Nakor venait de rentrer dans sa chambre personnelle et d'allumer son ordinateur quand il reçu un message de la part de Maria, un texto de la slave qui comme à son habitude ne rechignait jamais à un peu d'extravagance. Le vieillard souri allégrement et se dit que ça lui laissait pile poil le temps de visualiser son costume et de pénétrer dans l'holomonde pour rejoindre le vestibule de la folle furieuse aux mains ensanglantées. Nakor se connecta et sorti d'un tiroir, le matériel nécessaire à une bonne connexion holographique. Il pianota quelques touches de son clavier afin de préparer la connexion vers le bon endroit.

Plus que deux minutes

Nakor s'adossa confortablement à son siège et ferma les yeux, dés qu'il entrerait dans l'holomonde, il lui suffirait de penser pour que les choses se passent. En fait oui, il suffirait qu'il se concentre bien sur ses vêtements, sur ceux qu'il voulait porter durant l'entretien et hop, il serait ainsi vêtu dans ce monde étrange que les jeunes affectionnaient avec bien plus de force encore que les anciens. Dire que Nakor était né à une époque où internet ne faisait que balbutier chez deux ou trois chercheurs de grandes universités qui voulaient pouvoir mettre en commun plus vite leurs données de recherches. Folie!

Plus qu'une minute

Nakor cessa de divaguer et se concentra sur son costume : Maria adorait traiter le vieux fou de momie ou d'autres qualificatifs délicieux qui faisaient beaucoup rire Nakor. Le professeur décida donc d'en mettre une couche. Il s'imagina un chapeau haut de forme, un monocle cerclé d'or, un nœud papillon noir, sur une chemise blanche à jabot, une ceinture en tissu rouge, de dix huit centimètre de hauteur, qui encerclait la belle bedaine du vieillard avec beaucoup de classe, une veste noir tombante et un pantalon noir dans un tissu très classieux. Enfin une paire de chaussure classique avec des petites talonnettes, bien cirés, venaient clore le spectacle. Nakor était ainsi vêtu comme un homme de la haute bourgeoisie du dix huitième siècle. Il n'alla pas jusqu'à ajouter une cape sur son costume, cela aurait été une faute de gout avec très grave avec la ceinture qu'il portait. Bien évidemment sa fidèle canne, dont le pommeau représentant un globe avec tous ses méridiens, taillé dans de l'osmium, le métal le plus solide du monde, l'accompagnait, comme toujours.

Il était l'heure

Nakor se connecta et atterrit dans le vestibule de Maria, qui, comme il aurait dû s'en douter, n'était pas uniquement remplis que de Maria. Le vieillard se permit donc de s'incliner avec beaucoup de grâce et de respect devant ses hôtes d'un moment. Il ajouta tout de même.

"J'espère que mon costume vous plait?"

Puis un grand sourire malicieux sur les lèvres il se redressa et attendit que les présentations soient faites. Comme un bon gentleman.

Nakor observa la jeune slave, qui un sourire aux lèvres, lança une remarque plus que truculente. Le vieillard, se mit à sourire dés le début et attendit la fin pour savoir ce qu'elle allait dire. Son sourire s'élargit de plus en plus, et il finit par exploser de rire. Un rire fort et franc de vieux grand père. Nakor saisit la main de Maria et la tira délicatement mais fermement vers lui et déposa deux baisers sonores sur les joues de la Confrériste avant d'éclater de rire de nouveau et d'ajouter

"Haaaaaa ma chère Maria, toujours aussi succulente! Et je note que le costume de gourgandine de grands chemins de notre époque vous sied à ravir, vous êtes ravissante avec ces ... peut-on nommer cela des vêtements?"

Puis Nakor explosa de nouveau de rire. Décidemment, même si l'heure était grave, Nakor aimait rire, et il le faisait aussi souvent que faire se peut. Il se tourna ensuite vers la dénommé Tousled, amie de Maria ... parce que Maria avait des amies?!?!!!??? Il la regarda et la passa en revue rapidement : il ne la connaissait pas, elle était jeune, elle était une confrériste ... voila des choses biens intéressantes! Il saisit son chapeau, l'ôta de son crâne dégarni sur le sommet et s'inclina en ajoutant

"Ma dame!"

Puis il se tourna vers Maria et termina là dessus

"Et bien ma chère, je vois que vous avez renoncé à venir seule ... sans doute parce que vous aviez peur de succomber à mon charme irrésistible ... comme je vous comprends!"

Puis il explosa de rire comme le pauvre vieux fou qu'il était. Voila, les présentations étaient à peu prés faites, les piques avaient été échangé et Nakor avait désamorcé la situation afin de la tourner à son avantage. Il allait donc attendre maintenant que Tousled prenne la parole ou se taise et que Maria, réponde à ses piques avant de passer vraiment aux choses sérieuses et voir comment une coopération pourrait se mettre en place entre les deux confédérations mutantes.

Nakor reçu un bisou en échange des siens! Même si Maria était une femme dangereuse et qui œuvrait sans scrupule pour sa cause, Nakor s'était attaché à elle, comme la petite fille qu'il n'avait jamais eue. Le vieillard était de toutes les façons un papy gâteau et il aimait bien Maria, son coté farouche et piquant qui le faisait hurler de rire. Voilà qu'elle lui servit encore du mammouth et de l'antédiluvianisme de bas étage. Nakor conserva donc son sourire presque géant, allant d'une oreille à l'autre et fit mine de ne vraiment pas comprendre ce qu'était un maillot de bain. Au fil de la discussion, Nakor avança un peu la tête comme quelqu'un le ferait par grande concentration, afin d'appréhender au mieux, un concept extrêmement étrange. Lorsqu'elle eu fini ses révélations, la jeune slave semblait être fière d'elle. Nakor joua le jeu et ajouta

"Ho vraiment? Et bien c'est encore pire que ce que je pensais, en fait vous n'êtes pas spécialement une gourgandine, vous vivez dans un monde de gourgandin où tout le monde semble prendre un plaisir outrancier à remporter la coupe de celui qui en montra le plus de son anatomie! Foutu monde et surtout ma douce enfant ... foutu vieillesse!"

Puis Nakor gloussa, avec force, car il s'amusait beaucoup à ce jeu là. Mais les choses devaient maintenant passer au sérieux, Nakor salua Tousled. La nouvelle venue, amené par Maria salua donc le vieil homme avec élégance et surtout avec laconisme. Nakor hocha la tête pour mettre un terme aux salutations et écouta Maria. Il hocha gravement la tête, toute trace d'amusement disparu, et continua, en soulignant tout d'abord un des propos de Maria, en fronçant d'un sourcil, le droit pour être précis

"Non non, ce n'est pas grave, surtout si la confrérie possède une arme de cette ... envergure! Enfin bref, nous sommes assez vite arrivés à la conclusion qu'en effet nos deux représentants en chef ne sont pas en train de se combattre quelque part ... le monde entier l'aurait ressenti. Nous n'avons malheureusement pas plus d'information concrète, Samarah a littéralement disparue, sans laisser aucune trace. Nous avons envoyé quelques mutants à la recherche d'une piste, d'une trace, d'un indice quelconque sur la direction à prendre. L'institut Moderne passe en alerte de niveau supérieur, nous soupçonnons le Cercle. Nos soupçons sont ainsi fondés suite à certains événements où des mutants semblent avoir été passés à tabac par des individus qui n'avaient aucune raison apparente d'agir ainsi. Ce qui est inquiétant c'est que des mutants aussi puissants que Kenjiss et Samarah aient pu être enlevé. Cela implique que nos ennemis commun ont soit une technologie extrêmement avancé et puissante, soit qu'ils utilisent un mutant pour contrer les pouvoirs de nos amis. Je suis venu ici après une discussion avec la directrice de l'établissement. Koyuki est d'accord avec moi, nous devons coopérer. Sans ça, les zones de recherche seront trop grande et notre champ d'action trop limité. Si la Confrérie est d'accord nous aurons des contacts fréquents et périodiques afin de s'échanger nos découvertes ... sans cachoterie Maria. Est ce que cela vous semble une bonne chose? Je crois que cette fois ci, véritablement le temps joue contre nous, plus nous attendons, plus les traces disparaissent. Qu'en dites vous?"

Nakor cessa de parler et attendit, il était venu ici pour voir si la Confrérie avait des nouvelles, des soupçons et autre et surtout voir s'il était possible de créer, momentanément une union stable, quitte à ce que le vieux fou et Bloody Mary servent de relais entre les deux institutions mutantes et ennemies. Il regarda tout de même Tousled et ajouta

"Toutes les deux."

Il ajouta cela afin de compléter sa question, il voulait savoir ce que la Confrérie pensait de sa proposition, cela impliquait autant Maria que Tousled.

Maria, pour une fois, laissa tomber son masque de fraicheur piquante et révéla un peu de ses peurs, après avoir parlé tout en réfléchissant. En effet cet air absent, cette façon de regarder le vide, Nakor la connaissait. Il l'avait si souvent vu dans ses salles de classes. Il apparu rapidement que Bloody Mary, au nom de la Confrérie toute entière, acceptait les conditions simples de Nakor. C'était une bonne chose, Nakor reçu donc sur son ordinateur un numéro qui permettrait au vieillard de créer un lien entre l'Institut et la Confrérie. Le vieillard inclina donc la tête et dit simplement

"Je prendrai soin de ce numéro et c'est moi même qui l'utiliserait principalement ... tant que le numéro restera valide!"

Un petit sourire forcé accompagna les propos du vieux fou et il se mit à glousser avant de se taire, Maria prenait la parole de façon sérieuse et aborda un sujet qui tenait à cœur à Nakor. Le vieil homme, tout d'hologramme vêtu, alla prendre place sur un rocking chair ancien mais tellement confortable. Il écouta avec attention la jeune slave, tout en hochant la tête régulièrement. C'était une vieille habitude qu'il avait prit, au cours de sa carrière d'enseignant, pour bien faire comprendre qu'il écoutait. Ce signe de tête n'avait jamais voulu dire qu'il était d'accord simplement qu'il entendait. Ce hochement régulier était aussi très souvent accompagné par une moue dubitative et réflective. Maria tint un très long monologue et ce fut au tour de Nakor de prendre la parole, Tousled ne sembla pas vouloir prendre la parole.

"C'est la première chose à laquelle j'ai pensé. Je suis parvenu à convaincre la directrice de l'Institut moderne de prendre des mesures de sécurité exceptionnelles. Nous allons avertir l'ensemble de nos plus vieux élèves, afin qu'ils surveillent le complexe et qu’ils veillent au grain. Nous les préparerons le mieux que nous pourrons puis nous devrons leur faire confiance pour aider au mieux les plus jeunes à rester en sécurité si une attaque a lieux. Je ne suis pas dupe, nous ne disposons pas plus que vous d'une armée, et en effet, une aide de la sorte serait intéressante et même plus que ça, intelligente!"

Nakor plongea son regard perçant dans celui de la jeune femme dénudé et continua, les sourcils un peu surélevé

"Mais je suis étonné d'entendre que vous disposez d'un téléporteur suffisamment puissant pour aller de Vancouver à Londres en un claquement de doigt Maria. Nous avons dans nos rangs des mutations de la sorte. Mais je mettrai ma main à couper qu'ils ne sont pas aptes à aller aussi loin en aussi peu de temps qu'il serait nécessaire d'en prendre et surtout avec suffisamment de personne pour que l'aide apporté soit une aide réelle et non simplement une augmentation du nombre de victime."

Nakor passa sa vieille main devant sa bouche et se mit à réfléchir de manière intensive. Le vieux fou cherchait un moyen de créer un lien plus fort entre les deux organismes sans réunir pour autant en un même point l'ensemble des mutants de ce monde, qui seraient alors une cible plus que parfaite pour les opposants à la cause mutante. Nakor reprit son discours

"Une chose est sure, chacun de nous doit mettre en état d'alerte maximum et constant nos deux centres, jours et nuit. L'orgueil serait mal placé dans cette histoire, si le fait de se cacher peut sauver nos jeunes élèves, j'espère que la Confrérie n'hésitera pas à y avoir recours. Pour l'entraide mutuelle, nous avons en effet un téléporteur, je vous promets donc qu'il fera tout pour que la coopération soit mise en place. Dés mon retour dans le monde réel, je me renseignerai de manière plus poussé sur cette voie de fait et je vous tiendrai au courant ... mon message sera simple, mais vous saurez si "mon" téléporteur peut faire ce que le votre semble pouvoir faire."

Nakor leva la main de sous son menton et termina, cette fois beaucoup plus sur que lui

"Je peux par contre, vous offrir de façon certaine, un appui médical, au cas où l'attaque aurait lieux et que la victoire serait dans notre camps commun Maria. Nous disposons de pas mal de personnel capable d'aider à ce niveau là et de toute les façons ce sera toujours ça de prit, si jamais ce que j'espère ne jamais voir se produire, arrive. Vous avez mon numéro, utilisez le si jamais vous avancez dans vos découvertes. De notre côté, dés que nous trouvons une piste, nous vous préviendrons, soyez en sur."

Nakor se releva et fit craquer ses articulations holographiques et ajouta dans un froid qui se fit sentir

"L'heure est grave ... même si nos soupçons se fondent sur des aprioris, rien ne doit être prit à la légère, ni même ne doit être amplifié. Quel que soit la façon de faire, le doute est toujours le pire des ennemis. Prenez soin de vous Maria, j'aurai mon très vieux cœur encore une fois fendu si jamais il vous arrivait quelque chose."

Nakor se pencha et donna un baiser d'au revoir à la jeune femme. En effet, le temps pressé et Nakor devait aller trouver la directrice, il devait lui dire que la Confrérie avait les même soupçons, qu'ils étaient prêt à faire une alliance momentanée et qu'ils voulaient mettre en place un système d'aide mutuelle. Néanmoins, Nakor, véritablement attaché à la jeune femme, prit le temps de lui dire au revoir comme il se doit, et comme un papy le ferait avec sa petite fille, un brin trop grande pour lui. Nakor attendit de voir les réactions des deux mutantes avant de se permettre de se déconnecter du monde créer par Maria la sanglante.

Nakor nota l'ensemble des informations qu'il avait reçu et hocha de la tête. Si leur téléporteur pouvait faire cela et bien qu'il ne se gêne surtout pas de le faire. Mais Nakor pensait de plus en plus que l'attaque serait simultanée, auquel cas, il fallait oublier l'envoi de troupe d'un endroit vers un autre ou inversement, chacun aurait déjà fort à faire face à une chose de la sorte. Nakor haussa donc des épaules, en réponse à ses propres pensées et soupira. Il manqua d'exploser de rire quand Maria lui proposa de faire la momie pour éviter le meurtre. Une véritablement bonne blague! Il se retourna vers Tousled, après que Maria lui ait donné une accolade chaleureuse et fut un brin surpris. Il ôta son monocle, le frotta un petit moment et glissa dans sa barbe

"Foutu lunette holographique!"

Puis il remit son monocle et salua Tousled, voila une jeune femme bien étrange, présentée comme l'arme absolue façe à toute menace. Le vieux professeur s'inclina et termina en posant sa main sur sa poche comme pour bien signifier qu'il ne serait pas trop loin de son téléphone! Il fut déconnecté et revint dans un monde où ses genoux étaient douloureux, son dos un brin trop incliné et sa vue assez basse pour avoir besoin de deux bonnes lunettes, une sur chaque œil. Nakor se releva, souffla un bon coup et parti, d'un pas décidé en direction de l'endroit qui avait été choisi pour qu'une réunion ait lieux, avec la directrice. Nakor regarda sa montre et se dit qu'il était à peu prés dans les temps, puisque lui et Koyuki s'était mis d'accord sur une bonne demie heure avant de se retrouver. Nakor parti donc à la recherche de la directrice.