Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Sujet: [RP] Quelque part dans le monde Jeu 20 Sep 2012 - 0:17
La téléportation se déroula à merveille, pour peu que donner l’envie de gerber soit une merveille. Je n’étais pas un habitué de ce sport et, à mon arrivée, je me réveillai en sursaut et me mis sur le côté pour vomir. Mon nez toucha de grosses feuilles dodues, d’un genre que je n’avais jamais vu auparavant. Il y en avait d’autres tout autour et je levai les yeux au ciel, avec la jeune fille toujours non loin de moi mais qui s’était éloignée tout de même. Le Soleil filtrait à peine au travers de la masse végétale qui nous surplombait. La végétation était carrément luxuriante, je ne savais pas que de la mousse poussait vraiment sur les troncs. Je n’avais jamais vu de forêt et il me semblait voir la number one, la déesse des forêts, catégorie poids lourds.
Je me levai péniblement et regardai autour de moi. Les humains présents autour de moi semblaient tout aussi perplexes, sauf le type en noir qui affichait un air des plus sereins. Comment pouvait-on distinguer son expression faciale alors que son visage était dans une ombre très dense ?
Prenons la grosse baraque, par exemple. A mon avis, il s’était retrouvé transporté à quelques centimètres du sol puisque je le voyais se relever à son tour, du feuillage dans les cheveux. Il avait lâché la blonde platine qui avait, par la même occasion, retrouvé l’usage de sa bouche. Le bûcheron, alors qu’on se serait attendu à ce qu’il soit dans son élément, perdit ses moyens et affectait peut-être la mine la plus déconfite du groupe.
- Mais… mais… balbutiait-il, sans parvenir à ordonner suffisamment ses pensées pour les exprimer de quelque manière que ce soit. Son accent rustre trahissait de larges inquiétudes. On n’est pas censés être à la maison ? - Si, lui répondit la doyenne qui regardait autour d’elle, perdue.
La vieille, parlons-en ! Elle qui gisait, il y a quelques minutes à peine, ou qui marchait voutée quand je l’ai rencontrée, se tenait maintenant debout, droite comme un I. Elle était alerte, sur le qui-vive, insensible aux protestations des uns et des autres. Son cerveau turbinait pour trouver une explication.
- Ça ne devait pas se passer comme ça, pourtant… Melle Yevgeniyen, écoutez-moi. Lâchez cette arme, je vous prie, nous avons à discuter, chuchota-t-elle, un doigt devant la bouche pour l’inviter à être discrète.
Son ton était ferme et ne souffrait aucun refus.
- Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, nous devions être téléportés dans notre repaire où notre chef vous attendait. On vous aurait neutralisés, mis en geôle… Et nous voici perdus en pleine forêt, dans un endroit que je ne connais pas, et je doute que ce soit vos renforts qui nous aient emmenés là. Et, rajouta-t-elle pour plus d’effets dramatiques, des gens arrivent dans notre direction. Un groupe de six, je dirais, ils marchent très silencieusement. Ils sont sur nous dans une minute, peut-être moins. - Je suis prêt, dit l’homme en noir en regardant sa montre. Les aiguilles ne bougeaient plus. C’est vraiment bizarre…
J’étais perdu. Qu’est-ce qu’on foutait en pleine jungle ? Qui étaient ces gens présents autour de moi ? Je jouais de la guitare dans la rue et, l’instant d’après, je… Mon sang ne fit qu’un tour.
- Où est passée ma putain de guitare, hurlai-je sans retenue. Ma guitare ! Je veux ma guitare ! On ne part pas d’ici sans ma guitare !
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mar 25 Sep 2012 - 13:59
Elaine ne suivit pas tout à fait la suite des événements. A moitié inconsciente, ballottée sur la tête d'un colosse trois fois trop puissant pour elle, la pauvre blonde ne pigea strictement rien à ce qui s'ensuivit. Elle ne reprit conscience qu'une fois la tête enfoncée dans vingt centimètres d'une mousse spongieuse saturée d'humidité qui ruina son brushing en moins de temps qu'un shoot de vodka ne monte au cerveau. Lorsqu'elle tenta d'inspirer correctement pour la première fois (car des végétaux, c'était autrement plus respirable que trente centimètre de bois dans la gorge), la malheureuse héritière en fut pour ses frais puisqu'elle avala environ deux litres d'eaux qui malmenèrent ses sinus.
Hiiiiiiiiiiiiiiiiiks ! Et la belle blonde platine de faire une espèce de plongeon arrière croisé qui fit voler des morceaux verts partout autour d'elle, tandis qu'une bonne partie s'accrochait à sa tignasse qui prenait un aspect tout à fait digne d'un coiffeur à 1500$ la séance. Mais elle n'en avait cure, du moins pour les trentes secondes suivante qu'elle passa à cracher, inspirer, cracher, se moucher et tenter de reprendre son souffle après quelques minutes d'apnées. Une fois ses bronches vaguement dégagées et la morve discrètement essuyée, elle se débarrassa de ses quelques larmes et se redressa.
Elaine cligna des yeux. Une fois. Puis deux. Ouvrit la bouche et la referma. Puis elle reprit enfin ses esprits et assura l'essentiel, à savoir jeter ses cheveux en arrière dans un mouvement sexy en diable, poser une main sur sa hanche en décalant son adorable fessier d'environ vingt centimètres. L'utilité de cette manœuvre était à démontrer, mais elle était vitale pour Elaine. Ensuite, elle se mit à réfléchir à la possibilité qu'une invasion végétale dévaste Vancouver en environ trente secondes. Après une minute de réflexion, elle se borna à définir cette hypothèse comme fortement probable et se résigna à considérer qu'ils avaient atterrit en pleine jungle. Ou alors dans le jardin de son père, mais cela manquait de laquais.
Et puis elle vit l'homme tronc. Et quelques autres personnes aussi, certes, mais surtout l'homme tronc. Et elle n'eut qu'une fraction de seconde pour ordonner à ses sphincters une fermeture immédiate, avant de perdre toute dignité. En revanche, elle ne put retenir un hurlement à faire péter un double vitrage. Typiquement le genre de cri que la vieille paraissait avoir envie d'éviter. Un beuglement terrorisé à ameuter toute la jungle environnante et réveiller les dinosaures s'il y en avait ! Elaine se mit également à galoper pour se mettre du côté du flingue et de l'autre blonde du groupe. Et s'il y avait bien une personne dans ce petit comité tout à fait inadaptée à la survie dans la forêt tropicale, c'était la jeune héritière Hildred. Mais personne ne lui arrivait à la cheville en matière de galopage en talon. Et qu'importe qu'elle patauge dans trois centimètres de fange humide, avec des bottes trop hautes pour être honnête, Elaine courait comme une gazelle avec autant de facilité qu'avec une bonne vieille paire de basket. Héwai biatch.
M...M....ariaaaaaaa ! La pintade se planqua derrière la porte parole désormais porte flingue de la Confrérie, une main sur son épaule pour être certaine de pouvoir s'en servir comme bouclier humain au premier dérapage.
Flingue le ! Descend le ! Bam ! Dans sa sale gueule ! Ilavoulum'buter !
De là à croire que la même idée stupide de multiplier le nombre de décibel avait traversé conjointement le cerveau d'Eniss et d'Elaine... Les deux beuglaient à rameuter toutes les tribus cannibales du coin.
Isobel Baker
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Sam 6 Oct 2012 - 22:39
Je reconnus cette impression d’être tirée par une corde. La fois d’avant, elle était composée d’argent mais celle-ci en revanche fut de fer barbelé, rouillée, douloureuse. Je m’étais penchée sur l’ange aux ailes brisées pour le retenir. L’Homme Horloge s’était rapproché de moi en grinçant. Le monde s’effondra avant qu’il ait pu m’attraper, et eux, moi, nous tous, ne fûmes simplement plus. Pendant quelques secondes. De très petites secondes, mais pourtant longues, si longues, comme des éternités. Je ne m’en souvins pas entièrement en atterrissant, mais j’eus ce vide d’entre deux espaces dans la tête, qui ne me quitta dès lors plus. Jamais. Je ne sais pas si les magiciens comme le garçon blond savent vraiment ce qu’ils manipulent. Sans doute pas. Ils traversent l’infini sans le voir.
Après ce voyage dans l’immensité, je fusionnai avec un arbre. Mon bras droit précisément, jusqu’au coude. Soudée à l’écorce, je devins une plante mutante.
Les autres, non. Ils restèrent eux-mêmes. Agités et hurlants, si fort. Je voulus me boucher les oreilles pour ne plus entendre leurs cris mais avec ma main prisonnière, je n’y parvins pas. Ou une seule oreille, ce qui ne m’apporta guère de soulagement. Je subis leurs hurlements sans rien pouvoir y faire. Même mes poissons rouges ne faisaient autant de chahut, et Dieu sait qu’ils étaient bruyants dans leurs concerts de bulles. Du pétardant d’oxygène et des revendications aquatiques auxquelles je n’entendais rien. Pourquoi se plaindre de la mousse sur la roche, ou des graviers parfois trop blancs ?
La forêt tempérée, ah, oui. Je me tins un peu en retrait du groupe, coincée dans mon arbre, sans trop savoir quoi faire ni dire par-dessus le brouhaha. La jolie dame blonde qui devait avoir mon âge (bien qu’elle était plus jeune que moi d’esprit) se réfugia derrière une autre dame, blonde elle aussi. La première cria beaucoup, la seconde la joue rouge. Peut-être qu’elles étaient sœurs. Un gentil bûcheron, une vieille dame et l’épouvantable Homme Horloge, tous trois encore là. Ainsi que le garçon canard, l’ange de plumes froissées qui rugit lui aussi. Je le préférais endormi. Ils parurent tous si perdus. Pas dans leur milieu, ou du moins pas celui attendu.
Moi, ça allait. Je me trompe toujours, alors j’avais appris à ne jamais rien attendre pour ne pas être surprise. L’esprit changeant ne craint pas le changement, pour résumer. Cela marcha bien ici. Il n’y avait après tout rien d’inquiétant du passage à une cuisine jusqu’à une rue puis une forêt, et un bras perdu dans de l’écorce. R.A.S comme aurait dit Oncle John.
Parmi eux, je dus être la plus sereine car je ne m’affolais pas contrairement aux autres pour des petits détails. Jusqu’à ce que j’entendis la voix de Remmy au creux de l’oreille. Son ton me chagrina et je me retournai vers l’arbre comme si ce fût lui à avoir pris la parole. C’était le cas. J’avais saisi Remmy par l’aile en disparaissait, il n’était plus dans la main que j’avais encore de libre.
« Remmy ?, demandai-je au tronc. Le tronc me répondit que oui, il était Remmy. »
Je clignai des yeux, une fois, puis deux, embarrassée par la chose. Je fis volte face en direction du groupe, et ne me souciai pas de mon épaule qui se déboita sous la torsion.
« Pardon ? Pardon ?, tentai-je sans grande conviction. Ma voix se perdit au milieu des braillements comme une mouche sur un tas de viande de dix kilomètres. »
Je décidai alors d’adopter ma méthode favorite pour attirer l’attention, pour prouver que moi aussi j’existais.
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Jeu 18 Oct 2012 - 22:39
Une détonation retentit, suivie du bruit de la chute d'un corps lourd et inerte. En réponse, une meute de singes hurleurs entonna dans un chœur de piaillements tonitruants. A grandes enjambées décidées, Maria s'avança vers Isobel, le regard sévère, les pupilles rétractées comme sous le coup d'une furie furieuse. Elle pointa le canon de son flingue sous le nez de la donzelle au disque rayé. "_ Toi, t'as plutôt intérêt à fermer ta gueule !! Ou je te fais exploser la tête à toi aussi !!"
A Vancouver, elle avait menacé de tirer dans le crâne de la mamie gang-bang en cas de gestes déplacés… La téléporter au milieu de la jungle amazonienne constituait un geste déplacé ! Tant pis pour la vieille ! Maria avait appliqué à la lettre un proverbe kenjissien : "pour simplifier une situation complexe, utilise ton flingue !" Elle avait pris le temps d'écouter les conseils et les mises en garde de l'octogénaire, les avait jugé inintéressants et avait appuyé sur la gâchette sans un mot.
La grand-mère, de par sa force herculéenne, représentait un danger sérieux pour les deux confréristes, elle s'en était débarrassée. Maintenant, elle allait pouvoir traiter plus sereinement la montagne d'autres emmerdes qui pointaient à l'horizon. Elle se détourna de la foldingue, espérant l'avoir suffisamment effrayé pour la faire taire quelques minutes et menaça le xylomorphe de son arme. "_ Maintenant on va tous se calmer ou j'en fais du petit bois !" Hurla-t-elle, les iris en feu.
Sans cesser de pointer sa cible, elle fixa tour à tour l'homme en noir et le clodo. "_ Je suppose que c'est un de vous deux le responsable de ce voyage instantané ! Fit-elle sèchement, rien à foutre que vos plans aient foiré ! Ramenez-nous immédiatement à Vancouver, ou je n'hésite pas à répondre positivement à la demande d'Elaine ! J'en suis capable, maintenant vous le savez !"
Un témoin extérieur observant la scène sur un écran d'holovision aurait pu croire que Maria était sortie tout droit du film "Béatrix Kiddo chez les navajos" de Tarantino... Mais, en fait, pas du tout ! Sous ses airs de gangster au réseau sanguin gorgé de fréon, elle était, en réalité, dans un état de panique total, prête à griller la cervelle de tous ceux qui la regarderaient de travers… même Elaine !
Le contact télépathique rassurant d'Henry n'était plus… Plus de coach, plus de conseils, plus de points de vues extérieurs pour la guider. Pour couronner le tout, les renforts prévus ne devaient pas avoir la moindre idée de sa situation géographique actuelle. Et même s'ils la repéraient, grâce, par exemple à ses gadgets électroniques, Stephen était bien trop inexpérimenté pour être capable d'assurer une liaison de plusieurs milliers de kilomètres. "_ Et je préfère vous prévenir, ajouta-t-elle d'une voix tremblotante de nervosité, j'en ai rien à secouer que six personnes s'approchent de nous en ce moment. Je suis une superior et je suis armée ! Je pense pouvoir tenir tête à une poignée de pygmées !"
Si la géographie n'avait jamais été le point fort de Maria, ses lacunes s'aggravaient avec la proximité supposée de mygales géantes et de serpents corail.
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Jeu 25 Oct 2012 - 21:33
Bam. Rapide. Simple. Efficace. Mariesque. Il m'était très difficile de décrire l'état dans lequel j'étais au moment de me faire menacer par un aussi gros calibre. Je cessai de beugler instantanément. Le corps de la vieille qui m'avait donné un bonbon reposait, un trou de taille appréciable en travers de la nuque, non loin de moi. J'avais, dernièrement, eu mon lot de catastrophes humaines : j'avais vu peu de temps auparavant des gens se faire démembrer par dizaines dans un studio télé tristement célèbre. Malgré cela, la vue de la chair, gisant mollement à quelques mètres de moi, ne me semblait pas plus douce. Au contraire. La panique s'empara de moi et je levai les mains au ciel, les paumes tournées vers la russe. Je n'avais pas envie de mourir tout de suite, je me mis donc à genoux, implorant la pitié de cette tueuse aussi froide que sa contrée natale.
- S'il vous plaît, murmurai-je en m'inclinant maladroitement, je n'ai rien fait, je...
Devant un tel flot d'hystérie, je ne fus pas le seul à reculer et à m'incliner. Le mutant végétal fut tout aussi choqué et s'abstint de tout mouvement. Il leva les mains en l'air, alors qu'il avait un seul pied posé au sol, et restait ainsi en équilibre instable, bercé par la brise qui courrait sous les feuilles. En réalité, son pied était prolongé par des racines, ce qui le stabilisait grandement. En revanche, le gars en noir, lui... Je me demandais si il était fou. Pour commencer, il éclata de rire au moment où la mamie échoua sur le sol de feuilles mortes. Déjà, je trouvais sa réaction bizarre et inappropriée. Ensuite, il se mit à faire la révérence à Maria. Enfin, il se déplaça en pas chassés face à elle, de manière assez saccadée, très malhabile. Pourtant, la russe eût l'impression qu'il se mut avec une grâce peu commune et une vitesse surhumaine. Ses gestes étaient imprégnés de célérité et il devenait difficile de ne serait-ce que le viser proprement. Il se réfugiai derrière un arbre, à l'abri de tout tir malheureux, en gloussant.
A ce moment, les sons de tambours retentirent. Le rythme était sauvage, primitif, et la mélodie semblait venir de tous les côtés à la fois. Il aurait pu y en avoir deux comme huit cent. Tous vibraient, leur membrane à l'unisson, la synchronie était parfaite. A quelques dizaines de mètres, une silhouette se détacha de l'amas de feuillage, puis deux, puis plusieurs autres. Certaines avaient une démarche chaloupée, d'autres plutôt gracieuse. En se rapprochant, on pouvait distinguer des hommes et quelques femmes. Aucun musicien dans le lot, cependant. Sur le plan physique, ils étaient finement musclés, sauf certains hommes vraiment bâtis comme des armoires. Le mutant qui prenait racine faisait office de gringalet anorexique, à côté. Ils avaient le teint halé, sauf une femme au teint très blanc et aux yeux rouges, une albinos manifestement. Leur accoutrement n'était pas aussi rudimentaire qu'on aurait pu s'y attendre : quelques membres du beau sexe s'étaient laissées allées à se mettre un os dans les cheveux, ou une robe en feuilles, quand des représentants du sexe moche arboraient un collier de crânes de rats en guise de ceinture, ou un os dans le nez. Cependant, ces quelques bons gros clichés du barbare arriéré côtoyaient la redingote rouge et le monocle sur le nez, la perruque ou encore le kimono, mixant souvent plusieurs styles vestimentaires, donnant au groupe des allures de patchwork culturel. Ils s'arrêtèrent à quelques vingt mètres de nous, nous toisant précautionneusement. Le son des tambours stoppa net. Ils échangèrent quelques murmures dans une langue très gutturale, dont j'ignorais totalement la signification. Pour ma part, j'étais bouche bée. J'en avais presque oublié le gros calibre qui pointait vers moi.
- Mais qu'est-ce que c'est que ces...
J'avais été surpris par la mort de la vieille, par la musique qui s'était mise à jouer, mais la suite valait le détour. Parmi les autochtones qui nous observaient, certains étaient moches, voire monstrueux. Il y en avait un, par exemple, dont le corps fourmillait... D'araignées. Des énormes, des petites, elles semblaient venir de nulle part, parcourir le long de son corps faiblement vêtu, lui rentrer ou lui sortir de la bouche. J'eus un haut-le-cœur. Un autre avait un œil au milieu du front, quand son voisin de gauche y avait une bouche et celui de droite, une oreille. Il y avait aussi de très belles femmes, généreusement pourvues par la nature, dont une qui avait les jambes articulées comme une volaille, avec les genoux montés vers l'arrière et des ergots au bout des pieds. Je priais intérieurement pour ne pas lui ressembler plus tard.
Je me retournais en tous sens, pour suivre la réaction de mes petits occidentaux, histoire de vérifier que je n'étais pas le plus perdu de tous. Je me rappelai que j'avais des ailes et je les agitais nerveusement, cloué au sol que j'étais, amputé de toute liberté que j'étais. Le groupe de sauvages poudrés – une bonne vingtaine, depuis la prison de terreur où était enfermé mon esprit – n'avait pas l'air hostile, mais je me demandais si une balle n'allait pas fuser. Je craignais que ce soit pour ma pomme.
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mar 30 Oct 2012 - 2:07
Elaine hallucinait avec autant de puissance que son amie Cassandra lorsqu'elle s'était mise en tête de sniffer en une seule fois ce que son petit copain trop brun ténébreux lui avait filé. Cassandra était désormais dans une jolie chambre avec des matelas sur les murs et s'amusait à observer ses glaires étalées sur le mur subir la loi de la gravité.
Bref, Elaine était à peu près dans cet état là. Non pas qu'un coup de feu de plus ou de moins et soixante quinze kilos de chair froide puisse encore la perturber. De toute façon, quelqu'un, quelque part, avait décrété qu'une blondasse dont l'emploi du temps était partagé entre faire la fête, songer à faire la fête, trouver un mec pour faire la fête et se lamenter du mec qu'on avait largué à la fête, était tout à fait dans son élément lorsque la mort se mettait à chanter. Elaine en était à trois cent soixante quinze cadavres aperçus en moins d'un mois et cela faisait beaucoup, même pour quelqu'un qui avait la mort de trente six bébé phoques sur la conscience à chaque achat de rouge à lèvre. Alors bon, voir une vieille, qui l'avait agressée, se faire éclater la gueule par un flingue au canon plus large que la virilité supposée de l'ex directeur de la Confrérie, c'était normal.
Se faire balancer dans la jungle par un téléporteur pour s'y retrouver bloquée avec des amis aussi sûrs qu'une blondasse au bord de la crise cardiaque armée d'un flingue, d'une autre fille au cerveau aussi sain que les Beatles étaient clean, un clochard ange et leurs joyeux compagnons, c'était normal. On aurait pu rajouter Boucle d'or et les Trois ours, cela n'aurait rien changé à l'incongruité de la situation.
En revanche, voir arriver des types qui avaient visiblement pris au pied de la lettre Tintin au Congo, c'était autre chose. Dans un sens, c'était nouveau et vu la tronche actuelle des interlocuteurs potentiels de la jeune héritière, les nouveaux arrivants ne faisaient pas trop tâche dans le paysage ! Aussi Elaine fit elle preuve de son nouvel esprit d'initiative, hérité de cette journée atroce où elle avait vu plus de sang qu'après avoir fait tomber son yorkshire préféré dans le broyeur à ordure. Elle fit un pas en avant.
Nous amis ! Pas vouloir mal à vous ! Gentil ! Et la blonde de se mettre à gesticuler avec un sourire stupide greffé sur le visage.
Nous venu du ciel, boum boum ! Perdus ! Ami avec vous ? Nous apporter cadeau ! CAAAA-DOOO !
Elaine détacha l'un de ses bracelets avec un soupir à peine dissimulé. En fait, n'importe quel type un tant soit peu vénal se serait damné pour récupérer le caaaa-dooo, même si cela impliquait de se faire traiter comme le dernier des arriérés pendant dix minutes. C'est que l'assortiment de pierres cerclé d'or valait la bagatelle de quelques mois de salaires. Du salaire d'un cadre supérieur s'entend.
Caaaaadooo pour ami ! Voui ?!
Emballé par un frémissement de ses interlocuteurs, la belle blonde se dandina à qui mieux mieux.
Si vous aider nous, nous grands grands amis !
Et elle désigna d'un ongle manucuré les deux autres femmes qui l'accompagnaient avec un clin d’œil à faire pâlir un réalisateur porno à l'attention des messieurs présents.
Elles très très gentilles avec gentils hommes si hommes aider ! Oh oui, prêtes à porter enfants et faire cuisine pour hommes si eux nous sauver ! Elle n'oublia pas Eniss, quoique vu l'état du malheureux, la marchandise était plus difficile à vendre.
Lui aimer femmes jolies et gentilles aussi ! Belles ailes pour voler comme oiseau ! Et dans cette démonstration où l’imbécillité raciste n'avait d'égale que la sincérité de la jeune femme persuadée de réaliser la meilleure prise de contact de l'histoire post coloniale, Elaine avait tout de même une petite idée cachée entre deux neurones. Elle pivota enfin vers les types qui les avaient embarqués dans ce bazar, l'homme étrange en tête.
Eux méchants ! COUPE COUPE ET BRACELET-QUI-BRILLE POUR VOUS !
Trois cent mille dollars émirent un délicieux petit bruit métallique lorsqu'elle agita son bracelet devant le visage des étranges arrivants. La délicieuse jeune blonde se mit à sauter à pied joints en dardant un index énervé vers ses bourreaux dans une parodie de danse du sentier de la guerre probablement inspirée du pogo d'un punk bourré. En tout cas, en talons, ça avait la classe.
COUPE COUPE ! COUPE COUPE ! COUPE COUPE !
Isobel Baker
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Ven 16 Nov 2012 - 23:31
Mes rêves ressemblaient un peu à ça. Il y avait souvent des gens qui hurlaient, avec leurs yeux déments braqués sur moi, à me crier dessus, à vouloir me faire taire. Ces gens-là étaient les vrais monstres. Est-ce que je rêvais ? Vraiment ? Des femmes comme cette dame en face de moi pouvaient-elles vraiment exister ? Elles naissaient de cauchemars, et pourtant elles étaient aussi tangibles que le monde autour de moi. Je ne les aimais pas. Elles étaient folles.
Celle en face de moi devait être une de leurs chefs. Parce qu’elle tua quelqu’un sans sourciller avec cette chose métallique dans son poing . La grand-mère ne se relèverait pas. Plus jamais. Cela me rendit triste de le comprendre. Quand la Reine démente me demanda de me taire, je me tus. Mais quelque chose s’agita dans mon ventre ; une chaleur derrière mon nombril. Et qui gronda.
Par la suite, tout fut aussi absurde que dans mes songes. Et cela continua. D’aucuns se prirent pour des lémuriens et allèrent se réfugier derrière des arbres en s’esclaffant, d’autres encore prirent littéralement racine. Mon ami canard lui supplia. N’était-il bon qu’à cela ? La seconde dame blonde, la plus jeune, s’agita également. Personne ne vint m’aider. Personne ne me porta la plus petite attention.
Puis soudain, il y eut un changement. Une petite chose discordante qui vint bouleverser tout ce monde qui s’installait au gré des insultes et des menaces. Les autres furent égaux à eux-mêmes. Ils s’affolèrent au son des tambours battants, et lorsque les musiciens apparurent enfin de derrière les buissons, ils eurent peur de ce qu’ils ne comprenaient pas. Papa avait souvent essayé de m’intéresser à l’Histoire. Un peu en vain, parce que je ne parvenais jamais à me concentrer sur ce qui ne me concernait pas directement. C’était trop loin. Pourtant, j’avais saisi quelques émotions dans ce qu’il me racontait, et l’une de celles qui revenait souvent, c’était la haine. Elle tachait l’Histoire, et jamais en bien. Quand la plus jeune des dames blondes s’adressa aux musiciens, elle leur vomit au visage tout son dégoût. Je ne l’aimais pas, pas plus que son amie sournoise comme un serpent. Les blondes étaient-elles si mauvaises ?
Ces musiciens étaient beaux. Pas bizarres, beaux simplement. Je les regardai, fascinée par cette étrangeté que je côtoyais souvent. Ils me faisaient rire, ils étaient drôles. Leur visage, leur corps était une plaisanterie faite au monde. Quelle importance ? Ils étaient beaux, voilà tout. Bien plus que cet homme dinde, ces deux femmes folles, et leurs amis.
L’un des musiciens regarda dans ma direction, et m’accorda tellement plus d’attention en un instant que ce que les autres m’eurent accordé en une heure. Ses yeux se trouvaient sur ses joues, et sa bouche à la place de son nez, qu’il avait plus haut au niveau du front. Pour lui prouver qu’il ne m’effrayait pas, et que j’étais comme lui, je tournai mon visage à l’image du sien. Mes yeux s’écartèrent l’un de l’autre jusqu’à atteindre mes tempes, tandis que mon nez s’allongea jusqu’au menton. Mon annulaire et mon auriculaire se fondirent dans la chair de ma main et réapparurent sur mes pommettes comme des antennes de taille différente. Je les agitai dans sa direction, pour le faire rire aussi.
La chaleur dans mon ventre revint, impérieuse. Un animal furieux s’était probablement perdu entre mes intestins, et il exigeait de sortir à présent. Je dévisageai le musicien autant que me permettait mon nouveau champ de vision ; je soulevai mon bras encore valide et désignai de la main (ne comptant plus que trois doigts) le corps de la vieille dame. Ensuite, je pointai de l’index la femme blonde l’ayant abattu. J’imitai le geste plusieurs fois puis je cessai. J’espérai que le musicien avait compris.
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Lun 24 Déc 2012 - 19:40
Maria resta paralysée par la surprise quand débarquèrent les joyeux lurons. Finie l'imitation de Béatrix Kiddo. Bouche bée, elle détailla stupidement les arrivants les uns après les autres de la tête aux pieds. Merde… Dans quel Disney s'était-elle encore embarquée ?
Était-ce bien devant ces yeux ce qu'elle croyait être ? Un groupe de superiors amazoniens ? Nous étions bien loin de la classe racée et élégante des bons vieux superhéros occidentaux dans leurs lycras moulants jaune fluo ! Là, c'était X-Cueilleurs-de-singes et compagnie !
Dépitée, Maria rangea son flingue à sa ceinture en soupirant… De toute façon, cela faisait une bonne minute qu'elle n'avait plus personne dans sa ligne de visée, depuis, en fait que l'apparition des freeks-de-la-jungle avait volé la vedette à sa folie meurtrière. Folie meurtrière qu'Elaine était sur le point de raviver en cherchant à prostituer sa patronne auprès de cette affreuse bande de réducteurs de tête. "_ Elaine, arrête donc tes conneries ! Aboya-t-elle sèchement, tu nous fais honte ! Tiens-toi bien ! Montre à cette bande de sauvage qu'il en faut plus pour impressionner une civilisée !"
Les bras croisés dans le dos, elle se campa bien sur ses jambes face à la troupe bigarrée, dans une attitude assurée empreinte de sévérité colonialiste, la crosse de son pistolet bien visible à sa ceinture. Elle leva la voix pour s'adresser aux amérindiens : "_ Bon… Ce serait le comble qu'il n'y ait pas parmi vous quelqu'un avec des talents télépathiques suffisants pour comprendre nos pensées et donc communiquer psychiquement !"
Elle observa consciencieusement les regards braqués vers elle et resta fixé sur celui où elle crut déceler une pointe de compréhension : celui d'une jeune femme plutôt jolie, couverte de tatouages faciaux rouges et coiffée d'un chapeau tressé en herbe. "_ Nous sommes tous arrivés ici par erreur. Notre but est de repartir le plus vite possible. Nous avons en notre possession des armes puissantes et des pouvoirs susceptibles de tous vous exterminer sans nous fatiguer, voyez plutôt !"
Elle retourna d'un coup de pompe brusque le cadavre ensanglanté de la vieille qui gisait à ses pieds. C'était en plus l'occasion de montrer à l'autre azimutée embarquée par erreur qu'elle assumait sans problème ses actes. "_ Mais là n'est pas notre objectif : nous n'en avons rien à foutre de vos gueules, de vos terres et de votre nourriture et si vous nous laissez tranquilles, on vous laisse tranquille ! Sommes-nous clairs ?"
Maria espérait sincèrement ne pas être en train de gaspiller sa salive pour rien : la jeune femme au chapeau en herbe à qui elle s'était adressée venait de détourner son regard et s'était penché en avant pour observer la pantomime d'Isobel dans une parfaite expression d'incompréhension hébétée…
Mouais, c'était pas gagné cette histoire !
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Jeu 27 Déc 2012 - 11:35
Je m’étais arrêté de gémir au moment où la blondasse carabinée avait arrêté de pointer son gros engin vers moi. Elle venait d’abattre une pauvre vieille et de me menacer sans ciller, et je remerciais intérieurement ces… Barbares ? Ils l’étaient sans doute moins qu’elle, du moins je l’espérais. Me rassérénant, je jetais un œil alentour. Entre la folle qui était prête à nous prostituer pour nous sortir d’ici et le taré encapuchonné qui gloussait encore derrière son tronc, je me pris d’affection pour l’écharde humaine et la gamine en pyjama, jusqu’à ce que cette dernière ne prenne l’initiative de réinventer le concept d’expression faciale. L’écharde et moi nous regardâmes l’un l’autre, nous nous sentîmes si seuls. Il lui poussa soudain une branche sur la tempe, d’où sortirent quelques feuilles. J’étais abandonné, une goutte de banalité perdue dans cet océan de folie pure.
Il me vint alors une pensée : et si ces autochtones avaient été alertés par un bruit tonitruant ? Et si ils avaient senti une menace ? Et si ils avaient envoyé leur groupe de tueurs, de chasseurs d’élite ? Et si on était dans la merde ? Parce que mine de rien, la seule personne disposant d’un minimum de puissance brute – ma mâchoire en était témoin – gisait à nos pieds, sans vie, et je ne voyais ni la verroterie d’Elaine – ses seins soient loués – ni les menaces de Maria nous sortir d’affaire.
Au moment précis où mes yeux se posèrent sur le divin décolleté, quelque chose sembla se décider dans le groupe. La femme à qui Maria s’était adressée s’avança, hésitante. Elle se tenait le bras et son visage trahissait des inquiétudes. Son chapeau d’herbe glissa, elle le saisit alors afin qu’il ne tombe plus. Ses yeux en amande lui donnaient, de près, un charme fou. Elle était outrageusement maquillée, certes, mais, n’étant pas habitué aux tatouages guerriers, je lui trouvais beaucoup de simplicité et de naturel. Elle s’avança vers le corps désigné du pied par Maria et s’accroupit. Elle caressa les cheveux de la défunte, passa la main sur son visage et descendit dans le cou où elle tâta le pouls. Sans doute vérifiait-elle le décès de la vieille ? En tout cas, nous fûmes à cet instant assaillis par une vague de tristesse, de mélancolie et de remord. Les indigènes affectèrent à l’unisson un air dépité et relevèrent la tête pour crier en cœur. L’homme de bois pleurait à chaudes larmes pendant que celui en noir s’esclaffait de plus belle depuis sa cachette. Pour ma part, je me sentais coupable de n’avoir rien fait pour empêcher cette catastrophe et, sans en venir aux larmes, je me sentis minable par ma passivité crasse.
Soudain, sans prévenir, le cri arrêta net. La jeune tatouée pointa vers Maria un regard que j’aurais volontiers qualifié de belliqueux s’il n’était pas carrément chargé de haine pure : elle voulait clairement voir son sang couler. Avant que je ne comprenne l’instant, un coup de feu avait été tiré vers le ciel suite à un réflexe mariesque dévié vers la cime des arbres environnants. Des lanières de cuir surgirent du matelas de feuilles, l’une d’elles se saisit de Maria par la gorge et la tira en avant de sorte à lui faire goûter la tiédeur du sol. Elle avait été promptement désarmée et son arme la menaçait à présent d’en haut, où se tenait une femme que j’aurais volontiers qualifiée de farouche si elle n’était pas déterminée à éliminer quelqu’un que je ne citerai plus, par soucis de quotas, dans la seconde. Dans la foulée, j’entendis un cri strident, que j’associe en général aux nanas hystérique quand elles apprennent que le premier jour des soldes est demain. Ce n’était pas Elaine qui gloussait, c’était le gars en noir qui s’était fait débusquer par une lanière et qui se faisait trainer par la cheville. Le bucheron n’était pas à envier puisqu’une torche humaine, sans doute nue sous ses flammes, vint lui saisir les racines et les lui brûler afin de le rabattre au sol. On pouvait constater que les grandes chaleurs nuisaient à l’efficacité de son pouvoir puisque, à l’endroit où devaient se trouver ses chevilles, on pouvait observer de superbes moignons calcinés. Ses hurlements mêlés de sanglots étaient déchirants. Je me fis la réflexion qu’ils disposaient donc de cette fabuleuse invention qu’est le feu. Parlons d’Elaine et de ses beaux atours, tiens. Elle était décrépite. Vieille. Fanée. Elle ne parvenait plus à supporter son propre poids tellement l’arthrose de ses genoux lui faisait mal. A ses côtés, une femme en costume de geisha trônait, majestueuse, le visage sévère. Puis un sourire apparut, dévoilant ainsi des dents de carnassier plutôt effrayantes. Pour ma part, je sentis un objet me percuter les ailes, puis deux, puis cinquante. Je sentais mes épaules prises d’assaut et mes chevilles étaient escaladées. Un homme se tenait devant moi, les bras croisés. J’étais incapable de faire le moindre mouvement, mes pieds parurent englués au sol. Il me fit un clin d’œil, et un scorpion lui sortit de l’oreille pendant que mon corps se recouvrait de centaines de mygales, de tarentules venimeuses et d’autres bestioles que je ne cherchais même pas à identifier, tant mon esprit était loin de ces considérations. Ma bouche était scellée et je ne pouvais que subir cette masse grouillante qui s’engouffrait dans mes vêtements, mes plumes, et occupait chaque parcelle de mon corps. Contre mon gré, j’étais parmi les personnes les plus silencieuses, avec Isobel.
Son cas était particulier et méritait bien un paragraphe à part. Elle avait été approchée par cet autre indigène qui lui ressemblait tant – par ressemblait, il fallait comprendre que, ne pouvant être classés dans aucune catégorie de forme de vie existante, ils étaient semblables par défaut. Ces deux là semblaient mettre beaucoup d’ardeur à redéfinir la notion de langage corporel mais, finalement, ils donnèrent l’impression de se comprendre. Le fait d’avoir des insectes sur la gueule et de ne pas pouvoir suivre la scène me parut presque être un avantage. Alors qu’il avait la tête à l’envers, au sens propre, l’indigène que nous appellerons, pour plus de commodité, André, leva la main. Automatiquement, tout le monde autour s’arrêta et regarda dans sa direction. Il composa alors quelques gestes que je reconnus comme faisant partie du langage des signes. Par un triste hasard, mon histoire ne me permettait pas de les comprendre. De toute façon, de grosses mandibules me gâchaient la vue, alors… La femme tatouée répondit, de manière plus brusque, plus agressive. Elle désignait le flingue et notre groupe tour à tour. Sa respiration s’accélérait, elle piétinait le sol de manière rageuse. Malgré tout, André tenait bon et ses gestes, calmes et amples, finirent par avoir raison de sa colère. Elle conclut cette altercation en se calmant et partit en bougonnant, l’arme au poing.
Quand ma vision reprit ses droits, la majorité de nos opposants s’en était allée. Seuls quelques uns étaient restés avec nous, notamment ceux qui nous avaient incapacités. Un homme, ou plutôt une montagne de muscles, portait l’homme en noir qui s’était endormi et qui ronflait bruyamment, l’homme bois qui était secoué de spasmes et Elaine dont les rides commençaient à disparaitre, il y avait fort à parier qu’elle serait à nouveau en pleine possession de ses moyens sous peu. La russe se retrouvait sanglée, suivie de près par une femme habillée dans le plus pur style sadomasochiste latex et cuir. Les lanières sortaient de ses manches et plusieurs fouets garnissaient sa ceinture. Pour ma part, je redevins libre de mes mouvements après avoir bien mérité le titre d’hôte arachnéique 2052. Malgré que toutes les bestioles aient quitté ma personne, je sentais encore la sensation de leurs petites pattes grouillant sur ma peau. C’était désagréable. En tête de cortège, Isobel devisait étrangement, de mon point de vue, avec celui qui était bien parti pour devenir son meilleur ami de la journée.
Nous arrivâmes rapidement à un village mélangeant les architectures, passant gaiment d’un style inca à un autre japonais, en couvrant tout un panel de matériaux tels que le verre, le béton ou les excréments. C’est une hutte toute en terre et en chaume qui nous accueillit tous, Isobel comprise. Mention spéciale à Miss Yevgeniyen qui fut jetée au sol sans le moindre ménagement. Il faisait bon et une cruche d’eau nous fut amenée, ainsi que plusieurs godets. Nous étions, de toute évidence, placés en captivité jusqu’à nouvel ordre. Je lâchais un « Euh… » peu convaincu qui couvrait à peine les gémissements et les ronflements de nos anciens tortionnaires.
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mer 2 Jan 2013 - 14:59
Il y avait quelque part dans cet univers une puissance divine qui tenait visiblement à sauvegarder Elaine Hildred. En dépit de ses indéniables lacunes en matière d'activation neurales, la jeune blonde possédait un ego à faire pâlir un Kenjiss au nez repoudré. Et chaque égratignure à cette montagne d'égocentrisme était un crime de lèse majesté qui provoquait en général une riposte du genre guerre thermonucléaire. En l’occurrence, dans cette jungle où les lois n'avaient plus cours, où l'on s'abattait sans arrière pensées et où les amitiés ne signifiaient plus rien, Elaine s'apprêtait à arracher les yeux de Maria. C'était facile, tout compte fait. Un bond de ses magnifiques jambes fuselées, une main manucurée aux longs ongles acérés plongeant dans l'orbite frémissante, une crispation et la délectation du hurlement de sa rivale à jamais défigurée.
On ne disait pas qu'Elaine Hildred faisait des conneries, un point c'est tout. Cynthia était bien passée à travers un pare brise de mauvaise qualité pour avoir osé ricaner à l'une de ses apparitions publique. Jusqu'à très récemment, les chirurgiens bataillaient toujours pour retirer les derniers éclats de verre du visage lacéré de la malheureuse. Il était peu probable que la jeune femme retrouve jamais l'éclat de son visage d'antan. Malgré les progrès de la chirurgie, il était peu probable que les médecins parviennent à faire du steak haché un visage regardable sans nausées.
Et donc Elaine était protégée par la providence, puisqu'elle sentit brutalement ses articulations la trahir, ses rides pourtant âprement combattues la défigurer et ses dents cliqueter, alors qu'elle avait l'intime conviction que son sourire divin, son éclat attirant les mâles comme autant de mouches vulnérables disparaissait. En même temps, son pull s'affaissait doucement et elle se sentait faiblir comme jamais, chutant sans aucune grâce (quelle honte pour une gymnaste de son acabit ! ) dans la mousse spongieuse du sous bois. D'une main tremblante, elle s'essuya les yeux. Et ne put les détacher des sillons qui striaient ce qui avait été autrefois le membre le plus parfait que Dieu ait bien voulu donner aux hommes.
Mémémémémémémémémé... Son gémissement l'acheva tant sa voix tremblait, incapable de retrouver les accents charmants de feu sa jeunesse. En dix secondes, la malheureuse venait de vivre l'un de ses pires cauchemars, qu'elle avait toujours espéré éviter grâce à la chirurgie, à une bonne dose de botox et un suicide à l'âge canonique de vingt-cinq ans.
Méééééééééééééé !
Elaine se foutait bien de ce qui se passait à proximité immédiate. C'était son environnement nombriliste qui l'intéressait. Exit les tueurs, les branches, les tueurs à branches et les blondasses pétasses à énucléer. Elle était vieille. Irrémédiablement vieille, laide à faire peur, avec des seins au niveau du nombril, un nombril au niveau des genoux, des fesses flasques, des sillons à faire gerber le grand canyon partout sur le corps, des dents dignes d'un clavier de piano et la crinière argentée d'une candidate à l'euthanasie.
Alors Elaine prit sur elle pour faire face. Ses genoux craquèrent, ses hanches menacèrent d'exploser alors qu'elle se laissait choir dans la solution la plus sûre du moment. Avec un courage à faire chialer un spartiate, Elaine Hildred s'évanouit.
Fort heureusement pour la riche bimbo, un hasard fort agréable avait décrété que la punition de l'arrogante superficielle ne serait guère plus longue qu'un rêve. Et lorsqu'elle s'éveilla, sur le sol crasseux d'une hutte digne des pires films d'horreur, elle put contempler sa main qui achevait de redevenir l'extension parfait d'une créature parfaite. Elle y passa dix bonnes minutes, la blonde platine. Observer le sillon central se combler peu à peu, les ongles repousser, leurs fêlures s'effacer pour être à nouveau aussi nacrés que la plus belle des perles. Ce ne fut qu'au bout de longs instants qu'elle se laissa aller à caresser son visage à nouveau si lisse, si parfait, ces lèvres pulpeuses et désirables, cette silhouette extraordinaire qu'elle n'aurait jamais voulu quitter. Il était fort probable que la malheureuse se soit laissé aller à davantage, au hasard, avec le premier beau spécimen mâle du coin pour achever de se rassurer tout à fait sur son apparence, mais l'instinct de survie propre aux Hildred reprit rapidement le dessus. Elaine bondit sur ses pieds avec la grâce d'une muse. Une muse juchée sur des talons probablement inventés par le pire des sadiques, mais elle maîtrisait ses aiguilles avec autant d'habilité qu'Eniss les siennes.
Je reste pas ici moi ! Ça pue, c'est moche, doit y avoir plus de 90% d'humidité et mon pull va rétrécir ! C'est de la soie de vers albinos bordel, c'est pas fait pour les sauvages !
Elle jugea bon d'accentuer ses paroles pleines de bon sens par une cambrure qui permit à tous de vérifier à quel point il était dangereux pour les hormones masculines que son pull rétrécisse encore. Par la même occasion, elle se rassura. C'était la bénédiction des stupides, cette faculté impressionnante à surmonter les pires traumatismes en une fraction de seconde. La volage sautait d'idées en idées sans jamais s'attarder sur les chocs reçus. Sans quoi la pauvre Elaine se serait depuis longtemps logé une balle dans la tête étant donné que chacune de ses apparitions publiques provoquait une frénésie de violence depuis quelques jours.
Ben moi je vais me bouger le cul hein !
Et Elaine de presser d'un coup sec son poignet dissimulant son super datapad à la pointe de la technologie. Un geste qui ne trompait guère, du moins pas depuis trois décennies et l'invention des implants cutanés. Après quelques cobayes qui avaient fait fondre leurs poignets, le signal universel de détresse avait enfin été mis au point.
J'espère qu'elle va se bouger ses fesses d'anorexique, j'ai peur moi...
Était il utile de préciser la critique à peine voilée de cette remarque quant aux capacités défaillantes du petit groupe actuel ?
Isobel Baker
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Sam 2 Fév 2013 - 23:00
Je ne sais pas pour les autres. Il n’y avait que ce garçon au visage étrange, et moi. Il m’avait compris, et fait étrange, cela me rendit triste. J’ignore pourquoi, c’est contente que j’aurais dû être, non abattue. Ils crièrent encore là-bas, de la colère, de la rancune, de la haine et d’autres choses. Ni belles ni dignes d’intérêt. Je ne les regardai pas ces faux compagnons car en cet instant, il ne m’importait pas de savoir ce qu’il pouvait bien leur arriver. Ils étaient méchants pour la plupart, et petits tous ensemble. La femme qui hurlait pouvait rendre jugement, n’importe lequel, cela n’était pas grave. Ils l’auraient mérité, quel qu’il fût.
Je quittai ces idées noires pour me concentrer sur le musicien, qui vint vers moi. Je m’agitai un peu, coincée dans mon arbre, mais moins par crainte que par empressement. Il fut là près de moi, l’instant d’après. J’agitai mes doigts-antennes dans sa direction, il parut perplexe, je recommençai et il finit par rire. Je ne fus plus triste, mais contente. La joie n’avait pas totalement déserté cet après midi. Nous parlâmes. Je crois. Je ne suis pas certaine qu’il y eût de véritables paroles car cela fut plus silencieux que les mots. Nous échangeâmes des regards surpris sur nos étrangetés respectives ; je le fixai de bas en haut tout du long de l’échange pour capturer ses traits dans ma mémoire ; il renifla l’air autour de moi, humant mes odeurs. On ne m’avait encore jamais reniflé. Je ris, il m’imita mais glapit davantage qu’il ne ria.
Il fut inquiet l’instant d’après en voyant mon bras scellé dans l’arbre. Je le rassurai, ce n’était pas si grave, ce n’était qu’un bras. Il ne m’écouta pas et appela l’un des siens. Un autre homme aussi curieux physiquement que nous l’étions nous-mêmes. Il paraissait vieux, très très vieux. J’avais déjà vu des momies auparavant dans leur froid sarcophage. Desséchées, la peau flétrie comme du vieux cuir, sans vie. Mortes. L’homme avait les traits plus tirés encore.
Il me dévisagea, je le saluai du bout du doigt frontal ; il haussa les sourcils, je lui tirai la langue. Il ouvrit la bouche, étonné, je me pinçai le nez, joyeuse. Il finit par rire également. Ses éclats furent vigoureux et entiers, son esprit plus jeune que ne le laissait supposer son apparence. Finalement, il se calma pour redevenir plus sérieux ; l’air grave, il se pencha sur mon petit problème. Il posa délicatement sa main sur le tronc. Du regard il interrogea l’autre qui d’un geste de tête lui signifia quelque chose. L’écorce se mit à pourrir, à devenir cendres et poussière. Il me lança un coup d’œil inquiet auquel je ne répondis que par un sourire. Par politesse, je ne lui parlai pas des picotements que je ressentais dans mon bras. Un trou se creusa au fil des secondes dans le tronc de l’arbre si bien qu’au bout de quelques instants je pus dégager mon bras, et Remmy avec. Si Remmy avait gardé son aspect premier, la chose brune et maigrichonne rattachée à mon épaule n’eut plus grand-chose en commun avec ce qu’elle fût auparavant. Les deux hommes regardèrent mon nouveau membre horrifiés et surpris.
« Mon bras a dû se mélanger à l’écorce. C’est pour ça. Mais ne vous en faites pas, j’en construirai un autre plus tard. »
Ils ne me comprirent pas ; l’homme momie fondit en larmes et se saisit de mon bras branche en articulant quelques claquements. Je me dégageai gentiment et lui souris. De mon autre bras, je lui indiquai ses autres amis sur le point de partir. L’autre garçon me prit par la main (la normale) et m’entraina à leur suite. Il dit quelque chose à l’autre homme qui s’écarta, tout penaud. En quelques enjambées, nous passâmes devant le petit groupe. Je n’avais aucune idée quant à notre destination, mais je ne m’en souciais pas. Sur la route, nous nous dîmes beaucoup et rien du tout à la fois. Même aujourd’hui, je ne suis pas capable de répéter avec exactitude ce qui s’est dit ce jour-là. Peut-être quelque chose au-delà des mots.
Toujours est-il que nous, mon ami, moi et les autres, arrivâmes dans un village. Auquel je ne prêtais pas la moindre attention, ou à peine. Simplement, certaines maisons possédaient des cheminées, et cela m’intrigua tout de même un peu. Des cheminées en pleine jungle, cela n’était guère commun. On nous guida jusqu’à l’une d’elle pour nous y enfermer. Je dus saluer mon ami à contre cœur. Lui parti, mon corps n’eut plus aucune raison de maintenir les changements (épuisants) que j’avais opéré sur lui un peu plus tôt. Dans un bruit aussi spongieux que soudain, je retrouvai mon apparence initiale. Seul mon bras resta tel quel, squelettiquement marron et triste. Très dignement dans mon pyjama, je m’écartai des autres et me retirai dans un coin de la pièce. Les murs me semblaient tellement plus intéressants que leur compagnie.
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Ven 15 Fév 2013 - 15:54
Il fut clair dans l'esprit de Maria que la situation était en train de dégénérer quand elle sentit son doux visage s'écraser dans la moiteur du sol boueux et le goût de l'humus emplir sa bouche. La loi de Murphy, une fois encore, se vérifiait : "S'il y a la moindre possibilité que les choses tournent mal, ça tournera mal ; s'il n'y en a aucune, ça tournera mal quand même". Quelle était la réelle probabilité qu'un groupe d'indigène rencontré par hasard au milieu d'une jungle perdue soit une bande de mutants suffisamment balaises pour tous les mettre au tapis d'un clignement d'œil ? Aussi faible, pensa-t-elle en expectorant de la boue, que celle de tomber par hasard sur l'une des sept cités d'or lors d'une randonnée pédestre dans le Delaware ! Et pourtant c'était bien arrivé ! Alors soit il fallait accuser la malignité de l'Univers, soit ils étaient tous les personnages d'un forum RPG embrigadés dans un scénario aussi tordu que son hypothétique auteur…
Mais le pire dans cette mésaventure, c'était le viol télépathique qu'elle subissait. Maria avait mis une balle dans le crâne de la vieille, elle l'assumait parfaitement et était prête à recommencer à l'instant si les circonstances l'exigeaient. Et pourtant ses joues étaient mouillées de larmes salées, des remords artificiels lui tordaient les intestins, elle était contaminée par un parasite empathique. Ce n'était qu'un fatras de sentiments primitifs injectés à la truelle avec un arrière-goût doucereux d'amateurisme. Et le pire dans tout ça, c'était qu'elle était affublée d'une résistance télépathique insuffisante pour en contrer les effets. C'aurait été un coup de Lemington ou d'Henri… Pourquoi pas ? Il y avait du niveau ! Mais là, Maria était soumise à une sauvageonne à l'intellect à peine supérieur à celui d'un cochon d'inde ! L'amour-propre de la russe saignait plus encore que sa joue, il lui fallait une échappatoire. Elle dégagea la motte de terre qui lui bouchait la vision et fixa avec insistance le crâne défoncé de mamie gang-bang. ***Alleeeez !!!***
Les larmes brouillaient sa vision, elle distinguait avec difficultés les détails. ***Alleeeez, éveille-toi !!***
Les cheveux… Le trou dans le crâne… La cervelle en bouillie… ***Alleeeez !!***
C'était rageant ! A une époque, la moindre trace rouge sur un mouchoir en papier aurait suffi ! ***Bloody Mary ! Bloody Mary ! Bloody Mary !***
Enfin ! Son œil se fixa sur un point : du crâne de la vieille saillait un morceau d'os pariétal cassé… Et à la pointe de cet os, une petite goutte de sang en suspension. Maria retint sa respiration.
Un souffle de vent causé par un déplacement fit décrocher la goutte. Pendant la fraction de seconde nécessaire pour qu'elle s'écrase au sol, Bloody Mary avait pris les commandes dans un gloussement extatique. On la releva sans ménagement. Le visage blessé, elle affichait une moue gourmande. On la sangla des épaules au bassin, elle n'émit aucun son. Pendant toute la manœuvre, les yeux de Bloody étaient restés fixés sur les jugulaires battantes et apparentes de la jeune indigène au chapeau de paille. On l'entraina comme un chien en laisse.
Tout le trajet jusqu'au village se passa comme dans un rêve. Bloody, haletante, la bouche ouverte, fixait le mollet de celui qui marchait devant elle. Elle chantonnait doucement au rythme des artères tibiales qui se gorgeaient de sang à chaque pas. Son esprit était vide, nettoyé de toute trace de remords, plus aucun raisonnement, elle n'était plus qu'une prédatrice hémophage sans âme. On la jeta avec violence sur le sol meuble d'une hutte sombre. Le choc la fit expirer violemment mais pas retrouver ses esprits. La cage se referma.
Bloody, toujours attachée, se contorsionna dans tous les sens pour se retrouver assise contre une paroi, le visage couvert de boue, les cheveux ébouriffés. Elle était souriante, ses yeux pétillaient d'amusement : elle n'était pas seule dans la hutte, on avait enfermé avec elle quelques poches de sang ambulantes. Certaines même étaient percées par endroit et laissaient échapper quelques gouttes de nectar vermeil. Sympa ! "Est-ce que quelqu'un peut me libérer ? Demanda-t-elle sur un ton doux, j'ai très mal !"
Allez, les poches de sang ! Allez ! Approchez-vous sans méfiance de Bloody Mary ! Elle regarda Eniss. Le sang des anges avaient-ils un goût de paradis ? "Toi ! Viens me détacher, s'il te plait ! Minauda-t-elle, je saurais t'être reconnaissante !"
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Lun 25 Fév 2013 - 17:33
Est-ce que j'ai déjà précisé que j'étais terrifié ?
Elaine, avec sa capacité à passer d'un traumatisme à un autre, était déjà flippante en soi. Vous savez, ce genre de personnes que l'on apprécie pour autre chose que leur conversation. C'était bien simple, on pouvait voir les languettes de son soutien-gorge au travers de son pull en laine. Que dire de l'autiste qui fixait une fissure dans le mur en terre ? Elle aussi me terrifiait, on venait de voir la mort de près, fallait se serrer les coudes bon sang, trouver un moyen de s'échapper, et l'autre regardait le mur. Était-elle seulement consciente de ce qui nous arrivait ? Les ronflements, mêlés aux gémissements du bûcheron, étaient tout aussi insupportables et, parmi cette clameur sourde, se détachait une supplique beaucoup trop douce pour être honnête. Le « je saurai t'être reconnaissante » surtout puait le piège à des kilomètres. Franchement, elle venait de se faire rouler dans la boue sans ménagement, elle croyait que j'allais gober qu'elle avait un quelconque pouvoir ici ? Et ce sourire carnassier, malsain... Non, apeuré, je m'éloignais en feignant de n'avoir rien entendu. Je me saisis d'un gobelet, y versai de l'eau et bus une gorgée. J'en proposais aussi à l'homme-moignon, qui semblait se calmer un peu.
Comme les autres, je n'eus finalement que peu de temps pour souffler, le son des tambours reprit. Il était très lointain, au début, puis s'intensifiait, s'amplifiait graduellement jusqu'à réveiller le saint dormeur qui affichait une mine reposée, sereine. Le rythme atteint son paroxysme sur un grand « BOOM » qui me fit sursauter. Au même moment, l'entrée de la hutte s'ouvrit brutalement, nous inondant de lumière. Je dus plisser les yeux pour voir des lanières surgir, s'emparer de Maria et la traîner au dehors dans un flot d'insultes.
- Euh... Kchoaa ? réussis-je à prononcer, tant ma machoire devait être fendillée.
Le nouveau meilleur ami d'Isobel entra, la prit par la main et sortit avec elle sans dire un mot. Je ne pus m'empêcher de remarquer qu'étant tous deux très dégueux, ils allaient très bien ensemble. Un homme de forte stature s'empara du gars en noir, le hissa sur son épaule comme s'il pesait une brindille et l'emporta à son tour. Il riait tellement fort, c'en était désagréable. Il ne restaient dans la salle qu'Elaine et moi. Et le gémisseur. L'idée de faire des cochonneries ne me traversa même pas l'esprit. Nous fûmes promptement emportés à notre tour. En sortant, on vit un grand panneau en bois sur lequel il était écrit « TEST », avec des flèches dessinées tout autour de manière assez chaotique. En bas à droite, on pouvait voir le smiley « : ) ». Le mot était bien choisi, il est valable dans plusieurs langues et nous donnait une idée de ce qui nous attendait.
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Maria Aleksandrovna Yevgeniyen, ou plutôt Bloody Mary, avait été transportée et bâillonnée par un tas de languettes en cuir contrôlé à distance par une Catwoman toute en cuir noir et fouet, il ne lui manquait que les oreilles de chat pour compléter la panoplie. Un cosplay quasi-parfait. Elles traversèrent la plupart du village au pas de course. La directrice eut tout le loisir d'admirer l'architecture éclectique qui défilait sous ses yeux.
Elle fut déroulée et libérée de ses liens dans une arène de sable – mais oui, on est toujours dans une jungle – bordée par des gradins. L'occupation de ces derniers était pour le moins étrange : il y avait plein de gens dessus mais, comment dire... La plupart ressemblaient trop les uns aux autres et reproduisaient les mêmes gestes. Une illusion était à l’œuvre, et elle était grossière. La sadique en puissance rejoignit un bord et se retourna en direction de Maria. Ses deux fouets lévitaient à ses côtés, elle était prête à en découdre. De toute évidence, elle n'était pas animée d'intentions pacifistes.
Sur un gradin, au milieu de la foule, l'empathe de l'épisode précédent leva un bras en l'air puis l'abaissant en soufflant dans un sifflet. Le son strident annonçait le début des hostilités. L'épreuve de force pouvait commencer.
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Isobel fut emmenée dans une salle charmante, selon le standard de ces indigènes. Une table était dressée en son milieu et, à son arrivée, sa chaise se tira d'elle-même pour l'accueillir. En face on plaça Remmy sur une chaise beaucoup trop grande pour lui. Des assiettes et des couverts bougèrent, se plaçant selon les standards des grands restaurants. Puis le dîner fut servit, une fois de plus sans serveur visible.
Au bout d'un petit instant, le ventre de Remmy se gonfla, de l'air fut aspiré par sa bouche et un râle de plaisir sortit.
- Rhaa, putain, que ça fait du bien de respirer. Il se redressa sur ses pattes en mousse dispendieuse. Si tu savais comme j'en ai marre que tu me trimbales comme un sac sans pouvoir rien dire ni rien faire. Tu crois que quoi, que ça me plaît d'être en ta compagnie ? Tu crois m'entendre, alors que je ne peux pas parler ? Tu es folle, et c'est le moins qu'on puisse dire. Bon sang, si seulement je pouvais me suicider et en finir avec cette saleté de vie que tu as à m'offrir à tes côtés.
La mignonne peluche ne tarissait pas de méchancetés à dire au sujet d'Isobel mais lui laissa un temps pour réagir, pour constater ses réactions. Remmy voulait clairement lui faire mal, et il utiliserait tous les moyens à sa disposition pour le faire.
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Elaine fut aveuglée, puis eut la sensation que quelqu'un farfouillait dans son cerveau – le pauvre – puis plus rien.
Elle était assise, dans une rue de Vancouver. Elle tenait une pancarte « Gé fin » avec un air morose, de celle qui a vu sa vie se dégrader irrémédiablement. Elle avait été reniée par sa famille et son mari suite à une malheureuse histoire de tromperie avec un quidam qui éclata au grand jour. Il s'était fait passer pour un riche directeur suédois, avant de se révéler être un simple groom de passage. Elle tomba malade, de ce genre de maladies dont on parle à voix basse, en tentant d'en réduire l'importance quand on en avait une. La pauvre avait été défigurée par la syphilis et devait à présent mendier pour avoir de quoi subvenir à ses besoins les plus primaires. Depuis quelques mois elle vivait un enfer. Certains journalistes qui avaient suivi l'affaire pensaient que l'exposition au grand public de sa mutation linguale avait été un facteur aggravant, mais un gros chèque finissait de leur lier la langue à jamais.
Une brunasse manucurée lui passa devant en tortillant du cul puis se retourna.
- Elaine chérie, c'est toi ? Oooooh, regarde qui t'es devenue ! Je t'ai reconnue à l'écriture. Comment tu vas ? Oh, c'est terrible ce qui t'est arrivé oui, heureusement j'ai calmé Kev' qui était devenu fou en apprenant la nouvelle, maintenant il va mieux. Bon, je te laisse, on se rappelle à l'occasion, bisous !
Tout ça d'une traite, sans respirer. Il y avait bien là une demi-seconde de pitié environ. Elle s'éloigna ensuite en riant après lui avoir lancé une pièce de cinq centimes aux pieds.
**********
Quand à moi, hé bien, je ne faisais pas le fier. On m'avait bandé les yeux et la mâchoire me faisait un mal de chien. Je n'arrivais même pas à articuler clairement plus de deux syllabes consécutives. J'avais la désagréable impression que mon corps grouillait de petites bestioles dans tous les sens. Je tressaillis à l'idée que des centaines d'araignées me courent dessus.
Quand on m'ouvrit les yeux, l'homme-arachnide se tenait face à moi. Un bébé scorpion sortit de son œil gauche, j'eus un haut le cœur. Il se mit à rire, preuve qu'il était humain, et désigna face à lui quatre flacons identiques. Il ne se distinguaient que par des dessins dessinés tout autour dans de la soie. Il me fit comprendre, par geste, que je devais les boire. Cependant, il mima une mort violente et instantanée, ainsi qu'un truc qui ressemblait vaguement à un bonus. Ma tâche était alors évidente, il s'agissait de trouver la ou les bonnes et la ou les boire. J'avais une chance sur quatre d'y claquer.
Quelle journée de merde...
Dernière édition par Eniss le Jeu 29 Aoû 2013 - 12:37, édité 1 fois
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mer 27 Fév 2013 - 21:06
C’était une journée qui avait commencé comme toutes les autres, lorsque le sac poubelle s’était couvert d’une rosée glacée. La gorge en feu, transie, elle s’était levée tant bien que mal, jetant le plastique trempé d’urine dans un coin de la ruelle. Après s’être régalée d’un yaourt périmé à la consistance semi solide, Elaine avait tenté tant bien que mal de sécher ses haillons avant de rabattre la capuche de son sweat à demi déchiré sur son faciès à jamais marqué par quelques tentatives toujours plus misérable de retrouver un soupçon de la richesse qu’elle avait connu autrefois. De cette époque bénie, il ne restait rien. Rien si ce n’était ce petit bâtonnet brillant qu’elle extirpa avec précaution de sa poche. Ouvrant le rouge à lèvre en souriant, la blonde cendrée s’en badigeonna les lèvres avec coquetterie, se mirant dans un miroir recouvert d’une pellicule sombre.
Hihi j’suis trop belle. Hihihi !
Le rouge écarlate « biatch d’un soir » savamment étalé sur sa bouche sensuelle, elle s’appliqua à tamponner le pus qui commençait à coaguler sur son menton. C’était agaçant, ce pus. Fort heureusement, l’infection s’était arrêtée à la commissure droite de ses lèvres. Elle pouvait donc toujours sourire du côté gauche sans continuer à déchirer l’hideuse balafre droite. Sans doute n’aurait-elle pas du accepter l’idée d’Ivanovitch. Ce diplôme de chirurgien plastique passé au typex aurait été suspect aux yeux de n’importe qui, mais pour miss Hildred, se faire regonfler les lèvres était à la portée du premier quidam venu. Sans doute avait-elle oublié que le premier quidam venu, chez les grands de ce monde, étaient chers pour une bonne raison. Ivanovitch était gratuit pour une bonne raison également. En l’occurrence, il ne savait planter des seringues que dans le fessier des chevaux de course. S’en était ensuivi une désagréable pustule fort douloureuse, qui avait dégénéré en une infection généralisée et une gangrène interne. La balafre rougeâtre débordait légèrement sur sa joue mais flattait son teint pâle, ses yeux vitreux et ses veines apparentes qui déformaient la peau.
Y’m’va troooop bien ! C’était une journée qui continuait comme toutes les autres. Par chance, la recette du jour était plus que correcte. Si Elaine avait peiné à comprendre l’intérêt de ces petites pièces à une époque lointaine, elle avait vite apprit à compter. De la blonde écervelée ne restait que des traces éparses, souvent nostalgiques alors qu’elle soupesait ses seins flasques ou hurlait de douleur lorsque la fièvre dévorait son corps décharné. Elle avait bien tenté de garder un semblant de dignité mais suite à quelques nuits difficiles dans la rue, son rhume perpétuel laissait une trace verdâtre sous ses narines. Son aspect lamentable, lorsqu’il ne lui attirait pas quelques remarques moqueuses, permettait une recette presque correcte, en tout cas suffisante pour permettre à la maladie de ne pas triompher définitivement de la malheureuse la plus pathétique des environs.
Hihihi, merci m’dame !
Etait-il utile de préciser ce quel accueil la rue avait réservé à Elaine ? Combien d’horribles personnages avaient croisé la route du cadavre ambulant, attirés par les restes laissés par les charognards toujours plus mauvais qui s’étaient acharnés sur l’adolescente ? Ce qu’elle avait du faire pour survivre dans un milieu où les coups de lames étaient une miséricorde car accordaient le droit à quelques soins, un repas chaud et une bonne nuit de sommeil, voire même une douche et des vêtements propres ?
Oh oui, que tout cela était nécessaire. Elaine avait été violée trois fois, avant que son aspect ne repousse même les plus détraqués des pervers. On l’avait attaquée plusieurs fois et laissée pour morte après une agression particulièrement violente dont elle s’était remise avec une rapidité que seul un incroyable sadisme de la nature pouvait justifier. Elle avait été volée, frappée, droguée et n’avait eut d’aide de personne, parce que personne ne voulait d’elle. En six mois de rue, Elaine avait vécu une descente aux enfers d’autant plus violente qu’elle était passée d’un monde où l’argent régnait en maitre à celui où l’instinct animal prévalait. Et Elaine s’apparentait davantage à un koala sous héroïne qu’à un dominant de la chaine alimentaire.
Alors lorsqu’elle vit Alexandrina s’approcher d’elle, elle fit comme d’habitude. Elle baissa la tête, laissant ses cheveux collés par la crasse recouvrir son visage hideux en tendant bien haut son écuelle. La pièce heurta le métal avec un bruit aussi cinglant que les ricanements de la salope. Elaine ne releva pas. Elle n’avait jamais relevé les remarques de personne, plus depuis qu’on lui avait collé un coup de rasoir dans l’oreille lorsqu’elle avait osé réclamer plus de pain en essuyant sa bouche et ses larmes. D’ailleurs elle ne savait même plus qui était Kev’. Sans doute un des beaux mâles bronzés aux U.V, tatoués comme des bad boy, avec leurs dents refaites et leurs boucles d’oreilles en diamant qu’elle avait tant croisé dans sa vie d’avant. Mais de cette armée de clones, elle ne se souvenait d’aucun qui se démarquait. Personne n’avait jamais réellement compté pour elle, plus depuis qu’elle avait subis les revers que les seuls aimés lui avaient collé dans la tronche. Cela avait commencé avec ce suédois, son penchant pour la boisson et les coups de poings à chaque défaut érectile. Alors, lorsque Elaine regagna son abri de carton et de papier suffisamment souillés par l’urine pour dissuader quiconque de s’en approcher, ses deux dollars soixante-dix-sept cachés où personne ne pouvait lui arracher, elle s’étendit en pleurant sur sa paillasse, la joue trop gonflée par son infection de la gencive pour pouvoir avaler encore un yaourt frelaté. Cela faisait trois mois que sa langue était trop mal en point pour être utilisable autrement que pour manger et encore, sans grand succès.
Alors le lendemain, lorsqu’elle se jeta sur Alexandrina et l’envoya à la renverse sans guère d’effort, parce que la brune était juchée sur des talons vertigineux sur lesquels elle n’avait jamais su marcher, elle se découvrit une haine surprenante pour cette salope qui, elle le savait, était repassée uniquement pour se foutre d’elle. Et lorsque le bout de verre perça l’orbite de la garce, elle se mit à rigoler, un croassement davantage qu’un rire qui ne dissimulait rien de la joie féroce qu’elle éprouva à lacérer les fringues de pute de l’autre avec son bout de lame qui lui entaillait autant les doigts qu’elle coupait les prothèses en silicone de l’artificielle. Cela n’allait pas assez vite, alors elle lui mordit le nez, indifférente à la douleur qui explosa dans ses mâchoires pourries par le crack. Lorsque la matraque du flic arrivé en renfort lui ouvrit la tempe, décorant sa tignasse brunâtre d’une soie vermeil, elle mugit sans desserrer son étreinte. Ses longs ongles crevassés déchiraient sans pitié la gorge de la malheureuse qui avait osé s’estimer supérieure à Elaine sous prétexte qu’elle crevait de faim, de maladie et de honte dans la rue. Par chance, l’illustre représentant de la loi était trop terrifié par l’état de la sorcière pour s’attarder davantage sur une syphilitique qui puait la maladie à trente mètres. L’hémoglobine qui coulait à flot de la malheureuse acheva de le convaincre du danger qu’il y avait à rester proche de la malade et il recula d’un pas. Ce fut suffisant pour qu’Elaine plante une dernière fois son tesson dans la gorge d’Alexandrina qui ne bougeait plus beaucoup, désormais. Ses jambes tentaient toujours de repousser la folle qui la chevauchait mais ses forces diminuaient rapidement, sans que l’on sache réellement lequel des coups maladroits avaient réellement porté. Mais force était de constater qu’avec son visage en steak tartare, ses nichons devenus liquides et les filets de thon à la tomate qui ruisselaient sur sa minijupe en skaï, Alexandrina était en phase de devenir un excellent sujet d’étude pour les brillants chirurgiens plastiques de la haute.
L’histoire ne dit pas si elle survécut, puisque la vision d’Elaine se voila subitement lorsque trois balles du calibre standard de la police se frayèrent un chemin dans ses neurones survivants à une demi-seconde d’intervalle. C’était un fort beau tir et le résultat fut splendide lorsque les munitions à pointes creuses (interdites dans les années 2000 à cause des dégâts qu’elles provoquaient, puis rapidement remises en service en 2045 grâce aux dégâts qu’elles provoquaient) réduisirent l’hystérique au silence aussi surement qu’un coup de bulldozer sur un nouveau-né.
Elaine s’éveilla alors de son long cauchemar avec un cri rauque qui devint une exclamation de joie lorsqu’elle s’aperçut de qui elle était. Bondissant sur ses pieds avec son énergie de gymnaste parfaite, dévorant son corps de ses ongles manucurés avides d’elle, sautillant sur place telle une gamine en joie, la belle blonde livrait une prestation de haute volée qui aurait été appréciée de n’importe quel cinéaste pour incarner l’allégresse innocente. Ce fut au bout de quelques sauts de cabri qu’elle remarqua enfin la vieille accroupie dans un coin de la hutte, qui sourit avec douceur.
Alors mon enfant, ton rêve t’a il fait comprendre où réside le vrai bonheur ?
Elaine haussa un sourcil avant qu’une idée lumineuse ne s’impose à son esprit encore sous le choc de la réalité.
American express ? Visa ? Mastercard ? Platinium ?
Puis elle rit de sa propre stupidité.
Je plaisante m’dame. L’argent fait pas le bonheur, mais je l’ai toujours su. La beauté, ça c’est le bonheur ! Parce que tu vois, quand t’es belle, t’as plein d’argent, mais genre infini, alors être belle c’est carrément mieux.
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Sam 13 Juil 2013 - 23:22
Mon cerveau turbinait autant qu’un hamster sous acide. Le stimulus intellectuel qui m’était offert doublé de la dose d’adrénaline qui résultait du fait que ma vie soit en danger aiguisait mes sens, j’étais capable de faire abstraction de l’univers tout entier pour me concentrer sur cette unique tâche : trouver la bonne bouteille. … … Nan j’déconne, j’ai perdu tous mes moyens. Je tremblais comme une feuille et je ne pouvais pas aligner deux pensées sur le problème qui m’était soumis sans qu’une centaine de « MORT » ne s’affichent dans mon esprit. Il y avait des couleurs, des formes géométriques, des chiffres… Et je n’y comprenais que dalle. Rien de rouge, par exemple. J’aurais forcément associé cette couleur au danger mais, en l’occurrence, j’avais du vert, du jaune, du bleu et du… Une sorte de orange assez rieur. À côté d’une banane. Inscrite dans un triangle. Qu’est-ce que j’étais censé déduire d’un putain de triangle bleu avec une banane dedans, franchement ? J’y allais alors de mes spéculations.
Alors alors… MORT La banane est un fruit MORT gras, alors que le MORT triangle est MORT une figure MORT pointue, avec des MORT côtés et des angles MORT. Le cercle lui m’inspire l’ordre MORT et le calme MORT, mais il contient un MORT kiwi, qui est un fruit que je MORT n’aime pas. Et le MORT carré de MORT chocolat MORT dans MORT MORT MORT MORT MORT…
- Rhaaaa bordel, dis-je en me prenant la tête, j’prends celle-là. Merde.
J’en désignai une au hasard, pourvu que ça s’arrête. Non, je ne la désignais pas, je m’en saisissais, la décapsulais et la plantait dans ma bouche, avalant le liquide qui serait, quelle que soit la situation, libérateur. L’indigène me regarda avec les yeux exorbités de stupeur. Le goût était piquant, voire même très piquant. Le feu m’envahissait progressivement mais très sûrement, aussi sûrement qu’un poids-lourd qui n’aurait plus de frein dans une rue à pente descendante. Il se jeta sur moi et, dévoilant deux dards immondes de sa bouche, me les planta directement dans la gorge. J’essayai d’esquiver mais la douleur dans ma gorge devenait insoutenable et me paralysait déjà le haut du corps. Je sentis ses crocs s’enfoncer dans ma chair sans pour autant pouvoir hurler. Cette sensation d’abandon de soi, bien qu’un peu agréable, était aussi un tantinet sordide. Je sentais une sorte d’aspiration. Le feu quittait ma gorge et je reprenais progressivement possession de mes moyens à mesure que l’homme araignée me suçait, m’aspirait le venin et rendait de la vie et des couleurs à ce corps frêle qui était le mien.
Il avait l’air contrarié après m’avoir relevé et épousseté le dos. Je passai ma main sur la plaie qu’il avait laissée dans mon cou. Elle saignait légèrement et je sentais une terrible irritation, elle serait rapidement succédée par une toux plutôt violente. Mais bref, pour l’heure j’avais la désagréable intuition d’avoir raté mon test.
**********
Tiens, et si je retournais à la case départ ? Insectoman me précéda dans la pensée et me raccompagna jusqu’à la hutte d’où nous étions partis, je fus ravi d’y retrouver Elaine la Pneumatique. Elle semblait rayonnante. Nous avions un peu de temps, j’en profitais pour partager rapidement ce qu’il m’était arrivé.
- Vous aussi ils vous ont faire boire un liquide mortel ? J’ai failli caner putain, c’est quoi cette baraque de fous ?
Le temps passa un peu et nous ne fûmes retrouvés ni par Maria, ni par Isobel. A noter que l’homme en noir et le buisson non plus n’ont pas donné signes de vie. J’hésitais… Que pouvait-on faire à présent ? On était coincés dans un village perdu en pleine forêt, encerclés de sauvages plus ou moins flippants. Une idée me vint, je la partageais avec la blonde.
- Dis, z’avez pas un téléphone avec vous, genre un truc qui permettrait de contacter l’extérieur, une balise GPS pour donner notre position… Un truc quoi.
Ma voix, légèrement tremblotante, trahissait quelques inquiétudes, c’était le moins qu’on puisse dire. Seule ma voix le dévoilait car j’’étais adossé contre le mur, assis à même le sol dans une posture que je voulais vaguement nonchalante. Je n’oubliais pas qu’une superbe créature partageait ma case, il fallait que je donne une impression de confiance, que j’irradie la mâlitude. Enfin, autant que je le pouvais avec des vêtements crades, une odeur de rance, un bras cassé et deux trous sanguinolents dans le cou.
Nous fûmes interrompus quelques minutes par un homme rehaussé d’un chapeau haut-de-forme. Il aurait pu être très classe et impressionnant s’il n’avait pas la carrure d’un rugbyman dopé aux stéroïdes. Et des sabres monstrueusement aiguisés et monstrueusement monstrueux à sa ceinture.
- Bien le bonjour, dit-il dans un anglais parfait et avec un grand sourire, bienvenue au village ! Vous avez tièdement réussi le test, ce qui n’est déjà pas si mal.
Je regardais Elaine avec force incrédulité sans trop comprendre.
- Vous êtes donc admis et membres du village ! Vous avez le droit de vivre votre vie et d’aller où bon vous semble, sauf dans la grande hutte dorée posée en plein milieu. C’est celle du Conseil. Parmi vos amis, un a brillamment réussi, il a été admis comme membre du Conseil. Deux ont malheureusement été… Recalées, dit-il en accentuant le « ées ». Elles auront la lourde tâche de faire le ménage et tous les trucs que les autres ne veulent pas faire. Elles seront donc à vos ordres dès qu’elles se seront, disons, remises de leurs émotions. Quant au dernier, il est mort. Des questions ?
Sourire colgate. C’était insupportable, j’avais failli crever et tout ce qu’il se serait passé c’est ce type qui aurait dit aux gens que j’étais mort, comme ça, sans préambule, sans épitaphe, pas même une petite cérémonie mortuaire. Que dalle. Je regardais encore une fois Elaine, la gorge nouée.
- Z’en avez, vous ?
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mer 28 Aoû 2013 - 3:32
Quand l'étreinte des lanières de cuir se relâcha enfin, Bloody Mary redécouvrit les joies d'un afflux sanguin acceptable dans ses quatre membres. Comme pour rendre grâce à ce bonheur retrouvé, elle s'écroula lourdement à genoux. On l'avait trimballée dans tout le village, saucissonnée comme un rôti. Elle avait dû sautiller à pieds joints, le plus ridiculement du monde, sur une distance avoisinant le kilomètre, jusqu'au centre de cette arène bizarre. Elle était maintenant à bout de souffle, le visage rouge comme une pivoine, les jambes transpercées par des poignards invisibles. Mais, malgré tout ce chemin de pénitence, c'était toujours La Sanguinaire qui tenaient les rênes. Les yeux baissés, la bouche boudeuse, elle vit les lanières de cuir qui l'enserraient se détacher complètement de son corps et s'étaler sur le sable de l'arène. "Mal…" Marmonna-t-elle tristement.
Face à elle, de toute sa hauteur, les jambes écartées, la méchante guerrière féline, allégorie vivante du sadomasochisme, superbe et bestiale. Bloody Mary ne l'aimait pas. Un claquement de fouet détonna, suivi immédiatement d'un autre. Dans un rugissement à vriller les tympans, la guerrière dévoila ses dents taillées en pointes. Ses iris fendus scrutaient la russe comme le puma lorgne le souriceau. Dans un nouveau claquement de fouet qui signifiait le début de la joute, elle se dirigea à pas lents vers sa proie. Toujours à genoux, Bloody la regardait paisiblement, sans quitter sa moue boudeuse. Les seules réflexions lui traversant l'esprit étaient que cette pouffiasse était décidément très très méchante et qu'elle méritait de se vider de son sang ! Bloody n'eut pas le temps de percevoir le geste : un des fouets s'abattit et lui entailla profondément le bras gauche. Sous le choc, elle s'écroula de tout son long en hurlant de douleur, à l'unisson avec le rugissement de la sadomaso. La morsure du fouet la brûla aussi douloureusement qu'un tisonnier chauffé à blanc. Elle se mit à pleurer et se recroquevilla sur elle-même, anticipant un second coup. Mais le second coup n'arriva pas. La guerrière ricanait, satisfaite de l'effet du cuir sur la chair de sa proie. Elle arma à nouveau ses deux fouets au-dessus de sa tête, tout en restant à une distance raisonnable. Méchante méchante femme !! Bloody, les larmes plein le visage, agrippa fébrilement un des morceaux de lanière au sol, un de ceux qui avait servi à l'entraver. Puis elle se recroquevilla sur elle-même en étreignant sa prise comme une poupée.
Le tableau était navrant : la dangereuse Bloody Mary gémissait au centre de l'arène, aussi désarmée qu'un enfant battu pris en faute, avec ses maigres avants-bras pour seuls boucliers.
Catwoman souffla par le nez et poussa une série de hurlements sauvages. S'ils n'étaient pas formés de mots intelligibles, leur signification était claire : telle une matador, elle provoquait sa proie, la sommait de se lever, de se défendre, de se battre ou, au pire, d'essayer de s'échapper. Mais Bloody restait prostrée et lui jetait des œillades mi-mécontentes mi-effrayées, tout en serrant fort sa lanière de cuir. Trois coups de fouet punirent cette passivité : le premier entailla un mollet, le deuxième une épaule, le troisième creusa un sillon sanglant entre les omoplates. Bloody hurla à nouveau de douleur, misérablement, se roula par terre pour éteindre le feu qui embrasait en trois points son corps, se contorsionna et vomit un flot de bile. Puis, après quelques secondes de tremblements intenses, elle se remit en boule, en geignant et, toujours, en serrant fort son morceau de lanière. Méchante méchante femme !!
Il n'y avait pas de combat, c'était juste une dérouillée exécutée dans les règles de l'art. Les résidents illusoires des tribunes se mirent à huer de concert, le spectacle n'était, à leur goût, pas aussi palpitant que promis.
Catwoman ragea. L'attitude passive et misérable de son adversaire ne valorisait pas ses talents martiaux. Écœurée par tant de couardise, elle s'approcha de la loque humaine, la saisit fermement par l'épaule intacte et l'obligea à se tenir debout sur ses jambes. Bloody ne réagit pas et continua à caresser son morceau de lanière en pleurant à chaudes larmes. Les spectateurs huèrent.
Catwoman leva ses deux fouets et les firent claquer en direction de sa victime. Bloody ne réagit pas et continua à caresser son morceau de lanière en sanglotant. Les spectateurs huèrent.
Catwoman rugit à nouveau, deux fois plus fort, exhiba ses dents taillées en pointes en éjectant une pinte de salive. Bloody ne réagit pas et continua à caresser son morceau de lanière en reniflant. Les spectateurs huèrent.
Catwoman tapa du pied, fit tournoyer ses fouets dans les airs comme les pales d'un hélicoptère, les fit claquer à quelques centimètres du nez de sa victime. Bloody ne réagit pas et continua à caresser son morceau de lanière en chantonnant. Les spectateurs huèrent.
N'y tenant plus, excédée, Catwoman approcha une seconde fois, lui arracha vivement des mains la lanière de cuir. Bousculée, Bloody tomba, regarda sa tortionnaire et sourit. Catwoman hurla de douleur. Les spectateurs retinrent leur souffle.
La Sanguinaire, se pourléchant les lèvres, regarda les mains de son adversaire se faire ronger par les enzymes dont la lanière avait été généreusement tartinée. Les deux fouets tombèrent mollement à terre. Le blanc des os métacarpiens apparurent petit à petit dans le creux des mains de Catwoman. La douleur la fit se recroqueviller sur elle-même. Quand elle releva le visage quelques secondes plus tard, elle vit Bloody Mary à quelques centimètres d'elle, droite comme un I. Elle sentit les mains de la russe lui empoigner fermement la gorge. Les quelques minutes qui suivirent eurent l'odeur, la saveur et la moiteur du sang.
Alors que l'âme de Catwoman marchandait avec un Saint Pierre dubitatif son droit d'entrée au Paradis, apparut comme par magie, au centre de l'arène, un malabar en haut-de-forme. Sans tambour, ni trompette, il pointa un doigt accusateur vers Bloody Mary. "Étrangère ! Tu as lamentablement échoué. Tu es recalée !"
Ce que ni l'humiliation, ni la torture, ni les coups de fouet n'avaient réussi à faire, l'injustice le réalisa : Maria Aleksandrovna Yevgeniyen chassa Bloody Mary de son esprit pour contester la décision de l'arbitre. Elle désigna d'un doigt tremblotant la loque sanguinolente qui avait été son adversaire : "Mais… Je ne comprends pas... Il y a victoire !!" Bafouilla-t-elle les yeux rageurs.
L'incompréhension lui déformait les traits plus encore que ne l'avait fait la caresse du fouet. Le colosse anglais afficha un sourire sévère : "La victoire était dans la Mort, certes... Mais pas dans celle de ton adversaire, dans la tienne ! Tu es vivante, tu as donc perdu ! C'est mathématique !"
Puis, avec un sourire insolent, il ajouta : "Si tu ne me croies pas, tu n'auras qu'à demander à ceux de tes petits camarades qui ont, eux, réussi l'épreuve !"
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Ven 30 Aoû 2013 - 15:33
Coincée dans une hutte avec un clodo, Elaine réfléchit cinq secondes à quémander un retour dans son rêve où elle n'avait pas à se coltiner un compagnon de cellule aussi pathétique. Si encore il avait été vaguement en état de coller une raclée à un geôlier, ou au moins de faire illusion le temps qu'elle pique le meilleur sprint de sa vie... La bimbo secoua sa blonde chevelure, incapable d'être moins sexy, même dans les pires situations.
Nan ça marche pas, en tout cas pas ici... Par contre stu me sors d'ici, jte roule la meilleure pelle de ta vie. Fort heureusement pour Eniss qui risquait fort de fantasmer quelques minutes et en venir à la réflexion que se sacrifier pour un patin était un échange équitable, un molosse arriva avant sa conclusion.
Avaient ils des questions ? La bonne affaire. Elaine retint le flot de paroles, la plupart de nature fort peu agréables, qui allait bondir de ses (superbes) lèvres pour agresser le malheureux bodybuildé, lui gicler à la figure et éclabousser son somptueux haut de forme. Comment ?! Rester dans ce trou à rat, infesté de pauvres et dépourvu du moindre commerce à moins de cinq minutes à la ronde ? Entre rester ici et tomber enceinte, Elaine aurait presque hésité à choisir.
Heu ouais non ça ira... Dites, je peux avoir un peu d'intimité ? Non mais sérieux quoi, jdois digérer la nouvelle...
La blondasse se fendit d'un sourire Colgate, bien qu'elle se sentait davantage d'humeur à coller sa langue dans le giron du costaud. Mais Elaine n'était pas stupide, en tout cas lorsqu'il s'agissait de sauvegarder sa jolie personne. Cogner un type qui faisait probable six fois son poids était une mauvaise idée, tout comme exprimer ouvertement son désaccord avec cet enlèvement dans ce village où les lois qui protégeaient les insupportables et prétentieuses héritières n'existaient pas.
D'où le drame de la condition d'Elaine, amputée d'environ 95% de ses possibilités d'actions et réduite à ses seules capacités. Autant dire qu'un enfant de dix ans aurait eut davantage de chances de s'évader et d'arriver vivante à la civilisation. Car elle n'en doutait pas, comme dans tous les films qu'elle avait vu, le village était perdu au fin fond d'une jungle infestée de serpents, de mygales, de coupeurs de têtes, de braconniers sanguinaires et probablement d'un dinosaure ou deux. En plus de tout ça, elle risquait d’attraper des maladies de peau et c'était hors de question. Elle attendit donc que mister stéroïdes quitte la case pour se tourner vers Eniss, brusquement devenu le seul symbole civilisé dans ce monde de fous. Même s'il ne s'agissait que du décor que l'on trouvait assis sur le trottoir, en temps normal.
On se casse d'ici direct. On marche jusqu'à la sortie, on visite la jungle et poum, on sprinte ! Des questions ?! Allez on s'casse ?
C'était le plan le plus abouti auquel elle pouvait penser, mais la folie de leur tentative était toujours préférable à devoir passer une journée dans ce trou à rat où aucun designer ne viendrait jamais, où les boîtes n'existaient pas et où le réseau était aussi illusoire qu'une piscine avec sauna. Et puis, si ils échouaient, ils pourraient toujours demander à leurs infortunés compagnons un massage des pieds, vu qu'ils s'étaient encore davantage plantés qu'eux. S'ils réussissaient, ils pourraient toujours leur envoyer des secours. En tout cas, ils n'allaient pas perdre de temps à secourir les autres.
Allez passe devant, t'es l'mec ou quoi ?!
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Dim 20 Oct 2013 - 20:37
Heu ouais non ça ira... Dites, je peux avoir un peu d'intimité ? Non mais sérieux quoi, jdois digérer la nouvelle...
La blonde pouvait se fendre de tous les sourires qu'elle voulait, je l'imitai avec la béatitude d'un pieu à l'instant où il déterre le Saint Graal. Elaine, enfin ! Ma douce, ma bien-aimée, tu me reconnais comme je suis, tu me désires enfin et c'est réciproque ! Ah, je comptes y aller doucement, au début, n'aie pas peur, nous ne sommes pas obligés de coucher tout de suite, je pourrais attendre ce soir...
On se casse d'ici direct. On marche jusqu'à la sortie, on visite la jungle et poum, on sprinte ! Des questions ?! Allez on s'casse ?
- Ah, euh... non, oui, ça ira.
Comment lui dire que j'étais soudainement très déçu, je ne souriais plus autant. Elle voulait quitter cet endroit et, la mort dans l'âme, je laissais mes rêves hanter cette cabane avant de l'abandonner à son tour. Je la sentis tendue, comme agacée, et je n'osai m'opposer à son plan qui me semblait tellement foireux. Déjà, partir dans la jungle, à l'aveuglette, sans eau ni nourriture, je... Ben je l'ai fait, avec elle. On est partis par là.
Au début c'était presque drôle : après quelques minutes à jouer l'éclaireur, et constatant qu'il n'y avait en réalité que très peu de dangers, elle se mit à me dépasser et à foncer avec une agilité, une grâce et une endurance que je n'avais pas soupçonnées, en me lançant de temps en temps des " allez, enfin ", des " t'es lent " et des " tu pourrais faire l'effort d'avoir une alimentation diét et un coach ". Ainsi nous marchâmes une heure et, au final, nous retrouvâmes entourés d'arbres comme à la première minute, dans un silence entrecoupé de caquètement d'oiseaux. Sa paire d'hololunettes avait l'air bien pratique, faut dire, avec sa capacité à s'adapter en temps réel à l'éclairage ambiant, mais elles ne contenaient pas de boussole. De toute façon, je n'aurais pas su m'en servir. Mon ventre se mit à gémir.
- J'ai faim, trouvai-je bon de préciser, on n'aurait pas dû partir sans manger je crois.
Au bout de quelques heures de marche joyeuses, nous nous trouvions entourés... D'arbres, encore. Je n'y connaissais rien et n'avais aucune astuce pour nous orienter un minimum. Peut-être tournions-nous en rond depuis le début, peut-être étions-nous en face de la sortie. J'étais incapable, et de loin, de dire si ce que nous faisions était juste ou faux. Mes doutes penchaient volontiers pour la seconde proposition.
- Je crois qu'on aurait dû demander gentiment notre chemin en fait.
C'est à ce moment qu'on a croisé un bridé totalement inédit depuis notre arrivée ici. Contrairement aux autres il n'était pas très massif, un peu costaud, avec des yeux rieurs. Il était vêtu de peaux de bêtes mais, en se rapprochant, un expert aurait remarqué qu'elles étaient synthétiques.
- Vous tourner en rond, jungle infinie, qui boucle autour du village. Vous ne sortirez pas, personne n'y arriver depuis des siècles, grand conseil qui boucle la boucle. Il parlait un anglais acceptable mais avec un fort accent bulgare. Le village est à cent mètre dans cette direction, dit-il en pointant celle vers laquelle nous nous dirigions.
Puis il partit en riant d'un bon gros rire bien gras et bien franc.
- Euh... Je propose qu'on rentre et qu'on se prépare un peu mieux ? demandai-je tout penaud et affamé. Avec un peu de repos, une bonne douche, peut-être qu'on pourra élaborer un plan, un truc ? En plus la nuit tombe, on ne va pas la passer là, s'il le faut on risque de se faire bouffer par une tribu de cannibales ou des animaux sauvages.
N'écoutant que mon courage, je pris les devants et, conformément aux dires de l'asiatique, nous entrevîmes la première hutte à cent mètres. Il y avait de la musique que je qualifierais de tribale et, en se rapprochant, nous pouvions observer qu'un défilé avait lieu et que les gens s'agenouillaient devant aux abords de son passage. Parmi les membres du défilé se trouvait le mec louche qui nous avait attiré dans ces emmerdes, le pote au mec-branche et à la vieille. Il ne nous accorda pas un regard en passant devant nous. Je voulus lui demander ce qu'il se passait mais un garde me frappa dans les genoux, me forçant ainsi à rejoindre le sol. Elaine y était déjà tant son sens de la conservation était grandiose. Un peu plus loin, Maria était couchée au sol, les vêtements bien plus sales que les nôtres. Son visage était couvert d’ecchymoses mais on pouvait sentir, dans son regard, une haine et une fureur sans pareilles. Sa tête était serrée par un bandeau caractéristique de la caste des esclaves. A la fin du défilé, et pour alléger sa peine, je me mis en tête de la réquisitionner afin qu'on passe un petit moment à trois, avec Elaine, histoire de décider d'un truc.
- Viens, euh... Femme, c'est comme ça qu'on dit ? Viens et, euh, tu vais faire notre ménage et la déco dans notre hutte à nous, le tout suffisamment fort pour que personne alentour n'ait l'idée de l'utiliser. J'essayai de gonfler le torse pour me donner une contenance, en vain.
Nous obtînmes de quoi nous nourrir pour la soirée en allant cherchant un repas dans "la cantine", une hutte où était collectivement entreposé les produits de la chasse et des cultures du village. Pendant le repas, un détail attira mon attention. Je me rapprochai de la tempe d'Elaine et j'y regardai de plus près.
- On dirait un symbole, une sorte d'enveloppe. T'as reçu un message ?
Dieu du Bluetooth, ayez pitié de nous.
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Dim 10 Nov 2013 - 17:11
Elaine ne revint jamais sur leur balade dans la jungle. La blondinette tira la tronche pendant environ une heure et choisit de bannir à jamais de sa mémoire cet horrible souvenir. Au même titre que son indigestion d'huîtres à Noël 2050 et sa diarrhée de 2051, la belle blonde décréta que cet événement n'était tout simplement jamais arrivé. Impossible de dire ce qui l'humiliait le plus, avoir pataugé dans la pire concentration biologique de sa vie en compagnie d'un individu dont l'hygiène, l'apparence et le statut social la dégoûtait ou avoir échoué lamentablement dans son plan génial, sa dignité accusant autant le coup que ses genoux meurtris, ses talons tordus et son ego sur dimensionné.
Elaine retint une quantité de venin absolument stupéfiante entre ses lèvres de vipère, snobant les meilleures plaisanteries cyniques d'Eniss avec un dédain majestueux, ignorant Maria et ses connaissances avec un mépris palpable et se contenta de balancer ses talons à mille trois cent dollars la paire dans les fourrés, posant avec délicatesse ses orteils sur la terre du camps en priant très fort pour se réveiller sur un tapis de danse.
Ce ne fut évidemment pas le cas et Elaine n'ouvrit la bouche que pour y enfourner des fruits délicieusement sucrés lors de ce qui s'approchait davantage d'un repas scolaire que d'une restauration entre adultes. Les mets étaient simples et goûteux, mais Elaine trouvait cela diaboliquement simple et atrocement classique. En d'autres termes, c'était un putain de repas de pauvre et Elaine Hildred ne se nourrissait pas de mets que n'importe quel fauché pouvait s'offrir. Elle grignota ses graines acidulées, savoura ses pommes juteuses et dédaigna évidemment les plats les plus caloriques, aussi mauvais pour la ligne que pour les dents. Miss Hildred ignorait bien évidemment les effets dévastateurs auxquels elle exposait ses intestins. Et pour éviter que ses petons bien fatigués n'ait à bosser, elle mit à contribution ses généreux amis.
MARIA ! IL VIENT CE RAISIN ? BOUGE TOI TON CUL D'ANOREXIQUE !
Du côté de ses connaissances adorées, Eniss lui rappela amicalement la présence d'un message grâce aux voyants de sa tempe. Irritée, elle tapota son communicateur et écouta en silence. Grâce à une longue expérience, la jeune bimbo savait rester de marbres lorsqu'on lui transmettait des informations diverses et variées telles que «Votre mari est à l’hôpital pour son troisième pontage du mois», «retire ta culotte chérie, mon médoc fonctionne enfin », « mademoiselle Hildred, ici le restaurant La Tour D'Or Pur pour vous rappeler que vos sept kilos de caviars seront livrés en début de soirée pour la modique somme d'un rein et demi » ou encore « hé tu sais quoi, Cynthia est encore enceinte » ! En d'autres termes et malgré le contenu déconcertant du message, la belle resta concentré sur son abricot qui menaçait de gicler dans son décolleté. Ceci fait, elle prit soin de supprimer la communication (comme toutes les informations compromettantes qu'elle recevait) et de finir son abricot. Enfin, elle se pencha vers Eniss.
Ramène Maria tout de suite ici mon amour tu veux bien ?
Une fois que son esclave eut ramené la blonde la moins pulpeuse du coin, elle les réunit avec des airs de conspirateurs.
Pour s'barrer d'ici, c'est pas compliqué. Faut buter le gosse dans la tente du conseil. M'voyez ? Ca m'parait logique vu l'bizarre de l'endroit... Perso j'trouve que se fier à une comm' anonyme, c'est pas si con.
Quant à l'idée de tuer un enfant, elle n'effleurait pas Elaine. Se mettre entre ses magasins favoris et elle, c'était s'exposer à d'inévitables représailles. Miss Hildred pouvait assassiner un pays entier pour ne pas avoir à s'y installer (généralement parce que son PIB était inférieur à la fortune de son père...).
Bref, on fait comment ? Maria stune tueuse, on peut la laisser faire nan ? Moi j'distrais les gardes, huhuhu.
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Jeu 17 Avr 2014 - 1:48
Maria n'allait plus pouvoir reculer aujourd'hui… Quand Élaine lui suggéra d'aller trucider un enfant, elle hocha négativement de la tête. Pour argumenter son refus, elle s'approcha d'Eniss, lui saisit le poignet droit et lui caressa lentement le plat de la main. Rien d'érotique, ni de sensuel, elle voulait juste montrer que ses pouvoirs s'étaient faits la malle… en même temps que son don de parole, merci-à-vous-de-l'avoir-noté…
Maria n'était donc plus apte à assassiner ni un enfant, ni une vieille, ni un moustique, ni quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs. Par contre, elle avait son plan à elle. Elle s'agenouilla et inscrivit, tremblante, quelques mots dans la poussière de la cantine : "Ici = fausse réalité = rêve. Façon Nathaniel. Sommes encore à Vancouver, endormis, prisonniers d'un télépathe."
Les yeux plein d'espoir, Maria guetta la réaction de ses compagnons. Cette théorie, elle avait eu plusieurs mois pour l'élaborer. Elle était convaincue qu'eux trois étaient sous l'emprise d'un mutant télépathe –dans le style de Nathaniel Albenco- et piégés dans une réalité onirique. Peut-être était-ce l'homme en noir le responsable ? Cette théorie permettait d'expliquer d'un bloc les pouvoirs étranges de leurs hôtes et toutes les bizarreries spatio-temporelles. Comme, par exemple, cette dilatation du temps qu'elle avait vécue alors qu'Eniss et Élaine batifolaient dans la jungle. De leur point de vue, si leur périple n'avait duré qu'une après-midi, plusieurs mois s'étaient bel et bien écoulés pour Maria. "Moyen de partir. Un trou. Suivez-moi"Inscrivit-elle à la va-vite dans la poussière.
Elle se redressa l'air grave, ne leur laissa pas le loisir de réfléchir, les attrapa par la main et les fit sortir de la hutte. La nuit était tombée, la Lune commençait à poindre au-dessus de la cime des arbres. Elle leur fit signe de la suivre, sur ce chemin de terre caillouteux qu'elle avait mille et mille fois emprunté. Ca y était maintenant, elle allait devoir le faire… Toutes les nuits, elle s'était angoissée de vivre ce moment…
Quelques mois auparavant, une sorte de champ de force invisible dressé autour des maisons, ne l'affectant qu'elle et elle seule, l'avait empêché d'accompagner Eniss et Élaine dans la jungle. Elle avait donc été condamnée à rester en arrière et les avait regardés s'éloigner du village des fous sans elle. Elle était restée plusieurs heures assise dans la poussière, les yeux rivés sur l'entrée de la jungle dans l'attente de leur retour. Puis la nuit s'était mise à tomber, accompagnée de sa fraîcheur humide et sombre. Elle s'était résignée à trouver un endroit où dormir.
Ce fut le lendemain matin, après une nuit glacée allongée à même le sol sous le totem du village -la première nuit inconfortable d'une longue série- que la sentence du malabar en haut-de-forme se réalisa : elle était devenue, en l'espace de quelques heures de sommeil, l'esclave-forçat officielle du village, sans la moindre possibilité d'échapper à sa triste condition.
Elle avait perdu l'usage de la parole, ainsi que son pouvoir et elle subissait une variante du supplice de Tantale : _ Qu'elle se lave le visage à l'eau claire et la crasse revenait au bout de quinze secondes comme par magie, escortée par une odeur de chair mal lavée. _ Qu'elle chaparde des vêtements propres, ceux-ci tombaient en lambeaux dès qu'ils touchaient sa peau. _ Qu'elle mette la main sur de la nourriture correcte, celle-ci pourrissait immédiatement entre ses doigts. De toute façon, tout ce qu'elle ingérait avait goût de cendre froide. _ Et, plutôt que d'avoir à porter des chaînes, les muscles de ses jambes s'étaient atrophiés, l'empêchant de courir… Mais pas de travailler.
Le premier matin, avec des gestes simples, un type couvert de plumes de paon lui avait fait comprendre la nature de la tâche qui l'occuperait à priori jusqu'à la mort.
Il l'avait guidée jusqu'à un étrange monticule -haut comme un immeuble de trois étages- à huit cents mètres au sud du village. C'était un entassement chaotique d'objets métalliques en tous genres : des ressorts de matelas, des réveils-matin mécaniques, des pièces de machine à laver, des engrenages en cuivre… Ce n'était pas des objets particulièrement extraordinaires en soi, mais 1) ils n'avaient pas leur place en pleine milieu de l'Amazonie, 2) ils ne présentaient aucune trace de rouille malgré leur grand âge –au moins 70 ans- et l'hygrométrie locale. Quant à savoir d'où ils venaient, Maria n'en n'avait pas le début d'une idée, et avait même abandonné depuis longtemps toute tentative d'explication logique.
Harnachée d'un panier d'osier, elle avait été chargée de récolter puis de transporter seule, pieds nus, tête nue sous le Soleil écrasant, les déchets métalliques du monticule jusqu'à un énorme trou creusé à huit cents mètres au nord du village. Le trou à déchets en question, trois mètres de côté, noir comme de la poix, béait dans le sol rocailleux comme la bouche d'un géant. Même avec le Soleil au zénith, il était impossible d'en voir le fond. Quand elle jetait une pièce dans l'abîme, elle tendait l'oreille pour percevoir le tintement… Toujours en vain… Peut-être simplement n'y avait-il pas de sol ?
Après des journées comptant chacune une trentaine d'allers-retours, le soleil déclinait et Maria rentrait au village, fourbue. Là, elle retrouvait sa place pour la nuit sous le totem du village, une gamelle bleue l'y attendait pleine de bouffe aux allures de pâtée pour chien et au goût de cendres.
Les jours s'étaient enchainés ainsi au même rythme, sans aucun changement… Puis les semaines… Puis les mois…
Ce dont Maria avait le plus souffert, ça n'avait pas été la fatigue physique, pourtant bien présente… Mais l'isolement : elle avait crevé de solitude ! Personne au village n'avait daigné lui adresser la parole, ni même daigné lui accorder un regard. Elle avait fait partie intégrante du décor, ni plus, ni moins qu'un moustique. S'il y avait eu d'autres esclaves comme elle, elle ne les avait jamais croisés. Et puis, il y avait ce trou noir. Ce mystérieux abîme empli de ténèbres. Il était devenu peu à peu une obsession angoissante dans l'esprit de Maria, une idée fixe qui la hantait jusque dans son sommeil.
… Jusqu'à aujourd'hui… Quand enfin Elaine et Eniss étaient rentrés de la jungle et l'avaient pris à leur service ! Quel bonheur ce fut pour elle de revoir son visage se refléter dans les pupilles d'autrui ! Quel bonheur ce fut d'entendre qu'on s'adressait à elle, même pour lui aboyer des ordres mesquins. Maria se serait jetée dans leur bras si sa joie n'avait pas été noircie par la perspective d'avoir à affronter pour de bon l'abîme.
Après quelques minutes de marche silencieuse dans la nuit, Maria, Eniss et Elaine arrivèrent enfin au bord du fameux gouffre, éclairés par la lumière de la pleine Lune. C'était là que son cauchemar à elle prendrait fin… La russe s'accroupit à nouveau sur le sol et inscrivit dans la poussière : "Dans rêve, tomber = se réveiller. Abîme = sortie ! Vous suivez ?"
Pendant ces longs mois de solitude, Maria s'était beaucoup parlée à elle-même, avait beaucoup discuté mentalement avec des Eniss et Élaine tirés de son imagination, avait passé des jours et des nuits à argumenter sur le bien-fondé de son plan. Jamais elle n'avait su trouver le courage de se jeter seule dans l'abîme. Chaque jour, elle avait repoussé sa tentative, se disant que le lendemain sûrement, ses compagnons seraient de retour et l'en dissuaderaient peut-être… Maintenant, ils étaient bien là… Elle ne pouvait plus reculer. Faites qu'ils aient une meilleure idée !!
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mar 22 Avr 2014 - 20:20
Une fois de plus, les machinations de l'Atomique tombèrent à l'eau. Dans un monde où les aptitudes inouïes d'Elaine à galvaniser les foules, à subjuguer le DJ et à commander de l'alcool gratuitement étaient aussi inutiles qu'un paraplégique sous morphine, la blonde perdait quasiment tout intérêt, si ce n'était en tant que femelle reproductrice. La Sublime n'en menait pas large intérieurement et ne râla donc que cinq minutes avant de suivre leur servant très insistante. Elle soupira néanmoins tout au long du trajet.
Ils trottinèrent dans les bois comme des voleurs, suivant sans la moindre difficulté la blonde qui clopinait péniblement. Elaine, elle, gambadait de ses grandes jambes, caressant une fleur ici, une feuille là... La blonde n'appréhendait pas encore toute la dimension de leur captivité et n'attendait donc pas leur évasion avec autant d'impatience que sa consoeur qui avait souffert pendant de longs mois les tourments les plus infernaux depuis la Prohibition.
Ils arrivèrent donc à côté d'un gouffre fort peu engageant, apparemment conçu sur le modèle bien connu du "gros trou sans fond visible à tel point qu'on doute qu'on puisse entendre le bruit d'un caillou si on en lance un dedans". Elaine jongla donc deux trois secondes avec une petite pierre avant de se raviser, une voix sage la dissuadant de faire trop de bruit alors qu'ils n'étaient pas censés être là. Son beau visage doucement éclairé par une lune complice, elle déchiffra donc les écritures de leur russe émoussée par la rude vie de cette jungle inconnue.
Nan mais sérieux, c'est nawak... Tout est nawak ici bordel, jveux rentrer chez moi, j'ai pas d'make up, j'ai pas d'lit correct et j'dois suivre la version russe d'gollum quoi... L'Atomique jeta un coup d’œil au gouffre sans la moindre appréhension. Adepte de parachutisme depuis ses six ans, Elaine avait suffisamment pratiqué d'activité sportives hors de prix pour être exorcisée du vertige. Elle n'avait néanmoins pas la moindre envie de se jeter tête la première dans ce trou sans précaution préalable. Elle se glissa donc derrière Maria et lui imprima une vigoureuse poussée qui... Elaine flanqua donc son pied au cul de la malheureuse trop faible pour résister et la fit basculer dans le trou.
En temps normal, elle n'aurait sans doute pas agit de la sorte. Les récents évènements avaient néanmoins modifié sa perception de la moralité et Elaine n'avait guère eut à réfléchir avec son intelligence égoïste pour en parvenir à la conclusion qu'il était toujours mieux de tester les dangereuses théories de Maria avant de s'y jeter elle même. L'Atomique avait envisagé de balancer Eniss mais celui si volait et était donc sans doute capable de remonter lui en coller une pour se venger. C'était donc sans le moindre remords qu'elle avait poussé sa compagne, une partie de son cerveau lui murmurant que tout ceci n'était qu'un rêve, l'autre lui affirmant vigoureusement le contraire. Les deux lui hurlaient donc de foutre n'importe qui ou n'importe quoi au fond du trou, pourvu que ce ne soit pas sa magnifique personne. Les bien pensants pouvaient aussi estimer qu'Elaine voulait mettre à l'épreuve la réalité distordue de cette univers si particulier et était donc certaine de la sureté de sa tentative, mais Elaine n'était pas spécialement prévenante. Comment justifier sinon, qu'elle ait volontairement saboté la voiture de son ancienne rivale pour faire passer celle si au travers du pare brise -également saboté- au premier choc et ce afin de la défigurer durablement ? En d'autres termes, Maria devait s'estimer heureuse d'avoir été balancée dans ce trou. Si elle y restait, ce serait sans agonie douloureuse et si elle survivait, elle aurait rompu l'illusion. Avancer ne nécessitait parfois qu'un bon coup de pied au cul.
Bon, si on l'entend pas toucher l'fond, on devrait ptet trouver une corde ou un truc du genre... Sinon on dit qu'elle est tombée toute seule, ok ?
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mer 25 Juin 2014 - 0:58
* Pauvre folle. *
Quand Maria nous exposa son plan, c'était là tout ce dont j'étais capable au niveau cognitif. En reprenant et en simplifiant pour les mous du bulbes qui auraient eu la folie de suivre ces quelques pérégrinations, Maria proposait, sous prétexte de trouver le temps long loin de moi – ce qui est bien normal, moi-même je trouve le temps long quand je dors, c'est dire – proposait de sauter dans le premier trou que l'on trouverait. Au mieux, on sortait d'une fucking illusion qui nous possédait, au pire on mourrait.
- Et l'indice là, l'enveloppe, non ? Bon bah, c'est vous qui voyez.
On en était donc là, à s'éclater les rotules à marcher dans une forêt hantée d'insectes à huit pattes, de serpents venimeux au point de tuer les arbres et d'un... Trou. Je regardais en bas, c'était un vachement grand trou. Celui-ci me rappelait la salope que toute la cité s'était tapée, une fois, quand j'étais gosse. Son visage me revenait très clairement, des yeux sombres, en amande, rehaussés par de longs cils bien noirs qui faisaient contraste avec sa peau pâle, une bouche dessinée à la perfection, avec des lèvres à la fois charnues sans être proéminentes, d'une couleur de pèche veloutée, douce, délicate, fragile en quelque sorte. Elle avait une mèche auburn dansante devant son visage, le reste de ses longs cheveux soyeux était attaché en une simple natte que lui enviaient les jeunes filles des environs. Je pourrais aussi décrire ses tenues habituelles, légèrement amples, dévoilant des formes d'adulte prononcées malgré l'amplitude donnée au tissu. Ses seins parvenaient à tendre ses T-shirts de manière à témoigner d'une puberté bien entamée, son bassin aussi, bien large, laissait entendre la possibilité d'avoir des enfants, de se reproduire. Son parfum, bien que léger, s'était imprimé dans ma mémoire, je l'aurais à l'époque volontiers qualifié de senteur des anges, tout comme l'ensemble de sa personne. C'était littéralement un ange dans mes yeux d'enfant. Cette histoire avait fait un foin terrible parce qu'elle prétendait ne pas l'avoir voulu, qu'elle avait été violée, en somme. Heureusement le tribunal avait découvert qu'elle était une mutante, elle fut donc écrouée fissa. On n'en entendit plus jamais parler.
Je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit qu'Elaine poussait Maria. Il y avait quelque chose de reposant à la voir tomber sans qu'elle ne puisse pousser le moindre cri. Un corps chutant sans crier avait quelque chose d'apaisant, se dire qu'elle allait prendre de la vitesse pour finalement s'aplatir comme une malpropre sur un sol rugueux et pourquoi pas tapissé de piques mortelles – comme dans les films, j'aimais bien les pièges dans les films, ils étaient toujours assez évidents, genre une pierre au sol qui dépassait sur le sol et sur laquelle il ne fallait pas marcher, ou alors une porte qui se fermait toute seule et qui vous condamnait à mourir écrasé par les murs qui se rapprochaient lentement.
- Merci, ça fait un bien fou de ne plus la voir, ni de la sentir. En fait j'avais pris une longue corde, je vous propose de l'attacher au tronc qui est juste là et en avant.
Plutôt que de laisser ma forestière mais néanmoins élégante compagne de fortune, j'exécutais un nœud plutôt-pas-mal-mais-sans-plus et je lançai l'autre extrémité de la corde dans le trou. Elle se déroula sans encombre. Voyant le regard interrogé d'Elaine au sujet de mes ailes, je lui répondis en soupirant de dépit :
- Non mais en fait mes ailes ne servent à rien, je ne sais pas vraiment m'en servir.
Au bout de quelques mètres, je hurlais à Elaine que tout se passait bien, qu'elle pouvait me suivre, et puis, soudain, plus rien. Mon esprit fut comme aspiré et projeté à vive allure dans mon corps qui était assis sur une chaise. La folle avait eu raison, j'étais assis sur une chaise, mollement, dans une salle sombre aux fenêtres barricadées par des planches de bois. Maria fulminait, hurlait des insanités en russe. L'homme sombre gisait à ses pieds, mort. A ma gauche, la tête d'Elaine pendait vers l'avant. Elle était comme assoupie, un filet de bave descendait sur sa cuisse. Avec grâce, était-il nécessaire de le préciser ?
Elle se réveilla à son tour, je décidais de les laisser gérer la situation de notre sauvetage. Elles semblaient habituées à gouverner, ça tombait bien, j'avais mal au bras. D'un autre côté j'avais retrouvé ma guitare donc bon, je m'en foutais.
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Ven 27 Juin 2014 - 0:39
Extrait du rapport de l'incident du 20 février 2052.
"… Ma chute ne dura que quelques secondes. Comme je l'avais anticipé, je me suis réveillée, désorientée mais bel et bien de retour à la réalité. Une bonne minute m'a été nécessaire pour retrouver mes moyens et mes repères. Je découvrais une salle sombre, vide, un sol bétonné, les murs plâtreux et nus et l'unique fenêtre était condamnée par un morceau de contreplaqué.
Hildred et le SDF étaient encore inconscients, assis à mes côtés sur de vieilles chaises en osier. Une quatrième personne était présente dans la pièce, celui que je désignais au début de mon rapport comme "l'Homme en Noir". Il était assis à un bureau éclairé par une lampe de chevet, concentré sur une collection de papillons. Il nous tournait le dos de sorte qu'il n'avait pas pu me voir me réveiller.
L'imprudence de notre ravisseur démontrait une grande confiance en ses capacités : il n'avait même pas pris la peine de nous attacher. Nous étions parfaitement libres de nos mouvements. Je me suis donc levée silencieusement, les muscles engourdis, une seule priorité en tête : notre survie. Par mesure de sécurité, j'ai pris la décision de l'éliminer sans sommation par application de mes paumes sur sa gorge. Après tout, je ne savais pas s'il était armé ou en mesure d'appeler des renforts.
Le SDF s'est réveillé, suivi quelques secondes plus tard d'Hildred. Après quelques minutes de mise au point, nous sommes sortis de la maison pour nous repérer. Nous étions toujours à Vancouver. Nous avions été séquestrés dans une maison au 940E 62nd avenue, au beau milieu d'un quartier résidentiel sans histoire, à une centaine de mètres au sud de Moberly Park.
Avec l'aide d'un voisin, j'ai réussi à contacter la Confrérie Moderne pour organiser notre transfert. L'enregistrement de ma conversation avec Emmett est en fichier joint. A l'arrivée de l'équipe, j'ai pris la décision de ramener avec nous le SDF et le corps de notre ravisseur pour une analyse approfondie. J'ai laissé quelques hommes pour fouiller la maison de fond en comble.
Des tests médicaux ont démontré que nous trois étions parfaitement indemnes, ni trace de violence physique, ni substance chimique dans les veines. Il a été établi par recoupement que nous sommes restés inconscients pendant un peu moins de cinq heures.
L'identification de "l'Homme en Noir", son autopsie et la fouille de son domicile nous ont révélé quelques surprises : "L'Homme en Noir" s'appelait Donald Klamp, soixante-cinq ans, un ancien professeur de sciences, porté officiellement disparu depuis plus de vingt-et-un ans à la suite d'une expédition scientifique dans la banlieue de Rio de Janeiro. Il devait y étudier un biome mutant. Le dernier document signé de son vrai nom date de la veille de son départ pour le site de recherche.
Un scanner de son cerveau, appuyé par l'analyse de Sören, notre psychomètre, nous a révélé des capacités psychiques et télépathiques hors du commun… Rivalisant même avec le niveau présumé de Samarah Lemington ! Et le plus troublant c'est que nos biologistes n'ont trouvé aucune trace du gène X dans son ADN. Klamp n'était qu'un simple inferior ! Que s'est-il donc passé pendant ces vingt-et-une années d'absence ? Est-ce au contact du biome que Klamp a obtenu ses capacités psychiques puissantes ? Par mesure de précaution, je prévois d'envoyer une équipe scientifique au Brésil dès le mois prochain pour évaluer la dangerosité d'un tel phénomène.
Klamp semblait pouvoir asservir sans efforts les esprits des personnes proches de lui. Il les plongeait dans un état léthargique et les piégeait dans une réalité psychique de son cru.
Ceci explique les difficultés que nous avons rencontrées, Hildred, le SDF et moi pour démêler le rêve de la réalité. Le passage d'une réalité à l'autre ne s'est apparemment pas fait brutalement, mais progressivement. Pour preuve : il semble que les adversaires que nous combattions dans Vancouver (avant notre présumée téléportation dans la "jungle") n'aient jamais eu d'existence concrète.
La grand-mère douée de super-force ressemblait comme deux gouttes d'eau à la vraie grand-mère maternelle de Klamp (voir photo jointe n°16) décédée voilà plus d'un demi-siècle.
Le xylomorphe trouve vraisemblablement son origine dans l'un des seuls objets de la maison ayant une résonance affective : un Pinocchio en bois, désarticulé, trouvé dans la chambre, allongé dans un petit berceau, comme un ours en peluche.
La jeune femme séraphique métamorphe ressemble à une camarade d'université qui apparaît sur une photo de 2006. Une certaine Gabrielle. Avec ce simple prénom, il nous a été impossible de retrouver sa trace.
Les projets de Klamp nous concernant sont pour l'instant assez flous. La nature de la viande trouvée en grande quantité dans son congélateur est en cours d'analyse. Elle nous en apprendra peut-être plus sur les intentions de notre ravisseur.
Aucune famille, aucun ami n'a été trouvé par nos services. Après quelques heures de résurrection, Donald Klamp a retrouvé son statut de fantôme, oublié de tous.
Fin du rapport.
PS : Ce matin le SDF, dont nous avons seulement réussi à obtenir le prénom –Eniss-, a quitté la Confrérie Moderne pour rejoindre sa vie de marginal. A priori, son faible potentiel et son attirance pour Hildred ne font pas de lui un réel danger pour nous. A surveiller !"
Le 23 février 2052, Maria Aleksandrovna Yevgeniyen.