Histoire : Les projecteurs agressifs m'éblouirent. L'ingénieur du son à la régie, du donc se régaler à me voir plisser les yeux, accentuant les formes généreuses de mon visage rondouillard. Je souris machinalement.
Je venais d'entrer en scène, sur le plateau de l'émission «
Dear Nature », un show pseudo intellectuel. Un programme de divertissement qui, par des actions honorables était passé en tête de liste des acteurs écologistes mondiaux.
Nous étions en Angleterre, et ne connaissant pas une palabre d'anglais, j'avais été équipée d'une oreillette fort élégante. J'avais choisi celle-ci parmi une vingtaine d'autres. Une bien belle collection donc, allant du motif «
kilt rustique écossais cerné de noir » au motif «
pot pourri libanais bordé de fines rayures rouges et oranges ». J'étais devenue folle devant d'aussi charmantes babioles et qui plus étaient respectueuses de la charte de l'OPIE
*. Finalement j'avais cédé devant le motif répondant au titre de «
Nuclear Power », lequel me fit frissonner jusqu'à l'échine. L'objet comprenait deux couleurs, noire et jaune. Et l'élégant motif liait le symbole hippie à celui des radiations.
J'avais été conviée à ce débat télévisé afin de présenter mon combat si méconnu du grand public, malheureusement plus encore que les manifestations des AMN
** auxquelles j'avais participé jusqu'à aujourd'hui en Europe de l'Ouest. A la façon de José Bové en France au début du XXIème siècle, qui avait alerté l'opinion public en réduisant les champs d'OGM à l'état de chaos, j'avais moi aussi durant mon combat agis de vive manière lors d'intervention musclées. Mais je ne me reconnaissais pas du tout en ce personnage. Et pour cause, il suffisait de voir l'homme pour réaliser que le charisme ne lui collait pas à la peau. Non ! Et puis il y a seize ans, je n'avais pas hésité à me mettre nue, couverte d'inscriptions anarchistes.
A l’époque deux calamars avaient été capturés pour être jetés dans «
l'Aquarium exotique » de Nice, afin de nourrir l'orgueil de la ville et faire brûler d'adrénaline les pauvres curieux qui paieraient l'entrée pour « se sentir vivant ».
L'AMN et moi avions débarqué dans l'aquarium armés de pistolets à eau. Si nous pensions que ce détail pacifiste nous rendrait ridicules, quelle ne fut pas notre surprise lorsque le réceptionniste leva les mains, laissant échapper par la même un petit cri apeuré.
Amusés, nous lui demandâmes alors de nous conduire au bassin des calamars. Ce dernier faisait office de plafond pour le restaurant de l'aquarium. C'est donc sous les yeux vides et bêtes des buveurs de champagne qu'une dizaine d'hommes et de femmes, nus, se jetèrent à l'eau. Ah oui, nous n'avions pas froid aux yeux. On déverrouilla la porte menant au grand bassin, pendant qu'au sol, la sécurité, l'administration, la police, la presse, les morts et les aliens étaient déjà au courant de notre exploit.
Avec le recul, je reconnais que nous aurions du agir avec plus de diplomatie cette fois-ci. Car une fois libérés, on ne retrouva pas les spécimens. Ceux-là auraient, -je l'espère- gagné les profondeurs. Cependant nous avons influé sur l'écosystème du milieu méditerranéen, et cela fût une grande défaite pour l'organisation.
Mes pensées s'effacèrent à mesure que l'image du plateau se distinguait devant moi.
Trois intellectuels applaudissaient prudemment mon arrivée, ne sachant pas si ils devaient m'
étreindre ou me lyncher.
Il n'y avait pas de public. A ma grande déception, j'imaginais déjà l'anglais rudimentaire somnolant devant son poste de télévision, attentif à son corps fatigué plutôt qu'à notre futur débat.
C'est une femme mûre, une latine qui m'adressa la parole en premier. En vérité, elle fixait toujours la caméra comme si j'en avais été l'objectif. Je m'asseyais confortablement à ma place, abordant un visage avenant qui dissimulait aisément mon envie de fuir. Dissimulée derrière mon maquillage étouffant, j'avais l'allure d'une parfaite bourgeoise bohème. Idéal pour me faire perdre toute crédibilité.
Alors avec la terrible impression d'être une caricature, je répondis aux questions dont m'assaillait déjà la présentatrice aux airs de poupée.
Elle avait établi mon profil et je me sentais mise à nue au milieu de visage hostiles et pervers.
Après les banalités, Marianne Honsson -puisque tel était son nom- en vint aux événements de l'«
Aquarium exotique » de Nice. Ce qui refroidit nettement le ton jovial avec lequel je m'exprimais jusqu'alors.
« Votre action, certes réalisée en faveur de la préservation de la planète, était-elle véritablement fondée ? Répondait-elle réellement à l'urgence du moment ? Je rappelle que nous étions en 46, et de nombreuses ONG s'occupaient déjà de cette affaire, sans qu'il n'y ai besoin d'un acteur supplémentaire à cette cause. »Cette question empestait tant l'hypocrisie que je manquais de vomir. Alors usant également de malhonnêteté, je répondais qu'il avait été impossible de négocier. Et qu'en effet, préserver cette espèce en danger était une nécessité pour l'AMN.
Sur le plateau, je tenais la place du roi en échec. Honsson surenchérit :
« Pourtant, la suite n'a t-elle pas montré qu'il aurait été profitable d'attendre ? Nous avons perdu la trace des calamars que vous avez libéré ce soir là. Il y a peu de chance qu'ils aient survécu, et si c'est le cas ils ont irrémédiablement modifié le biotope de la Mer Méditerranée. »
« Ta gueule » avais-je envie de lui répondre dans un élan de simplicité. A la place, je lui affirmais que si les deux calamars étaient morts, les corps seraient remontés à la surface, dans 97,3% des cas.
Mon argument étant peu convaincant, la terrible Honsson invita Carl Enreim à prendre la parole. Ce marin germano-italien au service de la transmission affirma qu'ayant en charge le bassin méditerranéen, son équipe les aurait repéré et intercepté.
Enreim jouait en ma faveur. Je sentis mon cœur me brûler, mes intestins se liquéfier, je fixais mon interlocutrice avec défi. Hélas, elle était trop mature pour jouer à « la méchante journaliste et la gentille écologiste ». Je stoppais alors mon jeu stupide et me contentais de hocher la tête pour encourager Enreim à me sortir du pétrin.
**
La dernière demi-heure de l'émission fut consacrée à l'essence de mon combat : Le pouvoir du nucléaire. Étonnante aspiration pour une écologiste, qui connaissait plus que tout le monde la destination des déchets radioactifs. C'est précisément sur ce point sensible qu'elle me demanda d'intervenir. Je me lançait donc dans un long monologue où la nécessité de reprendre mon souffle était devenue optionnelle :
« J'ai conscience en effet que les déchets nucléaires encore fortement radioactifs même après leur usure provoquée par l'Homme et en particulier pour la France sont déversés en Afrique sur les lieux mêmes de vie des habitants. Mais la nécessité à notre époque étant l'énergie, le nucléaire me paraît le meilleur moyen pour assurer la planète en énergie. Assurément, je condamne la manière dont agissent les gouvernements quant au stockage des déchets mais nous pouvons changer cela. En remplaçant le nucléaire polluant...par un nucléaire propre ! [J'insistai avec grandiloquence sur ce dernier mot]
Croyez moi, il ne s'agit pas de taire la négligence des États mais de supprimer leurs déchets.
Vous avez surement entendu parler du projet ITER qui depuis un grand nombre d'années nous fait vivre dans l'espoir d'un monde meilleur... Non ? Laissez moi vous en parler.
Dans les centrales nucléaires actuelles nous employons la fission. Cette fission se traduit par un noyau lourd qui, bombardé par un neutron lent se scinde en deux noyaux légers. Le problème est que la réaction peut s'emballer et provoquer une explosion atomique ... ».Je m'arrêtais de parler un instant, hésitant à ajouter que de bonnes bombes atomiques régleraient le problème humain une bonne fois pour toute. Je ne le fit pas.
Avant que Honsson n'intervienne,je repris le rythme effréné de ma tirade.
« ...Le projet ITER va en fait permettre d'employer la fusion. Nous pourrons produire deux fois plus d'énergie, sans risque d'explosion en utilisant des noyaux atomiques « propres », évitant ainsi les cimetières radioactifs et donc l'exposition de populations aux radiations.
En attendant que les gouvernements du monde et surtout les européens dont j'attends beaucoup réagissent et concentrent les recherches sur le projet ITER, il serait judicieux d'investir dans un programme de destruction des déchets nucléaires, exploitant le savoir-faire de la NASA.
Je m'explique. Pour anéantir de manière définitive les cimetières radioactifs, nous devons impérativement envoyer nos déchets nucléaires vers le Soleil et pourquoi ne pas profiter pour emporter les déchets ménagers non recyclables. »Je finis par sourire, mais aucune des personnes qui m'entouraient ne me le rendit. La présentatrice un peu gênée par le silence occasionné donna la parole au quatrième acteur de ce débat : Maria Douggies. L'intéressée me lança un regard impitoyable et avec une voix d'outre-tombe qui s'était pourtant voulu neutre, répliqua :
« _Vous êtes une utopiste France ! Jamais de telles sommes ne nous seront accordées si la Ligue Écologiste retient votre idée. »Je m'empressais de répondre, certifiant que si à notre époque l'on envoyait des fusées et le triple de satellites chaque mois, alors la fusée en question ne serait pas un problème. Mais la bougresse siffla que ce n'était pas la priorité de la NASA que de dépolluer la planète.
« _Ils sont bien trop occupés à découvrir de nouvelles exo-planètes. La notre est déjà morte pour ces prétentieux, mais néammois ambitieux, en quête d'une Terre vierge de tout mutant, ajouta-elle.
_Votre réplique aurait-elle une connotation raciste ?Je venais de parler, et je ne m'entendais déjà plus. A la place de cela, je m'échauffais. Je suintais de sueur, n'oyant bientôt plus la vipère qui, de ses lèvres desséchées crachait son venin sur le gêne x.
Mon esprit s'immola. Mon cerveau s'embrassa. Fournaise dans mes orbites. Brusquement, les projecteurs me fixèrent, ils se plaisaient à faire bouillir mon pauvre crâne. J'étais meurtrie par l'absence totale de tolérance de Douggies. Tant meurtrie, que je déclarais dans mon calvaire :
« _Stoppez vos injures. Bon dieu ! »**
Je cris. Les projecteurs se mettent à vibrer, très doucement, vraiment une légère brise, mais malgré tout assez forte pour stimuler nos pupilles.
Un soleil blanc aveuglant se met à brûler nos yeux. Suit une détonation, puissante, qui nous compresse les tympans. J’ai tout juste le temps de voir les personnes qui m’entourent se protéger les yeux, les oreilles de leurs mains fébriles. Sonnée, je cours hors du plateau alors que l'air sous ma peau me frappe joyeusement, s'amusant à me voir délirer. Je crois que j'ai déclenché ça, mais j'en suis aussi la victime. Nos yeux ne voient plus que du blanc, nos oreilles entendent l'air siffler en continu. Un râle, un rire, c'est inhumain ! Le chaos ne durera que dix secondes mais, ne le sachant pas, je n'attends pas la fin pour commencer à fuir. Je cours dans le bâtiment, déboussolée, cognant des choses que mon toucher ne peut identifier tant je suis affolée. Je suis en plein délire, le sol se dérobe, je tombe dans le ciel, mes bras rasent les murs et pourtant je suis déjà sortie. En plein milieu de la rue, je m’écroule à terre, la tête la première.
*Organisme protecteur international de l'environnement
*Amis de Mère Nature.
Caractère : (Extrait traduit d'un article d'un journal anglais)Vive, perspicace et provocante, Valérie France incarne bel et bien la rage de vivre militante. Cette grande caractérielle a marqué notre siècle depuis 2044 lorsqu'elle nous fit profiter de sa présence pour le moins insoupçonnée à la RADEPE
***.
C’est à la fin de son célèbre discours sur la consommation excessive du monde occidentale qu’elle avait prononcé à l’égard du monde : «
Je ne manque que ce dont je me drogue ».
Cette phrase éveilla la curiosité des intellectuels de l’époque, permettant l’ouverture du monde écologique à V.France.
Cependant, si cette grande caractérielle possède un sang froid indéniable, les événements de Jeudi en ont étonné plus d’un. Subissant une crise de panique lors de l’émission «
Dear Nature » à la télévision britannique, France ainsi que le reste du plateau auraient reçu aux alentours de 23 heures, une fulguration due à une surintensité soudaine des projecteurs. Laquelle aurait suivi la colère soudaine et dérangeante de notre personnage.
Faut-il donc se poser des questions d'ordre mutant sur la franco-autrichienne ? Etait-ce un accident ou une provocation ?
[...]
Déjà, les anti-mutants ont réagis, saccageant le domicile de la supposée mutante. Mettant à feu par la même, le réputé magasin d’alimentation générale biologique «
Valerie, Mère Nature et cie » qu’elle tenait depuis maintenant vingt ans, dans la région de Bourgogne, en France.
Il va sans dire, que beaucoup de gens soutiennent Valérie France, qui, avant d’être une prétendue «
superior », reste un acteur capitale dans la bonne utilisation de l’énergie de la planète. «
Le crime a un disciple, il s’appelle Orgueil », a t-elle dit à la sortie de l'hôpital où elle fut admise la nuit du drame. Alors, humains, écoutons ces sages paroles et ne doutons plus du terme «
Homme » qui nous lie tous [...].
***Réunion Amicale des Etats pour l’environnementAmbitions : Convertir le monde à la consommation et mode de vie biologique et nucléaire.
Thème musical du personnage : http://www.deezer.com/listen-2591426Vous, derrière votre écran :
Votre âge (réel) : 17.
Votre addiction au net (en h/jour face ) : 10 min à 2heures.
Comment avez-vous connu Generation-X ? :Par Nathaniel.
Pour quelles raisons nous avoir rejoint ? : Par passion pour le RP, et pour jouer avec Nathaniel (soyons honnête huhu).
Est-ce votre dernier mot ? : Grievous.