l'autre plus ou moins tardivement, l'école se remplissait d'élèves aux profils variés. L'adaptation était sans aucun doute le maître mot dans ce lieu d'apprentissage, d'acceptation et de formation dans la différence. Le début de l'explication arriva enfin, se qui concentra le vieux fou comme à chaque fois qu'on lui soumettait un nouveau problème scientifique.
"De la fumée?"
Nakor ouvrit grands les yeux, surpris d'apprendre cette première information et se disant qu'il n'était peut-être pas si intelligent que cela de faire la démonstration là, au milieu de l'Institut. Et les informations incroyables s'enchaînèrent sans qu'il ne puisse arrêter le flot de folies qui s'en suivirent. Le professeur suivit le geste qui accompagna le mime du mouvement d'une fusée tout en ajoutant une petite onomatopée
"Hoooo ... "
Puis la luminescence
"Les jambes qui briiiiiiillent!"
Nakor n'était plus dubitatif, il était la surprise et la perplexité personnifié. Tony étant emporté par son entrain et ses explications, il ne s'arrêta pas et continua.
"Jack? Mais qui est Jack?"
Demanda l'enseignant tout en regardant dans la salle s'il y avait quelqu'un d'autre. Que voulez-vous? Un problème générationnel sans doute. Balayant l'air devant lui pour faire fi de tout cela, il invita Tony à continuer. Ce dernier obtempéra et le physicien-chimiste suivit avec tant d'attention que sa tête bougea à chaque évocation d'un rebond sur un mur. La tête alla de ci, par là, puis là, et là, en haut, en bas, à gauche à droite et ainsi de suite. Au point qu'il en eut le tournis, c'est qu'à son âge il fallait y aller doucement!
"Houuuuuu ça touuuurne ...."
Puis Tony termina enfin ses explications et attendit la décision du vieillard. En bon petit qu'il était, il acceptait d'obéir aux ordres du mutant aux métaux maintenant qu'il avait prévenu des possibles effets. Cela toucha le vieux bonhomme qui afficha un tendre sourire sur le visage avant de tapoter l'épaule du français aux cheveux remarquables. D'ailleurs à ce point remarquable que le professeur fronça des yeux avant de demander négligemment
"Vous vous êtes foncé les cheveux?"
Puis hochant vigoureusement la tête de gauche à droite, il continua comme s'il venait de ne rien dire
"En effet, avec tout ce que vous me décrivez il ne vaut mieux pas faire cela ici. Quand nous nous sommes rencontré dans le pub l'autre fois, vous aviez l'air sur le point de me montrer vos capacités à la table ... j'en avais donc stupidement conclu que vous aviez un pouvoir plus jugulable que ce que vous évoquez là Tony. Un pouvoir sans aucun doute ultra efficace mais terriblement dangereux pour son utilisateur si vous ne progressez pas dans son contrôle ... comme tous les pouvoirs me direz-vous? Mais avouons que certains sont moins dangereux que d'autres."
Ses yeux allèrent de la gauche vers la droite, sans que la tête ne bouge, signe de réflexion hâtive
"Suivez moi voulez-vous?"
Ils sortirent donc de la salle et Tony n'avait d'autres choix que de suivre l'enseignant
"Ce que vous me dites prête à de nombreuses possibilités ... vous parlez de fumée lors de l'activation de votre pouvoir? Une fumée colorée? Ou simplement un petit brouillard? Car en effet, si c'est bien une réaction thermochimique qui se produit, il suffit qu'elle soit exothermique et la chaleur dégagée peut naturellement échauffer l'air autour de vous et vaporiser encore un peu plus l'humidité dans l'air autour de vous. Si par contre elle est colorée, ce n'est pas de l'eau mais un produit chimique qui s'échappe de vous même mon cher petit ... ce qui signifierait qu'une analyse sanguine pourrait nous aiguiller un peu entre avant l'utilisation de votre pouvoir et juste après. Je me dois de tout de même vous rappeler les bases : un gaz coloré est rarement bon à respirer!"
Nakor fit la moue et envoya un regard très significatif à Tony, un regard signifiant "et oui mon gars, ça peut craindre cette affaire, pour toi et pour les autres" mais il se garda bien de le dire à voix haute.
"Deux cents kilomètre à l'heure ... bon sang avez-vous seulement idée de combien cela représente de mètres par seconde? Presque cinquante six ... vous traverseriez pas loin de six salles de classe en une seconde ... stupéfiant et ... dangereux pour vous si le bouclier que cela produit vous lâche au moment inopportun. La propulsion semble évidente : votre réaction chimique si cela en est bien une, libère d'un seul coup, énormément d'énergie. On parle de cinétique explosive à ce niveau là ... qui dit rapidité de réaction, dit catalyseur Tony, c'est-à-dire présence d'un élément chimique capable d'aider une réaction naturellement normale à se produire plus vite que la normale. Mais ce catalyseur n'existe pas dans l'air ... il doit donc être issu de vous ... y a-t-il eu un changement récent dans votre vie? Des choses que vous ne magniez pas avant et que vous mangez maintenant? Une nouveauté dans votre hygiène de vie?"
Il était évident que Nakor ne portait aucun jugement ici, il voulait juste en savoir plus, du point de vue du scientifique qu'il était. Mais il s'arrêta là, ils venaient d'arriver dans les sous-sols de l'établissement. Il avança son oeil gauche jusqu'à un scanner ultra sophistiqué. Une petite voix se fit entendre
"Professeur Nakor, autorisation valide, ouverture de la salle des dangers, bienvenue professeur."
Nakor sourit à son jeune ami, et indiqua, un peu penaud
"Travailler là depuis des temps immémoriaux donne certains privilèges."
Il rit de bon coeur avant d'entrer dans la salle. Leva la tête vers le plafond et prit la parole
"Commande vocale activée. Mise en place des capteurs chimiques, positionnement des radars, protection renforcée sur les murs, sol et plafond. Ce n'est pas une simulation! Test réel. Enregistrement des données pour analyse. Prélèvement sanguin nécessaire!"
Des bruits infernaux se firent entendre. Les ordres donnaient devaient être toujours clairs, simples et dit à intelligible voix, ce qu'un enseignant savait très bien faire. Une armée de capteurs, de machines et d'objets sortirent de tous les coins de la pièce. Cette salle avait été fortement améliorée par l'ensemble des mutants capables d'apporter une amélioration ici. Enfin, une seringue sorti du mur, avec un bracelet de confinement serti de capteurs.
"Tony! Votre bras je vous prie, passez le là-dedans ... vous ne sentirez presque rien. Ensuite, vous allez devoir vous en donner à coeur joie. Je vais sortir de la pièce et passer derrière, dans la salle d'observation. Attendez que je sois en place et que j'active quelques petites choses sur l'ordinateur central. Ensuite ... donnez tout ce que vous pouvez ... mais n'allez pas jusqu'à vous blesser suis-je clair?"
Nakor donna une bonne claque sur l'épaule du jeune français et attendit de voir s'il avait besoin de poser d'autres questions avant de le laisser s'amuser un peu.
Tony DiFury
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Gnothi seauton (Connais-toi toi-même) Mer 17 Juin 2015 - 13:27
"Vous vous êtes foncé les cheveux?"
« Heuuu non pourquoi ? »
Tony ne prenait pas souvent la peine de se regarder dans la glace, se fichant relativement de son apparence. Il n'était donc absolument pas conscient que ses cheveux blonds commençaient à brunir : ses racines avaient légèrement foncés depuis qu'il était arrivé.
Mais le hochement de tête de l'ancêtre l'empêcha de s'interroger d'avantage. Le grand punk emboîta le pas à Papy Métal et le suivi dans le dédale des couloirs de l'Institut. Le professeur continuait de l'abreuver de ses hypothèses. Quant il aborda la question de la fumée, Tony répondit du tac-au-tac.
« Ah merde... enfin j'veux dire : oui, elle est colorée. Le gros de la fumée est gris-blanc je dirait, mais avant que ça parte, y'a des volutes oranges, presque transparents... Et je suis venu à le même conclusion : c'est nocif. Regardez... »
Il s'arrêtèrent une seconde. Tony désigna le bas de son jean troué. Une tâche brune commençait à s'y dessiner, et le tissu s'effilochait par endroits.
Les deux français reprirent leur route, plongés dans leurs réflexions. Il ne fallut pas longtemps pour que le cerveau du vieux Nakor entre à nouveau en ébullition.
"Deux cents kilomètre à l'heure ... bon sang avez-vous seulement idée de combien cela représente de mètres par seconde? Presque cinquante six ... vous traverseriez pas loin de six salles de classe en une seconde ... stupéfiant et ... dangereux pour vous si le bouclier que cela produit vous lâche au moment inopportun..."
« Ah ben ça c'est sûr, c'est pas le solex à pépé... Soit dit sans offense, bien sûr...»
Il était cette fois question d'énergie cinétique et de réaction chimique. Le vieil érudit abordait là une question cruciale. Mais il l'aborda d'un angle auquel le grand punk n'avait pas pensé. Un changement dans son hygiène de vie ? Il ne se sentait pas jugé, loin de là. Il était aussi détendu que pendant un rendez-vous chez le docteur. Curiosité scientifique, rien de plus... Il fixa le plafond en marchant, fouillant dans sa mémoire ce qu'il aurait pu manger qu'il n'ai jamais consommé avant.
« Un changement ? Heu non, je ne... »
Tony écarquilla les yeux, soudain frappé par l'évidence.
« Ah mais si ! J'ai commencé à fumer ! »
Si la théorie du professeur était exacte, elle rejoignait les suppositions de Tony. Il y aurait donc dans la cigarette un élément chimique nécessaire à sa mutation ?
Il n'eut pas le temps d'élaborer d'autres hypothèses : Ils étaient arrivés. Le professeur déverrouilla la Salle des Dangers.
« Scanner rétinien ? La classe... »
Nakor activa vocalement les machineries de la pièce infernale. Il sortait le grand jeu : capteurs chimiques, appareils de mesure, blindages... C'était bigrement impressionnant. Un compartiment médical sortit même du mur.
"Tony! Votre bras je vous prie, passez le là-dedans ... vous ne sentirez presque rien. Ensuite, vous allez devoir vous en donner à coeur joie. Je vais sortir de la pièce et passer derrière, dans la salle d'observation. Attendez que je sois en place et que j'active quelques petites choses sur l'ordinateur central. Ensuite ... donnez tout ce que vous pouvez ... mais n'allez pas jusqu'à vous blesser suis-je clair?"
Le punk afficha un grand sourire et fit un petit salut militaire du bout des doigts.
« Bien reçu ! Vous en faite pas, j'ai la tête dure. »
Tony se plia à la demande du professeur, glissant son bras sans le cube d'acier. Un petit picotement lui fit serrer les dents, mais ce n'était rien. Il vit la petite ampoule de verre se remplir de liquide rouge, et quant elle fut pleine, une diode verte s'alluma et le grand blond retira son bras. Un pansement adhésif transparent y avait déjà été apposé.
Le vieux avait disparu. Le grand blondin fit craquer ses phalanges et son cou, renifla et embrassa la salle du regard, essayant de se prévoir une trajectoire. Dans pas longtemps, ça allait être à lui.
« Bon... Ben j'y vais alors... »
Un petit détail lui revint en mémoire. Il extirpa une cigarette de sa poche et la tint entre ses doigts, et tendit le bras pour la mettre bien en évidence.
« Ah, j'viens d'me rappeler... regardez ce que ça fait, mes émanations. »
Tony se concentra, serra les dents, tâchant d'activer sa mutation le plus doucement possible afin de montrer les différents stades intermédiaires qui précédaient la mise à feu. À travers ses capteurs et les caméras haute-définition, le professeur put observer qu'un mince filet orangé presque invisible à l'oeil nu s'échappait de tout le corps du grand blond. Le papier blanc se mit progressivement à rougir, puis à se couvrir de tâches oranges.
Tony se raidit un peu plus. Un léger sifflement se fit entendre, alors que le flot orange s'intensifia. La cigarette commença à se racornir, et les tâches devinrent brunes. Les capteurs purent indiquer que la température montait rapidement entre la ceinture et les bottes du français. Il sentait que le point de rupture approchait. Il lâcha la cigarette, désormais méconnaissable et trouée, ramena les bras le long de son corps et serra les poings.
Mise à feu dans 3... 2... 1...
« ÇA PART ! »
Rocket décolla, laissant dans son sillage un épais nuage d'une fumée grise, lancé à fond dès la première seconde. Sous les volutes vaporeux, on pouvait difficilement distinguer ses longues jambes, pour la bonne et simple raison qu'elles se confondaient en une unique traînée lumineuse d'un jaune doré.
« WHOOOHOOO ! »
Le missile humain tendit les bras devant lui pour maintenir sa trajectoire. En un battement de cil, il avait atteint le premier mur.
BONG !
Rocket rebondit comme une balle de tennis, mais ne ralentit pas. Il continua de gagner de l'altitude... pour finalement atteindre le plafond.
BONG !
Il ne lui fit pas plus de mal qu'au mur, et ne ralentit pas d'avantage.
« MÊME PAS MAL ! »
BONG ! BONG ! BING ! BONG ! BONG !
…
Un peu moins de cinq minutes plus tard, Rocket se mit à rebondir moins loin, de mois en moins vite. Sa trajectoire se fit tremblante, la fumée moins épaisse. Et finalement, sur son dernier rebond, il parvint à couper la propulsion. Arrivant en piqué diagonal sur le sol, il tenta d'atterrir debout, comme un grand. Mais il rata quelque peu son coup, et se vautra en beauté, roulant boulant sur une bonne dizaine de mètres.
Heureusement que son champs de force se maintenait quelques instants après qu'il ait coupés les gazs. Tony se releva péniblement, se faisant craquer le dos. D'un revers de son long bras, il épongea le filet de sueur qui coulait sur son front, s'acharnant à reprendre son souffle. Il s'adressa au professeur, toujours dissimulé dans sa salle d'observation.
« Hmmf... j'en peux plus là... C'est bon, vous avez tout ce qu'il vous faut ? »
Le compartiment médical sortit à nouveau du mur. Tony décolla le pansement et y replongea son bras. Une furieuse envie de fumer le prit. Dès que l'injecteur réintégra le mur, il s'alluma une cigarette, les mains tremblantes.
Il n'y avait plus qu'à attendre les instructions du professeur.
Et Nakor, sans aucune hésitation saisi le pantalon du jeune Tony et leva si haut que le pauvre garçon se retrouva en équilibre sur une jambe, l'autre bien en l'air, à l'horizontale. C'est que le vieux bonhomme avait bien plus de force que ce que l'on pouvait attendre d'un homme de plus de quatre vingt douze ans. Sa mutation lui donnait une poigne de fer!
"Cela attaque même le jean! Pale-Sang-Bleu!"
Nakor planta un regard incrédule dans les yeux de Tony, le regard d'une vieille chouette moyenâgeuse, découvrant les mystères de la magie alchimique, pas moins! Lâchant la jambe avec vigueur et enthousiasme, il accéléra le pas, comme pressé de découvrir tout le fin mot de l'histoire. Pour montrer qu'il n'y avait pas de problème avec les allusions à de vieux messieurs en moto pétaradantes, il fit une moue tranquille et un petit clin d'oeil. Il hocha aussi de la tête en attendant la réponse du français sur son éventuel changement de mode de vie, c'était assez machinal. Sa longue carrière d'enseignant motivé et motivant lui avait donné ce petit toc comme pour encourager un candidat stressé à répondre à la question qu'on lui posait afin d'obtenir quelques points supplémentaire à l'examen en train de se dérouler. Puis il lâcha
"La cigarette!!!!"
Et leva les yeux au ciel en faisant claquer le dessus de sa main droite sur la paume de sa main gauche. Il secoua ensuite les mains, les deux poings joints, comme le ferait un vieillard qui voulait exprimer à quel point un élément évident au possible avait stupidement échappé à la vigilance de tous. Un petit coup de scanner rétinien afin de ne pas perdre plus de temps que prévu et ils entrèrent dans la pièce. La petite remarque de Tony amusa Nakor
"La classe ... la classe ... jusqu'à ce que l'on vienne m'arracher un oeil oui!"
Puis ils se mirent d'accord, le vieux professeur alla jusqu'à la salle d'observation, activa quelques capteurs supplémentaires, affina le spectre d'étude des appareils de mesure, modifia quelques calibres et attendit que les analyses sanguines s'affichent sur l'écran de droite. Il y avait devant lui une image infrarouge du gentil punk et sur la gauche tout un tas d'informations scientifiques. Le haut-parleur fit entendre la voix de l'autre côté, ce qui attira l'attention de Nakor, très absorbé par le réglage de la Salle des Dangers. Un petit passage délicat de la main sur la commande à roulette et il zooma sur la cigarette. Les capteurs se mirent à ronronner et le vieux fou suivit l'affaire avec précision et intérêt. Les pouvoirs s'activèrent et le spectacle était assez étonnant. Sur la gauche, sur la droite, vers le haut, rebond sur le mur, température qui augmente, vitesse maximale atteinte, choc puissant contre les murs, déformation du bouclier, augmentation de la résistance cinétique, modification chimique de l'atmosphère environnante. Nakor se passait tranquillement l'index droit sur le menton, son pouce sur la joue. Les yeux plissés, il lisait le rapport de l'ordinateur central. Tony reprit la parole après avoir roulé sur le sol longuement et le physicien-chimiste s'approcha du micro
"Non non tout va bien, pensez juste à vous faire de nouveau un petit prélèvement sanguin et je vous rejoins sur le champ."
Un bouton activé fit sortir la seringue du mur. Quelques instants plus tard un dernier bulletin d'analyse jaillit de l'imprimante, Nakor l'arracha et se rendit jusqu'à la salle, absolument aspiré par la lecture des analyses. Les chiffres étaient nombreux, avec des unités étranges dans tous les sens, des comparatifs, des courbes, des analyses spectrales par résonance magnétique nucléaires et des pics d'absorption infrarouge. Le vieux professeur entra dans la salle, se rapprocha de Tony, et termina sa lecture avant de relever la tête
"Ho! Vous êtes là ... "
Puis il montra l'ensemble des papiers qu'il avait dans les mains. Il le fit en mettant juste sous les yeux de Tony la vingtaine de page qu'il tenait, en les secouant.
"Tout est là mon cher petit, tout! Vous le voyez? Alors d'abord, remettons les choses à leur place, vous êtes capable de vous projeter dans les airs à la vitesse très précise de cinquante huit mètres par seconde au pic maximale de vitesse de déplacement c'est à dire deux cent huit virgule huit kilomètres à l'heure ... il faudra penser à bien mettre votre ceinture mon grand!"
Petit rire de connivence, avant de continuer
"Votre bouclier de force est un bouclier cinétique, c'est à dire de l'énergie pure qui vous entoure, énergie qui est issue d'une réaction chimique très puissante. Heureusement que cette énergie ne vient pas de vous, sinon vous ne tiendriez plus debout. Plus votre vitesse augmente plus le bouclier amplifie la dépense énergétique afin de vous protéger au mieux des chocs que vous devriez subir sans. Enfin, quand je dis que cette énergie ne vient pas de vous, je veux dire par là, qu'elle n'est pas issue de votre masse musculaire et de votre endurance fasse à un effort sportif."
Fouillant dans ses feuilles, Nakor fit une petite pause avant de mettre le doigt sur des figures complexes
"Vous voyez ces courbes. En science on appelle cela des spectres RMN, c'est à dire des niveaux de réponse des atomes d'hydrogène des molécules que l'on soumet à un champ magnétique. Cela permet de retrouver la géométrie de la molécule détectée par nos capteurs. Si on combine ces lectures aux spectres infra-rouge que nous avons là, qui nous permettent de savoir de quels atomes sont fait la même molécule ... et bien on peut savoir ce que votre corps a fabriqué lors de l'activation de votre mutation."
Petite pause afin de faire monter la tension, et enfin la réponse. Le doigt de Nakor frappa plusieurs courbes caractéristiques
"Acroléine, ammoniac, formaldéhyde, dioxyde de souffre, dioxyde de carbone, monoxyde de carbone et phénol qui émanent de votre buste essentiellement! Ensuite voilà que nous avons là, dans la traînée que vous laissez derrière vous, de l'acide nitrique et perchlorique, de l'hydrazine, de l'éthanol et de ... et de ... ha oui, du fluorure d'oxygène. C'est clair comme de l'eau de roche mon bon Tony, vous êtes un parfait mélange de cigarette et de ... et bien ... de vieille roquette de la seconde guerre mondiale ... quoi qu'on trouve aussi cela dans les poussées des fusées."
Nakor haussa ses épaules avant de continuer
"Je pense que votre mutation est approximativement la suivante : vous êtes capable, à l'intérieur même de votre corps, de modifier la structure chimique des molécules qui vous constituent ... de certaines molécules seulement ... ces mêmes molécules que vous avez en vous en fumant des cigarettes. Vous devez sans doute être capable de briser des liaisons covalentes interatomiques pourtant fortes, puis d'en créer d'autres ... vous êtes un réacteur chimique Tony, et comme toute réaction de ce type, vous produisez de l'énergie que votre corps libère. Les molécules que vous fabriquez en vous sont peu communes et surtout normalement quasi non présente dans le corps. Leur création engendre une énergie de propulsion de plusieurs kilojoules c'est dire ... prés de deux cent kilomètre heure c'est énorme. Le problème mon cher petit ... c'est que ... ces molécules sont hautement toxiques. Tant que les concentrations molaires restent en dessous du millième de mole par litre de sang cela restera acceptable et les effets indésirables seront moindre ... mais pas inexistant Tony, vous devez en avoir conscience : vos poumons vont lentement en souffrir, certains de vos organes pourraient aussi mettre du temps à se remettre d'une utilisation trop longue de vos pouvoirs. Je pense au coeur dont les parois sont très vite saturées par ce genre de réactifs toxiques et le foie! Cela s'éliminera normalement, mais si vous devez utiliser trop souvent vos pouvoirs à de reprises trop proches ... cela sera plus compliqué. Peut-être qu'en vous habituant, le corps trouvera aussi un moyen de se protéger lui même ... ou vous trouverez le moyen d'évacuer encore plus hors de vous toutes ces entités chimiques ... mais il faut en avoir conscience. Chaque pouvoir à ses limitations, voilà les votre je crois."
Nakor tendit les feuilles d'analyses en direction du jeune garçon, après tout, cela lui appartenait. Comment allait donc réagir le français? Il avait sans doute des questions à poser? Des points à éclaircir? Nakor allait vite le savoir.
Tony tirait calmement sur sa clope quant le professeur vint le rejoindre, le nez plongé dans les feuilles de résultats. L'ancêtre lui agita les papiers sous le nez et commença le diagnostique fatidique.
"Tout est là mon cher petit, tout! Vous le voyez? Alors d'abord, remettons les choses à leur place, vous êtes capable de vous projeter dans les airs à la vitesse très précise de cinquante huit mètres par seconde au pic maximale de vitesse de déplacement c'est à dire deux cent huit virgule huit kilomètres à l'heure ... il faudra penser à bien mettre votre ceinture mon grand!"
Les deux français rirent à l'unisson, puis le vénérable reprit son explication. Tony était concentré, sérieux.
"Votre bouclier de force est un bouclier cinétique, c'est à dire de l'énergie pure qui vous entoure, énergie qui est issue d'une réaction chimique très puissante. Heureusement que cette énergie ne vient pas de vous, sinon vous ne tiendriez plus debout. "
« Oui, ça me semble logique... vu la quantité d'énergie, je serai complètement desséché et fondu au bout de quelques minutes... » Commenta t'il.
"Plus votre vitesse augmente plus le bouclier amplifie la dépense énergétique afin de vous protéger au mieux des chocs que vous devriez subir sans. Enfin, quand je dis que cette énergie ne vient pas de vous, je veux dire par là, qu'elle n'est pas issue de votre masse musculaire et de votre endurance face à un effort sportif."
Tant mieux... Déjà qu'il était épais comme un sandwich SNCF... Cependant, une question se posait donc :
« Mais... Il n'y a pas de production d'énergie sans perte de masse... Alors si cette énergie ne vient pas de moi, elle vient d'où ? »
Le professeur Nakor lui montra une série de graphiques et de courbes auxquelles l'artiste ne comprenait rien du tout. Même si l'explication lui permettait de saisir le principe global, le vocabulaire du scientifique lui restait complètement inaccessible. Tony leva donc un sourcil interrogateur.
« Et … C'est grave, docteur ? »
Le vétéran se mit donc à lui lire une liste de produits chimiques.
"Acroléine, ammoniac, formaldéhyde, dioxyde de souffre, dioxyde de carbone, monoxyde de carbone et phénol qui émanent de votre buste essentiellement! Ensuite voilà que nous avons là, dans la traînée que vous laissez derrière vous, de l'acide nitrique et perchlorique, de l'hydrazine, de l'éthanol et de ... et de ... ha oui, du fluorure d'oxygène. "
«Attendez... C'est moi qui produit ça ? Mais... Qu'est-ce que ça veut dire ? »
"C'est clair comme de l'eau de roche mon bon Tony, vous êtes un parfait mélange de cigarette et de ... et bien ... de vieille roquette de la seconde guerre mondiale ... quoi qu'on trouve aussi cela dans les poussées des fusées."
Cette fois, Tony écarquilla les yeux de surprise.
« Ah ben elle est pas mal, celle-là... »
Vraiment ? Mais c'était invraisemblable ! Enfin... Il était déjà invraisemblable qu'un humain puisse voler, alors que ce soit avec une paire d'ailes ou par propulsion thermique... Décidément, il allait de surprise en surprise. Mais encore une fois, il lui semblait que quelque chose lui échappait. Il fronça donc les sourcils, le regard fixé sur le papier, réfléchissant intensément.
« Alors... c'est la combinaison de ces molécules qui produisent mon pouvoir, c'est ça ? Mais … Comment c'est possible ? Je veux dire... c'est pas comme si j'avalais un bol d'acide tous les matins ou que je roulais des pelles à des pots d'échappements. Comment ces produits sont arrivés là ? »
Le vieux Nakor lui expliqua donc ses conclusions, comment son corps brisait les liaisons atomiques et les reconstituaient. Tony n'en croyait pas ses oreilles. Les zones d'ombre de sa première hypothèse se voyaient donc brillamment comblées : Il ne créait pas de l'énergie ex nihilo, et il y avait bien un lien entre sa mutation et la cigarette !
Mais le vieux professeur ne s'arrêta pas là : il mit aussi en évidence les dangers d'un tel processus (et dans « processus »... il y'a « procès »...), l'épée de Damoclès qui planait au dessus des organes de Rocket. Évidemment, il s'était attendu à ce que ses poumons subissent de tels effets. Mais le cœur, le foie... Quant le jeune blondin parla, ce fut d'une voix blanche.
« C'est génial... Absolument génial... Soit je m'intoxique tout seul, soit j'empoisonne tout le monde autour de moi... »
Tony resta interdit. Il sentit un léger frisson courir le long de son dos. Son pouvoir avait donc plus d'inconvénients qu'il n'aurait crût... Quant Nakor eut fini, le grand punk mit quelques instants à comprendre qu'on lui tendait les feuilles. Il les saisit d'une main distraite, lisant les chiffres sans les comprendre. Ça devait faire le même effet quant votre médecin vous diagnostique un cancer : La probabilité de mourir lentement dans d'atroce souffrances quitte peu à peu le domaine des « hypothèses lointaines », et devient une possibilité.
Concentré sur les relevés, perdu dans ses réflexions, les idées et les suppositions se bousculant dans sa tête. En science, chaque réponse n'amène que d'avantage de questions. S'il avait retrouvé sa voix habituelle, ses yeux se posèrent alternativement sur le diabolique relevé et le vénérable professeur.
« Ça pose quant même de sacrés problèmes, professeur... Comment savoir si mon corps lâchera ou s'adaptera ? Et qu'est-ce qu'il vaut mieux du coup : que je me serve de ma mutation le moins possible, ou que je m'exerce à la maîtriser ? »
Il fit une petite pause pour reprendre son souffle.
« Si la cigarette me fournit des éléments nécessaires à ma mutation, est-ce que j'arriverai un jour à m'en passer ? Certaines réactions chimiques sont encore plus dangereuses lorsqu'elles sont incomplètes, alors qu'est-ce qu'il se passera ? Est-ce que je risque d'exploser, ou un truc du genre ? Et... que se passera t'il si un jour, mon corps décide de ne plus briser les liaisons covalentes, mais carrément les atomes ? Je vais me transformer en bombe H ? »
Il sentait qu'il perdait peu à peu le contrôle de sa vie. Il avait l'impression que sa poitrine était prisonnière d'un étau glacé. Sa gorge était serrée. Il regardait dans le vide, et parlait vite.
« Est-ce que je vais me mettre à sécréter des substances toxiques en continu, sans m'arrêter ? Est-ce que je condamnerai tous ceux qui m'approcheront à une mort lente et douloureuse ? Qui voudrait vivre avec un déchet toxique ? Ou fonder une famille avec un résidus de Tchernobyl ? »
Il ne savait pas ce qui était pire : mourir subitement, ou tuer d'autres gens sans le vouloir pour pouvoir rester en vie. Il recula de quelques pas, buta contre le mur d'acier et se laissa lentement glisser au sol. Il s'acharnait à déchiffrer la liasse de résultats, en vain. La main dans les cheveux, il ne sentit même pas les larmes perler au bord de ses yeux bleus-verts.
Nakor, comme un vieil imbécile qu'il était, oubliait parfois que les gens à ses côtés n'avaient, ni son âge, ni son recul et son vécu. Et à un moment de découverte de ses propres pouvoirs, les choses étaient encore plus compliqué. Lui avait ressenti tout cela il y a plus de soixante dix ans, c'est peu dire! Et avec le monde et ses évolutions, tout était toujours vécu sans doute avec un peu plus de force. Il oubliait de même que tant que l'on avait pas dépassé la quatrième année d'étude en science physique dans le supérieur, le recul sur les chiffres, les valeurs molaires et les données des spectres à résonance magnétique était très faible voir non existant. Tony prit alors une voix froide et basse, courte et presque essoufflée. Le professeur resta là, sa canne bien ancrée sur le sol, il allait répondre quelque chose quand le pauvre punk enchaîna. Tout était en train de lui tomber dessus en même temps, il imaginait le pire des scénarios en posant des questions à voix hautes et en y répondant sans doute mentalement, dans un imaginaire noir et sans fin joyeuse. Il débita une longue série de questions, d'inquiétudes sur l'avenir, de vie à deux, de mort, de mort de soi et de mort de ses amis. Tony venait de plonger en enfer et devant tant de souffrance à venir, il ne pu que reculer pour s'effondrer une fois le mur proche atteint. Quelques larmes coulaient de ses doux yeux de gentil et brave petit en perdition. Toute cette tragédie résonna en Nakor, qui avait voué sa vie à apporter une aide aux jeunes enfants éprouvant des difficultés. Sa main droite, par dessus le pommeau de sa canne, tremblotait comme se devait de trembloter une main de quatre vingt douze ans. Il avança lentement, faisant claudiquer sa canne avec douceur. Arrivé à la hauteur de Tony, il fit avec une grande tranquillité ce que ferait un gentil grand-père se moquant de son âge et de ses articulations douloureuse : il s'abaissa, à croupi, posa sa main gauche sur le crâne du français, la fit glisser le long de sa joue et, libérant ainsi la place, déposa un baiser sur le crâne du punk en panique.
"Làààà, Tony, regardez moi ... regardez moi dans les yeux mon enfant!"
Il plongea un regard d'azur dans son acolyte du moment. Un vieux regard, un petit sourire léger sur le visage, qui indiquait la compréhension de la situation à son plus haut niveau, avec quoi qu'il arrive, une touche d'espoir et une immense force de vie.
"Avez-vous oublié et qui vous êtes et où vous vous trouvez dans le même temps? Nous sommes dans un lieu crée et fondé par deux très puissants mutants. Des mutants que j'ai connu, qui avaient à coeur leurs semblables. Ils divergeaient sur le reste, mais une chose les unissait et cette chose à donnait la vie à notre Institut Tony : c'est la nécessité de venir en aide à chaque mutant de notre monde, pour lui apprendre à se servir de ses pouvoirs dans sa propre sécurité d'abords, puis dans celle des autres. Et si je suis resté ici si longtemps, prés de soixante dix ans, ce n'est sans doute pas pour rien non plus. C'est que cette idéologie est toujours là, voir plus que jamais."
Puis Nakor fit glisser sa main jusqu'à la main du jeune Tony, qu'il posa par dessus en la secouant légèrement
"Nous avons la plus grande technologie moderne à notre disposition, nous avons les plus grands médecins du monde et ... ce qui est le moins négligeable de toutes mes propositions, nous avons les plus grands mutants de notre planète avec nous. Il y aura forcément assez dans tout cela pour vous apprendre à gérer votre pouvoir encore mieux. Et puis vous oubliez surtout qui vous êtes Tony : un mutant! La nature n'a pas pu mettre en vous un don qui vous détruirez. La nature a forcément mis aussi en vous ce qui permet à votre don de s'exprimer sans que votre corps ne meure. Nous avons des mutants capables de se recouvrir le corps de flammes si puissantes qu'elle transforme la roche en lave, des mutants qui recouvrent leur corps d'une glace si froide que normalement, les cellules vivantes explosent, perforées par les cristaux d'eau solidifiée et qui sont toujours vivant. Moi même, le vieux papy aimanté, mes pouvoirs sont assez puissants pour arracher les molécules de ferrites enfermés dans les globules rouges de mon corps ... et j'ai quatre vingt douze ans Tony, je suis toujours là!"
Enfin un petit sourire sur les lèvres termina de peindre le tableau d'un Nakor remontant le moral
"Il va nous suffire de vous faire progresser et de vous fabriquer des filtres qui pourraient s'activer au moment où vous faite appel à vos pouvoirs. Ils pourraient absorber les vapeurs toxiques et il suffirait de changer les filtres de temps en temps ... on pourrait leur donner une forme de bijou ... vous n'aurez rien contre quelques parures supplémentaire à votre accoutrement non?"
Nakor se mit alors à rire, en tapotant avec sa deuxième main, et par dessus sa première, la main gauche du pauvre français à qui il espérait redonner un peu le sourire. Pour en finir avec cette horrible morosité, il ajouta
"Maintenant vous savez ce que vous allez faire jeune homme ... vous allez m'aider à me relever parce que dans cette position ... je n'arrive plus à bouger!"
Et là, il explosa d'un rire très franc, un rire tonitruant et à gorge déployé. Sacré fichu vieux fou au grand coeur!
Au fond de son enfer mental, Tony fut soudain secoué d'une puissante décharge. Le contact sur son crâne dissipa les visions d'horreur dont il était assaillit, comme l'éclair qui dissipe les ténèbres en déchirant la nuit. La voix profonde du professeur le guida jusqu'à la sortie de l'abîme obscur dans lequel il était plongé, et son discours fut comme une bouffée d'air frais. Ses yeux embués plantés dans le regard doux du vieillard, le grand punk se laissa ramener sur les rives du présent, après avoir manqué de se noyer dans les eaux troubles d'un futur sans avenir. Les paroles de l'ancêtre rallumaient peu à peu le moteur de son intellect et de sa raison, qui avait calé à cause de la surcharge d'informations.
Peu à peu, les choses reprirent places dans leur contexte. Et bien que sa dépression latente continuait à lui chuchoter en sourdine que tout cela n'était que belles paroles et vulgaires sensibleries qui n'empêcheraient pas le pire de se produire, la logique du jeune français reprenait les rennes. Rien ne servait de se perdre en conjectures et hypothèses, car toutes ces spéculations ne reposaient que sur la peur. Encore et toujours la peur, qui le paralysait et lui faisait douter d'une échéance qui, quant on y réfléchissait, était trop lointaine pour être prédite avec certitude. Un morceau de son film préféré lui revint en tête : « Pas de destin. Pas de destin, mais ce que nous faisons de nous même ». Comment avait-il put se laisser submerger comme ça ? Après tout, nul ne sait de quoi demain sera fait. Alors s'il y a une place pour l'espoir, c'est bien ici, non ?
Tony avait l'impression de s'entendre réciter un antique savoir, une perle de sagesse issue d'un savoir millénaire. Il y a un vieux dicton qui dit : « L'expérience est une lanterne qu'on a dans le dos. Elle n'éclaire que le chemin déjà parcouru ». Si Rocket ne savait pas encore ce qui l'attendait sur sa propre route, il venait de comprendre qu'il était possible de suivre la lumière laissée par ceux qui avait déjà emprunté un chemin comparable. S'il n'était pas aussi strictement hétérosexuel, il aurait embrassé le vieux Nakor, car le vieux sage venait très probablement de lui sauver la vie. Et il était d'ailleurs probable qu'il la lui sauve encore à l'avenir.
Alors dès que le vénérable (du sommet) sollicita son aide pour se relever, Tony s'essuya les yeux d'un vif revers de la main. La malédiction venait d'être définitivement levée par le rire tony-truant auquel il succomba lui aussi. Le grand blond se releva lourdement, agrippa le bras du professeur et le hissa en position verticale, essayant au maximum de préserver les lombaires de l'ancien.
« Désolé professeur... »
Sa voix était enrouée. Tony se détourna un instant pour achever de s'essuyer le visage. Il prit une grande inspiration, et souffla un grand coup pour retrouver la totalité de ses esprits. Il se pencha pour récupérer le mégot de sa précédente cigarette, qu'il rangea dans sa poche. Puis il s'en alluma une autre, et fit à nouveau face au vieux Nakor, parlant d'un voix rauque mais douce.
« J'en ai marre... Marre d'être bouffé de trouille comme ça... Ouais, ça me bouffe la vie. J'ai une vilaine tendance à la dépression et une image de moi très faible, alors dès qu'il y a la moindre difficulté qui se pointe, je m'effondre... Enfin bref ! Je...»
Il secoua la tête, respira encore une fois profondément et souffla un nuage de fumée loin du vieil homme avant de lui faire face à nouveau. Il lui adressa un regard dans lequel on lisait toute la gratitude du monde (au moins!).
« Merci. »
Il épongea prestement un vestige de larme sur sa joue, s'éclaircit la gorge et repris.
« En tout cas, vous avez tout à fait raison professeur : il faut que je m'entraîne à maîtriser mon pouvoir. Parce que c'est bien beau d'imaginer des problèmes éventuels, mais le danger d'une perte de contrôle, lui, il est bien réel. Alors un problème après l'autre. »
Ça y est, il redevenait analytique et logique. Le gros de la crise était passé. Tony se prit le menton entre le pouce et l'index, plissant les yeux, signe de réflexion.
« D'ailleurs, c'est une super idée, les filtres... Mais ça pose au moins deux problèmes : »
Il énuméra sur ses doigts, regardant alternativement le professeur et le plafond.
« Déjà, il faudrait qu'ils puissent filtrer tout ce qui est nocif, malgré la diversité des produits... Peut-être en trouvant un atome qu'ils ont en commun, ou... Mais bon, ça je m'inquiète pas trop : si y'a bien un chimiste de génie qui peut trouver la solution, c'est bien vous... »
Il rit doucement.
«Mais avant tout, il faudrait trouver où se situe la production, dans mon corps, j'veux dire... Et sans que ça m'empêche d'utiliser mon pouvoir. Parce que bon, voler, c'est quant même cool... »
Il sourit, puis ses yeux s'écarquillèrent. Une idée venait de lui traverser l'esprit.
« Ah mais attendez ! On peut faire plus simple, en attendant ! »
Il claqua des doigts.
« Après mon entraînement avec Virginie, j'ai voulu demander à Miss Lemington s'il était possible d'avoir... un genre de combinaison, vous voyez ? Pour ne plus déchirer mes fringues, et tout.. Et si on fixait les filtres directement sur la combinaison ? Toujours sans que ça m'empêche de voler hein … Comme ça au moins, jusqu'à ce qu'on trouve comment me les implanter, ça protégera au moins les autres... »
Le jeune planta son regard dans celui du vieux. L'innovation se nourrit de l'expérience, non ?
Nakor avait souvent joué, auprès de la quantité hallucinante de jeunes en détresse dans cet Institut, le rôle du roc solide et stable au beau milieu d'une tempête déchaîné. Il avait prit un peu l'habitude d'éclairer les chemins obscurs, car comme le disait un autre vieux fou "on peut trouver le bonheur, même dans les moments les plus sombres, il suffit de se souvenir d'allumer la lumière!" Le jeune Tony semblait retrouver un peu son calme, les larmes se tarirent, puis le souffle revint et une sorte d'apaisement vint s'installer en lui. Le professeur avait réussi, sans mentir, sans manipuler, juste en disant la vérité, une vérité cachée par les fumées de la peur et de la panique. Le grand blond se releva puis aida l'ancêtre à faire de même, avec une immense douceur et une grande délicatesse. Nakor poussa un léger râle d'effort et de vieille douleur puis se passa une main dans le dos
"Houuuu faudrait pas vieillir!"
Il entendit alors Tony s'excuser avant de se détourner avec une grande décence pour essuyer ses dernières larmes et reprendre ses forces
"Non, il n'y a rien à excuser Tony ... si vous pensez être le premier à perdre ainsi pied, vous faite là, la plus grande erreur de votre vie. Même Charles et Eric ont douté, alors qu'ils étaient les plus puissants mutants que j'ai jamais rencontré."
Le français ne pu s'empêcher d'indiquer qu'il était plutôt sujet à la dépression, avec tout ce qu'il y avait de maladroit dans la voix. Et surtout un merci qui en disait long. Sans prendre la peine de prendre la parole, Nakor inclina très lentement la tête, en signe d'acceptation et de reconnaissance sans besoin de retour à l'envoyeur. Une petite cigarette, quelques réflexions à haute voix et des idées. Le physicien ouvrit grand les yeux, comme s'il était étonné d'entendre de tels propos
"Mais! ... quel fieffé gourgandin celui-là ... pensiez-vous que les X-men s'accoutrent d'uniformes immondes et ridicules pour le simple plaisir de lancer une nouvelle ligne de vêtement?"
Nakor leva les yeux au ciel en hochant de la tête de la gauche vers la droite. Puis reprenant un visage souriant, il glissa habilement un bras sous celui de Tony, et ils se mirent à marcher. Un jeune promenant son grand-père
"Vous vous hâtez trop ... la jeunesse est d'une prévisibilité intéressante! Vous mélangez tout Tony, alors reprenons à la base : un mutant doit apprendre avant tout à se passer de ses pouvoirs! Moins vous les utilisez mieux c'est. La dépendance à des aptitudes particulières nous coupe trop du monde réel dans lequel nous vivons, qu'on le veuille ou non. Voilà pourquoi je pensais à des petits filtres aspirants qui pourraient vous sauver la mise dans le cas exceptionnel où vous seriez mis en difficulté dans la vie de tous les jours. La présence forte en souffre et en cyano-ramification rendra les gaz vraiment dangereux facilement captable. Ensuite oui, pour une utilisation prolongée, vous allez évidemment avoir besoin d'une combinaison ... une combinaison à votre taille mon cher petit ... qui vous sera très proche du corps ... oubliez donc votre style ... grunge? Punk? Néo-gothique? Que sais-je?"
Nakor fit les gros yeux pour indiquer à quel point il n'avait aucune idée de quel était ce style vestimentaire, lui même s'étant arrêté au style moyenâgeux de l'époque des lumières
"Enfin bref, une combinaison sera bien plus efficace c'est évident ... mais croyez moi, vous n'aurez pas envie de rester dans cette combinaison pour aller vous acheter des cigarettes ou boire une pinte en ville, ho non!"
Le professeur se permit de tapoter le buste du jeune mutant en indiquant dans le même temps
"Et pour répondre à votre question, c'est d'ici que jaillissent vos émanations Tony, vos jambes sont le côté expulsion de l'énergie du réacteur chimique que vous êtes, mais du coup, les gaz sont évacués à l'opposé au niveau des pores de la peau de votre buste ... abdominaux, poitrine, bras, avant bras ... vous n'échapperez donc pas à une combinaison intégrale si jamais vous partez avec nous en mission."
Nakor s'arrêta, ils venaient de sortir de la salle d'entraînement et il avait guidé le français jusqu'à une salle spéciale
"Voyez donc à quoi nous ressemblons ... et oui ... nous! Je fais souvent parti des brigades d'interventions ... même à mon âge!"
Puis Nakor se mit à rire alors que des panneaux dans le mur se retournaient et que certaines combinaisons aux couleurs bigarrées pouvaient être vues, bien à l'abri des plus curieux qui voudraient les prendre sans autorisation. Il termina alors ainsi
"Mais avant de pouvoir avoir une tenue officielle comme celle là, et essayer d'intégrer les X-men, il va falloir beaucoup vous entraîner Tony. Je vais contacter Samarah et voir avec elle ... nous allons vous mettre au point un petit programme d'entraînement. Qu'en dites-vous?"
En disant cette dernière phrase Nakor prit le ton d'un conspirateur, cela ferait presque peur de voir à quel point il pouvait se frotter les mains par avance quand il s'agissait de mettre à l'épreuve les autres et de les faire se dépasser dans l'effort acharné.
La situation était à nouveau détendue. Tony tenait Nakor par le bras, et les deux français cheminaient sereinement dans le sous-sol de l'Institut. L'ancien, avec sa verve habituelle, exposait son point de vue quant au style vestimentaire, et aux limites d'utilisation des pouvoirs mutants. Le jeune punk écoutait d'une oreille attentive, tâchant de graver ces informations dans sa mémoire, riant de connivence avec le vieil homme. Le scientifique répondit aussi à ses questions sur son anatomie. Mais il fut un nom qui se figea instantanément dans son esprit :
Les X-Men. Même si leur existence passée avait été démontrée dans les livres d'histoires les plus récents, cette équipe de mutants faisait office de légende pour la plupart des gens de la nouvelle génération...
Et voilà que ce diable de Nakor lui présentait l'armoire secrète qui cachait les tenues que portent les X-men d'aujourd'hui, en précisant qu'il en faisait lui-même partie !!! Tony en resta bouche bée.
Mais ce n'était pas tout. Le diabolique vieillard lui proposait carrément d'intégrer l'équipe, et de suivre un programme d'entraînement intensif avec Miss Lemington. Tony n'en croyait pas ses oreilles, son regard bleu se posant alternativement sur les combinaisons (qui en jetaient grave, quant même!) et sur le maître du métal. Il n'aurait su dire si c'était dû à son imagination, mais il lui semblait que le vieux Nakor venait soudain d'acquérir une toute nouvelle stature, une aura de puissance et de majesté, comme ces vieux magiciens au savoir millénaire et aux pouvoirs prodigieux. Il ne lui manquait que la barbe !
« Ce que j'en dit ? »
Il fixa un instant les tenues qui reposaient dans les vitrines, le temps de faire le point : L'un des plus brillants chimistes du pays allait l'aider à réguler les effets néfastes de sa mutation. Il s'entraînerait à maîtriser son pouvoir avec la mutante qui avait la réputation d'être la plus puissante au monde (réputation méritée, à ce qu'il avait put constater). Il aurait l'opportunité d'utiliser son don pour aider les gens. Et en prime, il aurait la méga-classe dans une tenue comme ça !!!
« J'en dit que c'est GRAVE COOL LA RACE DE SA GRAND-MERE !!! … Ahem, pardon... »
Il s'était un peu laissé emporter par l'exaltation du moment. Il tâcha de se calmer, mais ses mains tremblaient. Il sentit l'émotion lui monter aux yeux.
Il voyait bien que le vieux Nakor lui cachait quelque chose, et il devina sans peine ce que c'était : il allait en chier des cactus. Ils allaient lui faire suer sang et eau, et ni le vieux prof, ni la redoutable Cerbère ne lui feraient de cadeaux.
Mais Tony ne se faisait aucune illusion sur ce qui l'attendait. Le monde évoluait, et pas spécialement en faveur de l'homo superior. La violence, le danger et la cruauté pouvaient s'abattre sur leur tête d'un instant à l'autre. Car c'était une guerre qui couvait là-dehors, ni plus ni moins. Et qui dit « guerre », dit « victimes ».
Il hésita une petite minute. Puis, après une dernière taffe sur sa cigarette, qu'il écrasa sur sa botte, un petit sourire en coin apparut sur son visage. Il fixait toujours les armoires, avec une intense expression de défi. Il allait jouer dans la cour des grands.
« Toute ma vie... j'ai eut des choix à faire. Et presque à chaque fois, j'ai laissée la vie décider à ma place... Je me disais que c'était pas important... Mais là... Là, je sens que ça pourrait bien être la décision la plus importante que j'aurai jamais à prendre... Et vous savez quoi ? J'ai hâte.»
Il se passa les mains sur le visage, puis dans les cheveux. Fermant les yeux, il choisit ses mots avec soin.
« J'ai hâte de voir ce que ça va donner... J'ai hâte de voir jusqu'où je peux aller... J'ai hâte de trouver ma place, d'enfin servir à quelque chose dans cette chienne de vie... »
Il inspira un grand coup, puis rouvrit les yeux, plantant son regard dans celui de Nakor. Tony ricana.
Les deux français souriaient à pleines dents.
« Hahaa… Je sens qu'on va bien se marrer... Je suis partant! À 100% !!! »
Il tendit une main pleine de vigueur. L'avenir s'annonçait houleux. Mais tel un pirate qui part à l'abordage, il allait au feu le sourire aux lèvres. Quitte à mourir un jour, autant que ce soit éclatant !
Nakor s'attendait très clairement à une déconfiture totale, les vêtements autrefois tissés par les premiers X-men puis la ligne qui en découla au fil des années était une horreur stylistique sans nom. Des couleurs criardes, des lignes étranges, un tissu bien souvent épais et étouffant ... le vieux professeur préférait son costume style 1860, chapeau haut de forme, cape, pantalon en flanelle et veston et surveste en taffetas. Voilà un style, pas des immondices jaunes et noires. Mais la jeunesse se devait d'avoir ses particularités singulières et là était sans doute celle de Tony. Le vieux fou plonge un regard suspicieux sur le jeune homme en le scrutant au plus prés. Mais c'est après l'explosion de joie et d'émotions vives que le scientifique ouvrit de grands yeux inquiets. Il arqua son sourcil droit et fronça le gauche, et s'empêchant très fortement de poser sa main sur le front du français pour vérifier sa température.
"Est-ce que tout va bien Tony?"
Le gentil punk semblait alors s'interroger au très fond de lui même, c'était un moment important et délicat qu'il ne fallait pas briser. Une minute s'égraina, une bouffé de fumée s'éleva, une cigarette se termina avant qu'un instant un brin sérieux et solennel s'installe. Nakor redevint sérieux au possible, écoutant avec attention. Un lent sourire se dessina sur ses lèvres et un petit hochement de tête accompagna la réponse. Il saisi la main au vol, avec une force anormale pour une momie de son âge, la serra avec vigueur tout en prenant un ton chaleureux.
"Mon cher Tony, voilà une bonne, une très bonne envie : trouver sa place et son utilité dans notre monde. Vos pouvoirs font partis de ceux qui peuvent faire pencher la balance. Vous serez donc forcément utile et vous avez votre place au sens de notre petit groupe d'intervention. Le travail va être long et difficile, mais vous y avez votre place oui."
En effet, il y avait bien des singularités au sein des mutants, certains avaient la capacité de contrôler l'esprit des gens, d'en lire les pensées, de s'élever dans les airs, de modifier le temps, de convoquer la foudre, de se téléporter mais d'autres ne pouvaient que modifier la couleurs de leur iris, faire écrire un stylo sans qu'il n'y ait d'encre à l'intérieur ou encore permettre à une pièce de cuire déchirée, de retrouver son intégrité. Chaque don était à respecter, mais tous ne pouvaient être utilisé en période de combat, d'affrontement pour la vie, le bien et la sauvegarde d'un monde dans lequel différence espèce doivent pouvoir cohabiter. Tony semblait certain de prendre un immense plaisir à tout cela. C'est à ce moment précis qu'un sourire diabolique s'afficha chez le vieil homme, un sourire à faire froid dans le dos.
"Vraiment?"
Puis Nakor se déplaça doucement vers la sortie, sa canne martelant très lentement le sol. Les panneaux se refermèrent et on put entendre, comme venu du fond de l'enfer
"Soyez prêt ... nous viendrons."
Puis Nakor, comme un démon du cinquième cercle, disparu derrière la porte et s'empressa de laisser là un Tony sans doute un peu abasourdis et légèrement inquiet. Il devait aller convaincre Samarah de démarrer un entraînement pour le nouveau membre prometteur des X-men.
Tony fut surpris de la force implacable avec laquelle les doigts de l'ancêtre se refermèrent sur sa main : Le vieil homme avait une poigne d'acier ! Le grand punk supposa que la mutation du professeur le maintenait dans une forme olympique, malgré son âge canonique. Souriant de toutes ses dents, le blondin senti une bouffée de confiance l'envahir.
"Vraiment?"
Aaaaaaaaaaaand it's gone !
Le ton vicieux et le regard diabolique du vieillard provoquèrent un léger frisson dans la nuque de Tony, qui sentit ses entrailles se compacter en une petite boule glacée qui lui tomba dans l'estomac. Une douche froide n'aurait pas été plus efficace.
Et avant qu'il n'ait eut le temps de se remettre de cette déstabilisation surprise, le sournois maître du métal (encore plus que James Hetfield) s'en fut par la porte, et lâcha un :
"Soyez prêt ... nous viendrons."
avant de disparaître comme une invocation de démon majeur, ce qui acheva de plonger le grand blond dans l'incompréhension la plus totale. D'ailleurs, la voix d'un célèbre démon de jeu vidéo résonnait dans sa tête : "Vous n'êtes pas prêts !!"
Deux minutes s'écoulèrent en prenant leur temps, ce qui est leur droit le plus fondamental. Cela laissa à Tony tout le loisir de fixer le panneau d'acier en restant la bouche pendante comme un benêt. Il avait la sale impression qu'une stalactite venait de se frayer un chemin jusqu'à sa gorge, mais en passant par son fondement, ce qui est hautement désagréable même pour les éventuels esquimaux de la jaquette qui pourraient y être habitués (aucune allusion homophobe, juste le plaisir de la vanne cradingue. Mais vous commencez à y être habitué à force, non?).
« Mais j'hallucine ma race en chaussures de ski !!! »
Puis il se ressaisit. Tout ce qu'il avait dit ou pensé dans le post précédent lui revint en mémoire, et d'un coup, il se sentit prêt. Enfin, psychologiquement, au moins. C'est à dire autant qu'un joueur de Call of Duty peut se sentir prêt à la guerre... Mais merde à la fin ! Il avait pas traversé la Manche pour prendre des photos !
Puis il analysa un peu l'équipe qu'il allait intégrer :
- Miss Lemington, la télépathe et télékinésiste la plus puissante au monde. - Nakor, un vieux de la vieille bourré de connaissances et de sagesse, pouvant commander à la matière qui compose facilement 90% de l'environnement moderne. - Virginie, une combattante redoutable au corps à corps, capable d'encaisser des rafales de mitrailleuses sans sourciller. - … Et sûrement d'autres, qu'il ne connaissait pas encore...
Et au milieu de tout ça : lui. Le boulet cosmique. Le geek en Doc Martens. Expert nulle part, mais doué un peu partout. Avec un niveau Licence en Psychologie (pas validée, hélas, mais à peu près!). Mais surtout, punk à roulettes réaction, capable de voler. Oui, de VOLER !!! De faire du 200 à l'heure sans transpirer, et de traverser des murs sans se fouler un doigt de pied. Ses années de pratique intensive des jeux de stratégies ne lui laissait aucun doute sur l'utilité tactique qu'un pouvoir comme le sien pouvait apporter... Enfin, quant il aurait appris à s'en servir, quant même.
Dans sa tâte, la voix de démon se mua en une voix de Lion :
*Votre roi vous invite à la fête... Soooyeeeeez prêêêêêêêêêêêtes !!!*
Et soudainement, il éclata de rire. Levant les poings au ciel, il laissa éclater son enthousiasme.
« OH QUE OUAAAAAAAAIS, JE SUIS PRÊT !!! ROCKET EST DANS LA PLACE !!! ÇA VA CHIER DES BULLES CARRÉES!!! MÉTAAAAAAAAAAAAAL !!! »
Les choses se présentaient finalement pas si mal que ça. Il ne savait pas ce que l'avenir lui réservait. Mais quant on est punk, l'avenir, on s'en branle : on l'apprécie quant il arrive.
Qu'est-ce qui pouvait lui arriver de pire, hein ?...
« Hahaha... Heu... »
Il était tout seul, à rire et à se parler à lui-même comme un con. Déjà.
Qu'est ce qui pouvait lui arriver de pire ?
Oh trois fois rien... Des petits désagréments mineurs, comme LA MORT. Soit à cause de ses pouvoirs devenus incontrôlables ou générant trop de toxines. Ou bien au combat, abattu par des militaires énervés, ou pulvérisé par un mutant psychopathe du calibre de Louis Désiré.
Deux bonnes raisons de boire Contrex.
Ses yeux s'assombrirent un peu, et il lâcha un long soupir.
« J'me demande quant même si j'ai pas fait une grosse connerie, moi... » marmonna t'il en se trainant nonchalament à la poursuite de son destin.
................................... Nakor parviendra-t'il à convaincre Miss Lemington d'intégrer un nouveau aux X-Men ? Est-ce que Tony parviendra à faire ses preuves ? Virginie Parish reviendra t'elle de son excursion ? Est-ce que June arrivera enfin à retrouver le sommeil ? Quelle est la véritable identité de Louis Désiré ? Les combis moulantes passeront-elles de mode ? Est-ce que la mort va enfin trouver l'amour ? Est-ce que ce cliffhanger était prévu par l'auteur ?
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Sujet: [RP] Gnothi seauton (Connais-toi toi-même) 
