Le taxi s'éloigna à allure modérée, laissa la jeune fille seule devant la grille. A ses pieds, un sac de toile contenant des affaires pour une semaine. Ayant vivement refusé l'argent de sa tante, elle allait devoir se trouver un petit boulot afin de subvenir à ses besoins, à moins que la Confrérie donne salaire, mais elle en doutait fortement. D'ailleurs, elle se demandait si sa tante payait pour les frais d'inscription, ou si elle allait devoir se débrouiller pour ça aussi. La panique l'ayant envahi depuis le départ de Meredith, Arya n'était déjà plus vraiment là, son double ayant déjà reprit ses droits. Ses crises étaient de plus en plus fréquentes depuis quelques temps, sans qu'elle puisse rien y faire, à part retarder l'échéance pour une courte durée. La jeune fille rabattit le capuchon de son manteau noir sur sa tête afin de dissimuler son visage, ramassa son sac à ses pieds et se retourna. Elle poussa la grille qui s'ouvrit sans mal et pénétra dans la propriété. Le bâtiment lui semblait immense, se contorsionnant de gauche et de droite, semblant vouloir l'hypnotiser, de couleur bleu, vert et rose, couleurs dansantes sur les façades normalement rigides. Elle ne prêta qu'une faible attention à ce qui l'entourait pour éviter de péter un câble et de tout faire voler en éclat. Mais de ce fait, elle ne pouvait admirer le jardin avec ses fleurs, son jardinet, ses arbres, au loin la rivière, de l'autre côté la forêt. La jeune fille marchait d'un pas lent, calculé, semblant presque flotter, tant son pas était régulier, silhouette ombre au milieu des ombres par ce temps brumeux. Ainsi, elle arriva à la grande porte d'entrée de la Confrérie.

Sans frapper, elle entra et se trouva dans un hall gigantesque, surement plus petit que ce qu'elle s'imaginait, et trop clair pour elle. La crise d'hystérie menaçait. Mais elle respira un grand coup et parvint à garder un semblant de contrôle. En face d'elle le hall continuait en un couloir, du moins c'est ce qu'il lui semblait, où elle distinguait des portes, et sur la droite un escalier qui montait à l'étage.

C'était son anniversaire. Aujourd'hui elle avait 18 ans. Et à part sa tante, personne ne lui avait souhaité. Pas les médecins ni infirmières de l'asile, même pas ses parents. Alors, aujourd'hui serait son jour. Elle en ferai baver au premier qui la croiserai. Elle ne se laisserai pas apprivoiser, ça non, jamais plus elle ne serait en cage, elle vivrait au jour le jour, prenant toujours plus de contrôle sur Arya, lui faisant faire tout ce qu'elle veut, blessant les gens qu'elle aime, jusqu'à se blesser elle-même, jusqu'à se tuer peut-être...

Malheureusement sa vision psychédélique, troublée, l'empêchait d'approcher plus dans cet endroit trop éclairé à son goût, l'empêchant de distinguer correctement les formes exacte des murs, des portes, du couloirs, tant les couleurs étaient vives. Elle resta donc planta là, au milieu du hall, lâcha son sac qui tomba à ses pieds dans un bruit sourd qui résonna dans le bâtiment. Elle perçut malgré tout quelques voix qui s'élever des étages, et devant elle, plus loin, dans le hall. Elle garda le capuchon sur sa tête. Un sourire machiavélique sur les lèvres, une lueur rougeoyante dans le regard. Ses bras étaient le long de son corps, ses mains près de ses cuisses, ses doigts bougeaient légèrement, à l'affût du moindre objet qu'elle pourrait balancer à quiconque lui mettrait des bâtons dans les roues...

*-Non, ne fais pas ça !
-La ferme Arya. Tu n'existes pas. C'est moi qui te contrôle désormais...
-Ne leur fait pas de mal. Et de toute façon, c'est à nous qu'ils feront du mal. Ils sont sûrement plus puissant ! Tu te rappelles ce qu'a dit Tante Mey ! Ce sont des mutants !!!
-Ouais... comme moi.
-Et comme moi. Je te laisserai pas faire !
-Ah ouais ? Et comment tu compte faire ? hahaha*