Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Sujet: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Jeu 7 Juin 2012 - 13:38
Léon commençait à pouvoir repérer les premiers signes d’un changement d’humeur ou de comportement de la part de Koji. Et le long silence qui suivit sa prise de parole faisait sans aucun doute parti desdits signes. Pendant les quelques jours où le japonais s’en était allé combattre contre Dieu-seul-savait-qui, Léon s’était mis à potasser le dossier du génie. Il avait intégralement lu son profil dans la base de données de l’Institut et avait passé des heures sur la toile afin de rassembler le maximum d’informations sur le mutant et les « effets secondaires » que pouvaient engendrer un pouvoir comme le sien.
Bien évidemment, le chinois n’avait pas fait cela dans le but d’espionner son compagnon mais plutôt d’essayer de comprendre ce dernier. A l’époque de l’ancien Institut, il avait fait la rencontre d’une mutante qui, au fur et à mesure que son pouvoir évoluait, se rapprochait de plus en plus de la machine et perdait son humanité. Il en résultait des comportements changeants suivant qui de son pouvoir ou d’elle, avait le contrôle sur le corps. Le pouvoir de Koji opérait d’une manière légèrement similaire dans la mesure où son pouvoir bloquait parfois les mécanismes qu’un esprit ordinaire déclenchait pour se protéger.
Aussi Léon, lorsqu’il eut comprit que Koji avait basculé en mode super-cerveau, ne tenta pas de lui changer les idées en lui parlant de la pluie et du beau temps, chose qu’il savait inutile quand le japonais se refermait ainsi. Il se contenta simplement de suivre son amant à travers les couloirs du bâtiment. Ses yeux, où brillait à présent une pointe de peine mêlée à de l’inquiétude, étaient fixés sur ce dernier.
Alors que le couple nouvellement formé se dirigeait en direction des cuisines, Léon laissa lui aussi, ses pensées vagabonder. Mais bien évidemment, celles-ci étaient concentrées sur Koji, son pouvoir, leur couple et lui-même. Le chinois ne s’était jamais fait d’illusions : dès le moment où son cœur avait élu le jeune Ashton, il savait qu’il se lançait de plein corps dans une aventure qui serait loin d’être un long fleuve tranquille, remplie de fleurs, de papillons et autres joyeusetés du genre.
Mais de tout cela, Léon s’en moquait éperdument. Il ne concourait pas pour la médaille du couple parfait, nageant dans le bonheur et la félicité la plus absolue. Non, le chinois désirait simplement être auprès de Koji, dans les bons comme dans les mauvais moments. S’il avait voulu choisir la facilité, le mutant aurait été à des années-lumière de ce qu’il était maintenant : il n’aurait pas été mutant, il n’aurait pas préféré les hommes, il n’aurait pas été en couple, pas avec un mutant en tout cas et encore moins avec un mutant plus jeune que lui et dont le pouvoir compliquait les relations humaines en général.
Oui, depuis sa naissance, on pourrait dire que Léon préférait emprunter les chemins tortueux, longs, difficiles et douloureux parfois aux chemins droits et simples. Cela l’avait souvent amené au bord de la mort, de la destruction et même de la folie mais le chinois était conscient des risques à vivre une vie comme la sienne et l’assumait pleinement. Comme il entendait pleinement assumer sa nouvelle relation avec Koji, en dépit des difficultés qui se dressaient devant eux.
- Oui, c’est comme ça et puis c’est tout… murmura-t-il tout bas, plus pour lui-même qu’à l’attention d’une quelconque oreille.
Alors qu’ils arrivaient aux abords des cuisines, le regard perdu de Léon fut attiré par la réaction de Koji alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans la pièce. Ce dernier s’était soudainement adossé au mur du couloir et semblait refuser de pénétrer dans la cuisine. A son tour, Léon ouvrit la porte et ne vit personne. Pas de monstres non plus, pas plus que des robots tueurs… même Sam’ n’était pas présente. Aussi, le chinois se demanda ce qui pouvait bien effrayer Koji. Mais même s’il ignorait tout de l’esprit du japonais, Léon n’était pas décidé à le laisser dans le couloir et prit la décision de l’aider, à sa manière et ce, même s’il n’était pas certain de la réussite de sa tentative.
Le chinois prit Koji par les épaules et le mena dans la cuisine. Il le fit s’asseoir sur l’un des nombreux tabourets de bar qui étaient disposés dans la pièce et fila enfiler un tablier. Il se plaça devant l’écran de contrôle et tapota dessus avant de retourner près du japonais. Il lui servit un verre d’eau et se dirigea vers le plan de travail.
Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’une agréable mélodie emplit la pièce. Léon avait demandé à passer l’une des musiques préférées de Koji, détail qu’il avait pu apprendre en essayant d’en apprendre plus sur son homme. Le chinois espérait ainsi, pouvoir ramener lentement le génie auprès de lui et dans ce même but, il entreprit de lui faire la conversation.
- Ca te va si je cuisine ? Ca fait un moment que je n’ai pas touché à une casserole mais je pense que ce genre de choses ne s’oublie pas. Tu as des préférences au niveau de la viande ou alors tu préfères le poisson ? Et les légumes, y’en a que tu aimes plus que d’autres ?
Léon ne s’attendait pas vraiment à recevoir des réponses de la part de Koji mais cela ne l’empêchait pas de continuer à parler durant tout le temps où il cuisinait. Il avait placé le génie de telle sorte que ce dernier ne pouvait observer que le dos de Léon, alors que ce dernier était affairé à préparer leur dîner. De sa place, Koji ne pouvait voir quels ingrédients le chinois utilisait ni même ce qu’il en faisait. De temps en temps, il pouvoir apercevoir l’eau effectuer des mouvements que la physique aurait été bien en peine d’expliquer et qui ne pouvait signifier qu’une seule chose.
Léon revint auprès de Koji au bout d’une vingtaine de minutes, non sans avoir au préalable parfaitement débarrassé et nettoyé son plan de travail comme tout bon cuisinier se devait de faire. Il avait le visage un peu rouge à cause de la chaleur. Le chinois attrapa un verre dans un placard et se servit également de l’eau qu’il vida d’une traite avant de pousser un soupir de satisfaction. Derrière lui, les plats étaient toujours en cours de cuisson sur les plaques mais également dans l’un des fours.
- J’espère que tu as très faim parce que j’ai jamais pu faire à manger pour deux ou trois personnes. J’ai tendance à avoir la main lourde et ça finit toujours en un repas qui pourrait nourrir toute une armée…
Au même moment où il continuait d’alimenter la conversation, Léon entreprit de préparer la table. Cela ne lui prit que quelques minutes et à le regarder, on aurait pu jurer qu’il avait fait cela toute sa vie tellement il était précis et rapide dans ses gestes. Le résultat final n’aurait rien eu à envier aux tables des plus luxueux restaurants du monde : tout était accordé à la perfection mais le tout demeurait tout de même sobre.
- Si Monsieur désire bien se donner la peine, le repas sera bientôt prêt.
D’un geste, il invita Koji à s’asseoir auprès de la table puis le mutant fila en direction de ses plats, qui dégageaient une profusion de parfums tous plus alléchants les uns que les autres. Le chinois prit le soin d’apporter la touche finale à ces derniers, en les présentant de la manière la plus esthétique possible avant de les déposer sur la table où l’attendait Koji.
Et lorsque Léon disait qu’il avait la main lourde, ce n’était pas une plaisanterie. Quand tout fut ramené sur la table, celle-ci était remplie de divers plats aux couleurs tout aussi diverses. Il y avait des plats de viande, d’autres contenaient du poisson tandis que certains n’étaient composés que de légumes. Et tout avait été préalablement découpé pour que chaque morceau puisse être dégusté en une seule bouchée, d’où la présence uniquement de cuillères et de baguettes sur la table.
- Et voilà un repas préparé sur le pouce, façon Léon !!
Le chinois défit son tablier et s’assit à son tour autour de la table, en face de Koji. Il regarda avec appétit les mets qu’ils venaient de cuisiner puis attrapa ses baguettes. Il les fit rouler entre les paumes de sa main, ainsi qu’il l’avait toujours fait puis fixe Koji, le sourire aux lèvres.
- On attaque ?
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Dim 10 Juin 2012 - 8:41
A mesure qu’une seconde interminable s’écoulait dans l’esprit de Koji, la place qu’occupait Léon dans ce monde de pensées se détruisant les unes les autres, liées d’abord par des relations simples, rassemblées ensuite par des rapports inexplicables et enfin jetées les unes contre les autres, comme les soldats défaits de deux armées en déroute, devenait plus rare, comme la quiétude d’un pays, dans ses endroits même les plus reculés, est menacée par la guerre qui le dévaste.
Koji se souvenait de lointaines tortures, ces choses mêmes dont son corps n’avait pas gardé une trace qu’imprécise et dont le témoignage avait été effacé par la médecine, ces instants terribles qui ne l’avaient pas ravagé autant qu’un autre être, parce que son être précisément, cette volonté que l’on s’était employé à briser, il l’avait défait lui-même, il l’avait défait lui-même par ses propres pensées.
Il avait exploré les confins de son propre pouvoir, non exactement sa plus grande puissance, mais sa manifestation la moins compréhensible peut-être pour un esprit humain ; il avait laissé ses pensées l’envahir tout à fait, laissé son intelligence creuser la profondeur sans fin de ses propres réflexions, jusqu’à ce que le monde ne fût devenu qu’une poussière au coin de son œil et la douleur une sensation négligeable.
Mais alors il n’avait plus été cet être particulier que son nom et son âge et son histoire avaient défini au fil des années et, par l’expression la plus pure de ce qu’il était, il avait failli ne plus être — or, cette sensation avait éveillé en lui autant de fascination que de naturelle angoisse et la perspective de sombrer pour toujours dans une contemplative catatonie, il ne l’avait pas trouvée aussi repoussante qu’il l’eût souhaité.
Plus les années passaient, plus il sentait, à mesure que son pouvoir se développait, que ce séduisant danger se rapprochait de lui : cet exercice qui avait été difficile d’abord, il était persuadé de pouvoir désormais l’accomplir sans effort et il sentait même souvent que, malgré lui, son esprit était tout proche de céder à la tentation. Des images et des impressions faisaient naître en lui le souvenir pernicieux de cette surhumaine dissolution.
Péniblement, le mutant essayait de se raccrocher au réel — à ce sang qu’il sentait battre dans ses veines, à ce mur dans son dos, au souvenir de la peau de Léon, de sa voix, de son souffle, à cet être dont il était sûr qu’il existait, qu’il existerait toujours, et cette ancre de solide métal à laquelle il devait s’arrimer.
Mollement, comme une poupée de chiffons, Koji se laissa conduire par les épaules à l’intérieur de la cuisine. Rien de ce qu’il voyait n’était plus désormais susceptible d’apporter un nouveau degré à son mal et l’image du couteau, qui avait suscité en lui ces dangereuses réminiscences lui était devenue parfaitement indifférente. Assis sans s’en rendre compte, le mutant perdit son regard dans le vide et il ne paraissait pas qu’il se rendît compte de ce que son compagnon faisait.
Le temps avait perdu sa consistance et les pensées de Koji se fragmentaient, comme un continent fracturé par une grande vague qui laissait dériver une multitude de petites îles au hasard des océans. C’était un état sans douleur et sans plaisir, sans aspiration et sans regret, où Koji ne sentait en aucun endroit et à aucun moment que son existence l’impliquât dans une réalité particulière.
Une vague musique vint flotter dans un endroit de son esprit et il n’eut pas d’abord de raison de supposer qu’elle fût très différente des autres œuvres d’art que sa mémoire restituait au même moment, intact, dans l’un ou l’autre des dizaines de courants de conscience qui s’étaient animés en lui. Aucune des paroles de Léon ne semblait l’atteindre et, à la patience de son compagnon, Koji opposait un silence irréfragable.
La musique que le Chinois avait choisie était l’œuvre d’un compositeur danois contemporain, une symphonie qui renouait, selon les commentateurs, avec une certaine simplicité — sans que personne ne prît la peine cependant de déterminer précisément ce que la chose impliquait. Koji avait été le généreux mécène de l’une des premières représentations et il était probable que Léon, dans ses recherches, eût trouvé un article de magazine culturel dans lequel le journaliste louait la générosité d’un patron des arts.
Patron des arts qui ressemblait, pour l’heure, à une aubergine occupée à mûrir passivement sous le soleil du jardin. Mais, peu à peu, l’aubergine s’anima. Parfois, pendant deux ou trois secondes, les lèvres de Koji remuaient, formant silencieusement quelques notes de la symphonie, puis le mutant retombait dans son immobilité. Quelques minutes passèrent et un vague murmure, lointain fredonnement, commença à s’échapper des lèvres de Koji.
Alors, quand Léon l’invita à rejoindre la table, le jeune homme trouva la présence d’esprit de se lever de lui-même. Certes, il donnait l’impression d’un somnambule qui exécutait machinalement les ordres de son hypnotiseur mais le progrès était néanmoins considérable. Le Japonais s’assit à la table, son regard tomba sur les plats et ses yeux, pour la première fois depuis qu’il était entré dans la cuisine, semblaient voir ce qui se présentait à eux.
D’un air encore absent, Koji attrapa les baguettes, huma l’air, tendit la main et passa son index le long d’un plat presque brûlant. Le mutant retira vivement sa main et releva les yeux vers Léon. Les sensations les plus simples lui avaient rappelé la consistance du réel et l’archipel de son esprit recommençait à s’agréger à lui — le processus, qui avait été lent d’abord, gagna en vitesse et le mutant ne tarda pas à retrouver une apparence plus humaine.
Il promena autour de lui un regard un peu déboussolé puis comprit ce qui s’était produit.
« Oh… »
Le jeune homme passa une main dans ses cheveux et, avec une maîtrise parfaite d’un dialecte du sud congolais, il murmura :
« Je suis désolé. »
Il lui fallait quelques secondes pour se rendre compte qu’il n’avait pas employé la langue la plus appropriée pour se faire comprendre de Léon. Son regard se reporta vers son compagnon, comme si cette vision devait l’aider à ressembler ses pensées anarchiques.
« Je veux dire… Ah non. Pas cantonais. »
Après un nouvel effort, Koji, retrouvant son mandarin, reprit enfin :
« Je suis désolé. C’est encore un peu… Je suis un peu… Embrouillé. »
Il esquissa un sourire d’excuse et parcourut à nouveau du regard les plats qui s’offraient à lui.
« C’est très gentil. D’avoir fait tout cela. D’avoir supporté tout cela. »
Et, soucieux autant de faire honneur à Léon que de s’assurer que son corps s’imposerait durablement à son esprit, Koji picora dans les différents plats pour ajouter à son bol de riz et entreprit de manger, sans s’inquiéter de ne pas avoir faim.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Lun 11 Juin 2012 - 12:38
Une part de Léon était triste. C’était une partie de lui qui se sentait mal à cause de son impuissance face à la situation de son compagnon. Bien évidemment, le chinois avait fait taire cette tristesse lorsqu’il s’était jeté dans la préparation de son dîner avec Koji et rien dans son attitude, ses gestes et ses paroles ne trahissaient son inquiétude vis-à-vis de son japonais. Montrer cette faiblesse à cet instant n’aurait en rien aidé le génie à récupérer et Léon tenait absolument à récupérer Koji, à le ramener auprès de lui où il serait, cette fois-ci, en mesure de prendre véritablement soin de lui.
Le chinois n’avait pas peur d’une quelconque attaque physique à l’encontre de Koji. Il se savait suffisamment puissant pour contrer pratiquement n’importe qui ayant la folie de s’en prendre à ceux qu’ils chérissaient. Mais il demeurait impuissant face à des attaques affectant l’esprit et encore plus lorsque le responsable de ladite attaque n’était autre que le pouvoir de la personne à protéger.
Léon n’avait pu réprimer un frisson de parcourir sa colonne vertébrale. Le chinois avait été sur le point de basculer dans la folie à plusieurs reprises, à l’époque où il s’était réveillé de sa stase dans un bloc de glace. Il lui avait fallu du temps mais son esprit avait réussi à atténuer la douleur liée à la perte de sa famille et il en était ravi. Pour rien au monde, il ne souhaitait revivre à nouveau ce passage de sa vie. Mais Koji n’avait pas cette chance, son pouvoir le condamnait à garder intact toutes les sensations qu’il a pu ressentir au cours de son existence et c’était cette idée de revivre en pensée un événement aussi clairement que si ce dernier se déroulait en vrai, les sensations incluses, qui avait fait frissonner le chinois.
Léon ramena son attention sur les plats qui se dressaient entre Koji et lui. Et avec avidité, il commença à attaquer son dîner. Il avait la bouche remplie de riz et de viande lorsque ses oreilles captèrent le premier son émanant du japonais. Il leva les yeux de son plat et ces derniers s’agrandirent sous l’étonnement lorsque son compagnon lui parla dans une langue inconnue. Le japonais bascula ensuite sur du cantonais, que Léon comprenait assez bien du fait qu’il avait vécu à Hong-Kong, avant de revenir sur la langue maternelle du mutant.
Lorsque Koji le remercia pour avoir fait la cuisine et pour avoir supporté son comportement. Aux yeux du chinois, il n’y avait aucunement besoin de remerciement. Ce qu’il avait fait, c’était ce que toute personne aurait fait à l’égard de son partenaire. C’était une chose naturelle et inconsciente chez Léon. Il n’y avait eu aucun plan, aucun calcul dans ce qu’il avait fait. Ce n’était même pas dans l’intention de se faire bien voir du génie et c’était ce que le mutant expliqua calmement à son compagnon.
- Bah, laisse tomber les remerciements. J’ai pas fait ça dans ce but. Tu avais besoin de moi, j’étais là, tout simplement. C’est plus ou moins ce à quoi tu devras t’attendre si jamais tu veux me garder. Je connais ton pouvoir, je sais à quoi tu peux être soumis. Ca fait parti de toi et je l’accepte. Aussi longtemps que tu me voudras à tes côtés, je serais à tes côtés même si tu ne fais pas attention à moi, même si je parle dans le vide. J’ai pas besoin de remerciements. Je veux juste être avec toi et je fais ce qu’il faut pour.
Léon avait gardé les yeux fixés sur son bol de riz tout le long de sa déclaration. Bien sûr, ce n’était pas une déclaration d’amour mais ça y ressemblait assez fortement et le chinois était plus gêné d’avoir ouvert son cœur à Koji. Ses oreilles avaient rougis, de même que le haut de ses jours et le mutant semblait vouloir échapper au regard de son compagnon.
- Et puis, je suppose que tu en aurais de même à ma place hein?
*Pour être tout à fait honnête, j’ai peur de l’évolution possible de tes capacités.*
Cette dernière phrase, Léon l’avait prononcé dans le secret de son esprit. Il n'avait pas envie d'embêter Koji avec ses idées noires, c'est pourquoi il chassa cette idée de sa tête et son visage retrouva le sourire qui le caractérisait habituellement. Il attrapa un bout de poisson avec ses baguettes, souffla dessus pour le refroidir et le tendit en direction de Koji.
- Allez maintenant, goûte-moi ça. Fais Aaaah…
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Mar 12 Juin 2012 - 22:30
Les yeux fixés sur son bol de riz, Koji jouait machinalement avec des grains, du bout de ses baguettes. Comme bien des personnes habituées à la rudesse d’un quotidien difficile plutôt qu’à la douceur de vivre, il éprouvait quelque difficulté à croire aux promesses d’un bonheur que précisément il désirait plus que tout et entendre Léon lui parlait comme lui parlait l’homme de ses rêves dans ses songes les plus naïfs suscitait chez lui tout à la fois un fol espoir et une involontaire méfiance.
Mais ces sentiments mêmes, confus, ambigus, il les chérissait pas, parce qu’il se sentait grâce à eux humain. Depuis longtemps, il savait que ce n’était que dans les relations sentimentales, quand son être se reflétait dans le regard d’autrui, qu’il parvenait à se rassembler et il avait compris, un peu confusément, que c’était en quelque manière sa propre cohérence qu’il cherchait dans les sentiments qu’on lui portait.
Bien sûr, il n’y avait pas que cela et son affection n’était pas égoïste ; simplement, ses sentiments authentiques n’étaient possibles que lorsqu’un homme se montrait assez tendre et attentionné pour lui donner l’impression d’être normal, lui faire comprendre que, à ses yeux, il n’était pas un monde de pensées voué à la dissolution, mais un individu, Koji Ashton, aussi disposé que n’importe quel autre à la normalité — entre autres choses.
Hélas, cet état de grâce ne durait pas longtemps. Mais Koji avait-il jamais rencontré d’hommes qui fussent aussi bien placés que Léon pour comprendre les difficultés d’une existence mutante ? Et lui-même avait-il jamais été assez expérimenté pour les faire comprendre, les atténuer quand c’était possible, les surmonter quand cela ne l’était pas ? Cette fois peut-être serait la bonne — et la raison, autant que le désir d’être heureux, le poussait à le croire.
Il hocha silencieusement la tête à la question de Léon, paraissant ainsi plus jeune que jamais, avant de relever les yeux. Comment ça, aaah ? Le génie fixa alternativement les baguettes et Léon, comme s’il ne comprenait pas ce dont il était question.
« Euh… »
C’était au professeur Koji Ashton, le plus éminent scientifique du monde, au professeur Koji Ashton, philosophe à la pensée profonde, au professeur Koji Ashton, patron des arts et des lettres, au professeur Koji Ashton, maitre des poisons et des explosifs, que Léon, le plus naturellement du monde, proposait une bouchée comme on l’eût proposé à un enfant.
Si Koji avait été jadis habitué à ce qu’on ne le traitât pas avec toutes les formes auxquelles un homme plus âgé avec le millième de ses compétences aurait eu le droit, une année fructueuse s’était écoulée dans laquelle sa réputation avait grandi dans les milieux qu’il fréquentait et si, pour les passants de la rue, il restait un adolescent comme les autres, pour la plupart des gens qu’il fréquentait quotidiennement, il était une sorte d’être incompréhensible qu’il fallait traiter avec circonspection.
La terreur des congrès scientifique se pencha d’un air incertain pour gober le morceau de poisson. Puis il picora encore dans quelques plats et, après avoir enchaîné un certain nombre de bouchées, il finit par observer magnanimement :
« Pas mal. Pour un Chinois. »
Ce qui eût été dans la part de bien des autres Japonais une insulte à peine voilée était naturellement, de celle de Koji, une simple taquinerie. Il était inutile d’être fin psychologique et observateur pour se rendre compte que le dîner était accueilli plus que favorablement par le jeune homme, sans que lui-même sût ce qui, de la familiarité agréable avec laquelle le traitait Léon ou de la maîtrise des plats, y prenait la plus grande part.
Toujours était-il que pour témoigner sa reconnaissance, il avait ôté son pied de l’une de ses chaussures et avait entrepris de caresser légèrement la jambe de Léon, avec un air d’innocence parfaitement déconcertant.
« Hmm, au fait… »
Koji déglutit pour avaler une bouchée de poulet.
« Dans trois jours, il y a la Walküre à l’opéra. J’ai deux places. On pourrait y aller. »
Quel meilleur moyen d’entamer leur vie sociale de couple qu’un opéra wagnérien de cinq heures, en allemand ? C’était à vrai dire en la matière beaucoup plus le milieu social de Koji, cette grande bourgeoisie cultivée, que sa mutation qui commandait ses goûts. Et puis, quand on pouvait toujours penser à autre chose, même les opéras les plus longs ne pouvaient être tout à fait ennuyeux.
Pendant une seconde, Koji avait fait sa proposition en toute bonne foi, puis il se rendit compte qu’il y avait peut-être des chances plus excitantes ou simplement moins rebutantes à proposer. Sans doute Léon préférait-il un concert de… de… de… Le pied de Koji s’arrêta sagement le long de la cuisse du directeur de l’Institut, alors que l’évidence frappait le jeune homme : il ne savait finalement pas grand-chose de son compagnon.
Il reposa ses baguettes et, en observant la multitude de plats plutôt que son interlocuteur, d’un air un peu gêné, il commença à battre la campagne.
« Mais t’aimes peut-être pas l’opéra. Et c’est normal. J’veux dire, c’est pas grave. Je tiens pas absolument à ce que tu aimes l’opéra. Sans doute, euh… On pourrait trouver autre chose. Un concert de rock ? Ou une rave-party ? Enfin, t’es peut-être trop vieux pour les rave-parties. »
Koji s’interrompit soudainement, rougit et releva un regard un peu incertain.
« Enfin, c’est pas que t’es vieux, hein, du tout, t’as l’air jeune et tout, mais, bon, ce genre de trucs, c’est pour… pour… »
Le Japonais se sentait un peu pris au piège. Son pied s’était sagement reposé sur le sol pendant qu’il cherchait un moyen de ne pas rappeler à Léon le nombre considérable des années qui les séparaient et de trouver une activité qui ne fût ni soporifique, ni décalée. Comme une diversion, Koji se jeta sur un autre domaine.
« Le cinéma ! T’aimes le cinéma ? J’suis sûr que t’aimes le cinéma. Y a une rétrospective de Vertov bientôt. »
Après l’opéra wagnérien, le cinéma documentaire soviétique. Décidément, Koji avait l’air des offres alléchantes. Se rendant compte qu’il était tombé dans le même genre de propositions refroidissantes, le mutant finit par conclure d’un air un peu embarrassé.
« Oui, enfin, bien sûr, tu peux choisir le film, hein. »
Voilà. Tout serait beaucoup plus simple comme ça.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Mer 13 Juin 2012 - 21:46
Voir Koji se battre avec les grains de riz devant lui, Léon n'aurait jamais pensé qu'il en tirerait un quelconque plaisir et pourtant, c'était le cas. Car si le japonais jouait en ce moment avec la nourriture dans son bol, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose: qu'il avait récupérer son humanité et qu'il s'était éloigné de cet état où il passerait plus facilement pour une machine sans âme qu'un être humain à part entière. Et c'était cela qui faisait bondir le cœur de Léon à cet instant car à travers ce geste, Koji lui faisait comprendre qu'il était revenu à lui, qu'il était de nouveau à ses côtés. Pour un peu, le mutant en aurait poussé un soupir de soulagement mais il parvint à se retenir.
Le plus dur semblait être passé et les deux hommes purent retourner à leur repas dans une ambiance certainement plus légère que celle dans laquelle ils avaient pénétré dans la pièce. Le sourire aux lèvres, Léon mangea de bon cœur tout ce qui se trouvait devant ses yeux. Il serait difficile pour les deux asiatiques de finir tous les plats mais rien ne les empêchait d'essayer, surtout qu'ils avaient très faim. Le chinois s'en était rendu compte lorsqu'il avait commencé à préparer le repas: il n'avait pas vraiment mangé les jours durant lesquels il n'avait eu aucune nouvelle de Koji. Son esprit était trop obnubilé par le japonais et il se plongeait dans le travail pour éviter de penser aux pires scénarios possibles, sans prendre le temps de se remplir le ventre. Mais dès lors qu'il avait retrouvé l'objet de ses angoisses vivant et en "bonne" santé, son estomac n'eut cessé de le harceler pour qu'il le remplisse sous peine de tomber dans les pommes pour cause d'inanition.
Se remplir l'estomac dans son coin était certes le signe d'une mauvaise éducation mais si Léon tendit un morceau de poisson en direction de Koji, c'était surtout pour partager un moment de complicité avec le japonais. Cela pouvait paraître bizarre de nourrir l'être probablement le plus intelligent de cette planète mais aux yeux de Léon, il était avant tout une personne pour qui il éprouvait une sincère affection et un profond attachement et ce geste n'était qu'une des résultantes de ces sentiments éprouvés à l'égard du japonais. Après tout, on ne donne la becquée qu'à des gens qu'on apprécie non?
Léon prit un air faussement offensé devant la remarque de Koji, même s'il était loin de se sentir offensé par les paroles de ce dernier. Le mutant feignit d'être vexé et répondit à la pique de son partenaire avec un petit ton supérieur mais dont un sourire mal dissimulé venait trahir le fait qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il disait.
- Venant d'un japonais, ça ne me touche même pas. D'autant plus quand on sait qu'il est également britannique, pays pas vraiment réputé pour sa gastronomie. De là, à dire que les goûts culinaires de ses habitants sont liés…
Ces mots pouvaient paraitre durs mais venant de la part d'un Léon en train d'essayer de se retenir de sourire comme un petit garçon, ces mêmes mots perdaient toute crédibilité. Pour éviter de se faire repérer trop vite, le mutant attrapa son verre d'eau et commença à vider son contenu. Il s'en fallut de peu pour qu'il ne s'étouffe lorsqu'il sentit le pied de Koji glisser lentement le long de sa jambe. Bien évidemment, cela ne déplaisait nullement au chinois mais il ne s'y attendait pas vraiment, au vu de la manière dont l'entrée en cuisine s'était faite. Décidemment, Koji était plein de surprises et cela promettait des moments intéressants en sa compagnie, chose dont Léon serait loin de lui reprocher.
Après s'être remis de sa surprise, Léon s'adressa à Koji d'un ton de voix aussi innocent que le regard que ce dernier lui lançait. Il aurait pu tout aussi bien parler de la météo de ces derniers jours que sa voix n'aurait pas été différente.
- Tu es sûr de vouloir commencer ce jeu? Je te signale que la dernière fois, ça a été très difficile pour moi de te laisser partir et je ne suis pas de pouvoir (vouloir?) réitérer cet exploit…
Et comme pour appuyer ses paroles, la jambe qui était restée libre commença à effectuer le même mouvement que celle de Koji. Et tout cela, sans que la partie supérieur de son corps ne trahisse quoique ce soit. Pendant que son pied montait et descendait le long de la jambe de Koji, les mains de Léon était occupées à attraper la nourriture dans les différents plats qu'elles emmenèrent jusqu'à sa bouche.
Le chinois s'arrêta de manger lorsque son compagnon lui proposa de l'accompagner à l'opéra, pour assister à une œuvre dont il n'avait jamais entendu parlé jusqu'à maintenant. Le nom avait des sonorités germaniques mais c'était tout ce que Léon pouvait déduire. Il n'avait jamais eu l'occasion d'aller à l'opéra, sans doute parce que peu voire aucune personne de son entourage n'était du genre à y aller. Et lorsque le mutant souhaite découvrir une chose, il appréciait la compagnie d'une personne amatrice de cette chose afin qu'elle puisse la lui présenter de manière plus personnelle. C'était autrement mieux que de lire ou d'écouter un guide sans passion ni intérêt.
Mais Léon n'eut même pas le temps de formuler son avis sur la proposition que Koji à s'emmêler les pinceaux et les pensées en ayant probablement anticipé la réponse du chinois. Ce dernier le regarder se débattre du mieux qu'il put, en clignant des yeux devant la vue d'un Koji pas sûr de lui, ce qui était un spectacle assez rarissime pour en être étonné. Finalement, sentant probablement qu'il s'enfonçait plus qu'autre chose, il laissa le choix du film à Léon. Oui car d'un opéra, Koji en était arrivé à une sortie cinéma dont Léon aurait le choix sur la séance.
L'occasion était trop belle pour que le mutant ne la laisse s'échapper. Saisissant la perche tendue par Koji, Léon prit la parole d'un ton suspicieux, presqu'accusateur alors qu'il plissait ses yeux, d'un air qui semblait tout aussi suspicieux.
- Il semblerait que le Professeur Ashton ne sache finalement pas tout… Sinon pourquoi aurait-il perdu le fil de ses explications au point même de faire des lapsus sur mon âge? Se pourrait-il que l'éminent Koji, dont l'intelligence et le savoir n'étaient plus à démontrer, ignore mes goûts? Ignorerait-il ce que j'aime manger, ce que j'écoute ou encore ce que je lis? Peut-être ne suis-je pas digne d'intérêt à ses yeux… Ô tristesse…
Léon n'en pensait pas un mot mais sa curiosité souhaitait savoir jusqu'à quel point son petit-ami possédait d'informations à son sujet. Connaissant Koji, il était presque sûr que ce dernier connaisse exactement la situation financière de son entreprise, sa place sur le marché asiatique et mondial, ses dernières apparitions publiques, les derniers potins à son égard mais qu'en était-il de ses goûts personnels? Jusqu'où son adorable génie de petit-ami avait-il poussé les recherches?
Pendant ce temps, le pied de Léon n'avait toujours pas arrêté son manège sur la jambe de Koji et lorsque le chinois avait en quelque sorte supputé que Koji ignorait ses goûts, son pied avait pris la décision d'aller un peu plus haut que d'habitude, c'est-à-dire tout en haut de ce que les gens considéraient comme faisant parti de la jambe.
- Ah désolé, c'était pas volontaire. J'ai pas fait exprès…
Certes, dans le ton de sa voix, rien ne permettait d'affirmer qu'effectivement le geste avait été fait de manière volontaire, pas plus que dans l'expression de son visage ou dans son comportement en général. Cependant… le fait que son pied soit resté en haut de la jambe pendant une dizaine de seconde ne permettrait-il pas d'affirmer le contraire? Quelle difficile énigme que voilà.
- Pour en revenir à ta proposition, je n'ai pas d'avis sur l'opéra pour la simple et bonne raison que je n'y ai jamais mis les pieds. On va dire que ça ne faisait pas vraiment parti de mon milieu social, ni même de mes loisirs. Mais j'avoue que je suis curieux et vu que tu as l'air de beaucoup apprécier, ça me rend encore plus curieux à ce sujet alors si tu es toujours d'accord, je veux bien t'accompagner à l'opéra. Je compte sur toi pour tout m'expliquer et puis si jamais je trouve ça ennuyant, je t'aurais à mes côtés pour faire passer le temps…
Léon leva les yeux un instant, comme si la remarque qu'il allait faire l'étonnait réellement.
- C'est bizarre comme je ne manque pas d'activités à faire avec toi mais il y en a une qui me marque plus particulièrement: tu sais, celle qui se déroule généralement dans un lit…
Le chinois reporta son regard sur la personne qui se tenait en face et lui lança un clin d'œil impudent avant de tirer la langue d'un air malicieux.
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Dim 17 Juin 2012 - 15:27
Quoiqu’il fût parfaitement conscient que les reproches que Léon lui avait adressés n’avaient été faits que dans une manière de plaisanterie, Koji ne pouvait s’empêcher de songer qu’ils n’étaient pas entièrement dénués de pertinence et, s’il était vrai qu’il n’avait rien à se reprocher, qu’il n’avait pas précisément eu l’occasion de se pencher sur ces questions jusqu’à présent, il n’était pas sans en concevoir quelque inquiétude pour l’avenir.
Ces pensées l’avaient rendu parfaitement indifférents aux égarements du pied de Léon qui, sans doute, dans d’autres circonstances, eussent attiré toute son attention. Ce que Koji sentait surtout, c’était qu’il ignorait tout de son nouveau compagnon et que, d’une certaine façon, leur rapprochement n’avait été fait que sur une fantaisie, l’impulsion d’un moment, qu’il sentait se renforcer d’heure en heure indubitablement, mais qui n’en avait pas moins été aveugle dans les premiers instants.
Il ne s’était renseigné sur Léon qu’à partir des dossiers de l’Institut, à une époque où le directeur n’y était pas même présent. Il n’avait pas pensé le rencontrer de si tôt et certainement pas songer qu’il désirerait un jour en apprendre plus que les catégories formelles d’un fichier de renseignements, aussi détaillé fût-il. La santé financière de son compagnon, qui avait été une information objectivement pertinente, ne présentait plus en cet instant beaucoup d’intérêt pour le mutant.
A bien des égards, Léon était pour lui un parfait étranger et si Koji ne doutait pas de lui faire confiance (autant que son pouvoir, tout du moins, le lui permettait), il lui était impossible de ne pas mesurer cette distance considérable qu’il leur fallait encore combler. Habitué à juger toujours en connaissance de causes, Koji n’était pas certain de pouvoir se lancer sereinement dans une relation qui lui paraissait fondée sur tant d’incertitudes.
Dans cet état d’esprit, la dernière remarque de son compagnon ne fut pas reçue avec tout l’enthousiasme que le Chinois avait pu espérer. Etait-ce donc cela, cela uniquement, qu’ils pouvaient partager ? Koji avait connu bien des relations dans lesquelles les appétits charnels avaient été les seuls liens véritables et d’expérience il mesurait la douleur de semblables expériences. C’était précisément ces spectres qu’il avait cherché à fuir en venant à l’Institut, c’était encore eux qu’il s’était promis de rejeter loin derrière lui avec Léon.
Il avait beau savoir que le dessein de son compagnon n’avait pas été de le réduire à un bien de consommation, aussi charmant fût-il, Koji ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu blessé. La plus grande part de cette impression naissait sans doute de la honte qu’il éprouvait lui-même de son comportement passé ; et à ces souvenirs se mêlaient la crainte d’un futur bien incertain.
Sans conviction, le jeune homme attrapait ici un morceau de légume, là un morceau de poulet, et son regard, échappant perpétuellement à celui de Léon, et avec trop d’efficacité pour que l’on pût croire qu’il n’y avait là que du hasard, errait dans l’observation de ses propres doutes. Koji se jeta sur le sujet de l’opéra comme le seul qui se présentât à lui et qui ne fût pas douloureux.
« On ira, alors. Peut-être pas à la Walküre, c’est un peu long. Quelque chose de plus court, de plus joyeux. Italien ou français. Je regarderai les programmations. »
Il avait dit cela d’un ton qu’il n’était pas parvenu à ne pas rendre un peu distant. Comme pour s’offrir une distraction et se mentir à soi-même, Koji consultant mentalement la liste des opéras qui étaient à leur portée, une liste que leurs ressources personnelles et les moyens de transport à leur disposition allongeaient considérablement.
Signe infaillible de la révolution qui s’était à nouveau opérée dans son esprit, son pied était sagement rentré dans sa chaussure. Au bout de quelques secondes d’un silence des plus inconfortables, renonçant à prétendre que tout se passait bien et arrivé à la conclusion qu’il n’y avait pour lui d’autres solutions que l’honnêteté, Koji déposa ses baguettes et releva les yeux vers Léon.
« Je ne veux pas que la seule activité qui se présente à ton esprit quand tu penses à moi se passe dans un lit. »
Et comme il n’entrait aucune espièglerie dans son ton, il était aisé de deviner qu’il ne s’agissait pas là d’une invitation à se faire plus inventif et que Koji ne voulait pas suggérer à Léon de réfléchir à tout ce qu’ils pourraient faire dans le jet de l’Institut, sur le plan de travail de la cuisine et dans le laboratoire de chimie, autant de perspectives qui ne manqueraient cependant pas de s’offrir à lui quand son esprit serait rasséréné.
Les coudes sur la table, les mains croisées devant son menton, Koji avait à nouveau perdu son air saisissant de jeunesse et dans les ombres de son regard se lisaient les expériences trop nombreuses déjà.
« Je ne dis pas que tu ne me plais pas et que je n’en ai pas envie. Ce n’est pas la question. Juste… On ne se connaît pas. Pas vraiment. Et… Je ne veux pas que ça continue. Je veux savoir ce que tu écoutes. Ce que tu lis. Si tu regardes le cricket ou le tennis. Si tu joues au foot, si tu fais les magasins, si tu paries aux courses, ce que tu votes aux élections, ce que tu penses des couloirs de bus, des caméras de surveillance, du dernier groupe à la mode, du dernier film sorti, des impôts, des garçons qui passent dans la rue, je sais pas, tout. »
Ressentant manifestement le besoin, sinon de reprendre une contenance, du moins de se donner un prétexte de détourner le regard, Koji reprit ses baguettes et se remit à transporter machinalement les grains de riz, un à un, du côté gauche au côté droit de son bol, observant sa propre opération avec une attention de façade. Il poursuivit néanmoins, un peu timidement :
« Je ne veux pas qu’on soit l’un pour l’autre des étrangers. Ce n’est pas que… Je ne veux pas dire que… Enfin… Bien sûr, je suis un garçon, je suis à la fin de mon adolescence, je suis physiologiquement programmé pour penser à tout ce qu’on pourrait faire de nos corps, n’importe où, n’importe quand. Mais… J’ai besoin de ne pas être que ça. Pas cette fois. Je ne peux plus. Je veux… J’veux juste qu’on soit… »
Il haussa les épaules et, à voix basse, comme si la simplicité de son propre désir lui paraissait un peu ridicule, il conclut :
« Normaux. »
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Lun 18 Juin 2012 - 0:58
Léon se disait qu'il avait intérêt à faire attention aux piques qu'il lançait à Koji, tant ce dernier semblait prendre toutes ses paroles au premier degré. Bien évidemment, il était attiré physiquement par son petit-ami (en même temps, qui ne le serait pas à sa place) mais pour Léon, le japonais était bien plus que ça. Si seulement, il parvenait à le lui faire comprendre.
Bien sagement, le chinois écouta le jeune homme essayer de lui dire qu'il aimerait que leur relation soit bien plus qu'une simple attirance physique mutuelle. Le génie souhaitait apprendre tout de Léon et partager bien plus qu'un simple lit et les activités liés. Il suffisait simplement d'être attentif au ton posé, sérieux presque clinique de sa voix pour comprendre que Koji était en train de lui ouvrir son cœur en quelque sorte. Ce dernier était en train de se confier à Léon, de partager ses espérances, ses craintes et ses envies en ce qui concernait leur couple nouvellement formé. Et Léon tenait déjà trop à cet homme pour le froisser en prenant ces paroles avec légèreté.
De plus, le japonais était loin d'avoir tort à leur propos. Tout ce que l'un savait de l'autre, c'était à travers des dossiers ou des magasines. Mais c'était loin d'être suffisant pour connaître une personne. Léon avait bien découvert deux ou trois choses sur les passions du génie mais lui non plus, ne souhaitait pas se contenter simplement de ces bribes d'informations. Autant que son compagnon, il désirait connaître ses gouts, ses envies, ses passe-temps, ses habitudes, ses rêves, ses peurs, tout ce qui faisait que Koji était Koji, qu'il était le jeune homme qui l'avait impressionné lors des récents événements et qui était en train de creuser sa place à grande vitesse dans le cœur du chinois.
Et ce fut avec cette même vitesse que les paroles de Koji lui revinrent en mémoire. Celles où il lui révélait ses précédentes expériences "sentimentales" et ces dernières le frappèrent de façon très brutale. De part son côté insouciant et optimiste, Léon avait oublié que Koji avait fait quelques mauvaises rencontres et il suffisait simplement de regarder avec quelles appréhensions il envisageait leur relation pour voir à quel point ses rencontres l'avaient marqué. Et le directeur chinois, tel l'imbécile qu'il s'efforçait de ne plus être, remettait en quelque sorte ces douloureux souvenirs sur le tapis en agissant comme la dernières des personnes seulement intéressées par un échange charnel avec Koji.
Un sentiment de honte s'empara de Léon au point qu'il en fit tomber ses baguettes par terre. Il les récupéra avant de les poser devant lui mais il garda la tête baissée. Il n'osa pas même plus regarder Koji et ses oreilles avaient déjà commencé à virer au rouge. En observant la scène de loin, on pouvait légitiment se demander qui, des deux asiatiques, était l'aîné et qui était le plus jeune. Le visage de Koji arborait une maturité qui semblait faire défaut à celui de Léon en cet instant. Sur ce dernier, on pouvait aisément y lire une vague de culpabilité et de remords alors qu'il prenait conscience de son erreur. Léon avait les poings serrés à tel point qu'il en avait les jointures blanches. Dans sa tête, des dizaines de noms d'oiseaux et bien d'autres choses encore fusaient mais aucun ne semblait suffisamment puissant pour qualifier sa personne.
- Je…
La suite resta coincée dans sa gorge, la culpabilité et la honte semblant le priver de parole. Les mots se formaient dans son esprit mais sa bouche refusait d'articuler les syllabes en question. Néanmoins, le chinois tenta une nouvelle fois de formuler ses pensées.
- Je ne sais pas quoi te dire. Tu m'as pourtant raconté un bout de ton passé et moi, la seule chose que je fais, c'est de me comporter comme ces hommes que tu as rencontré… Je…
Les mots étaient sortis mais sans que cela ne soulage Léon de son sentiment de culpabilité, au contraire. S'entendre annoncer sa faute rendait sa bourde beaucoup plus réelle, presque palpable et à nouveau, les faits le frappèrent de plein fouet au visage.
- Je m'en veux… Je t'avais dit que j'étais différent de ces personnes et pourtant mes actes me font plutôt les ressembler. Pire encore, je me permets de jouer sur un terrain qui t'es douloureux... J'aurais du faire plus attention à ce que tu aurais pu penser… Je… Je suis un imbécile, excuse-moi Koji.
La voix de Léon tremblait au fur et à mesure qu'il prononçait ses mots. A présent, il serrait tellement ses poings qu'il sentait ses ongles laisser des marques dans sa paume mais cette douleur n'était rien, il ne la ressentait même pas à vrai dire.
- Pourtant, je t'assure que tu représentes bien plus à mes yeux qu'un simple corps. Pour preuve, c'est ton esprit et ta détermination qui ont attiré mon intérêt la première fois qu'on s'est rencontré. Comme toi, j'ai envie de tout savoir sur toi, autant que tu pourras ou voudras me montrer. Je veux être capable de t'offrir un cadeau suivant tes goûts, te préparer une surprise qui te fera plaisir, d'anticiper une éventuelle sortie culturelle en couple car je saurais quel artiste a ta faveur. Je veux partager des moments complices avec toi, comme t'écouter m'expliquer tel opéra ou encore une expérience que tu serais en train de mener ou encore simplement te voir t'endormir dans mes bras. J'ai envie que tu souris lorsque tu reçois un message de moi, même si c'est simplement "Bonjour"… Ce n'est qu'une petite liste de ce que je souhaite créer avec toi, même si jusqu'à maintenant, je n'ai pas vraiment montré que je le méritais…
Le chinois avait tout sorti d'une traite car il n'était pas certain d'avoir eu la volonté nécessaire pour repartir si jamais il s'était arrêté en plein milieu de ses paroles. Il tenta brièvement de lever la tête mais n'eut toujours pas le courage nécessaire pour oser regarder Koji en face.
- Je suis désolé Koji. Si jamais tu veux toujours de moi, je m'engage à répondre à toutes les interrogations que tu pourrais avoir sur moi. Je ne veux rien te cacher aussi, tu es libre de me demande tout ce qui te passe par la tête.
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Lun 18 Juin 2012 - 21:34
Koji ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu coupable. Il lui semblait que depuis que sa relation avait Léon s’était noué, sa participation n’avait été que néfaste et qu’alternativement il suscitait chez son compagnon inquiétude, déception et culpabilité. C’était lui qui avait disparu, lui avait sombré dans un brutal silence et lui qui, une fois le calme revenu et le repas engagé, en avait terni la douce tranquillité.
Sans s’en rendre compte, le jeune homme renouait avec ses anciennes habitudes. Toujours il s’était attribué les infortunes de ses relations sentimentales et toujours il avait songé que, plus normal, moins soupçonneux et moins imprévisible, il eût permis à ces relations de se poursuivre et de porter tous leurs fruits. Il se reprochait autant les peines qu’on lui infligeait que celles qu’il infligeait à l’autre.
Alors il avait toujours envisagé de ne rien dire, de ne plus faire la moindre objection et de laisser ses incertitudes, ses peurs et ses soupçons s’accumuler dans son esprit sans jamais formuler le moindre reproche, de crainte d’entamer encore une relation déjà fragile. Les choses ne faisaient ainsi qu’empirer, sans que le jeune homme trouvât le courage ou la lucidité de les discuter ouvertement.
Mais il y avait un domaine qui échappait perpétuellement à la lucidité surhumaine du génie, un territoire qui lui demeurait toujours obscur et inconnu, et c’était lui-même. Il se comprenait mal, comprenait mal ses désirs et ses aspirations, ne parvenait pas, par conséquent, à saisir l’intérêt que d’autres personnes pouvaient trouver à cette brume qu’était son être.
L’état dans lequel il voyait que ses propos avaient plongé Léon, le Japonais était incapable de l’envisager comme un mal nécessaire qui ne pouvait que se révéler plus tard profitable. Il se le reprochait, il sentait l’erreur d’avoir parlé avec trop de précipitation et il se promettait déjà, inconsidérément, de ne plus formuler la moindre remarque qui pût passer, de près ou de loin, pour un reproche.
Léon eût-il balayé ses remarques d’un revers de main et exigé de lui qu’il se donnât sans attendre, Koji eût abdiqué toute dignité, toute considération personnelle, comme il l’avait fait si souvent, et se fût totalement humilié dans l’espoir de sauver ce qui pouvait rester d’une relation dont il imaginait déjà que la moindre contrariété pouvait la détruire.
Consciemment ou non, cette faiblesse, nombre de ses anciens compagnons l’avaient régulièrement exploitée. Ecrasés toujours pour la réussite fulgurante du mutant, ils trouvaient dans l’intimité des raisons de renverser la relation de pouvoir et, invariablement, le couple s’enfonçait dans un jeu malsain de domination, dont Koji ressortait meurtri, moitié vainqueur, moitié vaincu.
Mais avec Léon, les choses étaient un peu différentes. Parce que Léon n’était pas un scientifique désespéré par les succès incompréhensibles de son compagnon, parce que Léon n’espérait pas exhiber en société comme un trophée, parce que… En écoutant Léon, Koji se sentait regretter de moins en moins ses propres paroles, tant il lui semblait que celles de son compagnon étaient susceptibles de lui apporter quelque réconfort.
Sans doute le jeune homme comprenait-il confusément que le chemin était encore long et que pour construire une relation saine avec le directeur, il lui ferait de nombreux moments semblables, faits de blessures insistantes, de doutes et de maladresses, mais pour la première fois, ce chemin, il le voyait clairement exister devant lui et il ne lui semblait pas impossible, avec un peu d’aide, de le parcourir.
Resté quelques instants songeur, Koji finit par reculer sa chaise, se lever et venir s’asseoir à cheval sur les genoux de Léon, face à son compagnon. A voix basse, et presque coupable, il souffla :
« J’ai besoin d’un câlin. »
Il passa ses bras autour du cou de l’homme et enfouit son visage au creux de son épaule. Il avait fait souvent réflexion sur ce qu’avait été dit sa vie passée, mais il n’en sentait toute la honte que désormais qu’il lui était possible de la comparer avec les promesses d’une relation naissante ; il entrait dans cette perspective nouvelle beaucoup d’espoir, de la timidité et un peu de mélancolie.
Koji étouffait contre la peau de son ami des larmes, ni précisément de joie, ni précisément de peine, traces des émotions intenses qui se succédaient en peu de temps et que des restes de fatigue ne lui permettait pas de supporter avec toute la constance à laquelle il était habitué. Il se promit intérieurement d’offrir bientôt à Léon une soirée qui ne ressemblât pas à une douche écossaise.
Après de longs moments de cette étreinte apaisante et salvatrice, qui disait assez que Koji n’avait pas l’intention de laisser Léon sur le bord de la route, le mutant se redressa un peu, sans quitter les genoux de son amant, et esquissa un sourire un peu confus. Il déposa un chaste baiser sur les lèvres de Léon.
Normaux, ils pouvaient l’être. Il leur suffisait de se mieux connaître. Un exercice s’imposa à l’esprit de Koji, quelque chose qu’il n’avait jamais pratiqué, mais qui lui paraissait une évidence : prévenir à l’avance la personne qui partageait sa vie de son emploi du temps. Ne pas être un passant dans cette existence, ne pas craindre de donner l’impression d’une existence banale.
Alors le jeune homme reprit la parole :
« Demain à dix heures, je vais à l’assemblée générale des actionnaires de ZAT Biotechnology. A midi je déjeune avec mon avocat. A treize heures, je donne un briefing sur les armes bactériologiques au MI-6. A quinze heures, je serai à la réunion d’u groupe de recherche en philosophie antique. A dix-huit heures, j’ai un entraînement de boxe. A vingt-et-une, je donne un discours à la Fondation pour la Diffusion des Arts et de la Culture Japonaise au Royaume-Uni. Après, il y aura un dîner. »
Difficile de donner l’impression d’une existence banale. Difficile également de trouver du temps libre dans un pareil emploi du temps. Jouant machinalement avec le col de la chemise de son compagnon, sans avoir conscience manifestement que sa timidité tranchait avec toutes les activités qu’il venait d’énoncer, Koji interrogea :
« On pourrait aller au dîner ensemble. Ou je peux annuler quelque chose si tu préfères. Le truc sur la philosophie antique, c’est pas très, très important, par exemple. »
D’ailleurs, nul doute que de vieux chercheurs expérimentés seraient fort heureux qu’il ne vînt par leur faire de l’ombre en cette occasion.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Lun 18 Juin 2012 - 23:17
Léon se rendit compte que Koji avait quitté sa chaise qu'au moment où ce dernier vint s'installer sur ses genoux. De même qu'il ne comprit sa demande qu'après quelques secondes après qu'elle ait été prononcée. Il leva lentement les yeux vers le visage du japonais et dans ceux-ci, on pouvait y déceler une trace d'incompréhension mais également une légère pellicule d'eau qui s'était formée et qui semblait être sur le point de couler le long de ses joues. Ce fut l'accolade de Koji qui déclencha le départ de ces larmes et à son tour, il leva les bras afin de serrer le génie contre lui mais ses gestes étaient hésitants car il se demandait s'il avait bien le droit de pouvoir l'enlacer.
Le chinois sentit les larmes de son ami contre son épaule et dans la seconde, l'hésitation disparut dans ses gestes et il enveloppa Koji dans ses bras afin de lui faire savoir qu'il était là. Il ignorait la raison de ces pleurs et il s'en fichait comme de sa première chaussette. C'était un comportement quasi-instinctif qu'il venait de faire, les raisons étaient inutiles.
A son tour, Léon enfouit son visage au creux du cou de son compagnon et respira longuement le parfum qui se dégageait de sa peau. La fragrance qui émanait du génie eut un effet apaisant, de même que le contact avec ce dernier. Ce câlin avait eu pour effet de calmer les émotions déchaînées du directeur et lui permit de reprendre le contrôle sur ses pensées. De par ce geste, qu'ils semblaient tous deux avoir eu besoin, Léon comprit que Koji ne comptait pas l'abandonner, à son grand soulagement. Et si jamais le câlin n'avait pas été assez clair pour le chinois, le doux baiser qu'il reçut de bonne grâce aurait fini de le convaincre.
Jamais l'expression "Après la pluie vient le beau temps" n'aurait prit autant son sens qu'à cet instant aux yeux de Léon. Après les difficiles minutes qu'il venait de passer en essayant de s'excuser auprès de son petit-ami de son comportement particulièrement blessant pour ce dernier, la douceur du câlin accompagné par la tendresse du baiser éclairait leur relation.
Le directeur venait de prendre conscience que cette discussion avait été un mal nécessaire car elle avait mis à jour les lacunes de leur couple fraîchement formé. Les échanges charnels avaient certes leur charme mais aucun des deux asiatiques ne cherchaient une relation où il n'aurait été question que de cela. Ils étaient clairement d'accord sur ce point et également sur le fait qu'ils devaient apprendre à se connaître, sans quoi ils n'avanceraient jamais. Cela reviendrait parfois à avoir des conversations conflictuelles mais ils en apprendraient plus sur l'autre de cette manière que s'ils décidaient d'enterrer les sujets délicats et de faire comme si tout allait bien.
Son compagnon prit à nouveau la parole et signe qu'il comptait également faire des efforts pour le bien-être de leur couple, il prit la peine de lui annoncer son emploi du temps du lendemain. Léon savait que son petit-ami était un homme occupé mais honnêtement, il ne s'était pas vraiment attendu à ce qu'il fut autant occupé. Ses journées semblaient être réglées à la seconde près et il semblait vouloir boucher chaque moment de la journée par une activité.
Bien évidemment, cela arrivait également à Léon d'avoir des journées aussi chargées mais contrairement à Koji, celui-ci était déjà fatigué rien qu'en se récitant son planning. Le japonais, quant à lui, semblait bien supporter ces journées de ministre et le chinois songea que son pouvoir devait y être pour quelque chose.
Lorsque le génie se proposa d'annuler l'un de ses rendez-vous pour passer un moment avec lui, Léon pivota légèrement la tête en signe de négation. Il avait toujours gardé ses bras autour de son compagnon et ne montrait aucun signe de changer cette position. Quant à ses yeux, ces derniers étaient plongés dans ceux du japonais et c'était d'une voix douce qu'il lui répondit.
- Non, n'annule pas. Tu avais déjà prévu cette réunion alors vas-y. Je te rejoindrai à la Fondation pour écouter ton discours et t'accompagner à ce dîner. Et puis, si jamais tu annulais à la dernière minute, ces gens penseraient que tu t'es défilé et ensuite, ce sera la porte ouverte à toutes les critiques et les rumeurs à propos de ton professionnalisme!dit-il en plaisantant, avant de reprendre. Mais tu es vraiment sûr de vouloir me faire rentrer dans ton monde aussi vite? Non pas que ça ne me fasse pas plaisir, loin de là mais…
Léon laissa sa phrase en suspens pendant qu'il semblait chercher ses mots. Une moue quelque inquiète se dessina sur son visage et cette même inquiétude se retrouva dans sa voix, alors qu'il reprit le fil de ses paroles.
- Et si jamais je leur faisais mauvaise impression? Ca risquerait de déteindre sur toi non? J'ai pas tellement envie de te causer du tort, mon cœur. Et si jamais je ne leur plaisais pas? Et puis surtout… J'ai rien à me mettre…
Oui bon, le chinois ne pensait pas du tout sérieusement sa dernière phrase. Mais il demeurait tout de même quelque peu inquiet sur l'impact que pourrait avoir sa personne sur la réputation de Koji. Il suffisait simplement de faire quelques recherches pour savoir que le japonais était une personne éminemment respecté, écouté, envié et même jalousé de ses pairs aussi ces derniers ne manqueraient surement pas une occasion de le faire descendre de son piédestal.
Une nouvelle fois, Léon plongea son visage à l'angle que formait le cou et l'épaule gauche de Koji. Et à nouveau, il inspira le parfum de son petit-ami. Léon craignait de devenir rapidement accro à cette fragrance, si ce n'était pas déjà le cas. Le chinois respirait le parfum qui émanait du japonais aussi souvent qu'il le pouvait.
- Tu sens bon, mon cœur… Je crois que je ne pourrais plus me passer du parfum de ta peau. C'est grave, docteur?
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [RP] Un dîner presque parfait [Koji] Mar 10 Juil 2012 - 11:23
Indubitablement, l’emploi du temps de Koji ne laissait pas beaucoup de marge de manœuvre. Il fallait dire que, depuis longtemps, il n’avait guère eu d’intérêt à l’assouplir. Ses amis de longue date avaient l’habitude de prendre ; les amis qu’il s’était faits à l’Institut, c’était Virginie et Virginie ne dormait jamais. Tout allait donc pour le mieux et ses journées bien remplies l’empêchaient de trop songer à sa solitude.
Mais les choses, désormais, étaient fort différentes. La Fondation pour la Diffusion de la Culture Japonaise ne lui paraissait plus essentielle, les réunions d’actionnaires moins palpitantes et les services secrets trop contraignants. Sans doute son tempérament ne lui eût-il pas permis de passer toute une journée de parfaite et tranquille oisiveté avec Léon, mais un peu de calme lui semblait désormais désirable.
Toujours lové dans les bras de son compagnon, et sans plus de volonté manifeste que ce dernier de s’affranchir de cette agréable étreinte pour poursuivre un dîner que leur conversation mouvementée ne cessait d’interrompre, le jeune homme ne put s’empêcher d’esquisser un sourire attendri en entendant les doutes du directeur, qui témoignaient à ses yeux d’une touchante timidité.
Il y avait là des émotions qu’il n’était plus certain de connaître encore et des incertitudes qu’il comprenait mal désormais, pour ne pas les avoir ressenties depuis des années et à une époque où son pouvoir, encore mal éveillé, n’avait pas enregistré aussi scrupuleusement qu’il le faisait désormais les moindres variations de son existence. Mais aussi lointaines que lui parussent ces inquiétudes, il n’y était pas moins sensible.
Sentant instinctivement qu’assis sur les genoux de l’homme, il n’avait peut-être pas toute l’autorité nécessaire à une efficace consolation, Koji se détacha un peu à contre-coeur de Léon, tira sa chaise près de celle du mutant et s’assit à côté de lui. Le Japonais prit une main de son amant entre les siennes.
« Ce n’est pas mon monde, c’est une toute petite partie de mes activités. Si ça se passe mal, ça n’a absolument aucune importance. »
Naturellement, ces paroles n’étaient pas aussi rassurantes que l’eût-été la profession d’une assurance aveugle. Mais s’il y avait bien une personne à laquelle Koji ne désirait pas mentir, c’était Léon — pour les choses les plus indifférentes comme les plus importantes. Le génie était décidé à tirer les leçons de ses infortunes passées et la première était : ne pas tenter d’aveugler son compagnon.
« Il est très possible que tu leur fasses mauvaise impression. Tu es Chinois. Tu es mon compagnon. Tu as vingt ans de plus. Si tu avais été une jeune femme japonaise de bonne famille, ils t’auraient déjà scruté avec une attention pas toujours bienveillante, alors là… »
Koji respectait le travail de la Fondation, mais il fallait avouer que la culture japonaise qu’elle diffusait n’était pas la plus progressiste et le respect des traditions n’était pas sans difficulté. Le mutant avait l’habitude cependant d’entretenir avec les différents groupes qu’il soutenait des relations pour le moins tendues — et c’était pour cette raison parmi d’autres qu’il les soutenait.
« Mais je suis le scientifique japonais le plus doué du monde. Et l’un des membres de la diaspora le plus influent en Grande-Bretagne. Peu importe ce qu’ils pensent de toi, de moi ou de notre relation. Il faudrait que j’assassine le Premier Ministre sous leurs yeux pour qu’ils jugent que je leur apporte plus d’ennuis que d’avantages. »
De toute façon, Koji doutait fortement que quiconque songeât à faire paraître son mécontentement lors du dîner. Il y règnerait une cordialité presque protocolaire, comme c’était toujours le cas ; les conversations seraient polies, intéressantes sans être polémiques, jamais ennuyeuses mais jamais passionnées et chacun attendrait d’être seul avec son groupe d’amis pour se permettre les remarques les plus acides.
Mais Koji ressentait le besoin de préciser un point plus fondamental.
« Tu sais, je m’en fiche de ce que pense la Fondation. Ou le groupe de philosophie antique. Ou l’association internationale des physiciens. Que tu fasses bonne ou mauvaise impression, peu importe. Je participe à ces réunions parce que ça m’est utile. Ils me demandent parce que je leur suis utile. C’est une question d’intérêt, plutôt que de sentiments personnels. »
Le jeune homme esquissa un sourire doux où se mêlait un peu de tristesse.
« Je suis respecté pour mes compétences et mes connaissances, sans doute. Mais ma vie personnelle n’a jamais été beaucoup appréciée et je ne crois pas que ma réputation officieuse soit excellente. Ce qu’on lit dans les journaux, ce qu’on dit dans les discours et les dîners officiels, c’est une chose ; ce qui se dit est moins reluisant. Mais je m’en fiche. »
Il était loin d’y être aussi indifférent qu’il voulait bien le dire — tout du moins s’était-il laissé atteindre, dans le passé, par ces remarques désobligeantes, dont il trouvait qu’elles n’étaient pas entièrement infondées. Mais ce soir-là, près de Léon, il les trouvait toutes injustes et c’était dans cette tranquillité inédite qu’il trouvait l’assurance de pouvoir construire, enfin, une relation solide.
Koji se pencha pour déposer un baiser au bord des lèvres de Léon, avant de conclure d’un ton plus léger.
« Quant aux vêtements, pas d’hésitation possible : tenue de soirée imposée. Je suis sûr que tu as un smoking. Et sinon, on en louera un. »
Koji essaya de se représenter Léon accoutré de la sorte et il ne put réprimer un sourire amusé. Le jeune homme n’avait pas un goût très prononcé pour les hommes en tenue élégante et, dans son esprit, le mieux qu’il était possible d’accomplir était de ne pas paraître ridicule ou mal à son aise. Pour sa part, il répugnait toujours à endosser ce genre de vêtements et il lui avait fallu de longues années de pratique pour en venir à bout.
Décidément, ce dîner promettait d’être intéressant.