Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mer 28 Aoû 2013 - 3:32
Quand l'étreinte des lanières de cuir se relâcha enfin, Bloody Mary redécouvrit les joies d'un afflux sanguin acceptable dans ses quatre membres. Comme pour rendre grâce à ce bonheur retrouvé, elle s'écroula lourdement à genoux. On l'avait trimballée dans tout le village, saucissonnée comme un rôti. Elle avait dû sautiller à pieds joints, le plus ridiculement du monde, sur une distance avoisinant le kilomètre, jusqu'au centre de cette arène bizarre. Elle était maintenant à bout de souffle, le visage rouge comme une pivoine, les jambes transpercées par des poignards invisibles. Mais, malgré tout ce chemin de pénitence, c'était toujours La Sanguinaire qui tenaient les rênes. Les yeux baissés, la bouche boudeuse, elle vit les lanières de cuir qui l'enserraient se détacher complètement de son corps et s'étaler sur le sable de l'arène. "Mal…" Marmonna-t-elle tristement.
Face à elle, de toute sa hauteur, les jambes écartées, la méchante guerrière féline, allégorie vivante du sadomasochisme, superbe et bestiale. Bloody Mary ne l'aimait pas. Un claquement de fouet détonna, suivi immédiatement d'un autre. Dans un rugissement à vriller les tympans, la guerrière dévoila ses dents taillées en pointes. Ses iris fendus scrutaient la russe comme le puma lorgne le souriceau. Dans un nouveau claquement de fouet qui signifiait le début de la joute, elle se dirigea à pas lents vers sa proie. Toujours à genoux, Bloody la regardait paisiblement, sans quitter sa moue boudeuse. Les seules réflexions lui traversant l'esprit étaient que cette pouffiasse était décidément très très méchante et qu'elle méritait de se vider de son sang ! Bloody n'eut pas le temps de percevoir le geste : un des fouets s'abattit et lui entailla profondément le bras gauche. Sous le choc, elle s'écroula de tout son long en hurlant de douleur, à l'unisson avec le rugissement de la sadomaso. La morsure du fouet la brûla aussi douloureusement qu'un tisonnier chauffé à blanc. Elle se mit à pleurer et se recroquevilla sur elle-même, anticipant un second coup. Mais le second coup n'arriva pas. La guerrière ricanait, satisfaite de l'effet du cuir sur la chair de sa proie. Elle arma à nouveau ses deux fouets au-dessus de sa tête, tout en restant à une distance raisonnable. Méchante méchante femme !! Bloody, les larmes plein le visage, agrippa fébrilement un des morceaux de lanière au sol, un de ceux qui avait servi à l'entraver. Puis elle se recroquevilla sur elle-même en étreignant sa prise comme une poupée.
Le tableau était navrant : la dangereuse Bloody Mary gémissait au centre de l'arène, aussi désarmée qu'un enfant battu pris en faute, avec ses maigres avants-bras pour seuls boucliers.
Catwoman souffla par le nez et poussa une série de hurlements sauvages. S'ils n'étaient pas formés de mots intelligibles, leur signification était claire : telle une matador, elle provoquait sa proie, la sommait de se lever, de se défendre, de se battre ou, au pire, d'essayer de s'échapper. Mais Bloody restait prostrée et lui jetait des œillades mi-mécontentes mi-effrayées, tout en serrant fort sa lanière de cuir. Trois coups de fouet punirent cette passivité : le premier entailla un mollet, le deuxième une épaule, le troisième creusa un sillon sanglant entre les omoplates. Bloody hurla à nouveau de douleur, misérablement, se roula par terre pour éteindre le feu qui embrasait en trois points son corps, se contorsionna et vomit un flot de bile. Puis, après quelques secondes de tremblements intenses, elle se remit en boule, en geignant et, toujours, en serrant fort son morceau de lanière. Méchante méchante femme !!
Il n'y avait pas de combat, c'était juste une dérouillée exécutée dans les règles de l'art. Les résidents illusoires des tribunes se mirent à huer de concert, le spectacle n'était, à leur goût, pas aussi palpitant que promis.
Catwoman ragea. L'attitude passive et misérable de son adversaire ne valorisait pas ses talents martiaux. Écœurée par tant de couardise, elle s'approcha de la loque humaine, la saisit fermement par l'épaule intacte et l'obligea à se tenir debout sur ses jambes. Bloody ne réagit pas et continua à caresser son morceau de lanière en pleurant à chaudes larmes. Les spectateurs huèrent.
Catwoman leva ses deux fouets et les firent claquer en direction de sa victime. Bloody ne réagit pas et continua à caresser son morceau de lanière en sanglotant. Les spectateurs huèrent.
Catwoman rugit à nouveau, deux fois plus fort, exhiba ses dents taillées en pointes en éjectant une pinte de salive. Bloody ne réagit pas et continua à caresser son morceau de lanière en reniflant. Les spectateurs huèrent.
Catwoman tapa du pied, fit tournoyer ses fouets dans les airs comme les pales d'un hélicoptère, les fit claquer à quelques centimètres du nez de sa victime. Bloody ne réagit pas et continua à caresser son morceau de lanière en chantonnant. Les spectateurs huèrent.
N'y tenant plus, excédée, Catwoman approcha une seconde fois, lui arracha vivement des mains la lanière de cuir. Bousculée, Bloody tomba, regarda sa tortionnaire et sourit. Catwoman hurla de douleur. Les spectateurs retinrent leur souffle.
La Sanguinaire, se pourléchant les lèvres, regarda les mains de son adversaire se faire ronger par les enzymes dont la lanière avait été généreusement tartinée. Les deux fouets tombèrent mollement à terre. Le blanc des os métacarpiens apparurent petit à petit dans le creux des mains de Catwoman. La douleur la fit se recroqueviller sur elle-même. Quand elle releva le visage quelques secondes plus tard, elle vit Bloody Mary à quelques centimètres d'elle, droite comme un I. Elle sentit les mains de la russe lui empoigner fermement la gorge. Les quelques minutes qui suivirent eurent l'odeur, la saveur et la moiteur du sang.
Alors que l'âme de Catwoman marchandait avec un Saint Pierre dubitatif son droit d'entrée au Paradis, apparut comme par magie, au centre de l'arène, un malabar en haut-de-forme. Sans tambour, ni trompette, il pointa un doigt accusateur vers Bloody Mary. "Étrangère ! Tu as lamentablement échoué. Tu es recalée !"
Ce que ni l'humiliation, ni la torture, ni les coups de fouet n'avaient réussi à faire, l'injustice le réalisa : Maria Aleksandrovna Yevgeniyen chassa Bloody Mary de son esprit pour contester la décision de l'arbitre. Elle désigna d'un doigt tremblotant la loque sanguinolente qui avait été son adversaire : "Mais… Je ne comprends pas... Il y a victoire !!" Bafouilla-t-elle les yeux rageurs.
L'incompréhension lui déformait les traits plus encore que ne l'avait fait la caresse du fouet. Le colosse anglais afficha un sourire sévère : "La victoire était dans la Mort, certes... Mais pas dans celle de ton adversaire, dans la tienne ! Tu es vivante, tu as donc perdu ! C'est mathématique !"
Puis, avec un sourire insolent, il ajouta : "Si tu ne me croies pas, tu n'auras qu'à demander à ceux de tes petits camarades qui ont, eux, réussi l'épreuve !"
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Ven 30 Aoû 2013 - 15:33
Coincée dans une hutte avec un clodo, Elaine réfléchit cinq secondes à quémander un retour dans son rêve où elle n'avait pas à se coltiner un compagnon de cellule aussi pathétique. Si encore il avait été vaguement en état de coller une raclée à un geôlier, ou au moins de faire illusion le temps qu'elle pique le meilleur sprint de sa vie... La bimbo secoua sa blonde chevelure, incapable d'être moins sexy, même dans les pires situations.
Nan ça marche pas, en tout cas pas ici... Par contre stu me sors d'ici, jte roule la meilleure pelle de ta vie. Fort heureusement pour Eniss qui risquait fort de fantasmer quelques minutes et en venir à la réflexion que se sacrifier pour un patin était un échange équitable, un molosse arriva avant sa conclusion.
Avaient ils des questions ? La bonne affaire. Elaine retint le flot de paroles, la plupart de nature fort peu agréables, qui allait bondir de ses (superbes) lèvres pour agresser le malheureux bodybuildé, lui gicler à la figure et éclabousser son somptueux haut de forme. Comment ?! Rester dans ce trou à rat, infesté de pauvres et dépourvu du moindre commerce à moins de cinq minutes à la ronde ? Entre rester ici et tomber enceinte, Elaine aurait presque hésité à choisir.
Heu ouais non ça ira... Dites, je peux avoir un peu d'intimité ? Non mais sérieux quoi, jdois digérer la nouvelle...
La blondasse se fendit d'un sourire Colgate, bien qu'elle se sentait davantage d'humeur à coller sa langue dans le giron du costaud. Mais Elaine n'était pas stupide, en tout cas lorsqu'il s'agissait de sauvegarder sa jolie personne. Cogner un type qui faisait probable six fois son poids était une mauvaise idée, tout comme exprimer ouvertement son désaccord avec cet enlèvement dans ce village où les lois qui protégeaient les insupportables et prétentieuses héritières n'existaient pas.
D'où le drame de la condition d'Elaine, amputée d'environ 95% de ses possibilités d'actions et réduite à ses seules capacités. Autant dire qu'un enfant de dix ans aurait eut davantage de chances de s'évader et d'arriver vivante à la civilisation. Car elle n'en doutait pas, comme dans tous les films qu'elle avait vu, le village était perdu au fin fond d'une jungle infestée de serpents, de mygales, de coupeurs de têtes, de braconniers sanguinaires et probablement d'un dinosaure ou deux. En plus de tout ça, elle risquait d’attraper des maladies de peau et c'était hors de question. Elle attendit donc que mister stéroïdes quitte la case pour se tourner vers Eniss, brusquement devenu le seul symbole civilisé dans ce monde de fous. Même s'il ne s'agissait que du décor que l'on trouvait assis sur le trottoir, en temps normal.
On se casse d'ici direct. On marche jusqu'à la sortie, on visite la jungle et poum, on sprinte ! Des questions ?! Allez on s'casse ?
C'était le plan le plus abouti auquel elle pouvait penser, mais la folie de leur tentative était toujours préférable à devoir passer une journée dans ce trou à rat où aucun designer ne viendrait jamais, où les boîtes n'existaient pas et où le réseau était aussi illusoire qu'une piscine avec sauna. Et puis, si ils échouaient, ils pourraient toujours demander à leurs infortunés compagnons un massage des pieds, vu qu'ils s'étaient encore davantage plantés qu'eux. S'ils réussissaient, ils pourraient toujours leur envoyer des secours. En tout cas, ils n'allaient pas perdre de temps à secourir les autres.
Allez passe devant, t'es l'mec ou quoi ?!
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Dim 20 Oct 2013 - 20:37
Heu ouais non ça ira... Dites, je peux avoir un peu d'intimité ? Non mais sérieux quoi, jdois digérer la nouvelle...
La blonde pouvait se fendre de tous les sourires qu'elle voulait, je l'imitai avec la béatitude d'un pieu à l'instant où il déterre le Saint Graal. Elaine, enfin ! Ma douce, ma bien-aimée, tu me reconnais comme je suis, tu me désires enfin et c'est réciproque ! Ah, je comptes y aller doucement, au début, n'aie pas peur, nous ne sommes pas obligés de coucher tout de suite, je pourrais attendre ce soir...
On se casse d'ici direct. On marche jusqu'à la sortie, on visite la jungle et poum, on sprinte ! Des questions ?! Allez on s'casse ?
- Ah, euh... non, oui, ça ira.
Comment lui dire que j'étais soudainement très déçu, je ne souriais plus autant. Elle voulait quitter cet endroit et, la mort dans l'âme, je laissais mes rêves hanter cette cabane avant de l'abandonner à son tour. Je la sentis tendue, comme agacée, et je n'osai m'opposer à son plan qui me semblait tellement foireux. Déjà, partir dans la jungle, à l'aveuglette, sans eau ni nourriture, je... Ben je l'ai fait, avec elle. On est partis par là.
Au début c'était presque drôle : après quelques minutes à jouer l'éclaireur, et constatant qu'il n'y avait en réalité que très peu de dangers, elle se mit à me dépasser et à foncer avec une agilité, une grâce et une endurance que je n'avais pas soupçonnées, en me lançant de temps en temps des " allez, enfin ", des " t'es lent " et des " tu pourrais faire l'effort d'avoir une alimentation diét et un coach ". Ainsi nous marchâmes une heure et, au final, nous retrouvâmes entourés d'arbres comme à la première minute, dans un silence entrecoupé de caquètement d'oiseaux. Sa paire d'hololunettes avait l'air bien pratique, faut dire, avec sa capacité à s'adapter en temps réel à l'éclairage ambiant, mais elles ne contenaient pas de boussole. De toute façon, je n'aurais pas su m'en servir. Mon ventre se mit à gémir.
- J'ai faim, trouvai-je bon de préciser, on n'aurait pas dû partir sans manger je crois.
Au bout de quelques heures de marche joyeuses, nous nous trouvions entourés... D'arbres, encore. Je n'y connaissais rien et n'avais aucune astuce pour nous orienter un minimum. Peut-être tournions-nous en rond depuis le début, peut-être étions-nous en face de la sortie. J'étais incapable, et de loin, de dire si ce que nous faisions était juste ou faux. Mes doutes penchaient volontiers pour la seconde proposition.
- Je crois qu'on aurait dû demander gentiment notre chemin en fait.
C'est à ce moment qu'on a croisé un bridé totalement inédit depuis notre arrivée ici. Contrairement aux autres il n'était pas très massif, un peu costaud, avec des yeux rieurs. Il était vêtu de peaux de bêtes mais, en se rapprochant, un expert aurait remarqué qu'elles étaient synthétiques.
- Vous tourner en rond, jungle infinie, qui boucle autour du village. Vous ne sortirez pas, personne n'y arriver depuis des siècles, grand conseil qui boucle la boucle. Il parlait un anglais acceptable mais avec un fort accent bulgare. Le village est à cent mètre dans cette direction, dit-il en pointant celle vers laquelle nous nous dirigions.
Puis il partit en riant d'un bon gros rire bien gras et bien franc.
- Euh... Je propose qu'on rentre et qu'on se prépare un peu mieux ? demandai-je tout penaud et affamé. Avec un peu de repos, une bonne douche, peut-être qu'on pourra élaborer un plan, un truc ? En plus la nuit tombe, on ne va pas la passer là, s'il le faut on risque de se faire bouffer par une tribu de cannibales ou des animaux sauvages.
N'écoutant que mon courage, je pris les devants et, conformément aux dires de l'asiatique, nous entrevîmes la première hutte à cent mètres. Il y avait de la musique que je qualifierais de tribale et, en se rapprochant, nous pouvions observer qu'un défilé avait lieu et que les gens s'agenouillaient devant aux abords de son passage. Parmi les membres du défilé se trouvait le mec louche qui nous avait attiré dans ces emmerdes, le pote au mec-branche et à la vieille. Il ne nous accorda pas un regard en passant devant nous. Je voulus lui demander ce qu'il se passait mais un garde me frappa dans les genoux, me forçant ainsi à rejoindre le sol. Elaine y était déjà tant son sens de la conservation était grandiose. Un peu plus loin, Maria était couchée au sol, les vêtements bien plus sales que les nôtres. Son visage était couvert d’ecchymoses mais on pouvait sentir, dans son regard, une haine et une fureur sans pareilles. Sa tête était serrée par un bandeau caractéristique de la caste des esclaves. A la fin du défilé, et pour alléger sa peine, je me mis en tête de la réquisitionner afin qu'on passe un petit moment à trois, avec Elaine, histoire de décider d'un truc.
- Viens, euh... Femme, c'est comme ça qu'on dit ? Viens et, euh, tu vais faire notre ménage et la déco dans notre hutte à nous, le tout suffisamment fort pour que personne alentour n'ait l'idée de l'utiliser. J'essayai de gonfler le torse pour me donner une contenance, en vain.
Nous obtînmes de quoi nous nourrir pour la soirée en allant cherchant un repas dans "la cantine", une hutte où était collectivement entreposé les produits de la chasse et des cultures du village. Pendant le repas, un détail attira mon attention. Je me rapprochai de la tempe d'Elaine et j'y regardai de plus près.
- On dirait un symbole, une sorte d'enveloppe. T'as reçu un message ?
Dieu du Bluetooth, ayez pitié de nous.
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Dim 10 Nov 2013 - 17:11
Elaine ne revint jamais sur leur balade dans la jungle. La blondinette tira la tronche pendant environ une heure et choisit de bannir à jamais de sa mémoire cet horrible souvenir. Au même titre que son indigestion d'huîtres à Noël 2050 et sa diarrhée de 2051, la belle blonde décréta que cet événement n'était tout simplement jamais arrivé. Impossible de dire ce qui l'humiliait le plus, avoir pataugé dans la pire concentration biologique de sa vie en compagnie d'un individu dont l'hygiène, l'apparence et le statut social la dégoûtait ou avoir échoué lamentablement dans son plan génial, sa dignité accusant autant le coup que ses genoux meurtris, ses talons tordus et son ego sur dimensionné.
Elaine retint une quantité de venin absolument stupéfiante entre ses lèvres de vipère, snobant les meilleures plaisanteries cyniques d'Eniss avec un dédain majestueux, ignorant Maria et ses connaissances avec un mépris palpable et se contenta de balancer ses talons à mille trois cent dollars la paire dans les fourrés, posant avec délicatesse ses orteils sur la terre du camps en priant très fort pour se réveiller sur un tapis de danse.
Ce ne fut évidemment pas le cas et Elaine n'ouvrit la bouche que pour y enfourner des fruits délicieusement sucrés lors de ce qui s'approchait davantage d'un repas scolaire que d'une restauration entre adultes. Les mets étaient simples et goûteux, mais Elaine trouvait cela diaboliquement simple et atrocement classique. En d'autres termes, c'était un putain de repas de pauvre et Elaine Hildred ne se nourrissait pas de mets que n'importe quel fauché pouvait s'offrir. Elle grignota ses graines acidulées, savoura ses pommes juteuses et dédaigna évidemment les plats les plus caloriques, aussi mauvais pour la ligne que pour les dents. Miss Hildred ignorait bien évidemment les effets dévastateurs auxquels elle exposait ses intestins. Et pour éviter que ses petons bien fatigués n'ait à bosser, elle mit à contribution ses généreux amis.
MARIA ! IL VIENT CE RAISIN ? BOUGE TOI TON CUL D'ANOREXIQUE !
Du côté de ses connaissances adorées, Eniss lui rappela amicalement la présence d'un message grâce aux voyants de sa tempe. Irritée, elle tapota son communicateur et écouta en silence. Grâce à une longue expérience, la jeune bimbo savait rester de marbres lorsqu'on lui transmettait des informations diverses et variées telles que «Votre mari est à l’hôpital pour son troisième pontage du mois», «retire ta culotte chérie, mon médoc fonctionne enfin », « mademoiselle Hildred, ici le restaurant La Tour D'Or Pur pour vous rappeler que vos sept kilos de caviars seront livrés en début de soirée pour la modique somme d'un rein et demi » ou encore « hé tu sais quoi, Cynthia est encore enceinte » ! En d'autres termes et malgré le contenu déconcertant du message, la belle resta concentré sur son abricot qui menaçait de gicler dans son décolleté. Ceci fait, elle prit soin de supprimer la communication (comme toutes les informations compromettantes qu'elle recevait) et de finir son abricot. Enfin, elle se pencha vers Eniss.
Ramène Maria tout de suite ici mon amour tu veux bien ?
Une fois que son esclave eut ramené la blonde la moins pulpeuse du coin, elle les réunit avec des airs de conspirateurs.
Pour s'barrer d'ici, c'est pas compliqué. Faut buter le gosse dans la tente du conseil. M'voyez ? Ca m'parait logique vu l'bizarre de l'endroit... Perso j'trouve que se fier à une comm' anonyme, c'est pas si con.
Quant à l'idée de tuer un enfant, elle n'effleurait pas Elaine. Se mettre entre ses magasins favoris et elle, c'était s'exposer à d'inévitables représailles. Miss Hildred pouvait assassiner un pays entier pour ne pas avoir à s'y installer (généralement parce que son PIB était inférieur à la fortune de son père...).
Bref, on fait comment ? Maria stune tueuse, on peut la laisser faire nan ? Moi j'distrais les gardes, huhuhu.
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Jeu 17 Avr 2014 - 1:48
Maria n'allait plus pouvoir reculer aujourd'hui… Quand Élaine lui suggéra d'aller trucider un enfant, elle hocha négativement de la tête. Pour argumenter son refus, elle s'approcha d'Eniss, lui saisit le poignet droit et lui caressa lentement le plat de la main. Rien d'érotique, ni de sensuel, elle voulait juste montrer que ses pouvoirs s'étaient faits la malle… en même temps que son don de parole, merci-à-vous-de-l'avoir-noté…
Maria n'était donc plus apte à assassiner ni un enfant, ni une vieille, ni un moustique, ni quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs. Par contre, elle avait son plan à elle. Elle s'agenouilla et inscrivit, tremblante, quelques mots dans la poussière de la cantine : "Ici = fausse réalité = rêve. Façon Nathaniel. Sommes encore à Vancouver, endormis, prisonniers d'un télépathe."
Les yeux plein d'espoir, Maria guetta la réaction de ses compagnons. Cette théorie, elle avait eu plusieurs mois pour l'élaborer. Elle était convaincue qu'eux trois étaient sous l'emprise d'un mutant télépathe –dans le style de Nathaniel Albenco- et piégés dans une réalité onirique. Peut-être était-ce l'homme en noir le responsable ? Cette théorie permettait d'expliquer d'un bloc les pouvoirs étranges de leurs hôtes et toutes les bizarreries spatio-temporelles. Comme, par exemple, cette dilatation du temps qu'elle avait vécue alors qu'Eniss et Élaine batifolaient dans la jungle. De leur point de vue, si leur périple n'avait duré qu'une après-midi, plusieurs mois s'étaient bel et bien écoulés pour Maria. "Moyen de partir. Un trou. Suivez-moi"Inscrivit-elle à la va-vite dans la poussière.
Elle se redressa l'air grave, ne leur laissa pas le loisir de réfléchir, les attrapa par la main et les fit sortir de la hutte. La nuit était tombée, la Lune commençait à poindre au-dessus de la cime des arbres. Elle leur fit signe de la suivre, sur ce chemin de terre caillouteux qu'elle avait mille et mille fois emprunté. Ca y était maintenant, elle allait devoir le faire… Toutes les nuits, elle s'était angoissée de vivre ce moment…
Quelques mois auparavant, une sorte de champ de force invisible dressé autour des maisons, ne l'affectant qu'elle et elle seule, l'avait empêché d'accompagner Eniss et Élaine dans la jungle. Elle avait donc été condamnée à rester en arrière et les avait regardés s'éloigner du village des fous sans elle. Elle était restée plusieurs heures assise dans la poussière, les yeux rivés sur l'entrée de la jungle dans l'attente de leur retour. Puis la nuit s'était mise à tomber, accompagnée de sa fraîcheur humide et sombre. Elle s'était résignée à trouver un endroit où dormir.
Ce fut le lendemain matin, après une nuit glacée allongée à même le sol sous le totem du village -la première nuit inconfortable d'une longue série- que la sentence du malabar en haut-de-forme se réalisa : elle était devenue, en l'espace de quelques heures de sommeil, l'esclave-forçat officielle du village, sans la moindre possibilité d'échapper à sa triste condition.
Elle avait perdu l'usage de la parole, ainsi que son pouvoir et elle subissait une variante du supplice de Tantale : _ Qu'elle se lave le visage à l'eau claire et la crasse revenait au bout de quinze secondes comme par magie, escortée par une odeur de chair mal lavée. _ Qu'elle chaparde des vêtements propres, ceux-ci tombaient en lambeaux dès qu'ils touchaient sa peau. _ Qu'elle mette la main sur de la nourriture correcte, celle-ci pourrissait immédiatement entre ses doigts. De toute façon, tout ce qu'elle ingérait avait goût de cendre froide. _ Et, plutôt que d'avoir à porter des chaînes, les muscles de ses jambes s'étaient atrophiés, l'empêchant de courir… Mais pas de travailler.
Le premier matin, avec des gestes simples, un type couvert de plumes de paon lui avait fait comprendre la nature de la tâche qui l'occuperait à priori jusqu'à la mort.
Il l'avait guidée jusqu'à un étrange monticule -haut comme un immeuble de trois étages- à huit cents mètres au sud du village. C'était un entassement chaotique d'objets métalliques en tous genres : des ressorts de matelas, des réveils-matin mécaniques, des pièces de machine à laver, des engrenages en cuivre… Ce n'était pas des objets particulièrement extraordinaires en soi, mais 1) ils n'avaient pas leur place en pleine milieu de l'Amazonie, 2) ils ne présentaient aucune trace de rouille malgré leur grand âge –au moins 70 ans- et l'hygrométrie locale. Quant à savoir d'où ils venaient, Maria n'en n'avait pas le début d'une idée, et avait même abandonné depuis longtemps toute tentative d'explication logique.
Harnachée d'un panier d'osier, elle avait été chargée de récolter puis de transporter seule, pieds nus, tête nue sous le Soleil écrasant, les déchets métalliques du monticule jusqu'à un énorme trou creusé à huit cents mètres au nord du village. Le trou à déchets en question, trois mètres de côté, noir comme de la poix, béait dans le sol rocailleux comme la bouche d'un géant. Même avec le Soleil au zénith, il était impossible d'en voir le fond. Quand elle jetait une pièce dans l'abîme, elle tendait l'oreille pour percevoir le tintement… Toujours en vain… Peut-être simplement n'y avait-il pas de sol ?
Après des journées comptant chacune une trentaine d'allers-retours, le soleil déclinait et Maria rentrait au village, fourbue. Là, elle retrouvait sa place pour la nuit sous le totem du village, une gamelle bleue l'y attendait pleine de bouffe aux allures de pâtée pour chien et au goût de cendres.
Les jours s'étaient enchainés ainsi au même rythme, sans aucun changement… Puis les semaines… Puis les mois…
Ce dont Maria avait le plus souffert, ça n'avait pas été la fatigue physique, pourtant bien présente… Mais l'isolement : elle avait crevé de solitude ! Personne au village n'avait daigné lui adresser la parole, ni même daigné lui accorder un regard. Elle avait fait partie intégrante du décor, ni plus, ni moins qu'un moustique. S'il y avait eu d'autres esclaves comme elle, elle ne les avait jamais croisés. Et puis, il y avait ce trou noir. Ce mystérieux abîme empli de ténèbres. Il était devenu peu à peu une obsession angoissante dans l'esprit de Maria, une idée fixe qui la hantait jusque dans son sommeil.
… Jusqu'à aujourd'hui… Quand enfin Elaine et Eniss étaient rentrés de la jungle et l'avaient pris à leur service ! Quel bonheur ce fut pour elle de revoir son visage se refléter dans les pupilles d'autrui ! Quel bonheur ce fut d'entendre qu'on s'adressait à elle, même pour lui aboyer des ordres mesquins. Maria se serait jetée dans leur bras si sa joie n'avait pas été noircie par la perspective d'avoir à affronter pour de bon l'abîme.
Après quelques minutes de marche silencieuse dans la nuit, Maria, Eniss et Elaine arrivèrent enfin au bord du fameux gouffre, éclairés par la lumière de la pleine Lune. C'était là que son cauchemar à elle prendrait fin… La russe s'accroupit à nouveau sur le sol et inscrivit dans la poussière : "Dans rêve, tomber = se réveiller. Abîme = sortie ! Vous suivez ?"
Pendant ces longs mois de solitude, Maria s'était beaucoup parlée à elle-même, avait beaucoup discuté mentalement avec des Eniss et Élaine tirés de son imagination, avait passé des jours et des nuits à argumenter sur le bien-fondé de son plan. Jamais elle n'avait su trouver le courage de se jeter seule dans l'abîme. Chaque jour, elle avait repoussé sa tentative, se disant que le lendemain sûrement, ses compagnons seraient de retour et l'en dissuaderaient peut-être… Maintenant, ils étaient bien là… Elle ne pouvait plus reculer. Faites qu'ils aient une meilleure idée !!
Elaine Hildred
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mar 22 Avr 2014 - 20:20
Une fois de plus, les machinations de l'Atomique tombèrent à l'eau. Dans un monde où les aptitudes inouïes d'Elaine à galvaniser les foules, à subjuguer le DJ et à commander de l'alcool gratuitement étaient aussi inutiles qu'un paraplégique sous morphine, la blonde perdait quasiment tout intérêt, si ce n'était en tant que femelle reproductrice. La Sublime n'en menait pas large intérieurement et ne râla donc que cinq minutes avant de suivre leur servant très insistante. Elle soupira néanmoins tout au long du trajet.
Ils trottinèrent dans les bois comme des voleurs, suivant sans la moindre difficulté la blonde qui clopinait péniblement. Elaine, elle, gambadait de ses grandes jambes, caressant une fleur ici, une feuille là... La blonde n'appréhendait pas encore toute la dimension de leur captivité et n'attendait donc pas leur évasion avec autant d'impatience que sa consoeur qui avait souffert pendant de longs mois les tourments les plus infernaux depuis la Prohibition.
Ils arrivèrent donc à côté d'un gouffre fort peu engageant, apparemment conçu sur le modèle bien connu du "gros trou sans fond visible à tel point qu'on doute qu'on puisse entendre le bruit d'un caillou si on en lance un dedans". Elaine jongla donc deux trois secondes avec une petite pierre avant de se raviser, une voix sage la dissuadant de faire trop de bruit alors qu'ils n'étaient pas censés être là. Son beau visage doucement éclairé par une lune complice, elle déchiffra donc les écritures de leur russe émoussée par la rude vie de cette jungle inconnue.
Nan mais sérieux, c'est nawak... Tout est nawak ici bordel, jveux rentrer chez moi, j'ai pas d'make up, j'ai pas d'lit correct et j'dois suivre la version russe d'gollum quoi... L'Atomique jeta un coup d’œil au gouffre sans la moindre appréhension. Adepte de parachutisme depuis ses six ans, Elaine avait suffisamment pratiqué d'activité sportives hors de prix pour être exorcisée du vertige. Elle n'avait néanmoins pas la moindre envie de se jeter tête la première dans ce trou sans précaution préalable. Elle se glissa donc derrière Maria et lui imprima une vigoureuse poussée qui... Elaine flanqua donc son pied au cul de la malheureuse trop faible pour résister et la fit basculer dans le trou.
En temps normal, elle n'aurait sans doute pas agit de la sorte. Les récents évènements avaient néanmoins modifié sa perception de la moralité et Elaine n'avait guère eut à réfléchir avec son intelligence égoïste pour en parvenir à la conclusion qu'il était toujours mieux de tester les dangereuses théories de Maria avant de s'y jeter elle même. L'Atomique avait envisagé de balancer Eniss mais celui si volait et était donc sans doute capable de remonter lui en coller une pour se venger. C'était donc sans le moindre remords qu'elle avait poussé sa compagne, une partie de son cerveau lui murmurant que tout ceci n'était qu'un rêve, l'autre lui affirmant vigoureusement le contraire. Les deux lui hurlaient donc de foutre n'importe qui ou n'importe quoi au fond du trou, pourvu que ce ne soit pas sa magnifique personne. Les bien pensants pouvaient aussi estimer qu'Elaine voulait mettre à l'épreuve la réalité distordue de cette univers si particulier et était donc certaine de la sureté de sa tentative, mais Elaine n'était pas spécialement prévenante. Comment justifier sinon, qu'elle ait volontairement saboté la voiture de son ancienne rivale pour faire passer celle si au travers du pare brise -également saboté- au premier choc et ce afin de la défigurer durablement ? En d'autres termes, Maria devait s'estimer heureuse d'avoir été balancée dans ce trou. Si elle y restait, ce serait sans agonie douloureuse et si elle survivait, elle aurait rompu l'illusion. Avancer ne nécessitait parfois qu'un bon coup de pied au cul.
Bon, si on l'entend pas toucher l'fond, on devrait ptet trouver une corde ou un truc du genre... Sinon on dit qu'elle est tombée toute seule, ok ?
Eniss
Type Alpha
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Mer 25 Juin 2014 - 0:58
* Pauvre folle. *
Quand Maria nous exposa son plan, c'était là tout ce dont j'étais capable au niveau cognitif. En reprenant et en simplifiant pour les mous du bulbes qui auraient eu la folie de suivre ces quelques pérégrinations, Maria proposait, sous prétexte de trouver le temps long loin de moi – ce qui est bien normal, moi-même je trouve le temps long quand je dors, c'est dire – proposait de sauter dans le premier trou que l'on trouverait. Au mieux, on sortait d'une fucking illusion qui nous possédait, au pire on mourrait.
- Et l'indice là, l'enveloppe, non ? Bon bah, c'est vous qui voyez.
On en était donc là, à s'éclater les rotules à marcher dans une forêt hantée d'insectes à huit pattes, de serpents venimeux au point de tuer les arbres et d'un... Trou. Je regardais en bas, c'était un vachement grand trou. Celui-ci me rappelait la salope que toute la cité s'était tapée, une fois, quand j'étais gosse. Son visage me revenait très clairement, des yeux sombres, en amande, rehaussés par de longs cils bien noirs qui faisaient contraste avec sa peau pâle, une bouche dessinée à la perfection, avec des lèvres à la fois charnues sans être proéminentes, d'une couleur de pèche veloutée, douce, délicate, fragile en quelque sorte. Elle avait une mèche auburn dansante devant son visage, le reste de ses longs cheveux soyeux était attaché en une simple natte que lui enviaient les jeunes filles des environs. Je pourrais aussi décrire ses tenues habituelles, légèrement amples, dévoilant des formes d'adulte prononcées malgré l'amplitude donnée au tissu. Ses seins parvenaient à tendre ses T-shirts de manière à témoigner d'une puberté bien entamée, son bassin aussi, bien large, laissait entendre la possibilité d'avoir des enfants, de se reproduire. Son parfum, bien que léger, s'était imprimé dans ma mémoire, je l'aurais à l'époque volontiers qualifié de senteur des anges, tout comme l'ensemble de sa personne. C'était littéralement un ange dans mes yeux d'enfant. Cette histoire avait fait un foin terrible parce qu'elle prétendait ne pas l'avoir voulu, qu'elle avait été violée, en somme. Heureusement le tribunal avait découvert qu'elle était une mutante, elle fut donc écrouée fissa. On n'en entendit plus jamais parler.
Je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit qu'Elaine poussait Maria. Il y avait quelque chose de reposant à la voir tomber sans qu'elle ne puisse pousser le moindre cri. Un corps chutant sans crier avait quelque chose d'apaisant, se dire qu'elle allait prendre de la vitesse pour finalement s'aplatir comme une malpropre sur un sol rugueux et pourquoi pas tapissé de piques mortelles – comme dans les films, j'aimais bien les pièges dans les films, ils étaient toujours assez évidents, genre une pierre au sol qui dépassait sur le sol et sur laquelle il ne fallait pas marcher, ou alors une porte qui se fermait toute seule et qui vous condamnait à mourir écrasé par les murs qui se rapprochaient lentement.
- Merci, ça fait un bien fou de ne plus la voir, ni de la sentir. En fait j'avais pris une longue corde, je vous propose de l'attacher au tronc qui est juste là et en avant.
Plutôt que de laisser ma forestière mais néanmoins élégante compagne de fortune, j'exécutais un nœud plutôt-pas-mal-mais-sans-plus et je lançai l'autre extrémité de la corde dans le trou. Elle se déroula sans encombre. Voyant le regard interrogé d'Elaine au sujet de mes ailes, je lui répondis en soupirant de dépit :
- Non mais en fait mes ailes ne servent à rien, je ne sais pas vraiment m'en servir.
Au bout de quelques mètres, je hurlais à Elaine que tout se passait bien, qu'elle pouvait me suivre, et puis, soudain, plus rien. Mon esprit fut comme aspiré et projeté à vive allure dans mon corps qui était assis sur une chaise. La folle avait eu raison, j'étais assis sur une chaise, mollement, dans une salle sombre aux fenêtres barricadées par des planches de bois. Maria fulminait, hurlait des insanités en russe. L'homme sombre gisait à ses pieds, mort. A ma gauche, la tête d'Elaine pendait vers l'avant. Elle était comme assoupie, un filet de bave descendait sur sa cuisse. Avec grâce, était-il nécessaire de le préciser ?
Elle se réveilla à son tour, je décidais de les laisser gérer la situation de notre sauvetage. Elles semblaient habituées à gouverner, ça tombait bien, j'avais mal au bras. D'un autre côté j'avais retrouvé ma guitare donc bon, je m'en foutais.
Bloody Mary
Type Sigma
Sujet: Re: [RP] Quelque part dans le monde Ven 27 Juin 2014 - 0:39
Extrait du rapport de l'incident du 20 février 2052.
"… Ma chute ne dura que quelques secondes. Comme je l'avais anticipé, je me suis réveillée, désorientée mais bel et bien de retour à la réalité. Une bonne minute m'a été nécessaire pour retrouver mes moyens et mes repères. Je découvrais une salle sombre, vide, un sol bétonné, les murs plâtreux et nus et l'unique fenêtre était condamnée par un morceau de contreplaqué.
Hildred et le SDF étaient encore inconscients, assis à mes côtés sur de vieilles chaises en osier. Une quatrième personne était présente dans la pièce, celui que je désignais au début de mon rapport comme "l'Homme en Noir". Il était assis à un bureau éclairé par une lampe de chevet, concentré sur une collection de papillons. Il nous tournait le dos de sorte qu'il n'avait pas pu me voir me réveiller.
L'imprudence de notre ravisseur démontrait une grande confiance en ses capacités : il n'avait même pas pris la peine de nous attacher. Nous étions parfaitement libres de nos mouvements. Je me suis donc levée silencieusement, les muscles engourdis, une seule priorité en tête : notre survie. Par mesure de sécurité, j'ai pris la décision de l'éliminer sans sommation par application de mes paumes sur sa gorge. Après tout, je ne savais pas s'il était armé ou en mesure d'appeler des renforts.
Le SDF s'est réveillé, suivi quelques secondes plus tard d'Hildred. Après quelques minutes de mise au point, nous sommes sortis de la maison pour nous repérer. Nous étions toujours à Vancouver. Nous avions été séquestrés dans une maison au 940E 62nd avenue, au beau milieu d'un quartier résidentiel sans histoire, à une centaine de mètres au sud de Moberly Park.
Avec l'aide d'un voisin, j'ai réussi à contacter la Confrérie Moderne pour organiser notre transfert. L'enregistrement de ma conversation avec Emmett est en fichier joint. A l'arrivée de l'équipe, j'ai pris la décision de ramener avec nous le SDF et le corps de notre ravisseur pour une analyse approfondie. J'ai laissé quelques hommes pour fouiller la maison de fond en comble.
Des tests médicaux ont démontré que nous trois étions parfaitement indemnes, ni trace de violence physique, ni substance chimique dans les veines. Il a été établi par recoupement que nous sommes restés inconscients pendant un peu moins de cinq heures.
L'identification de "l'Homme en Noir", son autopsie et la fouille de son domicile nous ont révélé quelques surprises : "L'Homme en Noir" s'appelait Donald Klamp, soixante-cinq ans, un ancien professeur de sciences, porté officiellement disparu depuis plus de vingt-et-un ans à la suite d'une expédition scientifique dans la banlieue de Rio de Janeiro. Il devait y étudier un biome mutant. Le dernier document signé de son vrai nom date de la veille de son départ pour le site de recherche.
Un scanner de son cerveau, appuyé par l'analyse de Sören, notre psychomètre, nous a révélé des capacités psychiques et télépathiques hors du commun… Rivalisant même avec le niveau présumé de Samarah Lemington ! Et le plus troublant c'est que nos biologistes n'ont trouvé aucune trace du gène X dans son ADN. Klamp n'était qu'un simple inferior ! Que s'est-il donc passé pendant ces vingt-et-une années d'absence ? Est-ce au contact du biome que Klamp a obtenu ses capacités psychiques puissantes ? Par mesure de précaution, je prévois d'envoyer une équipe scientifique au Brésil dès le mois prochain pour évaluer la dangerosité d'un tel phénomène.
Klamp semblait pouvoir asservir sans efforts les esprits des personnes proches de lui. Il les plongeait dans un état léthargique et les piégeait dans une réalité psychique de son cru.
Ceci explique les difficultés que nous avons rencontrées, Hildred, le SDF et moi pour démêler le rêve de la réalité. Le passage d'une réalité à l'autre ne s'est apparemment pas fait brutalement, mais progressivement. Pour preuve : il semble que les adversaires que nous combattions dans Vancouver (avant notre présumée téléportation dans la "jungle") n'aient jamais eu d'existence concrète.
La grand-mère douée de super-force ressemblait comme deux gouttes d'eau à la vraie grand-mère maternelle de Klamp (voir photo jointe n°16) décédée voilà plus d'un demi-siècle.
Le xylomorphe trouve vraisemblablement son origine dans l'un des seuls objets de la maison ayant une résonance affective : un Pinocchio en bois, désarticulé, trouvé dans la chambre, allongé dans un petit berceau, comme un ours en peluche.
La jeune femme séraphique métamorphe ressemble à une camarade d'université qui apparaît sur une photo de 2006. Une certaine Gabrielle. Avec ce simple prénom, il nous a été impossible de retrouver sa trace.
Les projets de Klamp nous concernant sont pour l'instant assez flous. La nature de la viande trouvée en grande quantité dans son congélateur est en cours d'analyse. Elle nous en apprendra peut-être plus sur les intentions de notre ravisseur.
Aucune famille, aucun ami n'a été trouvé par nos services. Après quelques heures de résurrection, Donald Klamp a retrouvé son statut de fantôme, oublié de tous.
Fin du rapport.
PS : Ce matin le SDF, dont nous avons seulement réussi à obtenir le prénom –Eniss-, a quitté la Confrérie Moderne pour rejoindre sa vie de marginal. A priori, son faible potentiel et son attirance pour Hildred ne font pas de lui un réel danger pour nous. A surveiller !"
Le 23 février 2052, Maria Aleksandrovna Yevgeniyen.