Bump, bump, bump, Une boule de lumière elastique rebondissait en tout sens. Entre les barres d'immeubles de manhattan, Jimmy rebondissait follement. Une bille de flipper balancée à cent à l'heure. Sur le toit d'un gratte ciel, il se dépêcha d'attenuer les rebonds jusqu'à voir disparaître la bulle de protection. Des semaines qu'il cherchait un moyen de quitter les USA, son procès se rapprochait, il craignait que quelqu'un ne découvre son pouvoir. Sa vie avait basculer et dans le climat local, Jim sentait que l'étau se resserrait. Il avait choisi cet immeuble parce qu'il abritait des bureaux de fonctionnaires. Une annexe des états civils de la ville de new York, se dissimulait là, la gigantesque mégalopole ne parvenait plus à assumer toute sa paperasse dans la structure mère. De plus en plus, des bureau de sous traitance, des simples décentralisations échouaient loin du réseau mère. Des trouées dans la trame de l'information par lesquelles, on trouvait des entrées faciles pour un joueur tel que Gornt.

18 ans, un bouc laborieux et et un duvet troué tout autour, Jim, n'avait rien l'air de moins qun des milliers de voyoux qui hantaient les mauvais quartiers de la grosse pomme. En ce moment, il travaillait comme livreur indépendant pour une société de messagerie et de colis privée. Le monde était ainsi que plus personne ne faisait confiance aux structures de bases. Les postes, services publics et autres, disparaisssaient au profil d'entreprises privées performantes qui annonçaient sécurité et coût en dessous de tout. Quant à savoir si l'un valait l'autre, cela ne rentrait pas dans les prérogatives de James Gornt. Il tachait juste de survivre.

Midi sonnait à l'église du quartier, un carillon qui jouait l'avé maria. Les employés quittait leurs bureaux. Jim s'introduisit discrètement par la porte du toit. Depuis les dernières lois anti tabacs dans la rue, les compulsifs venaient se soulager à ciel ouvert. Les sécurités fermaient les yeux et coupaient les alarmes. De toute façon qui aurait pu passer par le toit d'un building de 50 étages. Bumper se glissa dans l'immeuble quasi vide, direct vers l'annexe Etat civil. Ilpénétra au 34 ème étage dans une grande salle séparée en box. Il évita soigneusement les bureaux fermés ou les sécus étaient renforcées, et se mit au travail tout de suite. Malgré les interdits et les averrtissement quel humain normal aurait réussi à retenir la quarantaine de codes, numéro persos et autres ?

Jim ricana en découvrant dans l'agenda d'une pauvre secrétaire de base. sur la tablette à côté de l'ordi, il y avait une photo de famille d'une brave dame à lunette un peu grosse avec ses deux enfants. Gornt lui envoya un baiser silencieux. Sur la première page de l'agenda en lettre grasse, tous les codes de la pauvre fille à la cervelle de moineau, dont le plus important, celui du réseau intranet d'état civil. Lorsque l'état avait décidé de centraliser toutes les données privées, depuis la santé jusqu'au judiciaire dans les fichiers d'état civil, on avait beaucoup gagné en temps. Le seul soucis, c'est que le réseau était privé d'où l'intrusion de Bumper. En tapant le code pro de la dame, Bumper jubilait. Il évita les dossiers médicaux, sociaux pour se diriger directement vers le judiciaire. Son nom jaillit en lettre d'or sur l'écran.

" James Gornt : Deux dossiers en cours "

Il eut un sursaut. Pas tout à fait ce qu'il attendait. il cliqua sur le premier dossier. "Procès pour cambriolage."
Rien dans le dossier ne le surprit vraiment, jusqu'en bas de la dernière page.

Objet : convocation au tribunal.
Instruction : Juge Bower
Enquête : Inspecteur Fletcher, 7ème district
Sur Indication d'un témoin secret, James Gornt est convoqué pour répondre de trois attentats anti gouvernementaux. Ordre de se saisir du suspect.

Un soupçon de trouille envahissait notre hacker. Aucune autre information que ce résumé laconique. Il tapa le nom du juge Bower et ne le trouva nulle part dans la base civile. Quant à celui de fletcher ? Le sigle secret défense clignota sur l'écran comme un aveu de son impuissance. Pire lorsqu'il voulu cliquer sur le deuxième dossier judiciaire à son nom, Bumper obtint un : Niveau d'accrédiation insuffisant. Le signal déclancha une peur bleue à notre jeune ami. D'une part, il riquait d'avoir déclencher une action de repérage, d'autre part, le citoyen James Gornt sentait la corde se resserrer autour de son cou.

Il se tailla vite fait san attendre. Retour sur les toits, trouille et paranoia au maximum. Jim savait désormais qu'il n'était plus le bienvenue à New York, USA. Quoi que les types du gouvernement tiennent sur lui, Il avaient décidé de lui faire la peau. il n'aurait plus manqué qu'ils aient découvert sa mutation. il gémit entre ses dents, paniqué.

" Bon dieu, faut vraiment que je me taille de ce pays. "

Devant lui, du haut du toit, s'étendait New-York. La ville de tous les possibles. La plus belle citée du monde, l'endroit où il était né, la seule chose qui le rendait fier en dehors de son pouvoir !!! Il savait qu'il allait devoir la quitter. Il se jeta dans le vide et partit en rebond successifs...

(A suivre...)

… Jim marchait dans la rue, un adolescent parmi tant d’autres dans les rues de NY. Il avait enfilé une veste kaki du genre vieux surplus militaire. Dégingandé, un sourire ironique en travers de son visage glabre, il était peut-être recherché en ce moment même, mais, cela ne l’inquiétait pas encore. Dans cette mégalopole délirante, il ne risquait rien tant que les flics ne lui faisait pas le coup du contrôle de routine. Il portait un affreux sac en toile sur l’épaule et c‘était là tout ce qu‘il possédait, des fringues de rechange, sa bécane portable et une vieille paire de basket dont le fumet révélait qu‘elle n‘avait que trop servi. Le seul truc de valeur, c’était son ordi, une toute petite machine, mais surboostée, qu’il avait trouvé au marché noir.
Il s’installa sur la terrasse du premier fast food sur sa route. Le quartier était bondé, et personne ne faisait attention à ce jeune étudiant un peu crasseux plongé dans l’écran de sa machine. Il fallait à tout prix qu’il se tire de ce foutu pays, mais question argent, papiers, ou pied à terre ailleurs qu’à NY, il était à sec d’idée et de moyen. En surfant sur le web, il tomba sur un truc intéressant, pourtant, glaner des infos sur les mutants n‘avait rien d‘évident dans ce pays. Il fallait utiliser des moteurs temporaires de recherches qui disparaissaient aussitôt repérés pour renaître ailleurs. Certain mots, comme :mutant ne devaient jamais être utilisés sous peine de voir la surveillance du réseau s mettre en branle. Mais, Jim s’y connaissait en ruse de sioux pour contourner tout ça.

Il tomba sur un extrait de la conférence des mutants de Vancouver. Sur les infos anglaises, on parlait d’un nouvel Institut. Ca voulait dire qu’il y avait encore des points de chutes pour les mutants comme avant 2031. Mais, c’était difficile d’admettre qu’il cherchait un endroit où se sentir en sécurité. Depuis, sept ans qu’il n’en faisait qu’à sa tête, se débrouillait tout seul, il se voyait mal aller pleurnicher à la porte de n‘importe qui. On parlait aussi de réseaux, de groupuscules, des gens qui ne voulait ni être d’un côté ou de l’autre. Quant à savoir la différence entre les deux clans, Bumper était bien trop jeune pour en comprendre quoi que ce soit. Même si, il avait compris que certains avaient visiblement peur des membres de la confrérie.

Il tournait en rond ! Rien des infos minimums qu’il obtenait ne lui laissait une véritable marge de manœuvre. Il pris son téléphone cellulaire, un appareil qui n’existait nulle part, et qui lui avait coûté plus cher que son ordi, signal indétectable, passant et repassant par trente deux satellites, de quoi filer le tournis à n’importe quel traceur. Le seul souci, c’est qu’il fallait attendre quasi 1 mn avant d’obtenir toute communication. Une seule sonnerie, Garfield vivait vautré dans un canapé avec un teléphone et une quinzaine de bécane qui turbinaient en permanence. Sa voix rauque et trainante.

- Ouais ?
- Garf, c’est Bump. Si, tu voulais entrer en contact avec des spéciaux ?

On ne connaissait Jim que sous le nom de Bump chez les hackers. Dans la catégorie hack, Garfield était un roi alors pourquoi tourner autour du pot ? Jim n’avait de contact avec ce type que lorsqu’il avait besoin de quelque chose.

- Le jour où t’utiliseras une formule de politesse toi ? Un bonjour, ça ne fait pas mal au cul, merde !

Garf avait ses manières, mais il ne traina pas, le nombre d‘info de ce mec dépassait tout ce qui se faisait même dans les services secrets.

- … J’ai entendu dire qu’il y a un tableau noir sur un site dédié à un village vacance sur une île de sable blanc. N’importe qui peut y laisser un mot, mais, si on commence par Esméralda, parait que ça fait rebond dans la plupart des clubs Spéciaux…

Jim manqua de sauter sur place à la nouvelle. Il demanda.

- Mais, tu sais qui reçoit le mot ? Non, parce que les Spéciaux…

L’autre ricana sur la ligne, et son rire ressemblait à une vieille guimauve molle.

- Je crois qu’en fait c’est un forum libre, et qu’un peu tous les gens de ce genre y passe. Le truc finira bien par fermer, mais, ils ouvriront ailleurs. Remarque, le village vacance a l’air sympa aussi. Mais, y a eu un cyclone, y a deux de ça et je crois pas qu’il reste rien de vivant là-bas. Pourquoi t’as des amis Spéciaux ?

Bumper grimaça. Qu’est-ce qu’il allait bien déclencher en laissant un mot sur le site ? Il éluda la question de Garfield par une autre tout aussi pertinente.

- Et si tu cherchais des papiers valides et valables ?

Un silence à l’autre bout, Garf toussa.

- Putain, là c’est toi qui est dans la merde. Ca vaut une fortune, Bump ! Dix à trente milles dollars, si tu cherches la sécurité !

- Dis, Garf ? Tu te rappelles le coup de Infinity Corporation ?

De son côté, James Gornt, 18 ans, mal rasé et tendu, guettait maintenant avec appréhension la réaction de Garfield. Un long temps passa sans que rien ne vienne que le souffle lourd de Garfield, enfin le hacker marmonna.

- Je veux rien savoir ! Passe dans deux heures, t’auras ce qu’il te faut, mais fais gaffe, tu es en dette.

Jim exulta, mais, il se contenta d’un…

- Je sais, Garf, je sais.

La suite ? James se dévora un menu Big double Giant en jubilant. Puis, il retourna à son écran et ne mit pas plus de cinq minutes pour découvrir le fameux site. Une minute pour composer son message. Cela donnait :

« Esmeralda !!! New York n’est plus ce qu’elle était, je serais à la gare routière de Vancouver, dans quelques heures. Je suis seul, perdu, tu me manques ! Je tiendrais un carton avec écrit dessus : Mister Brown, NY»

Fier de lui, Jimmy referma l’écran. Il ne lui restait pas beaucoup de temps pour tout faire. Il disposait de 50 dollars, d’un sac plein de vide, et il devait réussir à prendre un billet pour Vancouver. Les voyages en vol dans sa situation, hors de question ! La police des airs veillait. Le train ? Les gares subissaient le plan anti mutant. Si le car avait bien changé en 2051, il restait qu’il était un moyen plus lent et beaucoup moins surveillé que les autres. Mais avec 50 dollars ! Un coup de chance à la gare routière lui sauva la mise. Pour 10 dollars, l’état offrait des voyages vers le Mexique ou le Canada dans le cadre d’échanges étudiants et tout ça sans rien de nominatif. La brave dame derrière le bureau lui souhaita bon voyage. James Gornt allait vraiment s’en sortir, du moins, il commençait à le croire. Mais, vrai ! Il quittait New York, le centre du monde, et pour aller où ? Il en avait des larmes aux yeux.

Chez Garf, il faillit chialer comme un môme. Bon dieu, il quittait son univers pour un inconnu qu’il imaginait déjà sordide, et merdeux loin de la plus grande ville du monde. Le géant maigre à la limite de l’anorexie qui vivait vautré dans son canapé avait un étrange regard voilé. Jim savait que le hacker ne faisait rentrer presque personne chez lui. Garfield donna l’enveloppe sans rien dire, mais, le solitaire maladif avait compris déjà trop de choses. Il ne dit pas grand-chose avant qu’ils se quittent. Pourtant :

-Démerde toi Bump ! Et file moi de tes nouvelles ! Merde, les Spéciaux, c’est pas cool.

Il parlait comme il écrivait sur le réseau. Jim se marra mais son sourire s’était effacé. Ils se quittèrent sans un geste ni contact. Pourtant, Bump savait que s’il avait eut un lien avec une personne tout au long de ces années, c’était bien le côté grand frère de Garf.

Moins d’une heure après, il se trouvait dans un car ultra rapide, en direction de la frontière du Canada. La vie s’ouvrait devant le jeune mutant, ais rarement, il avait autant senti le lien se briser…

(La suite à vancouver...)