Forum de Jeux de Rôle Futuriste - Inspiré des Mutants de Marvel (X-Men)
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Il arrivait que s'immisçât en Koji un rien de naïveté, une sorte d'espoir un peu enfantin qu'il y avait quelque part quelque chose de différent, comme ces enfants qui le soir, après avoir vu un film de super-héros, croient qu'ils auront eux aussi des supers-pouvoirs ; ils y pensent en s'endormant, dans l'espoir que cela tisse leurs rêves de cette nuit, et avec cet espoir, peut-être un peu morbide, de rêver toujours et de ne s'éveiller plus jamais, mais c'est qu'alors le monde réel n'aurait plus pour eux le même droit d'exister.
Koji avait songé tant et tant de fois à Gaël – ou plus exactement Gaël habitait continuellement ses pensées – qu'il avait parfois du mal à s'imaginer que Gaël en revanche pût ne pas songer à lui, ou bien y songer d'une manière différente, plus froide, plus tranquille, et peut-être un peu moins bienveillante. Ce n'était pas qu'il ne se fût représenté à plusieurs reprises, et avec une précision redoutable, quelles conséquences malheureuses un aveu un peu soudain de ses sentiments pourrait avoir, le refus de Gaël, son indifférence, mais il désirait trop des conséquences exactement contraires pour que son désir le laissât libre d'accorder beaucoup de crédit à ces pensées trop sombres.
Ainsi préférait-il songer plutôt aux regards que Gaël posait dans les siens, aux sourires, minces il était vrai, mais pour tout autre si rares, qu'il lui adressait, aux mots murmurés et phrases à peine finies qui avaient fait leurs conversations, et alors son âme convainquait son esprit de trouver très raisonnable, très probable, que Gaël pût éprouver, sinon exactement les mêmes sentiments, et avec la même netteté, que lui, du moins une attirance, encore informe et à peine consciente, mais certaine, et profonde.
Mais Koji était trop intelligent, et peut-être aussi trop incertain de ses charmes (car sinon, pourquoi aurait-il passé un temps aussi déraisonnable à les entretenir, jour après jour ?), pour laisser ces rêveries, aussi douces fussent-elles, le persuader totalement, et il lui restait toujours une vague inquiétude – c'était elle qui lui faisait dessiner si souvent le visage de Gaël, le soir, parce que c'était la seule chose dont il fût certain, et que tout ce qui se passait sous ces yeux, ces cheveux qu'il connaissait dans les moindres détails, lui demeurait voilé, comme en des temps troubles le futur aux oracles des dieux anciens.
Alors la soudaine froideur des réponses de Gaël trouva un cœur déjà tout prêt à souffrir pour la recevoir, et comme souvent ceux qui aiment, Koji était tout aussi prompt à espérer qu'à perdre espoir ; il avait l'impression que toutes ses illusions s'effritaient, et que chaque mot qu'ajoutait son ami agrandissaient les fissures, jusqu'à ce que finalement l'édifice tout entier se brisât, avec un grand mais intérieur fracas.
Mais il n'y avait pas que cela. Aussi, ce qui était terrible, c'était ces derniers mots que Gaël avait dit. Ils avaient le même âge. C'était vrai en un sens, leurs corps étaient nés la même année, ou bien à peu près, mais ce sens était si lointain, pour Koji, qu'il n'y songeait presque plus jamais. Ainsi Gaël ne comprenait-il pas, ne faisait-il pas l'effort de comprendre cette chose toute simple, les longues années qu'il avait dans la tête, comme des années d'archives dans les sous-sols d'une bibliothèque.
Comment avait-il pu dire une chose parole ? C'était comme une répudiation. Comme s'il avait dit à Koji qu'il ne l'avait jamais vraiment regardé, jamais songé assez à lui pour se rendre compte que de ce que sa mutation impliquait. Koji avait cru trouver en lui un regard doux, bien différent de l'admiration envieuse qu'il avait souvent connue, un regard qui voyait dans sa mutation une source d'émerveillement. Mais en fait, Gaël ne le regardait pas – c'était ce que Koji avait compris.
Eût-il un peu réfléchi, les choses se fussent sans doute présenter un peu différemment pour lui. Mais la grande puissance de sa mutation, qui étendait les pouvoirs extraordinaires de son intelligence au-delà des limites de la simple raison, jusqu'à l'imagination, à la sensibilité, qui le rendait capable de concevoir et d'envisager tant de choses, était pour sa personne, pour son existence d'être humain, un grand drame : il y avait des choses très simples qui ne lui parvenaient jamais, parce qu'il vivait une souffrance trop grande pour envisager qu'elles fussent réelles. Alors il pensait vraiment, sincèrement, que ce Gaël venait de faire, c'était de dire : tu n'es rien pour moi, qu'une poussière, que ces gens que l'on croise dans les couloirs sans vouloir y prêter attention.
Il avait contemplé l'effondrement du bel édifice de ses illusions comme un paysan, jadis, pouvait contempler de loin celui des remparts du château après un siège : dans les yeux noirs qu'il posait toujours sur Gaël s'était répandu ce qui n'y trouvait d'ordinaire jamais place, l'incompréhension, comme face à quelque chose de trop grand, d'inadmissible, même, et avec l'incompréhension la peur, la peur et la tristesse de l'animal sauvage, blessé, ou simplement malade, qui ne comprend pas pourquoi il souffre, et trouve cela peut-être un peu injuste ; après tout cela, il y eût la colère, cette colère risible et sans orgueil de chair meurtrie que l'on a contre l'arrêt de mort d'une maladie.
Koji battit des paupières : c'était un effort dérisoire pour ne pas laisser couler les larmes qui menaçaient le bord de son regard. Il s'estimait déjà assez humilié pour ne pas avoir envie de pleurer comme une jeune fille qu'un garçon trop populaire n'a pas invité au bal de fin d'année. Mais en même temps, il sentait quelque chose de trop important s'éloigner de lui pour avoir l'orgueil de ne pas tenter de le retenir, alors sans y songer, il laissa tomber quelques mots.
« Mais... Juste... J'voulais juste... »
C'était toute l'efficacité dont il était capable. Ces quelques secondes furent l'une des rares fois de sa vie où soudainement toutes ses pensées se concentrèrent sur un même sujet : c'était comme une solution pure, un poison très concentré. C'était quelque chose d'à la fois terrible, parce que très douloureux, et de merveilleux, parce que pour une fois dans sa vie il pensait à lui, rien qu'à lui et à l'homme qu'il aimait, très simplement. Il était sûr d'être vivant.
Mais cela, il ne s'en rendait compte qu'après. Car pendant quelques secondes, il sentait seulement battre dans ses veines et la colère, et la passion : parce qu'il croyait qu'il ne pouvait tant souffrir que pour quelqu'un qui avait beaucoup de valeur. Koji ne songeait plus à Samarah. Après avoir jeté ces quelques mots maladroits, il se leva, retirant sa main un peu tremblante, et sortit de la pièce, embarquant son sac à dos au passage.
Cependant, il ne pouvait aller plus loin que le couloir. Il faisait les cent pas, il sentait la colère bouillonner, et la fraction de seconde suivante elle s'apaisait brutalement, laissait en lui un grand vide : alors il mesurait l'ampleur de la perte, si d'aventure sa colère étouffait son amour. Cela lui faisait penser que son amour était trop mal récompensé, la colère revenait, et il continuait à marcher, dans le couloir.
Mais comme ce n'était pas son caractère, peu à peu, la colère s'amenuisa, et elle laissa la place non à ce vide qui l'effrayait, mais à une vaste terre triste, une sorte de malaise dans le ventre, comme quand on a de l'impatience ou de l'inquiétude de savoir quelque chose. Mais il ne savait pas ce qu'il attendait. Il s'était arrêté devant une des vitres du couloir, et il regardait le parc qui en contrebas s'étalait aux pieds du manoir, en essayant de songer à toute cette affaire – la disparition de Samarah – pour se distraire.
Elle n'était pas partie. Mais si, sans doute, d'une manière quelconque. Qui pouvait enlever un mutant dans le manoir ? Koji était assez paranoïaque pour avoir repéré quelques systèmes de sécurité, c'était impossible. Elle en était sorti, et c'était là que les choses s'étaient compliquées. Peut-être que quelqu'un l'avait attirée à l'extérieur. Mais sans laisser de traces. Elle s'était retrouvée en territoire inconnu, par exemple, et là le piège s'était refermé. Il devait bien y avoir une trace d'elle, quelconque, à Londres. Avant le piège. Sur le chemin du piège.
Bientôt, ses camarades sortirent de la chambre. Les traces de leur passage seraient visibles. Sans doute Koji, qui gardait pour toujours imprimée exactement dans sa mémoire l'image de la chambre telle qu'il l'avait découverte, eût pu tout remettre à sa place, mais il ne l'évoqua même pas. Pour une raison ou une autre, il trouvait préférable que Samarah, en rentrant, sût que quelqu'un l'avait cherchée – au point de ne plus avoir peur d'elle. Il se contenta de refermer la porte avec la serrure magnétique.
Ils se mirent tous en route vers les garages. Tout le monde n'avait pas été si démuni que lui : on avait trouvé des articles, des photographies. Peut-être tout le monde ne parlait-il pas de ses découvertes. Koji soupçonnait chez certains des jeunes gens une sorte de malaise, et parfois, il y avait de longs et lourds silences. Lui, d'ailleurs, n'aidait pas beaucoup. Il parlait peu, ou pas du tout, et jetait de temps à autre, seulement, des regards d'une tristesse obscure à Gaël.
Il fallait chercher à l'extérieur. Personne n'était vraiment convaincu qu'ils pussent trouver quoi que ce fût, mais personne non plus n'était disposé à demeurer inactif. Sans doute les choses seraient-elles plus efficacement menées par les autorités de l'Institut, qui avaient plus de relations et de ressources. Mais enfin, ils pouvaient mener une petite part de l'enquête, et l'action les préserverait un peu de l'inquiétude.
Une fois dans le garage, ils s'arrêtèrent près de la voiture de Virginie. Ceux qui avaient vu la photographie étaient d'avis de poursuivre de ce côté.
« Hm. Pourquoi pas. Mais j'ai une voiture aussi. Divisons les efforts, ce sera déjà cela de gagner. Je vais poser des questions à droite à gauche. Je connais des gens. »
Koji connaissait toujours des gens. C'était comme un réseau inépuisable d'anciens camarades, de connaissances plus ou moins vagues, qui s'étendait dans le monde entier, qu'il ne cessait d'appeler, ou qui venaient lui demander de l'aide, une comptabilité complexe de services rendus et de dettes, qu'il manœuvrait avec une précision redoutable, et une douceur charmante.
Chacune de ces personnes croyait qu'il avait pour elle un intérêt tout particulier, parce qu'il retenait la date d'anniversaire, les prénoms des enfants, mille petits détails de la vie, et aucune n'aurait pu croire qu'il en existait des centaines d'autres ; du reste, ce n'était pas qu'elles se trompassent : l'esprit de Koji était fait de telle sorte qu'il pouvait, en effet, toutes les estimer.
Ainsi les groupes s'étaient formés. Et les talents de comédien de Koji, pourtant considérables, ne surent pas dissimuler une espèce de vague inquiétude quand il vit que son groupe à lui ne compterait que deux membres, et que l'autre de ces membres était Gaël. A nouveau il posa son regard sur son ami, et l'on eût dit qu'il s'attendait presque à ce que ce dernier refusât de l'accompagner.
Malgré tout il fallait avancer, et même assez vite : ce serait bientôt l'heure où les bureaux, les administrations, les magasins fermeraient, et où les personnes qui pouvaient les renseigner sur telle ou telle chose rentreraient chez elles, où il serait plus difficile (mais certainement pas impossible), et moins légal, de les joindre. D'une voix triste, et un peu distante, Koji murmura à son compagnon d'aventure :
« Ma voiture est par-là. »
Il la garait toujours au fond du garage, là où il faisait un peu, un tout petit peu, plus sombre. Mais la lumière était suffisante pour que Gaël se rendît compte, sans nulle peine, que c'était une voiture chère. Très chère. Et rentrer à l'intérieur n'aidait pas à calmer les estimations sur son montant. Il y avait là tout le confort et toute la technologie moderne, littéralement, c'est-à-dire bien plus de confort et de technologie que n'en offraient vraiment les voitures dont la publicité promettait tout le confort et la technologie modernes. C'était, paradoxalement, un luxe d'autant plus certain qu'il savait se faire discret.
Koji avait longtemps gardé, et continuait, un certain brouillard autour du montant de sa fortune, et il avait surtout caché à ses amis qu'elle s'était très considérablement accrue depuis que sa majorité lui permettait de mener des opérations financières sans passer par une série de prêtes-noms. Mais cette voiture seule suffisait à en donner une petite idée – un seuil minimal – ses vêtements le pouvaient également, mais il fallait en la matière un oeil beaucoup plus exercé.
Après ses talents de cambrioleur, Koji sentait qu'en dévoilant sa richesse (au moins un peu), cette enquête était en train de ruiner totalement le mystère protecteur dont il s'enveloppait. Mais tant que Gaël seul profitait de ces petites révélations, il se sentait soulagé de pouvoir lui être plus véritable – et puis, la fraction de seconde suivante, il était persuadé que Gaël n'attachait aucune importance à sa vie et à ses misérables secrets, et c'était à nouveau une grande souffrance.
Les portes de la voiture fermées, Koji n'articula plus un mot, et il ne disposait pas à ce que l'on en articulât. Il y avait quelque chose d'étrange à le voir au volant d'un tel engin, lui qui semblait encore jeune, et si fragile. On avait presque l'impression que la machinerie puissante de l'automobile allait briser son être de cristal, le briser en mille morceaux – ou bien c'était qu'il avait l'air, certaines secondes, prêt à fondre en larmes.
Finalement, la voiture démarra. C'était comme un cheval de course, un pur sang qui se promène d'un air tranquille, et dont on sent à tout instant qu'une formidable énergie peut l'emporter. Quelques secondes plus tard, ils étaient sortis du garage, puis de l'Institut, et ils roulaient sur la route. Vite. Car Koji, qui avait eu l'audace de se plaindre de la conduite de Virginie quelques semaines plus tôt, conduisait à une vitesse scandaleuse (et pas très rassurante), manifestement sans se soucier ni des limitations de vitesse, ni des panneaux de signalisation.
Et il regardait la route, semblait-il, sans la voir, en pensant à tout à fait autre chose. C'était que son dessin en était gravé dans son esprit, et tant qu'il n'y avait pas d'autres voitures, il n'avait pas besoin de réfléchir à ce qu'il y faisait. Et l'ordinateur de bord le préviendrait bien assez tôt des autres voitures. L'ordinateur de bord était aussi censé contrôler sa vitesse et l'empêcher d'aller trop vite, mais Koji l'avait très légèrement modifié.
« Téléphone. Haut-parleur. »
Il avait dit cela avec une certaine douceur, comme l'on emploie des mots simples pour s'adresser à un chien que l'on aime.[/i}
[i]L'ordinateur de bord avait une voix vaguement féminine, et peu réaliste. A l'origine, elle avait été beaucoup plus convaincante, et ses formules plus complexes, pour que le conducteur eût réellement l'impression de s'adresser à un être humain, mais Koji l'avait modifiée, pour qu'elle semblât un peu mécanique, et ne s'exprimât pas comme un être vivant.
Pendant quelques secondes, il y eût la tonalité du téléphone, puis une voix masculine, encore jeune, s'éleva du panneau de bord et dit d'un ton un peu monotone.
« Maximilien Oscall, service des embarquements de London Heathrow, bonjour. Que puis-je pour vous ? - Max. C'est Koji. Ca va ? - Koji ! »
Dès que Koji eût dit son nom, la voix sembla retrouver toute son énergie, et sa convivialité.
« Koji, ça par exemple. Ca va, ça va. Dis moi, mon beau, on te voit plus aux soirées ! »
Les joues de Koji rougirent légèrement.
« Oui... Euh non... Euh, Max, dis, j'peux te demander un service ? Bien sûr, mon grand. Tout ce que tu veux. »
Il y avait dans ce « tout ce que tu veux » une nuance très sensible de perversité qui contribua à mettre Koji un peu plus mal à l'aise.
« Je cherche quelqu'un. Samarah Lemington. - Une femme ? - Oui, oui, une femme. Samarah Lemington. T'as ça dans tes registres ? -Quelle compagnie ? - Oh, euh... Toutes. - Dis, mon beau, tu sais que c'est pas très légal, ça. - Hm hm. - J'pourrais perdre mon boulot avec des coups comme ça. - Fais ça pour moi. - Je sais pas, Koji... »
Il y avait dans le refus de son interlocuteur quelque chose de malicieux, et il était très clair qu'il attendait que Koji lui proposât une récompense pour ce bon service. Et Koji, qui savait fort bien à quel genre de récompenses Maximilien songeait, et se trouvait (assez étrangement eussent dit ceux qui l'avaient bien connu) ces derniers temps fort peu disposés à en offrir, eut l'air un très court instant un peu embêté.
« Hm. Euh... Hm. Max ? Max, tu te souviens de Sébastian ? - Euh... - Tu sais, le blond avec qui j'étais, la semaine dernière, au café. Avec les yeux verts. - Ah oui ! Tu parles que je m'en souviens. Et alors, finalement, est-ce que tu l'as... »
Koji coupa brutalement la parole à Maximilien, en ayant la curieuse envie de devenir soudainement invisible, ou de rendre Gaël sourd, selon.
« Oui, non, enfin c'est compliqué. On s'en fiche. Je te le présenterai, tu veux ? - … Hm. Hm. Bon. Ta copine, là, elle est enregistrée sur aucun vol. - Bon. J'm'en doutais. Merci Max. »
Koji interrompit la communication sans laisser le temps à Maximilien de répondre, et de demander le numéro du fameux Sébastian, le blond avec des yeux verts (et qui avait de si belles mains !), et commença à ralentir, comme ils entraient dans les rues de Londres. Peu désireux de laisser un silence s'installer, il murmura.
« Une suggestion, Sherlock ? »
Master
Maître du Jeu
Sujet: Re: [Scénar 5] A la Recherche de la Télépathe perdue Ven 16 Juil 2010 - 19:22
[HJ : je ne sais pas quand Gaël revient, libre à toi de l'attendre un peu ou de faire un tour en le PNJisant si tu veux avancer dans tes recherches]
Virginie Parish
Type Sigma
Sujet: Re: [Scénar 5] A la Recherche de la Télépathe perdue Mar 27 Juil 2010 - 13:50
Soirée du 23 janvier 2052, 20h 28 heure de Londres, un nouveau message venant de Virginie Parish:
*Koji, encore un changement. La directrice veut qu’on rentre au manoir. Tout de suite. Faites au plus vite. Ça a l’air urgent. A tout à l’heure. V.*
Sujet: Re: [Scénar 5] A la Recherche de la Télépathe perdue Mar 17 Aoû 2010 - 17:47
Il lui semblait déjà que son erreur était irréparable. Il détestait cette impression, celle de se retrouver prisonnier des actes que l'on a commis presque malgré soi, sans trop savoir pourquoi. Il ne désirait même pas particulièrement partir à la recherche de Miss Lemington, pensant que d'autres plus... adultes s'en chargeraient mieux que lui. Mais quelque chose dans ce qu'avait dit Koji l'avait énervé, plus profondément qu'il ne l'aurait crû possible.
Il ne savait pas exactement ce qui était la cause de ce sentiment. Il lui avait semblé pendant un moment que Koji le considérait comme le plus faible des membres du groupe (pouvait-on déjà parler de groupe ?), ce qui lui avait été insupportable. Comment se pouvait-il que Koji se soucie plus de le mettre au banc qu'Arthur, qui devait avoir au moins quatre ans de moins ? Le prenait-il à ce point pour un boulet ?
La colère peut être un sentiment difficile à évacuer, et lorsqu'il vit la réaction de Koji, celle de Gaël prit encore de l'ampleur. Contre lui-même pour avoir dit ce qu'il avait dit, contre Koji qui était beaucoup trop sensible. Contre tout le monde. Pendant qu'il marchait, sans vraiment savoir où ses pas le portaient, se contentant de suivre les autres sans y prêter attention, elle allait et venait en lui, fluctuante. Elle lui donnait envie de frapper quelque chose ou quelqu'un, de toutes ses forces, pour lui faire mal. Puis elle repartait en ne laissant qu'un sentiment de vide un peu nostalgique, pour revenir quelques instants après.
Il fut tiré de ses sombres pensées par Koji. Son coeur se serra lorsqu'il se rendit compte que la voix de son ami n'était plus tout à fait la même qu'avant. Elle manquait d'emphase, et reflétait toute une tristesse contenue. La colère de Gaël fut ravalée, remplacée par du remord, mais sans disparaître complètement. Toujours en pleine introspection, il remarqua à peine le luxe dont Koji aimait s'entourer. L'hypothétique richesse de son voisin de chambre était loin d'être sa principale préoccupation pour le moment.
Ce qui parvint à lui faire oublier ses états d'âme cependant fut la vitesse de la voiture. Gaël avait l'impression d'avoir échappé de justesse à six accidents en moins de dix minutes, et la conduite de Koji était bien plus rapide (et dangereuse) que celle de Virginie qui lui avait déjà laissé un très mauvais souvenir. Si ça continuait dans ce sens là, il était bon pour ne plus jamais monter dans une voiture de sa vie.
Il lança un regard curieux à Koji pendant qu'il conduisait, le regard perdu et fut surpris lorsque celui-ci se mit brusquement à parler. Il nota avec intérêt que la voiture possédait un système très perfectionné de communication, et suivit la conversation d'un air distrait.
Il découvrit ainsi une autre facette de Koji : le Koji qui allait aux soirées, rencontrait des garçons et leur payait un verre, et sans doute plus si affinités. Ce fut une surprise de taille, mais il ne s'en émut pas et n'en laissa rien paraître. Étrangement, il ne lui vint absolument pas à l'esprit que Koji pouvait avoir ce genre d'intérêts (et d'appétits) envers lui.
Une fois la conversation terminée, Gaël réfléchit un peu puis annonça d'un ton plat et laconique :
"Bateau. Faux nom."
Il se concentra ensuite pour tenter de donner forme à des hypothèses un peu plus consistantes. Il ne savait pas vraiment en quoi il pouvait être utile à son camarade, mais puisque celui-ci le lui avait demandé...
"Peut-être qu'elle n'est pas sortie du pays après tout. Mais il faudrait commencer par rechercher qui aurait eu intérêt à la capturer et surtout qui en avait le pouvoir. Puis qui aurait pu la faire sortir d'Angleterre sans laisser de traces. Tu as peut-être une idée ?"
Koji Ashton
Type Gamma
Sujet: Re: [Scénar 5] A la Recherche de la Télépathe perdue Ven 20 Aoû 2010 - 20:06