Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Lun 25 Oct 2010 - 23:51
Apparemment, toute la fatigue accumulée avait fini par faire plonger Koji dans le sommeil. Gaël se leva lentement, s'étira en poussant un discret gémissement de satisfaction et avança sa main vers son baladeur avant de la stopper à mi-chemin. Autant le laisser ici après tout, Koji pourrait avoir envie d'écouter l'histoire en entier.
Il glissa un regard jusqu'à l'endormi auquel les paupières closes et l'air serein donnaient un air chaste et intouchable. Il aurait été aisé de faire un lien entre l'absence de conscience et l'absence de vie, mais il donnait beaucoup plus l'air de se reposer en paix que de reposer en paix. Le sommeil lui insufflerait de nouvelles forces vitales, et tout reprendrait son cours normal.
Gaël posa la main sur la poignée de la porte pour la tirer en réduisant le plus possible le bruit, puis il quitta la pièce d'un pas preste. Volontairement ou par oubli, la carte magnétique que Koji lui avait donné si légèrement resta dans la chambre parmi les autres objets savamment éparpillés.
Il abandonna bien vite le couloir pour rejoindre la chambre voisine, la sienne. Après quelques instants d'hésitations, il se coucha sur le lit, ses yeux ouverts fixant le plafond. Il se sentait dans cet état particulier, ni vide ni plein, ni joyeux ni triste, dans lequel aucun désir mal avisé ne vient vous troubler, qui était si propice à ce genre d'activité. Beaucoup de sujets firent l'objet de ses pensées à ces moments perdus, mais toujours son esprit revenait aux évènements de la journée. Il n'arrivait pas à les chasser de sa tête, comme une guêpe qui revient éternellement à la charge. Et plus il y pensait, plus il trouvait qu'il avait mal agi à tel ou tel moment. Il n'aurait pas dû essayer de s'endormir, c'était un grave manquement au protocole régissant ce genre de situations, il en était sûr à présent. Il avait du mal à comprendre ce qui s'était passé dans sa tête à ce moment là.
Il finit par se lever de son lit et traîner sa carcasse jusqu'au poste informatique. Il lança sa recherche et trouva rapidement un des résultats qui lui convenait. Un sourire enfantin sur le visage, il copia le document sur son poste, puis s'étira à nouveau en baillant, satisfait, avant de l'examiner de manière plus approfondie. La recette du framboisier qui s'affichait sur son écran ne semblait pas excessivement difficile à réaliser, et les photos en pièce jointe étaient plus qu'alléchantes. Il allait devoir tester ça prochainement. Enfin, quand les framboises reviendraient.
Il jeta un regard mélancolique par la fenêtre. Le monde extérieur était si dur parfois.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Jeu 29 Déc 2011 - 17:11
Léon attendait devant la porte de la chambre, comme à son habitude depuis plusieurs jours, quatre jours pour être précis. Il ignorait la raison pour laquelle il continuait ce manège alors qu’il était certain que l’occupant de la chambre était toujours absent. En fait si, il connaissait la raison. C’était simplement que l’occupant de ladite chambre était Koji Ashton, jeune éphèbe qui l’avait planté en plein milieu d’une discussion importante au profit d’il ne savait qui.
Le directeur n’avait même pas eu le temps de réaliser ce qui était en train de se passer. Dans un même mouvement, le jeune garçon qui lui avait acheté une quantité énorme de patisseries lui déposa un baiser sur la joue (partie agréable) puis disparut sans lui donner d’explications (partie moins agréable). Et Léon qui était resté debout pendant plusieurs minutes, un peu choqué par la tournure qu’avait pris les événements. Il y avait moins d’une minute, ce qui promettait d’être une charmante et délicieuse discussion autour d’une tasse de thé et de gâteaux avec un bel homme s’était transformé en un directeur debout dans sa chambre, et seul.
Une fois que le mutant aquatique eut retrouvé ses esprits, il sortit à son tour de sa chambre et tenta de mettre la main sur son jeune génie (car c’était désormais SON génie ou du moins, à en devenir) afin de lui tirer les vers du nez mais en vain. Koji n’était apparemment pas dans sa chambre et personne dans le bâtiment ne semblait l’avoir vu jusqu’à ce que Léon tombe sur un pensionnaire qui lui révéla avoir vu Koji au volant de sa voiture.
Léon décida d’attendre que le cerveau sur pattes revienne de sa balade pour le coincer dans les couloirs du bâtiment et lui faire comprendre que partir précipitemment en le laissant seul dans sa chambre n’était pas une bonne idée. Il supputa que Koji reviendrait dans la soirée et qu’en attendant son retour, il allait finir d’attaquer les gâteaux qu’on lui avait apporté.
Mais Koji ne revint pas dans la soirée, ni même dans la nuit et encore moins le matin car personne ne vint lui ouvrir lorsqu’il toqua à la porte de la chambre de celui-ci. Ce qui ne manqua pas d’inquiéter le co-directeur par intérim. Ce dernier se demanda où avait bien pu passer le jeune homme et ce qu’il pouvait bien faire qui lui prenait autant de temps. Il avait tenté de l’appeler plusieurs fois mais lorsque la voix féminine lui répéta pour la énième fois que son correspondant se situait dans une zone non couverte par les réseaux de télécommunications, il balança son téléphone contre le mur de sa chambre.
Le second jour, Léon eut la brillante idée d’interroger le super-ordinateur de l’Institut afin de mettre le main sur le mutant super intelligent mais même la machine échoua dans sa tentative. Heureusement pour cette dernière, elle était bien trop imposante pour que le mutant aquatique ne la balance contre un mur mais ce n’était pas l’envie qui lui manquait.
Le troisième jour, par réflexe, Léon vint toquer à la porte même s’il était persuadé qu’il ne recevrait aucune réponse, comme les jours précédents. Il attendait quelques minutes, saluant les quelques pensionnaires qu’il croisait dans le couloir puis reprit le chemin de son bureau, non sans avoir laissé échappé un long soupir inquiet. Le reste de la journée, il semblait avoir perdu de sa jovialité et semblait sans cesse perdu dans ses pensées et un air préoccupé se lisait en permanence sur son visage.
Léon avait peu dormi ces derniers jours. Il ne cessait de tourner en rond dans sa chambre, jetant sans cesse un coup d’œil par la fenêtre pour espérer voir arriver une voiture mais rien ne vint pertuber le silence de la nuit, hormis la pluie et le vent. Et même lorsqu’il était allongé, il ne pouvait fermer les yeux et laisser le sommeil s’emparer de lui pendant plus de quelques heures avant de se réveiller encore plus fatigué et encore plus inquiet. Il n’était donc pas étonnant de voir se dessiner les marques de fatigue sur son visage à mesure que les jours passaient mais même malgré cela, son professionnalisme faisait qu’il accomplissait son travail en temps et en heure même si la motivation était loin, très loin.
Le quatrième jour, Léon ne se sentait plus le courage d’aller toquer à la porte en sachant pertinnement qu’il ne recevrait aucune réponse. Il se contenta donc de filer directement dans son bureau où il demeura toute la matinée et une bonne partie de l’après-midi, sans même prendre le temps de déjeuner. Se plonger dans le travail lui permettait d’oublier Koji et ses inquiétudes pendant quelques heures mais aussi énorme que pouvait être un travail, tôt ou tard, il finissait quand même par être accompli et lorsque c’était le cas, l’esprit du mutant était de nouveau encombré par les mêmes questions depuis plusieurs jours déjà.
En fin d’après-midi, Léon estima qu’il avait fait tout ce qu’il avait pu concernant l’administration de l’Institut et à contre-cœur, il quitta son bureau. Il n’avait pas vraiment faim et ce, même s’il avait travaillé pratiquement toute la journée sans avoir avalé un morceau. Il décida alors de rentrer dans sa chambre et tenter de rattraper quelques heures de sommeil, tout en sachant qu’il n’y parviendrait pas. Il amorça alors le chemin qui le conduisait chez lui sans réellement faire attention à ce qu’il l’entourait et à où ses pieds le menaient, trop occupé à se demander où avait bien pu aller ce satané petit diable.
Lorsqu’il releva la tête, Léon remarqua que ses pieds et son inconscient l’avaient emmené juste devant la porte de la chambre du génie. Le directeur resta planté quelques secondes, fixant le cadre en se demandant si cela allait servir à quelque chose de toquer une nouvelle fois. Il était certain qu’essayer lui apporterait rien d’autre qu’une autre déception et une nouvelle vague d’inquiétudes mais maintenant qu’il se tenait debout, en face de la porte, il n’avait plus grand-chose à perdre que de retenter sa chance.
Et il toqua…
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Jeu 29 Déc 2011 - 20:26
Quelques scènes de la vie aventureuse du Pr. Koji Ashton Un manuscrit incomplet présenté par Le NARRATEUR Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes spectateurs
DRAMATIS PERSONAE Professeur Koji Asthon, Britanno-japonais, 18 ans. Joli mais un peu chiant. Colonelle Alyssa Magambo, Uniforme britannique, 43 ans. Agent Smith, Costume-cravate. 37 ans. Une belette géante. Figurants.
SCENE 1 SMITH, ASHTON, MAGAMBO Le tarmac d’un aéroport militaire, quelque part en Grande-Bretagne. Koji Ashton descend en arrière-plan d’une jeep. SMITH : Vous êtes vraiment sûre de vous ? CL. MAGAMBO : C’est lui qui l’a conçu. SMITH : La seule chose qu’il a l’air de pouvoir concevoir, c’est une maison en Duplo. CL. MAGAMBO : Essayez simplement de ne pas nous le mettre à dos. PR. ASHTON, arrivant : Colonelle. CL. MAGAMBO : Professeur. PR. ASHTON, dévisageant Smith : Quel courage de vous joindre à nous alors que vous venez de vous séparer de votre femme. SMITH, surpris : Mais. Que. Quoi. PR. ASHTON : Bon, on y va ? Le reste manque.
***
Léon avait mis le doigt dans l’engrenage Koji Ashton et l’engrenage n’avait pas perdu une seconde pour lui broyer le bras. Koji disparaissait. Tout le temps. Sans donner d’explications. Et puis il revenait, comme une fleur, ou bien sanguinolent sur le trottoir d’une rue londonienne. Une journée habituelle dans son existence. Une nouvelle torture imposée à ceux qui tenaient à lui.
Ce n’était pas par méchanceté ou indifférence, cependant, qu’il restait discret quant à ses activités. C’était à la fois une mesure de protection et une forme de résignation. Il ne voulait pas mettre les gens qu’il appréciait en danger et surtout, il avait un peu de mal à croire que l’on tînt assez à lui pour venir frapper jour après jour à la porte de sa chambre vide. Parfois, il n’avait simplement pas le temps de s’expliquer.
Avant son arrivée à l’Institut, il n’avait jamais eu de vie à proprement parler. Jamais d’endroit calme où se retrouver le soir, jamais de rythme paisible et régulier. Alors, tout laisser de côté pour répondre à un appel urgent, offrir ses compétences à ceux qui en avaient le plus besoin, cela n’avait jamais représenté un très grand sacrifice. Désormais, les choses étaient différentes.
En conduisant à une vitesse déraisonnable pour rejoindre l’aéroport militaire, Koji ne pouvait s’empêcher de songer à Léon. Ce n’était pas que, comme à l’ordinaire, l’un des dizaines de fils de pensées qui tissaient son esprit fût consacré à Léon ; Léon s’immisçait dans toutes les réflexions, Léon se cachait derrière la fusion des atomes, le scepticisme humien ou la recette du plumpcake.
Koji avait peur d’avoir fait une erreur. De s’être engagé dans une (future) relation désastreuse. Désastreuse pour Léon, désastreuse pour lui. Mais ce dont il avait peur, surtout, c’était que son départ précipité, et l’absence qui était à prévoir, menaçât cette relation désastreuse. Parce que le désastre lui apparaissait à lui extrêmement désirable.
Dans l’avion qui survolait la France, en revoyant les détails de l’opération avec la Colonelle Magambo, Koji songeait encore à Léon. Il avait envie de voler un parachute, de sauter sur Marseille, de prendre un autre avion et de rejoindre Londres au plus vite. Le besoin de vérifier qu’il n’avait pas rêvé son entrevue avec le directeur se faisait de plus en plus fort.
Alors qu’il était occupé à perdre son sang allongé sur le sol de quelque entrepôt désaffecté du Caire, Koji songeait toujours à Léon. Ce n’était pas le moment de mourir, pas quand il commençait tout juste à reprendre sa vie en main. Il regarda la Colonelle Magambo tirer dans le tas. Il espérait qu’il n’aurait pas de trop grandes cicatrices, s’il survivait. Il ne voulait pas que Léon le retrouvât défiguré.
Allongé dans son lit à l’Institut, quatre jours plus tard, Koji, qui dormait, pour une fois ne faisait pas de cauchemars. Il rêvait de Léon. Oui, c’était devenu une obsession. Il rêvait qu’il invitait le directeur à une exposition d’art. Il rêvait qu’ils allaient à la fête foraine. Il rêvait que Léon s’était transformé en Edgar Hoover. Ca, c’était sans doute un cauchemar.
Son sommeil se fit plus léger, assez pour que la personne qui frappait à sa porte le réveillât. C’était Virginie, sans doute, qui venait prendre de ses nouvelles. Koji s’extirpa de son lit, se cogna l’orteil contre sa table de chevet et, de l’autre côté de la porte, on put entendre un répertoire assez complet de jurons japonais.
Koji attrapa dans le noir la télécommande des volets, pour faire un peu de jour dans sa chambre et ouvrit la porte. Il avait beau être un génie, il n’était pas très, très lucide au saut du lit et son regard mit quelques secondes à lui faire comprendre que, soit Virginie avait entrepris de lourdes opérations de chirurgie comprenant un changement de sexe ces quatre derniers jours, soit c’était Léon qui se tenait là devant lui.
Koji regretta instantanément de n’être pas plus présentable. Il avait les yeux embrumés et n’était vêtu qu’un vieux pantalon de jogging en coton gris, probablement plus âgé que lui. Mais surtout, son torse nu dévoilait à l’observateur un tant soit pu attentif quelques-uns des secrets que le jeune homme s’ingéniait d’ordinaire à cacher.
D’abord, il montrait que Koji n’était pas exactement la poupée fragile qu’il voulait bien paraître. Ce n’était certes pas Bruce Willis, mais il était évident que la lecture ne formait pas sa seule activité, ou bien il lisait des livres vraiment très lourds qui développaient la musculature.
Mais ce qui était remarquable surtout, c’était le large bandage qui couvrait la gauche de son ventre. Témoignage de son escapade en Egypte. Sa peau portait les marques d’anciennes blessures : sur le haut de son torse, à droite, une cicatrice, quand il se tournait, une nouvelle au bas du dos, une autre encore entre les omoplates. Et, sur chacun de ses poignées, une fine cicatrice dont l’origine n’était que trop évidente.
Koji émergea de son brouillard et, ayant enfin pris pleinement conscience de la situation, adressa à Léon un sourire radieux. Dire qu’il était content de le revoir était manifestement un coupable euphémisme.
Il s’effaça pour laisser le directeur pénétrer dans sa chambre. Enfin. Son antre. Beaucoup de gens à l’Institut, qui le connaissaient un peu, supposaient que la chambre de Koji Ashton reflétait l’ordre des laboratoires, que tout était bien rangé, classé, soigneusement étiqueté. C’était oublié que, pour qui avait une mémoire absolument parfaite, le rangement était une activité parfaitement inutile.
Par conséquent, Koji vivait dans ce qui était, pour tout individu sain d’esprit, un incroyable chaos. Des piles de documents s’érigeaient dans la chambre, apparemment dans le hasard le plus complet. A gauche, c’était les plans d’un nouveau réacteur nucléaire. A droite, un projet de livres. Là, des dessins, ici des partitions de musique.
A l’intérieur des piles de papier, on trouvait, parfois, un disque de musique, une clef USB, un livre. Sur le bureau, entouré par des montagnes de livres de toute sorte, trônait un ordinateur portable qui ne ressemblait à aucun autre : il avait été conçu et assemblé par Koji et était inutilisable pour le reste de l’inhumanité. De place en place, on trouvait encore des boîtes de médicaments : des calmants, de la morphine.
La seule chose que l’on ne voyait nulle part, c’était les vêtements. Eux étaient soigneusement rangés, pliés, repassés, propres et sentant bon la lessive, dans le placard du jeune homme. Ainsi que dans deux énormes valises poussées sous le lit. Et une troisième à côté du bureau. Parce qu’il y avait, tout de même, des choses avec lesquelles on ne plaisantait pas.
Koji referma la porte derrière Léon. Il s’y adossa et posa son regard sur l’homme. Il n’avait qu’une envie, c’était qu’il le prît dans ses bras, mais à la tête qu’avait faite le directeur quand il avait ouvert la porte, Koji craignait un peu qu’il ne fût pas exactement d’humeur. Alors il hasarda :
« J’peux t’offrir quelque chose à boire ? J’ai… »
Il promena son regard sur son monde.
« Euh… De l’eau. »
Et il tenta un sourire, pour tâter le terrain.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Lun 9 Jan 2012 - 0:52
Contrairement aux jours précédents, ce n’était pas le silence qui lui répondait lorsque Léon toquait à la porte mais une suite de jurons proférés en japonais. Le hasard voulu que la personne recherchée par ce dernier ait des origines nippones, ce fit naitre un léger espoir dans le cœur du mutant. Le fait que quelqu’un semblait être présent dans la chambre de celui que Léon recherchait depuis plusieurs jours aida également.
Finalement, la porte s’ouvrit et Léon put enfin poser les yeux sur celui qui l’avait empêché de raisonner clairement pendant ces quatre derniers jours. Il était là, devant lui, torse nu, la mine fatiguée, torse nu, le teint pâle mais autrement que son teint pâle habituel et surtout, torse nu ! Le directeur en profita pour remarquer que Koji cachait des atouts plus qu’alléchants en dessous de ses vêtements mais pas seulement. Certes, son jeune génie était en train de lui dévoiler un physique de rêve mais également une série de cicatrices disposées ici et là sur son corps.
Il était évident que Koji ne passait pas son temps que devant son ordinateur ou plongé dans ses bouquins ou alors Léon ignorait totalement que ce genre d’activités développait aussi bien l’intelligence que le physique. Mais une bonne partie des délicieuses courbes que dessinaient les muscles de son corps était recouverte par un énorme bandage, signe que sa disparition n’avait pas été de tout repos.
Au bout d’un moment, Koji l’invita à entrer dans sa chambre, ou son laboratoire à moins que ce ne fusse sa bibliothèque. Léon avait du mal à trancher et même s’il remarqua la présence d’un lit et d’une armoire ne l’aida pas vraiment à opter pour le terme de chambre tant la pièce était recouverte par des livres et divers plans de fabrication. On ne pouvait pas vraiment qualifier la chambre de Koji de « rangée » et sur ce point, le génie était semblable à la majorité des garçons de son âge même si ce dernier avait certainement une excuse toute faite pour justifier du fait que son désordre était différent des désordres des autres garçons de sa génération.
Léon laissa son regard se balader tout le long de la pièce, avant de le poser de nouveau sur l’objet de ses inquiétudes de ces derniers jours. Celui-ci était adossé à la porte d’entrée de sa chambre et sentant certainement que le directeur n’était pas dans son meilleur jour, il tenta de jouer la carte de l’humour pour détendre l’atmosphère… en vain.
Léon avait passé quatre jours affreux, durant lesquels il n’avait eu aucune nouvelle de Koji ce qui laissait à son imagination débordante la possibilité de concocter toute une flopée de scénarios tous plus horribles les uns que les autres. Le mutant avait préparé tout un discours dans lequel il avait versé toute sa colère, ses inquiétudes et aussi sa peur mais dès le moment où il avait posé de nouveau les yeux sur Koji et qu’il avait remarqué que celui-ci était blessé, Léon avait balancé ses remontrances aux oubliettes.
Le mutant n’avait toujours pas prononcé un mot, se contentant simplement de regarder Koji avec des yeux où l’on pouvait distinguer sa colère de ne pas avoir eu de nouvelles depuis plusieurs jours se battre avec le soulagement de retrouver le génie vivant et devant lui. Finalement, il céda, attrapa le jeune homme et l’enveloppa de ses bras. Koji était là et c’était ça le plus important à l’heure actuelle. Parce qu’il était toujours vivant, Léon aurait tout le temps de lui faire comprendre qu’il n’aurait pas pu faire pire que de le laisser sans nouvelles durant tout ce temps.
« Bienvenu à la maison. »furent ses premiers mots, prononcés dans un japonais aussi parfait que l’était le chinois de Koji.« Ne me refais plus jamais ça. Je n’ai pas dormi depuis 4 jours. »
Léon desserra légèrement son étreinte, puis posa ses mains de chaque côté de la tête de Koji. Il regarda ce dernier intensément comme pour être certain que c’était bien lui qu’il tenait entre ses mains et non pas une invention de son esprit. Puis lentement, il approcha ses lèvres des siennes et y déposa un léger baiser mais d’une tendresse à en faire ramollir des montagnes.
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Lun 9 Jan 2012 - 14:30
Koji commençait à se demander s’il n’eût pas mieux fait de rester en Egypte et de se cacher très profondément dans une pyramide encore ensevelie. Léon n’avait pas l’air d’excellente humeur, c’était un euphémisme, et le jeune homme se demandait si ses compétences de nageur seraient suffisantes pour lui permettre de survivre à une inondation généralisée.
En réfléchissant à la manière de construire rapidement un radeau de sauvetage viable avec ce qu’il aurait sous la main, Koji contemplait, un peu fasciné, le regard de Léon. Personne ne l’avait regardé comme cela depuis… En fait, personne ne l’avait jamais regardé comme cela. Et ce mélange de colère et de soulagement, cet air à la fois protecteur et un peu possessif peut-être, étouffaient en Koji les envies de fuite.
Par le passé, les nombreux garçons et les rares jeunes filles qui avaient croisé son chemin ne s’étaient jamais beaucoup attardés sur ses ponctuelles disparitions. Ils en avaient pris leur parti dès le début et l’avaient toujours considéré, lui, comme un électron libre dont on pouvait profiter un peu, mais auquel c’eût été faire preuve d’inconscience que de s’attacher.
Alors Koji ne savait pas trop quoi faire. Kant ne parlait pas de ce genre de situations et Hume n’en disait pas grand-chose. Son expérience personnelle ne lui fournissait aucun précédent et les spéculations abstraites, en la matière, étaient entièrement fructueuses. Bref, Koji se trouvait en terrain connu et, comme à son habitude, cette sensation lui procurait un ravissement confus mêlé, ce jour-là, d’un zeste d’inquiétude.
Sa première impulsion était de servir à Léon un paquet de mensonges enrubannés de sourires charmeurs. Après tout, c’était ce qu’il avait toujours fait. Il lui dissimulait la nature réelle de ses activités, lancerait quelques traits d’humour, une ou deux situations cultivées et botterait en touche quand on lui poserait des questions, se renfermant dans la tour d’ivoire imprenable de son génie.
Mais tout cela, c’était avant. Il était parti au Caire avec la conviction d’avoir entamé, à Londres, une nouvelle vie, ce n’était pas pour tout mettre en péril dès son retour. Et puis Léon lui inspirait une confiance entièrement irrationnelle et néanmoins solide, que Koji ne voulait pas trahir dès le début d’une relation qui n’avait pas même vraiment commencé.
Dire la vérité était malgré tout une épreuve presque insurmontable. Koji était doué pour les grands discours seulement lorsqu’ils ne le concernaient pas et il y avait dans ses activités parallèles des zones d’ombre dont il craignait beaucoup qu’elles missent en péril le peu qu’il avait resté à construire en moins d’une heure, quatre jours plus tôt, avec Léon.
Le jeune homme était donc en train de peser ses scrupules et sa timidité avec ses nouvelles résolutions quand son directeur l’attira à lui et il est inutile de dire qu’il n’opposa aucune résistance, trop content d’obtenir une étreinte chaleureuse plutôt que des torrents d’eau glaciale. Il déposa une main sur le torse de Léon, l’autre sur son épaule et se pressa contre lui.
Des mois. Cela faisait des mois que personne ne l’avait pris dans ses bras, qu’aucune main ne s’était posée sur sa peau avec des intentions autres que le changement d’un bandage et le retrait d’un éclat de verre. Des mois de solitude, de glace péniblement amassée autour de lui, et qui fondait soudain — enfin — entre les bras de Léon.
Koji avait envie de pleurer — de ces larmes qui suivent une très grande tension nerveuse, témoignages de fatigue et de soulagement, de reconnaissance surtout. Il abandonnait ses armes une à une après un long combat : sa distance calculée, ses artifices de comédien, ses stratégies méticuleuses, son esprit perpétuellement en alerte.
Depuis qu’il avait découvert que son don attirait sur lui le danger, Koji n’avait cessé de se tenir sur ses gardes, d’ériger les défenses les unes après les autres et jamais il ne s’était trouvé en repos. Dans le manoir le mieux protégé d’Angleterre, entre les bras d’un des mutants les plus puissants, bercé par des sentiments qu’il se retenait d’identifier mais qui lui paraissaient inébranlables, le jeune homme se sentait enfin en sûreté.
Il dut se convaincre que c’était bien en japonais que Léon lui parlait, tant il lui semblait que son esprit produisait des hallucinations pour maintenir son bonheur à flots. En dehors des coups fils passés à sa mère et de quelques colloques, Koji n’avait guère l’occasion d’entendre du japonais et certainement pas pour des paroles aussi agréables, quoique pleines de reproches, que celles de Léon.
Koji releva des yeux un peu humides malgré ses efforts et surtout légèrement paniqués vers son compagnon en sentant les bras desserrés leur étreinte. La crainte irrationnelle que, malgré ses paroles et ses gestes, Léon était en train de se raviser et de replier bagages le saisit brusquement et ses doigts se serrèrent machinalement sur la chemise du directeur, dans l’espoir fantaisiste de le retenir, au cas où.
Le message du Chinois fut heureusement fort explicite et Koji s’employa de toute façon à le lui faire expliquer en détail. Après avoir passé ses bras autour du cou de Léon et s’être hissé sur la pointe des pieds, Koji s’abandonna au premier vrai baiser qu’il recevait depuis des mois et qui lui faisait en cet instant l’effet d’être le premier qu’on lui donnait de toute sa vie.
Lui qui, un an auparavant, dans le milieu qu’il fréquentait alors, n’était pas réputé pour la chasteté de ses lèvres se montrait ce jour-là, sinon sage, du moins très honnête : il ne parvenait certes pas à se défaire des saveurs toujours brûlantes de ses passions mais, pour une fois, son baiser ne semblait pas être une invitation à le renverser séance tenante sur le lit. Koji avait mûri et la tendresse de Léon trouvait en lui ce que personne n’avait jusque là découvert.
Rattrapé après de longs et délicieux instants par la douleur que la position éveillait dans sa plaie toute fraîche, Koji laissa ses talons regagner le sol et ses lèvres quitter celles de Léon, pour arborer un sourire rêveur, vague et peut-être un peu stupide, tandis que son regard noir, pour une fois dépourvue de toute distance et de toute froideur, se réfugiait toujours dans celui de Léon.
Il allait ouvrir la bouche pour offrir un commentaire à peu près aussi intelligent que « waaa » quand une douleur soudaine fit tressaillir son visage. Il porta la main gauche à son bandage et baissa les yeux : il commençait à se relâcher et il était temps de le changer.
« Hmm… »
En trois secondes, Koji releva les yeux vers Léon, le sonda d’un regard auquel rien ne paraissait pouvoir échapper, porta ce même regard vers un endroit indéterminé de la chambre, qui pour toute autre personne ne présentait aucune particularité, le tourna vers le placard, vers la porte de la salle de bain, revint vers Léon. Sur un ton plein d’excuses et un peu timide, le Japonais murmura dans sa langue maternelle :
« Il faut que je nettoie la plaie. Pour changer le bandage. J’en ai pour cinq minutes, tout au plus. »
Léon n’en avait pas conscience évidemment, mais pour Koji, une douche de moins d’une heure constituait un sacrifice considérable.
« Je suis désolé. Après, je reviens, et… et… Tu me poses toutes les questions que tu veux. Et je réponds à tout. Absolument tout. C’est promis. »
Koji ne se souvenait pas d’avoir jamais donné de tels gages de confiance à qui que ce fût, pas même Virginie, mais il lui semblait que le temps était venu de prendre quelques risques. Bien sûr, si les réponses qu’il fournirait aux questions de Léon poussaient ce dernier à s’enfuir en hurlant, le métis s’en voudrait à mort.
Il se détacha à contre-coeur de son compagnon et, la main toujours posé sur son côté, attrapa quelques vêtements dans le placard, sans se livrer à son habituel et interminable rituel de sélection et disparut dans la salle de bain. Une seconde après que la clef se fut faite entendre dans la serrure, l’eau commença à couler.
La sensation désagréable du liquide sur la plaie fut un excellent argument pour pousser Koji à expédier douche et shampoing en trois minutes, temps néanmoins nécessaire pour le débarrasser des derniers grains de sable perdu dans l’enchevêtrement labyrinthique de sa chevelure. Il s’accorda néanmoins deux minutes pour choisir entre les trois jeans qu’il avait embarqués celui qui glorifierait le plus la fermeté de ses fesses. Question de priorité.
Cinq minutes plus tard, donc, Koji réapparut dans la chambre, les cheveux toujours aussi en bataille, mais cette fois-ci exhalant un parfum de lilas, toujours torse nu, mais vêtu d’un jean probablement fait sur mesure et, surtout, sans bandage. A la place du pansement s’étendaient trois longues plaies parallèles, comme des griffures d’animal. La blessure était beaucoup plus impressionnante que réellement grave, mais elle n’en exigeait pas moins quelques soins.
En règle ordinaire, Koji eût refait le pansement seul. Le regard des autres sur les faillites de son corps le gênait terriblement. Mais il s’en tenait à sa première décision : Léon saurait. Alors le jeune homme extirpa des profondeurs d’un amas de feuilles une trousse médicale et la tendit à Léon.
« J’suis sûr que tu sais désinfecter les plaies. Et faire les bandages. »
Koji était nerveux à l’idée d’attirer tant l’attention de Léon sur l’une de ses blessures et de lui laisser le loisir d’examiner en passant les autres cicatrices qui parcouraient son corps, même les plus compromettantes, mais il n’y avait plus de marche arrière possible. Il alla s’installer sur son lit et, sans parvenir à vraiment soutenir le regard de son compagnon, acheva de s’exposer :
« Et pendant ce temps, je réponds à tes questions. »
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Mar 24 Jan 2012 - 23:56
Léon avait remarqué les légers changements qui étaient en train d'opérer sur Koji à partir du moment où il avait pris l'initiative de l'entourer de ses deux bras. Plus le directeur apprenait à connaitre le génie, plus il découvrait que la terreur du monde scientifique n'était qu'une sorte de carapace que ce dernier s'était construit afin de se protéger de blessures non pas physiques mais plutôt sentimentales. Et cela ne faisait que renforcer l'envie du chinois d'envelopper le jeune homme de tout l'amour et la douceur dont il était capable et de l'éloigner de toute souffrance semblable à ce qu'il avait pu traverser auparavant.
Lorsque le mutant aquatique avait légèrement desserré l'étreinte dans lequel il avait envelopper Koji, il put apercevoir une lueur de panique dans les yeux de ce dernier mais qui disparut dès l'instant où Léon posa ses lèvres sur les siennes, qui répondirent plus que positivement à ce premier baiser. Désormais les choses avaient franchi un cap et il n'était plus l'heure des hésitations ou des doutes sur une possible différence d'âge. De par ce geste, Léon venait de dire au monde entier et surtout à son jeune génie qu'il désirait être à ses côtés.
Malheureusement, le moment magique fut interrompu par la blessure de Koji qui se rappela à son propriétaire qui ne put s'empêcher de grimacer sous le coup de la douleur. Ce dernier posa son regard sur plusieurs endroits de la pièce, en plus de Léon et sur un ton d'excuse, lui expliqua qu'il devait nettoyer la plaie et son bandage et que pour se faire pardonner, Léon aurait la possibilité de le questionner sur tous les sujets de son choix.
Le directeur n'avait pas vraiment son mot à dire et même si cela avait été le cas, pourquoi aurait-il empêcher son génie de prendre soin de ses blessures provenant d'il-ne-savait-où. Il se contenta alors de hocher la tête simplement et de suivre du regard Koji qui attrapa plusieurs vêtements sur le chemin de la salle de bain.
Léon entendit le verrou s'enclencher dans la porte, rapidement suivi par la mélodie de l'eau qui coulait dans la douche. Celui-ci dut fournir un effort considérable pour ne pas imaginer son ami nu sous la douche et encore plus d'effort pour ne pas défoncer la porte pour aller le rejoindre sous l'eau. Pour s'obliger à penser à autre chose qu'à un apollon en train de se laver à quelques mètres de lui, Léon fit le tour de la chambre. Il était bien évidemment surpris par le niveau d'affaire que Koji avait pu accumuler depuis son arrivée à l'Institut. Il y en avait de toutes sortes: des feuilles volantes où des schémas et autres explications étaient écrits dessus, des classeurs, des prototypes d'armes et bien d'autres choses encore.
Finalement, au bout de ce qui semblait être une éternité aux yeux de Léon, Koji refit son apparition dans la chambre, habillé de manière séduisante c'est-à-dire torse nu avec quelques gouttes d'eau qui persistaient sur son corps et dont certaines dévalaient le long de ce dernier. La première chose que le mutant aquatique avait remarqué était les trois traces parallèles qui étaient dessinées sur l'un des côtés. La blessure ne semblait pas être inquiétante mais cela n'allait pas empêcher Léon de prendre soin de ce corps. Ce dernier attrapa sur la trousse médicale que lui tendait Koji et écouta ce dernier lui demander de s'occuper de sa blessure avant de rappeler un ton plus bas qu'il répondrait à toutes les interrogations de Léon concernant son amant.
Sans mot dire, le mutant aquatique se rapprocha à son tour du lit et s'assit derrière Koji afin de pouvoir nettoyer, désinfecter ses blessures pour finalement poser le bandage par dessus. Léon en profita pour regarder attentivement le reste des cicatrices qui parcouraient le corps du génie. Il s'attarda un peu plus longuement sur les deux traits fins qui parcouraient les poignets. Le directeur effleura l'un de ces traits du bout des doigts.
Puis assez brusquement, Léon souleva légèrement Koji et le plaqua contre son torse alors qu'il était lui-même en train de s'allonger sur le lit. Ainsi tous les deux couchés, Léon réitéra son étreinte autour de Koji tout en n'oubliant pas de déposer quelques baisers sur différents endroits de visage mais plus souvent sur ses lèvres.
"Ma première question sera celle-ci: Pourquoi as-tu fermé la porte à clé pour aller prendre ta douche? Je te rappelle qu'on est dans le genre de relation qui m'autorisait à aller te rejoindre par surprise sous l'eau. Ca ne veut pas dire que je t'aurais forcément rejoint mais l'idée de savoir que j'aurais pu n'était pas présente du coup."
Léon avait un éclatant sourire scotché sur son visage lorsqu'il prononça ses mots, un peu comme s'il avait voulu titiller Koji sur le fait qu'il venait peut-être de manquer une occasion de passer encore plus de temps avec le directeur. Cependant son air taquin fit rapidement place à une expression beaucoup plus sérieuse, alors que Léon abordait le sujet qui fâchait:
"Je ne pourrai pas t'empêcher de partir comme tu l'as fait cette fois-ci. Et même si je le pouvais, je ne le ferai pas. Tu as tes engagements et que ceux-ci te font partir en coup de vent pendant une durée indéterminée. Je ne veux pas spécialement savoir ce que tu fais lors de tes escapades, si l'on peut appeler ça comme ça mais je suis conscient du danger de tes missions. Je veux juste que tu saches que tu as désormais quelqu'un qui t'attend ici. Alors je t'en supplie, reviens-moi sain et sauf à chaque fois."
Puis il roula sur le lit, en faisant attention à ne pas blesser d'avantage le génie, afin de se retrouver au-dessus de ce dernier. Il plongea son regard dans celui de son amant et tout doucement, il se pencha au-dessus des lèvres de Koji et avec la plus grande douceur, il l'embrassa de nouveau. Il espérait que rien ne viendrait gêner ce moment magique qu'il comptait bien faire durer le plus longtemps possible.
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Jeu 26 Jan 2012 - 22:14
Koji avait l’art de ne pas faire son âge : dans la rue, aux passants, il paraissait toujours un peu plus jeune — quoique les dernières mois de son adolescence le faisaient enfin parvenir à une certaine maturité physique. Il suffisait ensuite de lui parler pour que, cinq minutes plus tard, il parût beaucoup plus vieux, beaucoup plus mûr et beaucoup plus sage.
Ses tours de force intellectuels et psychologiques suscitaient, en règle générale, une certaine admiration, qui inspirait alternativement sympathie ou respectueuse distance. Mais il était de certaines circonstances où la démonstration était beaucoup plus triste : parfois, Koji semblait être un être jadis fragile que la vie avait privé, bien trop tôt, de toute innocence et la douceur de ses traits rendait la constatation plus déchirante encore.
Ses blessures fréquentes offraient de semblables occasions. D’ordinaire, en dehors des premiers secours, prodigués dans un hôpital de l’armée le plus souvent, une fois rentré chez lui, Koji prenait soin de ses plaies tout seul — caché, pour ainsi dire — par souci de pudeur, par préoccupation stratégique, par habitude. Personne n’était là pour le voir et, loin de le déplorer, il trouvait cela préférable.
Ainsi, Léon n’en avait pas conscience peut-être, mais la situation était pour Koji une grande première. Il se révélait comme il ne l’avait jamais fait. Ce n’était pas seulement qu’il laissât à son tout nouveau compagnon le droit de voir ses blessures anciennes et récentes : il abandonnait également toute tentative de comédie, tout jeu de masques, et se laissait aller à être lui-même.
Pour tout autre que Léon, il eût affiché, au contact de désinfectant, une grimace de douleur, pour suggérer l’idée que la chose n’était pas habituelle pour lui, pour entretenir le mythe de sa jeunesse inexpérimentée et, comme certains simulaient l’indifférence, il eût simulé la douleur et enterré sous des soubresauts factices l’histoire déjà longue de ses combats.
Il n’en fit rien. Il reçut les soins de Léon avec une placidité imperturbable, témoignant que, souvent déjà, il en avait reçu de semblables, dans des conditions sans doute beaucoup moins favorables et que tout cela relevait pour lui de l’habitude — une habitude sinistre, inquiétante chez un individu si jeune, qui participait de la même expérience froide et décidée dont il avait fait preuve, quelques mois plus tôt, lorsque Léon était revenu à l’Institut, dans ces temps de crise.
Koji faisait de suprêmes efforts pour ne pas rendosser l’un de ses personnages. Il en avait toute une galerie, du jeune homme de bonne famille coincé à la fleur de lotus en détresse, en passant par le mauvais garçon sans envergure. Un rôle pour chaque situation. Mais ce soir-là.
Alors il ne tenta pas de dissimuler ses cicatrices au directeur, il ne dissimula pas ses poignets au regard de Léon et il n’ôta pas son bras lorsque les doigts de l’homme effleurèrent l’une de ces traces si compromettantes. Il restait silencieux, certes, mais son immobilité docile était déjà un témoignage de confiance et un dévoilement — et c’était à lui-même, autant qu’à Léon, qu’il se révélait ainsi.
Et, quoique surpris de la soudaine étreinte de Léon, il ne tenta pas de lui écraser la trachée ou de lui ouvrir la gorge avec un des couteaux sans doute dissimulés dans les environs : ses instincts de protection s’étaient volatilisés et, pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une éternité, le jeune homme s’abandonnait à l’insouciant plaisir d’être en sécurité auprès d’un autre être humain.
Le regard que Koji gardait le plus souvent fixé dans celui de Léon avait perdu la froideur d’une profonde intelligence qui était d’ordinaire la sienne et qui rendait la plupart des ses interlocuteurs inconfortables ; ils témoignaient tout au contraire d’une chaleur depuis longtemps enfouie, d’une vitalité redécouverte et, surtout, d’un sincère sentiment de reconnaissance.
Véritablement, Koji se sentait prêt à répondre aux questions de Léon. Un courage démesuré et un peu idiot emplissait son âme, et il se sentait capable de surmonter toutes les épreuves, pour les beaux yeux du directeur. Et, quoiqu’il n’y eût pas pour lui d’épreuve plus difficile que la simple honnêteté, elle lui semblait, en cet instant, encore très en-dessous de ses forces reconquises.
Mais Léon avait décidément l’art de surprendre Koji — faculté peu répandue — et sa première question ne figurait pas de la liste des interrogations auxquelles le jeune homme s’était préparées. Une nouvelle flamme point tout à fait innocente s’alluma dans le regard du métis et son imagination, qui était à la mesure de son intelligence purement analytique, n’avait aucun mal à lui peindre la scène sous les couleurs les plus vives.
Si d’ordinaire la précision infaillible de ses représentations mentales était pour lui, au mieux un outil d’investigation, au pire une source de souffrances, Koji y trouvait pour une fois beaucoup de charmes et le petit soupir à l’innocence des plus discutables qui s’échappa involontairement de ses lèvres témoigna que l’idée de Léon faisait du chemin dans son esprit.
Hélas, la lubricité de son compagnon n’avait pas suffi à chasser toute considération sérieuse et une partie de l’esprit de Koji dût bien revenir de ses songes enchanteurs pour écouter gravement les commentaires de Léon. Alors, il n’y aurait pas de questions ? Koji s’en sentait, étrangement, comme frustré : l’envie d’être sincère avec le directeur n’avait pas fait qu’abattre ses résistances, elle lui avait donné également le désir de se confier.
D’ailleurs, il allait le faire. C’était décidé. S’expliquer, au moins généralement, sur les circonstances de son existence. Il ne dirait pas tout, mais enfin, les grandes lignes, les principes généraux et… L’esprit du jeune homme et ses sages résolutions furent engloutis sans combat pour un nouveau baiser, qui requérait, c’était évident, l’attention la plus exclusive du plus brillant cerveau de la planète — c’est compliqué, après tout, un baiser.
Une fois de plus, Koji témoigna que la chasteté n’était pas la maîtresse caractéristique de ses étreintes, mais quelque chose lui disait que Léon ne se plaindrait pas de ses baisers passionnés. Ses mains s’étaient refermées sur la chemise du mutant et il l’attirait contre lui, se cambrant pour presser un peu plus son corps contre le sien et le baiser se faisait d’instant en instant plus brûlant : le sang-froid était manifestement un aspect de sa personnalité que Koji réservait aux situations préoccupantes.
Quand leurs lèvres finalement se séparèrent — sans que Koji, et c’était un exploit, eût déshabillé Léon pour l’entrainer dans des échanges bien plus développés —, le regard que le jeune homme posa sur son aîné d’une passion un peu possessive, presque intimidante, mais riche de promesses.
Koji paraissait suspendu dans une secrète hésitation. Le désir, rendu plus vif encore par des mois de relatives abstinences, brûlait au creux de ses reins et Léon ne faisait rien, vraiment, pour le calmer ; mais le jeune homme n’avait pas envie de précipiter les choses, pas envie de renouer avec ses vieilles habitudes et, cette fois-ci, il voulait offrir des gages plus profonds, quoique moins charnels, de son affection.
Il cala un coussin contre le montant du lit et se redressa pour s’asseoir, avant d’attirer Léon contre lui, guidant le visage de son compagnon vers son torse. Cette fois-ci, c’était ses bras qui entouraient le Chinois, c’était lui qui offrait sa protection et, quoiqu’il fût bien jeune encore et que son visage parût presque féminin, Koji déployait en cet instant une virilité insoupçonnable en temps ordinaires, née de sa parfaite assurance et également, il était vrai, du spectacle de son torse plus mâle qui ne le laissait d’ordinaire croire.
L’une des mains du Japonais s’était glissé sous le col de la chemise du directeur et caressait désormais son dos et l’autre s’était déposé sur la joue de l’homme. Pendant quelques secondes, Koji resta silencieux, la tête appuyée contre le mur, le regard perdu sur la bibliothèque en face de lui, puis, finalement, il entreprit de répondre à la première question de son compagnon.
« Je ferme la porte par habitude. Le temps qu’on la force, ça me laisse quelques secondes pour sortir de la douche, m’habiller sommairement et charger le revolver qui est caché sous les serviettes de bain. »
Si Léon n’avait pas encore compris que sa nouvelle conquête avait des tendances paranoïaques, les éclaircissements de Koji sur son aménagement intérieur ne tarderaient pas à l’en persuader.
« Hmm, il faut que j’t’explique un truc, je crois. »
Tiens. En fait, une fois au pied du mur, Koji ne se sentait pas aussi courageux que cela. Peut-être qu’une petite explosion se produirait quelque part dans l’Institut qui produirait une heureuse diversion ? Il attendit quelques secondes. Non, rien. Après un léger soupir, il se résolut à fournir ses explications, sans cesser de caresser Léon, pour se réconforter un peu.
« Il faut que tu comprennes que quand ma mutation s’est déclarée, je suis devenu, comment dire ? Une personne digne d’intérêt, pour certains… groupes. Tu vois, j’étais à la fois jeune et inexpérimenté, mais brillant et efficace. Pour utiliser la plupart des mutants, c’est compliqué. Un téléporteur, mettons, il faut le contrôler entièrement. Lui faire un lavage de cerveau, si on veut en faire une arme. Moi, il suffit que je dise ce que je sais. C’est plus… Plus traditionnel en quelque sorte.
Mais à douze ou treize ans, je ne me rendais pas compte de ces choses. J’étais plongé dans la science. Coupé du monde. Sans expérience. J’avais choisi deux champs d’expertise qui m’intéressaient. Comme ça, gratuitement. Les poisons. La physique. Du coup, j’avais le cerveau rempli d’armes, sans le savoir vraiment. Et puis il y avait le reste. L’informatique. Ou simplement la résolution des problèmes.
J’étais une cible facile et sans défense, et je m’en suis rendu compte que trop tard. Des gens ont exercé des pressions. Pour obtenir des plans. Des réponses. Des stratégies. Tu sais, enfin… »
En parlant, il faisait des efforts pour conserver ses souvenirs dans les parties les plus reculées de son esprit et ne pas se laisser submerger par des visions précises de ces moments douloureux. Si son don, à cette époque encore dans ses balbutiements, ne fixait pas les scènes avec la précision parfaite qui était désormais la sienne, sa mémoire demeurait toutefois extrêmement fidèle.
« Ma faculté à me retirer dans un niveau de pensées… Je veux dire, en gros, à me déconnecter de la réalité, me préservait des méthodes les plus… Répandues. Dans une certaine mesure. Mais il y a toujours un moment où les os cassent. Et puis, il y a d’autres moyens. On peut menacer les proches. Ce genre de choses. Bref, peu importe. J’ai compris qu’il fallait que je me protège. »
Le jeune homme éprouvait un soulagement qu’il n’eût pas soupçonné à s’exprimer si sincèrement sur la manière dont il avait vécue jusqu’à lors et dont il n’avait jamais parlé, même à ses amies les plus proches, qu’à demi-mots, ponctuellement, par allusions, quand une situation nécessitait absolument qu’il expliquât pourquoi il savait manier une arme, forcer une serrure, se battre ou semer des poursuivants.
« A force, j’ai fait de ma vie une sorte de labyrinthe. J’ai appris à me battre. A fuir. Courir, escalader, nager. Conduire. Manier des armes. Mais aussi bien entraîné que je sois, je reste de ce point de vue un humain. Il fallait des choses plus durables. Plus complexes. Un pouvoir diffus.
J’ai changé de disciplines, du moins officiellement. Pour paraître plus inoffensif. J’ai rendu des services à des gens. Des gouvernements. Pour le retour d’ascenseur. J’ai noué des amitiés intéressées, avec des scientifiques, des politiciens. J’ai gagné de l’argent, je l’ai investi dans des sociétés-clés, j’en ai caché une partie, je me suis fait philanthrope.
Se cacher ne sert à rien. On retrouve toujours tout le monde. Alors je devais être visible, d’une certaine façon. Faire de ma protection un enjeu essentiel non pour moi mais pour d’autres personnes. Un peu comme une toile d’araignée. »
Sa description, quoique exacte dans ses grandes lignes, ne rendait certes pas compte des ramifications complexes de ce qui était devenu, au fil des années, un système incompréhensible pour n’importe qui d’autre : sa chambre à l’Institut, aux alentours de Londres, était le centre duquel irradiait des milliers de rayons, faits de noms, d’informations, de dates, de chiffres, d’intérêts croisés, de subtiles relations de pouvoir, d’amitiés parfois.
« Ce que j’essaye de te dire, c’est que… Je n’ai pas souvent eu l’occasion de… Je ne sais pas comment dire. D’être simplement insouciant. Ou de me sentir en sécurité. De ne pas être sur mes gardes. D’une certaine manière, je crois que je suis devenu un peu trop efficace. Et un peu trop calculateur.
J’ai passé un temps fou à me protéger contre tout sans jamais me dire que tout cela n’avait un sens que si, finalement, je pouvais m’asseoir et me reposer. Profiter de l’abri que j’ai construit. Mais avec toi… J’aimerais faire ça. Essayer, autant que je peux, de faire ça. »
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Mer 18 Avr 2012 - 0:20
S'il n'en était pas encore certain, Léon venait d'avoir la preuve que son génie était loin d'être si jeune que ça. Pour preuve, les nombreuses cicatrices sur son corps parlaient d'elles-mêmes. Elles témoignaient du monde violent dans lequel vivait Koji en permanence, un monde bien loin de l'insouciance que pouvaient avoir les personnes de son âge, un monde où il pouvait risquer sa vie à chaque instant, un monde d'adulte... Ca, c'étaient les preuves négatives dirons-nous car ce qui intéressait Léon à cet instant, c'était plus la manière dont le japonais répondait à son baiser qu'il avait voulu innocent. Mais le génie s'était vite approprier le baiser et l'avait rapidement transformé en quelque chose de plus sulfureux et si le mutant des eaux arrivait toujours à douter, le corps collé de Koji au sien était une preuve supplémentaire.
Pour un peu, Léon se serait laissé emporté par cette vague brûlante de désir qui émanait de son camarade mais aussi de lui mais sa raison, par on ne savait quel moyen, était parvenu à reprendre le dessus et à forcer le chinois à décoller ses lèvres de celles de Koji, au prix d'un effort surhumain et le laissant au bord de l'halètement. Son coeur battait à tout rompre et il trouvait que la température de la chambre venait d'augmenter subitement mais peut-être était-ce simplement le feu qui parcourait ses veines qui lui donnait cette impression. Et la manière dont son nouveau compagnon le regardait ne facilitait pas les choses, Léon venait de distinguer une étincelle d'un désir réprimé au fond des yeux de Koji et il était certain que le moindre geste de sa part libérerait cette étincelle qui ne demandait qu'à s'embraser.
Mais à sa surprise, le japonais ne fit rien pour libérer son feu intérieur et calma le jeu en se remettant en position assise, le dos calé contre le montant du lit. Il guida Léon jusqu'à poser sa tête contre son torse, avant de passer l'une de ses mains en dessous de la chemise du directeur par intérim pendant que la seconde venait lui caresser la joue. Le mutant des eaux se laissa bercer par les battements de coeur de son ami pendant que celui-ci lui expliqua comment il en était arrivé au Koji d'aujourd'hui. L'aîné écouta toute l'histoire sans jamais interrompre, son visage demeurant de glace et ses yeux fixant un point invisible droit devant. Une seule fois, il avait laissé trahir ses émotions, au moment où Koji disait qu'au bout d'un certain moment, les os se cassaient. A l'entente de ces mots, Léon ne put réprimer sa main qui était posé contre le ventre de Koji de se refermer d'une manière sèche et nerveuse, rendant impossible tout mauvaise interprétation de ce geste. Il prit une longue inspiration afin de se calmer et se concentra à nouveau sur le reste du récit de Koji.
Comme l'avait supposé Léon, la vie de Koji, depuis la découverte de ses pouvoirs, avait été loin d'être une promenade de santé. Ayant quelque peu roulé sa bosse sur le chemin de la vie, le mutant savait pertinemment que les super-cerveaux mutants étaient très recherchés afin d'exploiter leur pouvoir au profit d'une organisation, d'un pays, d'une armée et bien d'autres groupuscules encore. C'était le cas de Koji et c'était surement le cas de plusieurs autres mutants aux pouvoirs similaires. Mais là où Koji avait dévoilé son génie, c'était la façon dont il avait organisé sa protection. Alors que l'instinct primaire suggérerait à quiconque voulant se dissimuler de rester discret et de demeurer inconnu, Koji a eu l'idée de faire tout le contraire, s'exposant aux yeux du public et devenant ainsi une figure mondialement connue.
La conclusion de l'histoire de Koji, c'était que, depuis ses tous premiers pas dans le monde mutant et plus généralement dans le monde adulte, il n'avait jamais pu avoir l'occasion de souffler et de vivre comme une personne de son âge. C'était la contrepartie de son pouvoir, un lourd sacrifice qu'il a du payer sans même qu'on lui ait demandé son avis. Cependant, le jeune homme qu'il était, venait de lui annoncer qu'il voulait essayer d'être insouciant à ses côtés, ce qui ne manqua pas de faire sauter Léon au plafond, intérieurement du moins.
Pour seule réaction, Léon fit en sorte d'allonger Koji de nouveau à ses côtés puis rabattit la couverture au-dessus de leur tête. Il enlaça tendrement son compagnon et passa délicatement la maison dans ses cheveux, massant légèrement la tête du génie au passage.
"Tu n'as pas besoin de te forcer avec moi. J'imagine très bien ce que tu as pu vivre et toutes les épreuves qui t'ont amené à être constamment sur tes gardes. Je pense que tu le sais, mais avec moi, tu es en sécurité alors avec le temps, tu te raccrocheras de plus en plus à cette idée et alors, tu te détendras petit à petit. Ca prendra le temps qu'il faudra mais je serai là, à tes côtés à chaque instant."
Léon interrompit son discours, juste le temps de déposer un baiser sur les lèvres de Koji afin de se rappeler le gout qu'elles avaient. Puis avec un sourire satisfait, il reprit:
"Même avec mes capacités diminuées, je suis en mesure de tenir tête à quiconque voudrait te faire du mal. J'ai perdu mes parents et mon frère, je ne pensais jamais plus être aussi serein alors je suis prêt à user de tous les moyens pour te garder. Même si par ta faute, je ne dors plus depuis quatre jours et que j'ai l'impression de ressembler à un panda tellement mes cernes sont énormes."
Le directeur resserra son étreinte, tout en veillant à ne pas blesser Koji puis il enfouit sa tête au creux de la nuque du génie où il prit une profonde inspiration afin d'être inondé par le parfum que dégageait la peau de ce dernier. Au passage, il ne put s'empêcher de mordiller légèrement la peau de son jeune ami.
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Mer 18 Avr 2012 - 17:28
Au fond de lui, Koji s’avouait soulagé de s’être soumis à l’épreuve de l’autobiographie : soulagé bien sûr que cette épreuve fût finie, car il n’aimait certes pas parler de lui, mais soulagé également d’en avoir été capable et d’avoir offert, à Léon, une preuve, de son affection, de sa confiance surtout. Sans doute le directeur ne se rendait-il pas compte de l’immense effort que cela lui avait coûté, mais l’essentiel était qu’il comprît qu’entre ses bras, Koji s’apprêtait à embrasser une existence, peut-être pas tout à fait nouvelle, mais du moins assainie.
Maintenant, malgré tout, il avait un peu peur. Il venait de passer sans doute du jeune homme plein de sang-froid et peut-être un peu cool (car il essayait d’avoir l’air cool !) au paranoïaque de premier ordre qui dissimulait des revolvers dans ses gants de toilette et des poisons mortels dans ses chaussures, ce qui ne devait pas être très, très engageant pour un second rendez-vous.
Mais il fallait croire que Léon était soit parfaitement inconscient, soit très indulgent, puisque, plutôt que de prendre ses jambes à son cou pour mettre entre lui et l’assemblage de systèmes labyrinthiques qui formaient la vie de Koji Ashton le plus de distance possible, il poussa le jeune homme à s’allonger confortablement et leur offrit une cabane de tissu en remontant la couverture au-dessus d’eux — une construction rendue d’autant plus aisée par le fait qu’ils n’étaient, ni l’un ni l’autre, des basketteurs.
Après avoir posé sur son compagnon un regard un peu décontenancé, Koji laissa un sourire amusé s’installer sur ses lèvres, semblable à un savant trop sérieux qui aurait oublié de son détendre et qui trouverait, dans les facéties d’un amant plus jeune, de salvatrices leçons de vie. Sans se faire prier, le jeune homme se réfugia contre le directeur (par intérim !) de l’Institut et poussa dans le cou de Léon un soupir apaisé.
Il se rendait compte à présent de combien ces étreintes lui avaient manqué ces derniers mois, combien l’absence de réconfort, de ce contact simple et humain, avait inexplicablement rendu sa vie plus difficile, plus pesante et, dans l’innocence de cette proximité protectrice, il comprenait que ce qu’il avait longtemps recherché dans la chair n’était pas le passager plaisir d’un instant de jouissance mais le confort diffus d’une présence chaleureuse.
Sans doute les assurances du Chinois ne le convainquaient-elles pas totalement et, quelque conviction qu’il y eût dans le discours de l’homme, quelques raisons objectives que Koji eût d’être certain de ce qu’il lui disait, le mutant ne pouvait s’empêcher de songer que ces promesses, Léon trouverait bien difficile de les tenir et que le directeur ne mesurait pas le réseau de difficultés dans lequel il venait de mettre les pieds.
Pourtant, ce doute n’empêchait pas le Japonais de goûter pleinement au réconfort offert par son compagnon, qui naissait bien plus de l’intention animant ses paroles que de leur contenu lui-même, cette même intention qui désormais lui offrait un baiser, léger et simple, dont la puissance n’était pas moindre. Dans l’euphorie des premiers instants, Koji était prêt à enterrer tous ses doutes et à se croire le roi du monde.
Un rien de mélancolie se mêla au sourire attendri de Koji lorsque Léon compléta sa profession de foi. Sous ses yeux, le dossier du directeur, qu’il avait lu comme tous les autres, s’incarnait et la douleur des pertes et des séparations devenait plus véritable. Les membres de l’Institut étaient nombreux qui, par les hasards de l’existence, en raison de leur condition de mutants souvent, avaient beaucoup perdu ; c’était ces passés déchirés qui justifiaient l’existence d’organisations comme les leurs et, à nouveau, ce fut la douleur de Léon qui renforça les velléités protectrices de Koji, qui songeait déjà moins à la protection que son compagnon lui offrirait qu’à celle dont il était capable pour lui.
Un frisson de plaisir mêlé d’impatience parcourut le cœur du jeune homme sous le mordillement. Des efforts surhumains permirent aux mains de Koji de ne pas s’égarer séance tenante sous les vêtements de Léon. Prendre son temps — il ne voulait pas vivre cette relation comme si elle devait se finir le lendemain et la consommer, avec fièvre et presque brutalité, comme il l’avait fait si souvent jadis. C’était un rythme nouveau qu’il recherchait, et dont il espérait avec un peu d’inquiétude qu’il ne contrarierait pas Léon.
Le jeune homme repoussa du main ferme son aîné sur le dos, pour, en se redressant sur un coude, observer son visage à la lumière du plafond, que le rempart de la couverture tamisait. Koji plissa les yeux, comme pour mieux distinguer les cernes de Léon puis, avec un sourire espiègle, il murmura :
« C’pas ma faute, ça. C’est l’âge. Il faut ajouter de l’anticernes à ton antirides. »
La plaisanterie était d’autant plus inoffensive que Léon était loin de faire son âge et que Koji, de toute façon, n’était pas vraiment rebuté par ce genre de circonstances. Il déposa un baiser au coin de l’œil de son compagnon, comme si cette légère caresse devait faire office de source de jouvence — même s’il était très loin, lui, de se sentir aussi jeune que l’était son organisme.
Ses lèvres s’approchèrent de l’oreille de Léon et, comme si elles murmuraient la proposition la plus licencieuse de la planète, soufflèrent :
« J’ai faim. »
Pour quelqu’un qui désirait prendre son temps, Koji ne faisait pas grand-chose pour tempérer les ardeurs de son nouveau compagnon et ses gestes, le ton de sa voix, ses regards surtout dégageaient une sensualité brûlante, dominatrice, nourrie de la force de sa jeunesse. Mais il ne pouvait aller entièrement contre son naturel et, tout (relativement) sage qu’il désirât être ce soir-là, il n’en demeurait pas moins un garçon de dix-huit ans.
Qui avait faim — comme tous les garçons de dix-huit ans. D’autant plus faim qu’il n’avait pas fait de vrai repas depuis des jours et que les rations de survie de l’armée britannique n’étaient toujours pas son plus grand plaisir culinaire. S’installant à cheval sur les cuisses de son amant, Koji se redressa, laissant la couverture glisser sur son dos.
« Tout ce que j’ai mangé ces derniers jours, c’était des espèces de pâtés saveur… saveur… J’sais pas. C’était horrible. La partie la plus affreuse de cette histoire. Avant même l’attaquer de la belette géante. »
Alors qu’il parlait, les mains du jeune homme s’était à nouveau glisser sous la chemise du directeur, pour se poser sur son ventre et se répandre en caresses peu favorable à une saine concentration.
« On peut aller au restaurant. J’en connais 321. Je t’invite. Si tu veux. Ou manger ici. Dans les cuisines, il doit y avoir quelque chose. »
Le regard d’un noir profond du jeune homme sonda celui de son interlocuteur. Léon n’avait pas dormi, soit, mais ce n’était certainement pas tout de suite qu’il se reposerait.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Jeu 19 Avr 2012 - 19:42
Les efforts que faisait Koji afin de résister aux petites attention de Léon étaient énormes et cela se voyait très bien, à la façon dont sa respiration s’était accélérée lorsque le chinois lui avait tendrement mordillé le cou et également parce qu’il avait l’air d’avoir du mal à contrôler la trajectoire de ses mains. Léon était amusé de voir dans les yeux de son compagnon la lutte qu’il était en train de mener contre ses propres pulsions. C’était un peu comme assister à un combat entre l’esprit et le corps et tout cela, simplement parce que le mutant avait eu la machiavélique idée de mordiller un bout de peau. Il était évident que cela amusait énormément Léon qui admirait Koji avec un sourire figé sur les lèvres.
Sourire qui disparut bien vite, lorsque le japonais lui déclara d’être en âge d’utiliser de l’antirides. Même s’il était convaincu que la différence d’âge ne dérangeait pas Koji, Léon conserva quand même dans un coin de sa tête la pensée qu’il ne devrait surement pas aller plus loin avec le japonais, à cause de cet écart justement. Il poussa un léger soupir et regarda son génie de copain, une lueur de défi dans les yeux et un air faussement vexé.
« Je devrais alors peut-être me mettre avec quelqu’un d’aussi ridé que moi dans ce cas. Ou alors je suis peut-être atteint de cette maladie qu’ont les gens de mon âge et qui, à la recherche d’une seconde jeunesse, préfèrent se mettre en couple avec des petits jeunes dans ton genre. Dans ce cas, j’ai touché le jackpot avec toi : jeune, intelligent et beau. Que demander de plus ? »
Bien évidemment, il ne pensait pas un mot de ce qu’il venait de dire, sauf la partie concernant la description de Koji. Il savait que Koji n’était pas qu’une passade et encore moins une preuve qu’il était encore jeune. Il n’en était pas amoureux, cela aurait trop précipité, leur histoire était encore trop récente mais Léon était certain qu’il pourrait aimer Koji, sincèrement. Il ignorait ce qu’il en était du côté du japonais mais il le découvrirait avec le temps, à mesure que leur lien se resserrerait au fil des jours, des mois et peut-être même des années. Mais il ne servait à rien de se projeter aussi loin dans l’avenir, le directeur préférait profiter de l’instant présent, de profiter du fait d’être allongé aux côtés de Koji, de savoir qu’il était bel et bien rentré.
Léon crut que son coeur allait sortir de sa poitrine lorsqu'il vit Koji s'approcher de son oreille et avec la voix la plus séduisante qui soit, lui annonça... qu'il avait faim. Le temps pour son cerveau de faire le tri entre ce qu'avait ressenti son corps et le véritable message, le mutant regardait Koji avec des yeux de hibou. Puis la lumière se fit dans sa tête et il comprit qu'il venait de s'être fait avoir en quelque sorte. Et parce qu'il était un adulte de corps et de tête, il ne songea même pas à se venger... le temps d'une demi-seconde. Ce long laps de temps écoulé, le chinois attrapa son compagnon, qui entre-temps s'était assis sur ses cuisses et faisait promener ses mains sur son ventre, l'allongea de nouveau et se plaça à nouveau au-dessus mais alors que la première fois, il avait pris soin de s'appuyer sur ses coudes pour ne pas gêner Koji, cette fois-ci, Léon ne prit pas autant de précautions et colla totalement son torse à celui du japonais sans aucun remord. Si le génie souhaitait jouer, il serait deux dans ce cas. A son tour, Léon s'approcha de l'oreille du jeune homme et avec une voix qui promettait des moments torrides, il répondit à la proposition lancée quelques secondes plus tôt par son partenaire, ne s'arrêtant que pour mordiller plusieurs endroits de l'oreille de Koji.
« Je suis partant pour un restaurant, qu'est-ce que tu as envie de manger? Je t'avoues que je mangerais bien un japonais... »
Le chinois releva finalement la tête et admira le visage parfait de Koji. Avec son index, Léon suivit les courbes gracieuses du nez avant de caresser ses lèvres qui semblaient renfermer des douces promesses à qui serait assez méritant.
« Mais tu es sûr d'être en état de sortir? Je ne voudrais pas que ta blessure se rouvre... Ce serait peut-être plus sage de manger à la maison. On peut toujours commander dans un restaurant si tu as une envie particulière. Qu'en penses-tu, mon coe... »
Léon s'arrêta brusquement en plein milieu de sa phrase, se rendant compte de ce qu'il était à deux doigts de prononcer à voix haute. Il se redressa, s'assit au bord du lit et tenta de cacher sa gêne et son visage qui virait au rouge, en tournant la tête.
« Hum hum... Je disais donc qu'il était peut-être préférable de manger au manoir. Après, c'est comme tu veux. On fera comme tu l'auras décidé. Ouh... il fait un peu trop chaud ici, tu trouves pas? T'es sûr que tu n'aurais pas laissé une de tes expériences sur le feu ou quelque chose dans le genre? »
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Ven 20 Avr 2012 - 20:54
Machinalement, l’esprit de Koji avait relevé, enregistré et classé la récurrence, dans les propos de Léon, d’une même information : son tout nouveau compagnon tenait à souligner qu’il ne cherchait pas en lui une fontaine de jouvence. Habitué à soupçonner des systèmes sous les coïncidences et à attribuer au hasard même des motivations, Koji ne pouvait se défaire de l’idée que le directeur cherchait à prouver quelque chose en se répétant de la sorte — et donc qu’il y avait des raisons de penser le contraire.
Le repos avait finalement été de courte durée. Déjà, dans une partie de son cerveau, Koji songeait que cette relation pouvait ne pas avoir pour Léon la même pureté qu’elle avait pour lui. Mais à peine avait-il pensé cela, qu’il songeait encore qu’à ses yeux, rien de tout cela n’était purement désintéressé. Lui-même ne cherchait-il pas une sorte de renouveau au contact de son nouvel amant ?
Etait-ce grave ? Malhonnête ? Ou même simplement important ? Etait-il pour Léon, malgré toutes les protestations de bonne foi, un faire-valoir, une tentative désespérée de rattraper le temps perdu, de repousser encore un peu la mort qui touchait tous les proches du mutant aquatique et qui, inévitablement, finirait par l’atteindre lui-même ? Léon était-il pour lui un miroir entièrement neuf, dans lequel il pourrait refléter une nouvelle identité, moins trouble et moins fragmentée, plus proche d’un idéal repos ?
Pour répondre à ces questions, son esprit se retournait de lui-même vers les quelques heures qu’ils avaient passées ensemble depuis qu’ils s’étaient reparlés, plusieurs jours auparavant ; chaque détail, gravé à l’identique dans sa mémoire, faisait l’objet d’un examen minutieux. Le temps à nouveau se démultipliait, s’épaississait, se pliait, repliait, avant de s’ouvrir à nouveau, d’une façon différente, qui elle-même donnait lieu à de nouveaux agencements.
Ainsi, si les doutes de Koji, si ce qui rassemblait même fort à une forme de paranoïa, commençaient déjà l’éloigner de Léon et tissait pour ce dernier la même toile inextricable dans laquelle ses précédentes relations s’étaient tour à tour battues avant d’abandonner le combat, la recherche d’indices l’en rapprochait, comme elle transformait les rares moments qu’ils avaient réellement passé en ensemble en une sorte d’éternité.
Ces réflexions cependant, aussi importantes et puissantes qu’elles fussent, ne suffisaient pas à distraire Koji et son esprit, habitué à traiter des dizaines de problèmes au même instant et n’ayant pas atteint, sur ce qui l’occupait en partie, de conclusion définitive, ne voyait aucune contradiction à s’abandonner simultanément aux caresses évocatrices de Léon, déchirant Koji dans un paradoxe dont son pouvoir lui interdisait de prendre conscience.
Quelque part ailleurs, dans une autre partie de son cerveau, l’attitude de son compagnon éveillait de nouvelles hésitations. Etait-il judicieux de céder au désir qui ne cessait de croître en eux ? Toutes ces provocations pouvaient-elles demeurer de simples jeux ? Devait-il au contraire offrir à Léon ce que manifestement il désirait, qu’il désirait lui-même et contre lequel, peut-être, ne s’élevait qu’un fantôme de prudence dépourvu de fondement ?
Or, tout surhumain que fût son esprit, il y avait des méditations qu’il n’était pas toujours à même de poursuivre sereinement et, sans doute, si Léon n’avait pas brutalement rompu la proximité de leurs deux corps, Koji ne se fût pas longtemps tenu aux sages principes qui avaient été d’abord les siens, tant sa jeunesse et sa frustration réclamaient une satisfaction beaucoup plus prochaine que celle qu’il avait d’abord prévue.
Alors donc que Koji s’imaginait déjà nu, une bombe de chantilly à la main, à demi-allongé sur la table du salon de Léon, ses belles rêveries se dissipèrent comme un nuage fragile sous le vent, alors que son compagnon se redressait soudainement, laissant un mot dont il n’était pas difficile de deviner la suite en suspend.
La gêne de Koji le disputait certainement à celle de Léon. Cela faisait bien longtemps que personne ne lui avait murmuré de mots doux et, bien souvent, ils n’avaient été que les masques d’une concupiscence beaucoup plus brutale. Ainsi, quoique son expérience des choses de l’amour fût, pour son âge, considérable, le jeune homme n’en demeurait pas intimidé par la perspective d’une relation intime, sentimentale, qu’il n’avait jamais réellement connue.
Pour lui, les noms tendres, les petites habitudes, étaient des signes d’un quotidien partagé, d’une relation solide, de cette chose que sa vie mouvementée et sa psychologie tordue et retordue par son pouvoir lui avaient, jusqu’à présent, toujours refusée. Et s’il se sentait prêt désormais à vivre une relation qui ne fût pas un chaos sans nom fait de domination sans cesse renversée et de paranoïa, il ne savait pas vraiment comment s’y prendre et toute l’intelligence du monde ne lui était, en la matière, d’aucun secours.
C’était une chose de flirter, de jouer les séducteurs et de murmurer des promesses anodines d’une voix sensuelle, c’en était une autre d’apercevoir les touchantes incertitudes de Léon et de s’imaginer s’éveiller, au petit matin, près de lui, dans la simplicité d’une vie commune — cette normalité était un monde inconnu et intimidant.
Koji se redressa à son tour avant de s’asseoir au bord du lit, à côté de Léon. Saisissant au vol l’occasion que lui offrait Léon de détourner la conversation, le Japonais répondit d’une voix un peu gênée, qui se voulait neutre :
« Non. J’fais pas d’expérience dans ma chambre. Et puis je n’oublie rien sur le feu. Parce que je n’oublie rien. »
Il esquissa un vague sourire que sa timidité l’empêcha d’adresser réellement à Léon et, se relevant, il rouvrit son placard et se mit à farfouiller dans ses vêtements, pour achever de s’habiller.
« Mais j’suis un peu frileux, alors le chauffage est monté. Il ne fait pas si chaud cela. 27, 3452°C. »
Koji arrêta brutalement son exploration, manifestement surpris par la précision de sa propre estimation. Un tee-shirt noir dans une main, il fit volte-face, s’accroupit devant un tas de feuilles, en extirpa un thermomètre (qui devait logiquement y avoir sa place) et y jeta un coup d’œil avant de poser, sur divers éléments de la pièce, pris semblait-il au hasard, un regard concentré.
« … hmm… »
Laissant tomber le thermomètre sans prendre la peine de le ranger (mais il était douteux qu’il l’eût jamais été), le jeune homme se redressa finalement et enfila finalement son tee-shirt.
« T’as raison, on mange ici. On va faire quelque chose de basique en cuisine, ce sera plus rapide que de commander. »
Il avait conclu avec une fermeté qui laissait aisément voir qu’il avait l’habitude de commander et surtout d’être obéi mais cette assurance infrangible contrastait tant avec l’extraordinaire fragilité de ses traits qu’il était difficile de savoir s’il fallait se fier au ton de sa voix ou à son visage.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Dim 29 Avr 2012 - 22:39
Léon connaissait assez peu Koji en vérité. Ils s'étaient rencontrés il y a quelques semaines à peine et pas dans les meilleurs circonstances. Leur vraie première discussion elle, ne datait que de quatre jours et avait été écourtée par le départ précipité et soudain du japonais. Pourtant, du peu qu'il avait pu découvrir chez son nouveau compagnon, c'était son ton de voix posé et assuré, comme si rien ne le surprenait vraiment. C'était donc un Léon un peu surpris qui remarqua le changement dans la voix du génie lorsque ce dernier le reprit sur les expériences dans sa chambre.
Ainsi le Japonais était dans le même état d'âme que le Chinois après que ce dernier ait laissé échapper un mot qu'on pourrait qualifier d'intime, un mot qui confirmait le sentiment que la personne qui l'avait prononcé était en couple et qu'il ne s'agissait là pas d'un simple jeu. Mais peut-être allait-il trop vite au goût de Koji, qui ne semblait pas très à l'aise ni habitué à ce genre de relation d'après ce qu'il avait dévoilé de son passé à Léon. Un malaise qui pouvait se voir au comportement du garçon qui semblait chercher n'importe quelle excuse pour rester sur un sujet de conversation anodin, avant de finalement décider qu'il serait mieux de manger au manoir.
" Koji, attends..."
Par réflexe, Léon attrapa le poignet du Japonais et l'attira près de lui. Il se leva à son tour et de son autre main, guida la tête de Koji afin de pouvoir croiser son regard, magnifique et envoutant au passage. Son autre main entourait toujours tendrement mais fermement le poignet de son compagnon.
" Je... "
Il quoi? Lui-même ne savait pas ce qu'il voulait dire. S'excuser? Rassurer? Les deux ou alors ni l'un ni l'autre? Léon était confus. Une tornade d'incertitudes, de peur et de sentiments faisait rage dans sa tête et dans son coeur. Il ne comptait plus les années depuis la dernière fois où il avait ressenti cela, s'il l'avait ressenti un jour. Il prit une profonde inspiration avant de se dévoiler à Koji. Ce dernier avait fait un énorme effort en lui révélant une partie de son passé, Léon voulait faire le même effort à l'égard de son copain.
" Je suis désolé si je te donne l'impression d'aller trop vite. C'est juste que j'ai pris cette habitude de profiter de chaque moment comme s'il s'agissait du dernier. Trop de choses m'ont été enlevé sans que je n'ai pu en profiter. Il y a eu ma famille, comme pour plusieurs d'entre nous, mon père et mon frère ont été utilisés pour tester le vaccin anti-mutants et sont morts au cours des expériences. Ma mère a été emmenée en même temps qu'eux bien qu'elle n'était pas une mutante et qu'elle refusait de laisser partir son mari et son fils car elle savait qu'elle ne les reverrait plus. Elle est morte après avoir confié sa fille, ma petite soeur, à un couple d'amis qui l'élèvent désormais comme leur propre enfant. Mais le pire... c'est que je n'ai pas vécu ça. Le pire, c'est qu'on a du me raconter ce qui est arrivé à mon sang des années après que cela ait eu lieu. Car j'étais enfermé dans un bloc de glace quand tout cela s'est passé. "
Se confier sur son passé était plus difficile que Léon ne l'aurait cru. Il pensait qu'après toutes ces années, il avait finalement accepté ces faits et était passé à autre chose mais à en sentir son rythme cardiaque s'accélérer alors qu'il se remémorait tous ces événements, il s'était menti à lui-même. Un coup d'oeil à une bouteille d'eau posé sur le bureau de Koji confirma que Léon était loin d'avoir surmonté ces événements. L'eau que contenait la bouteille semblait s'animer et ses mouvements faisaient écho au rythme cardiaque du mutant. Léon détourna le regard de cette bouteille et vint chercher refuge dans les yeux de Koji. Le marron qu'il vit lui permit de reprendre le contrôle des émotions qu'il venait de relâcher et de continuer son histoire.
" Je pense que tu l'as déjà lu dans mon dossier mais j'ai été emprisonné dans la glace durant les dix années qui suivirent l'attaque de l'Institut Xavier. Comment j'ai survécu, je l'ignore mais le fait est qu'en reprenant conscience, j'ai découvert que les piliers de ma vie avaient tous disparu. Mon refuge n'existait plus, ma famille n'existait plus et dix années de ma vie s'étaient volatilisées en ce qui m'avait paru n'être qu'une nuit. Des choses qu'à l'époque, je pensais immuables m'avaient été enlevé. J'ai pensé devenir fou lorsqu'on m'apprit la mort de ma famille. J'ai laissé libre cours à mon désespoir et à ma tristesse et j'ai failli noyer Hong-Kong dans ma folie. J'ai passé les mois qui suivirent sous calmant le temps pour moi de digérer toutes ces nouvelles. Ce furent probablement les moments les plus noirs de ma vie. "
Léon se sentit vidé après ces révélations. Vidé mais étrangement serein, un peu comme s'il venait de courir un marathon et qu'il ne lui subsistait plus la moindre force mais que le sentiment de s'être dépassé effaçait la fatigue et ne restait qu'un sentiment de plénitude. Jusqu'à maintenant, il n'avait ouvert son coeur ou son passé à personne, pas même à Sam' ou Koyuki. Bien sûr, elles n'ignoraient en rien ce qui lui était arrivé mais elles ne savaient pas ce qu'il avait ressenti durant cette période à moins que Sam' n'ait usé ses pouvoirs sur lui ce dont il doutait car il savait que son amie ne forçait l'esprit des gens que si elle n'y était forcée.
Le mutant se sentit épuisé, pas seulement parce qu'il n'avait pas dormi ces derniers jours mais aussi parce que parler lui avait couté un immense effort. Il n'avait pas quitté des yeux Koji mais cette fois-ci, un doux sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il lui parla à nouveau:
" C'est la raison pour laquelle je me suis promis à compter de ce jour, de profiter de la vie au maximum parce qu'on ne sait jamais quand le destin décide de t'enlever les choses qui te sont chères. Mais quand j'ai fait cette promesse, je ne pensais pas que j'aurais de nouveau l'envie de m'attacher à quelqu'un. C'est de ta faute aussi, tu n'as pas honte d'être aussi intéressant à mes yeux? Par intéressant, je veux dire beau, charmant, marrant et intelligent quoique dans ton cas, c'est un peu de la triche étant donné ton pouvoir. Enfin bref, ne pas avoir de nouvelles de toi pendant ces derniers jours m'a rappelé ces moments. Peu importe si je ne te connais pas depuis des années et que notre relation est toute neuve, je n'ai pas envie de te perdre comme j'ai perdu les miens autrefois. Je n'ai rien pu faire pour eux mais je ne referai pas deux fois la même erreur."
Cette fois-ci, Léon lâcha le poignet de Koji et se dirigea vers la salle de bain, le temps pour Koji d'assimiler ce qu'il venait de lui dévoiler même s'il était certain que le génie avait déjà tout analysé et enregistré ce qui lui avait été dit. Mais le mutant lui laissa quand même le temps pour lui de décider ce qu'il souhaitait faire des informations que Léon venait de lui fournir, à savoir le fuir lui ainsi que sa promesse débile ou alors... Le chinois ouvrit le robinet et se passa de l'eau froide sur le visage afin de chasser la fatigue puis il revint dans la pièce principale, le visage dégoulinant mais il chassa les gouttes d'eau d'un geste de la main qui les guida en direction du robinet.
" J'ai hésité à prendre une serviette pour m'essuyer mais j'avais peur de tomber sur ton revolver alors j'ai préféré me sécher à ma manière. "
Léon afficha un timide sourire suite à sa tentative pour alléger l'ambiance. Il resta toutefois un peu à distance de Koji, ne sachant pas ce qu'avait décidé le japonais en ce qui les concernait. Sur le même ton de voix léger, le mutant revint sur la proposition de Koji de manger à l'intérieur du manoir.
" Tu es certain de vouloir manger dans les cuisines? J'aimerais fêter ton retour et je doute que la nourriture de la cuisine soit assez festive et spéciale à mon gout pour fêter quoique ce soit. Mais c'est ton retour et donc ton repas, on fera comme tu voudras. "
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Lun 30 Avr 2012 - 20:55
Comme preuve de sa bonne volonté, Koji fit tous les efforts du monde, à la seconde où Léon lui attrapât le poignet, pour ne pas laisser parler ses propres réflexes et tenter d’écraser la gorge de son compagnon. Refrénant ses habitudes protectrices, Koji se promit d’expliquer plus tard à Léon, avec un peu plus de détails, les précautions qu’il fallait prendre quand on fréquentait un petit nerveux.
Il ne put cependant réprimer tout à fait une certaine résistance quand Léon l’attira près de lui. Habitué à prendre des décisions (et surtout à ce qu’on lui obéît), habitué encore à ce que s’on tînt éloigné de son corps quand il n’en décidait pas autrement, Koji avait un peu de mal avec ces contacts improvisés comme, à vrai dire, avec bien des formes de surprises.
Sans doute le mot qu’avait failli prononcé Léon n’était-il pas étranger à ces légères réticences : en évoquant une intimité que Koji songeait encore lointaine, une intimité étroite et par conséquent, malgré tout, contraignante, ce mot bien innocent avait fait peser sur les épaules du jeune homme un poids qu’il n’était pas certain de pouvoir porter. Sa relation future avec le directeur de l’Institut lui apparaissait avec tout son sérieux, toutes ses conséquences et Koji craignait de n’être pas à la hauteur des attentes de son nouveau compagnon.
Comme dans celle d’un animal sauvage que l’on tente de domestiquer, il se mêlait dans la réaction de Koji une envie de fuite et un désir de complaire, et c’était précisément cet équilibre fragile qui incitait le jeune homme à lever sagement les yeux vers ceux de Léon, à ne pas se débattre et à faire taire ses instincts de loup solitaire, qui lui soufflaient à toute force de se dégager de toutes les étreintes, réelles et affectives, qui étaient en train de se resserrer autour de lui.
La longue confession de son compagnon acheva cependant de lui ôter ses réticences. Elle éveillait en lui des sentiments plus complexes et plus conscients, elle faisait appel à l’intelligence de son âme comme à celle de son esprit, et la conjonction de ces deux forces, si puissantes chez Koji, suffisait amplement à le détourner de ses réactions purement instinctives.
L’histoire de Léon, sans doute, ressemblait à celle de bien des mutants. Chacune était extraordinaire, chaque pouvoir avait ses particularités, mais sous les spectaculaires variations se dissimulait l’existence partagée des parias dans un monde secoué par une nouvelle guerre froide. Les mutants puissants, plus que les autres, étaient l’objet de l’attention soutenue des forces qui se mouvaient obscurément dans le monde, et les dernières mésaventures de Samarah, pour l’Institut, étaient une preuve supplémentaire de la persistance de ces menaces.
Soutenu par une imagination qui dépassait de loin les limites humaines, Koji n’avait aucun mal à se représenter les douleurs de Léon, à se peindre, de la manière la plus vive, les situations que son compagnon évoquait avec une brève pudeur. Ce qu’il lui disait du temps cependant, de la nouveauté de leur relation, de la nécessité de profiter de chaque instant de la vie, échappait bien entendu complètement au mutant : dans son esprit, les durées étaient des données objectives dépourvues de consistance personnelle, et eût-il connu Léon depuis dix ans que la différence n’eût peut-être pas été considérable.
Il laissa son compagnon s’éclipser dans la salle de bain, sans chercher à le retenir, trop conscient du soulagement qu’apportent, après une révélation pénible, quelques secondes de solitude. Ses pensées se tournaient vers lui-même, plutôt que vers l’histoire de Léon, gravée dans son esprit, qui n’éveillait aucun des doutes et des rejets que son compagnon était prêt à lui supposer. Mais était-il en mesure de porter les espoirs que l’homme plaçait en lui ?
Ses yeux se posèrent sur le visage ruisselant de Léon qui revenait dans la chambre et suivirent le vol surnaturel des gouttes d’eau vers le lavabo. Koji haussa les sourcils et, avec un sourire :
« Crâneur. »
Le sourire disparut presque aussitôt, comme le visage du Japonais reprenait son sérieux. Ses doutes sur lui-même n’étaient pas levés, mais Koji n’était pas homme à attendre indéfiniment qu’une certitude se présentât : quand elles lui échappaient, il les construisait. Il s’approcha donc de Léon et leva à nouveau les yeux vers son compagnon, d’un air décidé.
« Ecoute. J’ai rien à promettre. Je travaille. Parfois c’est dangereux. Hasard. Aléatoire. Mortelle, peut-être. Si tu veux profiter de tous les moments de ta vie, va falloir passer ton chemin. Moi, j’ai des larmes et du sang. »
Très engageant.
« Tu peux essayer de me protéger. Moi, j’te protègerai. Je me protègerai aussi, autant que possible. Mais parfois, la mort est plus forte. C’pas pour ça que j’vais fuir. Me cacher dans un appartement des beaux quartiers et écrire des bouquins. J’veux pas te lancer dans la poudre aux yeux en te f’sant croire que j’suis le plus fort. Que j’prévois tous les coups à l’avance et que j’joue que quand j’suis sûr de gagner. »
Comme à contretemps, Koji commença à esquisser un léger sourire.
« Mais c’est pas comme ça tous les jours. Parfois, j’suis encore jeune. Pas insouciant, sans doute, mais enfin. Des fois, j’éteins mon téléphone. Y aura pas que des larmes, pas que du sang. J’ai pas peur que t’ailles trop vite. Ma vie est faite comme ça. J’veux juste pas que tu crois que… J’sais pas. Que j’aie plus à t’offrir que le bruit et la fureur. »
Avec un regard d’une innocence plus que discutable, il acheva :
« Simplement, ce n’est pas toujours le bruit et la fureur des batailles. »
Il se sentait soulagé désormais. Il n’était pas entré dans les détails, certes, mais il avait exposé, aussi clairement que possible, les enjeux et les difficultés de la situation. Si Léon cherchait auprès de lui le repos dans lequel il pourrait panser les plaies d’une vie de douleurs, alors il était fort mal tombé. Koji ne pouvait pas être l’homme au foyer qu’on était toujours sûr de retrouver le soir.
Et cependant, quelque insistance qu’il eût mis à insister plutôt sur les difficultés que sur les avantages de la situation, plutôt sur les tumultes de son existence que sur la passion tendre de son caractère, le jeune homme espérait sincèrement que sa mise au point n’avait pas découragé Léon, quand même elle eût semblé précisément destinée à cela. Ce qu’il voulait, c’était simplement une attente claire, et saine.
Pour influencer un peu le choix de son compagnon, Koji ajouta :
« Maintenant, tu peux me plaquer contre ce mur et me faire une démonstration de virilité dans un baiser qui me laissera tout étourdi, mais je prendrai ça comme la signature d’un contrat. Un aller simple pour Ashton Airlines, turbulences comprises. »
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Lun 4 Juin 2012 - 21:35
Léon écouta les avertissements de son compagnon sans ouvrir la bouche. Il était déjà conscient de tout ce que Koji était en train de lui dire, du danger qui entourait son mode de vie ainsi que des risques qu'il prenait à chacune de ses escapades. Ce monde était celui du japonais et le mutant était prêt à l'accepter si cela signifiait rester aux côtés de celui-ci. Ce qu'il décrivait comme étant sa vie, était probablement la vie par laquelle tous les mutants étaient passés au moins une fois dans leur vie. Certains en mouraient, d'autres la traversaient plus ou moins de manière indemne et il y en avait quelques uns qui gardaient un lien avec cette vie remplie de batailles, de sang, de cris et de larmes parfois. Léon s'estimait privilégié de son mode de vie actuelle et n'oubliait aucunement que ce qu'il avait au quotidien pouvait lui être retiré du jour au lendemain, comme cela s'était déjà produit il y a une dizaine d'années.
- Je suis conscient que tu avais déjà une vie avant moi et qu'elle était remplie de sang, de batailles et de je ne sais quoi d'autres. Je te demande pas, et je ne te le demanderai jamais, d'abandonner tout seul pour vivre en sécurité dans un manoir hautement sécurisé à l'abri de toute menace. Je veux juste me trouver une place dans ton monde, aussi violent qu'il puisse être. Je veux juste être celui vers qui tu veux retourner lorsque tu as mené tes batailles.
Ses yeux ne quittèrent pas ceux de Koji alors qu'il continuait.
- De plus, comme tu peux t'en douter, moi non plus, je ne suis pas à l'abri d'une quelconque attaque. Ma mutation a beau avoir atteint un haut niveau, il suffit simplement de penser à Kenjiss pour se rendre compte que je ne suis pas intouchable ou invincible. J'ai tout autant de chance que toi de laisser ma peau tous les jours, en tant que représentant de l'Institut mais tout comme toi, je ne vais pas fuir mes responsabilités. Chacun de nous a son combat à mener: toi, je ne sais où et je ne sais pour qui et moi ici, pour l'Institut et ses idéaux.
Finalement, Léon se permit un sourire léger et délicatement, il se plaça dans le dos de Koji, après lui avoir demandé de ne pas réagir comme un ninja pris par surprise. Il attira le japonais contre lui, passa ses bras autour de ses épaules et posa sa tête contre son épaule. Et ce fut avec une voix calme et posée qu'il continua.
- Et pour les jours où tu redeviens un jeune homme. On pourra agir comme un couple ordinaire: on pourra aller au restaurant, dévaliser les magasins ou simplement rester au lit toute la journée. Et pour en revenir à ce que tu viens de dire, je crois que tu as bien plus à m'offrir que du bruit et de la fureur. Toi. Et toi, est-ce qu'un mutant qui manipule l'eau, un peu puéril par moment mais qui dégage un charisme non négligeable t'intéresserait pour faire un bout de chemin?
Léon ne put s'empêcher de sourire à la déclaration finale de Koji. Cette dernière tranchait nettement avec tout le sérieux de ces paroles qui l'avait précédée et annonçait clairement les intentions du japonais. Ce dernier était direct et le chinois devait bien avouer que dans cette situation-là, il n'avait aucune raison de se plaindre. Cependant, il devait admettre que c'était bien la première fois qu'il signait un contrat de cette manière-là.
Mais ce serait en quelque sorte perdre un peu de dignité que d'accéder directement à la demande de son compagnon, aussi Léon fit le choix de prendre un chemin détourné. Ses lèvres commencèrent par déposer des baisers au niveau de la nuque avant de remonter jusqu'à l'oreille droite du japonais où elles opérèrent de légers mordillements. Pendant ce temps, pendant que son bras gauche le maintenait près de lui, la main droite de Léon passèrent sous le t-shirt noir de Koji afin de remonter tout le long de son corps. Il marqua une pause au niveau de la poitrine du japonais afin de ressentir les battements de son coeur, avant de repartir pour des caresses toujours plus sensuelles.
Finalement, Léon accéda à la demande de son compagnon. Il ôta rapidement sa main baladeuse et plaqua Koji contre le mur, en évitant tout de même d'ouvrir la blessure de ce dernier. Ses lèvres partirent immédiatement à l'assaut, cherchant celles de Koji. Leur contact accentua l'ardeur du chinois qui, sans cesser d'embrasser le japonais, attrapa le t-shirt noir au niveau du col et le déchira afin de libérer le corps superbement dessiné qui se cachait en dessous. Ses mains passèrent ensuite derrière le dos de Koji et y imprimèrent une puissante poussée afin de coller le corps de son amant au sien. Léon ne cessa d'embrasser passionnément le génie que pour le regarder dans les yeux avec un regard où brûlait une flamme qui semblait annoncer mille et mille plaisirs à venir.Puis lentement, il approcha sa bouche près de l'oreille du japonais et lui murmura d'une voix où semblait également recéler des promesses de plaisir à qui saurait s'en saisir:
- Normalement, les contrats se font en plusieurs exemplaires non? Je pense que je devrais en avoir pour un moment à signer celui-ci, probablement toute la nuit... voire plus. J'ai pour habitude d'examiner chaque contrat de la première à la dernière ligne et quelque chose me dit que je devrais faire de même. De là...son doigt se posa sur les lèvres du japonais puis parcourut son visage, l'une de ses oreilles avant de descendre le long du cou, du torse et du ventre élégamment dessiné avant de s'arrêter en haut du jean...à là. Et je n'oublierai pas d'examiner ce qui est caché également.
Pour le coup, toute la fatigue qu'avait pu ressentir le chinois ces derniers jours semblait avoir disparu.
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Lun 4 Juin 2012 - 23:18
Koji était persuadé que Léon signerait son fameux contrat. Après tout, ne lui avait-il pas déjà donné les preuves d’une passion jeune encore, mais prometteuse et véritable ? Et cependant, le Japonais ne trouvait pas qu’il eût grand-chose à offrir. Koji était presque persuadé que Léon signerait son contrat. Certes, il n’avait pas grand-chose à offrir, mais sans doute le Chinois n’avait-il pas non plus trop d’exigences et ainsi cela ne poserait pas de difficultés. Mais tout de même, pouvait-il vouloir à son âge s’engager dans une relation aussi incertaine ?
Koji doutait affreusement que Léon pût signer son fameux contrat. Le jeune homme avait trop senti la vérité de ses propres paroles pour ne pas craindre qu’elles eussent dissuadé le directeur de l’Institut de s’engager plus avant dans le champ de mines qu’était son existence. Sans aucun doute, Léon se sortirait poliment de ce mauvais pas et lui proposerait, par exemple, de rester amis.
Tout génie qu’il fût, Koji se sentait en ce moment précis comme n’importe quel adolescent de son âge traversé par les incertitudes. Les vraies relations, saines et durables, ce n’était pas vraiment sa spécialité et il n’avait pas dans ce domaine une expérience considérable. Il n’y avait rien là sur quoi son intelligence eût de prises particulières et il était condamné, pour une fois, à une humaine incertitude.
Alors en écoutant son compagnon, Koji se sentit ravi — un peu faible peut-être, un peu fragile, en prenant conscience de l’attente anxieuse qu’avait suscitée en lui, pendant quelques secondes, la réaction de l’homme, mais il y avait dans cette faiblesse qui naissait du besoin de l’autre quelque chose de séduisant à laquelle le jeune homme était prêt à s’abandonner volontiers.
Ce qui paraissait séduisant à Koji, c’était peut-être moins les circonstances exceptionnelles des lendemains de bataille et toutes les particularités qui seraient nécessairement celles d’une relation comme la leur que la promesse d’un quotidien des plus normaux, de cela précisément qu’il n’avait jamais et qui, pour lui, avait tout le charme de l’exotisme : un couple normal.
Bien sûr, il n’y avait pas jusqu’au quotidien du génie surhumain qui ne fût différent de celui du reste de l’humanité et jamais il ne pourrait s’installer avec Léon dans un canapé pour regarder le film du dimanche soir. Au fond de lui, il savait pertinemment que les difficultés les plus considérables naitraient peut-être de la déformation que sa mutation apportait à toute chose, à sa manière même d’être dans le monde, mais la promesse de ces jours tranquilles, où, main dans la main, Léon et lui feraient des remarques désobligeantes sur le style vestimentaire des passants, était trop belle pour qu’il n’y crût pas.
Alors quand Léon l’interrogea sur l’intérêt qu’il portait à ces promesses de futur, Koji hocha timidement la tête, comme si des paroles eussent menacé l’agréable perfection de ce tableau idyllique. Alors plus que jamais, il désirait que Léon signât ce contrat précisément de la manière qu’il avait décrite et Koji n’imaginait en cet instant point de plus grand plaisir que celui de se sentir fragile, insouciamment fragile, dans des bras protecteurs.
Mais Léon n’était manifestement pas homme à accéder si simplement à ses désirs et Koji se félicitait intérieurement d’avoir mis le grappin sur un amant aussi entreprenant et dont l’esprit d’initiative s’accordait à merveille avec ses propres projets. Le jeune pencha légèrement la tête pour mieux offrir sa nuque aux baisers et, dans une légère cambrure, son corps vint chercher les caresses de Léon.
Il était vrai qu’éveiller le désir d’un jeune homme dans la force de l’âge ne constituait pas exactement un tour de force, qu’éveiller celui de Koji était notoirement aisé et que lorsque Koji sortait d’une période d’abstinence imposée, l’entreprise était la plus simple qui fût ; mais quelque conscient qu’il fût d’avoir longtemps été ce que l’on pouvait appeler un garçon facile, le Japonais n’en trouvait pas moins que ce désir-là était différent — plus noble et moins anxieux, en quelque sorte.
En sentant soudainement le mur contre son dos, Koji ne chercha pas à réprimer un gémissement évocateur qui suggérait assez une impatience à laquelle il était pourtant lui-même bien décidé de ne pas satisfaire immédiatement. Cependant, la force virile avait trop d’empire sur lui pour qu’il refusât à son amant le spectacle des sensations qu’il éveillait.
Les lèvres de Léon n’eurent pas grand mal à remporter leur assaut et déjà celles de Koji se présentaient pour signer leur plus complète reddition. Le corps du jeune homme se pressait contre lui de son amant et il était heureux que Léon songeât à la blessure du génie, car lui-même ne semblait pas y accorder la moindre attention, bien trop occupé à se livrer entièrement à son compagnon.
Les bras passés autour du cou de Léon, Koji mêla un nouveau gémissement à leurs baisers quand son compagnon le défit de son tee-shirt avec un mépris total pour le patient travail des couturières qui l’avaient assemblé mais une intuition très judicieuse des actions susceptibles de séduire celui qui le portait. En cet instant précis, Koji oubliait toutes ses bonnes résolutions et n’avait plus qu’une envie : que Léon concrétisât sans attendre ces belles promesses.
Leurs lèvres se séparèrent et, le souffle court, Koji observa Léon comme un être incroyable. A l’intelligence incisive et parfois froidement analytique du mutant s’était substituée, dans son regard, une passion tumultueuse et émerveillée, qui faisait douter que Koji fût tout à fait en état de bien comprendre ce qu’on lui allait dire, de comprendre, à vrai, tout ce qui n’impliquait pas une étreinte charnelle immédiate et brûlante.
Le jeune homme se mordit la lèvre en entendant les propos plus qu’évocateurs de son compagnon — ou peut-être était-ce le trajet fort explicite du doigt de Léon qui lui faisait mieux comprendre, dans son état second, les intentions du jeune homme à Koji. Pressé contre son amant, Koji avait l’air d’une proie qui rêve de son prédateur et d’un prédateur qui rêve de sa proie, à la fois entièrement offert et tout à fait dominateur.
« Je… Je… »
Il peinait à reconstituer la chaîne de ses intentions que la parfaite signature de Léon avait réduite en miettes. Les seuls mots qui se présentaient avec un peu dans son insistance dans son esprit étaient « fais-moi l’amour » et quoiqu’il fût certain que ce n’était pas précisément ce qu’il avait prévu d’abord, il ne voyait pas d’activité plus intéressante en cet instant précis. Mais la pure physiologie vint au secours d’un esprit défaillant et la faim qui travaillait son estomac ramena à son esprit des considérations plus terre à terre.
Un peu à contre-coeur, il murmura :
« Manger. On a dit qu’on allait… Manger. »
Ne pas penser à la main de Léon au bas de son dos. Voilà. Très bien : c’était la clef du succès. Se détacher de lui. Koji recula de quelques pas et laissa son regard dévorer Léon. Non. Manger de la nourriture. Le jeune homme se débarrassa des lambeaux de son tee-shirt, espérant trouver dans ces gestes qui n’impliquaient pas de sauter sur son amant une source d’apaisement.
Détournant au prix d’efforts considérables son regard de Léon, il tenta de reprendre la conversation de la voix la moins brûlante dont il fût capable.
« Donc on va aux cuisines… En bas. Et on va faire à manger. Voilà. »
Penser : nourriture. Léon nu. Non : nourriture. Léon en train de… Nou. Ri. Ture.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Mar 5 Juin 2012 - 14:33
Ce qui ne devait être à l’origine qu’un simple baiser viril contre un mur en guise de signature de contrat était en passe de devenir un échange d’un autre niveau et les signataires ne semblaient plus être en mesure de reprendre le contrôle de la situation mais le voulaient-ils vraiment ? Leurs corps et les baisers ardents échangés parlaient clairement pour eux et il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre dans l’histoire, à leur grand plaisir vous vous en douterez bien.
Les gémissements de Koji sous l’assaut des lèvres de Léon avaient pour effet de redoubler les efforts de ce dernier dans l’activité qu’il était en train de mener sur le corps de ce compagnon. Et bientôt, il n’y avait plus qu’une seule pensée qui occupait l’esprit enflammé du chinois : ne faire qu’un avec son amant. Il tentait de faire de son mieux pour faire passer ce message à son compagnon, à travers ses mains glissants sur tout le corps de celui-ci, de ses baisers à divers endroits dudit corps et à la façon dont il le serrait contre lui.
Koji avait commencé à prendre la parole que Léon pressa ses lèvres contre les siennes, comme une façon de lui faire comprendre que l’heure n’était pas à la discussion. Mais le japonais avait profité d’un moment où le mutant des eaux était trop occupé à imprimer la peau délicate de son amant de baisers sulfureux pour rappeler à ce dernier qu’ils avaient originellement prévu d’aller manger. Ce à quoi répondit Léon d’un air pas du tout candide et d’une voix encore moins innocente.
- N’est-ce pas ce qu’on est en train de faire ? Ah non, je me trompe : ceci n’est que l’entrée. Mais ce n’est rien à côté de ce que te réserve le plat principal ET le dessert…
Mais finalement, Koji parvint à se détacher de l’étreinte de son amant avant de retirer ce qui restait de son t-shirt déchiré pendant la signature du contrat. La vision de son compagnon torse nu était loin de calmer les ardeurs de Léon mais celui-ci parvint tout de même à calmer ses pulsions, chose pas vraiment aisée quand se présentait devant un Koji à moitié dénudé. Ce dernier lui rappela à nouveau d’une voix assez mal contrôlée qu’ils devaient aller dans les cuisines. La vision de son japonais qui semblait être tiraillé entre se nourrir et continuer ce qu’ils étaient en train de faire il y a moins d’une minute fit sourire Léon. Ce dernier se rapprocha du génie et le prit tendrement dans ses bras, comme pour lui faire signifier qu’il avait gagné cette bataille.
- Très bien. Allons dans les cuisines trouver de quoi remplir ton joli ventre. Mais ne va pas croire que j’en ai fini avec cette signature de contrat. Il me reste toujours quelques points à examiner…
Et comme pour appuyer ses dires, les mains de Léon glissèrent jusque dans les poches arrière du jean de Koji et imprimèrent une légère mais ferme pression à cet endroit. Le regard du chinois brillait toujours d’une lueur coquine mais contrairement à il y a quelques instants, celle-ci était sous contrôle. Elle ne semblait pas moins emplie de promesses et de projet en ce qui concernait le génie.
- Mais pour l’heure, rendons-nous dans ces cuisines avant que j’oublie que tu es affamé. Quelque chose de tente en particulier ? Et pense à mettre un t-shirt, tu ne peux décemment pas sortir habillé de la sorte, qu’as-tu fait du t-shirt noir que tu portais ?
Un sourire amusé s’était dessiné sur le visage de Léon alors qu’il dévisageait son amant qui se trouvait toujours dans ses bras. Il le libéra néanmoins afin de lui laisser la possibilité d’aller chercher un vêtement de rechange pendant que lui-même se dirigeait vers la porte d’entrée, le cœur gonflé d’allégresse et un sourire toujours accroché à ses lèvres. Alors qu’il était sur le point d’ouvrir la porte, Léon se retourna vers Koji afin de lui poser une question.
- Ah au fait, comment souhaites-tu aller dans la cuisine ?
Cette question seule pouvait paraître idiote, aussi Léon se dépêcha d’être plus précis dans ses paroles.
- Je voulais dire… Y va-t-on comme des amis ? Il leva son bras en direction de Koji, la main ouverte et la paume tournée vers le plafond pendant qu’il le regardait avec des yeux remplis d’affection et qu’un sourire quelque peu gêné avait pris place sur son visage… Ou comme un couple ?
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Mer 6 Juin 2012 - 22:53
Ces longs mois de sage isolement avaient presque réussi à faire oublier à la mémoire la plus parfaite du monde combien il était difficile de raisonner un individu masculin, une fois qu’il était engagé sur les chemins de la chair. Koji enregistra dans un coin de son esprit une conclusion désormais trop évidente : il ne fallait pas compter sur Léon pour se montrer raisonnable.
D’ailleurs, Koji n’était pas très sûr de pouvoir compter sur lui-même. Comme le début de la réponse de son compagnon semblait devoir repousser ses considérations culinaires avec la même espièglerie brûlante qui était celle du Chinois depuis quelques minutes, le jeune homme était prêt à se laisser entièrement convaincre pour se jeter à nouveau sur son amant et le forcer à concrétiser ses déclarations.
Ainsi, Koji n’opposa évidemment pas la moindre résistance quand Léon entreprit de le reprendre dans ses bras et si la tendresse dont l’homme faisait preuve tempérait la passion violente qui avait été la sienne quelques secondes plus tôt, elle ne suffisait pas à dissiper les imaginations sensuelles de Koji, qui se contentait à présent de rêver à une étreinte longue et douce plutôt que soudaine et un peu brutale, et il était sensible aux plaisirs de l’une comme de l’autre.
Et les mains qui s’égaraient sur ses fesses n’étaient pas faites pour dissiper ces troublantes images. Le Japonais se cambra un peu plus contre le corps de son compagnon et, d’un air parfaitement inattentif, plongea son regard brûlant dans celui de son interlocuteur sans prêter la moindre attention aux nouvelles paroles, justement beaucoup plus sages, de Léon.
Ce ne fut que lorsque Léon se détacha de lui (une éventualité que Koij avait pourtant soigneusement écartée de ses projets d’avenir) que le génie reprit contact avec la réalité qui ne pouvait qu’être sinistre, puisqu’elle n’impliquait pas qu’on lui palpât les fesses. Comme s’il venait de se réveiller d’un long sommeil, il posa un regard un peu égaré sur Léon.
« Quoi ? »
Fort heureusement, son esprit s’était chargé de conserver une copie parfaite de la scène qui venait de se dérouler et, en consultant ses archives personnelles, Koji reprit le fil de la conversation qu’il avait lui-même initiée.
« Ah oui. Manger. Mon tee-shirt. Espèce de sauvage ! »
C’était manifestement un compliment beaucoup plus qu’un reproche et il était vrai que dans ce domaine, Koji n’avait jamais eu la réputation d’être très calme. Il appréciait certes une étreinte douce et aimante de temps à autre (du moins le supposait-il, car il n’était pas certain d’en avoir jamais connu une semblable), mais ses goûts en général étaient un peu moins civilisés.
Chassant tant bien que mal à l’arrière-plan de ses pensées les séduisantes perspectives que le mot sauvage avait opportunément développées en lui, Koji se retourna vers son armoire et, conscient qu’il serait poli de ne pas s’éterniser comme à son habitude devant sa garde-robe, il attrapa au hasard un tee-shirt rouge pour remplacer le précédent, l’enfila et se retourna vers Léon avec un sourire.
Qui ne tarda pas à s’effacer. Ses yeux noirs se posèrent alternativement sur la main qu’on lui tendait et le visage attendrissant qu’on lui présentait.
« Oh. »
Koji ou l’art des réponses peu engageantes. Il se rapprocha de son amant, le poussa doucement contre la porte pour l’empêcher de l’ouvrir et lui prit la main, conscient que des explications s’imposaient pour que sa réaction ne fût pas trop mal interprétée. C’était qu’incidemment, Léon abordait un sujet fort sensible, dont Koji avait exploré les implications complexes dès l’instant où il lui avait paru que leur relation se concrétisait.
« On y va en couple, bien sûr. »
Il avait employé un ton prudent qui suggérait que sa déclaration n’était pas sans nuance future. Comme il avait repris son sérieux, il cessait soudain de faire la démonstration de cette once de soumission envoûtante qui avait semblé, à l’instant, inviter Léon à prendre totalement le pouvoir sur lui et il redevenait le vivant paradoxe d’une personnalité certes point tyrannique, mais indubitablement dominatrice et maîtresse de son environnement, cachée derrière des traits fragiles.
« Je veux dire, je ne pense pas que cela pose de problèmes. Je ne suis plus mineur, je suis un résident et pas un élève ici et on peut difficilement t’accuser de profiter de ma naïveté ou de mon innocence. »
A vrai dire, Koji eût presque préféré qu’il y eût des raisons objectives pour justifier sa réaction guère enthousiaste devant la main tendue de Léon, des raisons que l’on n’eût pas pu discuter, dont il eût été impossible de se vexer. Une main posée sur le torse de Léon, l’autre caressant celle qu’elle tenait du pouce, Koji parut hésiter un moment, avant de glisser d’un air un peu embarrassé :
« C’est juste que, tu sais… Je suis moitié Japonais, moitié Britannique. Ca ne dispose pas particulièrement aux démonstrations publiques d’affection. »
C’était le moins que l’on pût dire. A vrai dire, Léon était chanceux que Koji ne cultivât pas la réserve dont faisaient preuves certains de ses compatriotes asiatiques même dans l’intimité.
« C’est pas forcément une question de public, d’ailleurs. Je suis pas toujours très chaleureux en fait… Que les gens sachent qu’on est en couple, ça ne me gêne pas. Absolument pas. Mais… Enfin, j’sais pas. C’est juste que y a des trucs que je fais pas, que j’aime pas particulièrement. Genre, se tenir la main. Ou… Les baisers rapides, comme ça, en passant. Je trouve ça déplaisant. »
Koji essayait d’adoucir, par le ton de sa voix et la tendresse de sa caresse, ce que ses paroles pouvaient avoir de rude. Comme il songeait aux reproches qu’avaient pu lui faire ses précédents amants, dans les circonstances quotidiennes de la vie, il craignait un peu la réaction de Léon, comme il craignait aussi qu’il n’en eût aucune et qu’il estimât qu’il exagérait des détails pourtant bien réels.
« Ensuite, il y a des choses que je trouve très agréables, que j’aime beaucoup que l’on fasse, mais que je ne fais pas. Et c’est très injuste, bien sûr. Genre… Les mots tendres. Comme… »
Koji rougit et son embarras augmentait lorsqu’il songeait au mot que Léon avait laissé échappé plus tôt. Il détourna évasivement les yeux.
« Comme tout à l’heure. Enfin, voilà. »
Un peu timidement, il s’empressa d’ajouter :
« J’suis désolé… »
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Jeu 7 Juin 2012 - 0:15
La première pensée qui traversa l'esprit de Léon lorsqu'il vit la réaction de son amant à la main qu'il était en train de lui tendre, c'était que le japonais ne souhaitait probablement pas être vu en public avec un homme de son âge. Après tout, il avait été jeune et il savait combien les apparences et les opinions de son entourage était importants. La plupart des jeunes adultes étaient encore très attachés au paraître qui était l'aspect dominant dans les relations qu'ils entretenaient avec leur environnement.
Bien qu'il était certain que Koji ne faisait pas parti de ces personnes obsédées par ce que les gens disaient de sa personne, de ses fréquentations et autres ragots, l'hésitation qu'il venait de percevoir de sa part lui fit quand même se questionner à propos de cette possibilité.
Toujours un peu troublé, Léon se laissa adosser à la porte et s'attendit à ce que Koji lui annonce qu'il souhaitait garder leur relation secrète. Bien évidemment, cela ne posait aucun souci à Léon qui souhaitait surtout être auprès du génie mais le fait qu'il n'aurait peut-être pas la possibilité de partager son bonheur auprès de ses amis l'attrista quelque peu mais bon... si cela était le prix à payer, il le paierait plus que volontiers. Cependant, à son grand plaisir, le japonais lui répondit qu'ils iraient en tant que couple mais le ton de sa voix laissa supposer qu'il n'allait pas s'arrêter à ces seules paroles.
Koji précisa alors que l'éthique, la morale ou quoique ça pouvait être était sauve car ils n'enfreignaient aucune règle en se mettant ensemble mais Léon comprit presqu'immédiatement que ce n'était pas réellement ce détail qui tracassait son compagnon. Pendant que la main qu'il avait glissé dans la sienne amorçait un mouvement de caresse, la main de Koji qui était jusqu'à maintenant restée inactive, vint se poser sur le torse de Léon, un peu comme si le japonais cherchait du réconfort ou du courage à travers ce contact afin de réellement pouvoir révéler ce qui le troublait.
La véritable raison prit un peu Léon à contre-pied, mais dans le bon sens. Lui qui s'attendait à un refus catégorique d'annoncer leur relation, se sentit soulagé lorsque Koji lui annonça qu'il était gêné par les démonstrations publiques d'affection. Il écouta son amant jusqu'au bout sans mot dire, sans montrer la moindre réaction à ses paroles et même lorsque finalement Koji s'excusa de ce trait de personnalité, Léon demeura silencieux et immobile, un peu comme s'il était sous le choc de la nouvelle. Puis son torse commença à s'agiter, lentement au début puis de plus en plus rapide et finalement un immense éclat de rire envahit la pièce.
Et il continua à rire pendant qu'il prit (encore) Koji dans ses bras et l'enlaça tendrement. Et lorsqu'il prit le soin de répondre à son compagnon, on pouvait encore distinguer quelques échos de rire dans le ton de sa voix.
- Oh Koji, tu es si sérieux que tu en deviens mignon. Non pas que tu ne l'étais pas avant. En voyant ta première réaction, j'ai pensé au pire et finalement, tu me dis que c'est simplement parce que tu n'aimes pas les démonstrations publiques d'affection. Dois-je te rappeler que j'ai également du sang asiatique dans les veines? A vrai dire, je ne suis pas vraiment pour l'idée d'exhiber notre affection aux yeux de tous alors de ce côté-ci, on est sur la même longueur d'onde.
Les mains de Léon remontèrent jusqu'aux épaules de Koji et tendrement, il desserra son étreinte afin de pouvoir fixer les yeux du japonais. Au passage, il vola un tendre et long baiser à son amant, juste pour se rappeler le gout de ses lèvres. Elles étaient toujours aussi délicieuses d'ailleurs.
- Lorsque je t'ai tendu la main et demandé si tu préférais qu'on y aille en couple, c'était plus dans le sens de "Est-ce qu'on peut s'afficher publiquement comme un couple ou doit-on rester dans le secret?". Je n'avais pas l'intention de descendre jusqu'aux cuisines en te tenant la main et en t'embrassant à chaque fois qu'on aurait croisé quelqu'un. Je préfère garder toute l'affection que j'ai pour toi pour les moments où nous sommes seuls, comme tout à l'heure et d'ailleurs, je crois que ça t'avait bien plu...
Le chinois eut un sourire en coin à l'évocation de leur activité d'il y a quelques minutes. Le souvenir était toujours chaud dans son esprit, ainsi que dans son corps. Ces deux parties de l'être qu'était Léon semblaient déjà être en manque du contact avec le corps de Koji, les lèvres de Koji, les gémissements de...
Léon secoua légèrement la tête pour chasser ces pensées plus que tentatrices de sa tête, et se concentra à nouveau sur ce qu'il avait à dire au japonais.
- Quant aux choses que tu trouves très agréables mais qui te font visiblement rougir rien qu'à y penser... bah tu devras t'y habituer parce que je ne compte pas m'arrêter. Ce sont des surnoms qui me viennent naturellement en tête que je pense à toi.
Léon glissa l'une de ses mains sous le menton de Koji et l'amena à croiser son regard. Il le regarda intensément avant de lui donner une légère tape sur les lèvres.
- Et ne sois pas désolé. Il faut bien que ce genre de choses soit partagé dans un couple. Il nous faudra encore un peu de temps pour apprendre à se connaitre, on ne sera pas toujours d'accord, on se disputera même quelques fois mais tu n'as pas à t'excuser d'être comme tu es. Maintenant, j'aimerais que mon chéri me donne un baiser pour me faire comprendre qu'il a bien compris, qu'on puisse aller faire notre premier repas en amoureux et remonter faire des choses assez intéressantes...
La lueur presqu'éteinte dans les yeux de Léon se rallumèrent légèrement, comme lorsqu'on soufflait sur des braises afin de raviver un feu. Un sourire coquin commença même à s'étirer sur les lèvres du chinois. Dans tous les cas, on ne pourra vraiment pas dire que Koji n'attisait pas le désir chez Léon.
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Jeu 7 Juin 2012 - 8:57
Koji avait beau être l’homme le plus intelligent du monde et se sentir aussi vieux et sage que le chêne de Saint Louis, il n’en était pas moins susceptible pour autant et le rire de Léon, qui accueillait une déclaration qu’il avait trouvé difficile et embarrassante, le vexa dans un premier temps plutôt qu’il ne le soulagea et si Léon ne l’avait pas pris presque aussitôt dans ses bras, sans doute le jeune homme se fût-il écarté.
Après tout, était-ce une façon de recevoir ce qu’il lui avait dit, que de se moquer de lui ? Car sans doute Léon se moquait — il le trouvait ridicule, c’était évident. Une moue boudeuse s’installait sur le visage de Koji, mais cette expression, qui n’avait guère pour effet que de lui donner l’air mutin, n’aidait pas à rendre ses silencieuses protestations beaucoup plus convaincantes.
Mais les explications de Léon contraignirent Koji à se montrer un peu plus raisonnable et ce fut ainsi sagement et avec une relative bienveillance que le jeune homme leva les yeux vers son aîné. Sans doute cet accord était-il un soulagement, mais Léon lui paraissait si prompt à balayer ses questions, si insouciant, que le jeune homme ne pouvait s’empêcher de songer que le Chinois ne mesurait peut-être pas tout à fait dans quel enfer il venait de se fourrer.
Si le petit génie ne concevait aucun doute quant à sa capacité à satisfaire les aspirations les plus charnelles qui naissaient (de toute évidence) dans son amant, il était beaucoup confiant dans le succès des autres parties de la relation et, pendant de longs millièmes de secondes, il songea que la complaisance dont il avait fait preuve pour prolonger les étreintes qui les avaient séparés du moment fatidique du repas n’était pas étrangère à une certaine crainte qu’il avait de quitter le seul domaine où il se sentît à la hauteur.
Il y eut donc peut-être une ombre de tristesse lorsque les lèvres de Koji, encore chaudes du dernier baiser, trouvèrent docilement le chemin de la joue de Léon, lorsque ce dernier eût fini des explications qu’il avait voulu rassurantes mais dont il était impossible de deviner exactement l’effet dans le labyrinthe inextricable de l’esprit du Japonais.
Pendant quelques secondes, Koji resta immobile, la tête posée contre le torse de Léon. Son silence songeur et un peu mélancolique suffisait à refroidir l’atmosphère brûlante de la chambre. Ils n’avaient pas même quitté cette pièce que déjà le jeune homme offrait à son tout nouveau compagnon une démonstration de l’instabilité de son humeur, l’une des nombreuses conséquentes néfastes de son pouvoir.
Dans ces moments, Koji paraissait inaccessible. Ce qui se passait dans son esprit était si étranger au reste de l’humanité qu’il était vain pour ses interlocuteurs, quelque affection qu’ils eussent pour lui, de tenter de démêler ces pensées sinistres. Et déjà l’intelligence de Koji avait noué, entre la situation présente, le problème presque insignifiant et déjà réglé qu’ils avaient affronté, et d’autres situations passées, plus douloureuses, plus considérables, des liens parfois évidents, souvent tout à fait obscurs, qui faisaient émerger à la surface de sa conscience des souvenirs conservés intacts de souffrances pourtant déjà lointaines.
Au bout de ces secondes qui étaient pour l’esprit du mutant une éternité, Koji se détacha finalement de son compagnon et, le regard sombre, fuyant, la voix triste et lointaine, il murmura :
« On y va… J’peux pas… Faut qu’je sorte. »
Tout se passait comme si Koji, dans le même temps qu’il conversait avec Léon, vivait une existence terrible, entièrement indépendante, toujours mystérieuse pour celui qui était tout près de lui, mais dont les conséquences se développaient dans sa vie véritable pour en empoisonner les moments les plus doux. Rejeté en lui-même quand les ardeurs de la chair ne l’occupaient pas entièrement, Koji était très loin d’avoir la spontanéité joyeuse dont il avait fait preuve jusqu’à présent.
Parfaitement conscient de l’effet désastreux que cette brusque saute d’humeur pouvait avoir sur sa relation à peine naissante mais bien incapable de les prévenir, Koji glissa la carte magnétique dans la serrure de la porte, sortit, referma derrière Léon et se mit à marcher, la tête baissée, dans les couloirs de l’Institut, les mains enfoncées dans les poches.
La conscience du bonheur à portée de main rendait plus délicate encore son éternelle navigation d’écueil en écueil. Naïvement, il avait cru un instant que Léon lui apporterait tout le calme nécessaire pour surmonter les effets désagréables d’une mémoire trop parfaite et d’une intelligence trop prompte aux rapprochements, mais il comprenait à présent qu’il ne pouvait que composer avec son pouvoir, jamais le fuir.
Sans un mot, sans regarder précisément le chemin qu’il empruntait, gravé dans son esprit déjà, Koji conduisait le directeur vers les cuisines et il avait l’air si absorbé par ses pensées que toute tentative de l’en extraire devait paraître vaine. Un observateur extérieur, en voyant passer les deux Asiatiques, eût supposé sans doute que le directeur venait de réprimander un élève qui, par conséquent, broyait du noir.
Les deux hommes parvinrent finalement aux cuisines dans un état d’esprit fort différent de celui qui avait été le leur dans la chambre. Koji poussa la porte et le premier objet qui se présenta à sa vue fut un couteau qu’un élève un peu indélicat avait laissé sur le plan de travail sans songer à le ranger. La machine de son esprit s’empara aussitôt de cette image pour l’injecter au flot de réminiscences qui, depuis quelques minutes, l’occupait entièrement.
Mais ce n’était plus cette fois-ci ses échecs amoureux et les films simultanés et ininterrompus de ses relations catastrophiques qui occupaient l’esprit ; la lame du couteau avait éveillé en lui des souvenirs beaucoup plus concrets et beaucoup plus traumatisants, des souvenirs dont sa mémoire avait soigneusement précisé tous les détails, comme à son habitude ¬— car la mutation de Koji avait aboli en lui bien des mécanismes naturelles de protection et la douleur physique avait été aussi enregistrée aussi méticuleusement que n’importe quelle sensation plaisante.
Aussitôt, le jeune homme fit volte-face pour s’adosser au mur du couloir qui menait à la cuisine. Le repas en amoureux promettait décidément d’être très agréable.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Koji Ashton] Jeu 7 Juin 2012 - 12:23