L’arrivé dans l’atelier du téléporteur ne se fit pas sans douleur. En effet pendant l’instant que dura la téléportation, la jambe de Jo avait machinalement repris sa position normale ce qui fit qu’au moment de la rematérialisation, la moitié de son poids reposait sur sa jambe blessée. Un reflexe gouverné par la vive douleur que l’humanoïde ressentit à cet instant le fit reprendre sa position de boiteux, ne s’appuyant que sur sa jambe saine. Lors du déséquilibre engendré par ce mouvement, il avait pris appui sur une table, ou plutôt un bureau qui se trouvait providentiellement là.

Après avoir repris son équilibre, Jo regarda autour de lui pour prendre conscience de son environnement mais Doug’ tenait encore sa manche et cela le rappela à la mémoire de l’humanoïde. LA question de ce dernier remonta alors aussitôt à la surface et Jo entreprit d’y répondre :

« Alors vous voulez savoir où est ce que j’ai connu Evolo. C’est un peu compliqué. Je le connais sous le nom d’Evolo mais j’imagine que c’est la même personne que votre Volodymyr Vynnytchenko puisque c’est lui sur la vidéo. Alors je n’ai pas de réponse précise à votre question mais je crois que vous méritez que je vous mette au courant de ce que je sais puisque grâce à vous je ne suis plus seuls dans la rue à la merci du Cercle. »

Jo ne laissa pas de temps mort de peur que le téléporteur ne l’ai fait venir dans son atelier que pour avoir une réponse à sa question et qu’il ne le renvoie seul dans la rue après avoir compris qu’il ne pouvait y répondre.

« Pour tout vous avouer, je ne me souviens pas de grand-chose. En fait je n’ai aucun souvenir précis datant d’il y a plus de quelques dizaines de minutes quand je me suis réveillé dans la décharge située non loin de l’endroit où vous m’avez trouvé, le pied dans un vieil écran. Avant ce ne sont que de vagues impressions qui me reviennent assez aléatoirement, comme des impressions de déjà vu ou des avis préconçus sur des personnes comme si je les connaissais depuis longtemps. C’est comme ça que je sais que je connaissais Evolo, euh Volodymyr c’est bien comme ça que vous l’avez appelé ? Quand je me suis réveillé j’avais cette vidéo dans la poche de mon manteau et quand je l’ai regardé pour la première fois, j’ai su que c’était Evolo qui parlait, ce nom m’est venu à l’esprit comme une évidence. J’ai l’impression que c’est mon père, je ne pourrai pas vous l’expliquer mais je crois que c’est mon père. Et à l’instant de l’explosion j’ai eut un mauvais présentiment, ej crois qu’il lui est arrivé malheur. Vous dîtes que je ne suis pas en Europe, je suis peut-être alors beaucoup plus près de lui que ce qu’il voulait…peut-être qu’il était dans l’explosion… »

Jo avait débité son discours avec une trop grande rapidité pour son souffle diminué par les efforts qui avaient été nécessaires pour marcher avec sa jambe blessée jusqu’au lieu où il avait rencontré Doug’ et il eut alors besoin de reprendre son souffle. Aussi prit-il appui sur le bureau qui lui avais permis de ne pas s’étaler salement au sol quelques instants auparavant et respira assez fort, haletant épuisé.

Pendant qu'il reprenait son souffla après avoir débité la totalité de ses rares souvenir à Doug', Jo pu observer la pièce. Ce qu'il vit, tout ce bordel semblant n'avoir aucune organisation mais dont se dégageait une maîtrise de l'espace utilisé, manifesta tout de suite à ses yeux une telle ressemblance avec l'appartement visible en fond de la vidéo à la base de ses souvenirs qu'il ne douta pas que Doug eut connu Evolo. Aussi ne fut-il aucunement surpris quand il apprit qu'ils avaient fait partie de la même équipe.

Par contre le téléporteur blond mentionna beaucoup trop de chose dont Jo n'avait aucun idée de ce que ça pouvait être pour comprendre quoi que ce soit à son discours."X-men", "Institut Xavier" et toutes ces choses que son "père" et Doug' semblait avoir partagé n'était pour lui que des mots vides de sens. Et pourtant ils semblaient tellement chargé de souvenir pour son interlocuteur, et cela ne semblaient pas être trop désagréable donc l'humanoïde se permit de poser les questions qui lui brulaient la langue :

« Excusez-moi Doug’ mais est-ce que vous pouvez m’expliquer ? Je ne comprends pas très bien qui étaient les X-men ? Des saltimbanques, des acteurs de cinéma ? »

Il marqua une courte pause le temps de reprendre sa respiration car il n’avait pas encore complètement récupérer, puis il continua sans attendre avant que son hôte n’ai repris la parole.

« Et l’institut Xavier c’est là-bas que vous avez fait vos études ? Vous êtes comédien vous aussi ? »

Jo doutait fortement que l’homme qui se tenait devant lui soit réellement comédien car il avait paru ne pas trop aimer rester longtemps dehors. En même temps peut-être était-ce pour garder son anonymat et sa tranquillité.

Pendant que l’humanoïde amnésique reprenait ainsi son souffle appuyé sur le coin d’un bureau et qu’il posait ses questions, Doug’ s’était assis sur une chaise pliante et Jo l’imita donc. Avec son pied en compote, il était mieux assis que debout de toute façon. Il prit une chaise pliante et, après deux ou trois essai infructueux, la déplia et s’assit dessus. Son attention décrocha alors quelques instants alors que la douleur s’atténuait, il repris alors ses esprit et se tint machinalement la jambe blessée.

Jo écouta avec attention le long discours de Doug’. Les évènements qu’il racontait semblaient chargés de souvenirs à un point qui fit envie à l’humanoïde amnésique. Lui n’avait aucun souvenir et désormais il en souffrait. Jusqu’à maintenant il avait eu envie de se souvenir pour comprendre, pour savoir quel était son nom, pourquoi il s’était retrouver au milieu d’une décharge le pieds dans un vieil écran ou pourquoi il devait se méfier du Cercle, mais désormais c’était un autre aspect qui l’intéressait : il voulait se souvenir pour avoir des souvenirs, pour pouvoir se remémorer son passer et que les émotions rejaillisse à la surface, pour se rappeler de mille et une petite anecdote comme celles qui semblaient rejaillir dans la mémoire de Doug’ quand il racontait son histoire même s’il ne les racontait pas. Tout cela le rendit triste, il voulait désormais non seulement récupérer ses souvenirs mais aussi découvrir les responsable de leur disparition.

En dehors de ses réflexions et de cet impact émotionnel sur Jo, le récit du téléporteur lui permit d’appendre beaucoup de chose : l’existence des mutants, les différentes organisations, institut et confrérie, le Cercle…Quand Doug’ lui appris que près de la moitié de la population de la planète était des mutants et que ces mutants étaient les ennemis principaux du Cercle qui existait seulement pour les exterminer, Jo se laissa convaincre par sa déduction : il devait surement être lui aussi un mutant. D’autant plus qu’Evolo était lui-même un mutant et qu’il lui semblait qu’il était son père. Il lui demanda alors :

»Mais comment savoir si je suis un mutant ou pas ? Je ne sais pas, j’ai l’impression d’être normal physiquement mais comment savoir si je peu me téléporter ou si je suis un génie ? Par exemple comment tu as découvert que tu pouvais te téléporter ? Tu a essayé ou tu le savais au fond de toi-même ? »

Mais si Evolo était lui-même un mutant et qu’en plus c’était un génie, il devait surement lui avoir déjà tout expliqué. Décidemment il avait besoin de se souvenir. Il voulait se souvenir, cet volonté se grava dans son esprit à cet instant précis et n’était pas prête de le lâcher. Il demanda alors à son hote providentiel :

Et sinon vous ne sauriez pas comment je pourrais retrouver la mémoire ? Il existe des gens qui savent soigner l’amnésie ? »

Quand Alex, prix la parole, Jo compris qu'il n'avait pas vraiment de réponse à donner à ses questions. Il sortit la réponse ultime : la "ça dépends", une réponse qui semble dire a priori que l'interlocuteur sais beaucoup de chose et que ça serait trop long à expliquer mais qui peut tout aussi bien cacher une ignorance totale de la réponse. Jo le compris assez intuitivement et il décida de ne pas insister sur la question.

Par contre quand Doug' sortit une trousse de secours et qu'il lui proposa de soigner sa blessure, l'humanoïde amnésique ne se fit pas prier. Il enleva sa chaussure et sa causette, désormais imbibée de sang commençant à prendre une teinte marron à cause de la coagulation. La blessure n'était pas profonde mais elle était très sale. Des éclats de verre était encore pris dans la blessure et elle avait clairement besoin d'un bon nettoyage, mais cela ne devrait pas mettre trop longtemps à guérir.

Quand le téléporteur évoqua la possibilité qu'un regain de mémoire soit regrettable, Jo ne voulu pas le croire et il répondit, en tendant sa jambe bléssé afin de faciliter le travail de son hôte qui lui proposait de le soigner:

"Je sais que retrouver la mémoire peut apporter des mauvaises surprises, mais de mauvais souvenirs valent toujours mieux que pas de souvenirs du tout. Ne pas savoir qui on est, est tellement horrible que je préfère savoir."

Il désigna alors sa jambe blessé d'un coup d'oeil et ajouta :

"Je crois que c'est pas trop grave, ça ne me fait pas si mal que ça quand je suis assis. Par contre c'est vraiq ue c'est moche. Je te remercie encore de m'aider, je ne sais pas comment j'aurais pu échapper au Cercle sans toi."

Quand le soin commença, il demanda :

"Tu a évoquer la possibilité de soigner mon amnésie : tu pourrais me donner des adresse de gens qui pourrait m'aider à retrouver la mémoire?"

Jo se laissa soigner sans se faire prier. Apparemment l’impression qu’il avait de la gravité de la blessure se confirmait une fois nettoyée : ce n’était pas très grave. Doug’ avait renoncé à convaincre Jo de ne pas retrouver sa mémoire, et cela convenait parfaitement à l’humanoïde parce qu’il n’envisageait vraiment pas de mettre de coté la recherche de sa mémoire. Quand le téléporteur lui expliqua que parler des mutants aux USA n’était pas vraiment une bonne idée, Jo, toujours braqué dans la direction de sa mémoire perdue lui répondit :

« Je te remercie vraiment pour les soins et pour l’accueil, c’est vraiment sympa. Et pour ma mémoire, si c’est autant la merde au USA, il n’y a pas moyen d’aller dans un autre endroit. Je ne sais pas l’Europe ou ailleurs un peu plus près ? »

L’humanoïde espérait en son fort intérieur avoir une réponse positive qui le dispenserait d’un recherche longue et fastidieuse pour trouver des personnes qui l’aideraient à retrouver sa mémoire tout en cachant sa qualité supposées de mutant.

« Laisse moi deux jours, et je te ferai sortir du pays. »

Ces mots résonnèrent dans l’esprit de Jo. La conviction dans la voix du téléporteur, convint l’humanoïde amnésique que c’était la seule chose à faire. Il faut dire qu’il n’avait lui-même aucune idée de ce qu’il devait, où même simplement pouvais faire dans un quelconque futur, qu’il soit proche ou lointain.
C’est alors qu’il se rendit compte qu’il n’avait rien compris à cette phrase. En effet si il savait au fond de lui qu’un jour était une unité de temps d’un levé du soleil à un autre, il n’avait aucune représentation du temps que cela représentait ni de combien de chose on pouvait faire pendant cette durée. Il n’avait de souvenir d’aucun début de jour et avais pourtant eut déjà une journée si chargée…
Et pour ce qui est du pays, le concept était à ses yeux au moins aussi vague, pour ne pas dire nettement plus afin d‘éviter le mauvais jeu de mot.

Il s’était rangé à l’idée d’obéir au conseil de Doug’ puisqu’il n’avait rien de mieux à faire, mais quand celui-ci lui dit qu’il ferait mieux de ne pas sortir, il s’inquiéta :

« Mais quand tu dis que je ne devrais pas sortir, tu veux dire qu’il faut que je reste dans cette petite pièce ? Je ne connais rien du monde, j’ai envie de comprendre, de le connaître ? Comment faire si je ne peux pas quitter cette pièce ? »

Jo fit alors le lien avec le message que lui avait laissé Evolo et il ajouté :

« Est-ce qu’il existe des messages venant de loin comme celui de Volodymyr mais parlant d’autres choses ? du monde ? »

Il avait volontairement utilisé le nom que lui avait donné Doug’ en voyant la vidéo parce qu’il n’avait aucun mal à s’en souvenir et qu’il voulait éviter à son interlocuteur un effort de mémoire qui n’était pour lui pas difficile.

Jo ne compris pas tout de suite ce que Doug’ faisait. Mais quand il vit apparaître derrière le bordel incommensurable, le vieil ordinateur, il comprit instinctivement ce que c’était. Il ne savait pas d’où cette connaissance lui venait mais il savait que cela s’appelait ordinateur et que cela allait lui permettre de faire beaucoup de chose sans bouger de cette pièce. Et il fut rassuré en se souvenant de ça puisque le téléporteur lui confirma qu’il allait devoir rester là un moment. Doug’ alluma alors l’ordinateur et après être passé en vitesse sur les pages de description officielles de l’institut et de la confrérie desquelles Jo ne manqua pas une miette et qui expliquaient que chacune de ces deux organisations était là pour mettre en place une coexistence pacifique entre mutants et non-mutants. Après ce rapide passage qui fut déjà très instructif pour Jo, le téléporteur lui montra les pages non-officielles qui semblaient encore plus riches d’informations. Pendant qu’il lui montrait ces mages Doug’ semblait être pensif et les voix qui se faisaient entendre dans la pièce d’à coté, conduire Jo à dire à son hôte qu’il pouvait se débrouiller seul :

« Merci encore Doug’, je pense que j’arriverai à me dépatouiller tout seul avec l’ordinateur, j’ai de vagues souvenirs de la façon dont ça fonctionne et puis je ne vais pas te prendre plus de ton temps, j’entends que tu a de la visite, ne laisse pas cette personne seule. »

Après avoir prononcé ces paroles, Jo se replaça face à l’ordinateur et se laissa absorber par les informations qui défilaient à l’écran.