Terry est l’aîné d’une famille qui comptait deux enfants, lui et son petit frère Alex. Ses parents se nomment Richard Nohlann, cadre dans une grande boîte d’électronique londonienne et Laura Greyffits, assistante de direction dans une entreprise pharmaceutique. Tout deux sont des humains et il n’y a jamais eu de mutants dans leur famille jusque maintenant. Fort heureusement pensaient-ils. « Ces gens-là n’ont pas leur place ici ! » répétait tout le temps son père, lorsque durant le journal télévisé, on entendait qu’un mutant avait une de fois de plus commis un crime ou l’autre. De leurs côtés, les deux frères encore dans l’insouciance de l’enfance, ne faisait pas très attention aux propos de leur père. Pour eux, les mutants faisaient certes partie de la vie de tous les jours, mais ils se trouvaient à l’extérieur du cocon familial. Et donc, il était inutile de s’en préoccuper. Ils habitaient une charmante maison dans la banlieue de Londres, dans le Hertfordshire.

Il est né un matin de mars, un peu avant le printemps. L’accouchement s’est très bien déroulé, très rapide pour une première grossesse, selon les médecins présents ce jour-là. Sa mère eut en effet à peine le temps d’entrer en salle d’accouchement que l’on pouvait déjà voir apparaître la tête du futur bébé. Comme c’était de plus en plus courant à l’époque, chaque naissance s’accompagnait de la crainte de voir naître un bébé qui présenterait dès la naissance des caractéristiques mutantes. Et dans ces cas-là, la majorité des accouchements se terminaient par l’abandon de l’enfant dans les services de maternité de l’hôpital. Rares étaient les mères qui voulaient d’un enfant mutant. Dans l’état actuel du monde, ce n’était pas facile à gérer. Et beaucoup avaient tendance à penser que de toutes façon, il serait mieux avec les siens.
Mais Laura Greyffits arriva confiante à l’hôpital. Il n’y avait jamais eu de mutants dans leur famille « et ce n’est pas maintenant que ça va commencer ! » avait-elle ajouté juste avant d’accoucher. Aussi, quand le bébé pointa le bout de sa frimousse, qui aurait pu dire à ce moment-là que 16 ans plus tard, il se révèlerait, malheureusement, être un mutant ? Personne, cela va de soi. Après l’accouchement, les parents et le bébé se portèrent bien et purent rentrer à la maison trois jours plus tard. Commença alors les années qui resteraient les meilleures vécues par le jeune garçon.

Et trois ans plus tard, c’est son frère qui vint compléter le bonheur de la famille, après un accouchement cependant prématuré et plusieurs complications cardiaques et respiratoires. Mais quand Alex arriva à la maison, ce fut la fête. D’ailleurs, Terry a toujours pensé que son frère était le petit préféré de ses parents. Mais il s’en moquait car Alex et lui étaient inséparables. Ils s’entendaient à merveille et jamais l’un n’aurait pu vivre sans l’autre. Au fil des années, Terry a même développé un comportement protecteur vis-à-vis de son frère. Gare à celui qui aurait la mauvaise idée de venir lui chercher des poux. Mais même si cette attitude partait d’une bonne intention au départ, elle étouffait parfois Alex, qui en grandissant, commençait à éprouver un besoin de liberté. Terry mit du temps à comprendre ce besoin. Il eut l’impression de perdre la complicité qu’il avait tissée avec son frère pendant toutes ces années. A cause de cette incompréhension, leurs rapports devinrent assez tendus à un moment. Mais après cette légère tension, tout redevint comme avant. Terry finit par comprendre le désir d’indépendance de son frère et il le laissa respirer.

Pour tout ce qui était de jouer des mauvais coups aux gens, ces deux-là faisaient la paire. Combien de fois d’ailleurs, les habitants de leur quartier ne les ont pas vu filer en ricanant après leur avoir fait une mauvaise blague (rassurez-vous, cela n’était jamais bien méchant) quand ils étaient plus jeunes ? Tellement de fois à vrai dire qu’ils ont arrêté de compter !

Mais tout le monde sait que les bonnes choses ont toujours une fin… Et un jour, cette paisible ambiance qui remplissait de joie la demeure familiale fut brisée…

Celle-ci ne s’est pas vraiment déroulée d’une manière très agréable et est survenue après un grand choc émotionnel qui a bouleversé la vie de Terry a jamais… Depuis, il n’est plus tout à fait le même, il est devenu plus renfrogné et plus taciturne.
10 octobre 2027. Ce matin-là, Terry et son frère Alex partirent à l’école comme d’habitude. Le chemin n’était guère très long et arrivés devant la grille du collège, ils se séparèrent, chacun se rendant dans sa classe respective. Ils s’étaient fait une tape amicale sur l’épaule, persuadés qu’ils se reverraient à la fin des cours. S’ils avaient su…Ils ne se seraient pas contentés d’un au revoir aussi banal…
L’accident s’est produit aux environs de 10h30. Terry suivait son cours de biologie quand soudain, une explosion suivie de cris retentit deux étages plus haut dans l’immeuble scolaire. Le professeur, surpris, interrompit immédiatement son cours pour faire suivre à ses élèves les instructions qu’il fallait appliquer en cas d’incendie. Il se dirigea donc suivis de tous ses élèves vers la sortie du bâtiment dans le calme. Tous ? Non, pas tout à fait. Il y en manquait un à l’appel. Terry. Au moment où l’explosion eut lieu, le jeune garçon fut parcouru d’un horrible frisson et une sensation désagréable vint le tourmenter. Un mauvais pressentiment. Il voulut se débarrasser de cette impression. C’était ridicule, voyons. Il ne devait pas penser à cette éventualité…Pourtant…Il fallait qu’il en ait le cœur net. A contre courant des élèves qui se dirigeaient vers la sortie, il entreprit d’escalader les escaliers qui menaient aux étages supérieurs. Au plus il s’approchait de la source de l’explosion, au plus la fumée prenait vicieusement possession des couloirs. Il arriva au tournant donnant sur l’aile ouest de l’école et avant de s’engager, il pria, pria et pria encore pour que cette maudite sensation ne soit que le fruit de son imagination. Mais quand il vit la salle qui recrachait un mélange de fumée et de poussière, il crut que son cœur s’était arrêté de battre.

_ Alex !!!!!!!!!!!!!!!!

Il se précipita en hurlant dans la classe de son frère et au passage, il bouscula la dernière élève, une jeune fille aux longs cheveux bruns, en train de sortir du lieu de la catastrophe. Celle-ci était étrangement calme et disparut après une fraction de seconde dans la fumée qui l’avala, tel le brouillard recouvrant les Landes. Mais Terry ne lui accorda pas la moindre attention. Dans la salle de cours, c’était l’enfer incarné sur Terre. Tout, que ce soit les bancs, le tableau ou encore les fenêtres, avait explosé. Au plafond, les néons continuaient de vomir des gerbes d’étincelles. Et il découvrit aussi trois corps qui gisaient sur le sol. Terry n’eut aucun mal à reconnaître l’un d’entre eux, puisque cette personne n’était autre qu’Alex, son frère. A côté de lui se trouvait un autre garçon et un peu plus loin, un corps d’adulte, celui du professeur.

_ Nooooooooooooonnnnnnnnn !!!!!!!!!!!!! Pas ça, tout mais pas ça !!!!! hurla l’étudiant.

Terry, les yeux remplis de larmes se jeta à genoux près du corps inanimé et malheureusement sans vie de son frère. Il le prit dans ses bras et le serra du plus fort qu’il le put ! Cela ne servait malheureusement plus à rien, mais c’est tout ce qu’il pouvait encore faire… Les yeux d’Alex regardaient dans le vide. Ils avaient cessé de voir. La dernière image qu’ils avaient emportée avec eux dans la mort ne fut pas celle de Terry sanglotant comme une âme en peine, mais celle d’une classe ravagée. S’ils en avaient seulement eu le temps… C’en était trop ! Ne supportant plus une minute de plus ce regard mort, Terry ferma définitivement les yeux d’Alex. Ce fut la dernière fois qu’il vit la couleur bleue de ce regard qui pétillait toujours de malice. Et il resta là, inconscient du temps et enlaçant dans ses bras, le seul frère qu’il ait jamais eu…
Il aurait été incapable de dire combien de temps il était resté là, avec le corps de son frère ni combien de temps il fallut aux pompiers pour arriver dans la classe et le convaincre de le lâcher, qu’il ne pouvait plus rien faire pour lui…

_ C’est fini, Terry, il faut le lâcher maintenant, il ne reviendra pas…, dit doucement une voix dans son dos

Il était complètement déconnecté de la réalité. Il ne s’en rendit même pas compte quand on emporta le corps de son frère, ainsi que les deux autres.
L’enterrement eut lieu 3 jours plus tard. Il y avait beaucoup de monde. Parents, élèves et professeurs. Tous étaient présents pour soutenir les familles des victimes. Après la cérémonie, on alla porter le cercueil au cimetière. Ce fut un moment très pénible pour Terry. C’est à ce moment-là qu’il réalisa qu’il ne reverrait plus jamais son frère. Au fur et à mesure que les gens partaient, ils venaient déposer une rose blanche sur le cercueil, lui aussi de couleur blanche. Symbole de la pureté et de l’innocence de l’enfance. Malgré tout ce que purent dire ses parents, cela ne fit pas rentré Terry à la maison. Il resta seul, près du cercueil pleurant, hurlant l’injustice dont il était victime et pleurant encore toutes les larmes que son corps pouvait produire jusqu’à ce que les fossoyeurs viennent mettre en terre le cercueil. A ce moment-là seulement, il fut bien obligé de partir…
Mais ce n’était que pour mieux revenir, le lendemain et tous les jours d’après, pendant de longues semaines !
Pendant ce temps-là, la police menait l’enquête à partir des témoignages récoltés auprès des élèves ayant vécu l’explosion aux premières loges ! Bien des hypothèses circulèrent alors sur les causes de cet accident. Certaines plausibles et d’autres toujours plus abracadabrantes. Deux furent au final retenues. La première : l’accident aurait été provoqué par un mutant présent ce jour-là dans le bâtiment, voire même dans la classe. Mais elle fut vite écartée car à moins que ledit mutant soit une des trois victimes- ce qui demeurait fort improbable-, aucune activité mutante suspecte n’avait été découverte ce jour-là. Ce fut donc pour la deuxième hypothèse que les inspecteurs optèrent. A savoir un court-circuit dans l’éclairage qui parcourait le plafond de la classe…
Mais pour Terry, ce n’était pas la véritable raison de l’accident. Lui optait pour la première. Il était sûr et certain qu’un mutant était responsable de la mort de son frère. Ses parents aussi d’ailleurs. Ils maudirent tous les mutants du monde et conseillèrent à bon entendeur et qui voulait bien l’écouter qu’il valait mieux qu’aucun mutant ne croise un jour leur route…
Seulement, c’est bien joli d’accuser les mutants, mais il n’avait aucune preuve et encore moins de suspects ! Il avait bien tenté de mener sa propre enquête, mais hélas sans succès… Et c’est toujours avec les mêmes questions dans la tête que Terry se rendait au cimetière pour tenir compagnie à son frère.
Un jour, il finit même par s’endormir sur la tombe d’Alex. Et au petit matin, il fut réveillé par des cris d’effroi. Le fossoyeur était là devant lui et le pointait du doigt comme s’il était une créature du diable. Terry ne comprit pas tout de suite pourquoi ce gars lui hurlait dessus. Depuis le temps qu’il venait ici, il devait commencer à le connaître ! Mais cet homme continuait de crier.

_ Va-t’en d’ici le mutant !

Terry voulut alors le rassurer, lui montrer que c’était bien lui, mais quand il tendit son bras vers l’homme du cimetière, il eut un hoquet d’horreur. Ce n’était plus son bras, ou du moins cela n’y ressemblait pas du tout ! Son membre avait pris une couleur gris pierre et sa peau était devenue toute bizarre. Il regarda son autre bras et constata que le même phénomène s’était produit. De plus, maintenant qu’il y faisait attention, ses cheveux lui semblèrent bizarres. Il passa sa main sur sa tête et sentit comme une espèce de…crête ?

* mais qu’est-ce qu’il m’arrive ?*

Apparemment, le fossoyeur n’avait pas l’air de comprendre que Terry ignorait complètement ce qui lui arrivait. Il le regardait complètement terrifié. C’est quand il commença à le menacer avec sa pelle, que le jeune garçon décida de s’en aller, à contre cœur. Il n’aimait pas quitter le cimetière sans dire au revoir à son frère.
Le mutant, puisqu’il en était bien un à présent (même s’il se refusait à le croire), c’était l’évidence même - la peau ne change de couleur comme ça sans raison-, se mit à courir à travers la ville pour rentrer le plus vite possible chez lui. Il ne savait pas encore quel accueil ses parents lui réserveraient, mais pour l’instant il était à 100 lieues d’y penser. Il était complètement perdu, affolé et paniqué. Apprendre d’une façon aussi brutale que vous êtes un mutant aurait de quoi en chambouler plus d’un ! Et il se préoccupait plutôt de tous ces regards qui se plantèrent sur lui tandis qu’il avançait. Il ne comprit pas tout de suite pourquoi, mais quand il passa devant une vitrine, il ne put que constater par lui-même l’hideuse image que lui renvoyait la vitre. Il ne se reconnaissait plus ! Ou donc avait disparu son si joli reflet ? On aurait dit que sa peau était comme instable, qu’elle n’arrivait pas à fixer une couleur pour de bon. Cela donnait l’impression que les couleurs voyageaient sur le corps de Terry par vagues totalement irrégulière. Et puis ses cheveux et ses yeux… quelle horreur ! C’était assez impressionnant et terrifiant à la fois. Pas étonnant que tous les badauds se retournaient sur lui ! Accepter cette nouvelle apparence physique fut d’ailleurs très dur pour Terry. Heureusement que sa transformation était réversible…
Quand il arriva enfin chez lui, la situation ne s’était guère arrangée. Et s’il avait su ce qu’il l’attendait, il ne saurait probablement jamais revenu chez lui ! Il avait à peine fermé la porte derrière lui que son père et sa mère arrivèrent dans le hall. Celle-ci d’abord effrayée se mit à hurler.

_ Maman, c’est moi, Terry ! tenta-t-il pour la rassurer

A ces paroles, Laura Greyffits se tut. Surprise et horrifiée. Elle ne pouvait pas le croire ! Ce ne pouvait pas être vrai ! Son propre fils, un mutant ! Non, non, non ! Pas après la mort d’Alex. Cela n’était pas juste ! Pourquoi, bon dieu pourquoi ? Elle ne comprenait pas pourquoi on prenait plaisir à s’acharner ainsi sur sa famille. Mais elle n’eut pas le temps de se lamenter plus longtemps. A côté d’elle, son mari intervint :

_ Alors toi aussi, tu es l’un des leur…

Une phrase. Une seule. Mais qui voulait tout dire… Sans le savoir, Richard Nohlann venait de briser le lien qui unissait Terry à sa famille ! Ce n’était pas de la colère que l’on sentait dans sa voix mais plutôt de la déception. Lui non plus ne pouvait pas accepter l’idée que son propre sang ait pu donné naissance à un mutant de plus sur cette planète. Surtout après que son plus jeune fils ait été tué par un être de cette race. Terry ne sut même pas se défendre ni essayer de leur expliquer qu’il n’y était absolument pour rien.

_ Mais Papa je…

Sa mère sanglotait dans son coin. Secouée de spasmes, elle était incapable de s’arrêter.

_ Tais-toi ! Tu n’es plus mon fils ! Va-t’en, tu n’es plus chez toi ici !

Sa voix était dure, sèche, cassante et sans émotion. Ses paroles, aucun enfant ne voudraient les entendre de la voix de ses propres parents…
Un déchirement. Une envie de mourir sur le champ. Rejoindre son frère. Etre heureux. Arrêter de souffrir. C’est tout ce que ressentit Terry quand il fit demi tour, le cœur en bannière, et sortit de la maison qui l’avait vu grandir jusqu’à aujourd’hui.
Il ne dit même pas au revoir à ses parents. Il savait que de toute façon ils ne lui rendraient pas son geste. Et il partit. Il ne savait pas où mais loin d’ici où on le considérait maintenant comme un monstre…

La seule explication logique de la manifestation de son pouvoir est la suivante : Terry profondément affecté par la mort de son frère ne se sentait bien qu’en sa présence. C’est pourquoi il allait tous les jours au cimetière. Et une nuit en s’endormant, il s’est sentit tellement bien, là sur la pierre tombale, que son pouvoir s’est réveillé naturellement. En prenant la couleur du seul obstacle qui le séparait encore de son frère, c’est comme si d’une certaine façon, il s’en était rapproché…

Après avoir durement encaissé la réaction de ses parents, Terry se rendit une dernière fois sur la tombe de son frère. Là où tout avait commencé. Et il y déposa un énorme bouquet de roses blanches. Ensuite, il quitta l’Angleterre. Il ne savait pas très bien où aller. Aussi, il monta dans un avion au hasard et quelques heures plus tard, il atterrit en Amérique. Terre d’accueil, paraît-il. Il verrait bien si ce dicton s’avérerait être juste ou non. Il choisit de se rendre à Boston. Pourquoi ? Car c’était la première ville qu’il vit sur la carte et parce que d’après ce qu’il avait entendu dans l’avion, cette ville regorgeait d’une importante population de mutants à cause de deux lieux précis, l’Institut et la Confrérie. Il n’en connaissait aucun des deux, mais il décida qu’il irait y faire un tour un jour ou l’autre. Mais il n’était pas pressé…
Un soir, alors qu’il était en train de boire un verre, il assista à une bagarre entre des humains et plusieurs mutants dans un bar. Cela dégénéra vite et Terry estima qu’il était préférable de faire semblant de rien. Quand le groupe de mutants sortit du bar, il les suivit discrètement et les entendit parler de la Confrérie. A les entendre, leur propos avaient l’air de correspondre à ce que recherchait Terry. Il ne pouvait pas rester seul dans son coin indéfiniment. Terry avait mit du temps avant de se remettre de la mort de on frère. Alex et lui partageaient un lien encore plus fort que fraternel. C’était une relation fusionnelle. Jamais l’un sans l’autre. Ils s’en étaient fait la promesse. Et aujourd'hui, il devrait vivre avec ce vide en permanence. Tout était bon pour ne pas rester plonger dans la solitude plus longtemps. C’est ainsi qu’il choisit son camp. Lui aussi irait là-bas.

C’est ainsi que Terry se présenta sur le seuil de la Confrérie quelques jours plus tard. Il y fut chaleureusement accueilli par le vieux majordome de la maison. Et très vite, Terry se prit d’amitié pour le vieil homme, malgré quelques divergences au niveau culinaire. De nature plutôt sympathique, le jeune homme se lia d’amitié bien vite avec les autres pensionnaires et pour la première fois depuis longtemps, il se fit de vrais amis. Mais malheureusement, il ne séjourna pas longtemps là-bas. En effet, les jours de la Confrérie étaient comptés. Tout comme les mutants vivants à Boston, Terry se souvient du Nouvel An 2031 et des évènements qui s’y déroulèrent. La moitié des mutants de la ville avaient pété les plombs sous le contrôle d’un mutant mégalo. Terry, aidé de quelques mutants confréristes restés sains d’esprit et même de l’Institut parvint à calmer les mutants fous. Mais à cause de cette folie collective, Boston subit de graves dégâts. Mais ce n’était encore rien face au sort qui attendait la Confrérie et l’Institut. A la fin du mois de janvier, le gouvernement ordonna un assaut simultané sur les deux communautés. Cela les anéantis.

Terry ne dut la vie sauve qu’à un miracle. Quelques jours après le nouvel an, Malaïka avait refait surface après plusieurs jours sans donner de nouvelles. Après d’émouvantes retrouvailles, les jeunes gens s’étaient beaucoup rapprochés jusqu’à ne plus se quitter. Et alors qu’ils passaient la soirée ensemble, la Confrérie, à l’autre bout de la ville se faisait anéantir. Ce n’est qu’au petit matin qu’ils apprirent la nouvelle. Terry était anéanti et fou de rage, ce qui n’était pas peu dire quand on savait que ce jeune homme s’énervait rarement. Dans le chaos général qui régnait en ville, ils se séparèrent après avoir contemplé les ruines de la Confrérie, chacun devant s’assurer que leurs amis respectifs s’en étaient sortis. A cet instant, Terry ne se doutait pas encore qu’il ne reverrait jamais Malaïka. La jeune fille disparut et il n’eut plus jamais de nouvelles. Il l’a cru morte et en eut le cœur brisé. Et pour ne rien arranger, après avoir fouillé la ville de fond en comble pendant plusieurs jours, il ne trouva aucune trace de ses amis, Tsipora, Jack et de Zéphyr

Mais il ne pouvait s’attarder plus à Boston. L’Amérique était à présent un endroit à éviter pour un mutant. Pour passer inaperçu, il se servait de son pouvoir (auquel pour la première fois de sa vie, il trouva une utilité) et il rasait les murs, mais il avait la sensation permanente et désagréable d’être poursuivi par des yeux invisibles. Terry n’ayant plus rien pour le retenir, il quitta le pays pour retourner dans un premier temps à Londres. Même s’il savait que son père ne changerait jamais d’avis sur lui, une petite part au fond de lui espérait encore le contraire. Hélas, à son retour, le comportement de son père envers les mutants n’avait pas changé et il ne voulut même pas lui adresser la parole. Seule sa mère l’accueillit, seulement parce qu’elle se sentait coupable de l’avoir abandonné, effrayée par le jugement de son mari. Mais Terry ne pouvait plus vivre sous le même toit qu’eux, trop de choses les séparaient à présent. Ainsi, il quitta pour la deuxième fois la demeure familiale, mais cette fois, il savait qu’il n’y reviendrait pas et son cœur s’en sentait plus léger.

A partir de ce moment-là, Terry voyagea beaucoup, il ne restait jamais très longtemps au même endroit, par mesure de sécurité. C’est d’ailleurs au cours de ses voyages quelques années plus tard qu’il retrouva ses amis, Jack et Zéphyr. Il retrouva en premier Zéphyr, en France. Il constata ravi que Zéphyr avait à présent une belle famille dont il était très fier. Et il accepta avec honneur d’être le parrain d’Ethan, le fils aîné de Zéphyr. Terry continuait de bouger mais il avait à présent un nouveau point d’attache dans la demeure de ses amis. Dans ce monde devenu fou, il avait retrouvé un peu de bonheur au travers de la joie qui régnait dans cette maison. Hélas, une fois encore, les choses tournèrent mal. Quelques temps après la naissance de leur fille, la femme de Zéphyr, mourut d’un cancer. Terry comprit vite qu’elle en était la raison. Amélie avait toujours été en bonne santé. La seule et unique chose qui l’avait rendue malade était ce maudit vaccin auquel elle avait eu droit de force et auquel Terry avait échappé de justesse. Cette nouvelle disparition raviva de vieilles rancunes dans l’esprit de Terry. Il avait entendu certaines choses. Des rumeurs courraient outre-atlantique que les mutants voulaient refaire surface au Canada. Il quitta donc la France en promettant à Zéphyr qu’il reviendrait très vite et en chargeant Ethan de veiller sur son père. Son ami ne pouvant pas rester seul après le drame qu’il venait de vivre.

Terry débarqua au Canada quelques jours plus tard et après quelques recherches discrètes il trouva vite les renseignements qu’il était venu chercher. Il retrouva même une vieille connaissance de la Confrérie et il comprit que c’était cette personne qui, dans l’ombre, remuait ciel et terre pour faire renaître la Confrérie. Leur Confrérie. Kenjiss était loin d’avoir dit son dernier mot. Après leurs retrouvailles, les deux mutants échangèrent bon nombre d’informations et ils firent le point sur la situation. Terry lui assura qu’il aurait tout son soutien et qu’il reviendrait bientôt pour ouvrir lui-même les portes de la nouvelle Confrérie.

Le jeune homme débarqua en France et se précipita auprès de son ami pour lui annoncer cette grande nouvelle. Loin de précipiter le deuil de sa femme, elle eut au moins le mérite d’enterrer pour un temps la tristesse de son ami et lui donner la force nécessaire pour s’apprêter une fois de plus à changer de vie. Il ne fallut pas plus d’une semaine pour que la petite famille Gehin et Terry débarque au Canada auprès de Kenjiss. Ils étaient tous prêts. La Confrérie s’était tue depuis trop longtemps, il était temps de la réveiller et secouer le monde avec ses nouveaux idéaux apparents.

La Confrérie Moderne vit le jour quelques mois plus tard et comme par le passé, il ne fallut pas longtemps pour qu’elle accueille à nouveau des jeunes mutants en quête de repères. Terry de son côté y élut domicile et afin de pouvoir garder un œil sur la jeune population de Vancouver, mutante ou non, il ouvrit un bar dans le centre ville. N’ayant jamais terminé ses études comme Zéphyr, il n’avait comme bagage que ces quelques mois de travail en tant que barman par ci par là durant sa jeunesse. Une remise de commerce et l’argent qu’il avait encore de sa famille avait suffit au reste. Aujourd’hui, son bar est assez connu et réputé parmi les jeunes de la ville. Ce qu’ils ignorent en revanche, c’est que pour les mutants, c’est un point de passage. Un repère, un endroit où on peut les recruter pour qu’ils puissent s’installer à la Confrérie. Et aussi une de caisses qui finance la Confrérie Moderne…