Pour certain voyager en avion est d'une banalité sans nom, pour Kostantin, c'était comme aller au parc d'attraction. Les sièges étaient confortables, il fit une sieste mémorable, et s'empiffra jusqu’à la dernière miette du plateau-repas de la première classe. Il n'avait jamais mangé d'écrevisses de sa vie.
Une fois arrivé, était-ce Doris Léolagus qui avait bien préparé le voyage ou était-ce tout simplement un pays plus libre, mais tout se passa pour le mieux. Kopka craignait toujours que la police vienne le chercher a l’aéroport. Mais non, rien de tout cela. Ils posèrent le pied au Canada sans la moindre encombre, et Kopka inspira profondément l'air glacé de la liberté.

Il faut néanmoins préciser qu'au demeurant, même si Kopka était rempli de satisfaction de se voir libre et loin de Russie, ce dernier n'avait toujours pas la moindre idée de ce que pouvait bien être la "Confrérie". En vérité, Kopka avait psychologiquement relégué cette question au plan le plus secondaire, compte-tenu du fait qu'au beau milieu d'un festival de la baffe dans une évasion brutale, comprendre en détail ce qu'était la Confrérie avait prit un tour très dispensable. Mais il était maintenant nécessaire de se pencher sur la question.

Au moins, si toute cette histoire ne lui convenait pas, Kopka espérait qu'il n'ai pas a briser quatre mâchoires pour s'en sortir.

Les bâtiments de la "Confrérie" étaient modernes et sérieux. Tout en l'accompagnant, Doris lui expliqua ça et la quelques détails, jusqu’à l'amener a l'infirmerie. La les y attendait une brune a la taille plus fine que les herbes de la taïga, et aux yeux froid comme le fer. Elle s'adressa a lui sans se présenter, et malgré un anglais parfait, Kopka, qui pourtant n'avait aucun talent pour les langues, reconnu au loin un accent, pourtant bien caché. Une russe. Un accent élégant, bien loin de son accent de mauvais garçon des dépotoirs de Novgorod. Une moscovite, peut-être même une boyard. Une dame.
Intimidé par le genre féminin, surtout devant une grande dame, Kopka rentra telle la tortue sa tête dans ses épaules massives, et ne la regarda pas dans les yeux.,

Kopka ne répondit rien, le silence étant une réponse plus respectueuse qu'un anglais bafouillé. De toute façon, les questions de la grande dame n’appelaient pas vraiment de réponse. Elle lui demanda de se déshabiller, sans doute pour l’ausculter.
Kopka sourit intérieurement, si elle voulait l’ausculter, bon courage. A sa dernière visite médicale a la caserne, le doc' n'avait rien pu écouter au stéthoscope et avait brisé trois aiguilles avant de renoncer a faire une prise de sang. La peau de Kopka avait trop durci.
Cependant, n'y voyant pas vraiment d'inconvénient, Kostantin se mit torse-nu. Il préférait, d'ailleurs. Ne souffrant jamais du froid et se sentant toujours a l'étroit dans ses vêtements.

Il plia ses vétements et les posa sur le dossier d'une chaise, alors que sous la lumière artificielle luisaient, d'un vert blanchâtre, les larges et épaisses plaques écailleuses qui quadrillaient son corps.

Le premier contact avec la dame de l'ombre n'était pas spécialement désagréable. Certes, elle aurait pu passer au travers du chas d'une aiguille et son regard pouvait refroidir une centrale nucléaire devenue incontrôlable, mais elle ne s'attarda pas à le scruter de manière dérangeante.
Elle ne prit pas non plus la peine de lui serrer la main - et encore moins de lui faire la bise - ce que Doris ne considéra pas négativement. Elle était sa supérieure et, globalement, avait tous les droits de politesse sur lui.
Il rentra à la suite de la robe et, laissant Kostantin passer, ferma la porte derrière eux.

La salle était parfaitement ordonnée, pas le moindre défaut ne venait perturber l'ordre absolu qui s'était installé ici. Une telle maniaquerie forçait à faire très attention à ses propres gestes. On se sentait obligé de ne rien perturber de la quiétude du lieu, en cet instant l'ordre appelait l'ordre et lui hurlait de ranger sa chambre.

* C'est donc Melle Elkash, pensa le scandinave. Plutôt belle, mais tellement neutre, froide. On pourrait penser qu'elle tuerait père et mère si cela pouvait la mener à son objectif. Ça me rappelle quelqu'un. *

Malgré un petit sourire intérieur, Doris garda un air sérieux. Il devait le rester, éclater de rire aurait très certainement été mal perçu. De toute manière il était incapable de rire tant il voulait prendre du temps pour lui.

Il se contenta de laisser les événements se dérouler. Kopka se mit torse nu, ce qui fut un spectacle particulièrement impressionnant. Le contraste entre l'armoire russe et l'herbe de la taïga avait quelque chose de touchant. Une union des deux serait très certainement contre-nature, mais la symbolique sous-jacente de l'alliance entre la force et la fragilité avait quelque chose de poétique.
Sans se rappeler que Kenjiss était du même acabit, Doris se dit que la chirurgienne devait être impressionnée. Ce dont il était certain, en revanche, c'était que le russe était tout à fait intimidé, ce qui révéla en lui une candeur touchante.

Dans un tintement Twikjeya s'adressa au suédois.

- Comment s'est déroulé votre sauvetage monsieur Léolagus ?
- Plutôt bien, il me semble, récita Doris. Il avait préparé une réponse à cette question. Nous avons été repérés mais Monsieur Chenkov a fait preuve d'une très bonne volonté, ça ne s'est pas passé sans mal pour les Infériors. Par contre il est encore un peu mal-à-l'aise avec l'anglais, sans doute aura-t-il besoin de temps pour s'adapter. Je pense qu'il sera un très bon élément pour la Confrérie, rajouta-t-il après une petite réflexion, ses qualités physiques sont tout à fait louables.

Il était bien placé pour le savoir après avoir passé une longue nuit à ses côtés. Tant sa force que son endurance étaient supérieures à la moyenne. Sa réactivité aussi avait été très appréciable. Kostantin s'était montré doué dans le domaine physique, toute qualité était bonne à prendre.

Sous les reflets verts qui parsemaient la pièce, Doris se demandait comment la frêle chirurgienne allait s'y prendre pour ausculter le géant en armure. La médecine avait fait de beaux progrès, surtout avec l'avènement de l'Homo Superior, mais la situation lui parut tout de même un peu irréelle. Il lui tardait de voir comment David arriverait à défaire Goliath.

Le colosse ne pipa mot mais ne fit aucune difficulté pour se déshabiller, et Twikjeya put vérifier l'exactitude des renseignements dont elle disposait en mesurant le russe d'un rapide regard. Kostantin était un véritable tank humain, et à n'en point douter, l'un des rares mutants capable d'augmenter drastiquement la puissance de feu déjà fort respectable de la Confrérie. Il prit néanmoins la peine de plier ses vêtements, et la sombre dame nota ce détail. Le russe ne la regarda pas dans les yeux, mais rare étaient ceux qui s'y risquaient. La plupart des gens étaient intimidés par un regard trop dur pour être amical, ou trop vide pour être celui d'un être sain.

Parfait. Kostantin avait apparemment déjà son idée quant au traitement à réserver aux humains d'après les dires de Doris... Individu qu'elle voyait lui aussi pour la première fois, mais après tout, était ce réellement important ? Comme toujours, Twikjeya s'interdisait de juger et pour peu que celui qui lui amenait une nouvelle recrue soit propre et vaguement doué de capacités cognitives, elle se garderait bien de lui faire la moindre remarque. Y a il besoin d'effacer définitivement vos traces en Pologne ? Elle détourna la tête en s'approcha de Chenkov. Maintenant que vous êtes à la Confrérie, vous pouvez parler sans craintes si vous désirez en savoir plus... sur nos motivations ou nos intentions à votre égard.


La chirurgienne n'aimait pas perdre de temps et posa sans avertissement une main arachnéenne sur le blindage du mutant, comme pour en éprouver la solidité. Elle ne s'attarda pas et parcourut en quelques pressions le dos de Kostantin, vérifiant d'instinct qu'il ne souffrait d'aucune blessure récente. C'était un exactement de routine, et elle n'avait guère d'informations à ajouter au dossier médical déjà conséquent de monsieur Chenkov, dûment tenu à jour par les divers scanners qui pullulaient dans la bâtisse. En d'autres termes, il s'agissait davantage de la touche finale de l'examen que d'un réel dépeçage de nouveau, en dépit d'une légende tenace qui assurait que l'on ne ressortait pas du premier examen de mademoiselle Elkash sans traumatismes psychologiques graves qu'entrainaient un examen rectal d'une violence inouïe, une stimulation atroce de la plupart des nerfs du corps et la perte irrémédiable de dizaines de litres de sang.

Loin des clichés, Twikjeya s'aperçut toutefois rapidement qu'elle allait devoir employer la matière forte pour obtenir le groupe sanguin du mutant tortue. La peau de Kostantin était plus dure que la moyenne, c'était une évidence, et il lui était physiquement impossible de la transpercer, pour la même raison qui l'empêchait régulièrement d'entamer un pot de confiture neuf.

R-н Chenkov énonça une voix froide dans un russe parfait, comme si Twikjeya désirait le mettre à l'aise en parlant sa langue natale Я собираюсь нужно сделать анализ крови. Пожалуйста, сохраняйте спокойствие, может быть, что это больно.

(Monsieur Chenkov Je vais devoir vous faire un test sanguin. Restez calme je vous prie, il se pourrait que cela fasse mal.)

Et la sombre dame d'attraper d'un tiroir un instrument d'apparence tout à fait banal, une simple seringue munie d'un piston légèrement plus volumineux que la moyenne... Elle nettoya consciencieusement le creux du bras gauche... Et pressa d'un coup sec le piston, qui poursuivit sa lancée en laissant le doigt loin en arrière, propulsé par une décharge d'air comprimé tout juste suffisante pour perforer la peau et mordre la veine offerte. Une légère giclée de sang s'étala sur la compresse préalablement déposée, et ce fut tout. A condition que Kostantin ne rue pas sous le coup de la douleur, brisant tous les os de la chirurgienne sans même y faire attention... C'était les risques du métier. Et puis ces gens qui craignaient la douleur étaient toujours et encore une incompréhension pour la mutante qui voyait des dizaines de milliers de cachets d'aspirines consommés chaque jour pour de simples migraines. C'était à croire que les gens refusaient une sensation purement physique et si délicieuse lorsque l'on apprenait à la connaître. D'ailleurs, peut être aurait elle du employer la foreuse laser pour découper les plaques osseuses de Chenkov, afin de jauger ses réactions à venir lorsqu'il s'agirait de détruire de l'inférior au mépris des douleurs...

La dame posa ses mains sur la chair de Kopka, et c'était peu dire que de constater que ce dernier n'était guère habitué a être ausculté par une femme. Ses mains coururent sur le long de son échine, touchèrent les lourdes plaques qui couvraient son dos. Kopka prit un air triste, ses écailles et sa peau étaient si dures qu'il ne sentit presque pas les doigts de pianiste de la dame au regard d'acier.

Quand soudain, un miracle, ou non, plutôt une libération. Kopka avait raison, la dame parla en russe. Un russe parfait, un russe des villes. Kostantin Karskillievitch Chenkov afficha un sourire sincère et son regard croisa celui de Doris. Le passe-muraille n'avait jamais eu l'occasion de voir Carapace sourire.

La piqure était terminée quand Kopka commença a en ressentir le picotement. Une piqure sans douleur, Kopka avait bu des vodkas qui tabassaient plus dur que ça...
Comme si d'entendre parler sa langue avait été un réconfort inestimable, Kopka se sentit soudainement en confiance, et a la surprise générale, lui qui avait été si discret délia sa langue alors que la dame en finissait avec sa seringue.


"-Бывший чиновник интендантского правления, отставной коллежский секретарь Лахматов, сидел у себя за столом и, выпивая шестнадцатую рюмку, размышляя о братстве, равенстве и свободе." lança l'homme-carapace, mi-craintif, mi assuré.
(Pardonnez mon anglais, Madame, je n'ai pas été très éduqué. Votre passe-muraille me mena a la liberté et si vous en êtes la patronne alors vous avez au même titre tout ma gratitude.)

"-Прическа a la Капуль. Тело покрыто зеленой шерстью и пахнет псиной. Внизу спины болтается хвост, оканчивающийся стрелой. Вместо пальцев - когти, вместо ног - лошадиные копыта."
(Il ne me presse pas de savoir quelle maison est celle-ci, Madame. Vous deux m'avez rendu libre, et pourvu que je le reste, je serais, Madame, a votre service.)

Il finit sa phrase posément, et croisa les bras en creusant les épaules. Sans que Kopka ne le fit exprès, Doris et Twikjeya ressemblaient a de frêles roseaux a l'ombre du géant de chair et de plaques.
La Confrérie venait de gagner un nouvel homme. Un homme qui en valait deux.

- Y a il besoin d'effacer définitivement vos traces en Pologne ?

Le suédois réfléchit à cette question. Une évasion sans laisser beaucoup de traces - du moins rien pour l'identifier - quelques vols de véhicule, rien de trop grave. Le seul hic était qu'un détenu de la Pologne se retrouvait maintenant à la Confrérie, il vaudrait mieux éviter que ça s'ébruite.

- Le seul point noir, répondit Doris d'un air calme et posé, est qu'un détenu russe se retrouve, après son évasion, entre nos murs. Soit il devra ne pas se montrer à l'extérieur, soit il serait bon de faire disparaitre tout moyen de l'identifier : affiche, fichiers informatiques, enregistrements audio, code ADN... Sans doute la Confrérie s'en est déjà chargée ?

Cela lui paraissait évident. On ne demande pas un enlèvement sans assurer ses arrières.

Puis Doris découvrit ce que l'on pouvait ressentir lorsqu'on tenait la chandelle : les deux mutants se parlèrent en russe et, ne comprenant pas se qu'il se tramait, il les scruta afin de déceler à leurs actes et leurs expressions faciales ce qu'ils pouvaient bien se dire.

Du côté de Twikjeya, autant regarder un glaçon par moins douze degrés. Deviner ce qu'elle pouvait ressentir revenait à faire dessiner un aveugle ou rendre honnête un politique : c'était mission quasi-impossible. Quasi car elle semblait tout de même éprouver un certain intérêt envers la tortue. Sinon elle ne se serait pas embarrassée à parler russe. Encore que, c'était peut-être plus facile pour elle, s'il s'agissait de sa langue natale. Définitivement, elle était difficile à percer à jour.
Goliath, en revanche, semblait de plus en plus à l'aise, jusqu'à sourire. Quel exploit, lui, si pince-sans-rire, arborait un visage à faire pâlir une bananeraie ! Il suffisait donc de le faire saigner pour le mettre à l'aise ? Il était amusant de voir avec quelle facilité elle l'avait intimidé alors que le scandinave, pour s'allier à Kostantin, avait dû venir le chercher dans un trou à rats et traverser l'Océan.

* Une véritable armoire, ce monsieur Chenkov. *

En pensant cela, Doris se tint le bras gauche, ses traits légèrement tirés par la douleur. Le trentenaire grisonnant n'avait pas trop souffert de l'échappée, à quelques ecchymoses près.
Cependant le détail n'échappa à l’œil exercé de la chirurgienne qui lança un regard neutre dans sa direction, ce que Doris comprit comme inquisiteur. Sans doute valait-il mieux passer un rapide examen pour s'assurer que tout allait bien.

- J'ai effectivement quelques douleurs dans le corps, expliqua-t-il en soupirant légèrement à l'idée de ce qui l'attendait, peut-être pouvez-vous me donner votre avis ?

Il défit sa chemise sale comme lui et la posa proprement à côté des affaires de Kostantin, dans un soucis d'ordre, afin de mieux coller au contexte de l'infirmerie.
Bien qu'il ne fût pas rachitique, Doris n'aimait pas se mettre torse-nu à côté d'une montagne de muscle : il savait que le contraste faisait de lui une crevette. Dans ce cas, sa blancheur de peau typique, parsemée çà et là de tâches vialacées, tranchait considérablement avec les écailles de jade qu'arborait le biceps à ses côtés. Il ne fit pas paraitre son malaise et attendit que l'examen se passe. Il n'avait pas peur de la seringue pour éléphant vu qu'il était beaucoup plus mou que son homologue russe.

- Quel est votre diagnostic ? s'enquit Doris, le plus respectueusement possible, en essayant d'oublier qu'il était cerné comme un arbre millénaire.

Si Twikjya n'était pas habituée à voir des patients se déshabiller sans qu'elle leur ait demandé avec l'intonation appropriée, à savoir celle qui donnait envie de se castrer plutôt que de refuser d'obéir à une demande de la sombre dame, elle ne s'attendait également pas à ce que le russe d'apparence si rustre se mette à manier sa langue natale avec une délicatesse surprenante. Fort heureusement pour la dame des glaces, l'expression de sa surprise se limita à un iris si peu frémissant qu'il aurait fallut un microscope pour l'affirmer. Les mauvaises langues auraient affirmé qu'elle s'exprimait de façon trop flagrante ces derniers temps, mais encore trop peu pour le commun des mortels. Ses doigts dansèrent un instant lorsqu'elle rangea soigneusement l'échantillon de sang, puis attrapa un morceau de coton pour désinfecter le colosse. La chirurgienne repassa sans difficulté à l'anglais.

J'apprécie votre dévouement monsieur Chenkov. Si le russe en savait un peu plus sur le language twikjeyen, il aurait su qu'il venait de se voir décerner l'un des plus beaux compliments possibles de la part de celle-qui-n'appréciait-jamais. Nous aurons probablement bien des humains à vous faire éliminer, mais nous en reparlerons plus tard.

D'office, Kostantin était assigné aux forces d'extermination de Twikjeya. Le côté obscur comme se plaisait à l'appeler Maria, était en marche et c'était toute une ribambelle d'individus louches, dangereux ou tout à fait tarés que Twikjeya utilisait pour répandre terreur et douleur dans les faibles âmes humaines. Ces commandos de la mort avaient tous un point commun, à savoir une difficulté notable à s'insérer dans une société convenable. Et ils étaient tous fanatiquement dévoués à cette femme au regard mort dont les mains dangereuses savaient aussi bien sauver des vies que les abréger. Elle jeta le coton, se désintéressant de l'homme tortue pour se tourner vers Doris.

A vrai dire, le jet est en route. C'était une façon comme une autre d'avouer à Doris qu'aucune de ses paroles n'aurait eut d'importance puisque l'avion était parti avant son retour, eut il juré sur la tête de ce qu'il avait de plus cher qu'aucune trace n'avait été laissée sur place. Twikjeya ne laissait pas de place au hasard et l'enquête confluerait à un incendie criminel lancé par un des détenus.... Elle manqua de hausser un sourcil en s'apercevant de la gravité de ses blessures... Certes, il était toujours en meilleur état que les malheureuses qui venaient la voir, à la limite de l'hémorragie après un ongle cassé, mais Twikjeya s'étonnait encore de l'incapacité totale de ses congénères à supporter la … douleur. Elle n'en laissa toutefois rien paraître.

Je peux vous fournir un onguent si ces blessures sont réellement handicapantes, mais je n'aime prescrire sans nécessité. En avez vous réellement besoin ?

Elle hocha la tête à l'attention de l'homme tortue bien qu'elle lui tourna le dos. Aussi ne vit il qu'une masse de cheveux tressaillir au son des énormes boucles d'oreilles.

Je vous verrais plus tard monsieur Chenkov. Demandez à Emmett de vous fournir une chambre et reposez vous. Nous aurons du travail très bientôt.

* Première règle avec Mademoiselle Elkash : ne pas poser de conclusions hâtives. Elle est vraisemblablement moins simple à appréhender qu'elle n'en a l'air. Faut dire aussi qu'avec un visage aussi expressif... Bref. *

C'est au cours de cet entretien que Doris posa les bases d'une relation durable avec sa consœur : ne pas se fier à ce que l'on croit qu'elle pense. D'ailleurs, rien ne prouvait, au premier coup d’œil, que ses fonctions vitales étaient toujours opérationnelles.
Bien sûr qu'il était capable de résister à une douleur de cet ordre, sinon autant se jeter contre le premier TTGV - Train à Très Grande Vitesse, comme celui reliant la Russie aux États-Unis via l'Alaska - sans même se poser la question de savoir si c'est raisonnable : la vie était bien plus rude que cela.

Il se rhabilla donc, tout penaud d'avoir mal interprété les intentions de la Reine de la Nuit. Son visage s’empourpra à peine de manière visible.

- Je vous prie de m'excuser, bafouilla Doris pour manifester sa gêne, je pensais que vous vouliez à tout prie m'ausculter. La douleur est très supportable, rassurez-vous, elle fait même se sentir vivant.

Il sourit légèrement puis, en finissant de boutonner sa chemise, se tourna vers Kostantin afin de l'aiguiller.

- Je vous accompagne pour vous montrer quelques endroits important, notamment le bureau d'Emmett. Puis il se tourna une dernière fois vers Twikjeya. Merci mademoiselle, je vous souhite une bonne journée et à bientôt, je suis certain que nous nous reverrons.

Se disant, il accompagna le géant dans les couloirs pour l'aider à se familiariser avec les lieux.

- Ici par exemple, vous avez les toilettes...