Gabrielle avait été engagée il y a quelques semaines par l'Institut à Londres pour s'occuper des mutants. La jeune femme avait sauté sur l'occasion. Elle-même mutante, elle s'était toujours passionnée pour la question et avait notamment rédigé de nombreux articles sur le sujet: la difficile découverte des pouvoirs à la puberté, la question de la construction de l'identité, le problème de leur altérité...Gabrielle était intarissable mais à présent, il était question d'une action plus directe. Gabrielle serait mise face à ses problèmes sur lesquels elle avait tant disserté et son rôle serait d'aider ses jeunes à mieux s'accepter et à évoluer. Une lourde tache...
Elle était donc arrivée en fin de matinée et s'était installée dans sa chambre au deuxième étage de l'aile Ouest. La chambre était agréable, très moderne et plutôt grande pour une seule personne, surtout que la jeune femme n'avait connu auparavant que des résidences étudiantes lors de ses études. Elle avait rangé ses affaires dans la penderie et prit une bonne douche pour la délasser du voyage. Elle se plaça face à la glace et se tira la langue.
*Déride toi ma vieille! * se lança t'elle en observant son reflet.
Devait elle s'attacher les cheveux et porter l'un de ses tailleurs pour se donner un air plus professionnel? Elle observa ses boucles folles et les habits confortables qu'elle avait enfilé dans la perspective du travail. Elle faisait si jeune ainsi sans maquillage! C'était toujours l'une de ses préoccupations, en tant que femme, mutante, elle avait toujours à cœur qu'on la prenne au sérieux et qu'on reconnaisse ses compétences. Elle poussa un soupir et sortit de la salle de bain. Elle s'arrêta à la fenêtre qui donnait sur un magnifique parc arboré. Il fallait admettre que le panorama valait le coup mais pour l'instant, Gabrielle se sentait accablée par l'importance de son rôle. Elle savait qu'elle n'avait pas opté pour la solution de facilité mais au moins, elle serait utile, non? Elle aurait un véritable rôle? Et pourquoi pas à terme une famille?
Elle repoussa ses pensées d'un geste agacé de la main. Ce n'était pas le moment de se psychanalyser. En un instant, elle se reprit en main et décida de ce qu'elle allait faire. Tout d'abord se changer et mettre des affaires plus élégantes mais sans tomber dans l'excès de professionnalisme, après tout, ils allaient tous vivre en commun. Ensuite, découvrir son environnement de travail et pourquoi pas faire la connaissance des pensionnaires dans un cadre plus intimiste que son bureau.
Rasséréné par son plan, la jeune femme se mit au travail. Elle opta tout d'abord pour un joli jean, assez simple et décontracté auquel elle ajouta un joli corsage corail d'un tissu doux qui mettait en valeur son teint de porcelaine. Elle coiffa ses boucles pour les discipliner et se maquilla légèrement pour estomper son air juvénile.
Allez courage, ils ne vont pas te manger tout cru dès le premier jour* se lança t'elle en guise d'encouragement.
C'est ainsi qu'elle ouvrit la porte et partit se promener à l'aveuglette dans l'Institut.