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[Chambre de Léon]

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Léon Asakura

Type Omega

Type Omega

Léon Asakura

Alias : Abyss
Race : Mutant
Clan : Nouvel Institut
Age du perso : 38 ans, mais en parait 28
Profession : PDG d'Asakura Corp.
Affinités : Koji, Samarah, Sinéad, Alex, Virginie
Points XP : 1250


-PERFORMANCES-
Pouvoir: Hydrokinésie Hydromorphose Hydrogénèse
Type: Sigma
Niveau: 6

MessageSujet: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyJeu 30 Juil 2009 - 15:36

(Situation chronologique : peu après le départ du groupe pour Chicago-scénar 3)


La journée était déjà bien entamée lorsqu'un homme pénétra dans le hall de l'Institut, avec aucun bagage et l'air totalement serein, bien que fatigué par le voyage. Il ne ressemblait à aucun nouveau venu, entendez par là qu'il aurait été bien difficile de tenter de lire sur son visage la peur, l'angoisse ou tout autre sentiment commun à chaque nouvel arrivant au sein de leur nouveau foyer. Et pour cause, car l'homme qui venait de franchir les portes du manoir était un habitué des lieux bien que son visage était totalement inconnu aux yeux du majordome qui avait pourtant la réputation d'avoir une mémoire à tout épreuve.

Il fallut bien un bon quart d'heure au majordome pour mettre un nom sur le visage de cet homme qui affirmait faire parti de la maison et plus encore, en être le co-directeur. Avec une logique à tout casser, le maître d'hôtel n'avait plus le choix qu'entre deux personnes, la jeune directrice d'origine japonaise Koyuki Hara et le tout aussi jeune directeur, franco-chinois cette fois-ci, Léon Asakura. La personne qui se tenait devant lui étant un homme, le majordome finit tout de même par en déduire qu'il se trouvait face à face au deuxième choix, bien qu'il paraissait en tout point différent du Léon qui avait subitement disparu un soir il y avait de cela un mois environ. Et pour cause! Le jeune mutant aux longs cheveux d'argent et aux yeux bleu océan avait laissé la place à un mutant aux cheveux beaucoup plus courts et bruns et possédant des yeux marron foncé, presque noir. Cependant, n'allez pas croire qu'il s'agissait là que d'une simple coquetterie de la part du co-directeur de l'établissement, celui-ci avait une bonne raison pour avoir changé à ce point bien qu'il dut admettre que son nouveau visage lui plaisait énormément. Et cette raison avait également un rapport avec son départ soudain, ou plutôt sa disparition soudaine pour être plus précise mais Léon n'avait pas envie de farcir la tête déjà bien remplie du majordome avec ses histoires. Il monta directement dans sa chambre afin de prendre une douche, se changer et surtout, se reposer.

Cependant, si le majordome accepta que Léon garde le silence quant à sa longue absence, il y en avait une qui, entre ses murs, n'allait surement pas le lâcher et lui tirer des explications pour justifier le fait qu'il lui avait en quelque sorte refiler ses obligations en filant sans mot dire. Et nul doute que malgré sa nouvelle apparence, Léon n'avait aucune chance de tromper Sam' car les pouvoirs de cette dernière lui révélerait instantanément qu'elle se tenait face au directeur fugueur... On ne pouvait rien lui cacher à cette demoiselle et cela agaçait souvent l'élémentaliste qui ne pouvait jamais mentir lorsqu'il discutait avec elle. Heureusement que celui possédait d'autres atouts de son côté pour arriver à faire enrager la mutante car sans cela, Samarah aurait été intouchable dans cet établissement. Mais tous ces petits détails n'avaient rien à voir avec le sujet actuel, à savoir les raisons qui poussèrent le maître des Eaux à quitter précipitamment l'Institut, Londres et même l'Europe. Et pour minimiser le plus possible la colère et probablement les coups de son amie au don anti-cachotterie, Léon avait déjà préparé son discours dans l'avion qui le ramenait sur le sol anglais:

Tout avait commencé cette nuit il y avait de ça un mois, alors que Léon avait semblé être destiné à passer toute la soirée dans son bureau, à régler tous pleins de détails administratifs pour l'Institut, en bon directeur qu'il était. L'horloge avait annoncé « 3:15 AM » lorsque son téléphone personnel s'était mis à sonner. Sur l'écran de son téléphone avait clignoté le nom de sa sœur aussi, Léon avait décroché dans la seconde. A l'autre bout de la ligne, la voix d'une inconnue avait demandé l'aide de ce dernier en mandarin, et avait tenté de lui expliquer la raison de son appel, avec une voix où le directeur avait pu discerner de la confusion, une pointe de panique et de la peur également. Léon avait cependant compris que l'affaire concernait sa petite sœur et qu'il avait été probable qu'elle était en danger. Il n'en avait pas fallu plus au directeur pour rassurer la personne en lui disant qu'il arrivait le plus tôt possible.
A peine Léon avait terminé la conversation, qu'il avait quitté son bureau en coup de vent, ne prenant même pas la peine de ranger ce qu'il avait été en train de faire ni même d'éteindre la lumière. Il avait traversé le manoir en direction du garage, était monté dans sa voiture et avait démarré dans un vrombissement qui avait probablement réveillé quelques uns de la maisonnée. La voiture avait quitté le domaine de l'Institut sans que son conducteur n'avait laissé ne serait-ce qu'un mot d'explication quant à son départ.


Lorsqu'il se remémora ce passage, Léon ne put s'empêcher de sourire en se disant qu'il aurait peut-être du prendre le temps de réveiller Samarah ou Koyuki pour leur expliquer la situation mais à cet instant, l'esprit du directeur n'était occupé que par une seule pensée: sa petite sœur avait besoin de lui. Rien d'autre.

* J'avoue que sur ce coup-là, j'ai pas totalement assuré... *

Plusieurs heures après son départ précipité de Londres, Léon avait débarqué sur le sol de son pays natal et le jeune homme était immédiatement parti en direction de la demeure qui avait recueillit sa petite sœur quelques mois plus tôt, alors que leur famille avait été assassinée au nom de la campagne anti-mutant. Sur place, il avait rencontré les parents adoptifs de Qi Yue et leur avait demandé ce qui était arrivée à la demoiselle Asakura. Le mari lui avait expliqué qu'il y avait de ça deux jours, leur fille avait été enlevée par un inconnu qui leur avait laissé une vidéo sur laquelle, il avait déclaré être au courant de la véritable identité de son otage et avait exigé une rançon de plusieurs millions de dollars s'ils espéraient revoir l'héritière Asakura saine et sauve. La femme avait pris la suite de l'histoire, en précisant au passage qu'ils avaient pourtant pris toutes leurs précautions pour que personne ne découvre la véritable identité de Qi Yue. Elle n'avait eu aucune idée de ce qu'elle devait faire, car il leur avait été invraisemblable que la société Asakura leur vienne en aide. C'est alors qu'en parcourant le répertoire du téléphone mobile de la jeune fille, elle avait découvert le nom d'emprunt de Léon ainsi que son numéro de téléphone et ne voyant plus que cette solution, elle l'avait appelé dans l'espoir que l'actuel dirigeant de l'entreprise leur vienne en aide afin de sauver leur unique fille.
Léon avait gardé le silence pendant toute l'explication, aucune émotion n'avait été lisible sur son visage et lorsqu'il avait pris la parole afin de rassurer le couple apeuré en leur disant qu'il prenait l'affaire en main et qu'il leur ramènerait leur fille en parfaite santé, ça avait été d'une voix froide et tranchante qui n'avait habituellement pas sa place dans la bouche de Léon. Il leur avait demandé ensuite de voir la vidéo et lorsqu'il avait aperçu la silhouette du ravisseur de sa petite sœur éclater de rire en demandant la rançon, le mutant avait eu un mal fou à contrôler la colère qui avait commencé à l'envahir ce qui s'était répercutée sur l'eau des vases qui étaient disposés çà et là dans le salon de la famille. Ces derniers s'étaient mis à trembler violemment, l'eau contenue à l'intérieur répondant à la colère que ressentait le directeur à cet instant mais celui-ci était parvenu à se calmer et bientôt, les vases étaient redevenus immobiles. Fort heureusement, les parents adoptifs étaient tellement angoissés pour leur fille qu'ils n'avaient pas remarqué ce qui venait de se passer.

A cet instant, le téléphone de la maison s'était mis à sonner et le mari avait rapidement décroché. L'air angoissé qui était alors apparu sur son visage avait fait comprendre au mutant qu'il était en train de converser avec le ravisseur. Léon lui avait arraché le téléphone des mains et avait repris le dialogue avec l'enflure qui avait raccourci sa vie de plusieurs dizaines d'années. Il s'était fait passer pour le directeur d'Asakura Corp. qui avait répondu à l'appel à l'aide de la famille et qui avait donc accepté de payer la rançon, en mémoire de la famille qui l'avait précédé dans la direction de l'entreprise. Il n'en avait pas fallu plus pour le ravisseur pour éclater de joie en affirmant qu'il avait fait le bon choix avant de lui donner un lieu et une heure de rendez-vous. Une fois ces informations en mémoire, Léon avait raccroché au nez de son interlocuteur. Il avait rassuré une dernière fois le couple et les avaient quitté afin de « faire le nécessaire pour rassembler le montant de la rançon ».
Bien évidemment, le directeur n'avait eu aucunement l'intention de payer cet homme qui avait ignoré sa véritable identité mais qui l'avait découverte bien assez tôt, pour son plus grand déplaisir. De plus, cet imbécile lui avait donné un délai d'une semaine afin de réunir la somme demandée, ce qui avait eu pour conséquence que le mutant avait eu 7 jours devant lui pour ruminer sa colère et sa vengeance, et tout le monde savait qu'une colère ruminée était plus dangereuse qu'une colère de l'instant. Au fil de ces journées, Léon s'était repassé en mémoire toutes les méthodes de torture qu'il connaissait afin de choisir avec soin laquelle il aurait appliqué sa sentence. Il avait même fini par se demander s'il n'y avait pas moyen de toutes les appliquer en même temps, histoire de rigoler un peu... L'image de cet individu en train de se tordre de douleur avait énormément apaisé Léon pendant ces 7 jours d'attente, lui arrachant même parfois un sourire malsain.

Finalement, le jour J était arrivé et ça avait été un Léon parfaitement calme qui s'était mis en route vers le lieu du rendez-vous... qui s'était trouvé être sur un bateau en plein milieu de la Baie de Hong-Kong. Le mutant n'avait pu s'empêcher de penser que ce taré avait décidément trop regardé de films sur la mafia chinoise. Cet imbécile avait choisi un terrain d'échange totalement entouré d'eau et pour un peu, Léon aurait eu pitié de lui. Mais il avait enlevé sa petite sœur ce qui lui avait ôté le peu de pitié qu'aurait pu avoir le mutant à son égard.
L'heure H était finalement arrivé et le jeune homme avait pu remarquer que le ravisseur n'était pas venu seul: il avait été bien évidemment accompagné de son otage mais également de plusieurs hommes de main, supposés assurer sa sécurité au cas où le directeur avait prévu des renforts qui devaient arriver sous peu. Mais Léon n'avait prévu aucun renfort, car il n'avait voulu laisser aucun témoin vivant.

Léon était venu avec une mallette assez grosse, qui était supposée contenir tous les billets qu'avaient désiré le ravisseur et ses sbires. D'ailleurs pour le rendre plus lourd, le mutant avait emprisonné de l'eau à l'intérieur. Comme prévu, le kidnappeur avait exigé que le directeur lui balance la valise à billets, ce qu'avait fait le jeune homme et toujours comme prévu, l'individu s'était hâté d'ouvrir la valise afin de contempler ce qui avait causé sa perte.
A l'instant où le ravisseur avait soulevé le haut de la mallette, Léon avait fait entré son don en action et l'eau contenue dans la valise avait filé en direction de Qi Yue, l'avait enveloppée totalement, avant de la faire plonger sous l'eau afin de la protéger totalement et aussi pour qu'elle n'avait pas à assister pas à la scène qui avait suivi. La bulle d'eau qui l'avait entouré lui avait permis de respirer normalement et aurait résisté à toutes ses tentatives d'évasion... pratique les pouvoirs de Léon: plus besoin de scaphandre, masque, tuba ou bouteille d'oxygène pour faire de la plongée sous-marine, si c'était pas génial ça!
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Léon Asakura

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Léon Asakura

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyJeu 30 Juil 2009 - 15:38

Enfin bref, revenons à nos truands qui n'avaient pas encore très bien réalisé que leur seul monnaie d'échange venait de glisser entre leurs mains et qu'ils avaient été face à un seul individu certes, mais bien plus dangereux qu'eux tous réunis et surtout empli d'une colère froide qui n'allait pas jouer en leur faveur...
Sans bouger le moindre petit doigt, Léon avait tué un premier individu en l'enveloppant d'eau pour resserrer subitement, faisant craquer tous ses os. Les deux suivants avaient été tout simplement noyés avec une bulle d'eau entourant leur tête. Léon avait ainsi continué d'appliquer son jugement sans aucune hésitation envers ses victimes, tel une Faucheuse aux méthodes originales. L'avantage de la méthode utilisée par le mutant était qu'aucune de ses victimes ne parvenait à crier. C'était pas faute d'essayer pourtant mais il est pourtant su de tous qu'aucun son ne sortait de la bouche de quelqu'un qui était en train de boire la tasse. Les cris avaient été toutefois remplacés par les sons de craquements d'os divers et variés, ce qui avait rendu la scène un peu morbide, il fallait bien l'avouer. Il fallait tout de même préciser que les malfrats avaient tenté de riposter à l'aide de leurs armes, un peu dépassées car ils ne possédaient que des armes à feu, une partie de l'argent dont ils avaient rêvé de toucher aurait probablement servi à mettre à jour leur inventaire quoique... Cependant toutes les balles avaient raté leur cible car elles avaient inévitablement rencontré un mur d'eau qui s'était dressé d'une telle façon qu'on aurait pu croire que cela avait été automatique et ça l'avait probablement été dans l'esprit de Léon qui activait ses barrières aquatiques de manière presque inconsciente et sans effort.
Finalement, seul le « chef » avait été encore en vie après les dix minutes qu'avait mis Léon à tuer les sous-fifres les uns après les autres. Celui-ci avait regardé avec de grands yeux apeurés l'être qui avait été debout devant lui. Les 7 jours qui avaient précédé cet instant avait permis à Léon de trouver la mort adaptée au mécréant qui s'était cru assez puissant pour s'attaquer au dernier membre de la famille encore en vie du mutant et en plus de faire du chantage à ce dernier. De toute manière, il n'avait pas tardé à s'apercevoir la gravité de ses actes mais Léon avait déjà dépassé le stade des excuses, le mutant avait veillé à ce que cet homme n'ait plus jamais l'occasion de tenter un coup similaire lorsqu'il aurait eu le dos tourné.

Pour obtenir ce résultat, le directeur avait enveloppé sa victime dans une énorme bulle d'eau avant de le plonger dans la baie. Il en avait également profité pour remonter la bulle où sa sœur avait été enfermée par ses soins sur le pont du bateau, non sans avoir au préalable nettoyer à grandes eaux la scène des crimes et jeter les corps par dessus bord. D'ailleurs, pour s'assurer qu'aucun des corps ne serait emporté par les courants et que donc, l'un d'entre eux serai malheureusement découvert par quelqu'un, Léon avait mis à profit son don pour trouver une grotte sous-marine où il avait dissimulé les preuves de son forfait. Une fois cette corvée terminée, le mutant avait ramené son attention sur l'auteur de toute cette histoire, qui avait tenté en vain de sortir de sa prison. Le gentilhomme qu'était Léon avait décidé de réaliser le souhait du méchant kidnappeur et avait brisé la bulle d'eau. Le méchant homme avait sans doute pensé qu'il avait réussi à s'échapper et qu'il n'avait qu'à remonter à la surface puis de rejoindre la côte mais le problème était qu'il n'était pas parvenu à remonter à l'air libre. Pourquoi ça? Disons que Léon avait eu quelque chose à voir là dedans...
Bref, le vilain avait commencé à se noyer, avalant des gorgées d'eau de plus en plus grande et à ce rythme là, il n'aurait pas tardé à passer l'arme à gauche mais c'était sans compter sur la bienveillance du directeur qui, mû par une bonté venue d'on ne savait où, avait créé une nouvelle bulle d'air tout autour du noyé. Celui-ci avait recraché toute l'eau qu'il avait accumulé dans les poumons et avait respiré à grandes bouffées l'air qu'était en train de lui fournir le mutant des eaux. Une fois qu'il avait retrouvé un peu ses esprits, il avait regardé l'homme qui était en train de faire de sa vie un cauchemar et lui avait demandé qui il était et pourquoi est-ce qu'il faisait tout ceci. Ravi qu'il lui avait enfin posé la question, Léon lui avait simplement dit la vérité: qu'il appartenait à la famille Asakura et donc, à la même famille que la demoiselle qu'il avait kidnappé et que maintenant qu'il connaissait son identité, sa deuxième question avait sans doute trouvé sa réponse... Cependant, il avait tenu à préciser qu'il n'avait aucunement eu l'intention de libérer sa victime et qu'il allait prendre sa vie en dédommagement de tous les ennuis qu'il avait causé jusqu'ici, ce qui ne semblait pas trop demandé selon Léon. Celui-ci avait emmené l'homme et sa bulle dans la même grotte où il avait dissimulé les corps des hommes de mains. Par chance, ou peut-être avait-ce été l'un des critères de Léon pour choisir la grotte, celle-ci n'avait pas été totalement rempli d'eau et au sommet de la cavité rocheuse, il y avait de l'air. Le directeur de l'Institut avait libéré son prisonnier qui était rapidement remonté à la surface de la grotte pour respirer. Le mutant avait sorti la tête hors de l'eau pendant quelques instants, le temps de dire adieu à l'homme avec un sourire des plus chaleureux et était ressortit de la caverne sous-marine par la seule issue possible, Léon y avait veillé. Puis le jeune homme avait modifié la structure de l'eau afin qu'elle fasse effondrer l'entrée, scellant ainsi la grotte et le destin du kidnappeur.

Après avoir vérifié plusieurs fois qu'il n'y avait aucune échappatoire, Léon était remonté à la surface récupérer sa petite sœur, et la ramener auprès de ses parents adoptifs. Cependant, ils n'étaient plus à l'abri dans la région, car le mutant ignorait si cet homme avait eu des complices et s'ils avaient également été au courant de l'identité de Qi Yue. Léon avait alors demandé, ou plutôt ordonné à la famille de déménager à l'étranger. Pour cela, il leur avait confié un des appartements qui appartenait à la famille Asakura, au Canada. Les jours suivants leur avaient permis de préparer leur départ discrètement et finalement après quinze de préparatifs et de coups de fils passés, Léon, sa sœur et ses parents adoptifs s'étaient retrouvés à l'aéroport à quelques minutes du départ de l'avion à destination de Vancouver. Les adieux avaient été lacrymaux, surtout de la part du couple qui n'avait cessé de répété à quel point il lui était reconnaissant. Cela avait plus embarrassé Léon qu'autre chose mais il n'en avait pas fait un fromage. Finalement, l'avion avait décollé et tout avait l'air d'avoir été parfaitement réglé... jusqu'au moment où les yeux du jeune homme étaient tombés sur le journal national, où une immense photo du « Mutant serial-killer de la baie de Hong-Kong » avait fait la première page. L'image, tirée d'une vidéo de surveillance, était assez floue mais Léon s'était reconnue instantanément et avait rapidement pris la décision de quitter l'aéroport.
Dans sa chambre d'hôtel, il avait réfléchi au moyen de rentrer à Londres de manière inconnu et sans déclencher une émeute. Ses longs cheveux argentés et ses yeux bleus, caractéristiques du fait qu'il était un mutant d'après l'article du journal, l'avait rendu trop facilement identifiable auprès de n'importe quelle personne qui avait lu le journal. Léon n'avait pas eu le choix: il avait fallu qu'il change de tête s'il avait souhaité rentrer à l'Institut sans faire de scandale.


Léon · Ouais, je crois que c'est assez bien résumé.

Voilà ce qui expliquait sa nouvelle coupe de cheveux et sa nouvelle couleur d'yeux. Si la première avait été facile à modifier, avec une coloration et un bon coup de ciseaux, il en avait été tout autrement pour la couleur de ses yeux. Les lentilles n'auraient pas correctement fonctionné aussi le jeune homme était passé sous les mains expertes d'un chirurgien esthétique! La technologie avait à ce point évolué qu'il était désormais possible de modifier la couleur de son iris sans aucun problème, pour peu qu'on y mettait le prix... Mais ce n'était qu'un détail pour le directeur, qui avait mis son opération sur les frais de la maison.
Il était certain qu'il faudrait du temps pour Léon et tout le personnel de l'Institut pour s'habituer à la nouvelle tête de leur directeur mais bon, « le changement a du bon » comme disaient certains. Espérons qu'ils savaient ce qu'ils racontaient...

Pour l'instant, Léon n'avait envie que d'une chose: fermer ses nouveaux yeux et dormir. Le mois qui venait de passer avait été assez mouvementé et n'avait pas laissé le temps au mutant de se reposer comme il se devait. Juste avant de sombrer, le directeur espérait intérieurement que Samarah et Koyuki ne viendraient pas le réveiller afin de le questionner... Il n'avait pas l'intention de s'enfuir à nouveau, pas dans l'immédiat au moins aussi, pouvaient-elles attendre que le directeur ait recouvré ne serait-ce qu'un minimum d'énergie.
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Koji Ashton

Type Gamma

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Koji Ashton

Race : Mutant
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Age du perso : 18
Profession : Consultant scientifique
Affinités : Virginie Parish, Gaël Calafel, Ewan Ramsay
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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptySam 24 Déc 2011 - 12:27

Koji Ashton avait changé. Bien sûr, sa psychologie était à peu près aussi stable qu’une vieille centrale nucléaire de l’Union Soviétique, mais, cette fois-ci, le changement était considérable. Il considérait rétrospectivement les quelques mois qu’il venait de passer à l’Institut, son arrivée, en somme, dans ces nouveaux quartiers, comme une chrysalide, une période de battement, un temps de métamorphose.

Il se souvenait parfaitement bien de son état en arrivant dans ces lieux qui désormais lui semblaient si familiers. Il avait été un scientifique brillant, mais au ban de la communauté, et un jeune homme, supposait-il, un peu perturbé, prêt à s’offrir à n’importe quel individu qui lui eût paru susceptible de l’aimer pour un tiers de seconde. Il s’était réfugié à l’Institut comme une jeune fille déshonorée, jadis, se réfugiait dans un couvent.

Et il avait vécu en effet comme dans un couvent. Il s’était fait sérieux, taciturne et même un peu maladif. Sa belle énergie de jeunesse s’était dissipée et il avait vécu en moine. En moine un peu superficiel par moment, en moine opulent, mais enfin, en moine tout de même. Cela avait été une transition nécessaire, utile à lui-même, pour ménager une paix intérieure : il était devenu un confrère respecté, un jeune homme (presque) vertueux, un esprit solide.

Mais maintenant, il se sentait prêt. Son pouvoir se développait encore, sa vie s’était plus ou moins calmée, l’avenir lui présentait de nombreuses perspectives : il était prêt à revivre. Il sentait depuis une ou deux semaines bouillonner en lui l’énergie de ses dix-huit ans, mais ce n’était plus la force morbide d’un désespoir affectif. Il était presque heureux, sans savoir pourquoi, simplement content de vivre. Il se remettait à parler, à bouger, à se distraire.

Et il faisait amende honorable. Il avait bien conscience d’avoir étendu la rudesse qu’il s’était imposé à lui-même à d’autres personnes à peu près innocentes. Cela n’avait pas été à proprement parler une faute, mais plutôt une exigence des circonstances poussée un peu trop loin. Il le regrettait cependant et cherchait à se faire pardonner. Il ne voulait pas que l’on se souvînt dans lui comme d’un psychorigide.

En bonne place dans la liste qui pesait sur sa conscience figurait Léon Asakura. L’accueil qu’il lui avait réservé pour son retour à l’Institut avait été essentiellement constitué de tests génétiques, de revolvers et de méfiance disproportionnée. Bien sûr, tout cela avait été rendu nécessaire par la situation particulièrement délicate dans laquelle ils s’étaient tous trouvés alors, et néanmoins Koji avait l’impression qu’un peu de douceur n’eût pas été déplacée.

Donc, un matin du mois de mars, peu après la nuit qu’il avait passée dans une planque du Contrepoison en compagnie de Virginie et de celui qui lui semblait être destiné à devenir Mister Univers ou quelque chose comme ça (et peut-être Miss Univers également si son don se développait un peu, mais étrangement, Koji n’était pas sûr de vouloir y songer), Koji Ashton s’était levé avec la ferme décision de se faire pardonner.

Certes, il n’était pas sûr que la chose fût possible. Il avait lu le dossier de Léon, comme celui de tous les membres de l’Institut (après tout, il avait entièrement reprogrammé les systèmes de défense de l’ordinateur central et, en passant, acquis quelques… informations), mais il ne l’avait jamais vu qu’une seule fois, dans des circonstances exceptionnelles et dans une époque où il n’était pas lui-même au meilleur de sa forme. Il savait donc tout ce que l’on pouvait savoir de Léon et n’avait pas la moindre idée de son véritable caractère.

Alors Koji se rabattit sur ce qu’il y avait de plus sûr au monde : les traditions britanniques. Il s’inviterait à l’heure du thé et les choses iraient d’elles-mêmes. Il avait hérité de la partie « Ashton » de son nom la profonde conviction que le thé était l’argument ultime contre toutes les gênes sociales, l’arme fatale contre tous les inconforts. On prenait le thé pendant l’Apocalypse et la Grande-Bretagne survivrait.

Koji employa donc une partie de sa matinée à s’habiller — comme à l’ordinaire. Il fallait choisir une tenue. C’était dramatique. Trop sérieuse. Trop décontractée. Trop formelle. Trop noire. Trop voyante. Trop vintage. Trop cheap. Trop usée. Trop sobre. Trop commun. Passe-partout. Insipide. Pervers. Douteux. Bien entendu, ces nuances n’existaient vraiment que dans son esprit de névrosé du miroir.

Puis il fallut choisir le gâteau — car il ne pouvait pas arriver sans gâteau. En cinq minutes, Koji parcourut mentalement l’intégralité des cent-douze livres de recettes qui s’étaient imprimés au fil des années dans son esprit. Il y avait bien des choses intéressantes, mais il n’était pas vraiment sûr de les réussir. Bien sûr, il pouvait demander l’aide de Virginie, qu’il soupçonnait être absolument compétente dans le domaine mais, ce jour-là, impossible de mettre la main sur la jolie blonde. Elle aurait bientôt un emploi du temps plus chargé que le sien.

Le Japonais poussa un soupir, descendit dans le garage, bondit dans sa voiture, parvint au centre-ville et se mit à arpenter les pâtisseries les plus huppées de la capitale. Pendant qu’il discutait avec ses courtiers de ses derniers placements, qu’il méditait le texte d’une prochaine conférence et qu’il lorgnait ponctuellement sur les biceps des boulangers, il observait les gâteaux en essayant de déterminer à la fois ce qui était approprié et ce qui plairait à Léon.

Mais qu’est-ce qu’il en savait, lui, de ce qui plaisait à Léon ? Koji sortit son ordinateur de poche et essaya de trouver, sur Internet, des informations sociologiques sur les habitudes alimentaires des émigrés d’origine chinoise, mâles, d’une quarantaine d’années, éventuellement porteur de mutations, d’un milieu social aisé, etc., etc. Etrangement, aucune étude n’était encore parue sur le sujet. Le monde était décidément bien mal fait.

Une jeune femme se pencha sur la même vitrine que lui et, soit qu’elle lui eût trouvé le charme poétique qui faisait toute sa réputation, soit qu’elle eût reniflé, grâce à l’ordinateur de poche, un excellent parti, elle se mit à engager une conversation que Koji entretenait par des monosyllabes distraits en méditant sur les gâteaux au chocolat.

Finalement, alors qu’il allait entrer dans la boutique, fort d’une décision géniale, la jeune femme posa la main sur son bras, lui adressa un sourire que Koji trouva un peu effrayant (trop de dents) et lui susurra comme une promesse :


« Au fait, je m’appelle Jessica.
— Ah. Euh. Oui. C’est bien, c’est bien. »


Il lui adressa un vague sourire et l’abandonna sur le trottoir. Dans la pâtisserie où « Jessica » ne l’avait pas suivie, il attendit patiemment son tour, avant d’annoncer d’une voix très convaincue :

« Je vais en prendre un de chaque. »

Certes, cela représentait vingt-sept pâtisseries, dont certaines paraissaient franchement douteuses, mais enfin, de la sorte, il était à peu près sûr qu’il y en aurait une qui conviendrait. Et si jamais vingt-cinq autres personnes s’invitaient brusquement dans l’appartement de Léon à l’Institut, ils seraient parés à toute éventualité.

Après avoir investi une somme astronomique (qui ne lui faisait ni chaud ni froid) dans ce tea-time, Koji regagna son véhicule, rejoignit l’Institut et attendit patiemment l’heure propice en surfant « par hasard » sur les archives confidentielles de la Société Royale de Médecine, section Génétique Mutante.

Un e-mail au Contrepoison plus tard, il sonnait, avec une boîte à gâteaux beaucoup trop grande pour lui, à la porte de la chambre de Léon.

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Léon Asakura

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptySam 24 Déc 2011 - 16:08

Les choses étaient plus ou moins rentrées dans l'ordre depuis le retour de Léon au sein du manoir. Les événements passés avaient été surmontés par pratiquement tout le monde (June était une exception, pour des raisons plus qu'évidentes) et chacun était retourné à ses habitudes, signe que la vie avait repris son cours normal, aussi normal que la vie d'un mutant pouvait être.

Léon avait naturellement repris les fonctions administratives de l'Institut aux côtés de Koyuki et très rapidement, il se sentit de nouveau dans son élément, jonglant entre les factures, le courrier à distribuer aux différents pensionnaires, les invitations d'une énième organisation, de reportages sur le manoir et ses habitants, d'interview et pleins d'autres encore... Le mutant se sentait dans ses petits souliers et effectuait ses tâches visiblement fastidieuses avec entrain et rempli de bonne volonté. Officiellement, il était toujours démis de ses fonctions mais il était certain que Sam' n'était pas mécontente de pouvoir lui refourguer les tâches qui incombaient avec la fonction de co-directeur. L'emploi du temps du mutant était presque tous les jours identiques. Il consacrait une bonne partie de sa matinée à s'occuper de l'administration de Nouvel Institut, recevoir les plaintes ou les demandes des pensionnaires ou encore de recevoir des nouveaux membres potentiels. Léon assumait ses fonctions jusqu'à midi pile, moment où commençait sa pause déjeuner et chez le directeur, on ne plaisantait pas avec l'heure du repas.

Une fois repu, Léon pouvait se consacrer à ses activités de l'après-midi, qui se déroulaient presque exclusivement dans la salle d'entraînement. En effet, depuis son retour en Angleterre, Léon était résolu à récupérer son niveau de pouvoirs d'antan et c'était dans ce but qu'il s'entraînait presque tous les après-midi. Les progrès n'étaient franchement pas très visibles mais le mutant ne renonçait pas et continuer à consacrer ses après-midi à user de son pouvoir. Lorsqu'il ne s'entraînait pas, Léon allait rendre visite à Sinéad afin de se mettre à jour quand à l'avancée de ses recherches concernant son cas. Malheureusement, la scientifique était face à un mur et ne savait pas très bien ce qui était arrivé au mutant des eaux qui pourrait expliquer la diminution de ses capacités. Sa seule certitude était que Léon semblait avoir été soumis à une injection semblable au vaccin sans pour autant être identique.

Aujourd'hui n'était pas différent des jours précédents et comme à son habitude, Léon avait passé sa matinée à s'occuper de la paperasse qui s'était accumulée sur son bureau et celui de Koyuki mais il s'en débarrassa rapidement car plus de la moitié n'était plus d'actualité. Les deux administrateurs de la maison pouvaient se féliciter d'avoir pratiquement réussi à se mettre à jour au niveau des papiers administratifs grâce à leurs efforts combinés. Puis les deux personnes avaient décidé de sortir déjeuner à l'extérieur du domaine, sur l'invitation de l'homme.

Une fois mangé plus que raisonnablement, les deux asiatiques rentrèrent au manoir et Léon laissa son amie dans le hall en lui disant qu'il allait s'entraîner. Mais avant cela, le mutant remonta dans sa chambre afin de récupérer sa tenue de sport et sur un coup de tête, il décida d'aller faire ses exercices au bord du lac. L'entraînement de Léon commençait toujours par une séance de relaxation et de méditation grâce auxquelles il parvenait à se mettre en condition pour contrôler la matière aquatique. Une fois bien concentré, le mutant posa le pied sur la surface de l'eau et avança jusqu'au centre du lac. L'eau était froide, ce qui était normal pour la saison mais cela ne dérangeait pas vraiment Léon.

Lentement, le mutant commençait à se mouvoir sur l'eau d'une façon souple et gracieuse à la fois. On pourrait aisément croire qu'il était en train d'exécuter des mouvements de danse ralentie et peut-être était-ce le cas mais le plus impressionnant n'était pas ses pas. L'eau autour de Léon réagissait aux gestes de ce dernier et semblait l'accompagner dans sa danse, ajoutant une dimension irréelle au spectacle. Visuellement, le rendu était magnifique et on avait vraiment l'impression d'assister à un spectacle certes sans musique mais aucune musique n'aurait pu être compatible avec l'exercice de Léon. En regardant celui-ci exécuter ces pas qui étaient à chaque fois suivis de l'eau, on pouvait penser qu'il faisait cela sans aucun effort car aucune émotion ne transparaissait sur son visage mais il n'en était rien. A son plus haut niveau, il était vrai que Léon effectuait cet exercice presque sans effort mais depuis la diminution de ses pouvoirs, le mutant devait rester concentré en permanence. Il devait à la fois se concentrer pour rester à la surface de l'eau mais aussi lorsqu'il contrôlait l'eau qui accompagnait sa danse et il n'était pas rare les premiers jours que Léon se retrouvait dans l'eau car maintenir sa concentration sur plusieurs objets mouvants était un exercice qui nécessitait beaucoup d'efforts et d'énergie. C'était la raison pour laquelle le mutant commençait tout le temps par de la méditation et de la relaxation.

Léon passa plusieurs heures à danser à la surface de l'eau puis une fois qu'il s'estima satisfait de son entraînement, il mit fin à sa séance et s'approcha du rivage du lac. Le mutant prit ensuite le chemin de sa chambre afin de se débarrasser de la transpiration suite à son entraînement intensif. Ce dernier prit une longue douche bien chaude qui lui fait un bien fou.
Léon fut à peine sorti de sa douche qu'il entendit quelqu'un sonner à sa porte. Le jeune homme se demanda s'il avait donné rendez-vous à quelqu'un et lorsqu'il se remémora son emploi du temps du jour, il fut certain, à moins d'un oubli de sa part, de n'attendre personne. Mais il n'allait pas pour autant laisser la personne derrière la porte et se dépêcha d'enrouler une serviette autour de sa taille et aller ouvrir la porte, le torse et les cheveux encore ruisselants d'eau.

Le mutant eut la surprise de se retrouver presque nez à nez avec une énorme boîte sur laquelle était imprimée plusieurs pâtisseries ainsi que le nom de la boutique d'où elles provenaient. Mais ce qui surpris encore plus le jeune homme était la personne qui lui tendait cette boîte car il s'agissait de Koji, un nouvel arrivant qui avait pris la tête de la défense de l'Institut pendant que tout un escadron était parti délivrer Samarah.


« Oh, Koji! » furent les mots de salutation de Léon. Ce dernier ne pensait vraiment pas que le jeune homme viendrait le voir de son plein gré car dans ses souvenirs, celui-ci avait braqué un revolver sur sa personne et même si c'était pour de bonnes raisons, ce n'était pas le meilleur moyen d'établir de bonnes relations. Bien évidemment, Léon ne lui en voulait pas du tout et avait même oublié ce passage car au final, les choses n'étaient pas allées plus loin et tout avait été résolu dans le calme.

Un léger courant d'air rappela au mutant aquatique qu'il était toujours humide et que s'il ne se dépêchait de se sécher, il allait finir cloué au lit.


« Je t'en prie, entre et mets toi à l'aise pendant que je finis de me sécher. Je suis désolé, tu es arrivé alors que je venais de sortir de la douche et comme tu peux le voir, je n'ai pas vraiment eu le temps de mettre quelque de plus convenable. »

Léon s'écarta de la porte afin de laisser entrer Koji puis il entreprit de chercher quelques vêtements et disparu dans la salle de bain. Il laissa néanmoins la porte qui le séparait de sa chambre et de Koji entrouverte afin de pouvoir entendre si jamais ce dernier lui parlait et inversement.

« En quoi puis-je t'aider? Ce n'est pas mon anniversaire et pourtant tu sembles être venu en compagnie d'un gâteau. Tu veux fêter quelque chose? Ah, au fait, tu veux boire quelque chose? Du thé peut-être? »

Le mutant se hâta de finir de se sécher et de s'habiller puis rejoignit son invité dans la chambre.
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Koji Ashton

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptySam 24 Déc 2011 - 16:47

Koji avait commencé à méditer sur la facture de la porte, la qualité du bois, la nuance de la peinture, le poids de l’objet, ses dimensions. C’était un petit exercice auquel il se livrait, désormais, régulièrement et qui occupait ses moments d’attente. Depuis que son pouvoir avait décidé de lui présenter le monde en données chiffrées, Koji tentait sa chance. Largueur, longueur, poids. OK. Code RGB de la peinture. OK.

Le jeune homme n’avait pas encore trouvé beaucoup d’utilités pratiques à cette nouvelle dimension de ses capacités, puisque ses aptitudes physiques, elles, étaient restées au niveau d’un adolescent de son âge — un petit adolescent de son âge. S’il restait un redoutable adversaire par sa faculté à repérer à d’infimes détails l’emplacement de vieilles blessures, cela n’avait aucun rapport avec sa perception intuitive du poids de telle ou telle personne. Au mieux, il pouvait tenir un registre de potins.

Donc, il avait décortiqué la porte dans ses moindres détails et commençait à être à court de distraction quand la porte s’ouvrit pour lui offrir une vision pour le moins inhabituelle. Si son pouvoir lui avait encore permis d’éprouver quelque chose comme de la surprise, Koji eût certainement été étonné de voir son directeur lui ouvrir dans une tenue si peu conventionnelle.

Etonné mais charmé, évidemment. On ne se refait pas. Les yeux de Koji restèrent néanmoins très sagement braqués dans ceux de Léon et quiconque connaissait bien le jeune homme eût admiré l’effort de considérable volonté que cela devait lui demander. Le destin le mettait à rude épreuve, mais il saurait résister aux pièges tentateurs et chinois que l’on mettait sur son chemin.


« Bonjour, Monsieur Asakura. »

Comme la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, il avait adopté naturellement un mandarin absolument parfait, qui tranchait non seulement avec ses traits très nettement japonais mais également avec sa jeunesse. Mais après tout, Koji Ashton — Professeur Ashton, à vrai dire — était un paradoxe ambulant et il n’en était plus à un petit détail près.

Koji se glissa à l’intérieur de la chambre en écoutant les explications de Léon. Il supposait bien qu’il ne l’avait pas surpris en train de faire du tricot. Ou alors le directeur avait une très mauvaise technique.


« Oui, j’ai euh… Constaté cela. »

Il avait retenu une dizaine d’autres réponses toutes plus ou moins équivoques, qu’il eût certainement faites à n’importe qui d’autre dans n’importe quelle autre situation, de « Mais c’est une tenue très convenable » à « Sans doute un signe du destin ». Mais il fallait savoir se montrer raisonnable — raisonnable et, qui plus est, britannique. Prendre les choses avec flegme et philosophie.

A peine Léon eût-il tourné le dos que, pour se consoler un peu, Koji le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparût dans la salle de bain, avant de concentrer une partie de son attention à examiner les lieux. Il avait déposé la boîte de gâteaux sur le bureau, entre deux piles de documents, et promenait désormais un regard auquel rien n’échappait sur son nouvel environnement.


« Vingt-sept. Je veux dire, vingt-sept gâteaux. J’étais dans la boulangerie et puis, vous savez, tout ce choix, cette incertitude, cette espèce de… Enfin. Tout cela était assurément très difficile. Donc, je ne savais pas ce que vous aimiez, je veux dire, comme gâteaux, donc j’en ai pris un de chaque. Vous devriez trouver quelque chose à votre goût. Sauf si vous n’aimez pas les gâteaux. Mais alors, peut-on vraiment quelque chose pour vous… »

Non, Koji n’était pas du tout nerveux. Ou alors juste un petit peu. C’était que présenter des excuses ne faisait pas exactement partie de ses habitudes et que, sur ce terrain, il manquait un petit peu de pratique. Après tout, quand les choses se passaient mal avec quelqu’un, il avait plutôt tendance à aller se morfondre dans un coin. Hélas pour lui, les choses se passaient souvent mal.

Mais c’était avant ! Maintenant, plus question de cela. Il n’était plus ni un moine, ni un adolescent névrosé en quête d’on ne savait trop quoi. Il se comporterait comme il le fallait. Même si cela impliquait d’être nerveux comme une première communiante. Il parcourait du bout des doigts les livres de la bibliothèque, les meubles, soulevait machinalement les bibelots et essayait de se convaincre que l’affaire était probablement très facile.

Quelque chose comme « Désolé de vous avoir soumis à des tests génétiques et de vous avoir braqué avec une arme » devrait faire l’affaire. Sans doute. Il ne restait plus qu’à amener cela délicatement dans la conversation. Du genre : « Oh, dites, est-ce que quelqu’un a douté de votre identité dernièrement ? Ca me fait penser… » C’était la simplicité même !


« Du thé ! Oui. Du thé. Très bien, le thé. Parfait. C’est justement pour ça que, les gâteaux, vous voyez, l’heure du thé. Tout ça. »

Bien, bien, bien. Il n’était pas du tout en train d’aggraver son cas. En cet instant précis, Koji eût préféré n’être pas un cerveau sur patte, mais plutôt une espèce d’expert es-relations sociales. Comme à son habitude, il se débrouillait maladroitement avec les affects les plus simples. Et sa décision de quitter sa rigidité austère pour se détendre un peu, paradoxalement, l’exposait plus aux petites inquiétudes du « que pensera-t-on de moi ».

Il abandonna son étiquetage mentale de la bibliothèque de Léon pour se retourner vers Léon lui-même qui était (malheureusement !) plus présentable.


« Je sais. »

Non ! Mauvais timing. Il répondait aux questions dans le désordre. Trait typique de sa personnalité (ou de son pouvoir, il ne savait plus trop désormais) au naturel.

« Je veux dire, je sais que ce n’est pas votre anniversaire. »

Oh la la ! Est-ce que ce n’était pas une remarque un peu brutale ?

« Je veux dire, ce n’est pas grave. »

Et ça, c’était une remarque parfaitement stupide. Koji avait une soudaine envie de discuter mécanique quantique, pour prouver qu’il n’était pas juste complètement idiot. D’ailleurs, il n’y avait aucun de ses livres dans la bibliothèque de Léon. C’était très vexant.

« Enfin, bref, euh. Je suis venu… »

Demander pardon lui paraissait un peu trop religieux.

« Enfin, le truc, c’est que, vous voyez… Bien sûr, il y a le reséquençage des génomes et les techniques d’infiltration standard, et enfin, je veux dire, si l’on considère que la régénération cellulaire peut être amplifiée par une émission de… »

Il s’interrompit. Essayer d’expliquer pourquoi il avait pu soupçonner que Léon n’était pas Léon lui sembla soudain une idée un peu désastreuse. Finalement, le jeune homme baissa les bras, poussa un soupir et déclara simplement :

« Je suis sincèrement désolé. »

Bien sûr, comme dans son esprit tous les souvenirs des moindres secondes de ces cinq dernières années étaient gravés avec la plus grande vivacité, il n’imaginait pas une seconde, tout entier préoccupé par ses excuses, que Léon pût ne pas songer immédiatement à ce dont il lui parlait, ne pas s’en souvenir précisément, ne pas lui en tenir rigueur et ne pas revivre éternellement les mêmes émotions qu’à l’époque jusqu’à la fin de ses jours.
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Léon Asakura

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Léon Asakura

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyDim 25 Déc 2011 - 13:00

Parmi les choses que Léon avait oublié lors des événements qui s'étaient déroulés à son retour, il y avait le fait étonnant que Koji et lui avaient conversé en mandarin. Le mutant ne s'attendait pas à ce qu'un jeune homme qui semblait à peine sorti de l'adolescence vienne lui tenir un discours dans sa langue natale et ceci, sans aucune erreur. Mais au moment où il découvrit les pouvoirs du cerveau sur pattes, cette surprise n'en était plus vraiment une. Il n'était donc plus étonnant que Koji, malgré son jeune âge, puisse tenir une conversation en mandarin avec Léon et il était fort probable qu'il ait retenu toutes les langues parlées sur cette terre aussi facilement que le fait de respirer.

Pendant que le mutant aquatique finissait de se sécher puis de s'habiller, celui-ci entendit son jeune invité répondre à ses questions à travers la pièce. Les paroles de ce dernier, et surtout le ton de sa voix, semblaient indiquer qu'il n'était pas très à l'aise et qu'il semblait nerveux mais cela, Léon ne pouvait en être sûr car il n'avait pas les moyens de regarder directement le comportement de Koji. Le génie sur pattes étaient en train de débattre sur la raison pour laquelle il avait acheté non pas un gâteau mais vingt sept et tous étaient destinés à l'ancien directeur. Et le peu que Léon avait pu retenir de Koji, c'était que chaque parole qu'il prononçait était réfléchie et que ce n'était pas dans ses habitudes de parler sans raison. Faculté qui le faisait ressembler plus à un robot ou un ordinateur qu'au jeune homme qu'il était. Mais ce n'était pas le cas en ce moment. Il semblerait que le mutant aux capacités intellectuelles sur-développées essayait de justifier chacune des interrogations de son aîné, chose qu'il faisait d'une façon assez maladroite et qui ressemblait bien peu au Koji qu'il avait rencontré quelques semaines plus tôt.

Il avait fallu une dizaine de minutes, durant lesquelles son invité semblait devenir de plus en plus nerveux, pour Léon de se sécher puis de s'habiller. Et au moment où il rejoignit le jeune homme dans la pièce principale de sa chambre, celui-ci était en train de s'emmêler le cerveau avec le fait qu'il savait que ce n'était pas l'anniversaire de Léon. Et cette fois-ci, le directeur par intérim put en effet constater que Koji était loin d'être tranquille. Bien malgré lui, voir celui qui avait maintenu un calme bien peu adolescent lors des derniers événements, alors que ses pairs courraient dans tous les sens et semblaient perdus, angoissés ou terrifiés, se comporter comme un garçon de son âge pour des questions on ne peut plus basiques, faisait sourire Léon.

Mais n'allez pas croire que le plus grand se moquait du plus jeune, il trouvait simplement cela mignon et rendait l'homme-ordinateur plus attachant. A cet instant précis, Koji semblait perdu, hors de son élément et par dessus tout, était absolument à croquer.

Finalement, le génie sur pattes abandonna son combat intérieur, baissa les bras et déclara dans un soupir qu'il était désolé. Léon pensa immédiatement que le jeune homme était en train de s'excuser de son comportement maladroit de l'instant, ce qui fit rire le mutant aquatique. Mais il fit rapidement le lien entre cette dernière phrase et tout le comportement de Koji depuis son entrée dans la chambre de Léon et même avant, sa venue jusqu'à la porte de ce dernier et les vingt sept gâteaux.
Il s'approcha de Koji et tapota l'épaule de ce dernier, tentant de le rassurer:


« Tu n'as pas à t'excuser pour cela. Mais je dois bien t'avouer que c'est surprenant de te voir te comporter comme n'importe quel garçon de ton âge. Tu m'avais plus habitué à un Koji posé et réfléchi. Ce n'est pas quelque chose que tu fais souventhein? Je veux dire t'excuser. Parce que tu es bien venu pour ça, n'est-ce pas? »

Il en profita pour ébouriffer les cheveux du jeune homme avant de se rapprocher de sa table, afin de préparer le thé. Pendant qu'il faisait chauffer l'eau, Léon en profita pour répondre aux propos de Koji quant aux gâteaux.

« Rassures-toi, j'aime tous les gâteaux! Tant que c'est sucré, moi je suis partant! J'espère que tu aimes aussi les gâteaux car aussi gourmand que je puisse être, je ne pense pas pouvoir tout manger tout seul. »
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Koji Ashton

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyDim 25 Déc 2011 - 13:48

Oh, mais Koji se comportait tout à fait comme un garçon de son âge. Quand il passait des heures devant le miroir tous les matins, quand il soupirait à chaque fois que Machin Bidule, mais si vous savez, Machin Bidule, le type super beau qui arrose ses géraniums tous les matins à neuf heures trente-sept au dessus de la boutique de chaussures, à chaque fois que Machin Bidule, donc, apparaissait à sa fenêtre ou quand il proposait à certains de ses camarades de faire une blague étrange, très élaborée sans doute, mais parfaitement absurde.

Il y avait des moments où l’on ne savait plus trop si l’on avait affaire à un jeune homme de dix-huit ans plein d’énergie ou à un vieillard aux idées tordues, à un adolescent tête brûlée ou à un homme d’expérience qui avait finalement décidé de brader les conventions sociales. Sans doute un peu des dos. L’âge de Koji Ashton était un champ de bataille permanent et un défi perpétuellement adressé à la compréhension d’autrui.

Mais il était indubitable que Léon avait eu de lui un aperçu bien peu fidèle, déformé par ses habitudes d’ermite depuis qu’il était entré l’Institut « pour faire le point » et les exigences de la situation. Car, sans doute, dans les moments critiques, Koji n’avait plus rien d’un jeune homme de son âge et peut-être plus grand-chose d’humain : la vie des autres en dépendait, sa propre stabilité comptait pour bien peu.

Tout cela était cependant bel et bien fini. Ce jour-là, dans la chambre de Léon, pas d’ennemi sanguinaire à leur porte et la culpabilité obsessive de Koji, son secret sentiment de souillure, tout cela le laissait en paix. Il redevenait le scientifique un peu dérangé, suspendu entre ses éternelles préoccupations de jeune adulte et sa compréhension profonde de l’univers.

Et cet aspect de sa personnalité avait l’air de mettre Léon un peu plus aise que son côté Jack Bauer. Eh bien ! Il y en avait au moins un des deux qui profitait de cette situation terriblement gênante. Koji haussa les épaules quand on lui fit remarquer qu’il ne devait pas avoir l’habitude de s’excuser. Certes non. Après tout, il ne commettait pas d’erreurs, c’était mathématiques et…

Pour la troisième fois de son existence peut-être, Koji ouvrit des yeux ronds. Qui que quoi ? Il venait de lui ébouriffer les cheveux. E. Bou. Riffer. Les. Cheveux. A lui. Koji Ashton. Professeur Koji Ashton. Deux habilitations à diriger des recherches, quatre doctorats, sept maîtrises, tout cela avec félicitations du jury. L’homme le plus diplômé de la planète. Un grand scientifique.

On n’ébouriffait pas les cheveux d’un grand scientifique, voyons ! Personne ne lui avait jamais ébouriffé les cheveux ! A part peut-être Tante Cordelia. Mais Tante Cordelia, c’était Tante Cordelia, et Léon, c’était Léon. Il y avait des choses qui ne surprenaient pas de la part de Tante Cordelia. Mais Léon, il ne le connaissait pas, et puis, et puis, qu’est-ce que ça voulait dire ?

Koji était horriblement gêné. Tout cela ne se passait pas exactement comme prévu. Il avait imaginé une conversation polie et un peu guindée, autour d’une tasse de thé, à l’anglaise. Quelque chose de formel, mais enfin, de suffisant. Certes, il ne s’était pas renseigné sur la personnalité de Léon. Mais tout de même, il ne s’était pas attendu à ce qu’on lui ouvrît à moitié nu pour lui ébouriffer les cheveux.

Le Japonais se demandait s’il était censé se considérer infantiliser par ce geste. C’était qu’il lui était presque impossible de se « sentir » avoir dix-huit ans et, quand il posait les yeux sur Léon, il était loin de voir le directeur de l’Institut : pour lui, Léon était quelqu’un de très jeune encore, irréfléchi. Plus jeune que lui, d’une certaine manière. Alors tout cela bouleversait sa compréhension intuitive des choses.

Bien, bien, bien. Du calme. Ce n’était peut-être pas aussi simple et divertissement que la mécanique des fluides, mais cela ne devait pas être bien compliqué. Koji passa machinalement une main sur ses cheveux, pour les remettre en ordre, ce qui était parfaitement inutile : il lui avait fallu une demi-heure pour les coiffer et ses efforts étaient durablement réduits à néant par le curieux enthousiasme de son interlocuteur.

C’était donc les cheveux relativement en bataille — ce qui du reste ne l’aidait guère à conserver sa contenance — que Koji s’approcha de la table pour ouvrir la boîte de gâteaux et dévoiler un assortiment qui était une menace à tous les régimes de la Terre.


« Oui euh. J’aime. Tout. Je veux dire, tous les gâteaux. »

Koji n’avait pas la maîtrise de la situation et, quand il n’avait pas la maîtrise de la situation, il perdait le fil de ses représentations. Car il avait besoin de se projeter dans l’esprit de ses interlocuteurs pour savoir ce qu’il pouvait dire, ce qui était compréhensible, ce qui était trop allusif. Parler ne lui était pas nécessairement un exercice très naturel ; tout se présentait avec évidence dans son esprit, en un millième de seconde, et il fallait développer. Donc, il s’embrouillait.

« Cela dit, peut-être pas. »

Sous l’effet de la gêne, son esprit emmêlait les pinceaux de la chronologie. Petits désagréments inhérents au fait de penser à cinquante-trois choses au même moment. Koji parut un instant indécis — il remit patiemment en ordre ses pensées, comme un professeur de mathématiques qui, devant l’incompréhension de ses étudiants, se rend compte qu’il ne vient de donner que la conclusion d’une démonstration à lui évidente mais pour tout le monde obscur.

« Je veux dire, on ne va pas peut-être pas manger tout cela tout seul. Disons que vous pourrez ouvrir un stand. Les revendre pour financer un voyage scolaire. Quelque chose comme ça. »

Ou alors il pouvait les donner à Virginie qui elle, sans aucun doute, pourrait les manger tous en quelques minutes sans se laisser désarmer. La partie japonaise et la partie britannique de Koji s’associaient pour lorgner sur la bouilloire, persuadées de retrouver un peu de sérénité dans une tasse de thé.

Avec un zeste de lâcheté sociale, Koji jugea qu’il serait sans doute plus facile de développer ses excuses pendant qu’ils étaient occupés à observer les gâteaux et l’eau bouillante que lorsqu’ils seraient face à face et les yeux dans les yeux. Alors, en retirant délicatement les gâteaux de leurs corolles de papier, et surtout sans regarder Léon, il se mit à murmurer :


« Ecoutez, Lé… Monsieur Asakura. Je ne suis pas toujours, vraiment, comment dire ? Très… »

Le mot lui paraissait rude et l’attristait, mais il n’en voyait pas d’autres.

« Humain. Je suppose. Et, la dernière fois que nous nous sommes vus, eh bien… Les circonstances… Je veux dire, la situation générale et puis, également, c’est vrai, ma situation personnelle, n’étaient pas exactement propices à ce que je… Enfin, ce que j’essaye de vous dire… »

Ses mains s’étaient arrêtées. La scène qui s’était déroulée il y avait quelques mois de cela reprenait dans son esprit, conservant toute sa vivacité. Cet aspect de sa personne lui faisait peur. Il savait fort bien qu’il s’excusait à la fois pour ce qu’il avait fait subir à Léon, et qui n’avait pas eu de grandes conséquences, et ce qu’il eût été capable de lui faire subir si les soupçons avaient trouvé l’ombre d’une confirmation. Il n’aurait pas hésité.

C’était dans ces moments précis qu’il sentait que son pouvoir — ou sa personnalité, comment savoir ? — l’éloignait sensiblement du reste de l’humanité. Quand le rationnel contrôlait tout. Et c’était une perspective terrifiante. Il reprit un peu plus bas :


« Je suis désolé si je vous ai fait peur. Ou souffrir. Désolé de vous avoir traité en ennemi. Vous êtes, à ce que j’ai compris, quelqu’un de très valeureux. De remarquable. Et c’est une chose dont je ne doute pas. »

Voilà. C’était dit. Ce n’était pas si difficile. Il avait toujours envie de s’enfuir. Il fallait maintenant qu’il refoulât ses souvenirs pour ne pas se faire maussade pendant toute l’entrevue. Mais enfin, victoire. Une victoire qui lui coûtait quelques épis. Car on lui avait ébouriffé les cheveux. A lui !
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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyDim 25 Déc 2011 - 17:01

Léon était certain que malgré son intelligence plus que supérieure à la moyenne, rien n'avait préparé Koji à un tête à tête avec le directeur par intérim de l'Institut. Rien sur le papier ou dans la base de données ne laissait prévoir que le directeur était à des kilomètres de l'image d'un directeur d'une multinationale ou d'un ancien directeur d'un pensionnat pour mutants. A certains égards, celui-ci se comportait comme n'importe quel pensionnaire qui venait de découvrir ses pouvoirs et pour qui la vie n'était qu'amusement. Et si jamais quelqu'un doutait que Koji puisse un jour afficher un air surpris, il suffisait de regarder son visage lorsque Léon lui avait passé la main dans les cheveux. Il était clair qu'il n'avait pas l'habitude qu'on se comporte avec lui comme s'il n'était qu'un simple garçon sorti de l'adolescence plutôt qu'un des plus grands cerveaux que cette planète ait porté.

Mais aussi intelligent qu'il pouvait être, aux yeux de Léon, Koji restait avant tout un jeune homme et il continuerait de le voir comme tel, même s'il était conscient de pouvoir compter sur lui en cas de pépin. Son calme, ses capacités intellectuelles et son sang-froid étaient certes d'une grande aide en cas de problèmes graves mais le directeur refusait de le considérer seulement comme tel.

De plus, en observant les réactions de Koji face à son propre comportement, Léon avait peut-être trouvé une sorte de nouveau jeu entre le génie et lui. Cela faisait un moment que le mutant des eaux n'avait trouvé personne pour être la victime de sa personnalité... originale et voilà que Koji venait de se porter volontaire! Que la vie était bien faite....

Gardant ses plans « démoniaques » au fond de son esprit pour le moment, Léon se contentait simplement de regarder le super cerveau s'emmêler les pinceaux une nouvelles fois à un comportement qu'il devait surement considérer comme inhabituel provenant d'un adulte responsable d'un institut pour mutants.


« Je ne pense pas qu'on ait tellement besoin de réunir des fonds pour emmener les pensionnaires en voyage scolaire. Je veux dire qu'à nous deux, il est fortement possible d'emmener toute la maison sur la lune sans que les finances ne soient un problème, n'est-ce pas Koji? Et puis, je ne vendrais probablement aucun gâteaux car ils auraient tous finis dans mon estomac... ou dans le vôtre. »

En attendant que l'eau dans la bouilloire frémisse, Léon prépara son plateau en déposant deux tasses, du lait, du sucre ainsi que plusieurs pots contenant les différents thés qu'il possédait. Il y en avait pour tous les gouts car le chinois était un amateur de thé, question de culture surement.

Cependant, le mutant s'arrêta et se retourna afin de pouvoir observer Koji pendant que ce dernier tentait de justifier son comportement de la dernière fois. L'affaire devait sérieusement le préoccuper car Koji évitait délibérément le regard de son aîné alors qu'il bredouillait ses excuses puis finalement finir sa tirade un ton plus bas, le regard toujours concentré sur ses gâteaux.

Une fois ses excuses présentées, Léon examina Koji de haut en bas. Pas parce qu'il se rinçait l'oeil, encore que... mais surtout pour remarquer que les pieds du jeune homme étaient dirigés vers la porte de sortie et cela révélait l'envie inconsciente de leur propriétaire de vouloir fuir la situation qui était assez gênante pour lui.

Une nouvelle fois, Léon se rapprocha de Koji et passa sa main dans ses cheveux.


« Ca t'a vraiment travaillé cette histoire n'est-ce pas? »

Il appuya légèrement sur la tête du jeune homme pour lui faire relever les yeux et l'obliger en quelque sorte à le regarder.

« Tu as agi comme un véritable chef la dernière fois. Tu as fait passé la sécurité de tous tes camarades et du manoir avant tout et c'était exactement ce dont on attendait de toi. Il faut bien avouer que mon retour au milieu de tous ces événements était suspect, encore plus si l'on ajoute le fait que j'ai disparu plusieurs mois plus tôt sans donner de nouvelles, que mes pouvoirs sont diminués et que j'ai un gros trou noir des derniers semaines avant mon retour. Pas besoin d'avoir ton cerveau pour penser que j'aurais pu être un espion infiltré dans nos rangs. Je ne t'en ai jamais voulu et j'admire même la manière dont tu as mené l'affaire. »

Léon se retourna pour verser l'eau frémissante dans sa théière en fonte, la posa ensuite sur le plateau et ramena le tout sur la table.

« Quant à ton comportement, je ne dirais pas qu'il n'est pas humain. Disons plutôt qu'il est étonnant d'observer cela chez un individu de ton âge. Cela est surement dû à tes pouvoirs et je trouve ça dommage que tu ne te comportes pas plus souvent comme tu le fais en ce moment. Ca te donne un air vulnérable très mignon, si je peux me permettre. Et désolé, si je n'arrête pas de passer ma main dans tes cheveux, ça ne veut nullement dire que je te prends pour un enfant. C'est simplement un moyen que j'ai pour exprimer mon affection envers toi. En temps normal, je t'aurais pris dans mes bras mais je suis un adulte et tu es encore bien jeune... On pourrait se poser des questions. Bon maintenant que les choses désagréables ont été réglées, assieds-toi et profitons des douceurs que tu m'as apporté. »

Le directeur attendit que son invité pose son certainement joli postérieur au fond de son fauteuil, puis lui présenta les nombreux sortes de thé qu'il avait à sa disposition.

« Que préfères-tu? Je pense avoir pour tous les goûts, un peu comme toi et tes gâteaux. Et au fait, c'est Léon et pas Monsieur Asakura... ça me fait grincer des dents à chaque fois, même si je suis beaucoup plus vieux que toi... J'espère seulement que cela ne se voit pas tant que ça. »
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Koji Ashton

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyDim 25 Déc 2011 - 17:45

Non, rien n’avait préparé Koji à cela. Il avait fait des recherches étendues sur Léon, parce que c’était sa manière à lui de se préparer à une entrevue quelconque. Quand Koji choisissait un nouveau coiffeur, il commençait par pirater Scotland Yard pour vérifier qu’Eduardo n’était pas un criminel en cavale. Ensuite il arpentait les forums d’aufeminin.com pour recueillir l’avis des consommatrices. Ce genre de choses.

Sur Léon, il avait trouvé tout ce qu’il y avait à trouver, mais étrangement, aucun dossier de l’Institut ne stipulait, pas même en caractère 5 et jaune fluo au bas d’une page : « passe sa main dans les cheveux des professeurs en physique nucléaire ». En réalité, de manière un peu simpliste, Koji s’était attendu à un Koyuki au masculin. On ne pouvait tomber plus loin du compte.

D’ordinaire, le jeune homme eût été absolument ravi de voir ses prédictions déjouées : l’imprévu et la surprise étaient suffisamment rares dans son univers pour qu’il goutât le moindre petit morceau de nouveauté pleinement. Mais, pour l’heure, il était beaucoup trop occupé à se perdre dans un exercice pour lui entièrement étranger et à s’enfoncer de seconde en seconde dans la gêne pour se réjouir que Léon fût cinglé. Euh, immature.

Fort heureusement pour lui, il ne mesurait pas encore à quel point et ignorait à peu près tout des sordides intentions de son interlocuteur. Faire tourner Koji en bourrique était le secret désir de bons nombres de chercheurs que le jeune homme avait un jour ou l’autre humilié par ses démonstrations brillantes et Léon devait très probablement pouvoir trouver des supporters dans cette entreprise.

Il ne fut pas surpris (c’était déjà ça !) d’entendre le directeur évoquer sa situation financière confortable. Quoique l’essentiel des économies de Koji fût dispersé de par le monde sous de faux noms, dans des circuits financiers rocambolesques et loin de toute curiosité déplacée, ce que Koji ne cachait pas, il l’investissait suffisamment dans des œuvres de charité (par pure stratégie généralement) pour que sa fortune fût de notoriété publique. C’était d’ailleurs justement pour cela qu’il le faisait.

Mais il n’avait pas prévu d’expédier ses petits « camarades » à Taïwan ou au Maroc dans les jours à venir. Ni de vendre des gâteaux, d’ailleurs. Et il était fort probable que Koji fût à peu près incapable de vendre quoi que ce fût à qui que ce fût. Il était plutôt du genre à prouver l’inutilité de bien des objets aux futurs consommateurs qu’à leur refourguer des gâteaux.

Les préparatifs du thé allant progressant, Koji se sentit un peu rasséréné… jusqu’à ce qu’un Léon entreprît une nouvelle expédition dans ses cheveux. C’était une obsession ? Une sorte de fétichisme ? Ou une caméra cachée, peut-être ? Koji déglutit péniblement. Il regrettait de ne pas avoir apporter une oreillette dans laquelle Virginie lui eût soufflé des conseils avisés.

Il releva un regard naturellement noir vers Léon, où se mêlaient en ces instants la plus grande indécision et la plus grande intelligence, spectacle un peu confondant. Koji esquissa un léger sourire, un peu timide, en constatant que ses excuses étaient acceptées. Pas si difficile que cela, finalement ! Sans doute estimait-il que Léon peignait de lui un portrait bien trop flatteur, mais il n’allait pas s’étendre volontairement sur les aspects les plus sombres de sa personnalité.

Ouf. C’était fini. Léon se détourna de lui pour achever les préparatifs et Koji put pousser un soupir silencieux. Il n’allait définitivement pas ajouter « s’excuser » dans la liste de ses activités favorites (qui comprenait pourtant, en autres, « désamorcer des explosifs » et « faire des analyses de sang »), mais enfin, il se sentait un peu mieux pour l’heure. Place à la conversation mondaine, à présent.

En guise de conversation mondaine, Léon lui servit un discours des plus inattendus. « Très mignon » ? « Affection » ? « Se poser des questions » ? Oui, merci, des questions, Koji s’en posait. Il se demandait si c’était sa paranoïa, sa jeunesse dissolue ou son état de gêne qui lui faisait trouver aux propos tenus par Léon l’air de la plus grande ambiguïté et le fait qu’il ne se considérât point du tout « plus jeune » que son interlocuteur ne l’aidait guère à mettre les choses en perspective.

Koji laissa ses pieds le porter un peu mécaniquement vers le fauteuil libre, choisit un sachet de thé vert et essaya de calmer son imagination quand le directeur insista à nouveau sur leur différence d’âge. Quand Koji consultait les statistiques d’âge de ses anciennes « conquêtes » (car évidemment, il avait fait des statistiques), la catégorie « trente-cinq cinquante ans » était loin d’être sous-représentée. Ce qui expliquait sans doute que ses parents fussent un peu refroidis par les habitudes de leur progéniture.

Mais enfin, il fallait répondre. Dans d’autres circonstances, il aurait enveloppé Léon d’un sourire charmeur et lui aurait vanté les avantages de la jeunesse en des termes à peine voilés mais, en la circonstance, il se sentait tout de même un peu mal à l’aise, quoique les questions d’âge n’eussent rien à voir dans l’affaire.


« Léon… »

Il s’arrêta net. Il avait commencé — il s’en rendait compte — avec l’exacte intonation du grand-père qui compte expliquer les choses de la vie à son petit-fils. Ce n’était sans doute pas la meilleure technique. Koji récupéra sa tasse et, dans le fauteuil beaucoup trop grand pour lui, se mit à tourner évasivement sa cuiller dans son thé. Même s’il ne l’avait pas sucré.

« Si je vous appelais Monsieur Asakura, c’était… Eh bien, je suppose, en effet, par politesse, mais rien à voir avec votre âge. Disons que le temps ne s’écoule pas pour moi exactement… Enfin. A mes yeux, vous êtes sans doute beaucoup plus jeune que je ne le parais aux vôtres et, pour ma part, je me sens… »

Très bas, et avec un sérieux qui trahissait que sa déclaration n’avait rien à voir avec une fantaisie adolescente, mais tenait bien profondément à l’un des nombreux « aléas » qui guettaient tout mutant.

« … très vieux. »

Par très vieux, il voulait dire aussi « très fatigué », et peut-être, même, parfois, « découragé ». Mais se morfondre sur son sort, il l’avait assez fait ces derniers mois pour ne pas vouloir retomber dans ses vieux démons. Il releva vers Léon un regard qui, en effet, paraissait très vieux, mais força du lointain de sa tristesse un sourire jusqu’à ses livres.

« Mais vous êtes très bien et, du reste, dans un âge où les hommes sont bien souvent d’un charme remarquable. »

Koji rougit légèrement et ajouta d’un ton faussement dégagé :

« Enfin, vous savez, c’est ce que l’on dit. Généralement. »

Et il se fit soudain très concerné par le choix de son gâteau.
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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyLun 26 Déc 2011 - 16:48

Léon fit semblant de ne pas avoir remarqué l'oeillade noir que lui avait jeté Koji au moment où il lui avait relevé la tête pour lui expliquer qu'il n'en avait jamais voulu au super cerveau de lui avoir braqué un pistolet entre les deux yeux ou de l'avoir soupçonné d'être un espion. Il n'avait cependant pas précisé que si celui-ci avait décidé d'éliminer le mutant aquatique car il estimait ses soupçons confirmés, Léon ne se serait pas laissé faire et se serait défendu. Bien entendu, il n'aurait fait aucun mal aux pensionnaires mais il ne se serait pas laissé abattre sans rien faire non plus. Mais il était certain que Koji avait envisagé cette situation dans son esprit et qu'il avait même réfléchi à la manière de maîtriser son aîné si cette situation s'était présentée.

Apparemment, le discours de Léon semblait avoir apaisé son jeune invité et c'était tant mieux. Cependant, l'embarras retrouva son chemin sur le visage de Koji lorsque le mutant aquatique parla de sa personne en la caractérisant de mignon ou d'attachant par exemple. Il est clair que ce n'était pas le genre de discours qu'un adulte plus que trentenaire est supposé tenir à un jeune homme à peine entré à l'âge adulte. Mais Léon ne se souciait pas vraiment des conventions. Il disait ce qu'il pensait et faisait ce qu'il avait envie, jusqu'à un certain point néanmoins.

Koji prit de nouveau la parole en prononçant le nom du directeur avec le ton que prendrait une personne sur le point de donner une leçon de vie. Cela fit sourire l'intéressé car il avait l'impression d'être l'enfant et Koji l'adulte et peut-être que dans l'esprit de ce dernier, c'était effectivement le cas. On ne pouvait avoir acquis la quasi-totalité des connaissances de ce monde sans se sentir plus expérimenté que n'importe quel adulte ou vieil homme, même si on n'avait pas atteint soi-même la vingtaine...

Les suppositions de Léon furent instantanément confirmées par la suite des propos de Koji qui lui annonça l'appeler par son nom non pas à cause de leur différence d'âge mais plus par politesse. Lorsque Léon médita sur ces paroles, il dut reconnaître qu'aujourd'hui était plus ou moins la première rencontre officielle avec Koji, si l'on ne comptait pas l'incident d'il y a plusieurs semaines. Et étant certain que le jeune Ashton avait été élevé dans les règles de la bonne conduite, il paraissait désormais évident qu'il ne pouvait se permettre d'appeler Léon par son prénom lors de cette première entrevue.

Le jeune garçon continua en confirmant qu'il ne voyait pas les choses comme les gens ordinaires. De son point de vue, il se considérait en effet comme très vieux sans pour autant apporter de précisions supplémentaires sur cette déclaration, ce qui attisa la curiosité de Léon à ce sujet. Curiosité qui ne tarda pas à le faire demander:


« Qu'entends-tu par très vieux? J'aimerais être un très vieil homme dans ce cas et je ne pense pas être le seul à penser comme cela je pense. Koji, tu viens à peine de devenir adulte. Je me doute bien que tout ce que ton cerveau a accumulé t'a rendu plus sage et plus expérimenté que n'importe qui d'autre sur cette planète mais quand même... »

Léon s'interrompit le temps de piquer un des gâteaux que son jeune invité avait disposé sur la table. Koji mit à profit cette petite pause pour terminer son discours par un compliment sur les hommes de la tranche d'âge de Léon, ponctué par des joues qui rougissaient à cette déclaration. Le cerveau sur pattes tenta ensuite de se rattraper en prétextant qu'il ne faisait que répéter ce qui se disait, avant de regarder intensément les différentes pâtisseries qu'il avait apporté.

« Ah, tu me trouves charmant? Comment je suis supposé prendre cela? C'est un avis personnel? »

Léon laissa échapper un petit rire amusé et porta à sa bouche, le gâteau qu'il s'était choisi. C'était une pâtisserie parfum chocolat et c'était absolument divin. Cela faisait un bon moment que le mutant n'avait pas gouté quelque chose d'aussi délicieux et il nota dans un coin de sa mémoire, de demander à Koji de lui donner l'adresse de l'établissement où il s'était fourni en sucreries, afin d'y faire un tour.
Il posa la moitié restante de son gâteau à côté de sa tasse, attrapa une serviette pour s'essuyer la bouche puis reprit de nouveau la parole.


« Au fait, je t'ai déjà dit de m'appeler Léon non? En plus de cela, j'aimerais bien que tu me tutoies aussi. Je veux dire, tu as braqué un pistolet sur moi et je vois pas de meilleur moyen pour rapprocher deux personnes... Pas toi? »

Il afficha un sourire radieux puis décida de ne faire qu'une bouché du reste de son gâteau... afin de pouvoir en piocher un second. Cette fois-ci, il attrapa un cupcake de couleur rose et qui semblait promettre une explosion de sucre et de saveur dans la bouche de Léon et il n'en fallait pas plus pour le directeur. Mais avant de croquer dans cette merveille de sucre, Léon regarda Koji avec une lueur d'amusement et de malice dans les yeux et lui dit de but en blanc:

« Ca n'engage que moi évidemment mais... Pour un très vieil homme, je te trouve à croquer. Si on s'était rencontré alors que j'étais beaucoup plus jeune, je crois que j'aurais essayé de te mettre le grappin dessus. »

A ses mots, il lui dédia un clin d'oeil puis mordit dans son cupcake, l'air de rien. A son comportement, on ne pouvait deviner qu'il venait ouvertement déclarer qu'il trouvait son jeune invité séduisant. On ne pouvait changer un Léon après tout...
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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyLun 26 Déc 2011 - 17:36

Dire que Koji avait été bien éduqué était probablement un euphémisme. Avec un père employé d’ambassade et une mère avocate d’affaires, la bonne conduite était une seconde nature. Et, justement, il n’y avait bien que ses parents pour le trouver impoli et débridé. Et peut-être les gens qu’il braquait avec des revolvers — Dieu merci, cela ne représentait pas une population considérable. Pour l’instant.

Mais, en l’occurrence, la politesse était en train de devenir Koji un moyen de se rattraper aux branches au cours de cette étrange conversation. Parce que Léon ne lui offrait pas beaucoup de repères et aucun moment pour reprendre son souffle et prendre le contrôle de la situation. Koji avait l’impression de tomber de piège en piège et cela ne lui était pas arrivé depuis très longtemps. En fait, depuis qu’il y avait cinq et que grand-père Ryu l’avait poursuivi déguisé en clown.

Le moins que l’on pût dire, c’était que Léon ne ressemblait pas à grand-père Ryu. Et cette évidence commençait à s’imposer dans l’esprit de Koji. D’abord, quand grand-père Ryu n’était pas déguisé en clown, il se comportait lui aussi très convenablement. Ensuite, grand-père Ryu n’avait jamais essayé de le draguer — de ce côté-là, la morale était sauve.

Or, Koji avait l’impression de plus en plus nette que Léon était en train de le draguer. Peut-être était-ce des paroles prononcées à la légère, sans conséquence, mais dans l’état de disette dans lequel se trouvait Koji depuis des mois, même les paroles légères prenaient des accents à la fois flatteurs, désirables et inquiétants.

Désirables, parce que Koji n’était pas — et de très loin — la personne la plus innocente du monde en matière d’hommes. Depuis qu’il était rentré à l’Institut, il avait fait son possible pour dominer ses anciennes habitudes, s’assagir et envisager tout cela plus sereinement. Ne pas chercher désespérément l’affection là où il ne trouverait jamais que du désir brutal. Mais un garçon de dix-huit ans ne pouvait pas se maîtriser éternellement et Koji moins que quiconque.

Inquiétants, parce que de mauvais, très mauvais souvenirs émergeaient dans son esprit. Des souvenirs que son don s’ingéniait à rendre particulièrement vivaces. Des hommes beaucoup plus âgés que lui, Koji en avait connus et ils n’avaient pas été à la source de ses plus tendres expériences. Il y avait toujours eu quelque chose dans l’intérêt qu’ils lui avaient porté qui avaient tenu à la prédation — bien sûr, Koji les avait broyés, mais toujours un peu trop tard.

Tout cela ne l’aidait pas à réfléchir très rationnellement. Le besoin dévorant d’affection, les longs mois d’abstinence, le passé, la nervosité du moment, tout s’entrechoquait en lui et son intelligence empruntait alors l’une de ses voies favorites : le chaos. Car si le cerveau de Koji était merveilleusement doué pour manier les concepts, il était également prodigieux en matière d’imagination et de sentiments et tout cela s’amplifiait pour un petit cocktail explosif.

Donc, le jeune homme avait arrêté de parler, arrêté de tourner sa cuiller dans sa tasse de thé, arrêté de fixer les gâteaux et il observait désormais Léon avec une fascination mêlée de peur. Qu’était-il venu faire ici au juste ? Ne pouvait-il pas simplement envoyé une carte avec une boîte de chocolats ? Et le directeur de l’Institut ne pouvait-il pas se comporter comme tout le monde ?

Les souvenirs commençaient à submerger l’esprit de Koji, tous aussi exacts que la première qu’il les avait vécus : tel moment tendre avec l’un des gardes du corps qu’on avait pu lui assigner, tel moment brutal avec un professeur d’université. Et les longs, longs mois passés terré dans sa chambre, à l’Institut, à lire des livres, faire des calculs, loin de la moindre petite étincelle de vie.


« Je vais… »

Partir. C’était sans doute la meilleure chose à faire. Il ne savait pas si c’était sa raison ou son instinct qui lui soufflait cette sage conduite mais, en cet instant précis, il était certain que toute son excellente éducation ne suffirait pas à le retenir dans ce fauteuil pendant que Léon continuerait à lui tourner autour pour lui faire Dieu savait quoi d’agréable et dangereux.

Et cependant, il ne bougeait pas. Il avait la sensation très banale d’avoir des jambes en coton. La téléportation lui paraissait soudain un pouvoir bien plus utile qu’une super-intelligence. Il avait juste envie de partir très loin (ou de sauter sur Léon, au choix) et, surtout, de vider sa mémoire. Comme celle d’un ordinateur. Pourquoi n’était-il pas un ordinateur ? Avec un bon antivirus. La vie eût été tellement plus simple.

Heureusement, il y avait le thé. Koji but une gorgée. Deux. Finit la tasse comme d’autres eussent avalé un verre de vodka pour se remettre d’aplomb. Par naïveté, par inconscience, ou peut-être simplement parce qu’il avait très envie de rester, il décida de fournir des explications plutôt que de s’enfuir.


« Vous voyez… Essayez de vous représenter ce que vous pensez, disons, en un mois. Les choses intelligentes, les réflexions, les plans, les calculs de comptabilité, les décisions, dans l’entreprise, à l’Institut. Les lectures. Les souvenirs qui émergent au hasard de la vie. Le petit commentaire que l’on se fait à soi-même lorsque l’on voit passer les gens dans la rue. Des choses importantes mais aussi des choses insignifiantes. Tout le temps que vous passez éveiller, à penser, pendant un mois.

Et maintenant, imaginez que tout cela, toutes ses pensées, vous les ayez à chaque seconde votre existence, et seconde après seconde, et pendant un an, deux ans, cinq ans. Comme si vous aviez vécu, si votre esprit avait vécu, des milliers de mois, comme ça. Mais pas tout à fait. Parce que le monde extérieur ne bouge pas à cette vitesse. Parce que vous êtes jeune. Mais juste… Vous, vous sentez vieux, usé, par tout ce temps.

Et puis, tout ce que vous avez pensé, la moindre petite chose, tout ce que vous avez vécu, reste là, gravé dans votre esprit, pour toujours. Pas simplement, comme on dit parfois, « comme si c’était hier ». Non, chaque sensation, chaque odeur, chaque mot, comme si cela se déroulait à nouveau. Les choses joyeuses. Les choses douloureuses.

Tous ceux qui ont essayé de vous « mettre le grappin dessus », qui l’ont fait, qui vous ont fait rêver, quelques semaines, et puis qui vous ont rendu en poussière, trainé dans la boue et vous, et vous… vous vous enfuyez, vous vous cachez, loin de vous-même, quelque part, dans un manoir, vous restez terrer là, vous essayez de vous dire que vous n’êtes pas fou, pas vieux, pas un objet, et pendant que vous êtes là, pendant des mois qui vous semblent des siècles, vous vous sentez seul.

Alors vous regrettez presque de ne pas être resté comme avant. Avant, quand vous ne disiez non à personne, quand vous essayiez d’agripper la moindre petite miette d’affection, par vous sentir un peu envie, autre chose qu’un robot, et, et, et, vous êtes là, et vous êtes en face d’un type qui vous trouve à croquer, et il ne sait pas ce qu’il dit, il dit ça comme ça, pour rire peut-être, et vous, vous êtes juste en train de tout recommencer, de tout revivre, comme avant. »


Oh. Koji se sentait un peu mieux. Bon. Il avait sans doute l’air fou à lier maintenant, il avait pleuré sans s’en rendre compte, il avait les cordes vocales épuisées et une étrange sensation de vide au fond de son ventre, mais il avait l’impression d’avoir arraché un parasite de son existence. Jamais il n’avait tenu un semblable discours, pas même à lui-même, et il devait bien avouer que tout jeter d’un coup était un soulagement. C’était sa manière à lui de casser la vaisselle.

Et maintenant, il ne restait plus qu’à gérer cette situation terriblement étrange. Il essuya ses larmes nerveuses d’un revers de main et, d’une voix un peu timide, hasarda :


« Euh… Désolé. Je devrais peut-être y aller. »

Et il se leva pour entamer une retraite stratégique.
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Léon Asakura

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyLun 26 Déc 2011 - 23:26

Léon était loin de se douter que ce qu'il venait de déclarer au jeune garçon qui se trouvait lui, allait avoir de telles conséquences sur sa personne. Impuissant, il ne pouvait que regarder le défilé des émotions qui se lisaient à travers plusieurs gestes et mimiques inconscients de son interlocuteur, suite aux paroles du directeur.

Le mutant semblait déceler d'abord de l'incrédulité, probablement due au fait que Koji ne s'attendait pas du tout à rencontre un directeur ayant le caractère que possédait Léon. A cela se succédait la suspicion car le jeune garçon devait se demander à quel jeu était en train de jouer son aîné en ce moment même avec lui. On pouvait ensuite lire une pointe de désir comme s'il espérait que les paroles prononcés par Léon soient réels et non pas une simple blague. Et à tout cela, on pouvait également ressentir de la peur émaner du génie, comme s'il redoutait cette situation.

Léon aurait tout à fait compris si son invité l'avait planté ici et pris ses jambes à son cou, loin de l'homme qui venait clairement de le draguer, en dépit de leur différence d'âge flagrante. C'était d'ailleurs ce qu'il pensait qu'il allait faire lorsqu'il ouvrit la bouche mais bizarrement, Koji ne prononça aucun verbe qui était un synonyme de fuite. A la place, il vida sa tasse aussi sec que si cela avait été un verre d'alcool avant de répondre à la question posée précédemment par Léon, comme si de rien n'était.

Le directeur par intérim ne prononça aucun mot, laissant le jeune garçon vider son sac et lui expliquer ce qui devait être le plus gros handicap de ces capacités intellectuelles sur-développées. Léon s'était douté que le super cerveau de Koji devait être accompagné d'effets secondaires de la sorte. Pour simplifier les choses, l'esprit de cerveau était plus puissant que le plus puissant des ordinateurs et alors que l'esprit humain, dans son propre intérêt et celui de son propriétaire, effaçait périodiquement les passages trop négatifs qu'a vécu ce dernier ou alors dans une moindre mesure, les modifiait pour les faire paraître meilleurs qu'ils ne l'avaient été en réalité. Cependant le cerveau du jeune mutant gravait aussi clairement que de l'eau de source chaque seconde de chaque minute de la vie de celui-ci et peu importait à quel point ces moments avaient pu être pénible, affreux ou traumatisant, son pouvoir était tel qu'il lesdits moments intacts dans son esprit.

Léon n'osait imaginer à quel point cela pouvait être un fardeau. Il s'imaginait en train de repasser le moment où son majordome lui avait appris la mort de sa famille. Rien qu'à cette pensée, son coeur se serra et il était parfaitement conscient que ce qu'il avait ressenti à l'époque était bien pire, beaucoup pire que ce qu'il ressentait maintenant. Les humains ordinaires parvenaient à surmonter les épreuves traumatisantes qui se dressaient sur leur chemin car leur cerveau amenuisait la douleur et les événements au fur et à mesure que le temps passait. Mais ce n'était pas le cas de Koji qui semblait être condamné à garder en mémoire toute sa vie, tous ces souvenirs en mémoire.

Le jeune garçon aborda ensuite une autre partie de sa vie, plus personnelle cette fois-ci. Léon apprit que la vie n'avait pas été tendre avec son invité et qu'il avait été séduit puis trahi plusieurs fois. Ajoutez à cela le pouvoir que possédait Koji et le mutant aquatique réalisa rapidement que le garçon au calme olympien et qui avait agi avec un sang-froid remarquable n'était peut-être pas aussi insensible qu'il semblait le penser au premier abord.

Léon réalisa également que ses paroles n'avaient fait aucun bien à Koji, qui avait profité de son arrivée au manoir pour tenter de remettre de l'ordre dans sa vie. Et alors qu'il était sur la bonne voie, voilà que Léon débarquait et lui débitait des paroles qui étaient en train de le faire replonger dans les périodes sombres de son adolescence. Plus encore, le directeur, dont le rôle était avant tout de prendre soin des pensionnaires de l'Institut, venait de faire pleurer un de ses « protégés » et cela le mis encore plus mal qu'il ne l'était déjà.


« Koji... »

Ce dernier essuya rapidement ses larmes puis annonça qu'il ferait peut-être mieux de s'en aller. Mais Léon le devança et posa ses mains sur les épaules de son invité et le fit se rasseoir dans son fauteuil. Puis lentement, il s'accroupit en face de Koji, plaça une de ses mains sous son menton, releva légèrement son visage et le regarda droit dans les yeux.

« J'aurais dû me douter de cet aspect de ton pouvoir. Cela ne justifie rien mais je suis désolé pour ton passé. Je ne m'étais pas douté que tu avais traversé de telles épreuves. Malgré tout le calme et le sang-froid dont tu as fait preuve durant la défense du manoir et ton intelligence remarquable, j'avais oublié que tu restais malgré tout un jeune adulte, avec des faiblesses que tu essaies de cacher... comme tout le monde.

Je ne connais aucune de ces personnes dont tu parles: celles qui ont essayé de te mettre le grappin dessus comme tu dis, en te faisant miroiter des promesses pour t'avoir pour ensuite t'abandonner sans scrupules. Encore heureux car je les aurais retrouvé puis leur expliquer -à ma façon- ce que je pense de leur attitude à ton égard.

Maintenant, j'aimerais que tu saches que tout ce que je t'ai dis était sérieux. Je pense que tu as assez fouillé dans les bases de données de la maison ainsi qu'ailleurs pour savoir que je ne dis jamais quelque chose si je ne le pense pas. C'était probablement maladroit de ma part de te l'avoir dit de but en blanc et cela aurait été peut-être mieux que je garde tout ceci pour moi. Tu n'aurais pas eu à revivre ton passé si j'avais scellé mes lèvres.

De plus, comme je te l'ai dit, aussi mignon, attachant et séduisant que tu sois, notre différence d'âge ne nous permets pas d'espérer quoique ce soit. C'est la raison pour laquelle je t'ai dis que si j'avais eu ton âge, je n'aurais pas hésité à venir vers toi. Mais là... je n'ai pas envie de ressembler à ces types qui vont avec des personnes beaucoup plus jeunes qu'eux car ils sont à la recherche d'une jeunesse perdue ou Dieu je ne sais quoi. J'ai beaucoup trop d'estime pour ta personne pour penser à te blesser comme on t'a blessé dans le passé. »


Léon retira sa main de sous le menton de Koji puis l'approcha de la joue de ce dernier comme pour la caresser mais s'arrêta au dernier moment, conscient que son geste était déplacé. Il regarda sa main avec un regard où l'on pouvait lire plusieurs « et si... » puis avec un soupir, se releva.

« Je ne vais pas t'empêcher de partir, même si je préférerais que tu restes encore un peu. Ta compagnie m'est agréable. Mais je t'ai assez ennuyé aujourd'hui. J'espère seulement que tu ne m'en voudras pas pour ce que je t'ai dis et que tu n'essaieras pas de m'éviter dans les couloirs de la maison. »

Léon vida sa tasse de thé, puis se dirigea vers son lit. Il sauta dessus et enfouit son visage dans l'un de ses oreillers et inspira profondément. C'était sa façon à lui de décompresser. Pas très adulte mais il s'en fichait, il était dans sa chambre après tout. Et intérieurement, c'était pour ne pas regarder son jeune invité sortir de sa chambre, après qu'il l'ait effrayé avec ses propos.
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Koji Ashton

Type Gamma

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Koji Ashton

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyMar 27 Déc 2011 - 0:11

[justify]Avant d’être un super-cerveau, Koji était un être fier. Un peu trop fier. Jamais il n’avait parlé de tout cela, si ce n’était par allusions, parfois, à Virginie. Il avait préféré s’enfermer dans sa tour d’ivoire, tenter de gérer par les problèmes par soi-même. Penser à autre chose. Même si penser à autre chose n’impliquait plus depuis très longtemps chez lui arrêter de penser à ce qui le blessait. Sa technique était donc à la fois courageuse et parfaitement inefficace.

Mais qu’aurait-il été censé faire ? Parler à un psychologue ? Qui pouvait comprendre les détours sordides de son esprit surhumain ? La majorité des gens qu’il croisait, sans aucun doute. Mais cela, Koji était beaucoup trop angoissé pour s’en rendre compte, beaucoup trop convaincu de dériver à des milliers de kilomètres de toute terre habitée pour espérer pouvoir trouver du réconfort quelque part.

Il arrivait cependant, en de très rares occasions, que Koji Ashton, comme tous les jeunes adultes, recevait de la vie des leçons. Rien de compliqué ne défiait plus son intelligence, mais les leçons simples qui ne pouvaient être apprises que par l’expérience, qu’aucune spéculation ne présentait jamais à l’esprit, tout cela pouvait encore lui manquer.

Et cet instant précis, Koji découvrait une vérité toute bête : parler faisait du bien. Il n’avait jamais été très doué pour réfléchir à sa propre existence : dès qu’il essayait de tourner ses facultés vers lui-même, vers sa propre vie, dès qu’il cessait d’envisager les choses d’un point de vue purement stratégique, de réfléchir à quelles compétences il devait acquérir pour assurer sa protection, son pouvoir se braquait et il nageait en eaux profondes.

Parler à quelqu’un jetait des lumières sur les articulations de son passé et Koji se sentait apaisé. Il avait l’impression d’avoir laissé pour de bon cette vie qu’il venait d’évoquer derrière lui, d’avoir exorcisé en quelque sorte ses mauvaises expériences. La peur et la douleur étaient toujours là, avec les souvenirs, sans aucun doute, mais il percevait désormais leur caractère révolu et cesser de considérer tout cela comme une sorte de malédiction.

Le seul problème, c’était que désormais Léon devait le prendre pour un cinglé. Et c’était beaucoup plus par gêne que par ressentiment que Koji avait décidé de s’en aller. Avec que Léon n’appelât les Messieurs en blanc pour lui administrer du calmant. Ou tentât de l’anesthésier avec une forte dose de camomille. C’était parti. Il le forçait à s’asseoir. Bientôt l’ambulance.

Mais non. Léon était soit vraiment gentil, soit sérieusement atteint lui-même ; en tout cas, il le consolait. Koji posa un regard encore humide et certainement un peu indécis dans celui de Léon et écouta très sagement ce que le directeur lui disait. Et il trouvait un certain réconfort à ce que quelqu’un dans ce monde pût encore lui dire qu’il était « un jeune adulte », « comme tout le monde ». Paradoxalement, la banalité était une denrée rare et précieuse dans son monde.

Les souvenirs décantaient progressivement dans le cerveau de Koji, rejoignaient leurs petites boîtes soigneusement étiquetées, en attendant une autre occasion pour surgir à nouveau sournoisement. Le jeune homme se sentait un peu vide, désemparé en quelque sorte, et les dernières paroles de Léon semblaient lui promettre quelque chose pour le lui retirer aussitôt.

Koji n’avait plus très envie de partir. Bien sûr, savoir que son directeur venait de se jeter sur un lit derrière lui pour respirer des coussins n’était pas une situation très facile à gérer. Et, véritablement, Koji ne savait pas quoi faire. Il n’y avait pas dans ses lectures, ses spéculations ou ses expériences passées de données qui pussent l’aider à mener sa barque. Et pourtant, il avait bien l’air d’être la personne la plus mature dans la pièce à ce moment précis.

Il tourna les yeux vers la fenêtre et observa son reflet de la vitre. Etait-il vraiment si jeune que cela ? Léon n’arrêtait pas d’insister sur ce point particulier, qui justement ne résonnait pas le moins du monde dans son propre esprit. Et pourtant, Koji avait envie de se sentir jeune. Envie de ne plus vivre un paradoxe quand il se regardait dans la glace tous les matins. Envie de penser « encore une journée » avec beaucoup moins de fatigue qu’il ne le faisait.

Cela voulait-il dire qu’il était exactement dans la situation que Léon décrivait ? Celle d’une personne très âgée qui essayait de trouver perpétuellement des gens plus jeunes qu’elle pour continuer à se sentir vivre ? Il n’avait pas l’impression mais maintenant il doutait. Ce n’était certes pas le but des remarques de son directeur, mais dans l’esprit du Japonais, les choses se déroulaient rarement comme on les avait prévues.

Alors Koji se replia sur le seul élément stable de son univers, sur le seul avis qu’il tenait à peu près sûr dans les relations humaines lorsque tout sombrait. Qu’eût dit Virginie Parish ? Il était persuadé qu’elle se serait enfuie comme il avait hésité à le faire mais, malgré sa timidité, la jeune femme était toujours de bons conseils — pour les autres.

Après un millième de seconde d’intense réflexion, Koji murmura tout bas, pour lui-même, en anglais :


« OK. »

Il était l’heure de devenir à peu près adulte — il en fallait bien un dans cette chambre. Pas adulte « je suis vieux, je suis fou, je suis jeune, au secours ». Juste adulte. Jeune. Il pouvait être cela. Jeune. Vivant. Normal. C’était Léon qui l’avait dit ! Il fallait écouter son directeur. Voilà.

Koji quitta son fauteuil et, au lien de prendre ses jambes à son cou, il vint s’asseoir sur le bord du lit du directeur.


« Léon. Vous… Tu. Tu dois comprendre une chose. Ce n’est pas possible de ne pas me faire pleurer. Ou souffrir. C’est juste… C’est comme ça. Quand on se souvient de tout, il y a toujours un mot, une odeur, un petit détail qui amène, au bout d’un moment, un souvenir pénible. Ca se passera toujours comme ça. »

« Passera ». C’était un futur bien ambitieux. Mais Koji avait envie, pour une fois, d’être ambition. Pas prudent. Pas réfléchi. Jeune. Il avait envie de redevenir le petit génie survolté et insouciant qui avait tant énervé les respectables professeurs d’université qu’il surpassait en tout point. Sauf que cette fois, le soir, en rentrant dans sa chambre, il ne pleurerait pas toutes les larmes de son corps.

Il tendit la main et, comme Léon l’avait fait quelques secondes plus tôt, marqua un temps d’hésitation, avant de la glisser à son tour dans les cheveux du directeur. A lui de se montrer mature. Ou immature. Jeune. Ou vieux. Il ne savait plus trop.


« Si tu es à la recherche d’une jeunesse perdue, je crains qu’il ne faille frapper à une autre porte. Parce que par ici, il n’y a que moi, et je suis soit fou, soit vieux, soit hors catégorie, soit les trois à la fois. Probablement les trois à la fois, d’ailleurs.

Ceci bien considéré, je ne voudrais pas paraître me vanter ni rien, mais je crois que j’ai un peu plus à proposer que les fesses fermes d’un garçon de dix-huit ans et que l’on peut m’apprécier et avoir envie d’être avec moi indépendamment de mon âge. »


Cela ressemblait presque à une proposition. Un peu moins formelle sans doute que « je passe vous prendre à neuf heures et nous irions dîner ». Koji n’était pas sûr lui-même que ce fût une proposition. Mais il était certain d’avoir raison, cette fois-ci : après tout, il avait dix-huit ans, il était majeur et vacciné, et sa maturité flirtait avec celle de Socrate. S’il y avait un problème, ce n’était pas de son côté.

Oh. Cette pensée lui venait pour la première fois. Léon pouvait très bien faire une fixation sur cette affaire d’âge pour des raisons entièrement indépendantes de sa propre personne. Sans doute les choses n’étaient-elles pas aussi simples, mais Koji comprenait soudain que le directeur était peut-être en proie à un cas de conscience dont les ressorts, loin d’être objectifs, se jouaient dans son esprit.


« Ecoute, je ne sais pas exactement comment dire cela, c’est peut-être inapproprié mais… Je ne suis pas un élève ici. Je ne suis pas un jeune garçon sans défense. Je ne suis certainement pas un enfant. Alors, tu as peut-être trente-huit ans, mais à vrai dire, le fait d’être en train de sniffer un coussin ne donne pas à l’argument « tu es beaucoup trop jeune pour moi » beaucoup d’autorité. »

Voilà. C’était le discours qu’il avait envie d’adresser au dos du directeur de l’Institut. Koji retira sa main des cheveux de Léon avec une lenteur qui transformait le geste en caresse, se releva et rejoignit son fauteuil, en se demandant si finalement le directeur n’allait pas le jeter dehors, pour mettre fin à cette tea-party qui promettait de les rendre aussi fous que le Chapelier et le Lièvre de Mars.
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Léon Asakura

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyMar 27 Déc 2011 - 12:41

Pendant que Léon était en train de se noyer dans ses oreillers, s'attendant à tout moment à entendre la porte de sa chambre claquer et annonçant par la même occasion le départ de Koji, le directeur réfléchit sérieusement à ce qui venait de se passer dans sa chambre. Il venait ouvertement de déclarer son attirance envers le jeune mutant, alors qu'il était parfaitement clair que rien ne pouvait aboutir entre eux.

Mais pourquoi avait-il fallu qu'il ait ouvert sa bouche et prononcé ses paroles, sans avoir pensé aux conséquences que tout cela aurait entraîné? Une fois de plus, le caractère irréfléchi du mutant avait fait des siennes. Bien évidemment, ce n'était pas la première fois que sa franchise lui avait apporté des ennuis mais il évitait autant que possible que celle-ci n'en apporte à son entourage mais c'était plutôt loupé ce coup-ci.

En creusant un peu plus dans sa bêtise, il se rendit compte qu'il ne connaissait pas grand chose sur son jeune invité. Excepté aujourd'hui, la seule et unique fois où ils s'étaient rencontrés était lorsque le jeune génie avait été chargé d'organiser la défense du domaine pendant qu'une équipe décidée sur le tas partait à la rescousse de Sam'. Il y avait nettement mieux comme situation pour rencontrer de nouvelles personnes. Et même à ce moment, le sujet de leurs discussions n'étaient pas tourné vers leur découverte mutuelle mais uniquement sur les différents plans de défense ainsi que sur la probabilité que Léon ait été un espion dissimulé dans leurs rangs.

Mais alors pourquoi le directeur par intérim était attiré par le mutant qui avait fait preuve d'une maîtrise de soi hors pair? Il allait de soi que le jeune Koji était plus que séduisant physiquement mais ce n'était clairement pas la seule raison pour laquelle Léon était attiré vers le Japonais.

En intensifiant ses recherches, le mutant aquatique se rendit compte qu'il avait porté de l'intérêt pour le génie car celui-ci avait plus qu'impressionant lors des derniers événements. Ce dernier s'était comporté comme un véritable chef et avait bluffé Léon par sa maîtrise de la situation. Ce n'était certes pas un exploit digne des chevaliers de la Table Ronde mais l'effet produit sur le directeur était comme si ça l'avait été.

Il était on ne peut plus évident que Koji possédait une maturité que n'avait pas les personnes de sa génération. Léon lui-même n'était pas certain de l'égaler mais ce dernier était loin d'être le plus adulte des adultes de la maison mais en poussant un peu plus loin la comparaison, il était probable que son jeune invité était plus sage que la majorité des grandes personnes résidant dans ce bâtiment. Hormis leur majordome mais ce dernier était un peu hors-concours...

Mais est-ce que cela suffisait pour le considérer comme plus qu'un ami? Koji pouvait être mature à en vomir que cela ne changeait nullement les faits: il avait dix huit ans et Léon, vingt de plus. Et même si celui-ci avait le physique d'un homme de vingt-huit ans, à cause des dix années passées emprisonné dans la glace, officiellement, il approchait de la quarantaine.

Léon eut une pensée qui le fit frissonner quelque peu. Avait-il fait un pas vers Koji parce qu'il représentait un moyen de rattraper ces dix années perdues? Il était clairement hors de question pour le mutant d'utiliser le jeune homme comme un simple objet qui le ferait paraître plus jeune, et encore moins depuis qu'il a eu un aperçu du passé de celui-ci. Cela rabaisserait Léon à tous ces vieux qui l'avaient piégé puis laissé dans un état affreux.

Cependant, l'ancien directeur était certain qu'il n'éprouvait pas une attirance pour Koji dans ce but. Léon avait toujours été sincère dans ses sentiments et jamais l'idée de se trouver une personne plus jeune pour paraître plus jeune ne l'avait tenté. C'était la raison pour laquelle il ne cessait de répéter qu'il était plus vieux que Koji. Beaucoup trop pour oser espérer un quelconque avenir avec le jeune homme. Mais alors pourquoi avait-il ouvert sa bouche bon sang?!

Le mutant était tellement plongé dans ses pensées qu'il n'entendit pas Koji s'approcher de sa position ni même s'asseoir à côté de lui. Il commença à émerger lorsqu'il entendit le Japonais le tutoyer pour la première fois depuis son arrivée dans la chambre puis était parfaitement conscient lorsqu'il sentit une main se glisser dans ses cheveux. Il sursauta légèrement à ce contact puis se retourna afin de regarder un Koji à quelques centimètres de lui.

Il écouta attentivement les paroles du jeune homme, qui ressemblait fortement à une invitation. Ou alors c'était parce que Léon se faisait des idées sur les intentions du garçon. Mais si jamais ces premiers propos étaient ambigus, le doute n'était plus vraiment permis lorsque Koji déclara ne pas être un élève ni un enfant et encore moins un garçon sans défense. L'argumentation selon laquelle respirer ses coussins ne faisait pas vraiment mature et du coup, ne rendait plus crédible la différence d'âge faillit mettre K.O les réticences de Léon. Celui rougit fortement en se revoyant allongé dans son lit, en train de respirer ses coussins... Léon pouvait désormais mettre sa maturité au placard.

Alors que Koji s'apprêtait à rejoindre son fautueil, Léon attrapa impulsivement sa main et la serra tendrement. Il semblait concentré sur ce contact. A sa grande surprise, la foudre n'était pas tombée pour le foudroyer car il avait touché le Japonais. Un champ de possibilités qu'il pensait à jamais perdu s'ouvrit dans son esprit et comme un fou, le mutant se mit à espérer. Avec son pouce, il caressa lentement le dos de la main de Koji, toujours inquiet de recevoir un quelconque avertissement divin lui ordonnant d'arrêter cette folie qu'il s'apprêtait à commettre.


« Je ne suis pas à la recherche d'une jeunesse perdue, même si le fait d'avoir passé une dizaine d'années prisonnier des glaces pourrait le faire penser. Je t'ai dit que je ne disais jamais ce que je ne pensais pas et je pensais que c'était assez clair que c'est simplement toi qui me plaît, aussi vieux, fou ou hors catégorie que tu puisses être, tu restes toi et ça me convient.

Ce n'est pas ton physique plus qu'agréable qui m'a ébloui chez toi la première fois. Ce sont ton intelligence, ta finesse d'esprit et ta maturité. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi remarquable que toi et le destin a voulu se jouer de moi en plaçant un tel esprit dans un corps séduisant mais beaucoup plus jeune que moi.

Sur le papier, j'approche de la quarantaine mais même si j'ai toujours un corps de vingt-huit ans et que dans ma tête, je me vois avoir cet âge là, cela fait tout de même une différence d'une dizaine d'années... »


Léon leva de nouveau les yeux vers son invité et remarqua une nouvelle fois à quel point il était charmant. Il se leva à son tour et tira légèrement sur le bras de Koji pour le ramener contre lui puis serra tendrement son corps contre le sien.

« Pour tes mauvais souvenirs... Disons que je ferai mon possible pour les étouffer sous des meilleurs. A chaque mot ou odeur douloureux, je t'en ferai graver un autre réconfortant et synonyme de bonheur. Ainsi, j'espère seulement que chaque nouveau jour pour toi sera moins pénible... »

Le directeur demeura ainsi encore quelques temps avant de libérer Koji de son étreinte. Puis il le regarda dans les yeux. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres puis lentement il accompagna Koji vers son fauteuil.

« Tu veux peut-être une autre tasse de thé? Vu comment tu as descendu la première, je ne suis pas certain que tu as vraiment profité de celle-ci. »
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Koji Ashton

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MessageSujet: Re: [Chambre de Léon] [Chambre de Léon] EmptyMar 27 Déc 2011 - 14:09

Koji ne savait pas trop ce qu’il espérait. Il était ordinaire incompétent lorsqu’il s’agissait de se faire une idée très nette de ses propres désirs et la situation trouble dans laquelle il se trouvait ne l’aidait pas à faire preuve de plus de lucidité. Il se sentait vivant, humain, hésitant, et ces sensations inhabituelles le déstabilisaient — il éprouvait une grisante sensation de vertige et l’intuition d’un vague danger.

Il retint ses réflexes de kickboxing en sentant qu’on capturait sa main. Tout allait bien. Inspirer, expirer. C’était Léon. Précisément la personne à laquelle il venait plus ou moins de donner l’autorisation de faire ce genre de choses. Ce n’était pas le moment de le faire déchanter en tentant de lui briser la mâchoire.

Pour la première fois depuis des mois, Koji commençait à ne plus penser à ce qu’il devait protéger, aux situations de crise, à la fuite en avant, aux mesures de défense. Plus de stratégie, plus de calcul, plus de combat. Il se sentait à la fois apaisé et terriblement fragile, exposé comme il ne l’avait plus été depuis son arrivée à l’Institut. Il espérait que ce ne serait pas un vrai retour en arrière.

Oh. Des compliments. Personne ne lui faisait de compliments à part Virginie. On ne disait pas à un basketteur professionnel : vous tirez bien au panier. On ne disait pas non plus à Koji Ashton qu’il était intelligent. Et pourtant, cela n’en laissait pas de faire plaisir, et c’était, ce jour-là, un plaisir tout différent de celui qu’il éprouvait en la compagnie de son amie, quelque séduisante qu’elle fût par ailleurs.

Alors Koji n’opposa aucune résistance quand Léon l’attira vers lui — des mois qu’il n’avait pas eu d’étreintes, des mois passés dans sa cellule de moine, enfermé, sage, pondéré, des mois de contrition, d’attente, de purification. Koji serrait légèrement la chemise de Léon entre ses doigts, comme pour s’assurer qu’il ne délirait pas, qu’on venait vraiment de lui pardonner et de lui offrir une nouvelle vie.

Il était presque disposé à croire les promesses de Léon. Presque, parce qu’il savait très bien, malgré tout, que le directeur ignorait dans quel champ de mines il venait de s’engager. Koji, lui, ne se faisait pas d’illusions : Léon ne tarderait pas à se rendre compte que le bonheur n’était pas exactement sa spécialité. Mais pour l’instant, le Japonais voulait bien essayer.

Il ne rendit qu’à contre-coeur sa liberté à la chemise de Léon et leva ses yeux noirs vers lui. Et dans la noirceur de leur intelligence, une profonde reconnaissance était imprimée. Même s’ils s’arrêtaient là, Koji se sentait beaucoup mieux. Beaucoup plus serein. Prêt à affronter beaucoup de nouvelles secondes éternelles, avec le fardeau de ses souvenirs.

Il espérait cependant qu’ils n’avaient pas atteint le point ultime de leur relation. C’eût été un peu un apéritif sans dîner et Koji avait faim. Très faim. Il ne connaissait pas Léon. Bien sûr, il avait exhumé la moindre petite parcelle d’informations, mais c’était sans importance : il voulait connaître ses inflexions de voie, ses lubies, son visage au réveil le matin, son visage après une longue et pénible journée de travail, l’entendre ronchonner. Tout.

Koji se laissa reconduire à son fauteuil comme une princesse. Il espérait que sa voiture ne se transformerait pas en citrouille ce soir à minuit passé. Pas de mauvaise blague : Léon lui avait mis le grappin dessus et Koji comptait bien s’enrouler dans la corde et en faire des triples nœuds.

Il allait répondre à la proposition de son… ami/directeur/(futur) compagnon/séducteur/rayez la mention inutile quand son téléphone se mit à sonner. Rapidement, Koji plongea la main dans sa poche et, sans même regarder le nom qui s’affichait à l’écran, éteignit l’appareil et le posa sur la table.


« Je veux bien. »

Et il allait demander un second gâteau quand un second téléphone sonna. Koji espérait que Léon ne s’attendait pas à recevoir des messages du destin, parce que les choses s’annonçaient très mal. Le jeune homme extirpa le second téléphone d’une autre poche et, cette fois-ci, jeta un coup d’œil à l’écran. Les mots « Cl. Alyssa Magambo » suffirent à rendre son expression soudain bien sérieuse. Il releva un regard gêné vers Léon.

« Je suis désolé, Léon. Je dois absolument répondre. »

C’était généralement la malédiction des téléphones de secours : ils ne sonnaient que pour les choses importantes. Koji se leva, fit le tour de la table et, en décrochant son téléphone, vint poser une main sur l’épaule du directeur, comme pour l’assurer qu’il n’allait pas s’enfuir.

Ce que vint contredire de seconde en seconde les bribes de la conversation qu’il entretenait en anglais avec sa mystérieuse interlocutrice.


« Quoi ? J’suis un peu occupé, là.
— …
— C’est une plaisanterie ?
— …
— Et, je ne sais pas, Colonelle, je dis ça sans vouloir vous vexer, mais vous n’avez jamais songé à faire garder vos bases ?
— …
— Oui, bon. Pas la peine d’être grossière. J’arrive. »


Il raccrocha d’un geste sec, parut hésiter une seconde puis tira Léon par la main pour le forcer à se lever et planta dans les yeux du directeur un regard grave et sérieux.

« Je dois y aller. Vraiment. Je t’assure que je ne peux pas faire autrement, et que… Et que rien ne me ferait plus plaisir de rester ici. Et… Et que je reviendrai. C’est promis. Mais je dois partir, maintenant. Alors, si jamais… »

Koji haussa les épaules sans finir sa phrase. A la place, il se hissa sur la pointe des pieds, déposa un baiser sur la joue de Léon, un baiser chaste, attrapa ses affaires et sortit en trombe. En se précipitant vers le garage de l’Institut, sans prendre le temps de repasser par sa chambre, il songeait que Léon, à cet instant précis, devait être en train de se dire qu’il venait de signer un contrat avec le diable.

Mais mignon, le diable.

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