[Lettre] to Samarah Lemington

Pouvoir · Humaine

Face au silence prolongé de la mutante, June a déposé cette lettre à l'attention de son amie sous le pas de la porte de sa chambre, en priant pour qu'elle la lise...

Citation :: 1er octobre 2051, Londres

Sam’,

Si tu as ouvert ton communicateur ces derniers temps, tu as du voir que j’ai essayé de te contacter depuis plusieurs semaines. Tu ne m’as jamais répondu. Je ne t’en veux pas. Je peux comprendre que tu m’en veuilles et que tu ne veuilles pas me parler, après ce que je t’ai fais. Mais moi j’en ai besoin, Sam’. Je ne suis pas aussi forte que toi. Il faut absolument que je te parle. Alors, si tu ne veux pas m’écouter, ni me voir, j’espère au moins que tu prendras la peine de lire cette lettre jusqu’au bout. C’est important pour moi. Et pour toi aussi, je crois. Je sais que je t’ai blessée mais il faut arrêter, maintenant. Cette situation dure depuis 2 mois, il est temps d’y mettre un terme. Nous sommes adultes et tu réagis comme une enfant.

Si tu savais comme je m’en veux, Sam’… Il y a tellement de choses que j’aurais voulu te dire au sujet de cette relation. Je sais que j’aurais du t’en parler dès le début. J’ai essayé de te le dire, je te le jure et je suis sincèrement désolée que tu l’aies découvert de cette façon. Mais j’ai eu peur. Peur de ta réaction et je sais que tu le comprendras. Tu réagis souvent de façon imprévisible lorsque quelque chose te contrarie, tu as toujours été comme ça et je n’ai aucun moyen de lutter contre ta colère, malheureusement. Tu le sais, face à ta colère, je ne peux rien faire, simplement avoir confiance en toi. J’espère que ce que je te répète depuis des années n’est pas inutile. Ne te laisse pas guider par ta colère, rappelle-toi l’école, toi mieux que quiconque sait les dégâts qu’elle peut faire. J’imagine que ce n’est pas pour rien si tu gardes le silence sur ce qu’il s’est passé il y a 20 ans…

Cependant, je ne reviendrai pas sur ce que je t’ai dit ce soir-là, je suis grande et je ne supporte plus de te voir t’épuiser, à veiller sans arrêt sur les autres. En particulier sur moi. Tu crois que je n’ai jamais rien vu de ton état ? Je ne suis peut-être pas très présente, mais moi non plus, je ne suis pas aveugle. J’ignore ce que tu caches et tête de mule comme tu es, je sais que je n’arriverai pas à te faire cracher le morceau si tu ne l’as pas décidé mais je t’en prie fais attention à toi. Et surtout, arrête de me protéger ou de tenter de me surveiller en permanence. Ne prends pas cette moue étonnée ! Oui, je sais que tu me surveilles depuis longtemps. Tu es peut-être douée et discrète mais même si je dois avouer que j’ai mis plusieurs années à m’en rendre compte, je te l’ai dit, je ne suis pas stupide.

Mais je t’assure, je peux me débrouiller seule. Tu sais très bien que je connais les risques de mon métier, je les ai acceptés en m’engageant, tu dois l’accepter aussi. Evidement, je me doute que je suis en train d’écrire tout ça pour rien et que tu ne m’écouteras de toute façon pas. Tu es trop têtue. Tu continueras de me surveiller, quoique je dise ou fasse, surtout maintenant. Je sais que je compte beaucoup pour toi, tout comme tu comptes énormément pour moi. D’ailleurs, c’est bien pour cette raison que je ne choisirai pas. J’ai bien conscience que ma relation avec Kenjiss est dangereuse, mais là encore, j’ai accepté les risques. Accepte le aussi, une bonne fois pour toute ! Tu crois que tu n’es pas en danger toi ? Tu es probablement fichée dans tous les systèmes informatiques aux USA. Tu es peut-être forte, mais comme tu le répètes à tes élèves, ne compte pas uniquement sur tes capacités, apprend à faire confiance aux autres.

Mais je m’emporte là et bien que je pense sincèrement tout ce que je t’écris, te faire la morale n’est pas mon but ici. Je t’ai dit au début de cette lettre que j’avais besoin de te parler. J’aurais préféré te le dire de vive voix mais… comme tu sembles m’éviter, la seule solution qu’il me reste c’est de te l’écrire. Je n’ai pas eu le courage de t’en parler pour Kenjiss, mais cette fois, je ne veux pas que tu l’apprennes par quelqu’un d’autre. C’est trop important. En fait, peut-être le sais-tu déjà, peut-être même est-ce pour cela que tu continues de m’éviter, j’avoue que je ne sais pas trop. Ton comportement m’échappe complètement par moment. Et je ne connais pas les limites de tes capacités. Alors voilà, je ne pensais pas que ce serait encore plus dur à écrire que le dire…tu verrais dans quel état je suis, tu me traiterais d’idiote ! Mais je t’assure que c’est vraiment pas facile ! Sam’… je suis enceinte. Depuis bientôt 4 mois. Je ne peux donc plus le cacher désormais. Et avant que tu ne te poses certaines question –si jamais tu te les poses- oui, Kenjiss est au courant, je le lui ai déjà dit ; non, je ne sais pas comment sera le bébé et oui, c’est bien cette fois-là…

Si tu savais comme c’est dur, Sam’. Ne crois pas que je veuille me plaindre, je n’ai pas été prudente avec Kenjiss et je l’assumerai, tu dois t’en douter… Nous l’assumerons d’ailleurs tous les deux. Oui, tu as bien lu ‘nous’.
Et puis, je te vois déjà me dire que c’est de ma faute… Mais te souviens-tu de ce que l’on se disait à l’Orphelinat lorsqu’on était gamine ? Nos promesses résonnent dans ma tête à présent et j’ai l’impression qu’elles sonnent creuses. Je suis complètement perdue aujourd’hui. Je vais avoir besoin de toi, Sam’. Oui, je sais, je t’ai dit tout le contraire, mais comme moi, tu sais que ce n’est pas vrai. J’y arriverai pas sans toi. J’espère que notre amitié sera plus forte à tes yeux que ta rancune. Après tout, on en a vu d’autres, n’est ce pas ?

Je ne sais pas quelle sera ta réaction et sincèrement, je l’appréhende tout autant que je la redoute mais je me sens déjà plus légère de t’avoir écrit ces quelques lignes. Je portais ce poids toute seule depuis trop longtemps. J’espère vraiment que tu liras cette lettre et que tu pourras me pardonner un jour. Tu vois, ce n’était pas qu’un coup de tête, tu en as la meilleure preuve sous le nez à présent et j’espère qu’un jour tu pourras l’accepter. Je ne te demanderai rien pour Kenjiss, je sais que c’est inutile… Mais dans 5 mois, je serai mère et ça rien ne pourra le changer. Moi ! Tu m’imagines, en maman ? J’y connais absolument rien ! J’ai pas la moindre idée de ce que je dois faire. Et rien que cette idée me terrorise. La perspective de ne pas être à la hauteur m’effraie, si tu savais…

Aujourd’hui, je ne sais plus ce que tu penses de moi, mais sache que pour moi, tu resteras toujours la même, tu pourras toujours compter sur moi. Et si jamais…tu décides de ne pas faire connaissance avec notre enfant… cette fois, je ne dis pas que je le comprendrai. D’ailleurs, je crois que je ne le pourrais pas mais je tâcherai de m’y faire et de continuer ma route.

S’il te plaît, réponds-moi. Ne me laisse pas dans l’ignorance, ton silence est insupportable.

En attendant de tes nouvelles, porte toi bien ma belle.

Pouvoir · Humaine

Seconde lettre transmise à la mutante, courant décembre, en réponse à la lettre qu'elle lui a finalement envoyée

Citation :: 8 décembre 2051, Londres

Sam’,

Je lis et relis ta lettre. Merci de m’avoir donné de tes nouvelles et surtout de ne pas avoir jeté ma lettre. J’espère que tu vas bien, malgré tout. Je comprends ton choix même si cela me fait mal. Pour tout t’avouer, j’ai longtemps hésité à te répondre à nouveau. Mais tu me connais, je n’ai pas pu m’en empêcher finalement. Je suis désolée de t’avoir autant blessée. Je savais que cela ne te plairait pas… mais je ne pouvais pas m’imaginer à quel point. Je suis vraiment désolée de t’avoir déçue à ce point. Pour ça, je plaide coupable. Je comprends que tu aies voulu m’éviter. Si tu ne parviens pas à me pardonner, je ne t’en voudrai pas. Et puis…si tu arrives déjà à accepter notre relation, venant de toi, je serai soulagée. Surtout vu ton ressenti vis-à-vis de lui. Ce sera un grand pas.

Je n’ai plus mis les pieds au bureau depuis 3 mois –en fait, je m’ennuie comme un rat à l’appart surtout quand je suis seule- mais j’essaie de me tenir informée un maximum, j’espère que l’affaire de la TransA s’est calmée et que l’Institut n’en a pas trop souffert. De ce que j’en sais, Miranda a eu pas mal de boulot à la Lib’Corp (et elle doit certainement m’en vouloir de l’avoir lâchée mais bon… je m’arrangerai avec elle en temps voulu)

Je suis retournée voir le Dr Velasquez à la fin du mois de novembre. Tout va bien. Je ne sais pas si tu veux le savoir, mais je tenais quand même à te le dire. Elle m’a aussi demandé si je voulais connaître le sexe du bébé. J’ai hésité avant d accepter. Tu sais que je suis très curieuse et même si j’ai décidé dès le début de ne pas faire analyser son ADN j’avoue que connaître son sexe aujourd’hui rassasie à moitié ma curiosité. Mais pour le reste, je ne changerai pas d’avis. Même si c’est dur et que la question tourne en boucle dans ma tête. Et puis, je ne lui ai pas encore dit
Je… tente de m’y faire. Et de l’accepter surtout. Mais ce n’est pas facile. En plus, je sens bien qu’on est deux à avoir du mal. Enfin, je vais arrêter de t’embêter avec mes problèmes. Et si tu acceptes de me revoir un jour, je ferai les présentations. C’est fou ce qu’on a comme résultat avec la technologie aujourd’hui. On dirait presque des vrais photos ! Tu devrais voir ! Vraiment. J’espère qu’un jour tu seras d’accord

Par pitié ! Tu ne vas pas t’y mettre aussi ! Tu sais que je déteste ce prénom. Je t’ai dit dès le début que j’acceptais de mourir car je connaissais les risques. Et aujourd’hui, cela n’a pas changé. Le danger est même encore plus réel maintenant, étant donné que je dois avoir la moitié de la Confrérie sur mon dos. Et tout ça, parce que je suis humaine. Je ne suis même pas sûre qu’ils sont au courant que je porte l’enfant de leur directeur. J’en suis bien consciente et je ne peux hélas plus rien y faire désormais. Seulement compter sur la chance et… vous deux. Je ne suis pas stupide. Je sais très bien que face à la Confrérie, je suis sans défense. Mais je ne les laisserai pas s’en prendre à moi ni à notre bébé. Je suppose que ça doit être ça, l’instinct maternel

Pour Boston, je me suis toujours doutée que cela t’avait affectée. Je me souviens comment tu étais après l’accident de l’école… Tu ne parles peut-être pas beaucoup mais je te connais depuis longtemps et j’ai appris à observer tes réactions, en tout cas tout ce que tu as décidé de ne pas cacher. Pour le reste, je ne te forcerai jamais (avec le temps, je me suis résignée) tu sais très bien que je serai toujours là. Il ne tient qu’à toi de t’ouvrir un peu… Et toi aussi, tu pourrais trouver une famille, je te l’ai souvent répété. Tu portes peut-être un fardeau, mais tu n’es pas seule, Sam’ !

J’espère avoir encore quelques nouvelles. Tu me manques et tu te trompes. Je me suis énervée, mais au fond, j’ai toujours besoin de toi et tu le sais.
Je continuerai à te tenir au courant pour la suite des évènements. Tu sais… je crois que ça me rassurerait beaucoup de t’avoir à mes côtés le jour où… enfin tu vois… quand le bébé pointera le bout du nez. Parce que, tout à fait entre nous, j’ignore comment Kenjiss va réagir.

Porte toi bien et à bientôt, j’espère