Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Sujet: [Chambre de Miss Lemington] Dim 13 Juin 2010 - 23:05
Quand on pénètre dans l’Antre du Cerbère, on a l’impression de profaner un sanctuaire. Peu d’individus osent s’y aventurer et peu nombreux encore sont ceux qui y sont conviés. Pourtant, rien ne distingue cet endroit d’une autre chambre du bâtiment. Vaste pièce aux murs bordeaux et gris située au fond du couloir dans l’aile des adultes, une large baie vitrée donnant accès à une petite terrasse laisse entrer la lumière du jour et les rayons lunaires la nuit. En face de cette fenêtre, un fauteuil en tissu, confortable mais usé par les innombrables nuits où ses coussins ont accueilli les insomnies chroniques de la mutante. A côté de ce fauteuil, une table basse. Où trainent quelques tasses et divers papiers. Rien de très intéressant. Le seul endroit peut-être désordonné dans cet univers sobre et rangé, à l’image de sa propriétaire.
Lorsque vous entrez dans la pièce, votre regard tombe d’abord sur un grand tapis assorti aux murs, suivi d’un lit à votre droite, non loin d’une commode. Meuble en chêne, assez banal mais solide renfermant certainement quelques vêtements. Pantalons pour la plupart, la mutante ayant horreur des jupes et ne portant que très rarement des robes. Sur votre gauche, l’œil est attiré par le meuble sans doute le plus imposant de la pièce. Le bureau de la Cerbère, derrière lesquels sont impeccablement rangés des dizaines, non des centaines de livres, sur trois étagères. Parmi ces livres se côtoient tant les romans classiques, que les encyclopédies ou bien encore quelques biographies. Un petit ordinateur portable –verrouillé- trône sur le bureau, avec quelques feuilles et des crayons. A première vue, rien de compromettant là encore. La mutante ne laisse rien traîner. Par souci de sécurité d’abord, parce qu’elle a toujours été très ordonnée ensuite.
S’il y a des choses à découvrir dans la chambre de Samarah, celles-ci ne sont pas visibles au premier coup d’œil, mais soigneusement dissimulées. Reste à savoir quels sont les endroits susceptibles d’acceuillir les secrets d’une Cerbère… Bureau ? Tiroirs ? Etagères ? Et surtout quels sont les secrets qui méritent autant de protection ? Souvenirs ? Testament ? Photos ? Dossiers confidentiels ? Analyses médicales ? Lettres ?
Car bien évidement, tous les tiroirs, armoires et autres cachettes potentielles sont verrouillés…S'il y a bien quelque chose que la mutante tient à garder loin du regard des curieux, c'est sa vie privée et tous les problèmes qu'elle recèle. La seule chose que vous remarquerez probablement sans aucun problème ce sont les miroirs dans la chambre et la salle de bain, tous invariablement brisés...
Dernière édition par Miss Lemington le Lun 14 Juin 2010 - 20:23, édité 1 fois
Luc Treanez
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Lun 14 Juin 2010 - 1:34
(Scénar 5)
Les choses allaient de pire en pire. Alors qu'ils rejoignaient le bureau de la directrice, Virginie avait reçu des informations inquiétantes, comme quoi Kenjiss aurait lui aussi disparu il y avait environ quatre jours. Lemington et Kenjiss... Luc avait eu plus ou moins un aperçu de leurs puissances respectives, et avait surtout trouvé des infos sur eux qui trainaient sur le web qui laissaient croire qu'ils étaient parmi les plus puissants mutants de la planète.
Nakor avait décidé finalement de faire bouger les choses. Il voulait que Virginie et lui même aillent vérifier s'ils ne trouvaient pas une trace de la Cerbère, pendant que lui allait secouer les cocotiers de la directrice et faire bouger les rouages de la machine de l'Institut. Mais tout n'allait pas comme on le voulait évidement. Virginie aperçu deux étudiants, ou plutôt un étudiant et un pensionnaire de l'Institut, en la présence de Koji Ashton, l'ami de Virginie dont elle lui avait si souvent parlé, qui était d'après elle un véritable génie et un adorable compagnon de parlote. Ils furent vite fait au courant de la situation, et Mr ashton décida qu'avant d'aller tremper la chemise sous la pluie qui tombait maintenant à dru, il valait mieux aller chercher des indices qui pourraient les guider dans la chambre de la Cerbère. En passant, ils embarquèrent Arthur, qui visiblement n'arrivait pas à rester en place à l'infirmerie et les avait suivit. Luc s'approcha de lui.
Tu es pas possible toi.... bon tu reste calme sinon je te renvoie manu militari à l'infirmerie, et là tu te demandera ce qui est le moins douloureux: moi qui me suis occupé de ton derrière ou les sales gosses de ce matin. Capiche?
Luc n'avait pas envie qu'il lui arrive encore malheur aujourd'hui.
Le petit groupe se dirigea vers l'étage des chambres, croisant de nombreux élèves qui se demandaient qu'est-ce qu'il pouvait bien se passer en voyant les visages fermés, et fit une halte devant la chambre de Koji. Celui ci se lança dans un discours. Luc le coupa.
Désolé de te couper Koji, mais je pense qu'on peut oublier la petite confrontation entre ces deux là. Je te rappelle qu'ils sont parmi les plus puissants mutants au monde. Si confrontation il y a eu, on en aurait parlé depuis longtemps, quelque soit l'éloignement de la civilisation qu'ils ai pu choisir. Un combat entre deux mutants de cette envergure ne se passe pas sans dommage collatéraux ou signes. Personnellement je penche plutôt pour l'enlèvement au vue des circonstances. Par qui?? Je ne le sait pas le moins du monde.
Une fois que Koji eu embarqué tout son petit matériel, le groupe s'enfonça dans les couloirs jusqu'à la porte de la chambre de Lemington. Le petit génie s'occupa à forcer la serrure électronique de la porte, qui s'ouvrit comme par magie. Ils pénétrèrent dans la chambre. Luc jeta un coup d'oeil rapide. Rien de flagrant à première vue. Le lit était fait, pas de désordre, c'était même tout le contraire, rien de bien personel comme des photos ou autres objets du même acquabit, et une bonne centaine de livres rangés au dessus d'un bureau occupé seulement par un ordinateur portable, surement sécurisé. Peu de papiers trainaient sur le bureau, et ils ne semblaient pas important à première vue.
Bon... qu'est-ce qu'on doit chercher à votre avis?
Artie Chastel
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Lun 14 Juin 2010 - 23:22
Dès l’instant où Artie vit Koji passer devant sa cachette, il sut que son plan d’épier le groupe allait tomber à l’eau. Il eut tout de même une lueur d’espoir en voyant que le jeune métisse passait devant lui sans rien remarquer, jusqu’à ce qu’il remarque une circonstance atténuante à cette distraction en la personne de Gaël, le jeune homme à la chevelure blanche. En les voyant ainsi, Artie se remémora cette nuit où il les avait rencontrés… ils étaient d’un calme perturbant. Très perturbant.
Le groupe finit par se séparer du vieillard qui préféra rester pour parler à la directrice. Ce fut en passant la deuxième fois devant l’alcôve que Koji finit par proposer à Artie de les suivre. Le garçon hésita, puis finit par sortir, penaud, sous les regards perplexes du reste du groupe. Il évita de croiser les yeux des autres, surtout ceux de Virginie. Il rougit lorsque Luc le réprimanda et acquiesça à la menace de lui botter les fesses.
Le groupe avançait vite, et Artie dut faire de même malgré son état. Il boitait légèrement. Beaucoup d’élèves le regardaient passer d’un air perplexe, auquel il répondait d’un regard farouche. C’était pas le moment de l’énerver. Sur le chemin de la chambre de la propriétaire, Aaron l’aborda à voix basse :
- Qu’est-ce que tu fais ? Je t’avais dit de te rester à l’infirmerie !
Artie lui lança un regard noir :
- Tu n’es pas mon père, je n’ai pas à t’obéir !
Aaron sembla sur le point de répliquer quelque chose d’acerbe, bouche ouverte, sourcils froncés, mais il se ravisa et se contenta de secouer la tête, faisant se balancer ses mèches blondes devant ses yeux. Artie l’observa pendant encore dix bonnes secondes, puis reporta son attention devant lui.
« Qui es-tu vraiment ? »
Ils passèrent par la chambre de Koji. Artie en profita pour y jeter un discret coup d’œil. Cela le surprit de voir à quel point le mutant était désordonné. D’ailleurs, Artie n’avait toujours pas saisi la complète identité de son pouvoir.
Son regard tomba sur un bout de dessin, caché sous une pile de livres. Bien peu de traits étaient visibles, mais Artie, en tant que dessinateur depuis tout petit, n’eut aucun mal à reconnaître la forme d’un menton. Quant à savoir à qui il appartenait… une petite idée se forma dans son esprit. Un embryon d’idée. Selon lui, Koji ne dessinait pas pour le plaisir de dessiner.
Ça y est, ils y étaient. Une porte comme les autres, à serrure électronique. Tandis que Koji forçait la serrure avec une facilité déconcertante, le groupe tergiversait sur leur récente conclusion quant à l’absence de la proprio. Artie, lui, n’écoutait qu’à moitié. Tout ce blabla ne l’intéressait guère. Il était hypnotisé par le ballet gracieux des doigts de Koji furetant avec le mécanisme d’ouverture de la porte.
Il y eut un déclic. Koji utilisa sa propre carte magnétique pour ouvrir la porte qui s’entrouvrit. Il la poussa et fit signe aux autres d’entrer. Artie rentra en dernier, derrière Aaron. Il longea le mur et resta en retrait, attendant que quelqu’un lui dise quoi faire. Alors que Koji s’attaquait à l’ordinateur de la disparue, le garçon regarda Aaron se mettre à fouiller dans les paperasses. Virginie s’approcha doucement d’Artie et s’agenouilla devant lui :
- Artie, on a besoin de toi… j’ai besoin de toi. Ce que je m’apprête à te demander est un peu… immoral mais il faut que tu nous aides.
Artie la regarda, ses grands yeux reflétant sa totale attention.
- J’ai besoin que tu fouilles dans les tiroirs de mademoiselle Lemington, déclara la jeune fille. Si tu trouves quelque chose d’inhabituel, comme un boitier caché dans les vêtements, ou des lettres… avertis-nous. D’accord ?
Artie hocha la tête :
- D’accord.
Pourquoi personne ne lui en disait plus ? Virginie lui sourit, posa une main sur sa joue puis s’en retourna aider les autres. Artie, un peu surpris de ce contact, se dirigea vers une armoire, s’agenouilla devant les tiroirs du bas et tira sur l’un d’eux. Il rencontra une résistance lorsque celui-ci refusa de s’ouvrir.
- C’est fermé ! annonça-t-il, la voix un peu tendue par la crainte qu’il ne puisse pas faire plaisir à Virginie en accomplissant son devoir.
Virginie Parish
Type Sigma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mar 15 Juin 2010 - 13:39
Au moins Nakor réagissait dans l’instant. Presque aussi vif qu’un jeune homme de vingt ans. Il avait élaboré les mêmes réflexions que son l’élève. Ce qui n’était pas très rassurant. Que tout le monde soit prévenu lui semblait essentiel. Pour ce genre de crise le savoir pouvait sauver. Des cas historiques le prouvaient, à travers toutes les frises, même les récits scolaires. Le plan du professeur était aussi simple que sensé. Il lui rappelait les scènes des films noirs. Quand le fantastique frôle le réel et que les protagonistes doivent… survivre. Alors le discours de l’aîné de passait pas pour un putsch mais pour une apostrophe général.
La jeune fille tiqua en entendant le nom de l’association s’y glisser. Ainsi sa deuxième activité était connu –aussi- des enseignants. Soit. Elle s’en arrangerait. Peut être même, que cela lui permettrait de quitter l’avatar de l’étudiante distraite et peu présente. D’ailleurs… il fallait prévenir Knowledge. Le Réseau pouvait, non allait, le réseau allait les appuyer. Nakor avait raison : un vivier, ils étaient tous de ce vivier. Kenjiss disparu la Confrérie aussi allait avoir besoin d’aide. Tous les mutants réunis. Un sacré miracles !
Virginie avait confiance en ce vieil homme. Il était le mutant le plus âgé de la bâtisse. Il devait déjà avoir géré ce genre de situation. Un titan à la toison de merlin. Oui avec toute sa détermination c’est l’image qu’il lui offrait. Il avait vécu des drames et son humanisme s’en était renforcé. Une sublimation extraordinaire. Il saurait se faire attendre par madame Hara. Madame Hara, une véritable princesse des éléments : une dirigeante. Mais différemment, de son confrère, monsieur Asakura. Cela faisait des mois qu’on n’avait put les croiser tous les deux. Les piliers de l’Institut se faisaient aussi invisibles que leur gardienne. C’était sans doute un choix. Un choix qui compliquait certaines avancées administratives.
Il voulait son numéro. C’était très …, quelques mois en arrière Virginie aurait tout simplement fuit. A toute jambe ! Un numéro. C’était une information si personnelle. Une donnée qui amenait la relation sur une autre strate. Mais l’heure n’était pas à sa timidité maladive. Et puis elle l’avait donné à beaucoup de monde ces derniers temps. Il lui fallut une seconde pour choisir. Celui de sa vie d’étudiante. Inutile de jouer avec le feu. Ses doigts agiles frappaient alors que son oreille était accaparée par la valse de Koji. Si le plan contenait une faille il la trouverait.
*+ 004 0953 9226 08 * Voilà.
Elle hocha positivement la tête. Les routes du sud. C’est ce qu’elle avait envisagé aussi. La route la plus logique si on voulait s’éloigner du manoir. Virginie adressa un dernier sourire à son papy de cœur. Ils se retrouveraient. Sa silhouette déjà dos à la porte. Ses yeux bleus, assombris par l’inquiétude, se posèrent instinctivement sur Koji. Elle le suivrait bien sur. Jusque dans les tréfonds de l’Alaska s’il le demandait. Un sourire plein de chaleur encouragea amicalement le jeu du séducteur. Gaël résisterait-il éternellement au charme d’un japonais anglais ? Direction le parking donc. Elle restait près de Luc laissant les devants aux deux amis.
-« Koji, tu ne crois pas que l’on devrais prévenir Mathilde ? »
Virginie était quasiment certaine que la jeune fille accepterait de participer. Elle s’arrêta comme les trois autres quelques pas plus tard. Artie. Une vague de contrariété monta simultanément. Elle n’était pas d’accord du tout. Le petit rebelle évitait ses yeux. Il avait probablement raison. Une jeune fille comme Virginie n’aurait pas permit un vagabondage dans les couloirs à peine deux heures après une bagarre ! L’aventure ne pouvait se vivre qu’en pleine possession de ses moyens. Luc et Koji étaient peut être trop vieux maintenant pour s’en souvenir. Quant à Gaël il ne contredirait pas les deux autres. Il fallait avoir un comportement cohérant. Elle se tut donc. Montrant sa désapprobation en reprenant la marche. Même si elle mourrait d’envie de le porter jusqu’à un lit en apercevant son boitement. Tête de mule ! Aaron au moins pensait comme elle. Virginie se laissa distancée pour être au niveau des deux mutants. Même les murmures elle les entendait. Avant que l’ange gardien n’abandonne encore une fois son rôle elle intervint. Sur un ton bas et sérieux telle la mère contrariée.
-« Je le ramène au moindre signe de mal aise. Faite moi confiance. »
Tiens. Ils n’allaient donc pas tout de suite dehors. Bon… alors elle se laissa porter. Le chemin la jeune fille le connaissait par cœur. Avant même de longer le couloir de l’étage elle comprit. Ils allaient faire un crochet. Virginie comme Gaël n’avaient pas vraiment à être curieux de cette chambre. La demoiselle resta contre le mur opposé, celui des filles. De quoi laisser encore une voie de circulation. De quoi lui donner un peu d’espace. Il lui était facile de comprendre Koji même quand sa voix était assourdie par une porte à moitié ouverte. Elle vérifia son communicateur. Aucune nouvelles de Léa encore. Avait-elle le temps de passer par sa chambre ?
Non ils repartaient déjà. Virginie suivit le pas. Elle écoutait tout. Donc…, quoi ! Aller fouiller la chambre de Samarah. L’idée ne lui plaisait pas du tout. En fait plus cette histoire avançait et plus elle se sentait dépassée. Non. On ne pouvait pas fouiller ainsi dans les affaires d’un autre. La vie privée. Virginie pouvait écouter des ragots pour aider June. Mais aller s’immiscer… Elle aurait proprement détesté qu’on face cela chez elle. Ses yeux fouillaient le couloir des adultes. Bien sûr il n’y avait personne excepté leur petite bande. Aaron comprit remarqua-t-elle.
En bon prince Koji ouvrit la porte pour leur entrée. Virginie ne bougea pas d’un pouce. Etait-ce parce qu’elle était une fille qu’elle avait plus de scrupules ? Aaron, Luc, Gaël même Artie, tous rentrés dans la minute et en silence. Ses iris observèrent le jeune cambrioleur. Avait-il conscience de ce qu’ils étaient entrain d’entreprendre ?
-« Je n’aime pas ça Koji. »
Ho elle le ferait bien sûr. Mais on lui avait apprit ici à dire ce qu’elle pense. Oser être en désaccord. A ce mutant elle pouvait le dire sans honte. Elle espérait que la Cerbère ne leur en voudrait pas. Elle espérait surtout, que cette intrusion ne leur en apprendrait pas plus qu’ils n’avaient besoin de le savoir. Les investigations de mademoiselle Parish ne se faisaient jamais en l’absence des propriétaires. Cette situation lui faisait l’effet d’une torture de conscience. Ceci-dit… elle avait put discuter avec la disparue. Les indices elle les possédait. C’est un soupire résigné qui l’accompagna sur le palier.
Une observation silencieuse en premier lieu. La voix de Luc l’attira. Il était devant le bureau de la dame. Aaron était déjà vers la table basse. Artie ne bougeait pas. Chassant ses propres doutes elle avança vers le plus jeune. Sa voix répondait à son compagnon alors qu’elle se mettait humblement à la hauteur du souffreteux.
-« Peut être qu’elle tient un journal. »
Personne ne lui avait demandé de prendre en main ce petit garçon. Pourtant elle le fit sans hésiter. Sans le frôler, mais avec beaucoup de douceur l’aînée lui expliqua la marche à suivre. Il était plus innocent qu’elle. Il avait déjà ses propres problèmes à gérer. Elle pensa à Ulrich en le regardant. Elle s’en voulait de lui demander pareille action. Que savait-il au juste ? Avait-il tout entendu ? Mieux valait lui épargner les détails pour le moment. Il était en pleine convalescence ! Mais ils étaient tous là pour cela. Chercher. Alors avec un sourire encourageant et un geste poussé par la tendresse elle murmura gentiment:
-« Merci Artie. »
A son tour elle se dirigea dans un coin de la pièce. Lequel ? La bibliothèque pouvait dissimuler bien des choses. Mais… elle raisonna comme si elle était dans sa chambre. Tous ses propres secrets étaient… avec ses habits. Son intrusion serait plus douce dans cette partie des possessions féminines. La seule fille de l’équipe pouvait gérer les vêtements avec un peu moins de gêne. Même si certains esprits masculins en présence ne se seraient pas privés. Elle songea à toutes ses robes qui dormaient sagement dans sa penderie. Aux dessous, qu’elle pliait et rangeait pudiquement vers le fond. A ses chaussons de danse juste au-dessus d’une boîte sans prétention, en apparence. Même Luc n’avait pas le droit de l’ouvrir.
Ses mains de jeune fille ouvrir le premier tiroir. Tout était soigneusement rangé. Virginie avait l’impression d’exécuter une profanation sans non. Elle ne faisait pas partie de ses jeune filles, qui vont riantes fouiller dans les tiroirs maternelle, pour emprunter un joli haut. Aucune sœur ne lui avait apprit à chercher dans les affaires d’une autre. Chaque geste était donc lent et plein de respect. Ne rien froisser, ne rien abîmer, ne rien… Le cri d’alarme d’Artie l’arrêta. Sa silhouette se retourna vers lui. Qu’il soit bien clair qu’elle ne forcerait aucune serrure. Ses yeux allèrent vers Koji. Qu’il refasse le roi soleil dans ce cas. Elle n’utiliserait pas sa force pour ça.
June Appleby
Humaine
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mar 15 Juin 2010 - 14:18
Message écrit laissé sur le communicateur de Virginie 15 minutes après qu'elle l'ait prévenue
"June secouée mais OK. Partie quelque part chez un vieil ami. Pas voulu en dire plus... Elle te préviendra si bien arrivée. L."
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mer 16 Juin 2010 - 2:28
Soudainement – Koji s'était arrêté – pour regarder Luc – qui l'interrompait – d'un air un peu songeur. Comme si ce que Luc venait de dire lui ouvrait des perspectives entièrement nouvelles, ou bien comme l'on s'arrête parfois, pour mesurer la portée d'un proverbe un peu contourné. Ses yeux noirs se plongeaient dans ceux de son interlocuteur, un peu sans les voir – pour regarder au-delà d'eux.
« Hmmm... Vous croyez... Oui, oui... C'est très possible. Très possible en effet. »
Et alors, mais visible à Luc seul, au fond du regard de Koji, le voile de l'insouciance se souleva pour laisser apparaître une vague inquiétude – une profonde tristesse – comme ces craintes des hommes vieux et très sages, qui savent que ce qu'ils craignent va se réaliser en effet, qui sentent déjà les blessures s'ouvrir, pas pour eux, mais pour les enfants de leurs enfants, sans rien pouvoir y faire – qui regardent le monde, lentement, lentement dépérir.
« Et pourtant... S'il y avait un peu d'espoir... »
Puisque l'autre terme de l'alternative qu'il avait exposé, sinon l'enlèvement, était un combat à mort entre les deux mutants disparus, il était un peu difficile de comprendre où se logeait l'espoir aux yeux de Koji – et pourtant il y en avait un – l'espoir que ce ne fût qu'un drame personnel, une blessure déchirante ouverte dans quelques coeurs seulement – et non l'entaille – profonde – dans la chair même du monde entier – qu'impliquerait cet enlèvement.
Il avait dit cela – parlé de cet espoir – si mince – presque illusoire – à Luc – d'une voix si basse qu'il avait été difficile aux autres de l'entendre – peut-être Virginie cependant – dont les sens commençaient à éclore – l'avait-elle perçue. Il savait pourtant – et profondément – qu'à elle plus qu'à tout autre – ce qui se préparait serait – une grande, et lente, et abyssale douleur. Elle était pure – beaucoup trop pure – pour cela.
Un sourire aussi triste que son regard passa brièvement sur ses lèvres. Mais à peine se fut-il retourné vers la serrure électronique, pour achever de la domestiquer, que ses traits avaient repris l'insouciance assurée qui avait été la leur pendant tout le temps du trajet, comme si la source de son inquiétude s'était soudainement tarie, comme si son esprit, sans difficulté aucune, avait bondit vers des pensées moins sombres.
La porte ouverte – les élèves à l'intérieur – d'une chambre qui eût dû leur être fermé. Désœuvrés devant l'immensité de la tâche – chercher sans même savoir quoi. Koji les avait regardé entrer, et puis son regard s'était arrêté sur Virginie. Il sentait sa désapprobation – et elle l'exprimait – alors il fut certain que – la douleur – terrible serait – terrible. La supporterait-elle ? Il pouvait presque douter de sa vie.
Lentement, depuis le pallier de la porte, il avait hoché la tête, et adressé un sourire doux à la jeune femme. Il songeait aussi à sa propre chambre – aux mains étrangères qui eussent pu se poser sur tous ses papiers. Bien sûr, pour lui, c'était moins grave. Tout ce qu'il y avait d'important était rédigé de sorte que lui seul pût le comprendre. Il avait inventé une langue pour cela. Un système d'écriture. Le code le plus complexe du monde.
Mais il y avait des choses – si personnelles – qui affleuraient. Sur son lit, sur son bureau. Des feuilles, des dessins, des souvenirs. Ces documents qui ne pouvaient blesser que lui. Pas comme la formule d'un poison. Ou les plans d'un ordinateur. Il ne songeait jamais qu'à protéger la vie des autres. La sienne inondait sa chambre avec les cascades de feuilles. C'est qu'il avait besoin de pouvoir y poser son regard – à chaque instant – pour être sûr qu'il y avait bien quelque part – quelque endroit dans tous les mondes qui orbitaient dans son esprit – où sa vie – sa vraie vie à lui – simple, et compliquée, et quotidienne – se déroulait – sensiblement.
Et maintenant, il était dans les secrets d'une autre vie. Sans doute n'était-ce pas si nouveau pour lui – dont le regard – instinctivement – comme par réflexe – décryptait ce qui se cachait sous les détails – voyait ce que l'on croyait terré – précieusement enfoui – indiscret malgré lui – toujours un peu trop perspicace. Cela ne faisait pas grande différence. Ce n'était qu'un regard un peu plus pénétrant qu'il posait sur Mademoiselle Lemington.
Finalement, il franchit le seuil de la porte. S'approcha de Virginie. Son regard se promenait dans la pièce. Il n'y avait guère que Virginie et Gaël pour savoir vraiment que les yeux qu'il posait sur les meubles, le sol, relevaient tant et tant d'information, les interprétaient, les combinaient, et livraient leurs conclusions. Et que son regard apparemment discret et insouciant était peut-être la plus efficace des enquêtes.
Derrière Virginie – regardant les jeunes hommes qui se mettaient à l'ouvrage – Koji murmura.
« Il ne faut rien aimer de ce que l'on fait pour sauver quelqu'un dans le danger. Car toutes nos actions ne naissent que de cette triste certitude : elle est en danger. C'est nécessairement malgré nous, avec répugnance et inquiétude, que nous agissons. C'est le signe que notre préoccupation est sincère. »
Ce disant, son regard venait d'achever d'examiner soigneusement le mobilier, de survoler les titres des romans sur les étagères, derrière le bureau, et il avait terminé sa course sur Luc. Ainsi donc celui qui habitait le cœur de Virginie. Il ne fallut pas une seconde à Koji pour l'examiner sous toutes les coutures – sans que son regard parût autre chose que distrait.
Avec un léger sourire, et une fausse désinvolture, il murmura en passant à Virginie.
« Au fait, tu as bon goût. Jolies fesses. »
Et avec un sourire innocent peu convaincant, il se détourna – jeta par acquis de conscience un rapide regard aux fesses de Gaël – avant d'aller s'agenouiller près d'Arthur. Koji devait avoir une conception de l'éducation et de l'édification un peu curieuse pour avoir tenu à embarquer un si jeune homme dans une aventure comme la leur.
Il effleura la serrure du bout des doigts. Une vraie serrure. Avec du fer.
« Hmm. D'accord. »
Il se glissa derrière Arthur, sortit à nouveau son étui en cuir, et l'ouvrit pour en extirper des outils beaucoup plus traditionnels. Dans le domaine du crochetage de serrure. Que Koji pût avoir toujours à disposition dans sa chambre ce genre de matériel, et sût s'en servir, c'était ce qui n'annonçait rien de bon des multiples compétences cachées du jeune homme.
Et pourtant, cela avait été des motivations relativement innocentes qui l'avait conduit à se renseigner sur la manière de convaincre une porte de s'ouvrir : le désir de pouvoir se servir des laboratoires des universités même en plein milieu de la nuit, quand l'insomnie le prenait. Certain de ne pouvoir convaincre les administrations de lui remettre les clefs, il avait décidé qu'il lui serait infiniment plus pratique et rapide de s'en ouvrir de lui-même l'accès.
Il déposa les deux outils dans les mains d'Arthur. Et dans chacune. Et posa les mains sur les siennes. Pour l'aider à les tenir correctement. Corrigeant doucement la position de ses doigts.
« Comme ça. Voilà. Il ne faut pas serrer trop fort. Pour que tu sentes quand il résiste. Mais d'une main sûre. Très bien. »
Puis il guida les mains du jeune homme vers la serrure, l'aida à y disposer les outils convenablement.
« Ferme les yeux. Concentre-toi sur tes mains. Cherche les mouvements qui font tourner quelque chose dans la serrure. Les résistances. C'est un peu comme marcher dans une pièce à tâtons. On y va doucement. On se familiarise. »
Lui-même, il avait fermé les yeux. Bien sûr, dans son esprit, chaque petite résistance dont il sentait les outils arrêtés dessinait un peu plus clairement la serrure, jusqu'à ce qu'elle lui fût entièrement présente à l'esprit, comme représentée grâce à un ordinateur. Mais il était persuadé qu'Arthur y parviendrait : ça n'avait rien de bien sorcier.
« Et... Hm... Voilà. »
Il y eut un petit déclic. Et la serrure était ouverte. Koji se releva, en laissant les outils aux mains d'Arthur. Il n'avait pas l'air de se sentir très coupable d'avoir enseigné à un jeune homme plus ou moins innocent l'air de crocheter les serrures, et à vrai dire, il était intimement convaincu que cela serait très utile à Arthur, et qu'il en tirerait toujours de grands profits. Car Koji trouvait toujours que le monde comptait trop de portes fermées.
« Très bien, Arthur, vous vous débrouillez comme un chef. »
Le voussoiement qu'il avait abandonné pendant toutes ses explications était réapparu aussitôt que ses mains avaient quitté celles du jeune homme, et après lui avoir adressé un sourire d'encouragement (c'est-à-dire une incitation au délit), il se tourna vers l'ordinateur – du moins essaya-t-il. Parce qu'en chemin son regard fut arrêté par Gaël.
Et s'il avait fallu moins d'une seconde à Koji pour détailler Luc, et graver une image complète et indélébile du jeune homme dans son esprit, il semblait que son regard eût besoin de s'éterniser sur Gaël. Et pourtant, il le connaissait : depuis le premier regard qu'il avait posé sur lui, son apparence, comme celle de tous les gens qu'il n'avait même que croisés, vivait dans son esprit. Et pourtant Koji était là, arrêté dans la pièce, sans songer à ce qu'ils venaient y faire – occupé seulement à regarder Gaël, seconde après seconde.
Ce ne fut que lorsque son camarade leva les yeux vers lui que Koji sentit un soudain accès de timidité lui faire détourner le regard. Et, peut-être pour la première fois de son existence, il sentit ses joues rosir un peu. D'un air faussement décidé, il alla donc s'asseoir devant l'ordinateur de Mademoiselle Lemington. Et se fit un point d'honneur à sembler pleinement absorbé par son travail d'enquêteur.
Ce qui était un bien grand mensonge, car cet ordinateur, aussi sécurisé qu'il fût, lui opposait autant de résistance qu'un enfant de trois ans à un braqueur de banques. Ses doigts volaient sur le clavier à toute vitesse, et à vrai dire, il y avait dans sa manière d'y taper, quelque chose qui faisait penser à un pianiste devant son instrument.
Koji ouvrait, lisait, fouillait. Sa capacité de lecture rendait bien sûr l'enquête beaucoup plus rapide, et plus aisée. Tout s'inscrivait dans son esprit. Pour toujours, il le savait. Des fragments d'une vie étrangère qui vivrait – pour toujours – douloureusement – en lui.
Gaël Calafel
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mer 16 Juin 2010 - 11:24
Un arrière-goût plutôt amer de doute commençait à poindre dans l'esprit de Gaël. Non pas que cela le dérangea profondément de fouiner dans la chambre du Cerbère -après tout il faut bien savoir passer le temps parfois- mais en fait il ne savait pas exactement ce qu'il devait chercher. Il posa le Dossier sur la table basse et saisit les feuilles qui s'y trouvaient déjà avant de s'asseoir dans le fauteuil (confortable !) pour réfléchir un peu, tout en faisant semblant de trier et de lire les papiers.
L'hypothèse du duel lui semblait hautement improbable, pas forcément pour les mêmes raisons que Luc (après tout s'ils avaient voulu se faire discrets, ils auraient très bien pu choisir de s'entretuer au milieu de l'Arctique) mais parce qu'ils avaient déjà largement eu le temps chacun de mener une telle entreprise. Et puis bon, ça n'aurait pas été très malin en ces temps troublés (même si personne ne savait ce qui pouvait passer par la tête du Cerbère, à part les pensées des autres, et qu'il ne connaissait le leader Confrériste que grâce à la télévision). En fait, pour être totalement honnête, il ne comprenait pas vraiment pourquoi tout le monde supposaient qu'ils pouvaient s'entretuer à tout moment. Certes, il avait vite compris qu'il y avait des tensions entre le Nouvel Institut et la Confrérie Moderne, mais de là à... Inutile de poser des questions aux autres, il n'avait pas envie de passer pour un crétin fini. Il nota mentalement qu'il devrait s'intéresser un peu plus à la politique et aux actualités pour éviter ce genre d'interrogations stupides à l'avenir. Bien.
Restait l'enlèvement.
*L'enlèvement, l'enlèvement, l'enlèvement...*
Ah oui c'était ça, le directeur de la Confrérie avait aussi plié bagages. Donc si enlèvement il y avait eu, les deux étaient sans doute ou prisonniers, ou en fuite. Commençons par examiner le plus simple et sans doute le plus plausible : ils sont prisonniers. Par voie de conséquence, la Confrérie devait également mener des recherches. Restait à espérer que les deux écoles sachent mettre leurs divergences de côté pour être plus efficaces, mais Gaël avait beau être un sous-doué politique il se doutait que la première organisation qui demanderait de l'aide passerait pour la perdante. Mais tout cela était hors de son champ d'action.
Revenons à nos hypothèses : ils sont prisonniers. Fatalement ils ont dû être pris par surprise, ce qui laissait peu de chances que l'évènement se soit produit dans les murs même de l'Institut (ou de la Confrérie). Sachant qu'il s'agissait selon toute vraisemblance des deux plus puissants mutants à l'ère actuelle, l'action avait certainement été menée rapidement, pour ne pas risquer d'alerter le voisinage, d'autant que Miss Lemington n'avait pas pour ainsi dire la passion des voyages.
Gaël tenta de se mettre mentalement à la place des ravisseurs. Ils avaient dû épier ses habitudes, guetter le moment propice et agir à la vitesse de l'éclair au moment choisi (sans quoi ils auraient été réduits en miettes). Pas la peine de s'embêter à faire un piège pour l'attirer dans un endroit plus favorable puisque la mutante aurait été sur ses gardes. Ne restait plus qu'à chercher dans sa vie quotidienne pour trouver où elle se situait au moment de sa capture. Exactement ce qu'ils étaient tous en train de faire en fait, sur l'injonction de Koji. Un peu dégoûté, Gaël se rendit compte que Koji avait déjà sans doute pensé à tout ça dès l'instant où il avait compris que quelque chose n'allait pas, et était venu à la fois pour vérifier l'hypothèse du duel et prévoir où se rendre ensuite en cas d'infirmation.
Il leva les yeux pour contempler ses compagnons d'infortune. Les dénommés Luc et Aaron qui s'occupaient respectivement de la bibliothèque et de la salle de bain, Koji qui apprenait à Arthur à crocheter des serrures, Virginie qui fouillait dans les vêtements...
...hein ?
Des yeux gros comme des soucoupes se posèrent tour à tour sur Virginie et sur Koji. Pourquoi est-ce qu'il apprenait à crocheter des serrures à un gosse ?! Et pourquoi fouillait-elle dans les vêtements ?!
Il croisa le regard de Koji qui détourna le sien. Suspect. Mais c'étaient bien les yeux qu'il connaissait, ceux qui, mine de rien, le rassuraient. Pas la peine de le poursuivre du regard s'il le fuyait... Gaël reprit... euh... commença la lecture de la paperasse qu'il avait collecté avec un soupir étouffé, tout en jetant de temps à autre un discret regard à l'assemblée silencieuse.
Miss Lemington
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Ven 18 Juin 2010 - 2:00
[MJ]
Tous les visiteurs se mirent en devoir d’inspecter la pièce du Cerbère de fond en comble après avoir scrupuleusement respecté durant quelques secondes l’intimité du lieu qui, au mieux les intimidait, au pire leur inspirait une légère crainte. Au premier abord, ils ne trouvèrent rien d’intéressant. L’espace était soigneusement rangé. Pour percer les mystères du Cerbère, il fallait fouiller car la mutante ne laissait rien trainer de façon visible. Sur sa table de nuit, une lampe de chevet et une bague délicatement posée à côté. L’anneau en argent que lui avait offert Panic sur la TransAtlante, cadeau de son filleul Léo. Un lit dont les draps sont parfaitement tirés. Bien qu’elle ne soit pas maniaque, Samarah aimait que les choses soient chacune à leur place. Et nul doute que si les curieux oubliaient de masquer leur passage lors de leur départ du sanctuaire, la mutante saurait bien vite que quelqu’un s’était introduit dans sa chambre. A condition qu’elle revienne un jour, évidemment…
Aaron inspecta la salle de bain, superficiellement. Il n’y avait rien à noter pour un œil non averti, hormis qu’il ne restait du miroir quelques morceaux de verre épars. L’objet avait été brisé net. Un travail rapide et propre, né sous le coup d’une impulsion mentale. Si la mutante l’avait cassé autrement, du sang aurait probablement coulé sur les débris et le rebord de l’évier… La mutante semblait manifestement avoir un problème relationnel vis-à-vis des miroirs
Artie se révéla bien vite être un maître de la cambriole assez doué, épaulé par les gestes experts de Koji. Le malheureux tiroir ne résista pas longtemps aux assauts répétés des divers instruments du mutant et la serrure finit par céder dans un triste bruit métallique. Le tiroir révéla son contenu aux yeux du jeune garçon. Une boite en carton. A première vue, rien d’extraordinaire. Mais lorsqu’on en soulevait le couvercle, on y trouvait des coupures de journaux. Par dizaines. Certaines récentes, d’autres beaucoup plus anciennes. L’un des plus vieux articles datait de plus de 35 ans et relatait un fait divers de la région. L’explosion et la destruction d’une bâtisse. Cette même bâtisse aujourd’hui reconstruite dans laquelle ils se trouvaient tous. « … et c’est un voisin, Alfred Hewitt, alerté par le bruit de l’explosion qui est arrivé en premier sur les lieux. Quand je suis arrivé, seule la fillette vivait encore… confiera-t-il plus tard aux pompiers qui confirmeront ses dires lorsqu’ils découvriront les corps sans vie des deux adultes dans les décombres de la maison. » Parmi les extraits que le jeune garçon prit au hasard, certains parlaient également d’un accident survenu dans une école –toujours dans la région- 25 ans plus tôt. Là encore, une explosion était à l’origine du drame. Un problème dans le circuit électrique du bâtiment confieront les journaux de l’époque. La mutante semblait également avoir gardé quelques articles concernant les évènements tragiques de Boston. L’un deux était illustré par une photo, prise au lendemain de la catastrophe. La photo représentait l’une des rues principales de la ville. Ou du moins, ce qu’il en restait…A côté de la caisse en carton, il y avait des carnets à la couverture noire et sobre dont certaines pages semblaient dépasser, probablement remplis de notes et peut-être de lettres. Les confidences de la mutante, sans doute ses secrets et ses pensées les plus intimes. Des fragments de sa vie. Oserait-il l’ouvrir ?
Lorsqu’elle parvint à se convaincre qu’elle agissait pour son bien et que parfois, l’urgence de la situation nécessitait quelques sacrifices, c’est d’une main tremblante que Virginie explora le premier tiroir de la commode. Celui-ci renfermait notamment des sous-vêtements. Et la preuve que la mutante n’était pas si plate que le prétendait la rumeur ! Rien d’extraordinaire, si ce n’est jusqu’au moment où ses doigts accrochèrent quelque chose de métallique. Un bijou. Un bracelet plus précisément. Le genre où vous pouviez accrocher des petites breloques dessus. Il était en argent et ne comportait plus qu’un seul pendentif, le symbole de la paix et de l’amour. Un autre pendentif, le symbole de la Triquetra, avait été décroché et posé à côté. Un bracelet innocent à première vue, sauf si la mémoire de Virginie lui était fidèle. Elle avait déjà croisé la réplique parfaite de ce bracelet avec les deux petits pendentifs accrochés à la chaine en argent chez June, posé sur sa table de nuit quand elle ne le portait pas carrément sur elle.
Luc avait jeté un œil au contenu de la corbeille mais hormis quelques papiers chiffonnés, il n’y avait rien d’intéressant. Il se tourna alors vers la bibliothèque. Qui s’annonçait déjà plus alléchante pour une fouille plus poussée, mais également plus difficile. On pouvait cacher plein de choses dans des livres et ce de manières multiples. Et pas de chance pour le mutant, l’étagère regorgeait de livres aussi divers que variés. Des romans, des essais, des nouvelles, des traités de philosophie ou bien encore des biographies ou de la poésie. On pouvait croiser sur ses planches aussi bien du Socrate que du Platon, les écrits de la poétesse grecque Sappho que les récits d’un certain Sun Tzu et son art de la guerre ou bien encore Charles Baudelaire dont le recueil bien connu ‘Les fleurs du Mal’ était presque écrasé entre deux encyclopédies… Si vous étiez dans la tête du Cerbère, quel livre choisireriez vous pour dissimuler quelque chose qui vous est cher ? L’une des preuves de ce que vous protéger et que vous vous efforciez à cacher aux yeux du monde ?
Gaël testa sans scrupule le confort du fauteuil de la Cerbère et ne put que confirmer son choix. C’est qu’on pourrait presque s’y endormir dans ce fauteuil. Si sa propriétaire n’était pas dotée de crises d’insomnies en permanence ou presque. La table basse près du fauteuil était sans doute l’endroit le plus désordonné de la pièce. Quelques feuilles, pour la plupart froissées et un crayon posé à côté. Lorsqu’on parvenait à déchiffrer l’écriture fine du Cerbère, on se rendait compte qu’il s’agissait peut-être de lettre. De début de lettre, plus précisément. Des brouillons de lettre. Sur l’une des feuilles, l’adolescent put décrypter certains passages « …J’ai finalement lu ta lettre. Je l’avoue, je n’ai pas eu la force ni l’envie de le faire plus tôt… Je crois que tu comprendras si je t’annonce que même aujourd’hui, je ne sais absolument pas quoi te dire. …Je suppose que je dois te féliciter. Il me semble que c’est ce que l’on fait dans pareilles circonstances… Tu aurais du me parler de cette relation…. Ca me fait si mal de te voir avec lui. Il me faudra du temps… Tu me parles de quelque chose que je ne connaîtrai jamais… Mais quel prix payeras-tu pour ça ? Comme si te soumettre en permanence au danger pour la Lib’Corp ne te suffisait pas… Tu peux être certaine que la BCGCDA te prendra aussi pour cible désormais… » Quelques phrases de ci, de là qui n’avaient probablement que peu de sens quand on ne connaissait pas la situation exacte ni la raison de leur existence. Encore moins le destinataire précis de la lettre. Une supposition peut-être ?
Koji enfin s’attaqua à l’ordinateur portable qui trônait seul sur le bureau. Ses doigts de fée (et surtout sa redoutable intelligence) mirent à nu les documents de la mutante en quelques secondes. L’écran du bureau était d’une blancheur immaculée. Seules quelques phrases écrites en noires apportaient un peu de vie sur ce support virtuel
Citation :
Je sens de veine en veine une subtile flamme Courir par tout mon corps, sitôt que je te vois Et dans les tourments où s'égare mon âme Je ne saurais trouver de langue ni de voix. La nuit avance sa carrière, L’heure propice au doux mystère Fuit et s’écoule sans retour ; Bientôt va renaître le jour, Et je veille encor, solitaire, Sans amant, mais avec l’amour
Nul doute que l’élève surdoué puisse identifier l’auteur de ces vers à la fois symboliques et énigmatiques. Une quelconque idée de signification ? Mais l’ordinateur recelait encore bien d’autres informations. Le jeune homme s’attaqua d’abord aux mails de la mutante. Il passa en revue les derniers en date avant de se rendre compte qu’ils ne seraient probablement d’aucune utilité. Il n’y découvrit rien, hormis que la mutante semblait recevoir de façon régulière un mail, toujours du même expéditeur. Un certain J. qui lui indiquait bien souvent le compte rendu des activités d’un étrange PGC. Bref, beaucoup trop de données inconnues pour leur être réellement utiles dans leur situation. Avant de refermer l’ordinateur, Koji aperçut trois dossiers qui attirèrent son attention.
Citation :
Analyses médicales.
Troubles psychologiques.
Suivi personnalisé.
De simples dossiers en apparence. Mais Koji avait peut-être face à lui, les réponses aux questions que beaucoup de gens se posaient à propos de la personnalité troublée du Cerbère. Jugerait-il nécessaire d’approfondir leur recherche en violant totalement l’intimité de la mutante alors que toutes les informations recueillies jusqu’à présent, à défaut de leur fournir un endroit où trouver Samarah, semblaient seulement lever une partie du voile de mystère qui recouvrait sa vie ? Ou bien déciderait-il qu’ils ne trouveraient rien de plus ici susceptible de les aider davantage dans leur démarche pour retrouver la mutante ?
Dernière édition par Miss Lemington le Jeu 1 Juil 2010 - 12:51, édité 1 fois
Artie Chastel
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Ven 18 Juin 2010 - 17:32
Artie s’était attendu à ce que Virginie vienne le seconder pour l’aider à ouvrir le tiroir, en revanche jamais il ne s’était attendu à ce que ce soit Koji qui s’agenouille à ses côtés. Intrigué, il le regarda sortir ses outils et s’apprêtait à s’écarter lorsque le jeune homme fit un geste auquel Artie ne s’attendait pas : il lui fourra les outils dans les mains, se plaça derrière lui et mit ses mains sur les siennes. Artie frissonna. Les mains de Koji étaient douces et lui indiquait la marche à suivre sans forcer sur les mouvements. Artie se laissait faire tout en écoutant Koji lui dire où aller. Les résistances de la serrure sautaient, l’une après l’autre. Pas une seule seconde, l’idée que ce fusse interdit traversa l’esprit d’Artie. La voix et le contact avec Koji le guidait comme un pantin.
Enfin, le verrou céda. Koji relâcha le garçon, lui sourit et le félicita de cette réussite. Artie ne sut rien faire d’autre que hocher la tête, réveillant une légère douleur dans la nuque. Koji se retourna et s’en alla vers l’ordinateur personnel de mademoiselle Lemington. Artie regarda les autres. Virginie farfouillait dans les vêtements avec une réticence plus que visible. Gaël lisait ce qui semblait être des lettres. Luc fouillait la bibliothèque. Aaron, quant à lui, était parti dans la pièce d’à-côté, la salle de bains. Ils étaient tous là, comme lui, à chercher quelque chose qu’ils ne connaissaient pas. Artie reporta son attention sur le tiroir et l’ouvrit. Lentement, pour ne pas faire de bruit. Il avait l’impression que s’il en faisait, tout le monde lui en voudrait. Pourquoi ? Il n’en avait aucune idée.
Il y avait une unique boîte en carton. Artie la sortit avec une certaine douceur, signe de respect. Déposant le couvercle à côté de lui, il sortit de la boîte une première poignée de vieux journaux. Il en feuilleta plusieurs avant de tomber sur l’un d’eux, relatant la destruction d’une grande maison qui avait mystérieusement explosée. Une photo montrait la jeune fille rescapée.
« Nom de… »
Il n’était pas sûr que ce soit elle. Il ne l’avait pas assez vu pour en être tout à fait certain. Seulement, le fait que la mutante ait gardée ces articles acheva de le convaincre que c’était bien elle.
Il continua sa fouille. Au fur et à mesure qu’il lisait les différents articles relatant des accidents survenus dans le coin, il eut honte de se dire que sa propre vie commençait à devenir insupportable. Lui n’avait pas tué ses parents, n’avait pas fait explosé sa maison, ni son école… il se racla la gorge. Tout ça lui rappelait sa mère. Son foyer. Il ne devait pas pleurer. Non, il ne devait pas. Il se passa une main sur les yeux, sans pouvoir toutefois empêcher une unique larme de tomber sur le journal qu’il tenait.
Le suivant traitait d’un sujet dont Artie avait déjà entendu parler : l’attentat de Boston, qui s’était passé sept ans avant sa naissance. Quel massacre… il observa la photo d’une rue dévastée. C’était à cause de ça qu’il se retrouvait à présent couvert de bleus et boitant…
Bien qu’il voulut en lire un peu plus, il se doutait qu’il ne trouverait rien d’intéressant dans ce carton. Il le referma et le rangea soigneusement, avant de se tourner vers une pile de carnets noirs… il déglutit. Les journaux intimes de la disparue, sans aucun doute. On racontait tant de choses sur elle… tant de rumeurs… Artie n’y croyait pas. Il avait appris à ne croire que ce qu’il voyait.
Il prit le premier d’une main légèrement tremblante. Regarda sa couverture d’un noir infiniment pur. Il avait juste à faire un geste et les pensées et secrets les plus sombres de la tant redoutée Samarah Lemington serait à lui…
Mais qui était-il pour faire ça ? D’un point de vue objectif, il n’était qu’un élève parmi tant d’autres. Pourquoi lui et pas un autre ? Les évènements avaient fait qu’il en était arrivé là, sans vraiment le vouloir. Il n’osait toujours pas se décider. Le fait que ce soit complètement immoral ne devait pas être pris en compte. Il en allait de la vie de quelqu’un, et pas des moindres. Mais ce n’était pas à lui de découvrir ce genre de choses. Il n’en avait pas le courage, pas la force, pas le droit. En revanche… ce qui devait être fait serait fait.
- Virginie, est-ce que tu peux venir ici, s’il te plaît ?
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Sam 19 Juin 2010 - 21:22
Partout tous ils avaient – les mains, les doigts, le regard – plongés dans une vie étrangère – une vie qui n'était pas la leur – constamment dérobée à leur curiosité – vie mystérieuse qui hantait – certains esprits sans doute – ombre promenée dans les couloirs de l'Institut – à la fois bienveillante et – aussi ombre inquiétante et comme douloureuse – comme ombre d'une secrète souffrance – d'une plaie – ouverte ils ne savaient quand ni pourquoi – ni par qui – saignant continuellement – comme une plaie de Jésus-Christ – et menaçant de les noyer – parfois – sans doute si elle ne se contrôlait pas – plus – elle noierait – sous sa grande douleur de sainte martyre – l'Institut, et tous ses élèves, et tous ses professeurs.
Koji le savait bien. Il écoutait l'Institut comme le cœur d'un grand animal. Discrètement. C'était le sang qui battait dans les couloirs les veines – le flot des élèves. Les rumeurs que l'on s'échangeait, les discussions sur le pas d'une porte, le soir dans les dortoirs, les discussions dans les vestiaires. Il y avait de grands et de petits drames. Ils s'expliquaient dans des regards échangés à la cantine. Qui posait son plateau à côté de qui. Sorte de révolutions sous son regard – songeur.
Il savait bien que beaucoup songeaient à elle, qu'ils y songeaient souvent, ils croyaient qu'elle veillait sur eux comme sainte Gudule sur Bruxelles, qu'il n'y avait pas de mur qui arrêtât ses regards ou sa pensée, qu'elle savait tout de leurs malheurs les plus terribles, et surtout tout des dangers à venir, qu'elle dressait un voile entre eux et les dangers, de ces voiles mythiques et très solides, qu'il faudrait être un titan pour percer (et pas même) ; mais ils croyaient aussi qu'elle était terrible, et avait de terribles colères, c'était comme un dieu ancien et un peu capricieux : on croit en lui, mais toujours on est prêt – à lui attribuer – la responsabilité – des grandes catastrophes.
Koji était bien placé aussi pour savoir que les esprits les plus étranges, ceux qui avaient été tordus par la vie ou la mutation, c'était autre chose que le caprice et des raisons cachées qui les faisait agir, très soudainement, et en dépit du bon sens de tous, c'était quelque chose de profond et d'un peu noir, pas vraiment quelque chose d'intelligent, plutôt quelque chose comme de grandes peurs, un peu primitives, des peurs d'animal – des peurs de chat craintif – les oreilles en arrière – prêt à attaquer – et pourtant tremblant.
Lui n'avait jamais vraiment songer à Samarah. Elle était un peu comme lui. Elle errait dans les couloirs. Mais tard, à la tombée de la nuit. Elle écoutait battre le cœur de l'Institut. Mais de loin. Il avait l'impression que s'il cherchait à en savoir plus, ce serait ses propres raisons qui aussi se découvriraient. Il n'avait pas envie qu'on le découvrît ses raisons. Oh, ce n'était pas un grand mystère. Simplement il avait cessé – de vouloir marcher – sur de grandes et larges routes.
Il ne lui avait jamais parlé. Pourtant, parfois, la nuit – parfois – ils s'étaient croisés, mais toujours de très loin, et se jetant un regard, un peu vague, un regard à peine curieux, comme les regards que se jettent deux oiseaux de proie – deux hiboux – fortuitement perchés sur des branches voisines – avant de s'envoler chacun de son côté – un regard et ils changeait de couloir, de direction, chacun reparti dans ses propres pensées – et celles d'autres êtres – que leur esprit mutant les forçait – d'accueillir en eux.
Il ne savait pas ce qu'elle était auparavant – avant la maigreur, la pâleur, les nuits d'insomnie, avant l'angoisse profonde, l'âme labourée, le regard auquel on se heurtait, le regard par-delà la vie, il ne savait pas si un jour elle avait souri, comme font parfois les femmes, quand elles sourient encore comme des petites filles, si parfois elle avait arrangé ses cheveux en regardant son reflet dans la vitre, si elle avait porté des robes, si elle avait senti le soleil ; il ignorait tout cela, n'avait jamais cherché à le savoir, et pour lui elle était demeuré l'être toujours déjà souffrant, et meurtri, et veuve de sa propre vie.
Koji n'était pas quelqu'un de très envahissant. Au grand regret des jeunes filles qui le suivaient du regard dans les couloirs. Peut-être cette absence de curiosité, cette indulgence générale pour la manière dont les gens vivaient, qui parfois confinait à l'indifférence coupable, naissait-elle d'une sorte d'instinct de survie, qui le poussait à ne pas trop s'intéresser aux vies des autres – car il savait que ce sur quoi il posait son regard avec ne serait-ce qu'un peu d'insistance se gravait dans son esprit, y vivait une vie nouvelle et malgré lui, et il ne sentait pas la force d'accueillir trop d'étrangers dans son propre être. C'était une mesure de sauvegarde.
Il regardait les titres des dossiers. Eux qui contenaient tant de solutions à tant de mystères qui agitaient l'esprit de l'Institut. Il savait que s'il les ouvrait, ils viendraient animer en lui une seconde Samarah. Il savait qu'il comprendrait, combinerait. Ce serait un bien grand pouvoir à acquérir sur une personne. Et sans nul la fin de bien des interrogations pour les étudiants de l'Institut. Il lui suffisait d'ouvrir les dossiers, et de lire.
« Hmm. »
Koji s'installa finalement en tailleur sur le fauteuil du bureau, faisant quelques tours en regardant le plafond, avec un air parfaitement rêveur. Une drôle de manière, sans doute, de mesurer l'urgence de la situation, et ce que la perspective de se voir révéler les plus intimes secrets de Mademoiselle Lemington avait d'excitant. Finalement, il reprit la machine, l'installa sur ses genoux, et se tourna vers le reste de la pièce.
Ses doigts recommencèrent à courir sur le clavier, mais c'était à peu près toute l'attention qu'il portait à l'ordinateur. Il avait cessé de le regarder, ou plutôt ne jetait à l'écran que de rapides coups d'oeil, de temps à autre, et comme une grand-mère qui tricote machinalement, il promenait son regard dans la pièce, sur les meubles, et surtout sur ses camarades d'investigation, trouvant manifestement beaucoup d'intérêt à la manière dont chacun s'acquittait de sa tâche.
Ses propres recherches n'avaient pas été très fructueuses C'est-à-dire qu'elles l'avaient été, ne l'étant pas, en un sens : il lui semblait de moins en moins probable que Samarah et Kenjiss se fussent retrouvés par un duel plus ou moins sanglant, et l'hypothèse de l'enlèvement tendait à survivre seule dans son esprit. Ce qui était bien sûr très fâcheux, parce qu'elle lui suggérait un ennemi dressé contre les mutants, dont la puissance lui paraissait considérable, et dont il était peu probable qu'eux tous pussent rien savoir, si de nouveaux éléments ne se présentaient pas.
Et comme personne ne s'était vraiment exclamé face à ses découvertes qu'il venait de résoudre le mystère de la disparition de leur cher Cerbère, Koji craignait de plus en plus que les recherches de ses camarades fussent aussi infructueuses que les siennes. Ils trouvaient des choses, sans doute, mais elles avaient vraisemblablement peu à voir avec l'affaire qui les préoccupait. Et Koji n'était pas certain qu'une pleine exposition de la vie de Samarah fût très profitable.
Ce n'était pas que Koji s'inquiétât des réactions de Mademoiselle Lemington. Son manque d'optimisme (ou bien son réalisme), en l'absence d'éléments, n'était pas vraiment incliné à supposer qu'ils la reverraient un jour. Et quand bien même, la fin justifiait les moyens. Ce qui lui importait, dans la conservation du mystère, c'était que ce mystère servait l'autorité de la jeune femme, et qu'en un sens, il rassurait bien plus les adolescents de l'Institut qu'il ne les intimidait : une femme aussi mystérieuse leur semblait invulnérable, et ils avaient besoin de sentir cette protection toute-puissante les envelopper.
Koji éteignit l'ordinateur. Il n'avait pas ouvert les dossiers. Il n'avait pas lu la moindre des lignes des documents qu'il pouvait contenir. En revanche, il avait modifié les sécurités de l'ordinateur. Son utilisatrice ne s'en rendrait probablement jamais compte. Mais désormais, il faudrait quelqu'un d'au moins aussi doué que Koji pour les percer. C'est-à-dire qu'il faudrait Koji. Il reposa l'ordinateur sur le bureau, quitta sa chaise, et se mit à déambuler un peu au hasard, dans la chambre.
Virginie fouillait les vêtements. Arthur exhumait de vieilles coupures de journal. Ce serait sans doute la découverte la plus intéressante, avec les dossiers médicaux auxquels il n'avait pas touchés. Et pourtant, Koji ne fit aucun commentaire, ne chercha pas à dissuader son jeune camarade de parcourir les papiers. Arthur était grand. Il pouvait agir en son âme et conscience. Ce serait une pièce de plus apporté au mystère. Il changerait un peu de face, mais Koji doutait qu'il s'en trouverait résolu.
Luc n'avait pas l'air plus chanceux dans ses démarches. Peut-être y avait-il caché parmi les livres des papiers intéressants. Mais Koji doutait sérieusement que les personnes qui avaient enlevé Samarah eussent laissé un indice coincé entre Jacques le Fataliste et les aventures illustrées de la petite Sirène. Gaël avait rassemblé des papiers. Le fauteuil, la petite table attenante : probablement l'endroit où la maîtresse des lieux passait ses nuits d'insomnie lorsqu'elle ne déambulait pas comme lui dans les couloirs du manoir.
Comme un ours attiré par le miel, Koji s'approcha de Gaël, et s'assit sur un des accoudoirs du fauteuil, pour jeter un oeil aux papiers qu'il parcourait. Deux ou trois secondes lui suffirent pour lire les fragments de lettres. Les phrases arrachées à leur contexte originel en trouvant un nouveau dans l'esprit alerte de Koji, qui n'était pas si différent de celui qui avait été d'abord le leur, et le jeune homme voyait qu'il n'y avait pas de rapport non plus avec l'enlèvement.
Ni avec un combat. Car si Koji était presque sûr l'identité du « lui » dont il était question (celle de la personne intermédiaire, qui avait avec lui une relation, lui demeurait plus obscure, mais cette obscurité n'était pas telle qu'elle nuisît sérieusement au raisonnement), il ne trouvait pas qu'une jeune femme capable d'écrire une lettre somme toute aussi calme pût sur un coup tête décider d'aller assassiner son pire ennemi au terme d'un combat à mort.
« On ne trouvera rien. Rien qui nous dise où elle est, en tout cas. »
Il avait murmuré cela avec suffisamment de douceur pour que Gaël fût le seul à l'entendre. Son regard avait quitté les feuilles que tenait son camarade pour se remettre à errer de part et d'autre de la pièce, se posant tour à tour sur ses camarades. Et dans cette errance semblait s'être dissipée la désinvolture de façade de Koji, et un air soucieux, un air grave comme celui des adultes, comme celui du sage qui sent venir le danger trop nettement, s'était répandu sur ses traits.
« Que quelqu'un puisse enlever une mutante aussi puissante. Et Kenjiss aussi. C'est... mauvais signe. »
Il était évident qu'il parlait à Gaël comme il n'aurait parlé à personne d'autres. Sans se soucier de garder des distances un peu calculatrice, ni même de se faire plus fort et rassurant qu'il ne l'était vraiment, comme lorsqu'il voulait éviter que Virginie ne s'en fît pour rien. Peut-être Gaël eût-il préféré que Koji lui transmît un peu de son insouciance. C'était pourtant un remarquable traitement de faveur que lui réservait Koji.
« Gaël, tu sais, je ne voudrais pas que... »
Instinctivement, pour appuyer ses paroles, il avait posé sa main sur celle de Gaël. Mais comme à ce moment précis le regard de Luc se tournait vers eux, Koji la retira – avec beaucoup trop de précipitation pour que ce fût tout à fait honnête – et rosit légèrement. Sa voix se fit un peu gênée.
« Je ne voudrais pas que tu te mettes en danger. On ne peut pas faire grand-chose, et puis moi, je... »
Koji murmura encore plusieurs « je », esquissa un nouveau geste vers la main de Gaël, avant de se raviser, de hausser les épaules, d'attraper au hasard des feuilles sur la table, et de faire semblant de les lire, en prenant un air vraiment très, très absorbé.
Gaël Calafel
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 20 Juin 2010 - 8:27
A travers les méandres labyrinthiques de l'écriture du Cerbère, il parvint à déchiffrer les bribes d'un message obscur et mystérieux. Il était question d'une relation cachée qui mettait en danger un des proches de Miss Lemington, avec quelqu'un qu'elle n'aimait visiblement pas. Sachant que la première personne avait un lien avec la Lib'Corp, et la seconde n'était pas aimée non plus du BCGCDA.
*Me voilà bien...*
Il relut plusieurs fois les lettres, cherchant à découvrir quelque chose de plus utile, mais échoua à faire autre chose que de s'imprégner d'une sorte de tristesse malsaine et d'une sorte de gêne, comme celle d'un enfant pris en train de voler des bonbons. Sauf qu'en plus les bonbons étaient amers. C'était toujours un choc, peu important mais ayant quand même son lot de désagrément, de découvrir pour un élève que son professeur ou directeur ou quelqu'autre adulte "responsable" que ce soit avait une vie privée, avec son lot de problèmes. Le Cerbère redescendait un peu de son piédestal dans l'esprit de l'élève en question. Il fallait espérer que les recherches des autres seraient plus fructueuses, mais il commençait à se douter que...
« On ne trouvera rien. Rien qui nous dise où elle est, en tout cas. »
Gaël leva les yeux vers ceux de Koji, qui l'ignorèrent, pour écouter ce qu'il avait à dire. S'il fut surpris de son geste, il n'en montra rien, ne retirant pas sa main sous celle du jeune homme, et ne suivant même pas du regard la trajectoire de cette dernière.
De même, son visage ne montra pas la moindre trace de sentiment lorsque Koji acheva de bafouiller. Il détailla le visage gêné qui s'offrait à lui, se demandant s'il devait en rire ou en pleurer. En pleurer peut-être parce que Koji désirait partir vers d'autres aventures sans que lui, Gaël, ne vienne. (Ce qui aurait admirablement ressemblé à un conte de fée si Gaël avait été une princesse. Mais personne n'aurait jamais pensé à Gaël de cette façon, n'est-ce pas ?) En rire parce qu'au final Koji était âgé d'à peine deux mois de plus que lui et semblait deux fois plus fragile.
Il mit de côté cette futile interrogation pour se concentrer sur l'essentiel (essentiel aux yeux de Gaël, du moins). Au vu de ses paroles, Koji n'avait rien trouvé d'intéressant non plus. Même si l'avertissement sibyllin pouvait signifier le contraire... et qu'il semblait à présent persuadé qu'elle s'était faite enlever. L'avis de Luc avait-il joué pour quelque chose ? Il semblerait que même un esprit comme le sien ne puisse pas penser à tout. Koji également redescendit légèrement de son piédestal dans l'esprit de Gaël. C'était la journée.
Et maintenant il devait répondre. Trouver quelque chose, n'importe quoi, qui lui permette de rester avec tout le monde. Son regard dériva jusque vers Arthur, le plus jeune de tous, qui ne paraissait pourtant pas être celui que Koji désirait le plus protéger. Cet être avait une attitude bien étrange, parfois. Le maltais recommença à l'examiner. Et s'il était doué de prescience ? C'était loin d'être impossible, et expliquerait certaines informations qu'il parvenait à accumuler. Et aussi le fait qu'il souhaite voir Gaël éloigné du danger, et pas Arthur; s'il savait que l'un courait des risques et pas l'autre.
Alors Gaël décida de sonder le terrain. Comprendre une mince partie de ce que Koji dissimulait. L'avait-il vu simplement blessé, ou y avait-il quelque chose de plus grave ? Pour cela, Gaël ne trouva rien de mieux que de faire la tête de mule, pour savoir à quel point Koji voulait qu'il reste protégé.
« Tu ne crois pas que tes craintes sont un peu prématurées ? Comme tu l'as souligné toi-même, on ne peut pas faire grand chose, c'est peu probable qu'on se retrouve en situation de danger réel. Et même si c'est le cas, enfin... je m'enfuirais le plus vite possible. Je peux aussi "imiter" Virginie si nécessaire. »
Il ne jugea pas utile de préciser qu'il s'était chronométré et qu'il n'avait pas réussi à tenir plus de quatorze secondes avant de devoir relâcher la tension (qui avait fait son apparition à la sixième seconde) et de se retrouver à nouveau sans pouvoir. Non pas qu'il soit allé jusqu'au bout de ses possibilités ceci dit, mais il n'arrivait jamais à se forcer au-delà de ce point. Et puis on lui avait suffisamment répété que forcer sur un pouvoir pouvait devenir dangereux pour qu'il ne tente qu'une fois l'expérience de la durée. Il ne savait pas, pas encore, qu'en forçant plus que cela sur la durée, il risquait gros.
« Et tu aurais l'air plus crédible si tu t'étais d'abord préoccupé d'Arthur. Je te rappelle aussi que nous avons le même âge. »
Il regretta instantanément ces paroles. Avant même de les avoir prononcées, d'un ton un peu trop froid. Gaël avait bien compris que Koji pouvait être très émotif, et il craignit que celui-ci ne prenne mal ce qu'il venait de dire. D'un seul coup, c'était lui qui ne savait plus où se mettre.
« Mais je te promet que je ferais attention. » prononça-t-il le plus doucement possible.
Virginie Parish
Type Sigma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 27 Juin 2010 - 12:10
La jeune enquêtrice ne s’était pas arrêtée pour écouter le murmure de l’ami. Les intonations, le phrasé, tout, lui été devenu assez familier. Elle avait put l’entendre des dizaines de fois… la mettre face à des vérités. Nuancer ses jugements de petite fille aimante. Il n’était pas entrain de se justifier à ses yeux, mais avant tout de lui expliquer, comme il était souvent nécessaire d’expliquer les choses à Virginie. Ce n’est pas qu’elle eut été une simplette. Mais ses croyances, étaient aussi résistantes que tout son être, sans être les plus authentiques. Que Koji conforte son opinion lui permettait de chasser un peu de son malaise. Il avait raison Samarah était en danger.
Cette fois elle avait relevé les yeux sur le jeune mutant. Bien sûr il avait comprit cela aussi. Virginie savait que Luc était beau. Ce n’est pas pour cela que ses joues rosissaient. Tout être avait une certaine beauté à ses yeux. Même le visage marqué par une guerre gardait de la force. Mais lui, Luc, avait fait pétiller son regard, sur la terrasse d’un café au milieu de dizaine d’autres jeunes gens. En étant objective elle aurait peut être vue des défauts. Virginie était rarement… objective. Sa vie, ses choix, s’effectuaient au rythme de son cœur. Luc en avait prit une bonne partie.
-« Je sais oui. »
Avec un peu de malice et beaucoup de fierté. Car même les sculpteurs grecs auraient reconnu l’esthétisme de cette silhouette métissée. Elle pouvait maintenant faire appel à sa propre mémoire pour envisager ces courbes masculines. Certes elle ne faisait pas partie des individus qui pensaient la chaire comme à une seconde respiration. Maintenant il lui arrivait d’être distrait en cours de français, repensant à un geste entre eux. Mais elle était encore trop timide pour se projeter vers d’autres échanges. Cette expérience l’avait-elle changée ? Se tenait-elle mieux comme le murmurait le folklore féminin. Dégageait-elle une autre sorte de féminité ? Koji aurait-il deviné cela également ? Il allait à Artie. Virginie les observa tous les deux. Deux trésors dans ce grand coffret de pierre et de métal.
Puis bien sûr ses yeux allèrent vers la bibliothèque. Avec un petit sourire elle se rendit compte qu’ils s’attardaient une seconde de plus vers l’objet des félicitations amicales. Remontant le long de son dos en mutation. Heureusement qu’il aimait les visites impromptues. En parlant de cela. Sa visite éclaire chez Valérie ressurgie à son souvenir. Ce soir elle lui écrirait une lettre pour lui dire de faire attention. La France non plus n’échapperait pas aux agents…
Son attention revint au tiroir de mademoiselle Lemington. Ses doigts entrèrent en contact avec le bijou. Ils le remontèrent à la surface lentement. Virginie aimait les parures. On la voyait rarement sans bracelet, sans bague ou sans collier. Le plus souvent des petites trouvailles d’un marché matinal du dimanche. Elle n’aimait pas ce qui était cher. Le luxe devait être mérité. Elle songeait –d’ailleurs assez naïvement- qu’un vieil objet aurait plus de force. Il partagerait avec elle sa première vie et deviendrait un protecteur consentant. Car mademoiselle Parish devait toujours être protégée du monde.
Elle avait eu des bracelets semblables. Le genre de fantaisies adolescentes que chacune avait aimé. Les breloques en effet avaient toutes disparues. Toutes sauf le symbole des hippies que la jeune fille n’avait jamais osé porté devant son père. Dans le fond elle retrouva un second symbole les entrelacs celtique : le pentagramme magique… Où avait-elle déjà vue… Ses yeux étaient perdus dans le vague. Elle cherchait la trace d’un jumeau métallique. Elle n’avait pas la mémoire de Koji. Mais quelques reportage à New York lui avaient apprit à… fouiller. Samarah…
-« June. »
Le nom avait franchit ses lèvres dans un sursaut de lucidité. June cette chère June. Leur lien était encore plus ancien que ce qu’elle avait envisagé. Retrouverait-on un jour un bracelet symbolique dans ses affaires à elle ? Dans un geste quasi mécanique Virginie porta la main à son portable de la poche… de la bonne poche. Bientôt dix-huit heure, les recherches en extérieur allaient se compliquées dans le noir. Le message de la petite alliée apparu sur l’écran. Le « si » provoqua un haussement de sourcil. Pourquoi un « si » ? Sa main libre frappa la réponse à la vitesse de l’éclaire.
*Merci Léa ! Parfait. Tu veux venir ici ? Toujours mieux que l’apparte. V.*
Elle hésita à envoyer un mot d’encouragement à June. Mais puisque on la préviendrait. Mieux valait ne pas la déranger dans son voyage, n’est-ce pas. Elle déposa la trouvaille sur le toit du meuble. Les deux mains ouvrirent délicatement un second réceptacle. Ils étaient si calmes. Six mutants entrains de mettre à nue la Cerbère si on le lui avait prédit… Elle fouilla donc. Qu’aurait-elle put trouver ? Un billet d’avion ? N’importe quoi !
De toutes les personnes présentes dans cette pièce Virginie était probablement la plus inquiète. Ce n’est pas –uniquement- parce qu’elle s’inquiétait pour les autres. C’est parce qu’il s’agissait de Samarah. Samarah avec qui elle partageait parfois des thés nocturnes. Samarah qui lui avait confié quelque chose d’important. Alors, sans pouvoir l’énonçait à haute voix, une troisième hypothèse de tapissait dans son crâne. Cette possibilité que… Ce qui avait poussé Koji à agir il y a quelques jours, ait aussi gagné la disparue. Un frisson lui fit trembler le dos. Non. Il ne fallait pas penser ainsi. L’enlèvement… c’était le plus plausible. Tant qu’ILS n’auraient pas eut ce qu’ils voulaient les sauveteurs avaient une chance.
La voix d’Artie lui parvint distinctement. Elle le vit toujours assit sur le sol. Elle vit aussi la pile de petit carnet noir juste devant lui. Doucement elle referma le tiroir qu’elle avait dérangé. Koji et Gaël entrain de lire des feuilles blanches. Enfin cela plus les méandres d’une relation plus cachée entre deux âmes adolescentes. Pour pratiquer une correspondance écrite il ne lui fût pas difficile d’imaginer la dame écrire. A qui ? En quelques pas la demoiselle avait rejoint l’enfant devant le meuble. Son corps s’abaissa d’instinct pour se mettre à son niveau. Avant de se concentrer sur le reste elle le regarda lui. Allait-il bien ? Son front ne suait pas. Mais il avait l’air si fatigué. Un sourire un peu rassuré mais quémandeur lui échappa. Allait-il vraiment bien ? Tout le monde aurait comprit s’il avait voulu rejoindre un lit.
Puis son regard se posa enfin sur l’objet qu’il tenait. C’était sans doute le premier de la pile… Bien. Elle s’installa à son côté. Pendant quelques secondes Virginie se contenta de regarder le cahier secret. Les voix des garçons lui parvenaient. C’est elle qui devenait une espionne depuis que ses oreilles étaient si assidues. Au moins il n’y avait pas de têtes brûlées dans ce groupe… exception faite pour son cher… et tendre oui. Son attention restait pourtant principalement sur Artie. Voulait-il qu’elle l’accompagne dans la lecture ? Non. Plus. Puisqu’il lui tendait le journal. Ses mains délicates caressèrent la couverture. Virginie n’avait jamais mit ses pensées sur papiers. C’était inutile. Quel intérêt verrait-il à relire tous ses échecs ?
-« Je lis alors… »
Elle lui lança un coup d’œil un peu timide. Première page… seconde. C’était bien le premier des récits intimes. En silence la lecture commença. Ses yeux suivaient les lignes tracées voilà des années. Samarah… Ses reflexes journalistiques firent leurs œuvres. En quelques pages elle releva les détails. Parlait-elle d’un lieu en particulier ? Concentrée. Déconnectée de son environnement. Cet fois tous ces sens étaient à l'arrêt. Son esprit s'imprégnait avec déférence... et complicité de cette autre vie. Sa main se porta vers un autre carnet. Puis encore un autre... aucun mot ne sortait de sa bouche.
Luc Treanez
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mar 29 Juin 2010 - 1:38
Luc était resté un peu en dehors de tout ça, ou du moins il avait décidé de ne pas trop s'impliquer dans cette fouille complète de la chambre du Cerbère. Il avait observé Koji et Arthur s'occuper à déverrouiller et ouvrir tout les tiroirs qui étaient fermés à clef, grâce à un certain talent de cambrioleur que le jeune génie possédait en plus de la somme de connaissances phénoménale qu'il semblait avoir, avant qu'il s'attaque à l'ordinateur.
Virginie elle de son côté fouillait également dans les affaires, quand elle ne regardait pas toute les minutes son portable en attente de nouvelles de quelqu'un d'important apparemment. Peut être que c'était June Appleby. Elle était la patronne et une amie pour elle, et semblait très impliquée dans cette affaire, d'où l'inquiétude maladive que semblait nourrir la jeune femme. Luc lâcha un soupir discret.
Le jeune homme décida de passer le seuil de la porte, et sortit un tiroir de son logement, et commença à fouiller dans les coupures de journaux qui s'y trouvaient. Certaines semblaient très vieilles. Elles parlaient d'une explosion d'une maison, dont le nom de domaine semblait familier à Luc. Et une photo vint confirmer son soupçon. C'était le bâtiment dans lequel ils se trouvaient auparavant. Et il appartenait à l'époque à la Famille Lemington. Samarah serait donc la petite survivante... Les autres coupures parlaient des US, avec l'attaque de l'armée sur l'institut à Boston. Plus il lisait plus il avait l'impression de remonter dans le passé de Samarah. Très pensif, il remit le tiroir en place. Il avait apprit pas mal de chose, qu'il devrait classer dans son esprit plus tard, mais pour l'instant l'important était de trouver un indice sur sa possible localisation, bien qu'il douta du fait que l'on la trouve dans l'état actuel des choses.
L'étudiant alla à la bibliothèque et commença à fouiller dans les livres, ouvrant certains au hasard comme pour voir s'il y avait des choses intéressantes, mais il fit choux blanc. Un receuil de poésie d'un auteur francais à la main, il se retourna pour regarder où en étaient les autres. Quand il se tourna, il vit Koji qui avait quitté l'ordinateur, visiblement sans indices fructuants, Gael qui lui aussi semblait ne rien trouver, et la même chose pour Arthur et Virginie.
Bon il faut se rendre à l'évidence qu'il n'y a rien ici d'intéressant.
Il alla s'asseoir sur le lit tout en feuilletant le livre, se demandant se qu'ils pouvaient faire. Les poésies étaient à l'image de la couverture, sombre et désabusée, semblant transmettre une idée profonde et une de mort. Un peu à l'image de sa propriétaire en somme, du peu qu'il avait pu voir d'elle et de sa vie.
Ce que je ne comprend pas, c'est pourquoi elle n'a contacté personne par télépathie. Si elle avait eu des problèmes, elle a surement les capacités de contacter à grande distance une connaissance, dont elle a parfaitement imprimée l'esprit, ou un truc dans le genre je sais pas moi. Si elle avait eu des problèmes en ayant combattu Kenjiss comme certains semblent le penser, elle l'aurait fait.
Pour moi ça ressemble de plus en plus à un enlèvement. Mais qui?? Qui a les moyens et les capacités d'enlever... ou d'éliminer, un mutant aussi puissant qu'elle. Pareil pour Kenjiss. J'ai plus ou moins vu ce qu'il pouvait faire sur la TransA, et il semblait loin d'être à fond. Ces deux là sont des monstres, même pour nous, en terme de niveau et de maitrise.
Luc réfléchissait à voix haute plus qu'il ne parlait aux autres, continuant de parcourir les vers et les alexandrins aux sombres intonations.
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Jeu 1 Juil 2010 - 23:07
Sujet: Douce inconscience... Sam 25 Juin 2011 - 22:03
Février 2052
C’était quelque chose d’étrange que de sentir qu’on l’entourait, sans pour autant être capable de communiquer.
Samarah avait perdu connaissance lorsqu’elle avait reçu dans son esprit, l’écho de la désintégration crânienne de son ennemi sur la Zone 56. Un choc terrible et effroyablement destructeur. Trop puissant pour être contenu, même par la télépathe oméga. Il fallait avouer que son état de faiblesse généralisée à cet instant n’avait pas non plus joué en sa faveur. Son esprit avait tout simplement été déconnecté du monde, bien plus longtemps qu’il ne l’avait sans doute jamais été. Un black out pur et simple. Total.
Et à présent, cela faisait plusieurs jours que la terrible Cerbère était plongée dans un profond coma. Les premières heures, ses proches s’en étaient inquiétés, avant de se voir rassurer par la femme médecin contactée d’urgence. Celle-ci était arrivée le plus vite possible et avait rapidement compris –malgré l’apparente maigreur et le corps meurtri de l’ex-prisonnière- que la première patiente dont il fallait s’occuper, c’était avant tout June. Les émotions avaient littéralement terrassé la future mère et ce n’était pas bon du tout non seulement pour elle, mais aussi pour le bébé.
Quant à Samarah, après avoir pratiqué un examen prolongé, son pronostic fut plutôt rassurant. Ses jours ne semblaient pas en danger. Ses blessures physiques avaient été traitées et commençaient maintenant le long chemin de la cicatrisation. Pour le reste, le docteur Velasquez s’était vite retrouvée limitée vis-à-vis du domaine des blessures psychiques. Face à un coma, la médecine demeurait hélas encore impuissante de nos jours. Il fallait simplement attendre que la mutante se réveille. Et dans le cas de Samarah –c’était une théorie que la doctoresse défendait ardemment depuis sa thèse sur l’étude de certains pouvoirs mutants- il était même possible que le coma soit une bonne chose. Selon elle, plus Samarah resterait au calme, plus cela permettrait à son esprit déconnecté de toutes interférences externes d’augmenter ses chances de se rétablir. Elle tenta d’expliquer sa théorie plus simplement face aux amis inquiets. En fait, il s’agissait de voir le coma dans ce cas précis, tel un court-circuit salvateur. Comme le fusible qui protégeait les circuits lorsque ceux-ci avaient du affronter une trop forte intensité…
Ordre avait donc été directement donné lorsqu’elle n’eut plus besoin du robo-medic pour contrôler ses constances vitales de la transférer dans sa chambre avec interdiction formelle de la déranger. Les élèves curieux avaient été éloignés avec la terrifiante promesse de se voir attribuer une punition monumentale s’ils approchaient la chambre de la malade. Seuls avaient été autorisés à lui rendre visite, les adultes et Virginie qui avait clairement fait comprendre à June que rien ni personne ne l’empêcherait d’aller la voir, même sans permission.
Ce fut à l’aube du 7ème jour que Samarah commença à émerger partiellement des limbes de son inconscience. Elle ne se réveilla pas encore totalement. Mais son esprit se reconnecta doucement au monde. C’est ainsi qu’elle sentit –vaguement- des présences familières qui se succédèrent à ses côtés.
Celle de June d’abord, de Virginie ensuite. Parfois celle d’Aisling et de Léo, son filleul. Même Léon qui l'avait si souvent rendue folle ! Elle les entendait lui parler, mais la mutante était incapable de réagir. Même par télépathie. Alors elle écouta, sombra dans l’inconscience par vague successive, écouta encore lorsqu’elle se sentait émerger de ces lointaines profondeurs abstraites avant de sombrer à nouveau. Elle aurait été bien incapable de dire combien de temps cela dura. Elle eut une impression d’éternité entre deux sursauts de semi-conscience. En réalité, il ne s’écoula que quelques jours. Samarah émergea lentement du coma un peu plus d’une semaine après y avoir brutalement plongé, finalement terrassée par la torture, la mort de son rival –quelle ironie- et la faiblesse généralisée d’un corps qu’elle avait trop longtemps maltraité. Un matin de février, ses yeux se rouvrirent péniblement. Et un regard encore absent fixa vaguement le plafond de sa chambre.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 26 Juin 2011 - 12:46
Au cours de sa vie bien remplie, Léon avait déjà connu le sentiment de culpabilité. Les premières fois devaient être bien sûr lorsque son frère et lui franchissaient les interdits posés par leurs parents. Plus tard, en grandissant, c’était lorsqu’il ramenait un bulletin de notes pas vraiment excellents à ces mêmes parents qui le regardaient alors avec de gros yeux noirs. Puis vint toute une série de première fois, sa première cigarette (et l’une des seules qu’il n’ait jamais fumé), sa première cuite à l’adolescence, la première fois qu’il transgressait le couvre-feu instauré par ses parents et qu’il filait à une soirée. Bref, il eut plusieurs instants dans sa vie où la culpabilité l’avait effleuré, à divers degrés. Mais aussi coupable qu’il avait pu se sentir autrefois, tout ces moments n’étaient rien en comparaison de ce qu’il ressentait à l’heure actuelle, lorsqu’il regardait son amie allongée sur son lit, les yeux fermés et qui venait de traverser des épreuves dont peu s’en serait sorti vivant. La preuve en était que le leader de la Confrérie n’était plus de ce monde alors qu’il était l’un des piliers de la population mutante actuelle. Léon se l’était toujours représenté, au même titre que Sam’, tel un roc balayé par le vent et la mer mais qui faisait front fièrement et sans ciller d’un millimètre… et pourtant, l’on avait eu raison de ce géant qu’il était et même Sam’ qui à l’heure actuelle, représentait l’un des mutants les plus puissants de la planète, avait été à deux doigts de rejoindre les limbes. Et Léon ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable à chaque fois que ses yeux se posèrent sur le Cerbère. Le mutant aurait donné n’importe quoi pour être celui qui était allongé sur son lit, dans le coma. S’il n’avait pas filé en Chine, peut-être bien qu’il aurait été cette personne et qu’à l’heure actuelle, Sam’ serait indemne, de mauvais humeur comme à son habitude mais indemne.
Dès que le docteur Velasquez déclara que la présence de Sam’ à l’infirmerie n’était plus nécessaire, Léon ordonna de la transférer dans sa chambre, là où elle disposerait de tout le calme et la tranquillité indispensable à son rétablissement. Il avait également prévenu à tous les pensionnaires, mis à part quelques exceptions, que quiconque s’approcherait de la chambre se souviendrait encore avec effroi de la punition jusqu’à la fin de sa vie. Le mutant était peut-être injuste, les élèves devaient être tout aussi inquiets au sujet de Sam’ qui ne l’était mais la colère et la culpabilité faisaient qu’il n’était pas à prendre avec des pincettes à ce moment là. Samarah étant indisponible, Léon faisait tout son possible pour s’assurer du bon fonctionnement du manoir, en collaboration avec son amie de toujours Koyuki. Le travail n’avait rien de bien difficile car après tout, c’était le travail qu’il avait jeté dans les bras des deux femmes avant de filer en douce en Chine pour régler ses problèmes personnels, sans penser aux conséquences de son départ. Les vieilles habitudes revinrent très vite et Léon donnait son maximum pour faire fonctionner correctement le Nouvel Institut.
Chaque matin, avant de commencer son travail administratif, Léon se rendait au chevet de Sam’. Il lui apportait des fleurs afin de remplacer celles de la veille et lui racontait plus ou moins les dernières nouvelles et les dernières rumeurs qui pouvaient courir dans les couloirs de l’Institut. Il excluait volontairement tout ce qui tournait autour de l’accident ainsi que tout ce qui concernait la gestion de l’Institut. Son amie était plongée dans un coma mais dans le cas où elle entendrait ce qui se passait autour d’elle, Léon ne souhaitait pas que son esprit soit rempli de sujets douloureux ou ennuyeux. Le mutant se forçait d’adopter un ton joyeux lorsqu’il parlait mais à chaque fois que son regard croisa le visage fermé de son amie, il s’arrêta net dans son monologue et murmura « Je suis désolé Sam’ » d’une voix basse et triste. Cette épreuve permit à Léon de se rapprocher des autres adultes vivant au manoir et avec lequel il n’avait pas eu l’occasion de réellement discuter. Il y avait Virginie qu’il supposait être l’incarnation de la gentillesse même mais également June. Léon n’avait jamais eu la chance de vraiment lui parler, la seule fois où ils s’étaient adressé la parole était lors de la soirée de l’inauguration de la TransAtlante. June lui avait chuchoté au creux de l’oreille d’essayer de renverser de l’eau sur la porte-parole de la Confrérie. Aujourd’hui, cette dernière n’allait pas tarder à donner la vie à son enfant et s’était installée au manoir afin d’être plus proche de sa meilleure amie mais également afin d’être bien entourée, à ce que lui avait raconté Virginie. La politesse souhaitait que Léon ne demande pas plus de détails aux deux jeunes femmes, du moins pas pour l’instant. Aussi, se contentait-il simplement de faire connaissance avec ces dernières.
Aujourd’hui, Léon était assis sur le fauteuil situé juste à côté du lit de Sam’ et celui-ci lui racontait son séjour en Chine, en omettant la partie où il alla s’attaquer aux mafieux du coin. Il lui lista toutes les activités possibles de faire à Hong-Kong ainsi que l’adresse des meilleurs restaurants, en rappelant à Sam’ de lui proposer de l’y emmener goûter à chaque fois. Le mutant était tellement absorbé par la description des plats du meilleur restaurant selon lui, qu’il ne fit d’abord pas attention au changement qui s’était produit sur le visage de son amie. Puis la lumière se fut dans son conscience et très vite, il se leva pour se rapprocher du lit de Sam’, de sorte qu’il était impossible pour Léon d’avoir imaginé ce qu’il venait de se produire. Il attrapa son communicateur et appela June et Virginie mais également le docteur Velasquez.
« Les filles, docteur Velasquez, venez vite dans la chambre de Sam. Léon »
En attendant l’arrivée des demoiselles, Léon agita lentement sa main au dessus du visage de Sam’ afin de voir si le Cerbère réagissait à son stimuli visuel.
« Sam ? »
Aisling O'Hegarty
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 26 Juin 2011 - 13:31
Longtemps, Aisling avait hésité à se rendre au chevet de Samarah… Ce n’était pas qu’elle ne s’inquiétait pas de sa santé, bien au contraire… Après tout, au fil de ces cinq années passés au sein de l’institut, celle que tout le monde surnommait si injustement la cerbère en son absence, lui était devenu comme une sorte de grande sœur ou bien encore de tante de substitution. Même si elle ne lui avait encore jamais avoué aussi ouvertement, elle et les autres résidents de l‘institut présent à son arrivée d’Irlande, était devenu comme la famille qu’elle n’avait jamais eu. Bien entendu, au cours des premiers mois Samarah l’impressionnait avec son apparente froideur et cette rigidité tellement caractéristique, même si elle avait toujours fait preuve d’une grande gentillesse à son égard. De plus, elle était une puissante télépathe et à onze ou douze ans, quelqu’un pouvant lire dans les pensées était, il fallait bien l’avouer, assez effrayant… Avec ce genre de pouvoir, il n’était pas question de faire la moindre bêtise en gardant au cœur l’espoir vain de s’en sortir en toute impunité.
Pourtant, en dépit des sévères remontrances que Samarah avait pu lui faire tout au long de ces cinq années, Jamais elle ne l’avait réellement punie pour une de ses grosses bêtises. Peut-être, lui avait-elle échappée… Mais Aisling en doutait très fortement car la télépathe était une redoutable mutante dans son domaine et pratiquement rien de ce qu’il se passait au sein de l’institut ne lui échappait… Ou alors… Peut-être… Oui, peut-être… L’adolescente ne savait pas si elle avait réellement raison en pensant que Samarah avait toujours respecté son intimité psychique, mais depuis que cette idée avait fait son chemin dans l’esprit de la jeune fille, elle avait vu la mutante avec un regard neuf, un regard plus ouvert et débarrassée des préjugées qu’elle avait pu entendre à son égard aux quatre coins de l’institut… Le regard d’une petite fille impressionnée non plus par la puissante mutante à qui on ne pouvait rien cacher, mais par la femme solide et forte qu’elle était… Et que, finalement, elle aimait plutôt bien.
Cette image de femme forte, imperturbable et solide comme le roc le plus ancien de la création, c’était justement cela qui avait longtemps retenu Aisling de venir rendre visite à Samarah. Avoir une telle image d’elle et la voir soudain aussi faible et sans défense qu’un nouveau-né, c’était, quelque part, un peu perturbant pour l’adolescente… C’était un peu comme un modèle que l’on pensait éternel et qui un jour s’effritait sous le poids des années. Mais finalement, Aisling avait pris conscience que cela n’était pas une raison suffisante pour ne pas venir s’enquérir elle-même de la santé de la mutante. Elle pensait même que ce serait lui manquer de respect et se montrer des plus cruelle à son égard, que de ne pas la soutenir alors qu’elle était au plus mal. Voilà pourquoi, après s’être hasardé à demander des nouvelles de sa santé à ceux qui allaient régulièrement lui rendre visite depuis son installation dans sa chambre, elle avait elle-même décidé de les imiter.
S’adresser çà une personne dans le coma était toujours une chose assez étrange en vérité et plus encore lorsque la comateuse en question était une puissante télépathe. On disait que les gens normaux dans le coma entendaient les sons tout autour d’eux, mais qu’en était-il des mutants télépathe.. ? Pouvaient-ils lire les pensées de leurs visiteurs, sans même sans rendre compte.. ? Et si c’était effectivement le cas, en gardaient-ils le moindre souvenir clair.. ? Difficile à dire… Mais même si l’adolescente craignait pour son secret, elle s’efforçait de ne pas penser à ce dernier en venant raconter sa petite vie sans importance à Samarah. Parfois pourtant, sans doute en confiance, Aisling évoquait partiellement le sujet sans pour autant le dévoiler, exprimant ses regrets vis-à-vis de sa mère à qui elle mentait sur quelque chose de très important afin de ne pas lui faire de peine… Heureusement, la télépathe ne pouvait lui répondre…
Lorsque ce jour-là l’adolescente avait décidé de venir à nouveau la voir, elle avait tout d’abord fait un rapide détour par Londres afin de ‘’lui acheter des roses’’ pour qu’elle puissent voir une jolie chose à son réveil. Le détour en ville n’était bien entendu qu’un prétexte, sachant que la jeune fille n’allait pas gaspiller de l’argent pour quelque chose qui lui était si aisée de concevoir elle-même. Mais créer son bouquet au sein de l’institut aurait été bien trop suspect, elle le savait parfaitement… Une rose était une chose, mais plusieurs à la fois… C‘était là un risque, qu’elle ne souhait pas courir. Après être revenu de Londres avec son bouquet de roses bleus, roses et blanches, des couleurs douces et apaisantes selon elle, Aisling avait filé chercher un vase qu’elle remplit d’eau avant d’y plonger les fleurs issus de son être, littéralement. Bien entendu, elle savait que chaque matin Léon venait déposer un bouquet de fleurs fraîches dans la chambre de Samarah en venant lui rendre une petite visite avant de commencer son travail, mais après tout… Abondance de fleurs n’était pas un mal, surtout que ce dernier ne lui déposait pas de roses.
Fin prête l’adolescente se dirigea enfin en direction des escaliers menant à l’étage, afin de rejoindre la chambre de la télépathe et d’y passer, encore une fois, un peu de temps en sa compagnie. En arrivant, elle ouvrit la porte de ladite chambre et constata que Léon était encore là. Curieusement, celui-ci était debout devant le lit, penché légèrement en avant, juste au dessus de Samarah.
‘’Qu’est-ce qu’il y a.. ?’’
S’inquiéta-t-elle alors soudainement, imaginant déjà le pire avant même de connaître le moindre détail de la raison de cette position de la part de Léon. Le cœur battant un peu plus rapidement que à son habitude, Aisling s’avança vers le lit et le contourna afin de se retrouver du côté opposé à celui du dirigeant intérimaire. Elle laissa son regard se poser sur le visage de la mutante en serrant quelque peu le vase de roses contre sa personne et lorsqu’elle vit que les paupières de Samarah avaient laissé ses yeux réapparaître, l’adolescente exprima en un propos venant tout droit du cœur :
‘’Elle est réveillée.. ? Elle est sortie du coma.. ?’’
Après l’inquiétude, ce fut une certaine joie qui s’empara de la jeune fille, tandis que instinctivement, sa main gauche se glissa dans celle de Samarah en une sorte de soutien inconscient et qu’un sourire lumineux vint éclairer son visage.
.. Et quelque part au milieu de ce sentiment de bonheur, un profond soulagement apaisant traversa l’esprit de la maîtresse des roses…
Virginie Parish
Type Sigma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 26 Juin 2011 - 14:45
07 février 52
Virginie ne passait en définitif pas beaucoup de temps entre les murs de l’Institut. Entre la Lib Corps elle n’avait guère plus l’occasion de participer à la vie collective. Ça ne changeait pas beaucoup à avant la mission. Mais ça lui pesait. Elle était involontairement éloignée d’Artie de Gaël et même d’Almare qu’elle commençait à apprécier. Les intérêts de la communauté passaient avant ses désirs personnels. Ce n’était certes pas le moment de faire défaut. Et puis de nouvelles personnes avaient besoin de son soutient à présent.
Le plus souvent elle revenait tard en soirée, elle prenait une douche se changeait et allait au chevet de Samarah. C’était devenu une espèce de rituel. Comme si à ses cotés elle pouvait l’aider, ou mêmes elles pouvaient s’aider mutuellement. La jeune fille n’avait pas oublié les discussions qu’elles avaient eues toutes les deux. Elle ne disait jamais plus de trois mots et restait là à écouter leur silence. Cela lui faisait du bien.
C’était comme cela que la mutante avait enfin eu l’occasion de revoir monsieur Asakura. Ils se croisaient régulièrement tôt le matin. Quand Virginie sortait de la chambre pour aller avaler un petit déjeuner gargantuesque. Ils échangeaient quelques mots. L’épreuve avait cela de bien qu’elle relayait la timidité première à une chose encombrante. La petite londonienne savait qui était cet homme dans l’Histoire mutante. Elle le respectait et appréciait cette jovialité dont il faisait preuve. C’était rassurant de savoir qu’il était à nouveau ici.
Il était vers les dix heures heures. Mademoiselle Parish était revenue du centre ville. Elle avait besoin d’un de ses carnets. L’un de ceux qu’elle tenait l’an dernier quand elle travaillait pour le NYNW. Il est vrai que sa chambre n’était pas dés plus ordonnée. Celle-ci s’apparentait plus à un point de chute. Quand Luc n’était pas ici Virginie n’avait pas envie de ranger. Elle était entrain d’envisager d’abandonner et de descendre voir Olga en cuisine. La matinée avait été longue. Sa main tombait sur l’un des t-shirt du jeune français qu’il avait dû oublier… ou qu’elle lui avait piqué. Et bien sûr Virginie soupira comme une idiote en pensant à lui.
Le communicateur vibrait alors qu’elle posait le vêtement sur une de ses piles de linge. Monsieur Asakura ? Intriguée elle écoutait le message et sentit immédiatement son cœur s’emballer. Elle lâchait l’appareil et bondissait hors de la pièce en courant. Devant le regard étonné de quelques camarades Virginie passait de l’aile est à l’aile ouest à la fois inquiète et pleine d’espoir. June avait été également prévenue. Elle n’était qu’à quelques mètres de la chambre de Miss Lemington. La mutante se forçait au calme avant d’entrée. La tranquillité était l’une des règles d’or quand on était prêt de la dame.
Ses yeux bleus détaillèrent la scène avec grande précision. Léon et Aisling entourant le lit de la malade. Elle ne connaissait pas beaucoup cette dernière. Aisling avait quelque chose de … fascinant. Incapable de l’expliquer Virginie tentait d’en apprendre un peu plus sur elle à sa façon patiente et bienveillante. Ils ne bougeaient pas. L’un une main au-dessus de visage de celle-ci et l’autre penchée. Un fabuleux sourire se dessinait lentement sur le visage de la jeune fille lorsqu’elle vit les yeux ouverts de Samarah. Enfin ! Elle avançait gagnée par une joie sans borne. C’était un miracle. C’était une excellente nouvelle. Virginie se laissait envahir par le doux sentiment du soulagement et de l’affection. Elle restait à quelques pas en retrait. Elle n’était ni une vieille amie ni la filleule mais elle était heureuse.
-« Bon retour parmi nous Samarah ! »
Le prénom était venu de lui-même. Le bonheur avait cet effet libérateur. Des pensées extrêmement positives affluaient dans son esprit. La vie reprenait son court. Ils étaient forts. Tout se passerait bien. Ils survivraient en bravant la suite… tous ensemble. Virginie sentait une dose de vitalité supplémentaire la parcourir. Elle lançait un regard complice aux deux autres guetteurs. Cette nouvelle allait mettre le manoir en fête !
Dernière édition par Virginie Parish le Mar 9 Aoû 2011 - 14:07, édité 3 fois
Miss Lemington
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Jeu 30 Juin 2011 - 18:57
Elle eut l’impression que la douleur s’empara à nouveau de son corps lorsqu’elle rouvrit les yeux pour la première fois. Sa peau, ses bras, ses jambes. Et son crâne surtout, la mutante avait l’impression que tous les os de son crâne vibraient. Tout lui faisait mal. Même le dos de sa main qui supportait la perfusion pour la maintenir en vie en la nourrissant de force et lui apportait sa dose –visiblement trop faible- d’antidouleurs.
La scène était assez insolite et surtout rarissime. Que des individus puissent s’approcher aussi près du Cerbère sans se retrouver projeté contre le mur le plus proche -pour les plus chanceux- était plutôt… inhabituel. La mutante ne laissait que très peu de personne franchir les limites sécuritaires de son espace vital. La situation montrait bien à quel point elle était encore vulnérable et mal en point. Son regard fixait toujours le plafond. Il s’écoula quelques longues secondes supplémentaires, avant que ses yeux sombres ne dérivent lentement vers la première voix qu’elle entendit. Ses pupilles rétrécirent légèrement lorsqu’ils se posèrent sur la main de Léon avant de dériver vers son visage inquiet. Elle voulut bouger. Mais elle n’y parvint pas. La mutante cligna des yeux. La lumière du jour l’aveuglait encore un peu.
Une autre voix ne tarda pas à se faire entendre et elle sentit une main se serrer contre la sienne. La main de la mutante se referma faiblement sur celle d’Aisling, comme celle d’un enfant qui attrape instinctivement la main de sa mère pour ne pas se perdre. La jeune fille lui souriait sans qu’elle ne sache trop pourquoi. L’homme au-dessus d’elle paraissait soulagé également mais elle en ignorait toujours la raison.
La malade referma les yeux. Elle était visiblement désorientée. Que lui voulaient ces gens ? Et surtout qui étaient-ils ? Une multitude de questions qui ne trouvait guère de réponses dans sa tête. Il fallait qu’elle y remette de l’ordre au plus vite. Sauf que… cela lui fut impossible. Il y avait un immense mur au milieu de son esprit. Un rempart infranchissable derrière lequel se terraient ses souvenirs. C’était une chose qui ne lui arrivait pas souvent mais… Samarah prit peur. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi était-elle incapable de bouger, le corps totalement meurtri ? Le cœur de la mutante s’emballa et le seul écran qui surveillait encore son état de santé émit un bip sonore, suivi de pics plus ou moins chaotiques. La machine s’emballait au même rythme que sa panique.
Que s’était-il passé ?
Quelle était la dernière chose dont elle se souvenait exactement ? La mutante focalisa toute son attention sur cette ultime question pour tenter de garder son sang-froid. Sauf que… se retrouver avec un gros trou noir et se rendre compte qu’on ne se souvenait de rien n’était pas forcément rassurant. Elle rouvrit les yeux et à cet instant, une troisième voix surgit non loin d’elle. Samarah tourna lentement la tête cherchant un visage à mettre sur cette voix. Un visage qu’elle reconnaitrait peut-être. Cette personne aussi, au son de sa voix, semblait contente de la revoir. Deux yeux bleus rassurés se posèrent sur Samarah. Un sourire enjoué éclairait le visage de l’adolescente. Un sourire aussi sincère ne pouvait pas mentir. Ces gens étaient donc réellement soulagés de la voir se réveiller. S’ils connaissaient Samarah, elle devait forcément les connaître aussi. Son rythme cardiaque se calma lentement. Le temps pour la mutante de comprendre qu’elle ne risquait rien en compagnie de ces personnes. Il ne restait que l’épineuse question de savoir pourquoi elle était clouée dans un lit.
Ses yeux passèrent de visage en visage tandis qu’elle faisait appel à sa raison. Tous la regardaient avec un air à la fois rassuré et inquiet. Et tous, en effet, lui parurent familiers. Samarah promena lentement son regard autour d’elle comme quelqu’un qui s’appropriait un lieu pour la première fois. Elle constata que cet environnement ne lui était pas étranger non plus. Elle était… chez elle, tout simplement. Dans sa chambre. Sa chambre à l’Institut. L’Institut ! Elle s’arrêta sur le premier visage, celui de Léon avant de l’identifier et de reconnaître ensuite Aisling et Virginie. Ils avaient visiblement tous veillé sur elle. Mais… elle avait quitté l’Institut sur un coup de tête. De ça, elle s’en souvenait parfaitement maintenant. Comment avait-elle pu y revenir sans en avoir gardé le moindre souvenir ? Et surtout que lui était-il arrivé pour qu'elle se retrouve dans un tel état ?
Samarah se concentrait et à mesure qu’elle avançait dans le labyrinthe de ses pensées, les premiers souvenirs resurgirent lentement. Il n’y avait personne sur la route ce soir-là et elle roulait avec une destination précise en tête. Elle se souvint d’y être arrivée. Pas d’en être repartie, en revanche. Le trou noir commençait à cet instant. "…arbre… évanouie… mal"
Ses premières paroles, à peine des murmures pratiquement incompréhensibles, furent assez désordonnées. "Que… s’est-il… passé ? Pourquoi… je… suis… là ?" parvint-elle enfin à articuler d’une voix rauque mais plus ou moins audible
Elle ne fixait aucun visage en particulier, ses yeux voyagèrent de personne en personne. En quête de réponses. Samarah baignait dans la confusion la plus totale. Et sa tête la faisait atrocement souffrir. Pourquoi avait-elle l’impression qu’elle avait explosé ?
(HJ : on repart pour un tour, June et le Dr Velasquez n'arrivent pas tout de suite)
June Appleby
Humaine
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mer 27 Juil 2011 - 23:38
[Finalement June arrive, Léon se faisant désirer ! Que poste qui veut pour avancer, il nous rattrapera]
June était en effet venue au chevet de la mutante tous les jours depuis son arrivée. Elle avait suivi Virginie qui l’avait amenée voir le Dr Velasquez mais elle était ensuite retournée voir Samarah dès le soir même. L’infirmerie était alors déserte. Il n’y avait que les deux femmes. L’une inconsciente, plongée dans un profond coma ; l’autre au bord d’un gouffre aussi profond que pouvait l’être son désespoir. Alors à l’abri des regards, l’humaine, seule et désemparée, avait craqué et son chagrin avait brisé le silence des lieux, seulement ponctué par les bips sonores du robot-médic qui surveillait toujours les constances vitales de son amie.
Rongée par la culpabilité, elle s’était excusée. Encore et encore. Des remords murmurés dans une mer de sanglots. Ne sachant même pas si la mutante pouvait l’entendre. Mais cela ne soulageait pas le poids de sa conscience. Elle avait passé la première nuit à côté de la mutante. Et elle était revenue jour après jour, avec l’espoir que son amie ouvrirait enfin les yeux. Personne n’avait essayé de l’en empêcher, même lorsqu’elle finissait par s’endormir dans le fauteuil qui avait déjà accueillit les nombreuses insomnies de la mutante, vaincue par la fatigue.
Lorsque son corps n’eut plus de larmes à pleurer, elle trouva petit à petit la force de parler à Samarah. De tout et de rien. Surtout de rien. Des souvenirs de leur enfance, des blagues qu’elles avaient complotées à deux contre les sœurs de l’orphelinat. De ses angoisses quant à sa grossesse et à l’avenir de son fils qu’elle devrait désormais assumer seule, mais pas une fois, elle n’avait prononcé le nom de Kenjiss. Et puis des excuses encore, car elle avait finit par comprendre en observant le corps meurtri de son amie que le Cercle n’était pas le seul responsable de son état. Son attitude l’avait profondément blessée, plus encore qu’elle ne l’avait imaginé. Mais l’humaine ne soupçonnait pas encore à quel point…
Plusieurs fois, elle avait croisé Léon, Virginie ou parfois même aussi la jeune Aisling qu’elle ne connaissait finalement que très peu. Elle avait néanmoins pu voir que l’adolescente était désormais une belle jeune femme qui ressemblait de plus en plus à sa mère. Ressemblait-elle aussi à ce point à sa propre mère ? Elle s’était déjà souvent posé la question, sans grand espoir hélas d’y trouver réponse. Alors, elle tâchait de ne pas y penser, tout simplement.
Le message annonciateur de la bonne nouvelle arriva sur son communicateur alors qu’elle s’était assoupie dans sa chambre (pour une fois !). La future mère se réveilla en sursaut et bondit hors de son lit. Elle déboula dans la chambre de la mutante aussi vite que son état le lui permettait, franchissant en un temps record la distance qui séparait sa chambre de celle de son amie (oui, oui, elle parvenait encore à courir une dizaine de mètres sans soucis !).
Elle s’était néanmoins arrêtée sur le pas de la porte entrouverte, hésitante. Son amie ne l’avait plus vue depuis plus de 7 mois et entretemps, l’humaine avait pris certaines rondeurs synonymes entre autre de leur discorde. Mais elle ne pouvait plus les dissimuler désormais. Et puis, le soulagement en apercevant un léger mouvement de la part de son amie –elle avait attrapé la main d’Aisling- prit le pas sur l’appréhension. Elle entra dans la chambre et se dirigea lentement vers le lit où reposait la mutante. Arrivée à sa hauteur, près de Léon, elle prit à son tour l’autre main de la mutante dans la sienne
"Sam’… c’est si bon de te revoir ! Comment… comment te sens-tu ?"
June avait inspiré longuement pour se débarrasser du nœud qui lui nouait la gorge, mais ses yeux brillants trahissaient malgré son sourire, ses émotions profondes et contradictoires. Rassurée de voir son amie sortir du coma, effondrée parce que Kenjiss y était resté… Sa volonté ne parvint d’ailleurs pas très longtemps à repousser deux fines larmes qui perlèrent le long de ses joues.
Léon Asakura
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Dim 31 Juil 2011 - 21:26
[Désolé pour le retard ^^"]
Très peu de temps après son message, Léon vit arriver tout d’abord Aisling, ce qui était surprenant car il n’avait pas eu le souvenir d’avoir mis le nom de la demoiselle parmi ceux qu’il a contacté. Cette dernière s’approcha du lit par le bord opposé à celui où se tenait l’asiatique et après un bref regard inquiet lancé à Léon, elle baissa les yeux et remarqua à son tour que le Cerbère avait finalement rouvert les yeux. A cet instant, l’inquiétude dans son regard fit place à la joie de retrouver Samarah consciente et elle ne fut pas la seule. En effet, Viriginie avait son tour pénétré dans la chambre, certainement suite au message que venait de lui envoyer le directeur intérimaire et elle aussi dévoila un sourire où se lisait le soulagement et bien évidemment, l’allégresse de retrouver une amie. Une pensée traversa l’esprit de Léon, laquelle consistait à annoncer à tout le reste du manoir le réveil de leur gardienne tant appréciée et respectée. Mais Léon souhaitait profiter de moment et bien que cela pouvait paraitre un peu égoiste, il voulait garder ce sentiment d’euphorie pour lui tout seul ou du moins ne souhaitait le partager qu’avec le minimum de personnes. Les mois précédents avaient été durs pour tout le monde et ressentir que les choses étaient en train de s’arranger mettait plus que du baume au cœur du mutant. Lorsqu’il fut émotionnellement calmé, Léon prit à nouveau la parole et en profita pour répondre à Aisling.
« Elle a ouvert les yeux il y a à peine quelques minutes. J’ai juste eu le temps d’appeler Viriginie, June et le docteur Velasquez. J’aimerais qu’elle vienne examiner l’état de notre amie et qu’elle nous dise que Sam’ nous est bel et bien revenue. »
Léon fut interrompue par Samarah qui tentait de leur dire quelque chose mais la demoiselle avait encore du mal à aligner les mots, conséquence de cette longue période sans avoir pu ouvrir la bouche. Le mutant se pencha sur la table de chevet et remplit un verre d’eau avant de le présenter à son amie et l’aider à boire quelques gorgées si elle le désirait. Celle-ci était finalement parvenue à tenir un discours compréhensible et leur avait demandé la raison de sa présence ici et dans cet état. Léon afficha un air surpris, il avait pensé que son amie de longue date se serait souvenue de la mésaventure dont elle avait été victime mais en même temps, il comprenait que celle-ci ait effacé tous souvenirs de ces dernières semaines de sa mémoire. Qui ne l’aurait pas fait à sa place ? Le mutant effaça la surprise de son visage et tenta de lui fournir une réponse.
« J’ignore comment tout cela a commencé Sam’. Je ne sais pas si tu t’en souviens mais j’étais en Chine il y a quelques mois. Il s’est passé pas mal de choses là-bas mais nous en reparlerons plus tard. En revenant à Londres, j’ai trouvé le manoir sur le pied de guerre et l’on m’a appris que tu avais été enlevé ainsi que Kenjiss et qu’une équi pe composée entre autres de Virginie s’était envolée pour le Canada dans l’optique de proposer une alliance avec la Confrérie. Je laisse à Virginie le soin de d’expliquer ce qui s’est passé ensuite, ayant vécu tout cela en personne. »
Le jeune homme n’eut pas le temps de continuer son explication car une autre personne fit son entrée dans la chambre de Samarah, qui commençait à devenir trop petite. La dernière arrivante ne fut autre que l’amie la plus proche que la gardienne de l’Institut avait et qui malgré sa condition actuelle, n’avait eu cesse de s’inquiéter pour l’état de santé de cette dernière. June, car il s’agissait bien évidemment d’elle, s’était approchée du lit en se positionnant à la gauche de Léon et avait attrapée la main de son amie d’enfance. Le mutant s’écarta alors afin de laisser un peu d’intimité aux deux jeunes femmes et vint se tenir aux côtés de Virginie. Il s’adressa alors à cette dernière avec un sourire dessiné sur les lèvres.
« C’est le genre de nouvelles dont on avait grandement besoin n’est-ce pas Viriginie ? Oh, bien sûr, ça n’effacera en rien tous les drames qui ont eu lieu ces derniers temps mais bon, ça nous donne une bonne raison d’espérer encore. On devrait peut-être mettre le manoir au courant mais je ne crains de donner aux élèves une raison de mettre le bâtiment sens dessus dessous… »
Aisling O'Hegarty
Type Alpha
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mer 3 Aoû 2011 - 14:37
Elle était revenu parmi eux, enfin… Lorsque sa main vint s’emparer de la sienne, Aisling exerça une pression tendre sur la main encore faible de Samarah. Une telle familiarité n’était pas courante chez la mutante télépathe, moins encore avec un élan de spontanéité aussi volontaire. Mais cela ne faisait que révéler une chose que l’adolescente savait déjà depuis bien longtemps maintenant : La cerbère de l’institut était loin d’être un monstre inaccessible et sans âme… Elle était aussi humaine que n’importe qui d’autre, même si elle se gardait bien de le dévoiler à quiconque habituellement. Mais dans ce genre de situation, on ne pouvait mentir et son geste trahissait un besoin d’être rassurée, d’avoir un petit quelque chose la rattachant à ce monde dont elle avait été si longuement déconnectée. Voilà pourquoi, Aisling n’avait pas hésitée à imiter son geste avec, toutefois, un peu plus de force il était vrai. Personne n’irait témoigner de ce moment de ‘’faiblesse’’ de toute façon et ainsi la terrifiante réputation de Samarah demeurerait intact aux yeux du reste des pensionnaires de l’institut.
Mais déjà, la chambre se remplissait. June venait à son tour de surgir dans la pièce, visiblement rempli d’une certaine appréhension devant la nouvelle du réveil de son amie d’enfance. A vrai dire, Aisling ne comprenait pas vraiment pourquoi. Si elles s’étaient disputée avant qu’elle ne sombre dans ce coma, l’adolescente n’en connaissait pas vraiment la raison. En même temps, se mêler des affaires de Samarah alors qu’elle ne le souhaitait pas, c’était un jeu dangereux auquel Aisling n’avait jamais eu l’inconscience (ou l’intelligence ?) de se frotter. En dépit de ce sentiment curieux de gène mâtiné de peur, June vint se placer auprès de Léon et, d’elle-même cette fois-ci, glissa sa main dans celle de la télépathe. Aisling connaissait assez mal cette femme et le seul point commun qu’elles pouvaient avoir, outre leur affection certaine pour Samarah, était sans doute le fait qu’elle n’était pas une mutante. Tout au moins, un demi point commun puisque, là ou June était véritablement sans mutation, l’adolescente, elle, ne faisait que mimer l’absence de cette dernière. D’ailleurs et puisque elle paraissait avoir élu domicile à l’institut, Aisling s’était un peu étonnée qu’elle ne se soit jamais intéressée à son cas. Mais peut-être pensait-elle de facto que si elle vivait à l’institut et que sa mère était une mutante, alors c’était qu’elle devait logiquement en être une.. ? Le raisonnement n’aurait pas été vide de sens, mais puisque Aisling dissimulait sa mutation… En même temps, sans doute ne s’intéressait-elle pas au fait qu’il puisse y avoir une seconde non mutante à l’institut.
Alors que Léon tentait de répondre à la question hésitante de Samarah, Aisling fronça quelque peu les sourcils. Ce n’était pas vraiment le moment d’embêter la télépathe avec les détails, elle pourrait les apprendre plus tard, lorsqu’elle se serait encore un peu plus rétabli. Tout en maintenant son étreinte tendre sur la main de la patiente alitée, l’adolescente laissa son autre main glisser en direction du front de la jeune femme et frôla ce dernier du bout des doigts afin de lui dégager les quelques mèches venues s’égarer malencontreusement. En lui souriant, Aisling se rendit compte à quel point Samarah lui paraissait fragile et sans défense. Son regard se fit caresse, comme celui que l’on offrirait à un enfant malade. La pensée qui traversa alors l’esprit de l’adolescente ferait certainement bondir la télépathe, mais elle la trouva… Attendrissante, oui…
‘’Je pense qu’il n’est pas utile d’embêter Samarah avec des détails, elle pourra les apprendre plus tard lorsqu’elle se sera un plus remis.’’
Lança-t-elle alors, sans quitter la jeune femme du regard, avant de s’adresser plus particulièrement à elle sur un ton qui se voulu volontairement murmurant :
‘’Bon retour parmi nous Samarah, je suis contente de te voir enfin réveillée. Ne t’inquiète surtout pas, nous gérons les choses… Toi, tu ne dois penser qu’à une seule et unique chose… Te rétablir au plus vite afin de nous revenir très vite en pleine forme, d’accord.. ?’’
La main libre de l’adolescente descendit alors du front de la jeune femme jusqu’à sa joue tiède, qu’elle caressa aussi tendrement que pourrait le faire une mère inquiète mais se voulant toutefois rassurante. Quoi de plus normal après tout.. ? Aisling ne faisait que veiller sur elle, tout comme Samarah avait, parfois, veillée discrètement sur elle lorsqu’elle avait été elle-même malade. Comme tout les résidents de l’institut présent depuis son arrivée en compagnie de sa mère, la télépathe était comme un membre de sa famille et Aisling prenait soin de sa famille.
Virginie Parish
Type Sigma
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Mer 3 Aoû 2011 - 18:45
-«Merci beaucoup de m’avoir prévenue monsieur Asakura ! »
Le réveil d’un grand blessé était toujours lent et chaotique. Survivre n’était pas une mince affaire. Elle l’avait découvert, quand elle avait retrouvé sa propre mère, dans un lit d’hôpital. Le même silence tendu à craqué régnait dans la chambre. Elle observait cette femme revenue de si loin. C’était normal d’être perdue, déstabilisée, sans repère. Il ne fallait pas aller trop vite. Le cerveau était entrain de reconnecter ses neurones. La demoiselle approuvait intérieurement la prise en charge de Léon. Il agissait avec douceur : la clé du bienêtre pour une personne –momentanément- diminuée.
C’était étrange d’entendre quelqu’un raconter ce qu’elle avait vécu. Dit comme cela, la mutante avait l’impression que toute cette histoire remontait à une éternité, pourtant elle ne remontait qu’à une quinzaine de jours ! C’était un résumer sommaire sans aucun doute suffisant pour le moment. Virginie adressait un sourire à miss Lemington en gardant le silence. Aisling avait raison. Il était inutile et même anti-productif d’envahir la tête de la femme avec ce récit.
-«Oui, Aisling a raison. Ne vous inquiétez pas on prendra le temps de parler. Je vous dirai tout ce que vous voulez savoir et les autres aussi. »
Les mauvaises nouvelles pouvaient bien attendre un peu. C’était un moment d’allégresse qu’il fallait savourer.
Virginie suivit l’arrivée de June du regard. Son cœur se gonflait de joie à l’encontre de ces deux femmes. Elle avait assisté à leur brouille. Vue Samarah se renfermer sur elle-même et enterrer ses émotions. Vue June souffrir de la distance imposée par les événements. Elles n’avaient pas eu de chance. Mais tout cela prenait enfin fin. C’était peut être ça le miracle dont elles avaient besoin toutes les deux. Peut être que ce serait aussi un peu celui d’Elie enfin de compte. Elle semblait tant vouloir le bien être de l’humaine. Résilience l’informerait de la bonne nouvelle dés qu’elle aurait quitté cette pièce !
Léon se mettait en retrait avec elle. S’ils étaient tous également heureux de voir Samarah ouvrir les yeux, les relations elles étaient différentes. La fille de madame O'Hegarty avait pratiquement été élevée par les membres de l’Institut. Qu’en à June c’était bien la meilleure amie d’enfance de la rescapée. Ce moment leur appartenait bien plus. Même si beaucoup de monde était en droit d’apprendre cet heureux revirement. Les mots du mutant la firent sourire un peu plus. Était-ce possible que lui aussi ait le talent de lire dans les pensées ?
-«C’est ça, une autre raison d’espérer. La preuve que tout ce qu’on fait sert à quelque chose. C’est important ! » Ses yeux un rien malicieux cherchaient ceux de l’ancien directeur. Peut être bien que le manoir serait désordonné ! N’était-ce pas le cas pour chaque fête de toute façon ? Les élèves méritaient de s’amuser un peu. Ce n’était pas grand-chose après les terribles épreuves qu’ils venaient tous de vivre. -«Je m’engage à ce que tout soit rangé juste après la fête. C’est promis ! » Virginie imaginait déjà la tête de Léa quand elle allait lui annoncer tout ça… Et Artie et Koji… oui vraiment ils avaient bien le droit de faire honneur à leur Cerbère.
Virginie allait attrapait tranquillement une chaise et la déposait juste derrière la femme enceinte pour lui permettre de s’assoir. Elle jetait un regard vers la dame dans son lit avec un petit sourire. Tout irait mieux maintenant. Sa main douce, serrait doucement l’épaule de June, avant qu’elle ne retourne vers le seul homme de la pièce. Elle se demandait pourquoi il n’avait pas fait appeler madame Hara. La directrice était très occupée… comme touts les professeurs. La situation était sous contrôle. La jeune fille ne pouvait pas faire grand-chose de plus ici.
-«Je vais aller voir monsieur Alfred, pour organiser un petit quelque chose, ça vous va ? »
Sa main, allait errer vers sa poche droite, où reposait son cellulaire personnel. Elle devait absolument partager ce bonheur avec Luc.
Miss Lemington
Type Omega
Sujet: Re: [Chambre de Miss Lemington] Sam 6 Aoû 2011 - 0:51
A vrai dire, le flot d’informations délivré par Léon était déjà beaucoup trop dense pour que le cerveau encore embrumé de la mutante puisse l’enregistrer dans son entièreté. N’oublions pas qu’en plus d’émerger d’un coma, son sang était également parcouru depuis son retour à l’Institut d’antidouleurs aux puissants effets ‘planants’
" …en … Chine ? " murmura-t-elle vaguement, toujours aussi perdue, elle ne comprenait décidément plus rien.
Mais que faisait-il donc là-bas ? Etait-ce pour cette raison qu’il avait encore disparu de la circulation ? Léon avait de la chance, il échapperait sans doute pour la première fois de sa vie à un règlement de compte en tête à tête avec la mutante pour lui expliquer une nouvelle fois les raisons de sa disparition, Samarah n’en avait tout simplement pas la force actuellement. Elle eut déjà toutes les peines du monde à avaler une petite gorgée d’eau, gentiment proposée par le mutant aquatique alors une discussion en long et en large, il ne fallait pas espérer !
Elle sentit la main d’Aisling se resserrer légèrement sur la sienne, celle qu’elle avait refermée dans la main de l’adolescente, sans trop s’en rendre compte à vrai dire. Aisling pouvait penser ce qu’elle voulait, même si en effet, cela aurait fait bondir la mutante de l’entendre, elle était encore trop faible pour faire appel à ses dons de télépathie. Cependant, l’adolescente avait compris l’essentiel, ce que la mutante avait toujours pris soin de cacher. Sous une apparence froide et distante, Samarah n’était qu’un être humain. Pire encore, son corps d’adulte renfermait une âme blessée. Une enfant que la vie avait malmenée. Une adolescente qui s’était construite difficilement, dans le rejet, la haine et la peur. Une adulte, enfin, dans le déni le plus total et en mal de repères. Toutes ces épreuves expliquaient la fragilité mais également la souffrance et surtout la dangerosité de la mutante. Ses décisions qu’elle voulait réfléchies étant encore bien souvent prises sous l’impulsion de la colère qui l’habitait depuis toujours.
Certains souvenirs, à peine des flashes au fond de sa mémoire, réapparurent au rythme des paroles de Léon. Enlèvement, torture, … des mots à vous faire frissonner d’angoisse mais quelque chose d’autre avait maintenant attiré toute l’attention de la mutante. Tandis qu’Aisling repoussait une de ses mèches rebelles le long de ses joues sans la moindre protestation de la part de la mutante, ses yeux accrochèrent la personne qui entrait timidement dans la pièce. June.
Le temps sembla alors se figer dans la pièce, l’espace d’un battement d’aiguille.
Elle aussi avait changé au cours de ces derniers mois, à la seule différence et contrairement à la mutante décharnée dans son lit qu’elle était tout simplement… magnifique. Malgré son aura de chagrin qui l’entourait en permanence. On ne mentait pas lorsqu’on affirmait que donner la vie étant la plus belle chose qui puisse exister. Les yeux de la mutante suivirent lentement l’humaine qui s’approchait du lit. Alors qu’elle était passée maitre dans l’art de décrypter les émotions de l’humaine, Samarah ne comprit pas tout de suite l’expression qu’elle put lire sur son visage. Néanmoins, à toute chose malheur était bon. Et avant que les mauvaises nouvelles ne pleuvent sur la mutante, il se produisit au moins une chose positive. La mutante sentit au fond de son cœur que la rancune qu’elle avait entretenue à l’encontre de l’humaine s’était apaisée. Alors qu’un puissant élan de colère l’aurait encore envahie voilà quelques mois, voir l’humaine à présent devant elle, bien en vie, lui apporta un immense soulagement. La BCGDCA ne lui avait pas encore mis la main dessus... Aux portes de la mort et même si l’intéressée l’ignorait aujourd’hui, la mutante savait qu’elle ne devait son salut qu’à June. C’était pour elle qu’elle s’était finalement battue contre la drogue, le feu, cet Humanoïde qui l’avait torturée. Qu’elle avait trouvé la force de résister à cette envie d’en finir pour de bon qui la hantait depuis longtemps. June avait été sa lumière dans les ténèbres et la voix de Virginie, un phare dans la nuit. "J’ai… l’impression…d’avoir le crâne… qui…a… explosé" déclara faiblement la mutante sans avoir conscience des répercussions que pourraient avoir un jour ses paroles
La mémoire lui revenait lentement, par fragment. Des morceaux confus, douloureux. Elle ne protesta pas lorsque June prit également sa main dans la sienne. Son contact doux et chaud aussi tendre que réconfortant valait bien tous les médicaments du monde que le Dr Velasquez lui injectait depuis deux semaines par intraveineuse. Et puis, sans rien laisser paraître, elle pouvait bien en profiter un peu. Ce laisser-aller serait mis sur le compte des émotions et du réveil. Les personnes présentes n’y verraient que du feu… La mutante tentait de se concentrer mais ses paroles restaient encore confuses
"Des codes… ils voulaient des codes…"
Elle essaya de se redresser légèrement dans son lit mais l’effort à fournir pour y parvenir était encore trop grand. Résignée, la mutante continua d’assembler péniblement ses idées au rythme des images qui s’imprimaient dans son esprit.
"Il… y avait… du feu… l’homme en noir… je… je… l’ai tué… les soldats… morts… aussi… "
Délire ou réalité ? Suivre la mutante qui remontait petit à petit dans ses souvenirs indistincts n’était pas facile. La drogue avait altéré sa perception des choses. On risquait d’y faire de macabres découvertes… surtout qu’elle parlait de meurtres sans le moindre état d’âme. Samarah croisa le regard bicolore de l’humaine et aperçut ses larmes le long de ses joues "J’étais… en cellule… avec Kenjiss… au début… ils… sont venus… le chercher. J’ai perdu… contact…"
La mutante s’interrompit brusquement, laissant un silence pesant s’installer dans la pièce. Son regard s’ancra dans celui de l’humaine. Alors que l’évidence s’imposait déjà inconsciemment d’elle-même… l’humaine ne pleurait pas sans raison… Elle aurait du le comprendre tout de suite ! L’interrogation franchit malgré tout ses lèvres. Au diable la discrétion, elle n’était probablement plus de mise depuis longtemps !
"Pourquoi… tu… qu’est-ce que… tu… fais là ? Où est… Kenjiss ?"
Elle redouta que son crâne douloureux ne lui ait déjà apporté la réponse mais Samarah refusa d’y croire avant de l’entendre de vive voix. Ce n’était pas possible.