[scénar 1] Une renaissance... [Conférence de Presse]-TERMINE

Pouvoir · R.I.P

Kenjiss poussa un soupir. Le parc de la Confrérie était transformé en un véritable camps d'humains. Des dizaines et des dizaines de journalistes étaient là, trépignant d'impatiences, tripotant autant d'appareils photos et de calepins. Le tout formait une meute bruyante et désespérement inférieure aux homos supérios. Hélas pour le tatoué, cette mascarade était nécessaire pour préserver le véritable secret de la Confrérie. Dans ses sous sols dormaient des équipements derniers cris. Exactement le genre de choses dont les humains étaient friands, ardents de saisir la moindre occasion pour les exterminer encore... Il se força au calme, souriant aux flashs qui crépitaient déjà. S'il était mal à l'aise dans son smoking hors de prix, il ne le montrait pas. Un journal satirique l'avait déjà caricaturé en tueur de la mafia, étranglant ses victimes avant de rajuster sa cravate et de vérifier l'heure sur sa montre hors de prix. S'il voulait éviter de retrouver ce genre de chose dans un vrai quotidien cette fois, il fallait sourire. Faire bonne figure. Kenjiss plissait son tatouage dans un sourire éclatant, tentant de ne pas succomber à la tentation pourtant très attirante d'écraser quelques appareils et leurs propriétaires. Il voyait du coin de l'oeil le maire de Vancouver et ses conseillers chuchoter entre eux en dardant l'estrade du regard. Et dire que le discours n'avait même pas encore commencé...

Kenjiss jeta un coup d'oeil au costume blanc qui se jetait à présent dans la gueule du loup, pardon, des journalistes. Il eut un sourire en coin. Maria s'acquittait parfaitement de toutes les tâches qu'il lui confiait (en général parce qu'il était incapable de les faire), mais elle paraissait adorer par dessus tout se livrer aux médias, les manipuler sur les réelles intentions des mutants... Et une fois de plus la jeune femme faisait son devoir à la perfection. Les regards se tournèrent vers elle, les flashs crépitèrent de plus belle tandis que la jolie russe préparait son discours... Kenjiss croisa les bras. La partie commençait.

Pouvoir · Type Sigma

La lumière de la Lune se reflétait dans le cristal des flûtes de champagne alignées, transformant la table du buffet en guirlande de noël argentée. Les derniers rayons de Soleil venaient à peine de disparaître derrière le bâtiment de la Confrérie Moderne, Maria leva les yeux vers la pâle lueur des étoiles pour dégager ses voies respiratoires et prit une bonne bouffée d’oxygène. Elle avait le trac, c’était compréhensible mais elle n’avait pas le droit de flancher pour autant : beaucoup de gens comptaient sur sa prestation !
L’armada de journalistes était sur le point de terminer l’installation du matériel : microphones, mini-caméras ultra-haute-définition sur pied, projecteurs et tout un tas d’autres trucs-machins que Maria ne reconnaissait pas… Probablement des caméras spéciales pour enregistrement holographique. A leur signal, ce serait à elle de jouer, ce n’était qu’une question de secondes, maintenant. Elle était vêtue du tailleur strict blanc qui lui donnait cet air sévère nécessaire à ce genre d’exercice, ses cheveux blonds étaient rassemblés en un chignon impeccable. Elle remonta ses lunettes, fit semblant de trier les documents posés sur le podium pour se donner de la contenance. La conférence de presse se déroulait face au bâtiment de la Confrérie Moderne, juste devant la porte d’entrée. Il faisait un peu froid mais ils n’avaient pas eu le choix : tout ce beau monde n’aurait de toute façon pas réussi à se caser dans le Hall.
Le directeur de la Confrérie Moderne, Kenjiss, était posté derrière elle, légèrement en retrait. Une nouvelle fois, Maria admira du coin de l’œil le splendide smoking noir griffé qu’il portait : tout simplement parfait, la grande classe ! Le costume était bien… Hélas, il lui allait comme un pyjama à un lapin ! Le pauvre ne paraissait pas être à l’aise dans ces fringues de luxe… A moins que ce fût la présence du maire de Vancouver qui le gênât.
Le journaliste quadragénaire et moustachu qui semblait être le chef de la meute leva le pouce à l’adresse de Maria. Elle respira un grand coup et se lança :
"La peur : l’ennemie ancestrale de l’humanité !
De tous temps, les êtres humains ont subi sa tyrannie. C’est un fardeau que ni la science ni la religion n’ont pu effacer.
Revoyons-nous, à demi-nus, blottis les uns contre les autres, au fond d’une grotte, guettant le moindre bruit suspect, redoutant les crocs acérés des animaux sauvages, nous demandant si nous verrions le lever du jour. En ces temps reculés, l’Homme avait peur de la mort violente tapie au fond des ténèbres...
Heureusement, le feu vint à son secours et la peur du noir s’estompa.
L’Homme avait-il trouvé la paix pour autant ? Non car, cette peur primordiale à peine oubliée, c’est la « mort lente » qui l’effraya : la faim et la soif, le quotidien de nos ancêtres. Quoi de plus effrayant alors que l’agonie ?
Fort heureusement, l’Homme inventa la sédentarisation, l’agriculture et l’élevage. Il put commencer à envisager de pouvoir mourir de vieillesse !
Un soulagement ?
Toujours pas... Car la peur de l’au-delà se mit à le chatouiller. Quelle vie l’attendait après avoir fermé les yeux pour la dernière fois ?
Pour se rassurer, il inventa les cultes, les religions et les dieux… Bien évidemment, ce n’était que repousser le problème car l’Homme se mit à craindre les dieux et leurs représentants sur Terre.

La science vint alors au secours de l’Homme et sembla s’imposer comme ce par quoi la peur allait être éradiquée de la surface de la Terre. Les mystères de la nuit étaient maintenant éclairés par une lumière électrique inépuisable. L’agriculture et l’élevage étaient devenus des activités industrielles qui semblaient pouvoir offrir des réserves de nourriture intarissables. Et non, ce n’était plus un être suprême colérique qui provoquait la foudre, mais bien une surcharge électrique dans les nuages. Les dieux injustes furent jetés aux orties.
Bien sûr, la science apporta son lot de frayeur : par le feu nucléaire, les guerres devinrent capables d’annihiler l’espèce humaine dans sa totalité, mais l’Homme trouva la parade et unifia les nations pour garantir la paix mondiale !
Plus d’animaux sauvages, plus de famine, plus de dieux, plus de guerres ni de bombes… Voici presque cinquante ans que l’Homme aurait pu connaître enfin le bonheur si un danger nouveau et inattendu n’avait entretemps pas fait son apparition.
Les mutants !
A eux seuls, ces membres de la toute nouvelle espèce humaine prirent le visage de toutes les peurs ancestrales : la peur de disparaître dévoré, la peur de pouvoirs relevant quasiment du divin, la peur du nucléaire… C’est sûrement la raison pour laquelle l'Homme développa des solutions stupides qui eurent les conséquences catastrophiques que nous connaissons : virus mortel, armée de robots humains enragés… Dans cette époque étrange, plus personne ne sait où est le danger. La situation est tellement compliquée qu’il ne semble pas y avoir de solution…
Et pourtant ce soir, nous sommes à même de vous en proposer une…"

Maria leva les yeux de sa feuille et marqua une petite pause avant de clamer :
"LA CONFRERIE MODERNE ! Voilà ce qui permettra à l’humanité de chasser ses nouvelles peurs ! Voilà l’ultime recours pour apaiser l’Homme moderne et l’amener à la plénitude !
Les objectifs de la Confrérie sont clairs : pacifier le monde en résolvant les conflits humano-mutants, lutter contre les injustices à travers la planète entière !
A la Confrérie, nous sommes tous des mutants, nous avons tous des pouvoirs prodigieux… Mais nous avons surtout la volonté que les choses changent. Nous nous chargerons de tout, nous serons sur tous les combats, nous mettrons tous nos pouvoirs à disposition de la paix mondiale. La Confrérie Moderne sera l’ONU du XXIème siècle !"

Maria reprit sa respiration et, dans un sourire, tourna la tête vers le mutant en costard :
"Vous l’avez sans doute remarqué, la Confrérie a su se transformer… Elle n’a plus rien à voir avec l'ancienne organisation qui avait si mauvaise réputation ! Et ce changement, nous le devons à notre directeur : Monsieur Kenjiss !"

Elle se mit à l’applaudir avec enthousiasme suivie, quelques secondes après, de l’assistance. Il était prévu que Kenjiss dise quelques mots pour se présenter avant de répondre aux questions des journalistes…

Pouvoir · Humanoïde

Webb venait seulement de recevoir ses instructions dans l'avion qui l'avait emmener à Vancouver. Loin des regards -et oreilles- indiscrètes, on lui avait susurré quelques conseils et informations sur les quelques personnalités de la soirée.

Là haut, ils s'étaient tout de même obligés à lui rappeler la présence importante de mutants et qu'il n'était pas nécessaire de faire un carnage. Qui plus est contre de puissants mutants.

Costard cravate noir et blanc, cheveux coiffés avec soin et paire de lunettes à armature argentée mettant en valeur sans trop devenir excentrique sa couleur de cheveux -factice- argentée, Webb n'avait rien laissé au hasard. Même sa fine, finement incrustée de trois diamants laissait entrevois une quelconque richesse personnelle. Il n'en était rien, bien évidement.

D'ailleurs, il constata avec un certain dégout retenu la présence de nombreux convives, affairés à écouter les salades d'une grande blonde (ou était-ce l'estrade qui donnait cet effet ?). Il la reconnut étant la prote-parole de cette organisation de fou, en compagnie d'un espèce de malade tatoué au visage, on lui avait bien dit qu'il le reconnaitrait facilement : Kenjiss, un ancien de Lensher.

"La science vint alors au secours de l’Homme et sembla s’imposer comme ce par quoi la peur allait être éradiquée de la surfa ..."

"Quel ramassis de conneries" ne pouvait-il s'empêcher de penser. Pourtant, rien ne transparaissait derrière son sourire colgate, dents blanches parfaitement droites et mèche rebelle devant l'oeil.

"La Confrérie Moderne sera l’ONU du XXIème siècle !"

*Et moi, je suis un enfoiré de putain. L'ONU, allons bon*

Mais bon, parce qu'il le fallait bien, l'arlequin applaudit avec force et conviction, sifflant pour encourager l'oratrice. Ne lui avait-on pas dit de mettre le paquet aussi ? Et lorsque Kenjiss fut annoncé, il ne put s'empêcher -crachant intérieurement sur ce nom- de presque hurlerson enthousiasme afin de couvrir les applaudissements des personnes massées ici.

Bravo ! Bravo !

Invité

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(Apparence actuelle)

Vétue d'un petit tailleur noir, Miss Savage, jambes croisées dans une posture sexy qui lui allait à ravir, s'était installée au premier rang prévu à l'intention des plus hauts représentants des journaux invités à cette conférence de presse. Pistonnée ? Privilégiée ? ...Privilège du lit ? Oh non, jamais, pas elle, pas Ivy Savage. Il sagit plutôt de la place de Miss Parker où la mutante s'est installée. La métamorphe avait prit soin d'assassiner la dite journaliste afin de prendre sa place, ses traits, ses mimiques, ses habitudes et ce au prit de longues semaines de fillature, d'espionnage et d'entrainement pour parfaire son interpretation du personnage à jouer le jour venu, s'insinuant jusqu'à dans sa vie. Aujourd'hui, la blanche mutante avait laissé place à cette humaine qui se devait de pondre, pour la confrérie moderne, un ravissant article en première page du "Globe and mail", le plus réputé des journaux canadiens avec le "Toronto Star", afin de vanter les mérites de l'organisation aux yeux des Hommes. Un petit coup de pousse à Kenjiss et Maria qui prenaient place dans l'arêne médiatique qui les criblerait sans nul doute de questions embarassantes et autres "pré-jugés" ou suppositions qu'il fallait disciper...

Un bloc note électronique bercé tout contre l'un de ses bras, un stylo assortit dans une main, Ivy alias Miss Parker pour encore quelques jours, s'appretait à prendre notes de toutes questions, de toutes réponses et tout détails qui pourrait enrichir son prochain article. Elle souffla sur l'une de ses mèches d'un noir de jaïs venant se deposer sur sa joue afin de l'envoyer rejoindre sa place sur son épaule parmit sa chevelure soyeuse qui parcourait son dos tandis que son regard se posait sur la silhouette masculine d'un individu qui ne lui était guère inconnu. Kenjiss... le tatoué. C'était un grand garçon maintenant, quelle classe, quel homme, Ivy ne put retenir un brin de sourire salace au coin de ses lèvres. Mais ce sourire qu'il avait la perturbait... non, ça ne lui allait pas, ce n'était pas beau, c'était bien trop hypocrite pour lui ressembler... Quel gachit cette mise en scène, elle préfèrerait largement le voir étripant un homme plutôt que de le voir parader devant cet essaim de requins le criblant de flash lorsqu'il apparut...

Mais vint alors un discours, celui de Maria. Ivy écouta attentivement celle-ci avec cette attention incisive particulière, se prettant on ne peut mieux à son personnage de journaliste en quête de scandale et de questions toutes aussi embarassantes les unes que les autres pour détabiliser son interlocuteur, le pousser dans ses derniers retranchements pour en faire ressortir bavures, fautes et avoeux. Ah, oui, c'est vrai, sa mission... se montrer convaincante, pointue, proffessionnelle dans un premier temps pour ensuite se montrer plutôt séduite et convaincue parce qu'avait à annoncer le leader de la confrérie moderne. Elle voyait déjà ses gros titres, reprendre ces mots prononcés par Maria en caractères gras et majuscules : "LA CONFRERIE MODERNE SERA L'ONU DU XXIème SIECLE". Elle voyait d'ici le tableau : petites citations de la porte parole de l'organisation, le tout suivit des explications du directeur, en espérant qu'il se montre suffisemment éloquent. Article agrémenté de témoignages et ressentit des invités, même fictifs, tout est bon. Ivy ressentit une pointe de jubilation l'envahir : l'idée de manipuler un pays tout entier, voir d'influencer le globe terrestre l'omnubilait ! Sa couverture de journaliste lui allait à merveille en fait...

C'est alors que Maria finit sont discours construit de fort belle manière et annonça Kenjiss qui devait à présent convaincre la foule. Qui l'eut cru... lui... dans ce "costume" de diplomate, de politicien ou de que saivait-elle d'autre... Ca pouvait être très destabilisant, elle qui le connut si jeune et rebelle, en désaccord avec l'autorité de ses supérieurs et les sarcasmes de la blanche mutante... Allait-il survivre à cette conférence ? Ou plutôt : est-ce que ces journalites autour d'elle allait survivre aux sautes d'humeurs du tatoué...?

Déjà les nombreux journalistes se levèrent, l'agitation s'accentuant dans le hall d'entrée. Un brouhaha du diable résonna dans la salle, faisant s'abattre sur Kenjiss une pluie de questions incompréhenssibles. Tous agitant une main en l'air dans l'espoir d'être entendu, balançant en pleine poire du mutant un jacassement du tonnerre assez ahurissant, une véritable bande de piranas se chamaillant un bout de viande... Ivy fit de même, mais avec nettement plus de classe, gardant son calme, sachant pertinemment que le directeur l'entendrait, tout avait été prévu. Elle leva discrètement sa main après avoir applaudit et dit d'une voix assez forte pour qu'il l'entende :

"Monsieur Kenjiss, s'il vous plait ! Miss Parker, du Globe and mail. Quelles sont ces fameux changements entreprit par la confrérie moderne qui vous vaut cet enthousiasme ? Ne partagiez vous pas les mêmes idéaux de Monsieur Lencher lorsqu'il fut à la tête de votre organisation autrefois ? Que s'est-il passé pour que vous changiez à ce point d'avis au point de réformer la Confrérie ? Et enfin, permettez-moi : n'avez-vous pas peur que, justement, en voulant dissiper les craintes des gens en leur proposant une quelconque solution contre la menace mutante vous ne faites qu'envenimer les choses et nous faire entrer dans ce même cercle vicieux barbare et sanglant que nous avons connus au cours de ces dernières années ? Quelle est-elle précisément ?"

Pouvoir · R.I.P

Et c’était parti… Armée de son aplomb qui la caractérisait si bien, Maria fit face à la meute avec enthousiasme, martelant le discours maintes fois répété… Kenjiss accrut encore un peu plus son sourire en songeant aux heures qu’ils avaient passé à rédiger ce truc… Enfin surtout elle. Il n’avait fait qu’apporter les idées, le fond. La horde hurlante s’était brutalement tue, subjuguée par la voix de la jeune russe. Le tatoué en profita pour jeter un regard sur la foule, reconnaissant quelques visages familiers… La plupart souriaient, mais le mutant savait parfaitement combien un sourire pouvait être hypocrite… Ces saloperies d’humains étaient aussi doués qu’eux pour dissimuler leurs émotions. Combien d’entre eux, assis en face de leurs ennemis d’antan, ne rêvaient encore et toujours que de les exterminer ? Combien auraient signés sans hésiter l’acte d’invasion de la Confrérie ? Kenjiss se raidit en sentant un pincement le long de son dos. Forcément… Cette saloperie se manifestait toujours au pire moment. Evidement, il avait dans sa poche un flacon remplit d’une drogue savamment dosée pour lui éviter de perdre ses capacités… mais avaler une pilule juste avant d’entrer en scène était plus que risqué… Le mutant serra les dents en laissant son sourire décroître au fur et à mesure que Maria arrivait sur la fin de son discours…

« Monsieur Kenjiss ».

Et voilà. A son tour… Maria avait été parfaite, comme toujours. Alliant une élocution simple à un jeu d’actrice discret mais suffisamment efficace, elle avait suscité l’intérêt des larves qui se remettaient à brailler en bas de l’estrade… Kenjiss reprit son sourire colgate, applaudissant la russe qui reculait à présent pour lui laisser la place. Le tatoué tapa encore deux fois dans ses mains avant de les laisser retomber le long du corps, s’avançant d’une démarche aussi souple que la pince de douleur qui se refermait peu à peu sur son dos le lui permettait… Il décocha un énième sourire à la foule qui s’apaisait peu à peu, la bouche ouverte tels des poissons hors de l’eau, impatients d’entendre ce que le tatoué en costard avait à dire… Après la jolie russe, le contraste était saisissant.

Merci.

Les ultimes murmures se calmèrent. Kenjiss laissa passer quelques secondes, prit le temps de poser ses mains à plat sur le pupitre, montrant au passage sa main mutilé à la foule frémissante qui l’attendait… Il prit une profonde inspiration. Serra le poing.

Je suis mutant. Durant de longues années, ce simple mot suffisait à engendrer autant de peur que de haines. Nos deux races en ont souffert. Il y a longtemps, je faisais partie de la Confrérie… L’ancienne Confrérie. Ce fut une époque triste et violente. J’y ai perdu autant d’amis que beaucoup d’humains de Boston. La violence était notre seul moyen d’expression. J’ai vécu dans cette haine et cette tempête de fer et de sang…

Homo inferior… Vous connaîtrez à nouveau la peur…

Et j’ai changé. A présent, j’ai compris combien nous nous trompions. Cette assemblée, nous prouve à tous que nous pouvons effacer les erreurs du passés pour réécrire un présent nouveau. Oubliez l’ancienne Confrérie. Celle que nous bâtissons à présent évoquera désormais une paix et un respect trop longtemps oubliés par nos deux races… Merci à tous.

Je suis à présent tout disposé à répondre à vos questions.

Le tatoué se tu, laissant les journalistes griffonner frénétiquement ses dernières phrases sur leurs calepins. Il remercia une fois de plus Maria pour lui avoir préparé une discours pareil… Et avoir supporté ses dizaines de crises de rage lorsqu’il l’apprenait. Une telle hypocrisie l’aurait étouffé immédiatement vingt ans de cela… Il n’avait pas menti sur un point… Il avait bien changé. Ils regretteraient de ne pas avoir réussit à l’éliminer lorsqu’il n’était encore qu’un enfant… Les mutants retrouveraient leurs pouvoirs dans sa Confrérie… Et ils se révèleraient au monde, pour faire payer aux inférieurs leurs crimes.

Monsieur Kenjiiiiiiiss !

Le hurlement strident lança le signal du second round. A peine la poufiasse trop maquillée qui représentait une feuille à scandale quelconque s’était elle tue que tous se déchaînèrent… Telle une meute enragée, vingt calepins se levèrent, aussitôt balayés par une armée d’hystériques pourvus d’appareils photos. Kenjiss ferma à moitié les yeux pour ne pas s’évanouir sous la marée de flash… Ses doigts se crispèrent sur le bois du pupitre en même temps qu’il manquait de se plier en deux lorsque son dos explosa de souffrance. Ce ne fut qu’un léger mouvement qu’il transforma en un époussetage de veste. Suffisant en tout cas pour tromper les journalistes… Il se doutait qu’un cachet l’attendait déjà en coulisse. Kenjiss jeta un coup d’œil à Maria, toujours aussi resplendissante de confiance sous la marée de lumière. Le tatoué détourna et désigna une main piochée au hasard dans la foule.

Trois minutes plus tard, et après avoir démenti une dizaine de rumeurs sur l’élue de son cœur, la profession de son père, son attirance pour les jeunes enfants, ses meurtres, son dopage, son âge et son lien de parenté avec Sa Sainteté, les potins à scandale se calmèrent… Ce fut le tour des journaux un peu plus influents… Kenjiss sourit à nouveau à la foule, laissant les flashs crépiter.

Miss Parker ? Joli tailleur mademoiselle… Je vous écoute.

Une fois encore, les mutants avaient une longueur d’avance… Dissimulée parmis les journalistes, la plus aguichante de ses membres avait prit la place d’une journaliste quelconque… Ivy Savage avait infiltré le Glob and mail depuis quelques semaines… Et la beauté albinos levait à présent tout naturellement la main, calepin frémissant. Malgré son apparence humaine, Kenjiss n’avait eut aucun mal à la reconnaître, ne serais ce qu’aux questions répétées une trentaine de fois par jours depuis un bon mois… Il ne se départit pas de son sourire commercial en lui répondant, faisant mime de chercher ses mots lorsque la douleur de son dos le prenait à la gorge, l’empêchant de continuer.

Les changements que nous avons entreprit sont simples. Utiliser le potentiel de la Confrérie à des fins humanitaires en la débarrassant du carcan de haine qui ne la caractérisaient que trop bien voilà vingt ans… Oublier toute notion de supériorité de la race mutante. Nous sommes simplement une race différente. Nous serons toujours un lieu d’accueil pour les jeunes mutants. Mais nous les accueillons pour les aider, pas pour les modeler en une armée au service d’une haine aussi stupide que dangereuse.
Ce qui s’est passé ? J’ai vu la Confrérie réduite en cendre sous mes yeux… La haine et la violence avaient été vaincus par encore plus haineux et violent… J’ai compris que ça ne menait à rien. Oui j’ai partagé les idéaux de Marcus Lensher pendant un temps. Il avait suffit d’une bande d’abrutis me tabassant en me traitant de « mutos » pour que je haïsse l’humanité toute entière. C’était une vision facile et tellement attirante…

La menace mutante ? Pardon ? Non. Certainement pas. Nous ne proposons pas une solution contre une menace mutante imaginaire Miss Parker, que ce soit bien clair. Nous apprenons aux deux races à se découvrir pour mieux cohabiter en paix… Et l’un de nos premiers projets sera justement d’éviter cet amalgame mutant = menace qui ne revient que trop souvent dans les médias… Je vous remercie.

Kenjiss se força à sourire une dernière fois, s’obligeant à rester quelques secondes de plus face à la marée d’inférieurs qui continuaient de lui hurler dessus… Il avait fait ce qu’il devait faire, et à présent, le tatoué n’aspirait plus qu’à échapper à la foule en délire… Ils avaient donné un os à ronger aux chiens, on pouvait raisonnablement espérer être en paix.

Pouvoir · Type Sigma

Maria se positionna dans l’ombre, à quelques mètres en retrait derrière un Kenjiss noyé dans la lumière flamboyante des projecteurs… Déjà, sans même avoir ouvert la bouche, il balayait d'entrée de jeu une première rumeur sur son compte : et non, la lumière ne le blessait pas mortellement comme les vampires ! Le demi-sourire au coin de la bouche de la jeune russe laissait comprendre que tout se déroulait pour le mieux.
Toutes les pièces de l’échiquier étaient en place et la partie semblait gagnée d'avance :
Primo, il faisait un temps délicieux souligné par une température idéale pour ce genre de réception en extérieur.
Deuzio, le seul évènement majeur de la journée qui aurait pu voler la vedette à cette conférence historique avait été efficacement étouffé par leurs services… Et tant pis pour les quelques centaines de victimes de ce crash aérien au Kazakhstan… De toute façon, faire la une des journaux demain ou après-demain, qu’est-ce que cela pouvait bien changer pour elles maintenant ?
Tertio, les deux télépathes de la Confrérie qui s’étaient mêlés à la foule avaient déjà commencé à émettre en continu de discrètes ondes psy provoquant dans l’assistance un état général d’apaisement et de positivisme, le tout agrémenté d’un sentiment de joie de vivre. Une prise de risque ? Non, le champ psychique était trop faible, il échappait à toute détection artificielle… Et puis, il était si facile de démentir ce genre de choses ! Après tout, l’alcool contenu dans le Champagne servi aux invités pouvait se vanter d’avoir les mêmes effets !
Kenjiss débitait impeccablement son discours, ne sachant pas que Maria avait chargé, en coulisse, un télépathe de lui envoyer quelques ondes psy anti-trac. Ivy était, comme prévu, assise au premier rang grimée en miss Parker, elle attendait patiemment son heure.
Maria dut se contenir pour ne pas la regarder, ç'aurait ou paraître suspect si quelqu'un les regardait. Pour donner le change, elle tira sur les poignets de ses gants de cuir blancs.
La première vague de questions arriva sur Kenjiss… Comme ils l'avaient prévu, elle débuta avec les fameuses rumeurs absurdes ! La porte-parole ne put réprimer un sourire en entendant celles qu’elle avait elle-même montées de toutes pièces. Balancez sur les réseaux d'information que le leader de la Confrérie se fait livrer de jeunes enfants indiens à son bureau, trafiquez une ou deux photos et toute une armée de connards se lancent dans des enquêtes-cul-de-sac, perdent des semaines à rechercher des traces qui n’existent pas et en oublient les dossiers vraiment sensibles !
Kenjiss sortit de cette épreuve facile avec les honneurs, bien évidemment. Puis vint la prestation d’Ivy… Le moment des fausses-vraies questions importantes ! Après cette séquence finement étudiée et maintes fois répétée, tout semblerait avoir été dit, plus aucune question ne trouverait de sens. Un peu de fermeté, un peu de pathos, quelques touches de sensibleries et le tour serait joué !
A mesure que les mots résonnaient dans l'assistance, Maria se les répétait dans la tête. A peine les dernières syllabes prononcées, Maria avança et retrouva la lumière des projecteurs. Solennellement, elle serra la main du fondateur de la Confrérie Moderne, comme pour lui signifier toute l’émotion qu’avaient déclenchés en elle ses quelques paroles. Puis elle reprit sa place sur le pupitre et essuya avec une fausse discrétion la petite perle de larme nichée au coin de son œil.
C’était le signal destiné aux deux télépathes : à cet instant, le champ psychique se modifia subtilement provoquant dans l’assistance un sentiment de « petit creux » général, le genre qui nous fait dire : "Un petit four ? Tant pis pour mon régime, je me laisse tenter…"
Maria s’approcha avec un sourire du micro et annonça d’une voix guillerette :
"Je crois que nous ne tirerons plus rien de lui ce soir… A moins que le goût de nos petits fours ne lui délie la langue lors de la réception qui est en train de se préparer en ce moment à l’intérieur de nos murs. Bien évidemment, vous y êtes tous conviés. Ne faites pas les fines bouches, sachez profiter de l’occasion et de la générosité de nos donateurs. Il y aura de la musique, une piste de danse et, mesdemoiselles, faites la queue pour avoir l’honneur d’ouvrir le bal au bras de monsieur Kenjiss !"

Elle gratifia l’assistance d’un clin d’œil, fit un dernier petit salut de la main et descendit de l’estrade pour rejoindre le patron.
"Voilà qui va mettre les vautours dans de bonnes dispositions, chuchota-t-elle, vous n’êtes pas obligé de rester jusqu’au bout. Il serait d’ailleurs judicieux de disparaître juste après avoir ouvert le bal !"

Pouvoir · Humanoïde

Et le voilà qui s'avançait, fier de son statut. L'homme, au front tatoué, grand mais élancé. Celui qui, dans toute l'assistance, semblait le moins à l'aise dans son costume trop serré. Après moult applaudissements il prit la parole, faisant ainsi taire les quelques récalcitrants qui tapaient encore frénétiquement - et aléatoirement, aussi - des mains.

Quelque chose dérangeait David. Il écoutait le discours -bref, mais intense- du nouveau directeur de ce controversé établissement et était ... comment dire, heureux d'entendre ce ramassis d'imbécilités ? Comment ... Un instant, ses yeux se fermèrent, comme pour faire le point, rien n'y faisait. Il n'écoutait plus, n'entendait plus les aboiements de la meute journaliste qui se pressait contre l'estrade, se faisant même bousculer au passage d'un joli brun aux lunettes cerclées d'argent.

Rien n'y faisait : il n'arrivait pas à ne pas se sentir "bien". Et puis, il se souvint de Seattle, au camp d'entrainement. On lui avait parlé de ces mutants qui pouvaient vous faire changer d'humeur en un claquement de doigt ... Il fallait qu'il résiste, le temps de pouvoir se faufiler à travers le flot mouvant d'hommes et de femmes à la curiosité maladive - voire même plutôt (chasseurs et chasseuses) de scoops -.

Du coin de l'œil, il aperçut une certaine Mademoiselle Parker, une brunette au charme évident, ravageur ? La lionne s'était frayée un chemin à travers la savane. C'était le moment.

Pardon ... Excusez-moi ... Pardon.

A son tour, Mr.Webb s'avançait entre les journalistes, prenant bien soin de ne pas trop s'approcher du centre d'intérêt du moment : Kenjiss. Ce n'était, de toute manière, pas lui qui l'intéressait ... D'un geste ample, l'Arlequin repoussa ses cheveux en arrière et adopta une démarche dynamique, soulignant de ce fait une certaine joie de vivre -comme c'était de toute manière le cas, même si c'était involontaire- un entrain revigoré.

Après quelques infructueux essais, il parvint enfin à atteindre le bord de l'estrade au moment où les hôtes invitaient les convives à se rassembler pour garnir leurs palets de divers petits fours (mais aussi au moment où les estomacs grondaient de gourmandise). La jeune femme au micro - de taille moyenne mais aux cheveux aussi blonds que blanche était sa peau- descendit à son tour, David l'intercepta, offrant sa main pour l'aider à descendre sans encombres, gentleman qu'il était.

Bonsoir, mademoiselle ... Permettez-moi de vous offrir ma main pour vous aider à descendre.

Un sourire malicieux et rusé apparut sur le visage du Mexicain, masquant ainsi les émotions qu'il pouvait ressentir vis à vis de ces déchets qu'ils appelaient mutant. Il n'en était pas certain, mais cette jeune femme devait, elle aussi, surement être mutante. Il ajouta, d'un ton mielleux mais sincère -cela devait d'ailleurs être la seule chose de sincère chez lui en ce moment- :

Aurai-je l'honneur de pouvoir échanger quelques mots avec la maitresse de cérémonie ? Vous méritez que l'on s'attarde autant sur vous que sur monsieur le directeur ! Si je puis me permettre.

Invité

Ivy alias Miss Parker griffonna rapidement quelques phrases sur son bloc à mesure que le directeur de la confrérie moderne s'exprimait. Elle portait de tant à autres son regard sur son interlocuteur perché sur l'estrade de la conférence, apportant toute son attention à ce dernier, remplissant parfaitement son rôle de journaliste. Sa couverture ne pouvait être démasquée, ses notes suivaient une vision objective du discours de Kenjiss et de sa porte parole et bientôt seraient étoffées du ressentit des personnages politiques présent en cette journée. Le cadavre de Mademoiselle Parker, depuis longtemps incinéré n'avait que peu de chance d'être retrouvé et ce surtout si elle n'est pas recherchée pour disparition vu qu'en quelque sorte... elle n'avait pas disparu.

Ivy ne semblait pas enjouée ni même déçue par ce discours. Comme dit, elle resterait objective jusqu'au bout. La fin de sa mission s'achèverait sur l'écriture de son article et sa parution en première page du "Globe and mail" et c'est là et seulement là qu'elle pencherait ses écrits en faveur de la confrérie moderne. La mutante n'affichait qu'un sourire satisfait, "petite" journaliste de renom appliquée, uniquement enchantée d'annoncer une fois de plus un gros titre dans le journal pour lequel elle travaillait. Intérieurement, toute cette mise en scène lui plaisait énormément, Kenjiss et Maria remplissaient leur rôle à merveille, le reste serait un jeu d'enfant, surtout en sachant que des mentalistes mutants s'occupaient d'envoyer d'infîmes messages subliminaux à toute cette foule. Un peu comme une oie que l'on gaverait, les télépathes faisant office d'entonoire.

"Miss Parker" avait sourit légèrement au compliment du leader confrériste au sujet de son tailleur. Toujours dans son rôle, elle n'en répondit rien, mais semble-t-il que cette remarque sembalit lui faire plaisir à elle ou cette image d'une autre qu'elle renvoyait, qu'importe. Son regard félin, d'un bleu clair hypnotique, se perdit un instant sur ses notes et revint plus étincellant que jamais en direction de Kenjiss.

"Merci à vous."

Et voilà, une bonne chose de faite. Maria reprit place derrière le pupitre une fois la petite interview terminée, mettant un terme à l'apparition du directeur. Une bonne idée, à le voir, il ne semblait pas à l'aise et ceci n'étonna guère Ivy. A présent, il fallait jouer pleinement son rôle, la blanche mutante allait devoir se méler à la foule, faire bonne figure. Questionner et receuillir le ressentit des invités, faire comme si elle comptait élargir son cercle de relation et compagnie. Elle remarqua tout d'abord cet étrange latino à la chevelure blanche qui ne pouvait passer inaperçu, question de contraste surement, surtout qu'il proposa son aide en toute galanterie à son homologue mutante qui descendait de son estrade.

Echanger quelques mots avec Maria ? Voilà qui s'avère interessant, histoire de plus encore mettre en valeur la couverture d'Ivy. Elle s'invita alors dans la discussion comme l'aurait fait n'importe quel journaliste de n'importe quel journal et qu'importe sa renomée, toujours très profesionnelle, à la limite de l'harcellement sans être pourtant inopportun. Ne sommes nous pas dans une conférence de presse ?

"Mademoiselle. Me feriez-vous le plaisir de m'accorder l'exclusivité d'une interview autour d'un verre ce soir ? Tant votre parcours et la manière dont vous digérez cette réforme intéresseraient nombreux de nos lecteurs."

Tout comme avoir employé les mots "menace mutante" auparavant et à présent le verbe "digérer", ceci n'avait été prononcé que pour provoquer des réactions, voir de se faire passer pour une probable pécimiste ou encore incinuer que pour un confrériste, cette réforme devait être difficile à accepter. Ivy avait proposé cela, sachant très bien que ce genre de rencontre était inutile, elle avait carte blanche pour dévoiler au monde ses mensonges. Maria pouvait accepter, cela ne changerait rien à son emploit du temps, tout ceci n'étant qu'une pièce de théatre.

Elle lacha un regard malicieux pour l'Arlequin. Le genre de regard qu'aurait une journaliste envers un rival, comme si "Miss Parker" chercherait à lui voler un scoop ou une exclusivité. Sait-on jamais, il est peut-être journaliste. Lui complimentait Maria sur un ton mielleux, et elle, Ivy, provoquait débats. "Digérer..." Ce mot n'incitait-il pas à convaincre le journal pour qui elle "travaillait" à conformer ces propos à la politique de la confrérie plutôt que de perdre du temps à parlementer avec quelqu'un qui semblait déjà séduit ? Ivy et sa logique implacable... Quel requin cette Miss Parker.

Pouvoir · Type Omega

A l’écart de la foule, un jeune homme aux cheveux noirs faisait mine d’écouter le discours de la personne devenue pour un moment le centre d’attention de dizaines de caméras. On aurait pu le croire profondément plongé dans une admiration sans borne pour l’oratrice mais il n’en était rien. Il connaissait le discours à peu près tout aussi bien que Maria pour avoir assisté aux multiples répétitions ou bien pour avoir entendu des bribes de discours lorsqu’il croisait la jeune femme dans les couloirs de la Confrérie en train de répéter son petit speech.

En vérité, Terry Nohlann observait les gens, s’imprégnait de leurs impressions. Il se fondait dans la masse pour récolter leur opinion, leurs avis comme un caméléon. Une tâche loin d’être difficile pour lui, bien entendu. La plupart des personnes qu’ils approchaient semblaient être captivées par le discours et mieux encore, elles avaient l’air de l’approuver. Mais ce n’était pas le cas de tout le monde et certaines d’entre elles n’étaient pas du tout convaincues par le revirement de situation de la Confrérie. La rancune envers leurs actions passées demeurait sans doute tenace et elles ne croyaient pas en une Confrérie aux bonnes intentions.

Certes, il y avait encore des dissimulations sous leurs bonnes paroles et leurs promesses de changement mais pour Terry, il y avait bel et bien eu un changement. La Confrérie de Marcus Lensher était morte et avec elle, ses idéaux de haine et de violence gratuite. Aujourd’hui, c’était leur Confrérie. Moderne, nouvelle, ayant bravé toutes les difficultés pour se relever au travers de tous les événements de ces 20 dernières années. Et rien que pour cela, elle méritait sa chance.

Le discours de Maria arrivait à sa fin et la horde de journalistes se préparait déjà à l’assaillir de questions. Tous armés de leurs caméras et de leurs micros, ils s’agitaient sur place et frétillaient d’impatience. Kenjiss, qui avait d’un commun accord repris la direction de la Confrérie termina la conférence en ajoutant quelques mots au discours de la jeune Russe mais Méléon voyait bien que son confrère n’était pas très à l’aise. Parler en public n’avait jamais été le point fort de Kenjiss. En fait, parlementer tout court n’avait jamais fait partie de son vocabulaire. Le tatoué réglait souvent ses comptes dans la bagarre. Cela avait d’ailleurs générer quelques différents entre lui et Méléon qui avant de passer à l’attaque privilégiait quand même le dialogue. Pacifiste un jour, pacifiste presque toujours…

Lorsqu’il eut fini, une journaliste scotcha Maria et l’éloigna pour pouvoir l’interroger à son aise. Une mise en scène supplémentaire de la part de la Confrérie pour montrer son revirement. Il ne vit pas un autre jeune homme s’en approcher à son tour. Terry décida alors de se rapprocher de Kenjiss et de suivre les bons conseils de Maria.

"Tu as finalement réussi, tu vois que ce n’était pas si terrible. On ferait mieux d’aller à l’intérieur, on y croisera sûrement encore des personnes intéressantes…"

Pouvoir · R.I.P

Et ils croyent ça… J’ai l’air de vous adorer bande d’abrutis ?

Malheureusement pour lui, Kenjiss paraissait effectivement sincère et heureux de promouvoir la paix entre humains et mutants. L’assaut de lumière repris, tandis que le tatoué reculait discrètement en coulisse… Maria prit le relais, avançant au micro une fois de plus pour annoncer le buffet… et le bal. Sans des années de comédie, Kenjiss se serait étouffé net en l’entendant parler. Ouvrir le bal ? Ca n’avait pas été prévu… Oh certes il savait improviser. Mais danser au bras d’une humaine le révulsait au plus haut point. Et, accessoirement, il ne pouvait pas danser avant quelques minutes de repos pour son dos…

Apparement enchanté par cette annonce, Kenjiss salua la foule en braquant d’un regard apparement ardent quelques minettes qui applaudissaient, tout en préparant son plan de fuite d’avance… son regard passa sur miss Parker sans laisser apparaître une once d’émotion, parfaitement masquée par un visage aussi souriant qu’hypocrite. Kenjiss descendit l’escalier placé derrière l’estrade… Lorsqu’il fut enfin masqué de la scène, son sourire disparut. Le masque dur qu’il affectionnait tant revint, masquant toute émotion qui aurait pu transparaitre sur ce visage blafard réhaussé par les longues lignes noires de son tatouage. Il plongea une main à l’intérieur de son veston, en sortit un petit tube remplit de pilules blanches. Il en avala une. Puis deux. Hésita à en prendre une troisième… il s’abstint finalement, s’appuyant contre le mur en savourant la douleur qui s’estompait peu à peu de son dos meurtri… Le tatoué passa instinctivement une main le long de son dos, grimaçant lorsque ses doigts rencontrèrent le trou laissé par la balle de sniper qui l’avait frappé là et qui était resté plantée dans sa colonne, occasionnant les douleurs atroces qu’il éprouvait parfois… Kenjiss passa une main dans ses cheveux pour les libérer, disloquant le catogan qu’il avait pourtant mis tant de temps à soigner devant son miroir… Maria le rejoignit, toujours aussi resplendissante dans son tailleur blanc… Kenjiss décolla son dos recouvert d’un costard hors de prix du mur pour grommeler à l’oreille de sa secrétaire.

Danser ? Si une dingue ose venir me faire danser, vous me foutez le morceau le plus court possible ! Et je me tire si personne ne vient dans les trois secondes qui suivent mon arrivée !

Le tatoué dépassa la jeune russe d’un pas sec, avant de se retourner.

Ah et au fait, bon travail… Bon courage pour la suite.

Kenjiss s’empressa de traverser le bout de terrain qui séparait le bâtiment du lieu du discours, reprenant un visage aussi engageant que possible sitôt en vue du public. Il avait encore une bonne centaine de mètres d’avance sur la meute journalistique qui ne l’avaient pas encore aperçut… Terry vint à sa rencontre. Tout comme Ivy, le mutant était un ancien… L’un de ceux qui avaient trouvés le moyen de se réunir pour faire renaitre un idéal. Bien que beaucoup trop nuancé dans ses actions à son gout, Terry était l’un des éléments essentiels de la baraque. Le directeur de la Confrérie ralenti juste assez pour le laisser le rejoindre, tout en surveillant d’un œil la bande de malades qui venaient de commencer à lui courir après. Maria ayant laissé entendre que quelques mots de plus pouvaient être échangés, ils s’en donnaient à cœur joie… Tout en gravissant les marches de son bâtiment, il répondit laconiquement à Terry.

Oui… Je n’ai pas de mal à parler de mes véritables convictions tu le sais bien… Quant à aller à l’intérieur, tu sais bien que je dois danser avec une demoiselle assez courageuse pour affronter mes qualités de danseurs… Ce buffet promet d’être intéressant…

Saloperie de conventions mondaines oui...

Le ton était assuré, la voix enjouée… Kenjiss avait repris son rôle. Il savait que derrière l’estrade, des dispositifs tout à fait légaux empêchaient les caméras et micros longues portées que les journalistes pouvaient braquer sur eux de capter quelque chose. C’était pour ça qu’il avait été lui même avec Maria… Ici, en pleine allée, ils n’étaient plus protégés. Le tatoué aurait parié qu’une dizaine de micros avalaient leurs paroles en ce moment même. Il avait donc endossé une nouvelle fois le rôle du gentil directeur… Saloperie. La Confrérie et lui n’attendaient qu’une chose, être débarassés de tous ces parasites… Kenjiss poussa la porte de son bâtiment, pénétra dans la hall avec un sourire débordant d’amitié et alla se verser une coupe de champagne, priant intérieurement pour ne pas avoir à danser avec une dingue de la liberté de l’information qui ne ferait que le tanner avec ses questions. Dans trois minutes il disparaissait, pas une de plus…

Pouvoir · Type Sigma

Comme Maria l'avait prévu, Kenjiss éprouvait quelques réticences au sujet de cette histoire d’ouverture de bal.
"Pas de soucis boss, un morceau très court… Tout est prévu ! Et pour vous remettre de vos émotions, si vous le désirez, nous pouvons prévoir une petite séance de relaxation rien que tous les deux ce soir !"

Mais Kenjiss avait déjà commencé à s’éloigner. Avait-il entendu sa proposition ? Elle en était certaine ! Elle se concentra :
*** Henry ? Henry tu m’entends ?*** Pensa-t-elle.

Henry était un sexagénaire de la Confrérie, un télépathe de bas niveau sans histoire ni ambition qu’elle avait choisi pour donner des consignes en toute discrétion.
*** Parfaitement, Maria.*** Entendit-elle avec la même clarté que s’il lui chuchotait à l’oreille.

*** Le patron est quelque peu énervé, peux-tu demander à nos amis de lui envoyer quelques ondes tranquillisantes ? Je n’aimerai pas le voir exploser pendant le bal ! ***

Maria commença à descendre de l’estrade, plongée dans sa conversation télépathique.
*** Pas de souci, ma belle, je vais les contacter pour voir ce qu’ils peuvent faire…***

Parfait ! Un peu plus d’enthousiasme artificiel ne ferait pas de mal à Kenjiss. Et puis, si vraiment il se distinguait par sa maladresse sur la piste de danse, ce serait un sujet de plus pour remplir inutilement les colonnes des journaux !
A cet instant, alors qu’il ne lui restait que deux marches avant d'atteindre le sol, un type aux cheveux argentés, habillé en costard, vint lui prendre la main pour l’aider et la noya sous une vague de compliments. Elle se contenta de recevoir ces minauderies avec un sourire charmé. Dans sa tête, c'était l'ébullition !
*** Mayday ! Mayday ! Henri ? *** Cria-t-elle télépathiquement,*** y a un type bizarre qui vient de m’accoster ! Qui est-il ? Que sait-on sur lui ? ***

Maintenant, elle devait absolument lui répondre si elle ne voulait pas paraîtrait louche… Elle ouvrit la bouche… Et Ivy vint la sauver en intervenant au bon moment !
Maria adressa un petit clin d’œil à l’inconnu, voulant signifier « accordez-moi juste une seconde et je suis à vous » et répondit à sa complice :
"Bien sûr, Miss Parker, je serai ravie de vous accorder une interview, fit-elle sur un ton chantant, mais, comme je compte faire la fermeture, vous êtes contrainte à rester ici jusqu’au bout de la nuit et j’ai peur que vous soyez déçue : je n’ai vraiment rien de croustillant à vous révéler. D’ailleurs, et vous le savez sûrement déjà, je suis une nouvelle à la Confrérie…

*** Alors Henry, ça vient ces informations ? ***
*** Je cherche, je cherche, laisse-moi une minute… C'est pas de la tarte ce que tu me demandes... ***

… et donc, je n’ai pas eu personnellement à « digérer » de réforme. La mutation de la Confrérie ne date pas d’aujourd’hui, et vous imaginez bien que je n’y aurai jamais mis un pied si je n’avais pas constaté un profond changement d’idéologie ! Mais on reparlera de tout cela plus tard, d’accord ? Je ne voudrais pas que vous ratiez l’occasion d’inviter notre directeur à la danse d’ouverture !"

Elle gratifia "Miss Parker" d'un sourire entendu et se tourna vers l’inconnu, engageante :
"Voilà, cher monsieur, je suis enfin à vous ! "

A cet instant, un gong résonna à la porte d’entrée de la Confrérie. Un majordome grisonnant, à l’attitude très sérieuse, annonça avec une voix posée que tout était prêt et que le bal allait commencer. Les invités, mis télépathiquement en appétit, commencèrent à se diriger vers l’entrée.
" Parfait ! S'exclama Maria en joignant les mains avec un sourire ravi, je crois que vous êtes maintenant condamné à m’inviter ! J’espère que vous êtes bon danseur, monsieur … ? »

Une petite voix résonna dans sa tête :
*** Tout ce que je peux te dire pour l’instant, c’est qu’il n’est pas journaliste… Et que ce n’est pas un mutant ! Je continue l'extraction d'informations ! ***

Invité

Tout se passait à merveille, Ivy, ou Miss Parker, souriait courtoisement à son interlocutrice qui lui répondait. Quel jeu d'acteur, la mise en scène était bluffante. S'ils savaient la vérité, tous ces inférieurs, ils ne pourraient qu'envier et idolâtrer leur génie, bientôt il ramperont à leurs pieds en les suppliant de les épargner. Ivy se voyait déjà écrabouiller leurs petites mains trainant sur son chemin lorsque l'être humain se prosternera devant leur supériorité. Ne s'embarrassant pas d'éloge et de paroles inutiles pour convaincre le rôle qu'interpretait Maria afin de la persuader que sa vie intéresserait sans nul doute cette vermine humaine qui grouille sur terre. D'ailleurs si elle n'incarnerait pas cette journaliste, Ivy aurait put dire de manière sarcastique que la vie d'un mutant est le fantasme de nombreux humains miséreux se laissant dominé par cette frustration d'être impuissants. Soit, est ce que "Miss Parker" serait d'accord pour en rediscuter ?

"Bien sûr mademoiselle Aleksandrovna. Voici ma carte. Contactez-moi lorsque vous serez libre une fois la cloture de la conférence terminée. Et vous avez raison, je ne raterai pour rien au monde une danse au bras de votre directeur. Entre nous, vous avez de la chance, notre patron n'est pas aussi charmant, vous devriez en profiter vous aussi !"

Un petit clin d'oeil innocemment complice et Ivy s'éclipsa après lui avoir tendu le petit carton, laissant Maria aux mains de cet étrange mexicain qui l'avait abordée. Elle se débrouillerait, Ivy en était persuadée. Sa dernière phrase pouvait être prise à un double sens par contre : son patron n'était autre que Kenjiss en réalité et toute cette hypocrisie l'avait transformé en parfait petit homme politique bien sage et tranquil qui se soucie du regard qu'ont les autres pour lui. Ivy en profiterait de cette façade temporaire, oh que oui.

Kenjiss quant à lui refit son apparation dans le hall, se servant une coupe de champagne. C'est là qu'il fallait frapper, ne pas hésiter, d'ailleurs ce mot ne faisait pas partie du vocabulaire d'Ivy... La blanche mutante ne put s'empécher de bousculer une "confrère" qui se dirigeait vers l'homme sans doute pour l'inviter, renversant la coupe qu'elle tenait mollement dans une main sur sa jolie robe blanche. "oh non votre robe! je suis confuse... vite aller sécher ça!"

Une bonne chose de faite. Ivy, de son pas félin, se dirigea vers son confrère laissant en plan la pauvre femme désamparée à la vue de sa robe amochée. Elle rangea son petit bloc dans la poche de la veste de son tailleur, sourire en coin, assurance dans sa prestance. Elle comptait l'inviter à danser tout en essayant d'anticiper sa réaction, refusera-t-il ? Se serait intolérable... frustrant... humiliant... Du coup, elle tenta une touche personnelle qui lui ressemblait bien plus qu'une invitation à danser toute niaise et gentille à en vomir tant ce serait ballot :
*Henry, vieux pervers, je sais que tu m'entends.*
*Oui Ivy...?*
*Dis à Monsieur le directeur qu'Ivy lui dévorera le nez s'il refuse l'invitation de Miss Parker.*
*C'est vraiment important ? Je dois me concentrer, c'est peut-être pas le moment de faire mumuse...Ivy.*
*Fais ce que je te dis, ça le détendra.*
*Bien reçu m'selle.*

Ivy espérait que ceci serait fait, continuant d'approcher le directeur. S'il avait bien reçus son message, soit il en serait amusé, lui qui la connaissait plus ou moins bien maintenant il saurait que là est sa vraie nature et personne n'y pourra rien, finesse mélée de sans gène. Soit, habitué il s'y resoudrait en soupirant, la reconnaissant bien là, c'était évidant.

"Monsieur Kenjiss ?"

Ivy toujours dans son rôle de Miss Parker se tenait à ses côtés, glissant son bras vers l'intérieur du sien, appuyant son autre main contre son biceps. Elle le regarda dans les yeux de son regard intense nimbé d'un bleu glacial.

"Me feriez vous l'honneur de m'inviter à cette danse ? Promis, je ne vous harcellerai pas de mes questions."

Pouvoir · Humanoïde

L'invitation, courte, claire, mais complaisante fut chaleureusement reçue par la "maitresse de cérémonie". Toutefois, la prédatrice aux dents longues, nommée Mademoiselle Parker s'infiltra insidieusement -aux yeux de David-, tel un caméléon (hum hum, référence ... ) à travers la masse des autres journalistes, faisant, du coup, la même chose que Webb quelques instants plus tôt, la curiosité professionnelle en plus.

Un clin d'œil, bref et furtif indiqua à l'Arlequin d'attendre quelques instants. Quelques instants qui, étrangement, lui semblèrent soudainement longs. En effet, il ressentit une douleur aigüe au niveau de la tempe gauche ... Non, ce n'était pas ça. Autre chose, comme une aiguille qui vous pique la peau, juste en vous l'effleurant, vous ressentez ce petit picotement, significatif, reconnaissable entre tous ... C'était là, dans sa tête. On ouvrait oui ... On ouvrait des portes !

Vite ! Il ne fallait pas qu'il perde une seconde - ni même qu'on le remarque extérieurement -. "Ferme ces portes, ferme-les l'Arlequin !" Lui soufflait David comme s'il s'agissait de sa propre survie.

* C'est un télépathe ! Souviens-toi des entrainement ! *

C'était maintenant un brouhaha terrible. Un peu comme le chahut des enfants que vous pourriez entendre -subir ?- dans une crèche, ou encore à Wall Street, lors de la crise de 29, les cris de détresse des traders en panique. Il fallait déboussoler l'adversaire, le contraindre à douter ... à échouer. C'était vital pour l'Arlequin. Mais, il laissa quand même échapper quelques brides de ses pensées, se concentrant ainsi sur une tâche précise : pouvoir avaler, d'une traite, une paire de gélules bleutées, censées embrouiller par un procédé chimique les intrusions des télépathes adverses, du moins, pendant un court laps de temps.

On lui avait dit, au Labo', que ces trucs étaient censés le protéger pendant plusieurs minutes ... de 10 à 20 minutes selon la corpulence du sujet. Mais, l'instructeur leur avait aussi conseiller de trouver une excuse, si possible naturellement évidente qu'autrui serait à même d'y croire. Arlequin, lui, avait toujours choisi la solution de facilité : Il toussa, deux fois, après avoir prit ses gélules, mimant ainsi une maladie quelconque.

Veuillez m'excuser, mademoiselle ... Je ne suis pas encore habitué au climat difficile du Canada ... Si je puis me permettre.

Je tiens tout de même à rassurer mademoiselle que je connais quelques pas de danse oui. Et je serais ravi d'être condamné, pour cette fois, à vous les montrer.

Son sourire éclatant laissa échapper un rire, jeune et net. Il n'hésita pas à donner son bras à son hôte afin qu'ils puissent tout deux s'immiscer sur la piste de danse.

Veuillez m'excuser, j'en ai oublié l'essentiel. Mon nom est Diego Rodriguez.

Pouvoir · R.I.P

Le champagne était véritablement délicieux… Ou peut être était ce l’instant de calme dont disposait Kenjiss qu’il appréciait plus que son alcool. Ou encore la promesse de sa secrétaire... Quelqu'il en soit, il avait dix secondes pour avaler son verre avant de…

Claquement de porte.

Les journalistes devenaient de plus en plus rapides décidément… En trois secondes, le hall de la Confrérie subit une invasion en règle. Une meute hurlante… Heureusement, quelques gros bras placés aux portes avaient empêché chaque studio de débarquer avec son arsenal complet. Les journalistes avaient été forcés de se séparer de leurs cameramen et ne pouvaient porter qu’un seul appareil… En théorie du moins. Le tatoué ne se faisait aucune illusion sur les capacités de ces braves gens à dissimuler leurs micros et autres mini caméras… Mais au moins le matériel lourd était resté à la porte. Il avait d’autres soucis. Ici, en bête de foire, cible de tous ces abrutis, il n’avait aucun contrôle sur le reste de la situation. Il n’en savait même strictement rien… N’importe quoi pouvait arriver à n’importe lequel de ses confrères sans qu’il puisse bouger le petit doigt pour le secourir ou lui éviter les ennuis. L’organisation qu’ils avaient mise en place était certes parfaite, mais Kenjiss n’était jamais satisfait… Sans tomber dans la paranoïa, il était prêt à tout. En permanence. Il n’était pas dans son domaine de prédilection ici… Et pourtant il fallait jouer le jeu. Encore un peu. La meute hurlante qui lui tournaient autour était même parvenue à masquer le moindre visage familier. Kenjiss ignora superbement un micro pointé vers lui. Non il ne répondrait pas à plus de questions. Non il n’avait pas de relation en cours. Non il n’était pas intéressé par une adoratrice des mutants ténébreux. Non, hors de question de faire visiter l’intégralité de la Confrérie… Le petit manège dura une bonne dizaine de secondes avant qu’il ne parvienne à faire baisser les micros, un à un, et que les ondes de ses télépathes fissent apparaître le buffet soudainement plus attirant. Le tatoué fronça les sourcils lorsqu’une sensation familière s’insinua dans son esprit… Un doux bercement… apaisant…

*Henry !*
**Oui monsieur ?**La voix tranquille du télépathe répondit instantanément.
*Hors de question d’être calme cool zen à cause de vos ondes ! Je m’en sortirais. Occupez-vous de la foule en priorité. Et rassurez Maria. Gaffe à tout le monde, le moindre ennui doit être géré sans moi. Je vous fais confiance !*
**Oui monsieur**.

Non mais… être calmé par un télépathe, et puis quoi encore ? Kenjiss pensait être encore capable de se maîtriser une bonne dizaine de minutes tant que…

Monsieur Kenjiss ?

Que personne ne prêtait attention à lui…

**Heu monsieur… Ivy vous fait savoir qu’elle vous croquera le nez si vous refusez de… **
*C’est Ivy ? Bon, j’ai pigé le reste… Transmettez que je suis déçu qu’elle ne me mange que le nez… Et qu’elle s’offre une danse au milieu de tellement de gens, nous ne pouvons pas être à notre aise voyons… Tiens d’ailleurs, motive les à s’intéresser au buffet. Qu’ils bouffent jusqu’à éclater, on évitera trop de photos.*

Le tatoué était plus amusé qu’autre chose. Il s’était inquiété un instant sur la personne qui lui bondissait dessus, mais la venue d’Ivy lui épargnerait de faire le mariol au bras d’une greluche hystérique pendant la seule et unique danse qu’il autoriserait… Ce n’était pas plus mal.

Une main se glissa sous son bras, une autre s’appuya sur ses muscles d’acier alors qu’une voix suave résonnait à ses oreilles… Toutes dents dehors dans un sourire aussi éclatant qu’il était faux, Kenjiss plongea sans une seconde d’appréhension un œil sombre dans le regard éclatant de la jeune femme, crispant légèrement son biceps sous les doigts de la blanche mutante. Ceux qui assistaient à cette scène ne voyaient qu’un parfait gentleman accordant une danse à une délicate demoiselle… Ils auraient été surpris d’apprendre que tous deux étaient mutants, qu’ils étaient de connivence, que l’une n’était pas celle qu’elle prétendait être, et que tous deux n’avaient pas des regards aussi innocents qu’il y paraissait… Le tatoué parla d’une voix étrangement suave, à peine perceptible dans le brouhaha ambiant.

Miss Parker… J’espère que vous savez ce que vous faites en m’invitant.

Offrant son bras à la « journaliste » d’un geste assuré, Kenjiss avança d’un pas ferme au milieu de la piste, fixant la jeune femme, un fin sourire aux lèvres. Ce n’était pas vraiment cette humaine fadasse qu’il voyait, mais plutôt quelque chose de plus… chaleureux. Une blanche mutante au corps pâle mis en valeur par des vêtements quasi inexistants… Au visage encore plus blafard que le sien, rehaussé par des lèvres pulpeuses d’un noir immaculé. La vraie nature de miss Parker était autrement plus intéressante… Mais à défaut de mieux, il se contenterait de sa compagnie sur la piste… Mais il avait un souci plus immédiat. Savoir sur quoi ils allaient danser. Les goûts de Kenjiss étant plutôt portés sur des musiques uniquement dansables après avoir ingéré une quinzaine de substances diverses, il espérait que l’individu en charge de la musique serait un peu plus ouvert que lui.

Pouvoir · Type Sigma

Maria, au bras de l’énigmatique monsieur Rodriguez, entra dans la grande salle de réception de la Confrérie Moderne. La salle avait été décorée façon ancienne Europe, à l’image des réceptions mondaines diplomatiques du vingtième siècle. Le visage de la jeune russe était figé dans un sourire crispé tel un masque blanc vénitien de carnaval. A chacun de ses pas, elle sentait son angoisse monter d’un cran.
*** Alors Henry ? On peut savoir ce que tu fiches ? Et mon pantin ? Est-ce qu’il compte me loger une balle dans la tête avant la fin de la soirée ? ***

*** Excuse-moi, Maria, c’est étrange : son esprit s’est refermé subitement… Je ne comprends pas. ***

*** Te serais-tu servi une coupe de Champagne en trop ? ***

*** Ne rigole pas avec ça, je suis un ancien alcoolique... Si je reprenais un verre, je serai assuré de replonger aussitôt ! ***

Le parquet vitrifié au centre de la pièce était déjà noir de couples se tenant par la main, prêts à ouvrir le bal. Au fond, les tables du buffet étaient encombrées de plats argentés garnis de divers mets. Il y en avait pour tous les goûts, mais tout n’était que de la seconde qualité : du faux caviar, du Champagne premier prix, de la truite à la place du saumon… Le budget de la Confrérie n’était pas illimité contrairement aux talents de présentation de ses cuisiniers-traiteurs mutants ! Bien malin celui qui verrait la différence. Après tout, avec l’appétit attisé des convives par télépathie, on pouvait s’épargner les dépenses inutiles.
Maria n’aperçut pas directement Kenjiss, probablement était-il déjà au milieu de la piste au bras d’Ivy… Si, bien entendu, tout s’était déroulé comme prévu.
Elle attrapa la main de son cavalier, la serra dans son gant de cuir blanc et le tira vers le centre de la piste.
"Alors, monsieur Rodriguez, renchérit-elle avec une voix pleine de bonne humeur, vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous faisiez dans la vie et mon petit doigt me dit que vous n’êtes pas journaliste… Laissez-moi deviner… Vous avez un regard profond, ne seriez-vous pas voyant-médium-hypnotiseur ?"

*** Henri, s’il n’est pas télépathe, peut-être est-ce un complice qui brouille psychiquement son esprit ? ***

*** Non, Maria, ce n’est pas de la télépathie, ça n’y ressemble pas… Je n'ai pas d'explication ! ***

Avant que Rodriguez n’aie pu avoir le loisir de répondre, le silence se fit dans l’assemblée et les premières notes du « Beau Danube Bleu » de Johann Strauss montèrent avec force dans toute la salle, on était lancé pour dix minutes de valse viennoise.
Désolée, Kenjiss, c’était programmé d’avance, tu avais réclamé un morceau court, mais ouvrir le bal avec la "danse des canards" n’aurait pas fait très sérieux. D’accord, cela faisait un peu vieux jeu, voire cliché… Mais encore une fois, c’était une critique acceptable de plus qui irait noircir inutilement les colonnes des journaux à scandales. Maria plongea ses yeux bleus glacés dans le regard de son cavalier et son corps commença à adopter le mouvement ternaire de la valse 1-2-3 ; 1-2-3…
"Et vous êtes venu avec quelqu’un, monsieur Rodriguez ?" Enchaîna-t-elle avec un sourire engageant pour l’encourager à répondre malgré la musique.

*** Henri, contacte les gars de la sécurité, je veux qu’ils nous surveillent… On ne sait rien du tout sur lui, je suis peut-être en train de valser avec un humano ! S’il fait un mouvement suspect, je veux être sûre qu’ils soient près à le neutraliser.***

*** Un humanoïde, rien que ça ? Ne tombe pas dans la paranoïa petite Maria ! ***

*** Fais-moi plaisir espèce de planqué, contacte la sécurité ! ***

Pouvoir · Type Omega

Le jeune homme emboîta le pas au directeur de la Confrérie et entra à sa suite dans le Hall du bâtiment. Alors que Kenjiss était déjà harcelé pour aller danser, Terry se recula et trouva un petit coin tranquille depuis lequel il avait un bon point de vue sur toute la salle. Il se félicita de ne pas devoir répondre aux mêmes obligations que le directeur. En effet, aller danser la valse devant toute une foule de curieux ne l’enchantait pas vraiment. Et il savait que cela ne faisait pas partie des passe-temps favoris de Kenjiss non plus. Il eu alors une pensée de compassion pour le mutant tatoué.

Alors qu’il contemplait la salle et ses occupants, une présence se fit dans sa tête. Il sursauta légèrement, n’étant pas très habitué aux insertions mentales d’Henry –en fait, on ne s’y faisait jamais à ces intrusions psychiques, pour Terry cela représentait une violation de son esprit.

*Terry ?*

Il tenta de chasser ses pensées même s’il savait que son geste était vain, si Henry voulait le sonder, il trouverait ses réflexions sans peine.

*Oui ?*

Fort heureusement, le télépathe semblait trop préoccupé pour fouiller l’esprit du caméléon.

*Mademoiselle Maria me signale une présence susceptible d’être une intrusion, nous allons avertir la sécurité, gardez un œil à l’homme qui est à son bras*

Silencieusement et d’un imperceptible mouvement de tête, Terry acquiesça

*Pas de problème. Je m'en occupe.*

Après tout, il était là pour ça, veiller à ce que tout se passe bien et comme il ne dansait pas, autant se rendre utile. Discrètement, Terry ôta ses gants noirs qu’il gardait en permanence. Et il s’arma biologiquement. A l’intérieur de ses paumes, ses petits projectiles naturels étaient à présent prêts à servir.

Il s’approcha ensuite d’un pas nonchalant de Maria et de son fervent cavalier. Pour ne pas attirer l’attention sur lui, il fit mine de chercher après un plateau de zakouskis après s’être saisi d’un verre de champagne au passage

*C’est bon, je l’ai en vue. Je suis prêt à agir au moindre signe suspect. Avertis Maria que je suis au courant* informa-t-il le télépathe

Le tout serait de le faire discrètement…

Pouvoir · Humanoïde

D'un geste de la main hésitant, mais ferme, la représentante de la confrérie des mutants emmena David sur la piste du danse, tandis que l'orchestre jouait des cordes avec le « Beau Danube Bleu ». L'Arlequin, lui, avait placé la moitié de son esprit vers « automatique », comme si ses jambes ne faisaient que s'imprégner des notes, douces et rythmées de l'orchestre. Quant à la seconde moitié ? Et bien, il s'efforçait à lire des signes extérieurs aussi camouflés que difficiles à décrypter.

Le bout des doigts de la Dame ... Tremblants. La légère petite gouttelette de sueur ... à peine visible, se faufilait un chemin à travers les reliefs de la peau de la mutante. Tout cela, maintenant libéré de la contrainte d'une lecture « psychique », était possible pour l'humanoïde. Mais ... plus que la lecture - loin d'être exhaustive, qui plus est -, c'était la traduction de ces signes extérieurs ... Pourquoi cette tension ? Avait-il été démasqué ... Non, pas déjà, l'orgueil de l'Arlequin l'empêchait de ne donner ne serait-ce qu'une infime place à cette possibilité. Alors, qu'était-ce donc ... ?

Impressionnant, madame. Je ne suis pas journaliste, ni même medium ou hypnotiseur. A mon plus grand désespoir ! quelle vie de bohème intéressante peux-t-on mener ainsi ... ? Je vous le demande, madame.

Mais le moment est mal choisi pour donner un quelconque intérêt à de telles considérations, n'est-il pas ?

Ne put s'empêcher d'ajouter malicieusement Mister Rodriguez, presque avec un clin d'œil, détournant ainsi du regard la question.

Mais, ne vous en faites donc pas, chère amie - Puis-je me permettre ? -, je suis venu seul et ... de mon plein gré.

Lâcha l'humano avec un rire qui était tout sauf forcé. Oui, car bien qu'il ne s'agissait pas du même rire que celui d'un enfant innocent qui s'amuse des pitreries de son paternel, c'était plutôt celui du prédateur qui tenait dans ses griffes - mortelles ? - l'objet de son envie. Si l'on pouvait parler d'envie, car en effet, bien qu'haïssant au plus au point les mutants pour ce qu'ils étaient, l'Arlequin n'en restait pas moins très lucide quant aux indications qu'on lui avait donné ... Notamment celle de ne verser le sang qu'en cas de force majeure.

Et vous, ma chère, n'êtes vous ici que par et pour votre travail ? Ou pensez-vous prendre quelques minutes de votre temps à votre détente sous le regard peut être réprobateur de monsieur le directeur ?

Pouvoir · R.I.P

*Henri ! *
**Oui monsieur ? **
*Rassurez moi, c'est une valse ? Un deux trois ? *
**Oui monsieur... Mais détendez vous... **
*Si tu m'envoye la moindre onde anti stress je te fous dehors. *

Un bal... Il ne manquait plus que ça. Kenjiss avait beau avoir vingt ans de plus que l'adolescent surexcité qui avait vécu dans la première Confrérie, il n'en était pas moins fortement démuni dans certaines situations... Le mutant avait néammoins appris à faire bonne figure. Le bras auquel était accrochée Ivy était ferme, le regard droit et le pas assuré. Personne n'aurait pu soupçonner que le tatoué avait bossé pendant tout une semaine entière pour ce foutu petit instant... Et ce n'était pas la présence d'une mutante particulièrement aguichante à ses côtés qui allait le troubler. De toute façon, son aspect humain était laid.

**N'oubliez pas de regarder votre cavalière monsieur, et surtout évitez les grands mouvements dans tous les sens, il n'y a que dans les films que vous faites la moitié de la salle en un tour ! **

Kenjiss retint une bordée de jurons en se promettant d'expliquer au télépathe pourquoi il ne fallait pas déranger son chef bien aimé lorsque celui çi était attellé à une tâche particulièrement ardue. Le mutant redressa le menton, plongea son regard dans les yeux d'Ivy sans faillir et se lança, nobostant le fait qu'un homme aux cheveux longs, avec un tatoué hideux plaqué sur son visage blafard était un tantinet ridicule en valsant... Ses doigts se crispèrent légèrement sur ceux de sa cavalière.

Dix minutes plus tard, Kenjiss terminait de sa prestation artistique en n'ayant à peine commis cinq erreurs. Ivy les avait corrigées ou elles étaient passées inaperçues... Le mutant salua gracieusement sa cavalière et prit congé, non sans un regard lourd de sous entendus. Miss Parker disparu tandis que le tatoué s'approchait du buffet, dans un coin plus ou moins dépourvu de saletés d'humains. Putain c'était passé... Une valse. Kenjiss n'était pas spécialement dépourvu de toute sensibilité artistique mais en l'occurence, il n'avait jamais rien entendu à la danse. Monsieur le directeur qui aurait bien voulu se trouver un endroit plus à son aise se resservit une coupe de mousseux, tout en contactant le télépathe en chef, autant pour avoir un compte rendu de la situation que pour avoir quelque chose à faire.

Pouvoir · Type Sigma

[<-- Du centre commercial. Je me permet d'arriver aprés coup; Smile

J'espéres que ça ne dérange pas ?]

La jeune fille s’était décidée un peu trop tard. Quand enfin le courage était assez présent pour qu’elle se décide à regagner la voiture l’horaire était déjà dépassé. Dans ce cas à quoi lui servait-il d’aller affronter cet évènement ? C’est que les imprécations de la confrériste la tourmentaient. Il fallait bien qu’elle évolue un peu, non ?

Elle avait donc roulé jusqu’à la destination. Elle trouva sans grande difficulté avec toutes les lumières qui brillaient sur le lieu. Le discours était terminé depuis longtemps. Peut être qu’ainsi la jeune fille aurait plus de facilité à engager un dialogue. Son seul problème était que cette arrivée tardive allé se faire remarquer. Et ça c’est ce qu’elle redoutait.

Un parking elle se gara. Et resta la quelques minutes à se torturer l’esprit. Non elle ne voulait pas que sa vie soit toujours contrôlée par l’angoisse ! Avec une nouvelle vivacité la Virginie attrapa son sac et se leva. Sans s’arrêter elle marcha jusqu’à la demeure.

Timidement elle présenta son carton au garde à l’entrée. Il l’a jaugé de pied en cape sans un mot. Et lui indiça ou se rendre en quelques phrases neutres. Virginie obtempéra telle une petite souris. Son cœur s’accéléra à mesure que le brouhaha du monde se rapprochait. Ses mains se serraient à mesure que sa résolution faiblissait.

Il y avait de la musique. Elle se rappela alors que l’invitation prévenait de cette seconde partie de soirée. La danse au moins elle en connaissait un peu. Un regard sur sa tenue la fit soupirer. Elle passait pour une jeune vierge effarouchée dans sa tenue blanche d’été. Le jardin se dessinait devant elle. Magnifique.

Son regard détailla se qu’il voyait avec une curiosité toute enfantine. Au moins la venue valait le coup d’œil. Elle reconnue les dernière notes d’une valse et sourie. Le plus discrètement possible la jeune mutante avança. Un serveur apparu devant elle comme par magie et lui présenta une coupe sur un plateau. Elle rougit spontanément et murmura un: merci.

Mais que faisait-elle ici ? Cet évènement mondain plus qu’autre chose. Non ce n’était pas son monde tout ça. Et puis elle ne voyait Maria nulle part. Aucune accroche. Pourquoi c’était elle surestimée !

Intimidé comme pas possible Virginie chercha un repli.

Pouvoir · Type Sigma

Maria jeta un œil par-dessus l’épaule de son cavalier pour voir comment s’en sortait le patron. En toute honnêteté, c’était plutôt pas mal, disons qu’elle s’était attendue à bien pire ! Bien sûr, il était évident qu’Ivy faisait 90% du boulot, mais les mouvements de Kenjiss paraissaient naturels, pas trop crispés.
"Je crois sincèrement que monsieur Kenjiss a, pour le moment, d’autres chats à fouetter, fit-elle en replongeant ses yeux bleus dans le regard d’Arlequin, quand bien même trouverait-il le temps d’observer mes moindres actions, je pense qu’il n’aurait rien à dire… A la Confrérie Moderne, nous sommes libres de nos mouvements. En douteriez-vous ?"

Ils passaient justement à proximité du couple Kenjiss/Ivy, Maria évita de croiser les yeux du patron, pour éviter un foudroiement du regard.
"Le Beau Danube bleu est une œuvre qui dure approximativement dix minutes, reprit-elle, il nous en reste donc huit à passer ensemble. J’avais abordé le thème des métiers pour éviter que nous nous ennuyions… Mais si le sujet vous semble rébarbatif, pourquoi ne pas parler simplement de la musique ? Vous savez pourquoi j’ai choisi cette valse ? C’est parce que j’adore 2001, l’Odyssée de l’Espace ! Vous connaissez ?"

Le gouvernement trouvait-il le temps d’initier ses grille-pains sur pattes à la filmographie de Stanley Kubrick ? Cela semblerait plutôt étonnant… Une voix vint à cet instant lui chatouiller les synapses :
*** Maria, tu n’as pas à t’inquiéter, tu es maintenant chaperonnée par Terry…***

***Terry est le seul que tu as trouvé pour me protéger et c’est censé me rassurer ? Rappelle-moi, son talent spécial, c’est plutôt celui de se planquer, non ?***

Le stress d’être au bras d’un potentiel tueur de mutants avait tendance à rendre la russe quelque peu médisante… Il fallait absolument qu’elle fasse crouler son cavalier sous un déluge de bla-bla pour que du renfort supplémentaire aie le temps de venir à l’appui de Terry. Dans son dos, elle sentit une goutte de sueur couler le long de sa colonne vertébrale.
"Je suis certaine qu’Arthur C. Clarke, l’auteur du roman, était un mutant, continua-t-elle en mimant l'assurance, la scène où il décrit les hommes-singes qui se retrouvent face au monolithe noir, représentant l’incompréhensible technologie extraterrestre, rappelle comment les humains du siècle dernier ont réagi face à l’apparition des premiers mutants…"

… Voilà matière à débattre gentiment pour le reste de la valse, surtout si Diego continuait à lui servir des réponses évasives… Henri s’immisça une nouvelle fois dans sa tête :
*** Maria, j’ai une mauvaise nouvelle pour toi ! Nos informaticiens ont découvert qu’il y a quelques centaines de millions de Rodriguez dans le monde et, parmi eux, quelques dizaines de milliers portent le prénom de Diego… Ce sont des noms et des prénoms très courants ! Mais, hélas pour notre invité, la base de données des douanes canadiennes nous a appris que la dernière entrée d'un Diego Rodriguez sur notre territoire date du 3 juin 2049. Donc, ton cavalier ment soit sur son identité, soit sur le fait qu’il ne s'est pas encore habitué au climat local !***

Maria déglutit…
***Dis à Terry d’intervenir tout de suite ou je vais défaillir ! Je sens que mon courage est en train de fondre comme une glace à la vanille dans un sauna !***

Pouvoir · Type Alpha

Kyle n'avait pas assisté au discours de Maria, ni aux déluges de questions journalistiques. Il avait déjà eu l'occasion d'entendre les paroles éloquentes de la sanglante Mary, et il n'aurait pas survécu à une nouvelle écoute. Non pas que l'élocution de la mutante présentait des défauts, mais le fond de ses paroles était infiniment désagréable. Maria était si convaincante qu'elle lui provoquait des allergies. Quant aux journalistes, il aurait eu toute les peines du monde pour ne pas leur jeter une poigné de cacahuètes avec un sourire étincellant de mépris.

Il avait préféré attendre à l'intérieur, près du buffet... Là était sa place de toute façon. Il devait simplement jouer au serveur. Armé d'un plateau garni d'amuses-gueules odorants et chauds, il déambulait parmi les invités.

"Une collation, messieurs ?" disait-il de façon neutre, bouillant à l'intérieur. Il n'aimait pas jouer les pantins, mais en même temps il souhaitait être présent : la curiosité, l'esprit d'équipe (Ha ! Ha ! La bonne blague...), il fallait bien faire des compromis.

* C'est ça, bouffez et étranglez-vous avec !*

Les journalistes se servaient de ces petits fours délicieux, parfois sans regarder Kyle, mais la plupart du temps il lui jetait un oeil curieux, de même que s'il avait vu un chien pondre un oeuf.

** Kyle ? Je vais te transme.... **

Intrusion psychique, Kyle grimaça.

**..... T'étais pas censé être vêtu en costard pour servir ?! **

* T'es pas censé t'occuper d'tes affaires ? *

Voilà donc le pourquoi de ces regars semi-étonnés jetés sur Kyle : bien entendu, il devait servir dans un costume on ne peut plus traditionnel. Mais le jeune homme n'en avait rien fait : il portait sa large veste aux poches multiples, un pantalon dans lequel il nageait, et un foulard vert qui lui masquait la bouche. Bref, il portait ses fringues habituelles pour une soirée mondaine. Maria et Kenjiss lui tomberaient sans doute sur le poil, surtout le patron qui avait lui-même fait tant d'efforts, mais cela ne suffisait pas à faire faiblir l'esprit de contradiction de Kyle, et surtout il ne prévoyait son avenir qu'à court terme. Se savoir condamné à mourir avant ses 24 ans était pour beaucoup dans cet état d'esprit.

* Henry.... J'ai quand même mis un noeud papillon ! *

pensa Kyle, d'un ton indigné. Et effectivement un petit noeud noir était aggraphé sur son foulard. Délicate attention...

** .... Laisse tomber... Je te transmets quelques informations que j'ai données à Terry. Il se peut qu'il y ait du grabuge, sois sur tes gardes. **

Pendant que le cerveau de Kyle accueillait des données sur l'étonnant cavalier de Maria, le jeune homme continua sa tournée de petits fours. Mmmh... Certes, il n'aimerait pas être à la place de Blondine... Cet homme à la chevelure argentée était des plus louches.

Kyle s'était rapproché d'une jeune fille arrivée depuis peu. Il s'agissait de Virginie Parish, invitée par Maria à se convier à leur petite réception, mais il n'en savait rien. Il avança droit sur elle, comme s'il allait lui rentrer dedans, et lui présenta d'un geste brusque et adroit son plateau aux mille délices :

"Un p'tit creux, mademoiselle ?" s'enquit-il d'une voix douce et fausse.

Pouvoir · Type Sigma

Pendant qu'elle cherchaient un repli Virginie ne put s'empêcher de jeter un dernier coup d'œil sur le plateau. La mélodie l'attirait toujours comme la flamme pour un papillon.

Alors elle s'obligea s'arrêter et à étudier.

Voila les couples se mouver sur la scène. Presque automatiquement elle se mit à regarder les mouvements avec le sens critique que lui avaient inculqué ses années de danse. Ils s'en sortaient tous bien... logique c'était leur culture, à tous ce gratin.

Elle crue reconnaître la silhouette de Maria dans les bras d'un homme. Ils étaient séduisants tous les deux... un vraie couple pensa t-elle avec un petit sourire. Les observer lui donna un point de concentration. Peut être pourrait elle aller lui parler plus tard ? Ce qui l'aida et lui permit de relativiser un peu... quelques heures ici, peut être qu'elle le pouvait. Ce n'était pas une mer à boire.

En parlant de boire... ses yeux curieux regardèrent la coupe dans sa main. Du champagne. Elle avait du en gouter deux fois dans sa vie en tout et pour tout. Il n'y avait jamais de fête chez elle. Dans son ancien chez sois plutôt. Elle essaya de se rappeler le gout.

"Un p'tit creux, mademoiselle ?"

Virginie leva le visage et faillit se cogner contre plateau juste à un centimètre d'elle. Elle recula légèrement. Comme toujours ses yeux noirs agrandis par la timidité cherchèrent un signe d'hostilité chez la personne.

C'était un jeune homme. Et sa première impression fut de la surprise: surprise de le voir entrain de servir. Il n'avait rien d'un "domestique". Ni le vêtement, ni la posture, ni la déférence obligatoire. Et quelque part cela la rassura. Il lui ressemblait un peu plus ainsi. Il se détachait de l'étiquette. Un peu comme elle. Cela dit son ton sonnait étrangement. Faux.

Elle lui rendit un sourire un peu crispé, pas vraiment gracieux et regarda le plateau. Il y avait beaucoup de choix. Trop de choix. Elle ne savait pas de quoi était composés la moitier des propositions. Mais elle avait faim. Il était tard et son estomac était encore vide.

Sa main avança au dessus du plateau comme pour chercher son dut. Mais Virginie n'arrivait pas à faire un choix. Ce qui n'était pas vraiment nouveau n'est ce pas ? Et le temps commençait à s'étendre un peu trop. Alors en désespoir de cause elle murmura.

-"Désolée... mais je ne sais pas, je ne connais rien de ces... "gâteaux salés". Elle avait clairement honte de l'avouer devant un parfait inconnu. Mais il lui avait ouvert l'appétit avec tout ça.Elle n'y était pour rien. Elle osa donc demander. Est ce que vous pourriez ma ... conseiller ?"

Ce qu'elle regretta rapidement. Elle passait encore plus pour une idiote avec sa question. Pourquoi devait elle toujours percuter après avoir fait la bêtise. Elle attendit le rire moqueur en regardant les yeux de son interlocuteur.

Pouvoir · Type Alpha

Tout en servant la jeune demoiselle, Kyle jetait des coups d'oeil en coin, suspicieux. Il n'avait pas envie de rater une miette du spectacle, dont l'intitulé demeurait "Maria va-t-elle se faire trucider par le mystérieux inconnu ?"
Cette perspective lui arrachait un rire intérieur, non pas qu'il détestait Maria, loin de là -il n'avait rien contre elle-, mais un peu d'action ne ferait pas de mal à une réception aussi... fadasse. Certes, il y avait l'intelligence, la sournoiserie en toile de fond, la manipulation.... Mais à la fin on se retrouvait avec Kenjiss obligé de faire le mariole en pingouin et une bande d'abrutus inferior pour public ! Il y avait de quoi perdre la foi.
Exemple parfait de l'imbécilité ambiante, la question de la jeune fille qui témoignait d'un manque d'assurance flangrant. Kyle rammena sur elle un regard où perça une certaine dose de mépris :

"Est-ce que j'ai la tronche d'...."

D'un espèce de crétin congénital qui n'a rien d'autre à fo*tre de sa vie que goûter des petits fours de m*rde ?! allait-il dire.

Seulement une voix psychique et pleine de bons conseils tinta à son cerveau fumant :

** Cool, Kyle, je t'envoie des ondes apaisantes. A titre purement informatif : si tu crées le moindre problème, tu le sentiras passer, n'oublie pas. **

* Henry... *

Il se reprit, non sans mal, et changea sa phrase pour :

"Mmmmh mmmhm mhh mhh !"

Il avait bien dit quelque chose, seulement son foulard avait étouffé sa voix déjà ronchonne. Il soupira et de sa main libre il écarta le tissu de sa bouche, révélant une bouche sans sourire :

"Ceux avec la saucisse qui dépasse sont à la saucisse, ceux avec les anchoix sont aux anchoix, et ceux avec le fromage... sont au fromage !"

Meuh non, il ne se moquait pas d'elle, à peine.

"Et si vous trouvez que je fais mal mon boulot...." continua-t-il, se forçant à la vouvoyer. "Dites-vous bien que je ne suis même pas payé pour faire la potiche."

Il fit tourner son plateau sur ses doigts, avec une certaine dextérité, de sorte à agiter le parfum des petits fours sous le nez de la jeune fille.

"Alors, préférez vous la charcuterie, le poisson ou le fromage, mademoiselle ?"

s'enquit-il, donnant à sa voix un ton languissant.

[J'ai hésité à répondre parce que je ne savais pas si je devais attendre que tous les joueurs repostent, si mon message cause un soucis quelconque, je l'enlèverai. ^^' ]

Pouvoir · Humanoïde

La musique filait à travers les oreilles des convives, tous plus ou moins amusés par l'ambiance festive qu'avait adopté la conférence. L'Arlequin, prédateur aux dents effilées, se pavanait au milieu de la piste de danse, tenant entre ses mains un potentiel gibier. "Pas maintenant", songeait-il.
Il feinta donc la discussion avec Maria, abordant des sujets plus ou moins variés tout en jetant des regards discrets vers les autres invités. Il remarqua dans un coin un couple de serveurs qui n'en avaient pas l'air, maladroits et mal à l'aise, c'était sans aucun doute des confrères recrutés à la va vite dans un but de pure sécurité. Il arriva vite à une conclucion frappante : ils n'étaient pas formés à jouer ce rôle de serveur, et encore moins pour jouer la comédie, contrairement aux humanoïdes qui avaient reçus l'expérience de terrain de nombreux militaires, souvent bien plus endurcis que la moyenne. Mais la qualité du professeur ne fait pas tout, encore faut-il que l'élève soit doué.

A force de d'observer la foule présente par dessus l'épaule de sa cavalière, et bien entendu de
suivre une discussion animée sur la musique et le cinéma, il pouvait presque donner la position de chacun des "gardiens". Ils étaient nombreux, mais Mr. Webb disposait de l'effet de surprise.

L'effet de surprise, indispensable dans le cadre de sa mission. Il se rappelait encore les protestations de certains de ses collègues bioniques. Mission suicide, point de non-retour ... Autant d'expressions que de sentiments de crainte. En effet, beaucoup n'avaient qu'assez peu été envoyés sur le terrain en mission, et encore moins pour des objectifs de cet acabit. Bon, certes, il n'était pas là pour faire une boucherie (ce qui n'aurait de toute manière pas été possible au vu du gabarit de nombreux mutants ici présents) mais il était quand même au milieu de ses adversaires. Et seul.

Et pourtant, quelque chose clochait. David n'arrivait pas à savoir quoi. Sans remarquer le
stress de Maria qui pourtant était juste sous son nez, il distingua du mouvement chez certains
"observateurs" confrères. Sans changer la plus infime apparence, le doute du faux Rodriguez s'intensifia.

Il n'était plus à l'aise ... Pourquoi ?

Pouvoir · Type Omega

Rapidement, Terry remarqua un plateau de petits fours qui s'approchait de lui, semblant danser seul dans les airs de convives en convives. Lorsque l'effet de voltige fut brisé par l'apparition soudaine de Kyle en dessous du plateau, Terry afficha un sourire discret.

*parfait !*

Toujours l'air de rien il continua de s'approcher du plateau, comme s'il était irrésistiblement attiré par les petits apéritifs. Mais ne vous y trompez pas, en vérité, ces zakouskys étaient actuellement la dernière de ces préoccupations. Lentement, mais sûrement, il s'approchait de sa cible, continuant de saluer les invités sur son passage à gauche et à droite. Le plus naturellement du monde. Après tout, n'était-il pas un caméléon ? Certes un peu particulier mais un caméléon quand même et se fondre dans le décor demeurait encore bien sa spécialité. Et si à première vue son pouvoir paraîssait plutôt défensif, il valait mieux se méfier des apparences. Encore plus dans le cas de Terry...

*Henry ? Préviens Maria et le jeune Kyle que j'arrive. Dis à Kyle de s'approcher d'eux et de leur proposer des toasts. On passe à l'action dès que j'aurai rejoins le groupe. Qu'ils se tiennent près à intervenir si notre invité montre le moindre signe -et j'insiste sur le moindre- de résistance. Ah... et j'oubliais, si la situation nous échappe complètement, prévenez le patron, mais uniquement en dernier recous, vous m'avez bien compris, Henry ,*

*5/5 Monsieur...*

Plus que quelques mètres à parcourir et Terry rejoindrait le groupe ainsi que, accessoirement, le plateau de toasts qu'il faisait mine de convoiter...

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