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[FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde

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Valérie France

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Valérie France

Alias : Tata (impressionnant pas vrai ?)
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MessageSujet: [FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde [FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde EmptyDim 10 Juil 2011 - 22:11


Sujet précédent : une correspondance haute en couleurs avec Virginie poulette ohohoh !
________________________________________________

Je m’enfonçai dans la nuit normande. Le soleil circoncit de ses rayons se cachait progressivement derrière l’horizon. La nuit s’étendait maintenant sur toute la campagne. Intrépide mais pas imbécile, j’allumai la lampe torche à l’avant de mon vélo. Hésitant, le faisceau lutta longtemps avant d’éclairer convenablement la route. Par convenablement il fallait entendre pas plus d’un mètre devant moi. Mais je n’avais pas peur, la nature ne disait mot sur mon passage. Elle était dans l’un de ses bons soirs : paisible, fraîche et douce. Alors pas d’attaque de sanglier cette nuit, ni même de gueules sauvages moussant de rage. J’allais à l’aéroport de Niort rassurée comme en plein jour.

La nuit portait mes réflexions. Le ciel nocturne, voile éthéré, projetait mes pensées entre deux constellations : Virginie écrivant sa lettre le souffle court, les deux mutants disparus, du moins ce que je m’en souvenais de l’épisode du Transatlante. Ils avaient été capturés, putin de dieu, j’en étais sûre. J’imaginais mal deux puissances disparaitre simultanément après une chute de ski ou un accident de polo.

Je dépassai un rond point lorsque deux phares apparurent loin devant moi. J’étais au milieu de mon parcours, Niort et les Aiguillettes se résumaient en des points lumineux projetés aux antipodes de l’horizon. Il aurait suffi qu'il s'agît d’un violeur pour que je finisse cul nu dans le fossé. Je faisais moins la fière qu’il y a une demi-heure. Aussitôt je virai dans le fossé, encaissant mal les chocs de mon vélo dans un champ de tournesol et me jetai dans la terre humide. Pourvu qu’elle ne me voit pas. Les deux phares éclairèrent les tournesols endormis, de plus en plus dangereusement alors je m’immobilisai, le cul sortant ridiculement du champ. La voiture passa sans ralentir, poursuivant sa route jusqu’au rond point. Je m’extirpai du champ en riant. La lettre de la poulette m’avait un peu foutu les jetons. Je m’époussetai puis relevai mon vélo que les herbes hautes avaient happé dans sa chute.
Soudain une lumière aveuglante me déstabilisa. Les deux phares étaient revenus…L’enfoiré avait fait demi-tour. Le véhicule accéléra bruyamment. Mon corps se jeta violemment dans le champ où des schistes évidemment invisibles m’amochèrent salement. La voiture freina brusquement et une silhouette noire armée d’une lampe torche en sorti. On m’aveugla. Aussitôt mon cerveau s’échauffa. Le cocktail pimenté de la lumière et du stress avaient titillé mon gène X. Emportée par la fièvre j’injuriai la lampe torche au pas rapide. Des vibrations assaillirent ma tête, la lampe torche explosa violemment, noyant la scène dans les ténèbres. Surprise, la silhouette trébucha en arrière.

« Cassez vous ! J’adhère pas au sexe sauvage », hurlai-je farouchement.

« Valérie ! Calme-toi ! », S’indigna autoritairement l’inconnu.

Edgard ? Ça n’était pas sa voix. Celle-ci était trop nasillarde.

« C’est Loïc ! »

Instantanément la douleur s’échappa de ma tête.

«_ Loïc mon poulet ! Tu m’as foutu la frousse, merde ! Putin ! Merde !

_ Valérie, tu ne dois pas te déplacer à une heure aussi tardive, seule, et sans porter de signalisations lumineuses. Donne-moi ton vélo, je vais le charger. »


Loïc alluma l’intérieur de sa voiture et chargea mon cycle dans le coffre. Puis il m’invita poliment à la place du mort et enclencha le moteur. Heureuse de rencontrer un ami dans une telle situation, je ne pu m’empêcher de discuter :

« Mon poulet tu es adorable. J’ai du partir urgemment ce soir. Je dois vite rejoindre une amie, Virginie Parish, une journaliste sacrément filoute. Elle va sans doute venir à la Fête de la Laitue à Migeons-Lès-Oies le mois prochain, j’ai vraiment hâte de lui présenter la ville, la région, tu sais. Je vais lui faire gouter les produits régionaux, c’est une sacrée gourmandette ohoh ! Enfin c’pas le sujet [Je ris et lui tapai franchement l’épaule.] Ses amis ont des problèmes et je dois à tout prix venir l’aider. Tu me connais, j’ai tout de suite accouru ! … J’suis une sacrée WonderWoman ohohoh ! »

Concentré sur la route, Loïc souri poliment sans me regarder.

«_ Enfin c’est très pro-américain WonderWoman …Oublie ça. Bref, je savais pas que t’avais une voiture, coquinou, ça fait longtemps que j’ai pas vu ta bouille.

_C’est ma voiture de fonction »
, répondit Loïc absent.

Une exclamation incontrôlée jaillissant de ma gorge manqua de lui faire quitter la route.

«_ Aaaah poulet ! T’as trouvé du travail ! J’suis super fière !

_Oui j’ai intégré la police routière ».


Ma main se jeta instinctivement sur la portière…bloquée. Loïc me fixa, un sourire victorieux collé aux lèvres.
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Valérie France

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MessageSujet: Re: [FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde [FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde EmptyMar 12 Juil 2011 - 19:34

« Tu t’fous de moi ? », m’écriai-je injuriée.

Mon ami me dévisagea sans retenue.

« _ Mademoiselle France, nous n’hésiterons pas à vous retenir d’avantage si vous perpétuez vos vulgarités.

_Loïc, mon poulet, j’habite à moins de douze kilomètres de Niort, et y avait personne sur la route…à part toi. Tu m’arrêtes vraiment pour ça ?

_C’est « agent Boupoit » dans mon bureau, je n’appliquerai pas de traitement de faveur sous le prétexte que nous nous sommes fréquenté à l’extérieur de ce commissariat. L’amitié est dangereuse dans mon métier. Quoi qu’il en soit les vêtements de sécurité au volant d’un deux roues sont obligatoires, surtout la nuit Valé…Mademoiselle France. »


Je ris haut et fort à m’en plier la gorge. La présence du commissaire en face de son bureau rendait Loïc hilarant de rigidité. Mais trêve de plaisanterie, je devais absolument quitter cet endroit sans quoi j’arriverais trop tard pour Virginie. Je repoussai ma chaise et saluai mon ami, mais l’incorruptible Loïc se leva à son tour, usant de son regard perçant pour me faire rasseoir. Ses mirettes noires de jais m’auraient presque faites flancher si la scène n’avait pas été aussi absurde. Je ris plus fort encore, les larmes aux yeux et le regard insolent. Sa main accrochant mon poigné m’indiqua qu’il n’appréciait pas. Farouchement, je m’arrachai de son étreinte :

«_ Ecoute Loïc, c’est pas mon problème si tu n’as aucun sens de l’humour dans ton travail. En attendant j’ai un putin d’avion à prendre, ma poulette à rassurer et ces putins de mutants à sauver à l’autre bout du monde. Tu peux comprendre ça non ? Alors merde, me gonfle pas avec tes déguisements de foire !

_ Ce sont des gilets de sécurité, ils sont fluorescents et son obliga…

_ Tu m’emmerdes»
, l’interrompis-je en souriant.

Les traits de Loïc se durcirent. Il était atrocement irrésistible. Il me menotta sans que j’eu le temps de m’en apercevoir :

« Outrage à agent, Valérie. »

Je soupirai, les mains plaquées contre le ventre :

«_ Au moins tu m’appelles par mon prénom, c’est toujours ça de gagné. Par contre tu n’as rien écouté de ce que j’t’ai dis.

_ Toi non plus, rétorqua-t-il vainqueur, tu serais peut être morte ou abusée sexuellement à l’heure qu’il est si je ne t’avais pas arrêté. Si te sanctionner reste le seul moyen pour te garder vivante, je prends le risque de sacrifier la cause mutante toute entière. »


Je secouai la tête, désarmée par cette amitié perverse et plongeai avec arrogance mes yeux dans les siens :

« Je peux passer un appel, cagnât* ? Histoire de dire qu’un enfoiré d’ami va précipiter le monde dans le chaos sous prétexte que j’étais pas fluo sur mon vélo ? »

Mes exagérations avaient toujours beaucoup amusé le gendarme. Aussi il ne pu s’empêcher de rire dans son costume. J’avais peur cependant qu’il n’en s’agisse pas d’une cette fois. Loïc m’amena jusqu’à la cabine téléphonique où je lui demandai de retourner mes poches. Il y trouva un numéro de téléphone au nom de Virginie qu’il composa. J’espérais tant qu’elle décroche ne serait-ce que pour décharger ma rancœur contre Loïc.

Première sonnerie : j’attendais patiemment sa réponse. Deuxième sonnerie : elle devait fouiller son sac. Troisième sonnerie : son sac était bordélique ! Les sonneries se succédèrent et mes espoirs déclinèrent. L’agacement de Loïc sonna bientôt la sentence. « Désolé » trancha-t-il en raccrochant « je t’autoriserai à rappeler plus tard. J’ose espérer que ça marchera. » Sa réaction trahissait la culpabilité vis-à-vis de ma détention. Mais il ne flancherait pas devant des jérémiades. Tout ce que j’avais à faire était d’espérer qu’il n’arrive rien de grave à Virginie et à ses amis. Quelle fatalité.

*patois normand : têtu
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MessageSujet: Re: [FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde [FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde EmptyJeu 21 Juil 2011 - 21:36

La cellule avait tout juste de quoi tenir deux personnes en les emboitant. Mais c’était largement suffisant pour un village comme les Aiguillettes qui ne comptait aucun malfrat…du moins jusqu’à cette nuit. J’entrai et m’installai sur un banc immaculé, l’absence de traces humaines était presque inquiétante. Loïc me sourit et referma la grille. « Ça n’est pas vraiment une cellule, rassure-toi », me dit-il en s’éloignant. Mon regard las se posa sur les barreaux qui me séparaient du couloir. Moi, ultime gardienne de la Liberté était faite prisonnière dans mon propre village par quelques tubes métalliques. C’était affligeant. Décidée à m’enfuir, je tâtai la serrure de ma cellule, retirai mes lunettes, et les glissai habillement dans le trou. J’espérais naïvement que la ruse fonctionne. Lorsque la porte s’ouvrit, je lâchai un hurlement quasi orgasmique. Je sorti dans le couloir à pas de loup, abasourdie par ce miraculeux succès. Bruits de clavier et discussions chuchotées provenaient du fond du couloir, là où une fine lumière, celle du commissariat, repoussait timidement les ténèbres dans lesquels j’évoluais. Je marchais sur des œufs (bios).

Soudain la musique du clavier stoppa. Je levai l’oreille, alerte au moindre bruit. Des pas. Des pas se rapprochant ! Je n’avais définitivement pas le temps de traverser le couloir, je devais regagner ma cellule. Mes jambes dodues se précipitèrent dans ma prison qui m’accueilli par un rire victorieux métallique. Les pas se rapprochaient, transportant un cliquètement malsain. Loïc apparu devant les barreaux, une chaîne à la main.

« Nous avons quelques soucis de serrure en ce moment », dit-il en plaçant l’instrument diabolique sur la porte.

Je failli hurler. Il vérifia la solidité de la chaîne, me sourit et rebroussa chemin. Je l’écoutai s’éloigner, les yeux vides, rivés sur la porte.

Je fini par m’endormir. Une heure plus tard je soulevai ma tête lourdement incrustée dans le banc. Le sang afflua massivement dans mon crâne, voilant ma vision quelques secondes. Dans la pénombre, derrière les barreaux, une silhouette demeurait.

« La princesse et ses barreaux d’or », chantonna l’inconnu.

Cette mélodie rauque aux accents discrètement rustiques, la voix délicieusement abîmée d’un vieux caïd, ce ton grave, puissant et amusé…Il était là, Edgard se tenait dans le couloir à peine éclairé. Je couru vers lui totalement hystérique. Collée aux barreaux, je senti ses mains brûlantes m’enlacer la nuque avec virilité. Mes paupières se refermèrent, j’étais si bien :

«Tu es dans de beaux draps », chuchota-il.

Je lui rétorquai tendrement :

« Non mon cœur, c’est toi qui l’est. Sans moi tu n’existes pas. »

Edgard renforça son étreinte sur ma nuque et plongea ses yeux enflammés dans les miens. Ils brillaient dans la pénombre comme deux brasiers dansants.

« Je ne serais que feu-Flamme » chuchota-il au creux de mon oreille. Ses mains chaudes glissant sur mes hanches m’arrachèrent un sourire :

« La flamme ainsi ravivée entretient mon brasier ».

Je le fixai, plus distante. Sa lubie de la poésie restait plaisante mais ce rapport constant fait au feu me foutait les jetons. Je changeai maladroitement de registre :

«_ Oui c’est…comme une plante qu’on regarde grandir…

_ Un feu qu’on admire se rependre »
renchérit un Edgard rêveur.

Je me retirai violemment de son étreinte.

« _ Edgard arrête avec le feu », lui ordonnai-je droit dans les yeux, « pourquoi tout le temps ça ? »

Seul le silence me répondit. Edgard recula, très lentement, pour replonger dans le noir. Quelques angoissantes secondes passèrent, durant lesquelles je ne pu me détacher de sa forme massive. Mon amant sans le bruit d’un pas s’en alla. Mes excuses hâtives ne le retinrent pas. J’entendis juste un papier tomber au sol.
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MessageSujet: Re: [FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde [FRANCE] Confrontations problématiques en France profonde EmptySam 13 Aoû 2011 - 18:34

Le seul horizon à mon réveil fût une banquette de cuir au parfum fortement chargé de lavande. Le nez écrasé contre la surface moelleuse et les bras ballants dans le vide, je ressemblais à une ivrogne récupérée sur le bord d’une route. Ma tête tournait comme au lendemain d’une nuit agitée. Les lumières taquines dansaient autour de moi au rythme d’une valse effrénée. Je ne me souvenais même plus des évènements de la veille. Avais-je malencontreusement mélangé les alcools ? Frappée par l’irrépressible envie de dormir, je vidai béatement mon esprit. Mes paupières se clôrent, lentement. Mon crâne s’embourba dans un brouillard sombre et apaisant et je m’enfonçai dans mon lit de fortune jusqu’à fusionner avec lui. Quand soudain un choc terrible me projeta hors de la banquette. Ma chute fut bruyante. Les yeux bien ouverts cette fois-ci je prit conscience de mon environnement. J’étais dans une voiture, celle de Loïc. Et il venait de caler au détour d’un feu.

« Désolé Valérie », s’excusa-t-il sans quitter la route des yeux.

Incapable du moindre reproche à son égard, je me contentai de balbutier. Puis je m’extirpai de l’entre deux siège dans lequel mes hanches s’étaient coincées. Le sang afflua dans mon crâne. Dehors il faisait encore sombre. Entourée par la campagne fraîchement éveillée, notre voiture traçait sa route lentement. Seules quelques bâtiments se détachaient de l’horizon : Niort n’était plus très loin.
Que m’était-il arrivé cette nuit ? J’avais l’amère sensation d’avoir rêvé d’une prison.

« Loïc, mon poulet, tu m’as bien jeté en cellule cette nuit ? », demandai-je emplie de doutes.

Il dû prendre ma question pour une provocation car il hocha désespérément la tête.

«_ Poussin je suis sérieuse, je n’ai aucun souvenir d’hier soir, insistai-je.
_ Valérie, je suis concentré sur la route, répondit-il sèchement.
_ Oh, excuse moi, c’est vrai que nous traversons beaucoup de chemins de montagnes escarpés, bordés de ravins et cetera.
_ Ecoute Valérie, je m’en veux pour hier soir, c’est pourquoi je t’amène jusqu’à Niort. Mais, je t’en prie, ne me fais pas payer mon professionnalisme.
_ Tu m’as bien arrêté ?
_ Oui ! Oui ! Oui, s’exclama-t-il en claquant le volant, maintenant laisse moi conduire s’il te plaît.
_ Bon, bon, c’est tout ce que je voulais savoir, mon poulet. J’étais sûre d’avoir rêvé. »

En relâchant mon corps sur le siège je fus assaillie de souvenirs en pagaille. Edgard m’avait bel et bien fuit, nous nous étions disputés. Cependant je n’en saisissais pas la raison. La querelle avait été amputée de sa substance : un refoulement pur et simple de la nature du conflit.
Je tentais de retrouver la mémoire, mais les tentatives étaient de plus en plus douloureuses. Il y avait bien des images : mon arrestation, ma tentative d’évasion avortée, Edgard m’enlaçant à travers les barreaux, un subit rejet de mon homme, l’angoisse, sa masse disparaissant dans l’ombre… Quand soudain tout s’illumina : il y avait eu un son, un son particulier avant le trou noir : un papier tombé sur le sol du couloir. Je me jetai hystériquement sur Loïc qui rejoint ma folie en hurlant de terreur. La voiture entama une succession de zigzag avant de foncer dans un champ de vignes. Tous les arbrisseaux éclatèrent sur son passage, recouvrant le véhicule de branches, de peaux et jus de raisins. Loïc freina de toutes ses forces. Puis, dans un silence quasi comique, les essuie-glaces s’activèrent automatiquement. Le conducteur, écarlate, me brailla une série d’insultes en patois normand. J’étais à la limite du fou-rire :

«_ Désolé mon poulet, c’est juste que je me suis souvenue de quelque chose. J’étais si contente ! Tu sais hier soir, tu as dû trouver un papier dans le coul…
_ Valérie ! Sors immédiatement de ma voiture, beugla-t-il !
_T’as un sacré toupet quand même, je suis en train d’te parler. »

Loïc ouvrit sa portière violemment et se jeta sur la mienne. En deux en trois mouvements, il m’avait jeté dehors.

«_ Valérie France ! Tu iras à Niort à pieds !
_ Bon…En tout cas c’est très gentil de m’avoir avancé, mon poulet », lui répondis-je, imperturbable.

Loïc regagna sa voiture sans un mot et claqua violemment la portière. Son véhicule vrombit et, après quelques efforts rugissants, il regagna la route. Le gendarme s’accouda à sa fenêtre. Il me tendit un papier à moitié calciné. A peine l’eu-je saisi qu’il prit la route du village.
Quand je déroulai le papier noirci entre mes doigts, quelques particules sombres s‘envolèrent dans le vent. Et fatalement mon visage se décomposa. Saisie de sueur froides le long du dos, je ne pu m’empêcher de surveiller la campagne obscure. J’avais l’impression ridicule qu’on me sauterait au visage si je lisais le document. La partie encore intacte de l’objet avait été éclaboussée d’un jus de cendre terreux. Le feu avait dû être éteint sauvagement, avec un verre d’eau tout au plus. Seuls quelques endroits épargnés par le voile noirâtre étaient encore lisibles. Parmi lesquels l’objet du document : un salaire dédié à mon amant. C’est lorsque je vis la date que ma gorge se serra. L’imprimé datait d’il y a dix ans, soit l’époque où Edgard et moi vivions encore chez mes parents. Nous logions à l’étage, celui là même qui avait été condamné un soir de mars. Pourquoi Edgard y était-il retourné ? Nous nous étions juré de ne plus y remettre les pieds.
Je repris la marche, le regard vitreux et les lèvres tremblantes. J’étais au bord des larmes, pourtant ma fierté de femme m’empêchait de succomber. Je ne lui donnerai pas raison en me jetant dans ses bras. J’’arrachai le document, qui éclata en une constellation de confettis sinistres. Edgard devrait s’expliquer, on ne sortait pas les fantômes du passé pour s’amuser.
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