Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 7 Aoû 2011 - 1:10
Elle savait que Samarah lui poserait la question sans le moindre tact, elle s’y était préparée en attendant son réveil. Non pas qu’elle désirait lui nuire, seulement, son amie n’était pas vraiment réputée pour dire les choses enrobées d’une couche de miel afin de ne pas heurter les âmes sensibles. Sa main se crispa dans celle de la mutante. Mais elle ne répondit pas tout de suite. Elle continua de l’observer, tandis qu’Aisling caressait la joue de la mutante. Elle inspira profondément, pour trouver ses mots.
"Tu… tu… es restée dans le coma plusieurs jours. Il… il s’est passé beaucoup de choses… "
Il fallut néanmoins peu de temps pour que ses larmes l’emportent sur sa volonté et c’est d’une voix cassée, parcourue de sanglots qu’elle annonça l’imprononçable à son amie d’enfance.
"Ils me l’ont pris, Sam’… ils l’ont tué… Kenjiss est mort"
June aurait préféré s’arracher le cœur plutôt que de devoir prononcer ces horribles mots elle-même. Comme si le fait d’avoir du affronter la terrible vérité, d’entendre ces mots sortirent de sa propre bouche lui permit enfin de réaliser les conséquences que cette disparition impliquaient, l’humaine se laissa tomber sur la chaise que Virginie avait apportée juste à temps. Effondrée.
Alors seulement, la future mère reprit pied dans la réalité de plein fouet. Cela faisait deux semaines que sa vie s’était arrêtée, à pleurer le jour et veiller la nuit. Une existence en suspens. C’est tel un automate, presque un zombie ambulant dans le déni le plus total, qu’elle s’était rendue à l’enterrement du mutant. Elle avait refusé d’y croire. Aujourd’hui, elle savait. Elle avait compris qu’il ne reviendrait pas. Mais l’humaine n’était pas prête d’accepter de faire son deuil…
Dans son dos, elle entendit les paroles de Virginie et de Léon. Bien sûr, ils étaient soulagés que Samarah leur soit enfin revenue mais… L’humaine se crispa. Pour la première fois depuis le début de leur collaboration, l'humaine n'était pas d'accord avec Virginie.
"Je ne veux pas que vous fassiez une fête" déclara soudain June
La future mère releva la tête et accrocha enfin le regard de Virginie alors qu’elle l’évitait soigneusement depuis que… Indéniablement, quelque chose d’infime avait changé derrière ses larmes. Il reflétait déjà toute l’amertume et la colère que June n’était pas encore capable d’exprimer pleinement à cause de son chagrin.
"Vous ne comprenez pas ?" interrogea-t-elle presque agressive.
Après la tristesse, la haine enfin s’infiltrait lentement dans le cœur de l’humaine
"Il n’y a rien à fêter. Strictement rien ! Sam’ s’est réveillée, oui. Mais à quel prix, hein ? A QUEL PRIX !?" répéta-t-elle d’une voix où pointait la colère
Elle reporta son attention sur son amie. Son corps brûlé, criant de maigreur, ses yeux sombres encore lointains… Et un fils qui ne connaitrait jamais son père, tel était le prix. A son tour, elle caressa doucement la joue de la mutante avec son autre main
"De toute façon, Aisling a raison. Sam’ a besoin de calme. Il faut qu’elle se repose. Il est hors de question de faire du bruit et de mettre le manoir sans dessus dessous… Le Dr Velasquez a été très claire à ce sujet."
Alors qu’elle n’avait pas hésité une seconde à contredire les conseils de la femme-médecin concernant la sécurité de sa grossesse pour se rendre à l’enterrement de Kenjiss, June veillerait personnellement à ce que rien n’entrave le rétablissement de son amie. Et cette décision prenait effet immédiatement ! Faites comme je dis et pas comme je fais…
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 7 Aoû 2011 - 10:41
Léon s’était sans doute un peu trop précipité lorsqu’il avait répondu à l’interrogation de Sam’. Il n’avait pas pensé que l’esprit de cette dernière fonctionnait toujours au ralenti et qu’un flux d’informations déjà assez difficile à digérer en temps normal, ne lui ferait aucun bien en plus de lui encombrer la tête inutilement. Aisling le lui avait fait comprendre, un peu tardivement cependant. Une pensée traversa à cet instant l’esprit du mutant, où il vit les rôles de Sam’ et d’Aisling s’inverser. En temps normal, la première était la protectrice et la seconde la protégée,au même titre que tous les autres pensionnaires de l’Institut voire un peu plus dû au lien qu’elles partageaient, mais aujourd’hui, la fille O’Hegarty se conduisait comme une mère protégeant son enfant, en ce qui concernait Samarah et son état de santé. Cela était visible dans les petits gestes d’affection qu’elle distribuait à la malade. Et il y avait June également. L’humaine était probablement la personne la plus proche que Sam’ pouvait avoir et leur relation était plus profonde que toutes celles que la Cerbère pouvait entretenir au sein de cet Institut. Loin de sentir exclu par ce moment de retrouvailles, Léon avait jugé bon de se reculer un peu afin de laisser l’intimité nécessaire aux dames.
A ses côtés, Virginie approuvait ses propos et la demoiselle tenta même de convaincre l’ancien directeur de donner son accord pour une soirée de célébration. Et alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche afin de donner son verdict, June qui les avait probablement entendu discuter, posa son veto. A cet instant, la réalité frappa la tête de Léon de plein fouet et le mutant se mordit les doigts d’avoir oublié de prendre en considération les sentiments de l’humaine qu’ils hébergeaient sous leur toit. Dans l’allégresse d’avoir retrouvé leur amie, l’asiatique en avait complètement oublié qu’ils avaient dit au revoir à une personne chère dans le cœur de June. Cet événement avait arraché sa moitié à la jeune femme qui attendait un enfant. Léon ne savait plus très bien où se mettre. Il se rapprocha du lit afin de s’excuser auprès de la jeune humaine.
« Je suis désolé June. Je n’avais pas pensé à ce que tu… à l’état de santé de Sam. Tu as raison, notre amie ici présente est encore faible et elle a besoin de silence pour se remettre. De plus si le docteur Velasquez a été claire sur ce point, je n’ai pas mon mot à dire. Il n’y aura pas de fête au manoir. »
Le mutant posa ensuite son regard sur le visage de Sam’ et un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il lui dit :
« Je vais devoir vous laisser. J’ai encore pas mal de travail qui m’attend, Koyuki est assez débordée et je lui ai proposé mon aide. De toute façon, je te laisse entre de bonnes mains Sam’. Je repasserai dans la journée et si par hasard, tu avais besoin de moi, tu n’auras qu’à me faire appeler. Repose-toi bien. Aisling, June, je vous confie notre amie ici.»
Cette dernière phrase était sans doute inutile mais tant pis. Après avoir jeté un dernier regard aux demoiselles qui se tenaient près du lit, Léon sortit de la chambre à la suite de Virginie. Ils firent quelques pas afin de s’éloigner de la chambre et d’être ainsi hors de portée des oreilles des personnes qui s’y trouvaient actuellement. Lorsqu’il estimait être suffisamment loin, Léon arrêta Viriginie quelques secondes le temps de mettre quelques petites choses au clair. Ses yeux brillaient d’un air malicieux et si l’on connaissait un tant soit peu l’asiatique, on pouvait légitiment penser qu’il devait préparer un mauvais coup
« Je pense que tu as entendu June. Dans sa tête, le réveil de Sam’ est indissociable de la mort de Kenjiss et je pense qu’aucune bonne nouvelle ne pourrait changer ça. Elle a encore trop de rancœur en elle mais je la comprends, enfin je crois. Il est donc bien évidemment hors de question de faire la fête au manoir, elle a été très claire là-dessus. Cependant…. Si tu souhaites toujours fêter cette bonne nouvelle avec les pensionnaires, il y a toujours la possibilité d’organiser un petit quelque chose en ville. Je te laisse t’en occuper. Ne te préoccupe pas des dépenses, je prendrai tout à ma charge. Je te dois bien ça pour avoir tiré notre amie des griffes de la mort. »
Aisling O'Hegarty
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 7 Aoû 2011 - 15:04
Il y avait des moments, ou une situation pouvait parfois passer d’un extrême à l’autre… De la joie à la tristesse… Du bonheur au malheur… De l’amour à la haine… Le genre de situation que finalement tous redoutait, tant son apparition se faisait sans laisser le moindre signe avant-coureur nous avertir que quelque chose n’allait pas dans la situation actuelle. C’était des moments qui nous tombait dessus tel le couperet effilés d’une guillotine se jetant avidement contre le cou du malheureux condamné, des moments que l’on savait pourtant être en mesure de prévenir, mais qui pourtant nous échappaient toujours jusqu’à ce que nous ne puissions plus rien faire pour l’es éviter. Aisling se demandait bien souvent comment on pouvait passer de l’un de ces extrêmes à l’autre, alors que rien ne nous y prédisposait…
C’est malheureusement ce qu’il se passa dans cette chambre ou reposait la directrice de l’institut, qui venait à peine de s’éveiller d’un long sommeil de plusieurs semaines. Bien entendu, en l’occurrence ce n’était la faute de personne en particulier. L’adolescente avait remarqué que, généralement, c’était l’égoïsme primaire inhérent à la nature humaine, qui était la cause de ces brusques revirement que l’on attendais jamais vraiment. Dans les faits, la joie du retour de Samarah avait fait oublié à Virginie et à Léon, le pourquoi du comment de cet état comateux, ainsi que les conséquences dramatiques que ce retour avait eu… Car même si Aisling n’était peut-être pas encore considérée comme une adulte à part entière, elle savait néanmoins parfaitement que pour chaque chose, il y avait fatalement un prix à payer et que le bonheur des uns ne pouvait se construire que sur le malheur des autres… C’était une loi sans doute universelle et certainement aussi vieille que le monde lui même. D’ailleurs, cette vérité ne s’appliquait-elle pas déjà à sa mère et à elle-même.. ? Est-ce que, pour préserver le bonheur de sa tendre génitrice, l’adolescente n’avait-elle pas décidé de garder pour elle ce qui aurait pu l’anéantir en l’espace d’un instant.. ? Comme dans toute chose dans cette univers, il y avait un équilibre auquel nul ne pouvait prétendre échapper.
Tandis que June projetait sa colère et sa peine contre certainement toutes les personnes présentes dans la chambre, Aisling préféra garder le silence tout en continuant de veiller avec tendresse sur la télépathe allongée dans son lit. Son regard plongea dans le sien, affichant un sourire comme pour la rassurer et lui faire comprendre qu’elle n’avait pas à s’en faire. Machinalement, elle lui caressa le revers de la main dans un léger mouvement d’aller et retour du pouce. Il était difficile d’en vouloir à June en vérité… Car après tout et même si son cher et tendre était un mutant quoi avait causé bien des désagrément à l’institut avec sa confrérie, elle l’aimait visiblement… Elle l’aimait et cet amour, aussi absurde que finalement insensé, avait fini par donné naissance à un petit être encore en pleine gestation dans le ventre de la jeune femme. Etait-ce un bien.. ? Etait-ce un mal.. ? Peu importe, ce qui avait était fait là ne pouvait être défait.
Après que Léon se soit passablement excusé de son empressement à expliquer la situation à Samarah sans tenir compte de son tout récent éveil, une maladresse certaine, bien que très certainement involontaire, Aisling n’en doutait pas un seul instant, Il tenta de rattraper la situation du mieux qu’il le pouvait, exprimant son désaccord vis-à-vis de la fête que Virginie aurait bien aimé mettre en place afin de fêter à sa juste valeur le réveil de leur directrice. Une manière comme une autre de se faire pardonner de leur égoïsme bien légitime du à sa joie de voir son amie enfin réveillée, avant de finalement suivre le chemin de Virginie et de quitter la chambre tout en enjoignant June et l’adolescente, toute deux accrochée aux mains de Samarah, de bien prendre soin d’elle et de le prévenir en cas de besoin.
D’un hochement de la tête, Aisling lui répondit positivement. Effectivement, il avait sans doute mieux à faire en tant que dirigeant intérimaire de l’institut, que de rester ainsi au chevet de celle qu’il remplaçait. Puis, son regard alla de Samarah à June à qui elle sourit timidement, avant de reporter son attention sur la mutante affaiblie et de dire d’une manière qu’elle voulu aussi négligente que naturelle :
‘’C’est vrai, ce serait… Incorrect dans la situation présente… Pour tous le monde…’’
Tenta de conclure avec élégance l’adolescente, sans pour autant parler ouvertement de ce que June et elle savait et qui n’en serait alors que plus douloureux pour la future mère désormais célibataire. Quelque part, Aisling pouvait la comprendre… Elle aussi n’avait eu que sa mère pour l’élever après tout et même si Sinéad n’en avait jamais laissé rien paraître, elle savait parfaitement que cela n’avait pas été perpétuellement rose tout au long de ces dix-sept dernières années de sa vie de mère célibataire.
Virginie Parish
Type Sigma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Lun 8 Aoû 2011 - 16:25
La force du regard avait réussi à perturber la jeune mutante. Elle s’était lentement redressée pour voir qu’Il y avait dans la voix de June une toute nouvelle intonation. Une intonation qui faisait frissonner la nuque de Virginie : la colère. Bien sûr l’humaine avait déjà été fâchée. Tout n’allait pas toujours comme on le voulait à la Lib Corps. Certaines situations échauffaient les esprits. Quand le protocole se faisait au détriment des idées humanistes. Cette fois c’était différent. Chacun pouvait percevoir la haine qui se dégageait de ces mots.
Chaque phrase était comme un coup imprévu dans l’estomac. Elles renforçaient la culpabilité de l’adolescence. Sa silhouette prenait automatiquement une posture servile. Virginie n’osait pas ouvrir la bouche. Elle subissait cette tempête sans faire un seul mouvement consciente que son amie était dans son bon droit. Le cercueil de Kenjiss revenait hanter son esprit. Le désarroi et la peur remontaient en houle. Sa maladresse ne disparaîtrait donc jamais ? Elle n’avait jamais voulu blesser personne. Jamais.
Sa gorge se serrait progressivement. Elle se faisait intérieurement les pires reproches. Une petite idiote qui avait cruellement manqué d’intelligence. Ses iris suivaient timidement la suite. Léon avait le courage d’aller présenter des excuses. La pensionnaire était paralysée par la honte. Elle savait que sa voix allait défaillir. Elle acceptait volontiers d’être fusillée sur place si cela pouvait soulagée un peu son amie. Avec trouble la jeune fille chuchotait des excuses avant de fuir la pièce. Sa main se contractait inconsciemment sur le cellulaire. Une poigne incontrôlée qui fit crisser le verre.
Hors des regards des femmes, les traits de miss Parish laissaient progressivement voir, combien ces mots l’avait atteinte. C’était dans sa nature de mal faire les choses. On le lui disait depuis des années. Aussi épanouie était-elle, depuis son entrée à l’Institut, elle restait cette fille inutile. Incapable de se rendre compte que sa joie était indécente. Vraiment stupide. Elle marchait vite pour quitter cette aile du manoir. Elle ne voulait pas afficher son trouble devant les autres. La main de monsieur Asakura la stoppait par surprise. Elle ne l’avait ni entendu, ni senti l’aborder, trop perturbée.
Virginie n’eu pas le temps de dissimuler la brillance de ses yeux. La main tremblante sur son cellulaire. Elle vivait à fleur de peau. Son corps était imperméable à tout, mais son cœur lui, n’était pas du tout protégé. C’était peut être un équilibre. La contrepartie ? Depuis leur retour l’angoisse ne la quittait jamais vraiment. Même le calme de Koji n’avait plus le même effet. Elle avait l’impression d’attendre la fin du monde. Une situation qui sapait ses forces mentales. Le regard baissé elle écoutait et attendait la réprimande. Reproches qui ne vinrent pas.
-« En ville … vous… vous êtes sûr ? » L’air bienveillant de Léon le confirmait. La demoiselle était hésitante encore secouée par ce qui venait de se passer. Ses prunelles azurées puisaient dans le calme de son interlocuteur. « Je ne voulais pas lui faire de la peine. » Sa respiration était légèrement chaotique. On pouvait presque palper sa culpabilité. Pourtant elle essayait de lui sourire. Il se voulait rassurant et gentil. Pour cette simple raison Virginie puisait dans ses ressources pour chasser son chagrin. « Merci. … Je connais un endroit qui devrait plaire. J'espère ! »
Entre deux couloirs ils complotaient un peu. De fait Parish connaissait bien Londres et les lieux pro-mutants. Elle n’avait jamais organisé de soirée. Mais il y avait un début à tout. Elle donnerait le meilleur d’elle-même. Si elle ne savait pas soutenir June au moins pouvait-elle permettre à ses camarades de s’amuser. Elle quittait le mutant sur un timide sourire et filait vers le parking de la propriété. Elle montait au volant de sa Cadillac fébrilement. Il fallait qu’elle trouve un moyen de se rattraper.
(Sortie)
Miss Lemington
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Sam 13 Aoû 2011 - 13:45
La nouvelle eut l’effet d’une bombe dévastatrice sur la mutante. Kenjiss… mort ? Cela lui parut d’abord tout aussi improbable qu’une paix durable et immédiate entre les humains et les mutants. Et elle ne l’aurait sans doute pas cru s’il n’y avait pas eu June. Les larmes de l’humaine ne pouvaient pas mentir. Encore moins son regard bicolore aujourd’hui éteint. Des yeux si uniques… c’était un beau gâchis ! Samarah encaissa l’information sans ciller, même si June put sentir la main de son amie frémir et se refermer davantage dans la sienne. Elle ne put empêcher l’autre main, toujours logée dans celle d’Aisling de se resserrer d’un même mouvement. Après quelques secondes interminables de silence, la mutante murmura enfin dans un souffle :
"Je… je… suis désolée … June"
Un aveu sincère, presque surprenant, malgré la haine qu’elle vouait depuis des années au mutant. Etonnant ? Ou inattendu ? Pas tellement. Pour une fois, la raison surpassa les émotions. Même si elle ne pleurerait probablement pas le mutant, Samarah savait que cela n’était pas juste. Kenjiss ne méritait pas de mourir de cette façon. Pas en laissant derrière lui June et son fils. Il n’en avait pas le droit. Elle le lui avait dit ! Ordonné presque ! Pourtant, il l’avait fait… Il avait baissé les bras. Et il les avait abandonnés. Il n’avait pas saisi la supplique désespérée de la mutante. Samarah sentit sa colère se réveiller lentement. Comment avait-il pu ? Et surtout, pourquoi ? Pourquoi ne s’était-il pas battu ? Elle se retint de demander des précisions sur les circonstances. Elle était dans sa tête au moment où… Son mal de crâne lui laissait aisément deviner la suite.
"Qui ? "
La même question avant que le contact mental qu’elle avait établit ne soit définitivement rompu avec le mutant avait franchi ses lèvres car le mystère demeurait toujours. Les souvenirs émergeaient lentement. Elle avait senti à quel point son ennemi avait souffert de la torture, à quel point il était las. A quel point, il avait finalement fait une cible facile face à l’ennemi…
" … est responsable ?" souffla péniblement la mutante
Qui étaient les meurtriers ? Les accusations de June, bercées de rancœur, restaient trop vagues. Des membres du Cercle ? Des soldats ? Des humains ? Des identités probables, mais pas certifiées. Malgré la fatigue, la mutante ne pouvait empêcher son esprit analytique et rationnel de prendre le dessus. La nouvelle était trop écrasante ; les conséquences à venir trop importantes pour ne pas s’y attarder sans s’interroger. Trop d’informations, trop peu de réponses. Il s’agissait d’un meurtre ! La mutante avait perçu une présence dans la cellule… Ce qui lui avait semblé flou sur le moment, lui apparaissait à présent comme une certitude. L’identité de cette personne apporterait la lumière sur les circonstances exactes de la mort de Kenjiss. "Il y a… des témoins ? "
Une question qui pouvait paraitre bizarre. Comme toute réponse, elle assista impuissante au revirement de June, qui passa du calme à la tempête en un battement de cils. L’idée de la fête partait d’une bonne intention. Seulement, Léon et Virginie n’avaient pas pris en compte tous les éléments, notamment les émotions actuellement instables de June. De la tristesse à la colère, il n’y avait qu’un pas à faire. Et June l’avait effectué si rapidement que personne n’aurait pu le prédire. Même pas elle. Pourtant, elle était dans la pièce sans doute celle qui connaissait le mieux l’humaine.
Malgré la bienveillance d’Aisling à son égard, chacune de ses paroles fut comme une aiguille à travers son cœur. La mutante perçut sans difficulté sa haine naissante. La haine avait une saveur si particulière qu’il était assez facile de la reconnaitre pour ceux qui avaient déjà goûté à son enivrant parfum. Cela lui fit mal. Très mal de sentir June au bord de ce gouffre qu’elle connaissait si bien. Les convictions de l’humaine, pour lesquelles elle s’était battue tout au long de sa vie étaient en train de voler en éclats. Une chose qu’elle n’aurait jamais imaginée, June était si dévouée. Mais sa réaction était parfaitement légitime. Malgré ce qui lui en coûtait, elle dut bien admettre qu’elle la comprenait. L’humaine aimait sincèrement Kenjiss. La mutante en avait la preuve sous son nez si elle en doutait encore. Son regard se posa d’ailleurs sur le ventre rebondi de l’humaine. Samarah, sans toutefois pardonner, avait fini par l’accepter. Elle aurait voulu lui dire tant de choses… Pourtant, ses lèvres restèrent scellées. Elle n’en avait pas encore la force. Et vu l’état émotionnel de June, le moment était de toute façon mal choisi.
"Il a du résister jusqu’au bout…"
Un mensonge. A peine un murmure pour insuffler un peu d’espoir, juste de quoi donner la force de continuer. Pour l’instant, son amie ne devait pas savoir… Elle ne devait pas savoir qu’au dernier moment, son compagnon n’avait plus eu la force de se battre face à la mort. A quelques semaines seulement du terme de sa grossesse, cela risquait de lui être fatale. Pour ne pas faire plus de mal à l’humaine et parce qu’elle ne supporterait pas d’entendre autre chose "Je suis fatiguée… " finit par déclarer simplement la mutante d’une voix faible
Léon et Virginie avaient déjà quitté la pièce. Elle devait se reposer. June, Aisling, le Dr Velasquez. Elles avaient toutes raison. Même si la mutante n’en n’avait pas du tout envie, surtout pas après ce qu’elle venait d’apprendre. Mais ses paupières lourdes l’y obligèrent malgré sa volonté de rester éveillée pour comprendre et réfléchir. Lorsqu’elle ferma les yeux, la mutante sombra à nouveau dans les limbes de l'inconscience…
June Appleby
Humaine
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Lun 15 Aoû 2011 - 20:15
Les rôles étaient à présent inversés. Alors que la mutante avait veillé sur June à son insu tout au long de ces dernières années –ou du moins, l’avait-elle cru jusqu’à ce que son amie l’informe qu’elle l’avait depuis longtemps repérée-, c’était l’humaine qui se retrouvait aujourd’hui à (sur)protéger son amie affaiblie. La main de June se crispa également dans celle de la mutante lorsqu’elle lui annonça la terrible nouvelle. Son amie lui apporta ses condoléances au travers d’excuses désolées. L’humaine sut immédiatement au ton de sa voix que Samarah était sincère. Elle n’appréciait pas le mutant mais elle avait comprit que cette perte touchait l’humaine au plus profond de son cœur. Est-ce que son amie avait finalement accepté sa relation ? June s’en informerait plus tard…
Samarah posa beaucoup de questions, dans l’espoir sans doute de remettre de l’ordre dans ses idées et les évènements. A vrai dire, June ne pouvait qu’imaginer ce que ressentait la mutante, n’ayant jamais souffert d’un coma elle-même. Elle y avait échappé de peu, par le passé. Lorsqu’elle était encore accroc et passait son temps à s’injecter diverses substances dans les veines. Ce fut d’ailleurs à partir de cet instant que Samarah avait sérieusement envisagé une cure de désintoxication pour l’humaine. June fut bien forcée de reconnaitre à l’époque que l’entêtement de la mutante lui avait probablement sauvé la vie… Cependant, en cette matinée, la plus entêtée serait indubitablement June. Tout en caressant doucement du pouce le dos de la main de la mutante, elle éludait les questions pour se concentrer sur l’essentiel. De toute façon, pour le moment, personne n’avait de réponses précises.
"Tu nous raconteras tout ce dont tu te souviens lorsque tu te sentiras mieux. Pour l’instant, il faut que tu te reposes. Le Dr Velasquez ne devrait pas tarder à arriver et si elle voit qu’on te harcèle sur les évènements, elle ne va pas apprécier du tout. Tu la connais…"
Un maigre sourire se dessina sur le visage de l’humaine. Elle essuya ses larmes d’un geste rapide, en reniflant légèrement. Il ne fallait pas que Samarah s’inquiète davantage. Après tout, elle était en vie, non ? La priorité absolue restait la santé de son amie, celle-ci devait reprendre des forces. Cette préoccupation relaya au second plan les excuses timidement murmurées par Virginie. June n’avait pas voulu la blesser. Pas plus que les autres personnes présentes dans la pièce, mais la colère et la tristesse étaient capables de bien des ravages lorsqu’elles s’emparaient de votre âme…
Samarah essaya à son tour de le rassurer en lui confiant que Kenjiss s’était probablement battu jusqu’à son dernier souffle. Elle était sans doute la dernière personne ayant communiqué avec Kenjiss lorsqu’il était en vie, alors pourquoi ne la croirait-elle pas ? Parce que c’était humain de réagir ainsi, cette fausse confession eut l’effet escompté sur June. Son amie s’y raccrocha comme un naufragé à un bout de bois pour ne pas couler. Pour s’en persuader et avoir la force de survivre à la perte et l’absence de l’être aimé.
" Je sais…"
June suivit ensuite le regard de la mutante sur son ventre et murmura en posant sa main sur son ventre :
"On fera les présentations plus tard… je lui ai déjà beaucoup parlé de toi en attendant ton réveil"
Samarah ne tarda pas à se rendormir, épuisée et June la rassura, sa voix à nouveau brisée par la culpabilité
"Ne t’en fais pas, tu ne risques plus rien maintenant… On veille tous sur toi"
Il ne restait plus qu’elle et Aisling dans la pièce. Si June était bien décidée à ne pas quitter le chevet de son amie jusqu’à son prochain réveil, l’adolescente était en revanche libre de quitter la chambre de la mutante si elle le désirait… Elle lui précisa néanmoins
"Je ne sais pas ce que tu comptes faire, mais moi, je vais rester encore un peu"
Aisling O'Hegarty
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mer 17 Aoû 2011 - 14:00
La chambre désertée, un étrange silence fit alors son apparition. Un silence à la fois apaisant, mais en même temps tellement pesant. Il ne restait plus que June et l’adolescente, semblables aux ancres d’un bateau placé de part et d’autre de la poupe. Lorsqu’elle avait appris pour la mort du leader de la confrérie, Samarah eu l’air réellement désolée… Certes pas pour cette mort en elle-même, c’était un fait plus ou moins certain. Mais au-delà d’une idéologie contradictoire, les deux dirigeants étaient lié par une chose commune… Et cette chose commune, faisait justement face à Aisling.
La télépathe était sincèrement désolée de cette mort, qui privait ainsi sa meilleure amie de, non seulement l’homme qu’elle aimait, mais aussi du père de son futur enfant. Etait-ce un mal, ou alors un bien.. ? Difficile à dire en vérité et l’adolescente ne se sentait pas vraiment le droit de statuer sur ce point. Kenjiss était qualifié de mauvais mutant, mais peut-être aurait-il fait un excellent père… Peut-être même, sait-on jamais et sous l’impulsion de l’humaine qu’il aimait tant, n’aurait-il pas commis l’erreur de bercer son enfant, sans doute mutant, de ses sempiternels refrains de haine et de destruction envers les non mutants. Oui, qui sait… Malheureusement, cette question ne trouverais jamais plus de réponse.
Bien que très affaiblie, Samarah tenta de questionner June sur le sujet. Elle demanda le nom du meurtrier de l’être aimé par son amie, les conditions de cette mort… Pourquoi ? Comment ? Dans quelles conditions ? Tant d’interrogations, certes légitimes, mais qui ne pouvaient que porter préjudice à son état de santé encore bien précaire en dépit de son émergence de son coma. Son amie n’en avait que trop conscience, c’est pourquoi elle l’encouragea vivement à ne pas s’en faire pour tout cela… Pour le moment tout au moins. Elle la rassura comme seule une amie pouvait le faire, tandis que la mutante allongée sombra, doucement mais sûrement, dans un sommeil qui se révèlerait cette fois-ci bien plus réparateur.
Lorsque June interrogea Aisling sur ses intentions à venir, la jeune fille darda son regard sur la non mutante… Devait-elle quitter les lieux et la laisser seule avec Samarah, comme semblait vouloir l’indiquer plus ou moins consciemment la question, ou bien oserait-elle pénétrer honteusement l’intimité des deux femmes lié par les années.. ? Dans les faits, Aisling devait bien avouer qu’elle se sentait soudainement comme une sorte d’intruse. Sa relation avec Samarah n’était rien, comparée à celle que cette dernière entretenait avec June. Elle étaient amies, amies d’enfance peut-être, en vérité l’adolescente ne s’était jamais vraiment posé la question… Avait-elle le droit, de s’immiscer ainsi entres elles.. ?
Quelque part, elle les enviait… En dépit de ce point de discorde des plus épineux qui les avaient quelque peu fâché, les deux femmes étaient pourtant demeuré fidèle l’une envers l’autre. Elles pouvaient tout se dire, se confier leurs secrets les plus intimes… Oui, Aisling les enviait… peut-être même, les jalousait-elle secrètement. Elle aussi, aurait aimé avoir une personne à qui se confier… une personne à qui tout dire, tout confier, sans que jamais cela ne sorte du cadre de leur relation privilégiée. Certes, elle avait déjà sa mère qui remplissait ce rôle à merveille, mais comment avouer à celle-ci une cruelle vérité telle que sa mort prochaine.. ? Non, elle ne pouvait pas lui faire cela Aisling voulait que, après une vie de sacrifice en son nom, sa mère puisse enfin être pleinement heureuse… Le plus longtemps qu’il lui serait possible de le faire en tous cas.
Dans un souffle, l’adolescente posa son regard sur l’humaine… Elle lui sourit et lui dit :
‘’Vous êtes amies depuis longtemps, n’est-ce pas.. ? Vous avez de la chance, moi aussi j’aurais aimé avoir cette opportunité…’’
Les lèvres de la jeune fille se crispèrent très brièvement, comme si un profond regret s’était emparé d’elle. Elle resserra machinalement son étreinte sur la main de la télépathe endormie, puis elle ajouta :
‘’Samarah n’est pas une personne de très expansive… Elle paraît toujours être en retrait, voilée dans une impénétrable froideur vis-à-vis des gens qui l’entourent. Pourtant, c’est une personne chaleureuse et à l’immense générosité en réalité, même si elle se refuse à le montrer aux yeux de tous. Lorsque je suis arrivée d’Irlande, j’avoue qu’elle me faisait un peu peur du haut de mes onze ans vous savez… Elle est impressionnante pour les adultes, alors imaginez pour une enfant qui n’avait encore jamais vu d’autre mutant que sa mère jusque là. Lorsque j’y songe, je me trouve bien stupide maintenant. Même si ce fut de loin, elle a toujours veillée sur moi… Peut-être un peu plus que sur les jeunes mutants recueilli ici, de par le fait que je suis la fille de l’une de ses amies du précèdent institut… Enfin, j’imagine…Mais peut-être que je me fais des idées en fin de compte…’’
Acheva lascivement la jeune fille, tandis que son regard se détourna brièvement de June. Fort heureusement, Samarah ne pouvait pas entendre ses paroles autrement dieu seul sait comment elle aurait réagi devant cette démystification de son personnage froid et sans émotion qu’elle s’évertuait à entretenir envers et contre tous.
‘’Ce que je veux dire…’’
Reprit alors Aisling qui reporta à nouveau son regard sur June,
‘’… C’est que même si nous n’avons pas un lien aussi fort que celui que vous entretenez avec elle, je me permet de croire que nous en avons tout de même un… Peut-être est-il simplement en filigrane… Ou peut-être bien, n’est-il que le fruit de l’imagination d’une pauvre adolescente se berçant d’illusions… Mais quoi qu’il en soit, Je tiens énormément à elle… Elle est un peu comme… Une grande sœur, ou bien encore une tante… Comme une mère aussi, sans doute, mais je crains fort qu’elle n’apprécie pas particulièrement cette dernière comparaison…’’
Conclu la jeune fille, dans un bref clin d’œil en direction de la femme mature, éclatant d’un très léger rire amusée, presque nerveux. Après une poignée de secondes, elle se reprit toutefois et ajouta :
‘’Les O’hegarty prennent soin des leurs, c’est ainsi…’’
June Appleby
Humaine
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Jeu 8 Sep 2011 - 20:18
Alors que son amie fut rattrapée par le sommeil, June ne l’avait pas quitté des yeux. Ce n’est que lorsqu’elle fut certaine que Samarah dormait qu’elle reposa délicatement la main de la mutante sur le lit. Les dernières larmes qu’elle avait vaillamment retenues face à son amie, s’écoulèrent enfin le long de ses joues. Un silence étrange pesait à présent sur la pièce. Le calme qui s’installait doucement après le remue ménage de la bonne nouvelle apportée par son réveil. Aisling avait décidé de rester. L’humaine ne l’en empêcha pas. L’adolescente observa elle aussi la mutante un instant avant de reprendre la parole, un simple murmure mais qui traduisait toute la curiosité qui agitait Aisling. L’humaine releva la tête, après avoir rapidement séché ses larmes et cessa de contrôler la respiration de la mutante endormie. Y avait-il encore besoin de protéger un secret qui n’en n’était sans doute déjà plus un ?
"Nous nous connaissons depuis plus de 20 ans… "
Elle accrocha le regard de l’adolescente qui la détaillait. Il était curieux, presque envieux à entendre l’intonation de la voix de la jeune fille. June voulut la rassurer, ignorant tout de la maladie de l’adolescente, elle ne s’imaginait pas pouvoir la blesser encore davantage
"Quel âge as-tu, Aisling ? 16 ou 17 ans ? Tu es encore jeune, tu as tout le temps devant toi pour rencontrer des gens qui en valent vraiment la peine. J’étais à peine plus jeune que toi lorsque ma route a croisé celle de Sam’. Pourtant… "
June sembla un instant perdue dans ses souvenirs
"Ce jour-là rien ne me prédestinait à cette rencontre, la journée avait même très mal commencé à vrai dire… Alors, tu vois, il ne faut pas désespérer. La valeur n’attend pas le nombre d’années… " déclara-t-elle finalement
Lorsqu’Aisling lui confia ce qu’elle pensait de Samarah, elle ne put empêcher un léger sourire de se dessiner timidement sur le bout de ses lèvres.
"Sam’ a toujours été quelqu’un de très secret et assez renfermée sur elle-même. Elle… n’a pas toujours vécu des choses faciles… Je suppose que c’est une façon de se protéger. Alors si elle n’a pas décidé de parler de sa vie ou de ses problèmes, tu peux être certaine que tu n’en sauras jamais rien. Même moi, je n’arrive pas toujours à lui sortir les vers du nez"
Elle se souvint des circonstances de leur rencontre. Ce n’était nullement comparable à celle d’Aisling. A l’époque toutes deux enfants, aucune des deux n’avait effrayé l’autre. June s’était montrée fidèle à elle-même en se mêlant une fois de plus de ce qui ne la regardait pas. Quant à la mutante, elle tentait déjà d’expédier ses problèmes seule. Finalement, les choses n’avaient que très peu changé. Néanmoins, June ajouta :
"Oui, je vois ce que tu veux dire. Je crois que si je ne la connaissais pas, elle me semblerait tout aussi intimidante. Cela dit, même si elle reste distante, elle veille sur toi, sur Léo et tous les autres car vous représentez ce qu’elle n’a jamais eu…"
La jeune femme chassa soudain un nouveau sanglot. Les mots restèrent coincés au fond de sa gorge. Parler de famille maintenant lui était impossible alors que la sienne était à présent brisée pour toujours. Mais elle comprenait, ce qu’Aisling voulait dire. Oh oui, elle comprenait. Aujourd’hui plus que jamais ! Aux dernières paroles de l’adolescente, elle répondit seulement
"Pourquoi ne pas tout simplement lui en parler quand tu en auras l’occasion ? Cela mettrait fin aux doutes qui te tracassent, sûrement inutilement. Tu lui offriras sans doute l’occasion d’ouvrir une porte qui est restée fermée trop longtemps…" et qu’elle s’était résignée à laisser close, comprenant que Samarah ne l’ouvrirait pas en sa présence.
"C’est aussi une façon de veiller sur elle"
Aisling O'Hegarty
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Ven 9 Sep 2011 - 15:57
En silence, Aisling hocha doucement la tête de haut en bas et de bas en haut, tandis que June lui expliquait qu’elle avait encore bien du temps devant elle pour connaître le genre d’amitié que elle-même entretenait avec la télépathe allongée dans le lit qui les séparait, tel un miroir légèrement déformant. Deux femmes différentes, deux générations qui l’étaient tout autant… Mais qui avait cependant un point commun… Oui… Même si il n’était pas fidèle, chacune était le reflet de l’autre… Une amitié naissante mais malheureusement éphémère et une amitié solide, éprouvé par le temps et les évènements mais en fin de compte, aussi solide que le roc le plus dur.
Toutefois et bien qu’elles furent dénuée de toute malice sournoise et insidieuse, les paroles de June furent douloureusement cruelles et assassines au cœur de l’adolescente qui ne deviendrait jamais véritablement femme. Il était vrai qu’elle ne savait pas pour elle, pour sa condition de mutante qui impliquait son état d’éphémère… Alors, Aisling ne lui en voulait pas de ces propos merveilleux mais, dans le fond, tellement naïf. De toute façon, la jeune fille ne se considérait pas tellement comme étant à plaindre en dépit de sa situation. Certes, elle allait probablement mourir d’ici trois ou quatre ans, avec beaucoup de chance, mais sa mort n’engagerait qu’elle. Contrairement à l’époux de la non mutante qui lui faisait face, elle ne laisserait pas d’enfant derrière elle, pas de mari ou de compagnon. Certes, il y avait sa mère, mais celle-ci avait déjà sa propre vie, une vie qu’elle avait bien avant sa venue au monde déjà… Ce serait certainement douloureux pour elle, mais cela ne l’empêcherait pas d’avancer… De trouver quelqu’un pour la réconforter, pour lui offrir à nouveau un petit bout de bonheur afin de terminer sa vie en étant heureuse… Aisling aurait égoïstement aimé être cette personne, mais le destin en avait voulu autrement.
Bien entendu, elle savait que sa mère travaillait activement sur un remède aux effets secondaires mortels du vaccin. Mais l’adolescente n’y croyait pas vraiment… Ou plutôt, elle ne voulait pas y croire, afin de ne pas se laisser meurtrir par des illusions qui, sans doute, se révèleraient vaines. Ceux qui avaient conçu ce vaccin avaient visiblement fait du bon, quoique terrible, travail. C’était une manière assez efficace d’exterminer les mutants et de les faire progressivement disparaître de la surface de la Terre… Lentement, mais sûrement… Une éradication totale l’espace d’une seule et unique génération… Mais peut-être que sa mère trouverait un remède, une sorte de contre vaccin afin de neutraliser le premier. Aisling savait sa mère suffisamment intelligente pour y arriver, il n’y avait pas le moindre doute là-dessus. Mais si elle était persuadé de ce fait, preuve de son indéniable confiance en sa mère, l’adolescente était aussi persuadé du fait qu’elle n’y arriverait pas avant plusieurs années. Elle ne la sauverait pas, elle, mais au moins permettrait t’elle aux enfants nés récemment de vaccinés, de pouvoir avoir une vie longue et heureuse… Et ainsi, d’avoir la chance de connaître une amitié aussi profonde que celle qui semblait unir Samarah et June.
Alors oui, les paroles rassurantes de cette dernière à l’encontre de l’adolescente étaient délicieusement cruelles et assassines, mais… Aisling lui sourit, simplement, en portant son regard dans celui de la femme aux larmes séchées. Oui, elle n’était vraiment pas la plus à plaindre dans le fond. Ce fut toutefois un sourire un peu triste qui se dessina sur ses lèvres. Un sourire sincère, mais qui témoignait bien souvent d’une résignation dissimulée bien que finalement acceptée.
‘’Vous avez raison… J’ai encore du temps devant moi pour trouver une personne avec qui nouer ce genre de relation intense et indéfectible…’’
Lui répondit-elle alors, sans vraiment croire en ce qu’elle disait. De toute façon, il n’était pas nécessaire de la mettre mal à l’aise avec ce genre de confession qui plongeait bien souvent les gens dans un embarras des plus certain. La mort, n’était jamais un sujet plaisant ou les gens se sentait à leur aise… Surtout lorsque l’on venait de subir ce que June venait de subir. Comme un abandon inconscient, la main de l’adolescente se sépara de celle de la mutante endormie. Il ne fallait pas qu’elle se montre égoïste après tout, c’était l’amie de cette femme et non pas la sienne, elle ne pouvait pas lui voler, uniquement parce qu’elle ne pourrait jamais en trouver une bien à elle. Lorsque June répondit à son propos concernant la nature de la télépathe, Aisling s’amusa d’un nouveau sourire, cette fois-ci réellement amusée bien que teinté d’une certaine forme de tendresse et lui rétorqua tout simplement en un aveu de secret dissimulé non volontaire :
‘’On se ressemble sur ce point, nous sommes deux forteresses inviolables pour qui n’en possède pas les clefs. Deux tour de Babel, inaccessibles…’’
Un soupir fusa délicatement des lèvres de l’adolescente. Elle n’y avait vraiment songé, mais sa situation l’avait en effet rendu aussi lointaine que Samarah pouvait l’être avec les gens de prime abord. De façon plus maladroite en ce qui la concernait, mais elle était plus jeune, moins expérimenté en matière de dissimulation lointaine. Cependant, tout comme Samarah elle était devenue ainsi par la force des choses et non pas de sa propre volonté en fin de compte. Tandis que June continuait de lui parler, Aisling acquiesçait de brefs hochements de tête. Oui, elle comprenait ce qu’elle était en train de lui dire, puisque c’était aussi ce que l’adolescente ressentait au plus profond d’elle-même. Samarah et tous les autres adultes présent depuis son arrivé, ceux qui l’avaient vu grandir pour devenir la femme qu’elle préfigurait… L’institut et tous les jeunes mutants qui y étaient passé pour certains et resté pour d’autres… Oui, toutes ces personnes d’âges et d’horizons différents, était sa famille au même titre que sa mère… Bien que celle-ci conservait une plage privilégiée dans son cœur, bien entendu… Et pour les protéger, tous, elle n’hésiterait pas à leur mentir le plus longtemps qu’il lui serait possible.
Lorsque June proposa à Aisling de parler à Samarah et de lui avouer ce qu’elle représentait à ses yeux, l’adolescente regarda la femme avec un air assez surpris dans le regard. Elle ne craignait pas la télépathe, contrairement à la plupart des autres résidents de l’institut, mais de là à oser la mettre au pied du mur, il y avait tout de même un pas qu’elle avait toujours hésiter à franchir. Il y avait bien entendu la peur de se voir sèchement remis à sa place, ce qui lui causerait une peine immense dont elle n’avait pas vraiment besoin en ce moment. De plus, il y avait la réaction de la télépathe à prendre en compte… Comment, réagirait-elle devant ce genre d’aveu sans détour.. ? pour le peu de temps à vivre qui lui restait certainement, Aisling ne voulait pas perdre l’affection de la mutante, aussi secrète soit-elle.
‘’Pensez-vous que… L’inaccessible puisse accéder à l’inaccessible.. ?’’
Interrogea-t-elle alors June, sans vraiment avoir conscience de la porté philosophique de cette question. Mais en même temps, si elle disait vrai… Si elle arrivait à faire quelque peu s’ouvrir Samarah, alors peut-être qu’elle accepterait de se rendre plus accessible aux autres… Ne rien montrer de ce que l’on ressent était difficile, la jeune fille était bien placé pour le savoir elle qui souffrait en silence sans quiconque auprès de qui s’épancher, au risque de rendre cette éventuelle personne malheureuse. Mais l’idée de June était en vérité assez séduisante. En effet, ce serait là un moyen de quitter ce monde en se disant que, finalement, tout n’aurait pas été vain… Que avant de partir définitivement, Aisling aurait fait quelque chose de bien, d’utile. C’était peu, mais en même temps tellement réconfortant.
‘’Mais… Si l’occasion se présente… Pourquoi pas…’’
Conclu finalement l’adolescente, en tournant son regard en direction de la télépathe allongée et reposant du sommeil du juste.
June Appleby
Humaine
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mer 21 Sep 2011 - 1:12
Un fin rayon de soleil s’immisça par la fenêtre dans la chambre. Il illuminait le visage bien trop pâle de la mutante. June se releva sans faire de bruit pour aller fermer délicatement les tentures. Maintenant que Samarah dormait profondément, il ne fallait pas qu’elle se réveille. L’humaine veillait au grain afin que son amie puisse bénéficier au maximum d’un sommeil réparateur et surtout bienfaiteur.
"J’en suis certaine, oui !"
Elle posa ensuite son étrange regard bicolore sur l’adolescente. Non vraiment, elle n’avait aucune idée de la teneur assassine que pouvait avoir ses paroles sur le cœur d’Aisling. Celle-ci lui sourit maladroitement mais l’humaine mit cela sur le coup des émotions, ne comprenant pas la raison de ce triste sourire. La jeune fille se permit même quelques confidences. Tandis qu’elle parlait, le regard de l’humaine voyageait de l’adolescente à la mutante allongée. Des points communs, elles en avaient certainement toutes les deux, et même bien plus qu’elles ne pouvaient l’imaginer. June avait bien assez souvent répété à la mutante qu’elle n’était pas seule. Néanmoins, si Aisling montrait un caractère semblable à celui de Samarah, l’humaine crut bon de lui préciser un conseil tout en observant tour à tour la mutante et l’adolescente "Je ne sais pas si se protéger en se tenant éloignée ainsi des autres est particulièrement bon, tu sais. On se sent vite seule…"
Y avait-il un message caché dans les paroles de l’humaine ? Cela aurait pu être le cas si elle avait été au courant de la situation de l’adolescente. Et si l’adolescente y percevait un quelconque message de la part de June, cela serait bien involontaire, mais sans doute bénéfique. Aisling semblait emprunter la même voie que la télépathe. S’écarter des autres pour les protéger. S’effacer pour ne pas les faire souffrir. S’éloigner pour ne pas souffrir à son tour. Mais était-ce vraiment une solution ? Malgré l’apparente attitude froide et lointaine que la mutante s’évertuait à vouloir renvoyer aux autres, June savait que son amie se sentait souvent bien seule. Car combien pouvait affirmer sans mentir avoir réellement confiance en elle ? La peur surpassait encore bien souvent la bonne volonté…
Si la portée philosophique passait largement au-dessus de la tête de l’humaine (elle n’avait jamais vraiment aimé la philosophie, ni les cours d’ailleurs), June se contenta d’une réponse beaucoup plus terre à terre "Pourquoi pas ? Sam’ recèle bien des mystères protégés d’une volonté d’acier mais je lui ai toujours dit qu’à force de trop en porter sur ses épaules, elle finirait par s’écrouler."
Elle le lui avait encore rappelé dans les lettres qu’elle lui avait écrites, leur unique moyen de communication pendant leur dispute. Mais comme d’habitude, la mutante avait détourné le sujet, lui disant de ne pas s’inquiéter, qu’elle était capable d’y faire face et de se défendre. Elle avait aujourd’hui les preuves sous les yeux que non, Samarah ne pouvait pas tout affronter seule…
"Je ne le lui jamais souhaité mais cela est arrivé… peut-être que maintenant cela lui ouvrira un peu les yeux. Peut-être même… se rendra-t-elle enfin compte qu’elle peut se confier aux personnes qui l’entourent"
Il y avait une légère amertume dans ses paroles. June n’était-elle pas la première à s’être approchée de la mutante sans la craindre ? N’était-ce pas elle qui la connaissait mieux que personne après la mutante elle-même ? N’était-elle pas la seule à pouvoir affirmer sans hésiter qu’elle ne lui faisait pas peur et qu’elle était prête à lui confier sa vie, en toute confiance ? Et depuis tout ce temps, malgré leur complicité, leurs aventures et leur amitié, la mutante ne parvenait toujours pas à abattre totalement ce mur infranchissable qu’elle avait érigé durant son enfance pour se préserver. Loin d’être dupe, l’humaine savait que la mutante lui cachait des choses…
Mais June effaça bien vite cette amertume de sa voix. Son amie avait souffert. Elle avait même cru la perdre. Aujourd’hui, elle était avant tout soulagée de la savoir en vie. Samarah remua légèrement dans son sommeil. Par moment, son visage se crispait légèrement sous la douleur. Il lui faudrait encore du temps pour passer d’un sommeil agité par les souvenirs de la torture à un sommeil paisible, sans tourment. Si jamais cela était encore possible. Les blessures psychologiques laissaient bien souvent des marques dont on pouvait apercevoir les traces lorsque la conscience sombrait et laissait le pas à l’inconscient. Les cauchemars, cicatrices émotionnels et témoins de la souffrance, tentaient simplement d’extérioriser ces troubles
"Finalement, je crois qu’un silence absolu lui sera plus bénéfique. On devrait la laisser un peu. On risque de la réveiller avec nos murmures" chuchota l’humaine légèrement à contre-cœur, elle ne tenait pas spécialement à quitter la mutante des yeux, de peur de la perdre à nouveau…
A cet instant, son communicateur vibra dans sa poche. Elle s’en saisit et parcourut rapidement le message que Bernie lui avait laissé, en quête de nouvelles. Si elle ne savait pas que c’était impossible, elle aurait juré qu’il l’avait fait exprès pour l’aider à quitter le chevet de la mutante…
Aisling O'Hegarty
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 25 Sep 2011 - 13:03
June parlait juste, mais malheureusement le monde, lui, ne l’était pas… Tout en réfléchissant à ses paroles sages, bien que un peu trop empreinte d’un idéalisme naïf selon Aisling, l’adolescente laissa une fois de plus son regard se porter sur la silhouette allongée et immobile de Samarah. L’amie fidèle de la télépathe était doté d’un grand optimiste, mais ce n’était pas une mutante, alors peut-être n’avait-elle pas la capacité à appréhender les véritables problèmes qui se posaient à eux, en toute clarté. Bien qu’elle était en total accord avec ses propos, la jeune fille pouvait comprendre le comportement isolationniste de la télépathe. Par rapport à sa propre situation, bien entendu, mais aussi de par le fait que, comme sa mère le lui avait déjà expliqué plus d’une fois, sa génération avait connu des terribles bouleversements qui avaient définitivement changé leurs vies. Même si les jeunes mutants actuels n’étaient pas en complète sécurité, au moins pouvaient-ils vivre une vie tranquille sans craindre de voir débarquer l’armée ou bien encore un quelconque vaccin supposé les guérir.
Cependant, Aisling ne remettait pas en doute la sincérité de la non mutante mais en dépit de toute son empathie envers son amie ou bien les mutants en général, elle ne serait jamais qu’une simple spectatrice des destinées mutantes. Toutefois, Aisling devait lui reconnaître au moins une chose :contrairement à elle, l’humaine ne mentait pas. Sans trop savoir pourquoi, le fait qu’elle lui ai donné raison à propos de sa réflexion sur l’inaccessible lui causa un certain plaisir. Si elle avait raison, Si June disait juste, alors ce serait un certain réconfort pour l’adolescente au destin avorté. Beaucoup de gens voulaient quitter cette Terre en ayant accompli quelque chose, mais très peu y parvenaient. Alors, à son échelle bien humble, permettre à Samarah de devenir plus accessible à autrui lui serait d’un grand réconfort dans l’épreuve qui était la sienne. De plus, la télépathe était une personne digne de confiance et peut-être que alors l’adolescente pourrait lui parler d’elle… Si elle le lui demandait, elle garderait sans le moindre doute le secret, Aisling en était persuadée. Oui… Peut-être… Dans un souffle, la jeune mutante répondit à June :
‘’Toute chose a un prix vous savez…’’
Elle poussa un léger soupir las, puis elle porta son regard sur l’humaine en lui souriant paisiblement :
‘’Je suis d’accord avec vous mademoiselle Appleby, mais peut-être que la solitude des uns est le prix à payer pour que puisse exister le bonheur des autres… Prenons un exemple tout bête… Si votre mère était une mutante et qu’elle se soit fait vaccinée, voudriez-vous vraiment lui avouer votre mutation sachant ce que cela engendrerait comme souffrance morale pour elle.. ? Voudriez-vous qu’elle ressente un sentiment certain de culpabilité, même si la vaccination lui avait été faite contre son gré.. ? Voudriez-vous avoir la cruauté de lui rappeler chaque jour, que vous allez mourir avant vos vingt ans simplement parce qu’elle avait été dans l’incapacité de se défendre autrefois.. ? Voudriez-vous ressentir chaque jour ce regard triste et coupable, même si vous lui répétez constamment que ce n’est pas sa faute.. ?’’
Cela lui était venu comme ça, sans même y penser. Aisling avait tout bêtement calquer son propre cas sur une hypothétique June mutante, afin de lui faire passablement comprendre combien la solitude pouvait être une chose bénéfique pour la majorité. Oui, Samarah créait une distance infranchissable entre elle et les autres, sans doute pour ne pas souffrir… Mais aussi et surtout, pour éviter aux autres de souffrir à leur tour. C’était peut-être d’une cruauté sans borne, mais pour toute chose en ce monde il existait malheureusement toujours une contrepartie… Même si elle le regrettait, le bonheur universel n’était qu’une pure chimère traîtreusement rassurante. Dans un souffle, Aisling ferma brièvement les yeux et ajouta tout simplement :
‘’Ce ne sont pas les gens qui sont cruels, c’est l’amour…’’
C’était là une parole terriblement amère et rude, dans la bouche d’une toute jeune fille entrant à peine dans l’âge adulte en vérité. Elle avait voulu ajouter que June aussi savait de quoi elle parlait, mais elle ne voulait pas lui rappeler que c’était son amour pour Kenjiss qui la faisait réellement souffrir et non pas sa mort en elle-même. En fait, la solution était d’une simplicité désarmante : pour ne jamais souffrir, il ne fallait jamais s’attacher à quiconque… Aisling abaissa ensuite son regard sur le ventre rebondit de June et rajouta dans un sourire résigné :
‘’Mais je suppose que malgré tout, on ne peux s’empêcher d’aimer, n’est-ce pas.. ? C’est sans doute là, la véritable malédiction de l’être humain, que l’on soit mutant ou pas.’’
Se sentant soudain peut-être un peu trop philosophe pour être tout à fait honnête, l’adolescente décida de changer le ton de la conversation et de revenir à des propos plus classique. Elle se dirigea vers le bouquet de rose qu’elle avait apporté et en extirpa une avec prudence afin de ne pas se piquer à ses épines et la présenta à la femme qui lui faisait face :
‘’Samarah est comme cette rose… Aussi vive et bouillonnante que le rouge écarlate de celle-ci, qui se protège des individus grâce à ses redoutables épines. Pourtant, grâce à son génie l’homme a su débarrasser les roses de ces épines afin de les rendre plus accessible et pour que tous puissent profiter de leur grande beauté… Si je peux un jour débarrasser Samarah de ses épines, alors j’en serais sincèrement ravie, vraiment et je ferais tout mon possible pour que tous le monde puissent, à l’avenir, admirer la beauté intérieure de celle-ci.’’
Aisling tendit ensuite la rose à June avec délicatesse et ajouta :
‘’Mais peut-être seriez-vous la plus adaptée à ce travail…’’
Car après tout, c’était elle son amie de toujours, Aisling n’était finalement qu’une parmi tant d’autre à l’institut, même si son statut particulier la différenciait légèrement des autres résidents. Après que l’humaine ai acceptée sa rose si aimablement offerte, celle-ci souffla l’idée qu’il était peut-être temps de laisser Samarah se reposer tranquillement, au risque de la déranger avec leur discussion à bâtons rompus. Elle avait raison, à force elles allaient finir par lui faire rouvrir les yeux alors qu’il lui fallait absolument du repos.
‘’Vous avez raison…’’
Se contenta de répondre Aisling, avant de se diriger vers la porte de la chambre tandis que June sortait son communicateur de sa poche afin d’en visionner le message. L’adolescente ouvrit la porte, puis elle s’écarta afin d’attendre que l’humaine sorte la première… Honneur aux dames après tout… Surtout aux dames enceintes…
June Appleby
Humaine
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Sam 29 Oct 2011 - 17:33
Toute chose avait un prix… Oh oui, l’humaine le savait bien et maudissait de toute son âme ce vieil adage. Kenjiss avait payé de sa vie pour qu’elle et leur fils puissent le rester. C’était injuste. Cruel. Et insupportable.
"Je t’en prie, appelle-moi June, j’ai toujours eu horreur qu’on m’appelle madame ou mademoiselle. D’autant que je n’ai plus 20 ans… "
L’humaine écouta attentivement l’adolescente. Mais dans son cas, l’exemple était mal choisi. Elle n’avait jamais connu sa propre mère et en tant que future mère, aujourd’hui plus que jamais, l’évidence lui sautait aux yeux. "Je n’ai pas connu ma mère et je ne serai jamais mutante, je peux donc difficilement imaginer ce cas de figure et je dois bien avouer que je ne sais pas ce que je ferais. Mais je pense que l’amour d’une mère pour son enfant va bien au-delà de tout ça. Elle s’en voudrait certainement, se sentirait atrocement coupable mais aurait-elle pour autant le force de l’abandonner ? Ni de ne plus l’aimer ? Je ne crois pas"
June avait été abandonnée lorsqu’elle était enfant. Aujourd’hui encore elle en ignorait les raisons. Mais cet abandon avait créé une certitude. La solitude, quelque soient les raisons évoquées, laissait au moins toujours dans son sillage une victime. Dans son cas, une enfant ne comprenant pas pourquoi elle se retrouve seule. Dans le cas évoqué par Aisling, une autre enfant qui subit la solitude pour protéger sa mère. Personne ne devait souffrir de solitude, encore moins les enfants. Si elle avait douté au début de sa grossesse, elle savait à présent qu’elle ne pourrait pas laisser son fils aux mains de quelqu’un d’autre pour l’élever. Et si sa mère avait préféré son propre bonheur à l’éducation de sa fille, alors elle ne perdait absolument rien à ne pas la connaitre !
"Mais je suis bien d’accord avec toi sur une chose… l’amour est cruel et malgré cela, on aime encore et toujours. C’est sans doute ça, le plus dur… Oui, ne pas pouvoir s’en empêcher tout en sachant ce que l’on risque" murmura-t-elle
Savoir que l’on va souffrir mais prendre le risque malgré tout, parce que l’on a envie de vivre ces quelques moments de bonheur. Ces instants magiques. Et occulter le reste. La peur de perdre. La peur de vivre sans l’autre. C’est un risque qu’elle avait pris avec le mutant, en connaissance de cause. Une infime part d’elle se doutait que cela finirait sans doute comme ça, mais elle avait toujours été supplantée par celle qui y croyait malgré tout. Par celle qui refusait d’appréhender la réalité. Celle qui n’admettait pas que cette réalité les rattraperait aussi tôt !
"On prend le risque parce que l’on sait que malgré tout cela en vaut la peine… et que la perspective de belles choses surpassent la crainte de perdre tout ce à quoi on tient"
Kenjiss s’en était allé mais il lui avait laissé son bien le plus précieux. Sa vie et son amour au creux de son cœur, sa chair et son sang au creux de son ventre.
L’humaine prit délicatement la rose que l’adolescente lui tendait. Rouge écarlate. Les dernières qu’elle avait tenues en mains paraissaient bien ternes et sombre en comparaison. "J’ai déjà essayé… pour Samarah… Peut-être que tu auras plus de chance que moi. Mais je suis certaine que tu ne perdras rien à essayer. Au contraire, vous aurez toutes les deux à y gagner"murmura-t-elle simplement
Finalement Aisling parvint à la même conclusion qu’elle, mieux valait continuer de discuter ailleurs et laisser leur amie se reposer. Elles quittèrent donc l’antre de la Cerbère à pas de loup, refermant délicatement la porte derrière elles, après un dernier regard pour la maigre silhouette alitée.