[Scénar 5] En route vers le petit bois

Pouvoir · Type Sigma

-« Tout le monde est attaché ? »

Le moteur vrombissait paresseusement devant eux. Sa main replaçait le rétroviseur. Ses bottines frôlaient les pédales. Luc et Artie étaient déjà montés dans cette voiture. Aucune surprise, les mêmes sièges un peu fatigués, la même odeur de fleur qui venait d’on ne sait où. Virginie, préférait mille fois être dans cette voiture, que là haut dans la chambre. Ici au moins tout était, connu, identifiable et modifiable. Cette voiture l’avait accompagnée sur déjà pas mal de routes. Elle qui pourtant détestait avancer vers l’inconnu. Elle qui paniquait à chaque changement d’itinéraire. Peut être parce qu’on lui avait demandé trop tôt d’en être capable de s’en… accommoder. Les événements l’avaient transformée –un peu- en voyageuse. Ces êtres qui prêtaient une âme, à leur cane, à leur boussole, à leur volant…

D’ailleurs cette voiture avait recueillie toutes les personnes de sa vie ou presque. Devenant, comme ces veilles maisons familiales, pleine de passé et donc de secrets. Harold Parish n’avait jamais eu à se faire conduire par sa fille encore. Il était le seul à avoir essayé de ne pas compter sur elle pour chaque occasion. C’était une partie, un objet, de l’univers qu’elle connaissait. C’était rassurant. A l’inverse de tout ce qu’elle était entrain de vivre. Une chasse au Cerbere qui les confrontait tous au danger d’être un mutant. Ici. Maintenant.

La porte du garage venait de s’ouvrir. Le téléphone que Nakor pouvait appeler fût déposé sur le tableau de bord. Elle vérifia une dernière fois que tout était en place. Un regard pour Aaron et un autre un peu plus long pour Artie. Un sourire encourageant également. Ils allaient la retrouver. Il fallait y croire. Elle pensa au chauffage qui ne servait qu’à ses passagers. Maniaque oui, dés qu’il s’agissait de la vie d’autrui. Koji sortait déjà. Gaël allait-il s’endormir cette fois ? Elle avait vue que quelque chose n’allait pas. Il ne quittait pas les pièces ainsi d’ordinaire. Mais le mutisme qu’il avait observé empêchait toutes amicales sollicitudes. Plus tard… De toute façon plus tard. Car Virginie avait réellement besoin de lui parler. Elle avait besoin de savoir si sa colère était légitime. Et surtout, oui surtout, qu’elle choix faire dans quelques jours.

En route… Une main sur le levier de vitesse. La Cadillac ne protesta presque pas et Virginie les fit sortir de la propriété sans la moindre hésitation. Le trajet journalier le la petite assistante. Sa conduite était donc souple et vive, en parfaite harmonie avec les petits caprices du modèle. Certainement plus rapide c’est vrai que celle d’un métisse japonais. En Amérique on roulait vite. Et depuis que Virginie vivait deux vies en vingt-quatre le concept de la vitesse avait gagné en… relativité. Pourtant il faudrait bien qu’elle en change !

Pour une fois aucun chant ne venait distraire du trajet vers la campagne. Virginie regardait droit devant elle concentrée et anxieuse. Les mots de Samarah l’avaient perturbée un peu plus. La peine que la jeune fille avait sentit un peu avant noël couvait depuis plusieurs mois. Elle la couvait depuis que June attendait son bébé. En parallèle peut être aussi déchirée que son aime était entière. Quand elles avaient parlé de trahison, Virginie n’avait pas comprit. Maintenant si… en aimant Kenjiss, l’amie avait provoqué un affreux dilemme chez la Cerbere. Etait-ce une raison suffisante pour quitter l’Institut en silence ? Non. Puisque le directeur de la Confrérie subissait le même sort. Ce n’était qu’une question de politique, une question de pouvoir, maudis soient-ils !

Ils dépassèrent les garçons au bout de vingt minutes. Une fois dans Londres il ne lui fallut pas cinq minutes pour retrouver l’Office de Tourisme. Un crénot ferme et agile (autant qu’un pas de tango) lui permit de se garer à quelques pas. Il fallait se dépêcher. Même avec son beau score la soirée était maintenant entamée et tout allait fermer. Une fois le frein à main en place elle regarda Artie à travers le rétroviseur. Ils n’y avaient pas besoin de quatre personnes pour avoir une réponse. Virginie espérait bien faire avancer les choses de son côté. Ses souvenirs d’enfance lui laissaient une très bonne impression sur la nature environnante mais cela ne suffirait pas.

-« Artie, tu peux aller demander les adresses des forêts, bois, parcs des environs ? S’il te plait. Ca nous donnerait des bonnes pistes ! Aaron t’accompagne. Pendant ce temps, je vais essayer de voir si June peut nous aider. Après tout elle est aussi sur cette photo. D’acc ? »

Avec un petit sourire la jeune fille retira l’indice des mains de son voisin. Peut être aussi une excuse comme une autre pour chercher le contact. Chercher le contact. Mademoiselle Parish devait être bien perdue. Quand les portent se refermèrent elle soupira. Le genre de soupire que l’on pousse pour avoir réussi un exploit imprévu. Avait-elle prévue de se faire du mauvais sang une fois de plus ? Alors que sa propre vie méritait peut être un peu plus de préoccupation. Enfin ! Le communicateur resté dans sa poche. La touche 3. June.

-« June c’est encore moi. Léa m’a prévenue. Mais j’ai besoin de toi… encore une fois. On cherche toujours Samarah. Il y a peut être une piste. Te souviens-tu, d’une photo de vous deux prise le… le 14 avril 2027. On a eu l’impression que le lieu était important pour elle. Ca doit être une forêt, ou un bois. Il nous faudrait le nom. S’il te plait, rappel-moi. »

Voilà maintenant il fallait attendre. Virginie se tournait vers Luc en les attendant eux. Bien sûr dans ces moments, où ils n’étaient que deux, c’est à eux qu’elle songeait. Rien qu’à eux. Il savait tout de sa vie à l’Institut, tout de sa petite vie d’étudiante, pas très douée. Il savait que sa famille avait souffert. Il savait, qu’elle avait envie de travailler, le plus vite possible. Parce qu’elle connaissait déjà la vie active et que, ce retour en classe, ne lui allait pas tout à fait. Mais elle lui avait caché tout le reste. Ce qui était peut être le plus prégnant dans son existence. A lui aussi, elle devait dire. Lui dire pour… l’association, la danse, le journal, la France, Alison… tout ça. Et lui dire aussi qu’elle voulait qu’il soit plus là. Lui dire qu’il lui manquait à chaque quai empruntés. Lui dire qu’elle avait peur d’être enlevée elle aussi.

-« Luc. Luc… je dois, »

Une sonnerie l’arrêta nette. Non pas maintenant, juste quelques minutes, avec lui. Mais elle attrapa le communicateur du tableau de bord tout de même. Par reflexe, par mauvais reflexe. June si vite ? Nakor peut être… David. Ses yeux cherchèrent une raison silencieuse. Pourquoi l’appeler ? Quel jour était-ce ? Le 23. Le 23… David, donc la danse, David le 23… Virginie avait oublié ! Oublié que ce soir, maintenant, le cours supplémentaire venait de débuter, depuis un quart d’heure. Sa main relâcha l’appareil sonnant toujours. D’accord. Cette fois elle était lasse. Pour de vrai. Elle sortie de la voiture sans prévenir. Vive trop vive pour être rassurante. Pareille à la femme qui sent que sa vie va finalement la dévorer. Avec une impression de fatalisme si commun à son tempérament. Un peu d’air nocturne et londonien. Une goulée froide de sauvetage.

Pouvoir · Type Alpha

Artie était monté dans la voiture, docile, aux côtés d’Aaron, de Virginie et de Luc. Il se sentait bien dans cette voiture. Il lui rappelait quelques souvenirs. Souvenirs qui se rapportaient invariablement à Ulrich. La tête appuyée contre la vitre, il regardait le paysage défiler. Où allaient-ils déjà ? Il avait oublié. Sa fatigue était toujours présente. Il bailla en essayant de dissimuler ça derrière une main. Peine perdu, Aaron lui jeta un coup d’œil désapprobateur. Artie tenta de l’ignorer avec une indifférence méprisante, regardant la voiture de Koji et de Gaël s’éloigner.

Ils s’arrêtèrent enfin. Virginie se tourna vers lui. Elle le regarda avec douceur, il lui rendit son regard avec curiosité et appréhension. La jeune femme lui sourit. Il sourit en retour, un sourire forcé. Il ne voulait pas lui donner une raison de plus de s’inquiéter.

- Artie, tu peux aller demander les adresses des forêts, bois, parcs des environs ? S’il te plait. Ca nous donnerait des bonnes pistes ! Aaron t’accompagne. Pendant ce temps, je vais essayer de voir si June peut nous aider. Après tout elle est aussi sur cette photo. D’acc ?

Artie n’avait absolument aucune idée de qui était cette June, mais il acquiesça, prit la photo et sortit de la voiture en compagnie d’Aaron. Le petit avec le grand.

- Pourquoi est-ce que tu es sorti de ton lit ? demanda enfin Aaron avec un air de réprimande, comme s’il ne pouvait plus se contenir.

Artie leva la tête vers lui, faisant protester sa nuque endolorie.

- Je t’ai entendu dans le couloir, répondit-il avec un air de défi, désireux de voir comment Aaron pourrait réagir.

La mine impassible, le jeune homme blond resta silencieux quelques secondes, puis reprit d’une voix calme :

- Et alors ?

- Et alors, grogna Artie, je sais que tu parlais de moi. Tu parlais de moi à quelqu’un, au téléphone. Qui était-ce ?

Aaron ne répondit pas, se contentant de le suivre.

- J’ai le droit de savoir !

- Non, murmura Aaron, non, tu ne peux pas.

- Et pourquoi ?

- Nous sommes arrivés.

En effet, ils venaient d’atteindre le bâtiment à la porte en chêne richement ornementée. Aaron l’ouvrit, son visage laissant clairement penser qu’il ne dirait rien de plus. Artie, fulminant, entra en boitillant toujours. Ce n’était pas grand-chose mais il ne voulait pas que quelqu’un le remarque. Ça pourrait faire des histoires, surtout avec Aaron à ses côtés.

Lançant un regard circulaire au grand hall, il s’avança vers l’un des bureaux de l’Office, attendit quelques secondes que la dame lui porte attention et déclara, ignorant totalement Aaron :

- Bonjour, voilà en fait je voudrais savoir…

Il tendit la photo.

- Est-ce que vous sauriez identifier cette forêt ?

Derrière lui, Aaron patientait, les mains dans les poches. Il croisa les bras et attendit le verdict.

Pouvoir · Humaine

Message vocal déposé sur le communicateur de Virginie

Virginie ? Oui…c’est bien une forêt. La Forêt d’Epping, entre Londres et Harlow. On allait s’y promener parfois quand on était plus jeune. Mais je ne vois pas ce qu’elle serait allée y faire… maintenant. Y a pas de raisons…

(Note HJ : attendez que je poste avec le MJ avant de reprendre un tour)

Pouvoir · Maître du Jeu

Harold Lewing avait trouvé ce boulot voilà des années. Loin de la pollution de la ville, du bruit incessant, de la foule. Harold était heureux et satisfait de sa situation. Il aimait son boulot. Or, à l’heure actuelle, beaucoup ne pouvait pas en dire autant, il le savait. Dans son bureau, il voyait rarement défiler du monde. Et il s’arrangeait toujours pour faire durer ses rondes dans les bois le plus longtemps possible. Harold était un homme qui savait apprécier le calme de la nature à sa juste valeur.

Et puis parfois, un évènement anodin venait briser la monotonie de la routine. Que ce soit l’un de ses collègues qui propose un barbecue de dernière minute après avoir ramené une carcasse de sanglier fauché par une voiture ou bien des individus étranges qui débarquent dans l’office sans prévenir. Comme aujourd’hui par exemple.

Harold avait haussé un sourcil étonné lorsqu’il aperçut le gamin à l’entrée de son bureau, gentiment envoyé par la secrétaire de l’accueil. C’était pas vraiment le genre de personne qu’on s’attendait à trouver ici. Des chasseurs, des gardes chasses, oui mais… un gamin qui semblait plus paumé que réellement conscient de se trouver entre les murs de l’Office des Eaux et Forêts Environnantes, pas vraiment non. Il avait une allure un peu bizarre d’ailleurs ce gosse mais Harold haussa les épaules. Après tout ce n’était pas la première fois qu’il voyait débarquer un original ici. Il venait peut-être leur demander de chercher après son chat ou son chien perdu ?

Je peux t’aider gamin ?

Pouvoir · Type Alpha

Lorsqu’Artie s’approcha de l’homme vers lequel on l’avait envoyé, il capta son regard un peu étonné. Il est vrai qu’on ne doit pas voir beaucoup d’enfants dans ce genre d’endroit. Ou alors, c’était parce qu’il n’avait pas l’air du tout en forme. Le garçon réajusta son écharpe sur son cou déchiqueté.

- Je peux t’aider, gamin ? lui demanda l’homme.

Sa voix perçait la rudesse typique du coin. Artie n’aimait pas tellement ce surnom de « gamin », il se sentait encore plus petit qu’il ne l’était déjà. Il fit abstraction de cette pensée et montra la photo à l’homme :

- J’aimerais savoir si vous pourriez identifier la forêt que l’on voit sur cette photo. Je sais que c’est pas grand-chose… mais…

Il jeta un coup d’œil à Aaron.

- … c’est urgent.

Pouvoir · Maître du Jeu

"C'est une blague ou quoi ?"

Harold jeta un coup d'oeil méfiant au gamin. Durant un instant, il crut à une caméra cachée... identifier une forêt sur base d'une photo... il se fichait de lui, ce môme ? Cependant, devant l'air pressé et surtout sincère de l'enfant, le vieil homme retint un soupir et attrapa la photo dans sa main calleuse. Il y jeta un coup d'oeil plus par politesse et curiosité que dans un réel soucis de l'aider.

Le garde forestier avait en effet très peu de chance de pouvoir identifier une forêt sur une simple photo. Photo qui ne semblait d'ailleurs pas très récente... Rien ne ressemblait plus à un arbre... qu'un autre arbre. D'autant que... ses yeux observèrent un instant les deux jeunes filles souriantes sur la photo avant de la retourner. Harold vit la date écrite au dos et cette fois, il ne put retenir un léger rire.

"Je veux pas te décourager mon p'tit gars, mais en plus de vingt ans, ça change une forêt ! Les arbres grandissent ! Certains meurent et d'autres apparaissent..."

Il regarda à nouveau les adolescentes. Il ne les connaissait pas pourtant, durant un instant, leurs visages lui parurent familiers. Il haussa les épaules. Il avait déjà vu tellement de visages dans sa vie. En général, c'était plutôt des gens qu'on lui demandait d'identifier sur des photos. Des personnes disparues ou des randonneurs qui se seraient perdus.

Il était donc très étrange aux yeux du vieil homme de vouloir identifier le lieu avant les personnes... Mais bon, puisque c'était cela qu'on lui demandait... Il plissa les yeux pour mieux distinguer les détails de la photo. L'emplacement des arbres, la grosseur des troncs et surtout l'arrière plan de la photo. On y distinguait une petite colline

"Ta clairière là... J'te garantis pas que ça pourra t'aider mais il y en a plusieurs dans la région. Notamment à Epping et Thornwood. Tu peux commencer par aller voir là-bas"

Et il lui tendit une carte de la région, avec l'emplacement des principaux bois. S'il avait été plus curieux, il lui aurait sans doute demandé pourquoi il tenait tant à retrouver ce lieux, mais après tout, ce n'était pas ses affaires. Même si c'était urgent, n'est ce pas ?

(HJ : normalement c'est à toi Virginie, mais tu peux laisser Artie poster et te rejoindre si tu préfères et de là, vous enchaînez sur un nouveau tour)

Pouvoir · Type Alpha

- C'est une blague ou quoi ? demanda l’homme en le regardant comme s’il était fou.

Artie ouvrit la bouche pour répondre. Le plus poliment possible bien entendu. Ce type l’énervait légèrement, d’autant plus qu’il commençait à être sur les nerfs. Aaron posa une main sur son épaule, le sentant tendu. Artie se renfrogna pour lui montrer que cela l’indisposait, même si au plus profond de lui, ce n’était pas le cas.

Le vieil homme examina la photo, la retourna et ricana en voyant la date. Artie fronça les sourcils alors que l’homme lui répondait :

- Je veux pas te décourager mon p'tit gars, mais en plus de vingt ans, ça change une forêt ! Les arbres grandissent ! Certains meurent et d'autres apparaissent...

Artie se rembrunit pour de vrai, cette fois. Déjà, il n’aimait pas qu’on l’appelle ainsi. « Mon p’tit gars », pourquoi pas « fiston », tant qu’on y était ? Artie détestait ce genre de surnoms supposés affectueux.

Ensuite, ils auraient déjà du y penser. C’est vrai quoi, une forêt ne reste pas immobile durant vingt ans. Elle grandit, évolue, se transforme. Comme tout le monde. Comme lui, Artie. Lui, qui menait une existence banale à en pleurer, avait évolué pour devenir l’élève d’une école de mutants. Il commençait d’ailleurs à bien s’y faire. Il avait commencé du moins, jusqu’à aujourd’hui.
- Ta clairière là... J'te garantis pas que ça pourra t'aider mais il y en a plusieurs dans la région. Notamment à Epping et Thornwood. Tu peux commencer par aller voir là-bas.

Et l’homme rendit la photo à Artie. Artie y jeta un bref coup d’œil, comme si ce dernier avait été susceptible de la modifier. C’était qu’il fallait prendre énormément soin de cette photo. Elle devait avoir beaucoup d’importance pour une personne telle que mademoiselle Lemington. Elle ne devait pas avoir eu beaucoup d’amis dans son enfance. Artie secoua la tête et reporta son attention sur le garde forestier, qui lui donna une carte des environs :

- Merci beaucoup, monsieur. Au revoir.

Ils ressortirent de l’office, Aaron ayant toujours une main sur son épaule, comme pour le guider devant lui.

- Tu vas mieux ? s’enquit le jeune homme.

Artie, regardant toujours devant lui, boitillant, haussa les épaules :

- Ça dépend de ce que tu entends par « mieux ». Parce que bon, je n’ai pas le pouvoir de guérir instantanément, figure-toi.

Aaron soupira :

- Je ne te parlais pas de guérison instantanée, juste…

- Laisse-moi tranquille, coupa Artie en se dégageant de lui.

Il se mit à marcher plus vite, voulant distancer Aaron, mais sa douleur l’en empêcha. Il s’arrêta un instant en grimaçant et Aaron le rattrapa. Le grand blond voulut l’aider mais Artie reprit sa marche et arriva rapidement à la voiture. Il ouvrit la portière arrière côté droit et s’engouffra à l’intérieur. Virginie se tourna vers lui et il déploya la carte, se penchant vers elle.

- Alors, nous avons plusieurs solutions, dit-il en désignant certains endroits, mais on m’a conseillé les forêts d’Epping et de Thornwood. Qu’en penses-tu ?

L’adolescent ne prêta pas attention lorsque son compagnon grimpa dans le véhicule à ses côtés.

Pouvoir · Type Sigma

Pendant ces minutes de découragement Virginie voulait partir. Un sentiment puéril, égoïste et totalement incontrôlable. Une envie de peureuse comme elle en refoulait trop souvent à présent. Aller loin. Plus loin encore, que toutes les destinations de rêves, dont elle avait parlé à Koji. Aller là où elle aurait put laisser son esprit se désinhiber de bout en bout. Là où toutes ses émotions n’auraient plus eu aucune importance. Un asile. Sa peur grandissante pour Samarah. Son angoisse pour les mutants, tous les mutants… tout ce qu’elle connaissait et tout ce dont elle ignorait l’existence. Pour June qui était on ne sait-où enceinte jusqu’aux yeux, ou presque. Sa crainte des prochains mois. De New York et d’Alison. Pourquoi prendre toujours –tout- tellement à cœur ?

Maintenant aussi elle culpabilisait de ne pas avoir décroché. Il l’avait aidé l’autre jour. Elle lui avait montré un visage honteux. Il n’avait rien dit et s’était comporté en camarade. Et là elle refusait de lui répondre. Mais à quoi bon répondre ? Pour lui raconter un nouvel épisode de mutant city ? Pourquoi s’être abandonnée face à lui… lui, le danseur, l’humain. Voilà Virginie commençait à faire des considérations raciales. Que lui arrivait-il ? Elle changeait. Elle était en train de comprendre, comprendre beaucoup trop de chose sur la Terre. Pourquoi ne pas s’être contentée de madison avenue ? Elle commençait déjà à perdre pied. Ce n’était pas bon signe. Elle allait se noyer avant même d’apercevoir le large. Faible Virginie.

La sonnerie, brusque son, qui la fit presque sursauter. Celui qui était encore dans sa poche. Celui de la mutante « révolutionnaire ». Quand on pense aux louves on en entend le cri. « Entre Londres et Harlow », voilà qui réduisait un peu le champ des recherches. Si recherche il devait y avoir d’ailleurs. Le scepticisme de June mettait un frein indirect à cette piste. Pour le moment mieux valait que la futur mère ne l’entende pas. L’assistante savait qu’une parole de trop la, les, mènerait dans un affreux tunnel noir. On ne voyait plus les étoiles depuis des années avec la couche de pollution. Il n’y avait même plus ce secourt astrale pour guider une enfant perdue. Soit.

Elle reprit sa place de conductrice. Un regard pour lui, Luc. Ce genre de regard, sérieux et désincarné, que la jeune fille ne maîtrisait pas. Elle n’y pouvait rien au fond. A vouloir sauver les autres elle allait se détruire elle-même. Une jolie martyre avant l’heure. C’était le rôle qu’on lui avait insidieusement donné. Toutes ces années à élaborer un psychisme qui ne brillait que dans l’acte désintéressé. Cette aventure, cette nouvelle catastrophe allait apposer un stigmate. Comme un geste de résistance à tout cela, la mutante se pencha, pour un baiser amoureux. Impromptu. Si rare chez elle, ces preuves tactiles d’affection, d’amour… Pourtant elle l’offrait, le partageait, sans condition, pareil au sourire, ou au regard. Il en fallait de l’amour à cette heure. Plus même. Ils avaient besoin de certitudes pour chasser le brouillard levé. Toujours proche de lui, proche de sa peau, de son écoute, de sa protection un murmure :

-« Je ne veux pas te perdre Luc Treanez. »

C’étaient des grands mots. Des beaux mots de tragédie grecque. Quoi qu’il arrive. Quelque soit la suite. C’était son aveu le plus vulnérable. Avant que la chasse ne reprenne. Avant que d’autres ne l’empêche de dire « cela ». Dire ce qu’elle ne savait pas dire. Cette formule universelle, qui portait l’humanité, depuis son premier gène. Un « je t’aime » dissimulé par les circonstances. Il en ferait ce qu’il voudrait le beau français.

L’instant ne pourrait de toute façon pas s’épanouir. Il y avait d’autres personnes. D’autres enjeux à penser ! La silhouette d’Artie approchait pour le lui rappeler. La demoiselle se contenta d’entremêler ses doigts aux siens. Ils formaient leurs propres liens humains. La porte s’ouvrait. Son visage vers le petit mutant. Il faisait déjà tout. Les yeux penchés sur cette carte à décrypter. Virginie reconnaissait certains noms, des lieux, de son enfance scolaire. Tient. La deuxième fois qu’elle entendait « ce » nom. Ce serait donc…

-« Epping. C’est Epping, June m’a répondu. »

Face au volant. Elle démarrait déjà.

-« Artie tu me guide, d’accord ? »
« Luc, tu peux le prend s’il te plait ? Il faut prévenir Nakor de notre itinéraire. Peut être Koji aussi qu’ils ne perdent pas leur temps vers là bas. »

Rouler vers la sortie de la ville. En direction de l’Institut. Mais cette fois il faudrait s’arrêter avant.

Pouvoir · Type Alpha

Lorsqu’il était revenu dans la voiture, Artie avait clairement remarqué que lui et Aaron tombaient au mauvais moment. Toutefois, la situation lui rappelait qu’il se devait d’en faire abstraction et c’est donc ce qu’il fit. Il retourna la carte entre ses mains pour avoir un meilleur aperçu du secteur. C’était donc Epping. Parfait, voilà une chose de faite déjà. Il acquiesça lorsque Virginie le lui annonça, même s’il n’avait aucune idée de qui était cette June. Cela faisait tout de même la deuxième fois que son amie l’évoquait. Elle devait donc être assez importante pour elle. Artie aimait bien ce prénom, si toutefois c’en était bien un. Il lui inspirait, sans qu’il sache pourquoi, une certaine confiance en la personne elle-même, qu’il n’avait pourtant jamais rencontrée ni même vue, ne serait-ce qu’en silhouette.

- Artie tu me guides, d’accord ? demanda Virginie.

- Pas de problème ! répondit le jeune mutant.

Le sens de l’orientation avait toujours été inné chez lui. Durant la semaine qui avait suivie sa fuite de l’hôpital, la pire semaine de sa vie, il avait toujours réussi à trouver des endroits où se cacher sans souci. Ou presque.

Tout cela le ramena indubitablement à repenser à Aaron. Comment l’avait-il trouvé ainsi ? Et quelle était cette… familiarité, cette dureté avec laquelle il lui avait parlé au premier abord ?

Artie décida de ne pas se préoccuper de cela maintenant et se contenta de guider Virginie à travers le paysage campagnard. Tout au long du trajet, un peu long, le prénom de cette June et ce qu’elle semblait représenter pour Virginie lui revint en mémoire. Alors qu’ils suivaient une longue ligne droite, il se tourna vers son amie et lui demanda calmement :

- Parle-moi de cette femme, June. Tu sembles beaucoup l’apprécier. La prochaine, à droite.

Il allait de soi que c’était un prénom de femme. Artie en était certain, bien qu’il ne l’ait jamais entendu auparavant.

- C’est ici, nous sommes arrivés…

Virginie gara la voiture en bordure de la forêt. Artie avait à peine ouvert la portière qu’une sonnerie retentit. La mutante assise à côté de lui regarda son portable, puis se tourna vers le garçon :

- Laisse tomber Artie, il y a du nouveau à l’Institut… il vaudrait mieux y retourner tout de suite.

Artie fut légèrement désemparé par ce brusque changement d’attitude mais ne protesta pas. Au contraire, il renchérit en haussant les épaules :

- De toute façon, je doute qu’on aurait pu trouver quelque chose. Les bois sont tellement grands, il faudrait des mois, même des années pour tout fouiller… et d’ici là…

Il préféra s’arrêter là, pensant être allé trop loin. Ce n’était pas à lui, du haut de ses treize ans, de dire ce qui aurait pu arriver d’ici là. Il se contenta donc de plier la carte, de croiser les bras et de se laisser aller contre la vitre de sa portière, observant le paysage défiler.

Pouvoir · Type Sigma

Les phares allumés pour endiguer la nuit hivernale. Ils ne croisaient pas beaucoup de monde sur cette route de campagne. Tant mieux car la conductrice préférait les routes nues et complètement fluides. D’ailleurs il fallait qu’elle se contraigne pour ne pas appuyer sur l’accélérateur. C’était si tentant d’aller à la vitesse de la lumière. Les moteurs n’en étaient pas encore capables. Mais de leurs jours le trois cent à l’heure se faisait en quelques secondes. L’aspect de la Cadillac était le seule lien avec le modèle l’origine. Sous le capot tout avait été accordé avec les possibilités technologiques. Heureusement… parce que New York-Vancouver ne se fait pas en une heure ! Pour arriver jusqu’à Londres tout de même elle avait dû reprendre un avion. Virginie n’aimait pas les avions. Elle aimait encore moins être dans les airs depuis son vol sur la Trans atlante.

Personne ne parlait dans l’habitacle. Qu’y avait-il à dire ? Seules les circonstances avaient réunies des individus aussi disparates. Virginie ne savait même pas si Aaron était un élève de l’Institut. Artie était son voisin depuis septembre, et ils se côtoyaient réellement depuis le mois dernier ! Luc, son Luc, était le repère le plus ancien de cette deuxième vie londonienne. Même plus, que Koji, celui qui était devenu son ami par un coup de sort. Qui aurait put prévoir que le seul matin sans réveil lui ferait croiser la route de ce jeune homme ? Ou bien que sa trop grande curiosité lui ferait croiser Léa sur le palier d’un studio ? Heureusement que cette jeune fille était là avec elle pour aider la numéro deux de l’association. Tout n’était donc qu’une histoire de hasard ? Cette idée rendait les événements encore plus mystérieux.

La question d’Artie la tira loin d’un chemin loin, très loin d’ici. Normalement dans quelques jours elle devrait abandonner tout cela… Ce jeune garçon si sensible aussi. Cela la peinait plus qu’il ne l’aurait fallut. Mais qui pouvait-elle ? L’an dernier elle ne faisait que passer ici. Maintenant on lui avait rappelé qu’elle était avant tout la fille d’une femme. Quoi qu’il en coût elle resterait jusqu’à ce que Samarah soit retrouvée ! En tournant à droite la jeune fille réfléchissait à sa réponse. Elle avait décidé de ne plus rien cacher. Nuance, d’en cacher le moins possible sur sa vie. Koji se doutait déjà de tout depuis des semaines. Luc pouvait faire le plus de rapprochement connaissant des faits plus éclairants. Ses yeux bleus plongés vers la route. De toute façon elle ne pouvait pas faire fit des circonstances. Du courage Parish.

-« Oui. Je l’aime beaucoup. Je l’ai rencontré pendant une enquête et depuis je la côtoie régulièrement. En faite je travail pour elle. C’est quelqu’un de bien. Elle se bat pour qu’on puisse vivre comme tout le monde depuis des années. Je suis sur que tu l’aimerais beaucoup.»

C’était juste avant qu’elle ne s’inscrive à l’Institut. Quand Mister Jonsson était encore son supérieur hiérarchique. Une autre vie lui semblait-il. Mais Virginie ne racontait pas cette partie de son vécu. Cette vie encore plus hyper active où elle avait crut mourir de peur au quotidien. Il n’y avait que June qui savait qu’elle avait écrit pour le New York New Week. Ecrire d’ailleurs était un bien grand mot. Où elle avait « relaté des faits ». Comme il n’y avait que Samarah qui savait que sa mère avait eu un grave accident de la route. Cette fois là le hasard avait été mauvais. C’était bien cela qui l’avait retenue à Londres sur du long terme. Ces deux femmes sans le vouloir connaissaient bien plus de chose sur elle que ce ne fût nécessaire. Ceci dit elle leur faisait confiance. Elle croyait sincèrement en elles.

Le moteur à l’arrêt. Sa main allant vers la ceinture. Le cellulaire, qui était de retour sur le tableau de bord, se remit à sonner. Virginie était sans aucun doute la plus vive pour aller lire un sms. Elle faisait cela bien trop souvent. Oui elle avait le numéro de la directrice dans son répertoire. C’était depuis qu’elle avait dû emmener madame Parish au Canada, pour son rendez-vous médical, et qu’il avait fallut prévenir madame Hara de ce départ précipité. Son père bien sûr avait à moitié expliqué les choses à l’adulte responsable de sa fille. Virginie avait donc dû tout repréciser… encore une fois. Il était bientôt 20h30. En ne trainant pas ils pouvait être de retour avant une heure. L’élève répondit très poliment au message et commença à taper un avertissement pour Koji et Léa. Autant que tout le monde soit prévenu. La clé tournée sans quitter l’écran des yeux.

-« ça nous aurait prit du temps tu as raison. Je préviens Koji. »

Pour la troisième fois de la soirée ils changeaient d’itinéraire. Quelles étaient ces informations ? Virginie voulait être optimiste ! Sans un regard pour la forêt elle reprenait la route. L’adrénaline avait au moins ce dont d’occulter ses autres soucis !

Pouvoir · Type Sigma

[Prochain arrêt !]

» [Nouvel An] Un petit cadeau... Oh un petit.
» Léon vogue vers l'horizon...
» La Team Rocket s'envole vers d'autres cieuuuuuuuuuuuux....
» [Scénar 3] Maskirovka.
» [Scénar 5] Need somebody help

[Scénar 5] En route vers le petit bois

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