[RP] Réveil de la bâtisse- (terminé)

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Twikjeya aimait particulièrement prendre son petit déjeuner en musique... Les accords mélodique d'un groupe de métal que personne ne connaissait guère plus en 2051 résonnaient donc doucement dans la cuisine de la Confrérie tandis que la jeune mutante savourait une tasse de thé.
Comme tous les matins, la Confrérie avait semblé être prise de folie lorsque tous les élèves envahirent les couloirs aux alentours de huit heures. Quand bien même il n'y avait qu'une cinquantaine de gamins de tout âges, la salle commune où Emmett servait le petit déjeuner avait brusquement parut bien plus petite qu'elle ne l'était... Aucun accident aujourd'hui, et Twikjeya s'en félicitait. La semaine dernière, un ado avait largué sa copine. Littéralement... Le jeune homme l'avait balancée du troisième étage. Et la chirurgienne avait du se passer de thé le temps de maitriser l'hémorragie et d'envoyer le trauma crânien à l'hopital, où elle l'avait elle même pris en charge dès l'après midi.

Alors qu'elle devait retrouver Virginie pour la raccompagner la veille, elle n'avait trouvé qu'Emmett, qui avait eut un sourire paternel en évoquant la jolie blonde tombant de fatigue qui s'était assoupie trois minutes après qu'il l'eut conduite dans l'une des chambre d'ami. Twikjeya avait donc reporté ses adieux au lendemain, et s'était attellée à la fabrication des boucles d'oreille de leur jeune invité. Elle avait achevé sa tâche vers minuit, avait fait une dernière ronde dans les couloirs désormais silencieux de la bâtisse et avait filé se coucher elle même, quelques coupures de plus ornant son avant bras gauche... Elle comptait bien sur la gourmandise de Virginie pour la retrouver au petit déjeuner. Une façon de ne pas laisser la pauvrette toute seule, elle qui allait déjà se réveiller confuse dans un lit qu'elle ne connaissait pas...

La sombre mutante était à présent seule dans la cuisine. Les élèves vaquaient à leurs occupations, la plupart étaient au lycée ou à l'extérieur, Emmett lui même était parti finir un roman policier qu'il décrivait comme "captivant ma chère, absolument captivant !". Et pour que le stoïque majordome sorte quelque peu de sa réserve à ce point, il devait tenir entre ses mains le bestseller de ces dernières décennies ! Twikjeya reprit une gorgée du breuvage brûlant. Il était environ neuf heures et demie. Comme toujours, la dame des glaces était vêtue d'une longue robe noire, à peine différente de celle de la veille, arborait une autre paire de boucles d'oreilles tout aussi surchargées et qui semblaient plus destinées à lui arracher la moitié du crâne qu'autre chose, et était coiffée avec son soin habituel.
On murmurait dans les couloirs qu'une récompense substancielle était offerte à quiconque surprendrait la ténébreuse demoiselle décoiffée. Pour l'instant, la prime courrait toujours. De toute façon, à sa maniaquerie habituelle s'ajoutait une étrange forme de coquetterie. Alors que d'autres baillaient paresseusement en sortant du lit, la jeune slave se coiffait déjà, vérifiait instinctivement que rien n'avait changé chez elle depuis la veille...
Toujours était il que l'heure importait peu sur son apparente fraicheur. Tout l'inverse de Kenjiss. S'il était réveillé entre vingt heures et midi, le chef de la Confrérie avait besoin une dizaine de cafés et trois heures pour passer du stade de mort vivant à celui de mutant apte à dire une douzaine de mots censés à la suite.

Etrangement, Twikjeya se contentait d'écouter la musique en savourant son petit déjeuner. Elle ne semblait pas considérer cela comme une perte de temps et nul pavé ou manuel quelconque n'ornait la table devant elle. Il n'y avait que deux malheureuses biscottes recouvertes d'une demie lichette de confiture, étalée avec soin. C'était là toute la nourriture qu'elle s'autorisait.Chose encore plus étrange, la ténébreuse demoiselle ne portait pas le moindre morceau de métal en ellet ! Rien ne la faisait souffrir en ce moment même, elle se contentait de fermer les yeux en savourant la musique ou le breuvage infâme (Kenjiss avait juré de tuer les fabricants de thés après avoir réglé le sort des humains) qu'elle dégustait. Twikjeya semblait particulièrement paisible en cette agréable matinée.

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Pour premier contacte avec la réalité Virginie sentit un rayon de soleil caresser sa joue. Elle ouvrit tranquillement les yeux. Et son regard tomba sur cette grande fenêtre dont elle avait oublié de fermer les volets la veille. Sa première pensée fut de se traiter d’idiote. Ce n’est que quelques secondes plus tard qu’elle réalisa, qu’elle réalisa qu’elle n’était pas dans sa chambre.

La panique lui fournit une formidable dose d’adrénaline elle se releva d’un bon chassant son drap d’un geste brusque ; A genoux sur ce grand lit confortable elle étudia cette pièce avec appréhension. Ou était-elle ? Elle remarqua sa robe en boule sur le sol, ses chaussures renversées prés d’une chaise.

*Du calme Virginie il y a une explication.*

D’un bon agile elle quitta le confort de ce cocon. Elle marcha sur la moquette lentement cherchant un indice. N’importe quoi. Une pendule lui indiquait qu’il était déjà 9h17. Jamais elle ne dormait si tard d’habitude. Désemparée elle se rasseyait sur le lit et commença à maudire le monde.

C’est là qu’elle vit ses bijoux posés sur la table juste devant elle. Et d’un coup d’un seul elle se souvint. Maria, la Confrérie, la Conférence, l’infirmerie mademoiselle Elkash, Emmett. Elle se redressa et inspira à fond. Voilà. Elle n’avait fait aucune bêtise. Rien de grave n’était arrivé. Elle se trouva même idiote d’avoir ainsi paniquée. Pourquoi était elle perdue si facilement. Comment ferait-elle dans sa vie si...

Ho et puis zut ! Elle se leva d’un bon attrapa sa robe, l’enfila dans le même mouvement. Son sac trônait sur la chaise de bois. Elle le vida sur la table et vit s’étaler toutes ses ressources. Son portable d’abord, elle vérifia sans trop y croire… Evidement ! Aucun appel en absence. Sa tante ne s’était même pas inquiétée de la voir découcher. Elle aurait bien put disparaître que personne ne le remarquerait de toute façon. D’un haussement d’épaule elle chassa les mauvais souvenirs qui essayaient de se faire un chemin dans son crâne.

Sa brosse. Un regard vers le miroir lui confirma qu’elle ne pouvait pas apparaitre avec une tignasse pareille. Même ses coiffures les plus fouilles en apparences devaient être préparées. Sans aucune compassion elle commença à dompter ses cheveux. Elle y mettait plus de force que nécessaire, rien de grave elle ne le sentait pas. Elle se décida pour une banane qu’elle fixa avec ses pinces en à peine 15 secondes. Les mèches trop courtes furent chassées derrières les oreilles.

Puis plus calmement la petite mutante rangea certains de ses bijoux. Et plaça tous les autres de façon différente. Cette étape lui permit de canaliser ses pensées. Dans ce silence matinal son ventre gronda déjà. Elle râla en mettant ses chaussures. N’était-elle donc qu’un gouffre à remplir en permanence. Vide de tout sauf du moins important : la bouffe. Il fallait qu’elle rentre.

Devant la porte sa main ralentie. Elle n’avait vraiment pas envie d’affronter ces couloirs surement remplis. *Trouillarde ! * D’accord, d’accord ! Elle mit le bouton stop sur ses craintes et fonça d’un pas énergique. C’était ça ou elle ne bougerait jamais. Elle fut happée dans cette vie quotidienne comme si on venait de lui mettre la tête sous l’eau.

Des jeunes gens allaient venaient. Ou pouvait être sa sauveuse d’infirmière ?
L’odeur du pancake lui donna la direction. Mais oui, c’était l’heure du petit déjeuner. Avec un peu de chance… et puis elle avait vraiment faim. Elle se glissa contre le mur évitant les contactes et se laissa guider par son nez.

Virginie retrouva la salle commune, bondée. Un garçon faillit la bousculer et lui lança un regard agacé. Elle se força à avancer dans cette cohue humaine. Son regard cherchait le doux majordome avec espoir. Lui au moins pourrait lui dire ou trouver la dame en noir. Ou même Maria. Ou la sortie.

Là elle vit les gants blancs de l’anglais poser un pichet sur la table à 6 mètres d’elle. Un sourire enfin détendit son visage. Elle se retint de le héler dans toute la pièce et fila comme une flèche dans sa direction. Arrivée dans son dos elle l’appela timidement.

-« Monsieur Emmett excusez moi Bonjour et heu… est ce que… »

Il se retourna et lui présenta un petit sourire amusé.

-« Bonjour mademoiselle. Je crois que nous savons tous les deux ce que vous voulez, suivez moi. »

Elle obtempéra et quelques secondes plus tard reconnue le dos d’une jeune dame en train de savourer son moment de musique. Elle soupira de soulagement et se présenta devant elle avec un entrain tout renouvelé.

-« Bonjour mademoiselle Elkash ! »

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Les pneus crissèrent bruyamment sur le gravier de l’allée de la Confrérie, la conductrice coupa le contact et le moteur japonais de la voiture de sport rouge arrêta son vrombissement. La portière s’ouvrit dans un bruit de vérin pneumatique, un pied et une jambe s’en extirpèrent, suivis de près par tout le reste du corps de sa propriétaire.
Après une journée stressante comme la veille – Conférence de presse, discours et bal, le tout avec tailleur strict de rigueur – Maria s’était octroyée le droit de se détendre complètement au niveau vestimentaire : elle chevauchait des bottines en cuir, portait un jean déchiré façon années quatre-vingt et un tee-shirt moulant rouge avec le lapin Playboy dessiné en blanc sur la poitrine. Ses cheveux blonds en bataille sur ses épaules et ses yeux bleus protégés derrière des lunettes noires, Maria avançait fièrement vers la porte d’entrée de la Confrérie, s’amusant toute seule à prendre une démarche de mannequin. Dans ses gants haute-couture achetés la veille au centre commercial, elle tenait un petit paquet blanc.
Elle regarda sa montre en poussant la porte… Il lui avait fallu tout juste une demi-heure…

L’obscurité relative de l’intérieur de la confrérie soulagea ses yeux sensibles et sa peau diaphane, elle remonta ses lunettes de soleil sur la tête et se dirigea directement vers la cuisine. Il lui fallut zigzaguer un peu au milieu des étudiants sortant de la salle à manger, mais elle réussit à atteindre sa destination sans abimer son précieux paquet.
En entrant dans la cuisine, elle vit Emmett lui faire un signe du doigt en direction d’une table.
Virginie s'était acoquinée avec Twik’ ?
Quel drôle de duo…
A grandes enjambées, en prenant bien soin de faire claquer ses talons sur le sol carrelé pour s’annoncer, elle parcourut la distance qui la séparait de sa consœur et de sa potentielle future consœur.
"_ Bonjour Virginie ! Bonjour Twikjeya !" Clama-t-elle sur un ton plein de bonne humeur.

Cette bonne humeur, elle n’existait pas quelques heures auparavant, au saut du lit. Elle s’était levée dès l’aube, la tête embrumée par les scènes éprouvantes de la veille. Après une toilette de chat, elle s’était traînée lamentablement en peignoir jusque dans la cuisine pour y dénicher des perfusions de caféine. Ce ne fut que quand le brave Emmett lui annonça qu’ils avaient un couvert de plus au petit déjeuner qu’elle émergea de son aphasie matinale. Elle était alors sortie de la cuisine en un bond, était retournée dans sa chambre pour y enfiler les fringues les plus "branchées" de sa garde-robe (!!) et avait filé sans attendre en ville.
"_ Comme promis, j’apporte le petit déjeuner, poursuivit-elle le sourire jusqu’aux oreilles, des pains au chocolat et des croissants encore tout chauds, en provenance directe des fours du meilleur boulanger typique français de Vancouver…"

Pour illustrer ses paroles, elle ouvrit le paquet, l’odeur briochée mêlée aux effluves de cacao fondu inonda instantanément la table.
"_ Alors, racontez-moi… Comment s’est déroulée le reste de la soirée ? Vous êtes vous bien amusées ? Et comment vous êtes vous rencontrées toutes les deux ?"

Ces questions s’adressaient autant à sa consoeur qu'à Virginie. D'abord, parce que Maria ignorait complètement quelle tâche avait été assigné à Twikjeya pendant le déroulement de la conférence de presse, ensuite parce qu'elle s’étonnait que l'étrange infirmière ait réussi pour une fois à se trouver un compagnon de petit déjeuner insensible à ses goûts musicaux particuliers.

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Twikjeya releva la tête de sa tasse en apercevant la silhouette hésitante de la petite blonde à l'entrée de la cuisine. Virginie était toujours aussi jolie dans sa robe, et elle paraissait toujours apporter avec elle cette impression de fraicheur particulièrement apaisante pour la ténébreuse dame confrériste. Twikjeya nota d'un coup d'oeil expert qu'elle avait changé l'ordre de ses bracelets. Elle se leva doucement, un franc sourire aux lèvres

Bonjour Virginie.

Bien évidemment, on n'en était pas encore aux franches embrasses... A vrai dire, personne ne se serait risqué à aller faire la bise à Twikjeya le matin. Et la jeune slave n'avait pas la moindre intention d'aller enlacer Virginie, quand bien même elle était heureuse de la voir. Elle ne souhaitait surtout pas la gêner, et accessoirement elle ne voyait pas l'intérêt de cette débauche d'affection hypocrite... Peu importe. Abandonna sa tasse, elle fit quelques pas vers leur invité avant de lui désigner la table.

Bien dormi ? Je t'en prie, installe toi. Désire tu manger ce matin ?

Les évènements choisirent alors de précipiter les choses... Tout d'abord, des talons se mirent à claquer. Twikjeya eut un sourire indéfinissable en reconnaissant le style inimitable de sa confrère slave, la sanglante et charmante Maria Aleksandrovna Yevgeniyen. Il n'y avait qu'elle pour se préparer des entrées dans ce genre là... La ténébreuse demoiselle se retourna, pour constater que Maria détonait franchement dans cette cuisine.

Bonjour Maria.

Twikjeya avait déjà photographié mentalement la tenue de la jeune russe, et avait décrété qu'elle ne comprendrait jamais les autres... Autant la robe de Virginie lui seyait à merveille, et était particulièrement appréciée de la chirurgienne, autant le malheureux jean de Maria fut d'office décrété comme ennemi de la jeune slave et condamné d'office à la peine capitale... Le reste de sa tenue n'était pas spécialement laide, les bottines étaient une bonne idée, mais Twikjeya ne supportait pas les pantalons, à plus forte raison lorsqu'ils étaient hideux. Déjà qu'être enfermée dans un carcan pareil l'insupportait au plus haut point... Et l'on pouvait difficilement dissimuler une lame et la dégainer rapidement avec tout ce tissu... Indifférente aux paroles de sa confrère, la slave prit elle même la parole.

Maria, veux tu que...

Pour une fois, Twikjeya avait parlé sans réfléchir, et sans tenir compte de l'ouragan que ses quelques mots risquaient de déchainer sur sa malheureuse personne. Maria n'était certes pas une personne fondamentalement méchante mais... La dame des glaces risquait fort d'apprécier l'engueulade monumentale qui s'ensuivrait. Avec un peu de chance elle pourrait même être saignée par les mains de Bloody Mary...

Malheureusement, la musique n'était pas de cet avis. Les lois de la lecture aléatoire en avaient décidé autrement. Le morceau s'éteignit, un autre s'enclencha automatiquement...

GWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH

Le brutal black overdeath full suicid metal of the apocalypse avait connu une certaine notoriété dans les années 2035... Cette musique avait été rendue possible par les progrès de la chirurgie. On pouvait à présent remplacer les cordes vocales des chanteurs par des câbles rouillés, ce qui amplifiait grandement le son délicieux que ces individus délicats pouvaient produire. Adorée par les chirurgiens pour le nombre de tympans explosés qu'il leur envoyaient, ce genre était également réputé pour ses nombreux artistes que les forces de police avaient été obligé d'abattre lorsqu'ils avaient tenté de dévorer le public de leurs concerts. La tradition qui consistait à sacrifier le chanteur à la fin de chaque concert avait toutefois contribué à l'extinction rapide du phénomène.

Et d'autres termes et malgré les 95% de chances de tomber sur un chef d'oeuvre classique qu'avait le lecteur, ce fut une ahurissante ruée des décibels vers les tympans des trois mutantes. Fort heureusement pour elles, Twikjeya avait indentifié le phénomène aussi rapidement que lui permettaient ses neurones au bord de la saturation et avait déjà lancé ses doigts à l'assaut du bouton d'arrêt... Une seconde et demie d'explosion sonore fut tout ce que les trois jeunes femmes eurent à subir avant qu'un silence de mort ne s'abatte sur la cuisine. S'intéresser à tous les styles avait quelques défauts finalement... Un tintement métallique résonna faiblement.

Navrée... Je... Je suis désolée pour ça. Excusez moi.

Et elle était réellement gênée par ce qu'elle venait de leur faire subir. Twikjeya se retourna vers Maria et Virginie, yeux légèrement baissés... Une agréable odeur de croissant chaud emplissait maintenant la cuisine. Twikjeya secoua la tête, mâchoire serrée, pour reprendre une gorgée de thé. La jeune mutante n'allait certainement pas s'attaquer aux croissants. Son régime alimentaire aurait à peine suffit à une souris en fin de vie, mais elle s'en contentait bien ! Par ailleurs, elle jugea bon de laisser ses réflexions sur le pantalon de Maria de côté, de proposer de lui offrir une robe plus tard, et de laisser les boucles d'oreilles de Virginie à l'abri pour l'instant. Laisser la jeune blonde répondre était également une bonne idée... Maintenant, elle n'avait plus besoin d'elle pour se sentir à l'aise ici, Maria prenait le relais. Twikjeya se recula légèrement contre le buffet de la cuisine, laissant le champs libre aux jeunes femmes.

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Virginie observa son hôte l’accueillir avec gentillesse et lui proposant déjà une place. Elle sentit son corps se détendre instantanément. Elle se dirigea tranquillement vers l’une des chaises libres. Et c’est là quelle prit enfin en compte le fond sonore de cette salle commune. Avait elle entendu cette musique ? Il ne lui semblait pas. Twikjeya commençait la conversation d’elle-même et la petite mutante en eut un sourire. Qui aurait crut au premier abord que cette femme fut si joviale.

-« Comme une souche en fait…

"_ Bonjour Virginie ! Bonjour Twikjeya !"

L’interpellée se tourna d’un mouvement vif reconnaissant cette voix. Maria ! Et drôlement… sexy était peut être le mot le plus proche de ce que lui inspirait cette apparition. C’était bien loin de l’image de femme d’affaire qu’elle avait encore à l’esprit. Deux styles diamétralement opposés. Pouvait-elle donc tout porter avec la même assurance ?

Virginie la détailla malgré elle avec un sourire admiratif. La timidité que lui inspirait déjà cette femme ne fit qu’augmenter. Heureusement la présence de Twikjeya lui rappela qu’elle était à sa place ici pour le moment. Elle remarqua d’un coup d’œil le sachet de papier. Une boulangerie ? Son amour de la viennoiserie avait développé chez elle une connaissance pointue des enseignes.

Bonjour Maria.

-« Bonjour Maria ! Vous allez bien ? Je veux dire après tous ces événements… »

Il lui paraissait important de prendre de ses nouvelles après l’esclandre de la veille. Elle avait été sincèrement inquiète pour la jeune femme et le ton sérieux de sa fin de phrase le montrait bien.

Cette entrée semblait en tout préméditée alors qu’il s’agissait pour la petite blonde d’une véritable surprise. Jamais elle n’aurait crut revoir cette femme de si tôt. Et envoyant son look et sa bonne humeur elle sentit que cette journée ne serait pas comme les autres. Qui aurait crus que Virginie aurait put vivre tout ça en allant prendre une glace dans un centre commerciale ? C’était presque magique tout ça. Et elle se rendit compte que finalement ce lieu était plus agréable qu’inquiétant.

Maria leur présentait son butin gourmand. Deux billes bleues envahirent le visage de la visiteuse. Ca ! Ca elle en aurait sauté de joie. La belle blonde avait elle la moindre idée du cadeau qu’elle lui mettait sous le nez ? Son ventre se faisait déjà remarqué comprenant le message de son cerveau. C’était noël ce matin. L’odeur délicieuse se rependit tout autour d’elles. Virginie sentit un sourire éclatant détendre ses lèves. Ce petit déjeuné prenait des allures de rêve.

Dans un murmure le regard brillant elle affirma avec ferveur.

-« C’est… une très bonne idée que vous avez eut ! »

_ Alors, racontez-moi… Comment s’est déroulée le reste de la soirée ? Vous êtes vous bien amusées ? Et comment vous êtes vous rencontrées toutes les deux ?"

Virginie regarda son infermière et eut une mimique en voyant son regard désapprobateur. Que se passait-il ? Elle regarda tour à tour les deux confrériste. Elle ne voulait surtout pas que des nuages viennent gâcher le beau soleil qui s’installait sur cette journée. Et pour éviter ça elle osa même prendre la parole devant ces deux femmes si impressionnantes.

-« Eh bien en fait ça a...

GWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH

Son corps fut agité d’un sursaut. Esprit et corps allaient toujours de paire et elle n’y pouvait rien. Le présent était vécu à 200%. Et ça pour tous les domaines. De quoi comprendre un peu mieux son hyper sensibilité. Cet éclat de voix était aussi imprévisible que brutal. Son oreille eut à peine le temps de subir cette agression qu’un soudain silence gagna l’espace. Mais cela suffit pour marquer tympan et mémoire.

Jamais elle n’avait entendu un tel son. Une grimace avait traduit ce qu’il lui inspirait.
La gamine reprit visage aimable immédiatement. Elle n’allait pas être impolie. Le décalage entre les deux ambiances la déstabilisa légèrement. Elle entendit les excuses et les chasse d’un radieux sourire. Il y avait bien pire à supporter avait elle envie de dire.

La jeune dame en noir se retira en arrière. Etait ce une manière de s’amender ? Elle la regarda avec douceur mais se refusa de la retenir. Elle n’aurait pas aimé cela elle. Son regard glissa donc du pain au croissant, du croissant à Maria. Elle mourrait d’envie de goûter une de ses merveille… mais jamais elle ne l’aurait fait la première. Elle restait l’étrangère du trio elle ne l’oubliait pas. Elle ne l’oublierait pas.
La jeune fille s’employa donc à répondre à la mutante. Ses mains décorées posées sur la table elle entonna de sa voix timide et pleine de joie tranquille.

-« Pour vous dire la vérité… amusée ce n’est pas le bon mot. C’est plutôt surprise. J’ai d’abord rencontré ce serveur mal luné. A croire que je l’embêtais vraiment. Et puis ce monsieur qui fût emmené. Et puis se mal de ventre effroyable. D'y repenser la rendit un peu confuse. D'habitude la douleur lui était épargnée. Heureusement mademoiselle Elkash c’est très bien occupée de moi. J'ai eut de la chance de la trouver.

Virginie regarda la chercheuse cherchant son assentiment pour la fin de son récit. Elle approcha sa main du pichet de jus d’orange sentant la soif continuer de la tarauder.

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Maria s’était assise à côté de Twikjeya, juste en face de la jeune Virginie Parish.
Le port de gants haute-couture n’était pas vraiment recommandé lorsqu’on devait manipuler des croissants au beurre chaud, c’est pourquoi, méthodiquement, elle commença à les retirer et les posa sur la table.
Elle écoutait, les yeux grands ouverts, le début du récit de la soirée de Virginie quand tout à coup un GWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH tonitruant interrompit la conversation. Pendant les premiers fractions de seconde, ce souffle digne d’une explosion nucléaire vint arracher le côté gauche du visage de Maria et emporta au loin sa perruque blonde encore accrochée à un morceau de cuir chevelu. Le tsunami acoustique s'amplifiant, il arracha par pans entiers le reste du fragile visage de la russe et, au bout d’une seconde et demie, quand enfin il s'estompa, il ne laissa qu’un crâne de squelette bien propre et bien blanc à la place… C’est du moins comme cela que Maria pensait raconter cette scène plus tard.

Les acouphènes s’estompaient, le cœur de Maria reprenait petit à petit un rythme normal, elle lança un regard horrifié à Twikjeya qui s’excusa platement… Silence gêné…

Ce n’est que quand elle vit la grimace crispée de Virginie se transformer en sourire jaune que Maria réalisa qu’elle était bien vivante.
"_ Ouah, on peut dire que ça réveille ! S’exclama-t-elle en riant sincèrement, Twikjeya, tu as enregistré Kenjiss quand il surprend des élèves à fumer en cachette dans les toilettes ?"

La mésaventure auditive n'avait pas entamé la bonne humeur de Maria, elle poussa le sachet de viennoiseries vers une Virginie qui n’osait visiblement pas se servir, non sans avoir auparavant pioché un croissant bien dodu :
"_ Ne te gêne pas, Virginie, ton corps va avoir besoin de beaucoup énergie pour réparer tes pauvres tympans percés !"

Elle écouta attentivement le récit de la soirée de Virginie, en mangeant son croissant.
Un serviteur mal luné ?
Kyle ! Maria n’avait pas eu pas à réfléchir longtemps pour deviner l’identité du malotru… D’ailleurs, dans son dictionnaire mental personnel, une photo de Kyle illustrait la définition de malotru.
L’humano… Sans doute ne l’appellerait-elle pas « monsieur » si elle connaissait le hobby préféré de ce gentleman, à savoir tuer des mutants.
Le mal de ventre… Prévisible…
Et l’aide de Twikjeya !
En entendant ce nom, elle se tourna vers la tortionnaire d’oreilles qui s’était mise en retrait et lui posa la main sur le genou, en prenant bien soin de ne toucher que la robe. D’un point de vue extérieur, cette familiarité ne pouvait être interprété que comme un geste amical :
"_ Ne reste pas en retrait comme ça, Twikjeya, dit-elle avec un sourire complice, approche-toi et sers-toi, je te recommande les pains au chocolat."

Une invitation implicite… Maria se sentait d’humeur joueuse.
"_ Oui, ça a été une soirée riche en rebondissement pour tout le monde, fit-elle en se retournant vers Virginie, mais dans un sens, elle a été à l’image du quotidien de la Confrérie Moderne : ici, on ne s’ennuie pas... Pour le meilleur comme pour le pire."

D’un geste, elle attrapa la théière et une tasse :
"_ Et pour aujourd’hui ? Demanda-t-elle en se servant généreusement une bonne lampée de liquide ambré, qu’as-tu prévu de faire ? De mon côté, je serai assez occupée, mais je pourrais trouver le temps de te faire visiter le reste de la Confrérie Moderne, si ça t’intéresse... "

Même si, à première vue, la personnalité de Virginie ne correspondait pas vraiment à ce qu'ils recherchaient, Maria était curieuse de connaître le pouvoir de cette petite. D’abord, elle lui ferait visiter les locaux… Puis elle lui proposerait innocemment une petite séance de tests, juste pour voir...

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Le sourcil droit de Twikejeya eut un frémissement imperceptible, signe infaillible que la jeune mutante avait été surprise. Les réaction de Maria et de Virginie étaient plus que surprenantes à vrai dire... Après une telle débauche de décibel et une perturbation pareille, un évènement qu'elle n'avait pas su prévoir et qui avait perturbé leur invité, la sombre dame ne se serait pas sourit, et aurait encore moins plaisanté... Certes, elle ne pardonnait pas la moindre erreur, mais tout de même, ne pas prêter plus d'attention à pareil dérangement était... surprenant, et le mot était faible. Mais puisque les jeunes femmes paraissaient enthousiastes à l'idée de poursuivre la conversation... Twikjeya ne tenta toutefois pas de répondre à la plaisanterie de Maria, pour la bonne et simple raison qu'elle n'était pas capable de faire un trait d'humour sans y réfléchir une bonne minute avant. Elle se contenta de gratifier sa congénère d'un sourire amusé. Le regard de la jeune slave accrocha ensuite celui de Virginie, qui sollicitait visiblement son aide pour finir ses explications. Twikjeya eut un sourire modeste, notant toutefois dans un coin de sa mémoire de prendre le temps d'avoir une petite discussion avec Kyle à l'occasion...

Je n'ai fais que vous donner des cachets Virginie... Emmett s'est bien mieux occupé de vous que je ne l'ai fais.

Simple constatation. Elle n'avait que son devoir, tâché de mettre à l'aise la jeune demoiselle et elle n'entendait pas en tirer le moindre mérite. De toute façon Twikjeya était du genre à faire profil bas, même si elle venait de découvrir un vaccin anti humain, de résoudre le problème de la faim dans le monde et de tuer Samarah Lemington, et ce en moins de temps qu'il ne fallait à Kenjiss pour attacher ses lacets tout seul.

La jeune slave suivit le trajet des croissants jusqu'à Virginie, dont les yeux brillaient littéralement d'impatience... Un fin sourire vint embellir les traits de la jeune femme. La petite blonde était particulièrement gourmande et ne s'en cachait pas. Une rafraichissante dose de franchise, coincée entre les deux nanas les plus dangereuses à quinze kilomètres à la ronde, et qui n'apparaissaient que sous la forme d'adorables beautés simplement trop agréables... Ce fut alors que la main de Maria se posa sur son genou. Twikjeya n'eut que le temps de réprimer un frisson... Comment avait elle pu ne pas s'apercevoir que la jeune russe avait retiré ses gants ? Son attention avait failli. C'était inacceptable. Si elle était dure avec les élèves lors des entrainements, la sombre dame était littéralement tyrannique avec elle même. Cette faiblesse serait punie... Mais pour l'instant, elle ne pouvait qu'inspirer un peu plus profondément en évitant de fixer la main toujours posée sur son genou. Maria l'invitait cordialement -en apparence- à siéger à s'assoir à côté d'elle pour savourer les pâtisseries qu'elle avait apporté, avec un sourire particulièrement engageant... Du moins Virginie le croirait elle. Les échanges entre les deux confréristes tenaient plus souvent du sous entendu que l'on ne pouvait l'imaginer...

Merci Maria... Ca a l'air savoureux...

Et ce fut après les éternels et élégants mouvements de robe accompagnés d'un cliquets métallique que Twikjeya s'assit à côté des mains qu'elle appréciait tant. Et -accessoirement- de leur propriétaire. La masochiste eut un regard désapprobateur pour le jean qu'elle voyait à présent en gros plan. Maria n'était certainement pas mise en valeur par ce truc hideux... Cependant, un regard noir fut tout ce que Twik' s'accorda avant de reporter son attention sur la table.
Les doigts arachnéens de la chirurgienne se déployèrent avec leur précision habituelle pour venir découper un morceau de pain au chocolat de la taille d'une pièce d'un dollar, sans que la moindre miette ne s'en détache. Le régime alimentaire de Twikjeya était capable de condamner un moineau adulte à l'anémie la plus totale mais elle paraissait s'en contenter parfaitement... Son bout de pâtisserie fut avalé en un tour de main avec un léger sourire d'excuse à l'attention de Virginie, qu'elle voyait déjà au bord de l'évanouissement devant la richesse de son petit déjeuner.

Je n'ai pas très faim ce matin...

A vrai dire, si. Twikjeya était affamée. Elle ne désirait à présent une bonne portion de souffrance nappée d'une douleur dégoulinante d'une hémoglobine vermeil savoureuse à souhait... La sombre dame se mordit la langue en croisant brièvement le regard de Maria. Si ses mains ne la faisaient pas souffrir, elles lui procureraient au moins la satisfaction d'avoir assouvi les pulsions de la jeune russe, de saigner discrètement... C'était les seules ici à pouvoir lui ouvrir la peau sans que Virginie ne remarque rien, sans toucher aux couteaux de boucher dans le tiroir derrière elle... Twikjeya inspira profondément en gardant ses mains bien en évidence sur la table. Il était hors de question de se laisser aller maintenant.
Maria menait à présent la conversation et la jeune mutante jugea bon de se taire. Montrer sa création à Virginie aurait été insultant envers la porte parole, changeant le sujet qu'elle tentait de lancer... Aussi Twikjeya se resservit elle une tasse de thé, essayant de ne pas trop lorgner sur les phalanges de Bloody Mary.

[Navré pour la qualité du post <_< ]

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La gamine aurait voulut protester et assurer l’infermière de ses bons traitements. Mais elle eut l’intuition que cela l’aurait mit plus mal à l’aise qu’autre chose. Peut être parce qu’elle aussi aurait réagit de cette manière devant trop de compliment… Alors pour qu’elles soient toutes les deux en accord sur la question elle reconnue avec sincérité.

-« Monsieur Emmett a été adorable avec moi c’est vrai. Quoiqu’il puisse être très persuasif… »

Elle repensait à la manière dont il l’avait convaincue de filer au lit. Un simple regard. Il y avait des gens comme cela, qui inspirait le respect et la confiance muette. Elle avait vraiment bien aimé ce monsieur un anglais comme elle. Elle irait peut être lui dire au revoir en partant. Il avait été si patient. Elle ne comprit pas la première référence que Maria utilisa pour comparer le hurlement du groupe. Mais ce Kenjiss devait être terrifiant si sa voix pouvait être aussi puissante.

Virginie rendit son sourire à la jolie femme blonde. Elle eut même un petit éclat de rire face à la petite boutade. Elle se souvenait que Maria maniait l’humour plus que bien. Avec une lueur de reconnaissance dans le regard elle glissa doucement la main dans le sachet aux merveilles. Elle attrapa le premier croissant qu’elle trouva trop heureuse du goût qui l’attendait pour se soucier de la forme. Elle le posa délicatement devant elle et le regarda d’un œil gourmand. Il fallait qu’elle déguste autant l’instant que le repas.

"_ Ne reste pas en retrait comme ça, Twikjeya…

La jeune blonde était d’accord mais laissa la confrériste opérer. A voir son comportement elles se côtoyaient depuis un moment. Virginie ne se permettait pas ce genre de geste. Pas même avec sa mère… en même temps qui aurait voulut être affectueux avec une femme qui vous traitait comme une « mauvaise herbe » ? Elle était contente de voir que deux jeunes femmes pareilles pouvaient s’entendre… quoique le mouvement de recule ne fut pas assez discret pour ses yeux. Étonnant comme Twikjeya lui rappelait son comportement. Cela dit elle se garda bien de le souligner à haute voix.

Cela eut tout de même un effet positif puisse que la sombre dames les rejoignait avec grâce à la table. Virginie ne peut s’empêcher d’approuver du chef. Un mouvement qui se prolongea avec le haussement de son sourcil gauche quand elle vit la part qu’elle s’octroya dans la viennoiserie. Comment pouvait-elle ainsi résister à ces splendeurs ? Et surement comprit-elle son étonnement en lui adressant ce signe d’excuse. Combien de foi l’avait elle fait elle-même…

Je n'ai pas très faim ce matin...

Virginie compatissait d’un sourire. Elle était vraiment contrariée pour elle. Ne pas avoir faim devant tout ça. Quel dommage !

Maria ne se départirait jamais de son optimisme concernant la Confrérie. Même le pir des cauchemars devenait dans sa bouche l’événement le plus normal du monde. « A l’image de la confrérie ? » Mmm comme ce Kenjiss peut être… Jamais la petite mutante ne pourrait vivre dans un lieu aussi… vivant. Ca aurait été bien trop dur à gérer.

Mais Virginie n’avait pas à cœur de contredire son interlocutrice. Elle hocha donc doucement la tête en attrapant un bol ou verser du lait froid. Elle nota avec amusement que la jeune femme faisait de même de son côté. La sombre mutante restait calme presque distante. Cela lui semblait étrange après leur interlude de la veille. Cela ne freina pas la conversation pour autant.

"_ Et pour aujourd’hui ?...

Elle chercha du sucre en regardant son interrogatrice d’un œil. Quoi, elle lui proposait une visite ? C’était gentil, trop gentil en fait. Non elle ne voulait pas rester ici jusqu’à l’après midi. Elle avait déjà repoussé son départ assez longtemps pour s’enraciner. Non. Elle repartirait juste après sa dégustation. Enfin presque…

Même si l’attention était charmante, et qu’un brin de curiosité la taraudait toujours… elle devait retourner au journal. Elle n’avait prit que quelques heures. Elle était déjà en retard. Il faudrait qu’elle finisse plus tard ce soir. Son patron n’allait pas la louper. Elle chassa cette pensée en attrapant une cuillère. Et tout en plongeant trois sucres dans son lait elle répondit timidement.

-« Merci. Mais je crois que je dois dire non. Je ne peux pas manquer plus d’heures. Mais je te remercie c’est très gentil. »

Elle n'osa pas avouer dans quelle branche elle travaillait. Aprés les remarque de sa soigneuse Virginie ne voulait pas que cela gâche tout. Suite à quoi elle croqua enfin dans son croissant. Un soupire de contentement fût sa seule parole. Dieu que c’était bon. La texture la saveur l’odeur. Rien que pour ça elle était contente d’avoir obéit à Emmett. Elle prit ensuite une gorgée de son lait sucrée et là elle se crut tout bonnement aux anges.

-« C’est si bon tout ça. J’ai de la chance de vous avoir croisées toutes les deux. »

Mais pourquoi la nourriture la rendait elle toujours trop bavarde ?

Pouvoir · Type Sigma

Un spectateur extérieur assistant à ce copieux petit déjeuner aurait pu se croire au milieu du tournage d’une publicité familiale vantant les mérites d’un café soluble à la chicorée. Telles trois amies de longue date, les mutantes papotaient gentiment et avec une bonne humeur flagrante, piochant allègrement les victuailles françaises du sachet posé au milieu de la table. Un seul point aurait pu assombrir l’ambiance : le manque d’appétit de miss Twikjeya-estomac-de-puceron. Mais cela ne pouvait en aucun cas être considéré comme un mouvement de mauvaise humeur, ce n’était que de la sage tempérance. On pardonnait l’ascète un peu comme on pardonne une cousine par alliance qui boude votre bœuf bourguignon car en opposition avec son régime strict biologico-végétalien-sans-sel.
Virginie repoussa l’invitation de Maria pour une visite gratuite de la Confrérie, elle désirait apparemment mettre un terme à son séjour dans la gueule du loup.
"_ Dommage… dommage, répondit la russe en tendant le bras pour attraper le sucrier, ce sera pour une autre fois alors… Maintenant, tu connais la maison, tu sais bien que tu seras toujours la bienvenue. "

Au passage, avec le plat de la main, elle fit tomber la boîte de céréales sur la table. Heureusement, le sachet interne n’était pas ouvert, les dégâts avaient été limités.
"_ Oups, désolée…"

Maria reérigea la boîte marron sur sa base cartonnée, tout en ayant bien pris soin de la replacer sur la table de manière à cacher, du point de vue de Virginie, les mouvements de son bras gauche. Maintenant, elle pouvait jouer à loisir avec sa main sous la table du petit déjeuner sans craindre d'être surprise.
"_ Je peux peut-être te déposer quelque part, proposa-t-elle en soulevant en toute discrétion un pan de la robe de Twikjeya, je dois justement descendre sur Vancouver en fin de matinée… Ce serait dommage de ne pas en profiter. "

Le genou de l’infirmière était mis à nu, fragilement nervuré d’artères et de veines gorgées de sang.
"_ Mais au fait, fit Maria en levant un sourcil, je ne sais même pas ce que tu fais dans la vie. Quel métier es-tu pressée de rejoindre à tel point que tu ne peux pas prendre le temps pour une petite visite ? A t’entendre, on dirait que c’est une question de vie ou de mort ! Ce n’est pas le cas, rassure-moi ?"

Détournant l’attention de la jeune blonde avec ses questions, Maria s’en donnait à cœur joie sous la table. De l'extrémité de ses phalanges, elle lacérait généreusement le haut du tibia de Twikjeya. Les yeux rivés sur l’innocente Virginie, elle ne pouvait avoir accès qu’à la sensation tactile du sang chaud coulant délicatement entre les doigts. La situation était très excitante, entre frustration et plaisir… Elle ne voyait rien mais savait, de par les informations que lui délivrait son toucher, que son bonheur n’était qu’à un coup d’œil vers le bas… Coup d’œil interdit tant que Virginie regarderait dans sa direction...

Pouvoir · Type Gamma

Twikjeya ne cilla pas une seule seconde en entendant Virginie parler, mais elle n’en pensait pas moins. Comme à son habitude, la sombre dame laissait entrevoir uniquement ce qu’elle voulait bien montrer. De la chance de les avoir croisées ? Si l’on voulait oui… C’était surtout une chance que de les avoir vues sous leur meilleur aspect, celui qu’elles livraient le plus souvent au public. Comment aurait réagit Virginie face aux litres d’hémoglobines qui ne cessaient de couler, qu’il s’agisse des mains de Bloody Mary ou des lames de son infirmière ? Des lames… Ne pas y penser. Surtout pas. Comment pouvait elle être accro à ce point ? A croire que la présence des autres ne lui donnait qu’une envie…

Je suis heureuse que tu ais apprécié ce bref séjour dans ce cas Virginie…

Twikjeya se souvint alors qu’elle devait demander à Maria dans quel état avait fini le prisonnier de la veille. Occupée avec Virginie, elle n’avait pas prit le temps d’aller le voir, une recrue potentielle était toujours plus importante qu’un énième quidam que le boss et son équipe de tarés tourmentaient durant une bonne partie de la nuit. Mais le moment n’était pas encore venu de parler mort et souffrances, et l’infirmière préféra savourer sa tasse de thé brûlant que d’y penser. Ce genre d’idées dérivaient en général rapidement sur ses penchants relativement mal acceptés par ses connaissances et nul doute que Virginie réviserait sérieusement son opinion si la jeune slave se jetait sur la broche à poulet pour se transpercer la main avec, sous le regard extatique de Maria, aussi excitée par la vue du sang qu’elle-même à la réception du dernier « Couteau de chasse magazine » !

Virginie souhaitait visiblement mettre fin à cette visite, qui ne paraissait toutefois pas l’avoir déçue. Twikjeya inclina la tête en silence. Si la jolie blonde voulait partir, elle ne pouvait qu’accéder à son désir. Le recrutement était rarement bouclé en un rendez-vous de toute façon. Et elle n’avait toujours pas la moindre source d’information sur son pouvoir… Peut être que les quelques capteurs passifs discrètement placés dans les chambres d’invités avaient capté quelques émissions, mais ces trucs étaient d’une fiabilité douteuse. Nuls n’oubliaient qu’ils avaient détecté des émissions salines en provenance des yeux de Twikjeya. Quelle aberration… La sombre dame ne pleurait pas.

Oh Virginie ? Si tel doit être ton dernier souvenir de notre entrevue… J’espère qu’elles te plaisent.

Joignant le geste à la parole, les doigts de l’infirmière filèrent dans une petite poche de sa robe, saisirent les boucles d’oreilles qui y étaient soigneusement empaquetées dans une petite gaine de tissu. Twikjeya avait travaillé environ quatre heures sur son cadeau, deux fois plus que d’ordinaire. Elle avait soigneusement et doucement extrait des larmes de sang pour les transformer en petits triangles métalliques, qu’elle avait ensuite relié via de fins fils qui n’en restaient pas moins résistants. Bien que réduisant considérablement la taille des modèles qu’elle avait l’habitude de fabriquer, elle ne s’était pas gênée pour surcharger les boucles de divers bibelots clinquants de différentes formes qui interdiraient désormais à Virginie de se déplacer silencieusement, tout en préservant tout de même la peau de ses oreilles. Il en résultait des bijoux que nuls ne pouvaient prétendre avoir fabriqué, si ce n’était elle… La simplicité et la discrétion n’étaient pas les mots d’ordres de Twikjeya, du moins pas en ce domaine !

S’il y avait bien une autre qualité que l’on ne pouvait nier à la sombre dame, c’était son contrôle parfait du moindre de ses mouvements… Aussi resta elle stoïque en sentant sa robe se soulever. Elle parvint même à contrôler le délicieux frisson qui lui traversa la colonne vertébrale, gardant son léger sourire en observant Virginie ouvrir son paquet. Puis les doigts de Maria effleurèrent son genou. La sombre dame se raidit doucement. Elle serra les dents. Maria… Elle non plus n’avait pas pu résister. Peu à peu, les doigts dessinèrent sur sa peau offerte des arabesques étranges. Twikjeya sentait sa peau s’ouvrir peu à peu, sans que la moindre douleur ne vienne la soulager. Mais elle savait qu’elle ne tarderait pas… Même si ces coupures étaient indolores, la morsure de l’air sur la chair offerte, la sensation du sang qui quittait peu à peu son organisme étaient autant de promesses de souffrances.

Je peux les modifier si tu le souhaite…

Se maîtriser. Toujours se maîtriser… Twikjeya eut un soubresaut cette fois très perceptible. Il n’y avait qu’une seule personne capable de la perturber ainsi, et malheureusement c’était celle à qui appartenait les mains qui paraissaient bien décidées à priver sa jambe gauche de la moindre goutte de son sang. Le liquide vermeil coulait désormais le long de sa jambe, gouttant le long de la seule lame qu’elle portait aujourd’hui, dégoulinant sur le cuir de sa bottine pour s’épandre sans bruit sur le sol de la cuisine. Twikjeya aurait pu solidifier le tout mais quelque chose l’en empêchait… D’une part, les bruits métalliques des morceaux heurtant le sol auraient pu alerter Virginie. D’autre part, elle refusait d’enlever son plaisir à Maria. Maria qui s’était donné tant de mal pour la contenter, risquant de perdre une recrue potentielle afin de lui procurer ce qu’elle-même appréciait tant…

Elles sont particulièrement solides et inoxydables, sans doute bien plus que tout ce qui se trouve sur le marché à l’heure actuelle…

Et puis, plusieurs choses arrivèrent, condamnant irrémédiablement les efforts de la dame des glaces pour apparaître calme et agréable. Tout d’abord, sa jambe gauche glissa légèrement. Rien de bien grave, quelques centimètres de décalage… La perte de sang occasionnait souvent des faiblesses passagères, que la faible constitution de la mutante ne permettaient certainement pas de surmonter. Le brusquement mouvement de sa jambe privée de son oxygène déclencha une brusque crampe que certains auraient qualifiés d’ « atrocement douloureuse ». Elle ne fit qu’accentuer brutalement le sourire de Twikjeya, qui tressaillit à nouveau.

Si Twikjeya était son propre sujet d’expérience, nul doute qu’elle aurait adoré s’observer. La réaction qui allait s’ensuivre aurait froidement été qualifiée de « Perte de contrôle momentanée ». Bien que n’étant pas le moins du monde psychologue, la jeune slave l’aurait sans doute associée à une méconnaissance du sujet pour ses propres sentiments, qui entraînait une réaction disproportionnée lorsque ceux si finissaient par émerger.

Malheureusement pour elle, la mutante ne pouvait pas exercer son contrôle glacial sur sa propre personne, pas cette fois. Il y eut une brusque bouffée de chaleur qui embrasa instantanément le si pragmatique esprit de la chirurgienne. Twikjeya détacha son regard de celui de Virginie pour plonger dans les yeux de Maria, tout aussi bleus que les siens. Elle n’eut pas le temps de se hurler d’arrêter, pour la bonne et simple raison qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait mais que tout son être, corps comme esprit, lui hurlait de le faire. Plus rien n’avait d’importance désormais, pas même l’hémorragie qui menaçait sérieusement la frêle mutante d’un évanouissement imminent… Peut être était ce la perte de sang qui la faisait délirer. Peut être ne s’en servait elle inconsciement qu’en guise de prétexte… Avec une douceur surprenante de la part d’une inconditionnelle de l’efficacité rapide et dépourvue de fioritures, Twikjeya enserra la tête de Maria entre ses doigts d’acier, observa une dernière fois les yeux de sa compagne et précipita presque aussitôt ses lèvres contre celles de Maria, comme si elle craignait de les voir s'évaporer en une fraction de seconde.

Pouvoir · Type Sigma

Je suis heureuse que tu ais apprécié ce bref séjour dans ce cas Virginie…

La gamine regarda son infermière préférée avec une curieuse impression. Elle lui souriait toujours pourtant. Il lui semblait que... que, quoi ? Elle ne savait pas au juste. Et puis tout le monde savait bien que cette mutante avait des tendance à la dramaturgie n'est ce pas. Maria répondit à son refus sans perdre sa bonne humeur. Ce qui la rssura comme toujours. Ces deux femmes étaient d'une patience d'or avec elle. Virginie hocha doucement la tête en signe de reconnaissance. Oui étrangement ici, maintenant, elle se sentait réellement la bienvenue. Un sourire empli de gratitude accompagna son "Merci".

Suite à quoi elle savoura un nouveau morceau de sa pâtisserie préalablement trempée dans un peu de lait: un régale. C'est à ce moment là que la sombre slave lui offrit elle aussi des paroles forts sympathiques. Peu habituée a autant de bonnes attentions à son égard Virginie piqua un phare en la voyant sortir le sachet au trésor. Cela lui rappela instantanément la bonne idée de son infermière. Elle regarda d'abord le paquet d'un air respectueux n'osant le toucher. Elle n'avait pas l'impression de mériter autant de gentillesse et surtout pas un cadeau.

Cependant Twikjeya lui glissait déjà le paquet sur la table. Virginie lui adressa un regard brillant de joie et de doute.

"_ Oups, désolée…"

Elle eut le réflexe de se pencher elle aussi pour le ramasser mais Maria fut encore plus vive. La jeue fille repoussa donc sur le côté ses mets et chassa quelques miettes. Un tel présent devait être reçut avec attention. Elle se reconcentra sur son cadeau saisissant délicatement les files pour libérer les bijoux avec une lenteur respectueuse. Ses doigts étaient aussi doux que s'ils avaient dû manier de la porcelaine. Elle les sorties chacune sentant ses yeux s'agrandirent de surprise et d'émerveillement.

Tout à sa découverte Virginie n'entendit pas vraiment la proposition de la jolie dame blonde. Ni se qu'elle était entrain de faire subir à sa compagne d'ailleurs. Elle restait bouche bée devant la beauté de ce bijoux unique tout d'argent et de finesse. C'était incroyable. Jamais elle n'en avait vue de telles. C'était bien trop beau pour elle à vrai dire. Confuse elle leva les yeux vers la représentante en demandant avec un sourire maladroit:

-"Pardon ?"

Je peux les modifier si tu le souhaite…

La journaliste se tourna vers la créatrice illico et la regarda d'un air étonné. Elle avait entre les mains deux délicates boucles d'oreilles qui l'avaient déjà conquise. Ce fut donc le plus spontanément du monde qu'elle répondit d'un ton précipité.

-"Non non ! Elles sont parfaites ! ... merci elle sont vraiment parfaites."

Son regard retourna de lui même à l'étude de cette création fantastique que Maria l'interrogeait encore une foi. Cette femme était diablement curieuse pensa t-elle amusée. Mais en même temps comment pouvait elle répondre ? Et à vrai dire depuis le début de son enquête avec Jimmy et June elle évitait d'aborder ce sujet. Elle avait bien comprit que tout ça était risqué.

Elle fit donc mine de regarder un peu plus le présent. Il ne fallait pas qu'elle commence à parler. Elle savait que sa soif de justice la pousserait au delàs de la prudence. Comment s'en sortir ? Elle pouvait toujours dire qu'elle écrivait pour la rubrique: Faits Divers ce qui ne serait qu'un demi mansonge. Elle repoussa ses cheveux essayant de gagner du temps. Twikjeya lui offrit une formidable porte de sortie en ajoutant toujours avec autant de douceur.

Elles sont particulièrement solides et inoxydables, sans doute bien plus que tout ce qui se trouve sur le marché à l’heure actuelle…

-"Ca je n'en doute pas."

Murmura t elle admirative. C'était impressionnant pour elle d'avoir droit à ça. Son regard timide se posa sur elle avec douceur au moment ou le tremblement lui échappa. Sa bouche se déforma en une mimique inquiète et elle chercha à comprendre ce qui pouvait causer ce signe là. Mais la sombre demoiselle détourna rapidement le regard pour se tourner vers sa compagne. Virginie la suivit du regard un rien anxieuse. Elle n'osa pas questionner pensant que Maria serait un meilleur intermédiaire si il y avait un problème.

Ce qu'elle vit lui coupa le souffle. Cette jeune femme si distante entrain d'embrasser sa consœur. Eh bien c'était pour le moins.... romantique. Virginie n'était marquée par aucun préjuger trop pure encore. Elle ne vit que la passion de deux personnes qu'elle appréciât sincèrement. Le rouge lui monta jusqu'à la racine des cheveux. Elle se sentait tout d'un coup de trop. Jamais elle n'aurait envisager un tel lien entre ses deux interlocutrices. Elle reprit sa tasse et la but d'une traite en attrapant son croissant. Elle ne voulait pas les déranger plus longtemps.

Quand son déjeuner fut avalé elle repoussa doucement sa chaise essayant de ne peux se faire remarquer.

Pouvoir · Type Sigma

Maria était confiante, elle savait que, tant que les yeux de Virginie resteraient au-dessus de la table, elle ne risquait rien à saigner discrètement sa consœur. Twikjeya était reconnue dans toute la Confrérie pour son self-control inébranlable ; jamais elle n’avait été prise à défaut de sang froid.
Ce petit déjeuner allait s’avérer riche en surprises…

Le sang coulait telles les chutes du Niagara du genou de Twikjeya sans que cela n’inquiète le moins du monde la responsable. A ce stade, Maria, à mi-chemin du parcours qui la séparait de Bloody Mary, était passée en mode « plus ça coule, plus c'est cool », mode caractérisé par le fait qu’elle oubliait certaines bases de biologie… Notamment la nécessité du sang pour la survie d’un organisme humanoïde. Elle traçait joyeusement de petites spirales sanglantes sur la peau de sa consœur et tout allait parfaitement comme dans le meilleur des mondes. Elle traversait les nuages, entrait en phase ascensionnelle vers le paradis écarlate.

Mais, alors qu’elle commençait à discerner les portes rouges du nirvana, le tressaillement soudain de Twikjeya lui brûla ses ailes d’ange. Elle fit une chute vertigineuse en piqué et retomba brutalement dans le monde réel, là où elle petit-déjeunait avec des amies. Secouée par ce brusque retour à la réalité, un peu frustrée également, Maria relâcha la pression de ses mains. Le soubresaut de Twik’ résonnait comme un signal d’alarme.
Puis le champ de vision de Maria fut obstrué par une paire d’yeux turquoises. Ce regard bleu intense, souriant, plein de tendresse, l’étonna… Jamais on ne l’avait regardé comme cela… Et ça ne pouvait annoncer que l’imminence d’un baiser. Certes, Maria avait déjà soupçonné sa compatriote d’avoir un petit béguin pour elle… Mais elle ne s’attendait pas qu’il s’exprime dans de telles circonstances !
Pendant les quelques dixièmes de secondes de flottement, Maria se servit de ses talents télépathiques pour communiquer directement avec l’esprit de sa consœur :
*** _ Twik’, je t’en prie, ne fais pas ça, tu es en train de perdre les pédales… Ressaisis-toi, Virginie nous regarde !!!***

Elle saupoudra ces paroles psychiques avec toutes les ondes d’apaisement et toutes les rafales de persuasion que la maîtrise de son pouvoir lui permettait. Ce n’est que quand Twikjeya franchit le pas et vint l’embrasser que Maria réalisa qu’elle n’avait jamais eu aucun talent télépathique… Elle le nota au fer rouge dans un coin de sa tête de manière à ne plus jamais l’oublier.

Ses lèvres collées contre celles de l’infirmière, Maria réfléchissait à la vitesse de la lumière… Comment rattraper au mieux cette petite catastrophe ?
Pouvait-elle prétexter le typique baiser russe signe de franche camaraderie ? C’aurait pu être envisageable si Twik’ n’avait pas été si passionnée en faisant de sa langue une anguille exploratrice et gourmande partant à la rencontre de son homologue.
Pouvait-elle prétexter un coup de folie passager de l’infirmière ? Non, la veille, Maria elle-même avait été écœurée d’entendre Kyle la traiter de folle hystérique devant tous les convives de la soirée… Pas question qu’elle fasse la même embrouille à la fragile Twikjeya !
Il ne restait qu’une solution pour sauver les meubles… Elle se détendit d’un coup, caressa les cheveux de Twik avec sa main libre et lui rendit son baiser avec autant de fougue. Après tout, le « mal » était déjà fait, il n’y avait plus qu’une chose à faire : jouer le jeu.
Après quelques secondes de pure sensualité, elle se détacha de Twik’, lui donna un dernier baiser sur le front avec un sourire et lui murmura quelques mots à l’oreille :
"_ Twikjeya ! Il faut te ressaisir, je t’en prie !"

Virginie s’était levée, rouge comme une pivoine ; Maria se détourna de sa consoeur :
" _ Pardonne notre impolitesse, Virginie, fit-elle avec un sourire gêné, nous sommes toutes les deux encore au stade du jeune couple fougueux… Ce genre de chose nous arrive de temps en temps…"

Puis se retournant vers l’infirmière avec un regard faussement sévère :
"_ Twikjeya, un peu de retenue, enfin ! Regarde cette pauvre Virginie : elle veut partir tellement nous l’avons gênée. Mets-toi à sa place : ce n’est jamais agréable de tenir la chandelle… Ce ne sont pas des choses à faire devant tout le monde, voyons. "

Pour lui signifier qu’elle ne lui en tenait néanmoins pas rigueur, du dos de la main droite, elle lui caressa tendrement la joue. C’était une diversion : pendant ce temps, elle secouait sous la table ses doigts poisseux pour chasser le surplus de sang. Pendant une fraction de seconde, l’idée de s’essuyer avec la robe de Twikjeya lui avait traversé l’esprit… mais son instinct de survie l’avait jetée dans le gouffre sans fond des mauvaises idées…

Twikjeya…
Une franche discussion allait s’imposer… Ou un total blackout ! Maria connaissait sa compatriote : une perte de contrôle, même momentanée, devait être intolérable pour cette maniaque perfectionniste. Peut-être préférerait-elle refouler cet incident.
La petite mutante allait partir et Maria n’avait encore pu glaner aucune information ni sur ses activités, ni sur ses pouvoirs. Mais tout n’était pas encore perdu.
" _ Je te dépose quelque part, Virginie ? Demanda-t-elle en arrachant une feuille du rouleau d’essuie-tout, je dois de toute façon me rendre en ville."

Discrètement, elle essuya sa main ensanglantée sous la table, mit le morceau d’essuie-tout en boule dans sa poche et se leva à son tour, pour montrer qu’elle était prête à décoller sur-le-champ si Virginie le désirait.

Pouvoir · Type Gamma

Une religion se caractérisait en général par une foule d’interdits ou de péchés tous plus contraignants les uns que les autres, et ce afin d’atteindre un état idéal après diverses catastrophes qui épargnaient les vrais, les purs et durs croyants. Qu’il s’agisse de se battre jusqu’à la mort et de périr l’épée à la main pour être accueilli à un grand banquet qui tenait plus de l’orgie que de la paisible réunion de famille ou de se conforter aux souhaits qu’un maboul sous diverses substances avait affirmé avoir vu gravés sur la pierre, il fallait en général suivre les ordres de son, ou ses dieux…
C’était en substance ce que la très pieuse Twikjeya pensait des autres religions de ce monde, les plus blasphématoires qui soient. Croire en un faux Dieu était bien pire que de ne pas croire du tout… Ses croyances étaient autrement plus justes, elle le savait.

Sans doute fut ce pour cela que la redescente de la mutante fut à peu près aussi brutale que celle d’un camé en manque de crack, percuté par un semi remorque qui repassait consciencieusement sur son corps décharné. Twikjeya cligna des yeux lorsque les lèvres se détachèrent de celles de Maria, incapable de réaliser ce qu’elle venait de faire. Elle envisagea successivement avoir rêvé pendant une fraction de seconde, avoir consommé une forte dose de psychotropes avec son malheureux thé indien ou bien avoir percuté la table propulsée par l’hypothétique pouvoir de Virginie… Malheureusement pour elle, cette scène était bien réelle. Maria l’embrassa sur le front en lui chuchotant de se reprendre, visiblement inquiète de la tournure qu’avait prise la situation… La sombre dame reprit alors tout à fait contact avec la réalité, et elle ne dût qu’à un réflexe extraordinaire de ne pas ouvrir la bouche telle une carpe hors de l’eau.

Que venais elle de faire ? Comment avait elle pu perdre le contrôle à ce point ? Le cerveau de la chirurgienne redémarra à vitesse grand V après son brusque passage en léthargie… Seigneur, qu’avait elle fait à l’instant ? Depuis quand ses sentiments avaient ils le droit de prendre le dessus sur le contrôle qu’elle se devait de garder en toute occasion ? Twikjeya se dégagea tout à fait de Maria pour caler son dos dans sa chaise, très droite. Ses lèvres se crispèrent. A cet instant précis, la ravissante slave était aussi pâle qu’un cadavre de trois semaines. Un médecin se serait précipité vers elle pour prendre son pouls, avant de l’allonger de toute urgence. Ironie du sort, la seule médecin de la pièce était aussi la patiente. Se reprendre à présent… Son blasphème était suffisamment grave comme ça, être décontenancée à ce moment précis anéantirait dix ans de prières et de sacrifices… Twikjeya inspira profondément en posant un regard glacial sur tout ce qui l’entourait. La température de la pièce parut chuter d’une bonne douzaine de degrés. Reprendre le contrôle… La mutante solidifia instantanément le sang qui maculait son genou, interrompant la fontaine vermeil qui commençait à menacer sérieusement son intégrité physique. Le châtiment serait exemplaire, l’expiation devait être à la mesure de sa faute ! Ses croyances n’interdisaient aucun sentiment, elles ne faisaient que les condamner lorsqu’ils prenaient le dessus sur la foi. Les faiblesses, humaines comme mutantes, ne pouvaient justifier pareil abandon de ce qui vous avait maintenue en vie si longtemps. Il était formellement interdit d’oublier ces préceptes ne serais ce qu’un instant. Et que venait elle de faire ? Qu’étaient devenues ses croyances lorsqu’elle s’était ruée sur Maria pour l’embrasser, avec pour seuls désirs celui de l’aimer, peut être même de se satisfaire elle même ?

Maria… La voix de Twikjeya frisait le zéro absolu, et paraissait avoir l’intention de geler la russe sur pied. Je te prie de m’excuser. Je n’ai pas réfléchi. C’est inacceptable.

Les rares gouttelettes de sang qui irriguaient encore le visage de marbre de la prêtresse achevèrent de déserter lorsqu’elle entendit Maria les comparer à un jeune couple. Voilà dans quel embarras elle mettait sa compagne… Voilà ce qu’elle la condamnait à affirmer, à cause de sa stupidité, de son orgueil. Croyait elle pouvoir se libérer de SON emprise, de prendre ses décisions seule ? La sombre dame réprima un frisson. Comment pouvait elle avoir osé penser échapper à la punition qu’elle encourait toujours pour toute la souffrance qu’elle avait semé ? Pensait elle qu’Il avait oublié ? La sombre dame baissa légèrement la tête lorsqu’une pointe de douleur, la seule qu’elle ne parviendrait jamais à apprécier, lui vrilla le cerveau. Elle l’avait fait… Et elle paierait toujours. Eternellement.

Mais pour l’instant, il s’agissait plus de s’occuper des autres que d’elle même. La mutante releva la tête vers Virginie, posant une main sur la table.

Je suis sincèrement navrée pour… Cet événement Virginie. J’espère tu ne jugeras pas la Confrérie d’après mes seuls actes.

Une caresse sur la joue… Maria encore. Mais pourquoi méritait elle tant d’attention ? Twikjeya rabattit sa robe, se leva brusquement pour aller s’adosser le plus loin possible des deux jeunes femmes. Sa jambe l’élança, lui rappellant d’un cri muet qu’elle manquait légèrement de combustible pour avancer. La dame des glaces n’y prit pas garde. Elle avait songé un instant à fuir hors de la pièce, mais s’aurait été une lâcheté de plus, troublant un peu plus l’atmosphère. Virginie était déjà bouleversée au possible, et tentait à présent de s’enfuir de la pièce, tandis que Maria essayait de rattrapper le coup. Twikjeya inspira profondément en se maudissant de n’avoir pas la moindre lame dissimulée sous sa robe. Sa jambe tirait toujours, mais c’était fort peu, trop peu. Lorsque les deux jeunes femmes seraient parties, elle ferait face à son châtiment, aussi douloureux soit il. A voir sa faute, il serait vraisemblablement plus terrible que tout ce qu’elle avait connu jusqu’à présent, bien plus que la fois où elle avait oublié de Le célébrer, sous prétexte qu’elle était dans le coma. Cette fois il n’y avait plus aucune excuse. La sombre dame eut un frisson d’horreur en sachant ce qu’Il lui réservait. Visionner la cassette… Sans doute. C’était à peine suffisant pour expier pareil blasphème. Mais elle doutait déjà d’y survivre… La voix glaciale de la mutante résonna à nouveau à travers la pièce, contrastant effroyablement avec l’amusement perceptible dans celle de Maria. Twikjeya n’était plus l’infirmière cordiale et serviable qui avait acceuillit Virginie. Une douleur sourde paraissait mordre le moindre de ses mots.

Ce manque de retenue est en effet impardonnable. J’en suis la seule responsable. Virginie, si le destin décide de nous croiser à nouveau, je me permet de te demander de ne pas en tenir compte. En espérant ne pas t’avoir trop gênée…

La souffrance est ravivée… La retenue a été oubliée…
En cette chair à présent mortifiée, les graines de mort sont toujours plantées…
L’acte peut donc recommencer.
Alors cette scène tu reverras.
Puissent pleurs et larmes déchirer à présent tes pas.
Et épargner les étincelles des suivants.

Pouvoir · Type Sigma

Maria prit immédiatement les devant pour expliquer cette envolée romantique. La jeune adolescente remarqua la gêne que cette situation avait amenée chez toutes les femmes présentes. Elle s’en voulut d’avoir réagit si vite, un peu trop brutalement. Pourtant ses attentions n’étaient pas mauvaises elle désirait juste s’effacer. Elle acquiesça donc ne se rasseyant pas pour autant certaine que l’heure était venue de s’éclipser.

« _ Twikjeya, un peu de retenue, enfin ! Regarde cette pauvre Virginie : elle veut partir tellement nous l’avons gênée. Mets-toi à sa place : ce n’est jamais agréable de tenir la chandelle… Ce ne sont pas des choses à faire devant tout le monde, voyons. »

Cette douce accusation mit la petite mutante encore plus mal à l’aise. Elle ne voulait surtout pas être la cause de réprimandes de l’une ou de l’autre. Non au contraire elle était même heureuse de voir une preuve d’amour aussi spontanée. Cela dit elle ne les connaissait pas encore assez pour se permettre ce genre de commentaire.

Et Twikjeya paraissait si distante tout d’un coup. Virginie ne savait pas vraiment si sa réaction impolie était la cause de ce changement. Mais quoiqu’il en soit cela l’attrista. Personne n’aurait dû se sentir coupable d’aimer l’autre aux yeux du monde, ou en l’occurrence aux yeux d’une mutante timide et idiote. Elle les enviait même un peu ces deux amoureuses. Avec un sourire dès plus franc elle tenta donc de rassurer.

-« Ce n’est rien. Je vous assure. Je ne vais pas me plaindre que l’amour existe tout de même ! »

Cette fois elle osa même rire. Un rire fort encore un peu tendu mais qui se libéra au fur et à mesure que Virginie essayait de reprendre le dessus. Elle sentait que l’atmosphère se glaçait et cela ne lui plaisait pas du tout. Il ne fallait pas que tout ça soit gâcher parce qu’elle n’avait pas été capable de retenir sa surprise.

Je suis sincèrement navrée pour… Cet événement Virginie. J’espère tu ne jugeras pas la Confrérie d’après mes seuls actes.

La gamine laissa son regard foncés chercher celui de son infirmière. Elle connaissait ce genre de réplique. Elle les disait bien trop souvent elle aussi. Debout en attrapant délicatement son sac en bandoulière sur la chaise elle répondit d’un ton étrangement doux et protecteur.

-« Rassurez-vous. Je ne juge pas ou du moins j’essais. Et quoiqu’il puisse se passer je crois que cela ne m’empêchera pas de prendre ce « débordement » pour une belle preuve d’humanité dans le plus noble des sens. Le Cercle devrait en prendre de la graine si vous voulez mon avis. »

Oups elle en avait peut être un peu trop dit là. C’était toujours ainsi. Quand elle voulait persuader elle utilisait les exemples les plus marquants. Elle cacha son mécontentement en se concentrant sur le cadeau à reprendre. Ca elle ne pouvait pas l’oublier ! Et prise d’une impulsion elle retira ses propres boucles d’oreilles et mit celles de la jolie slave. Parfait. Elle entendit le tintement et sourit. Il répondrait à merveille à celui de ses grelots.

Mais elle ne semblait pas d’accord se levant pour s’éloigner de la table. Virginie l’observa puis Maria. Comment tout cela allait finir. Le silence lui pesa alors qu’elle essayait de trouver d’autres mots. Elle ne voulait pas partir en laissant cette mauvaise impression de gourde un peu prude. Alors qu’elle était seulement impressionnée et toucher par toutes preuves d’amour en générale. Parce que ça ne faisait pas partit de son monde à elle. Parce que c’était ses pierres précieuses qu’elle collectionnait avec attention. Mais comment dire tout cela ?

Ce manque de retenue est en effet impardonnable. J’en suis la seule responsable. Virginie, si le destin décide de nous croiser à nouveau, je me permets de te demander de ne pas en tenir compte. En espérant ne pas t’avoir trop gênée…
L’interpellée resta une seconde sans bouger. Quelle voix. De quoi faire frissonner les morts. C’était effrayant. Cela la déstabilisa ses yeux clignèrent doucement. Elle hésita à parler. Mais son désir de réparer les choses la dépassa encore.

-« Non je vous en fait pas, s'il vous plait. Je serais ravie de vous revoir toutes les deux sincèrement ! »

" _ Je te dépose quelque part, Virginie ? Demanda-t-elle en arrachant une feuille du rouleau d’essuie-tout, je dois de toute façon me rendre en ville."

La jeune journaliste observa Maria, elle n’avait rien perdu de son peps c’était clair. Maintenant elles étaient toutes debout. Virginie prit son gilet quelle glissa contre son sac posé porté à son épaules à l’allure frêle. Elle regarda tour à tour ces deux femmes si différentes et qu’elle appréciait de ma même manière : simplement. En chassant ses mèches folles dans un mouvement devenu tic elle recula d’un pas.

-« Je suis venue en voiture. J’ai une place au parking. Merci. »

Sur ce elle regarda Twikjeya d’un air indécis. Et en hochant doucement la tête elle la salua poliment et avec chaleur.

-« Mademoiselle Elkash, j’ai été heureuse de vous rencontrer croyez le. Merci encore pour tout. La Confrérie me paraît moins intimidante grâce à vous. Elle se tourna ensuite vers la belle blonde et ajouta sur le même ton. Tu as eut raison de m’inciter à venir ici. Merci à toi aussi. Je reviendrais plus longtemps quand j’en aurais l’occasion. »

Elle se dirigea doucement vers la porte. Sur le pas de la porte elle s'arrêta. Et puis écoutant son intuition elle avoua d’une voix claire.

-« Je suis rassurée d’avoir découvert un lieu qui traite « chaque » personne avec respect. »Et satisfaite d'avoir donner son avis elle reprit sa route avec un sourire.

Pouvoir · Type Sigma

Les lèvres pincées, les bras croisées sur la poitrine, Maria regarda silencieusement Virginie quitter la pièce dans son tonnerre de paroles doucereuses. Elle patienta quelques secondes, le temps que les oreilles de la jeune mutante soient définitivement hors de portée de voix :
" _ Je crois bien avoir deviné la nature du pouvoir de cette jeune personne, affirma-t-elle, toujours tournée vers la sortie, je parie un million qu’elle est dotée du gène de la super-naïveté…"

Maria alla jusqu'à la fenêtre, Virginie était déjà en train de démarrer sa voiture. Elle la salua une dernière fois d'un geste de la main :
"_ C’est ça, va rejoindre ta forêt des Calinours, murmura-t-elle avec un sourire, et prends bien garde au grand méchant chasseur de papillons !"

Si Maria avait eu la chance de naître quelques années plus tôt, elle aurait certainement cité les célèbres « Bisounours » mais, un an avant sa naissance, une délégation de parents avait saisi la justice de son pays pour interdire toute diffusion de ce dessin animé pro-mutant… En effet, beaucoup de ces bien-pensants avaient considéré que le fait d’envoyer des arcs-en-ciel par le ventre pouvait être perçu comme un symptôme possible d’une dégénérescence relative au gène X. Les Calinours aux capacités plus humaines avaient donc remplacé ces horribles Bisounours mutants… et, par conséquent, leur ennemi mortel avait également dû être revu à la baisse.

Le silence qui était en train de glacer le dos de Maria n’augurait rien de bon. Sans même la regarder, elle savait que Twikjeya s’était affublée de son masque de mort des mauvais jours. Sans rien dire, elle vint se rasseoir à table, mais cette fois-ci en faisant face à sa consœur :
"_ Arrête de te prendre la tête, Twik’, fit-elle finalement en la regardant dans les yeux, tout est entièrement de ma faute. J’ai voulu jouer avec le feu et ça a dérapé…"

Elle attrapa son verre à l’autre bout de la table et se resservit un fond de jus d’orange :
_ En définitive, tout s’est parfaitement bien terminé, poursuivit-elle avec un sourire encourageant, dans le cœur de cette super-ingénue, ton « initiative » nous a fait gagner des points de sympathie. Si elle désire à ce point revenir, c’est peut-être grâce à cet étalage de romantisme saphique… Aurait-elle été émoustillée ? Serait-elle elle-même lesbienne ? C'est possible ! Et puis, tu as entendu ce qu’elle a dit ?"

Elle but d’un trait son jus d’orange et reprit la voix candide de Virginie :
"_ « un lieu qui traite « chaque » personne avec respect »… Je ne suis pas certaine que Mr Rodriguez, après avoir passé une soirée chez nous, partage cette opinion !"

Maria savait que ses tentatives pour déculpabiliser Twik’ et la dérider un peu étaient vouées à l’échec. Elle n’y pouvait pas grand-chose aussi se leva-t-elle... Jugeant qu'il valait mieux laisser sa compatriote digérer la pilule seule. En passant à côté d’elle, elle lui caressa une dernière fois l’épaule :
"_ Promets-moi de ne pas être trop dure avec toi-même, Twikjeya… Moi, j’aime quand tu perds le contrôle… Ca nous rapproche !"

Sur ces paroles à double sens, Maria poursuivit son chemin et quitta la cuisine sans se retourner.

Pouvoir · Type Gamma

Une belle preuve d'humanité ? Twikjeya ne comprit pas tout à fait pourquoi Virginie les insultait de la sorte mais elle n'en tint pas compte. Elle faillit toutefois réagir au mot "amour", mais se contint. Ce n'était pas sa préoccupation première et elle n'avait cure de ce que la jeune blonde pouvait penser... Il y avait plus important, bien plus important à présent. Le Cercle ? Comment était elle au courant ? Mais ce n'était encore qu'un élément de plus qu'elle se condamnait à ignorer. La sombre dame n'était pas dans son état normal et il était hors de question qu'elle se préoccupe des autres pour une fois... Malgré son blasphème Il se préoccupait toujours plus de la plus fidèle de ses servantes que des impies environnantes... Il fallait néanmoins préserver les apparences. Si Kenjiss avait pu remettre en pratique certaines méthodes du KGB, nul doute qu'il aurait fait monter une série de hauts parleurs dans chaque chambre afin de mieux bêler à longueur de journée "apparreeeeeences, appareeeeenceuh, histoire que ça rentre mieux dans le crâne de ses bien aimés confrères.
Twikjeya releva légèrement la tête, sans pour autant tenter d'afficher un sourire rassurant sur ses traits blafards. Elle se contenant de braquer un regard étrange sur ses boucles d'oreilles qui ornaient désormais celles de Virginie, espérant faire passer ça pour une appréciation quelconque...

Merci à toi aussi Virginie. Prends garde à toi...

Un lieux qui traitait chacun avec respect, bien sûr... Était ce là tout ce que la naïve enfant avait pu entrevoir de la Confrérie ? Leur prestation avait été désastreuse. Une flaque de sang ornait le carrelage de la cuisine, Twikjeya boitait légèrement, Maria avait une lueur étrange dans le regard... Le regard de la dame des glaces suivit la jeune mutante qui trottinait hors de la cuisine, tout de même soulagée de fuir le lupanar aux pâtisseries... Et la malheureuse prêtresse se retrouva seule avec l'amour de sa vie.. Pardon, avec la nana qui la perturbait quelque peu. En réalité, c'était plutôt un soulagement de se savoir seules. Maria pouvait à présent péter autant de durites qu'elle voulait, se jeter sur elle pour arracher sa carotide à coup de canines démesurément longues sans risquer de terroriser une malheureuse petite blonde.

Reporte donc la faute sur Maria idiote...

Ce ne fut que lorsque le bruit de la voiture de Virginie s'estompa que la pâle et redoutable mutante daigna décrisper les lèvres. Sur un quart de millimètre, certes, mais c'était toujours mieux que rien. Il fallait à présenter gagner un peu de temps, et sans avoir l'air de prendre la fuite, se diriger discrètement vers la sortie, éviter les explications avec Maria et...

Étalage de romantisme saphique ? Maria ce n'était pas ce que tu ... Virginie ? Émoustillée ? Parce que les gens normaux s'enfuient lorsqu'ils sont excités ?

Comme quoi on en apprenait tous les jours... Twikjeya se mordit la langue. Elle n'était même pas capable d'aligner trois mots sans bafouiller. Quel gâchis, vraiment... La sombre dame envisageait de plus en plus de détourner le grille pain de son utilisation habituelle. En dix minutes, elle avait fait preuve d'une incapacité parfaite à se contrôler, d'une efficacité inexistante et venait d'être prise en défaut. C'était peu à côté du blasphème principal, mais c'était toujours quelques kilos de plus qui venaient faire pencher davantage la balance... Twikjeya se redressa, tentant de reprendre quelque peu le contrôle d'elle même en passant une main dans ses cheveux. Ses boucles tintèrent, apportant enfin un peu de normalité à cet instant...

Je ne crois pas que Virginie soit si naïve que ça. Elle est juste excessivement timide et cela influe sur ce qu'elle dit.

Analyse froide et méthodique. Voix parfaitement maitrisée. Un innocent et ignorant spectateur aurait cru voir la Twikjeya de tous les jours. Malheureusement ce n'était pas le cas... Et la main que Maria posa sur son épaule n'arrangea rien. Le regard figé de la jeune mutante remonta jusqu'à sa compatriote.

Comment puis je te promettre quelque chose alors que je suis incapable de contrôler mes propres émotions ?

Ça les rapprochait ? Twikjeya inspira profondément. Tenir. Tenir jusqu'à ce qu'Il revienne l'aider, que la punition tombe enfin pour arracher à son cœur les étranges impressions qu'elle ressentait encore. Que la douleur détruise pans par pans l'inconnu qui s'y formait toujours un peu plus... Retrouver enfin une sensation familière. Twikjeya quitta la pièce à grands pas, évitant de justesse un Emmett très contrarié par la flaque de sang qui ornait désormais le carrelage. Mais le visage figé du majordome laissait deviner qu'il ne se préoccupait pas uniquement du détachant à employer. Pour certaines choses, Emmett était resté quelques siècles en arrière. Vous pouviez être mutant, mais commettre un péché, ciel !

Mademoiselle Elkash, je me dois de ...
Hors de ma vue Emmett.

Heureusement pour lui, l'éducation anglaise d'Emmett prenait souvent le pas sur son avis personnel... Et même si Twikjeya n'était pas armée (ce qu'il ignorait), la demoiselle paraissait tellement troublée qu'il ne valait mieux pas l'ennuyer davantage... Emmett nota néanmoins de toquer à sa porte dans quelques heures, histoire de vérifier qu'elle ne s'était pas saignée à blanc. Le brave majordome ignorait que la mutante se réservait pire, bien pire...

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