« C’est là ? »

Le mutant entra dans la cuisine, mais ne vit qu’une simple salle avec une table de travail, mais aucun meuble de rangement.

« C’est quoi c’te truc ? mmm … pourtant y a des placards ... comment qu’on les ouvre ? »

Remiël s’avança dans la cuisine en inspectant les murs, à la recherche de la moindre poignée de placard.
Le bac à couvert descendit du plafond dans un chuintement discret qui n’échappa pourtant pas au mutant : il fit un bond en arrière, sortit deux couteaux de ses poches et se mit en garde, près à tout.
Il resta ainsi pendant trente secondes, tous les muscles tendus, considérant son environnement, qui soudain venait de redevenir hostile.

« Aucun mouvement ... c’est juste un truc bizarre … panique pas, mec ... calme ... c’est pas dangereux … »

Le mutant, ses armes à la main, s’approcha du plan de travail, inspecta les rangements, regarda autour de lui, puis rangea ses couteaux. Il prit ensuite l’un des couteau du bac, testa son équilibre en le faisant tourner, vérifia le tranchant, puis, le jugeant bon, le mit dans sa poche. Il fit de même avec trois autres couverts, cassant le manche du dernier pour ne glisser que la lame sous sa semelle.

« On n'est jamais trop prudent, même si ils ont l’air de tapette, c’est p’t’être des violents … ou bien des drogués … »

Le mutant se remit à chercher à ouvrir les placards, sentant l’odeur d’une baguette de pain, mais ne parvenant pas à la trouver.

« Mais PU**** DE M**** !!! Je veux MANGER !!! BWAAAH !!! Comment s’ouvre ces trucs pourris !!! »

Le cri du mutant dut s’entendre jusqu’à l’autre bout de l’étage …
Sa rage passée, mais non assouvie, Remiël s’assit dans un coin de la cuisine et attendit, la faim et la peur au ventre :
Il se demandait si on le mettrait à la porte pour avoir essayé d’ouvrir l’un des placards en enfonçant un couteau dedans …

[hrp]Premier post rp depuis plusieurs mois, désolée, ce n'est pas fameux[/hrp]


Koyuki s’était levée de bonne heure ce matin là, après avoir passé la nuit à se retourner dans son lit. Aujourd’hui, le Nouvel Institut ouvrait ses portes, et la mutante, malgré son age et son expérience, ne pouvait s’empêcher de craindre de nouveaux problèmes. La dernière fois qu’elle s’était montrée à visage découvert remontait à vingt ans, et le souvenir restait cuisant. Depuis, elle n’avait cessé de fuir et de se cacher, elle avait tout perdu à cause de ce don… manier la glace, chose qu’elle maîtrisait désormais presque parfaitement.

** Ne stress pas inutilement, le pays où tu es protégera la communauté mutante, l’Institut est sur maintenant, et les élèves ont besoin d’une directrice au top de sa forme**

La manieuse de glace revenait d’une promenade dans le parc, armée de ses éternelles armes, un katana et un wakisashi. Elle s’était entraînée durant une petite heure, histoire de se calmer les nerfs, mais aussi de s’occuper les mains. Maintenant, elle arpentait les couloirs, direction la cuisine pour prendre un petit déjeuné. Déjà on pouvait entendre les premières conversations entre élèves.

Vingt ans après, la vie reprenait son cours.

« Mais PU**** DE M**** !!! Je veux MANGER !!! BWAAAH !!! Comment s’ouvrent ces trucs pourris !!! »

Une voix masculine, tonitruante, parvint aux oreilles de la nippone. Probablement un nouvel élève, et d’après ce que Koyuki avait comprit, il se trouvait à la cuisine. Elle se précipita alors, prête à lui mettre une bonne rouste. Qu’il est faim se comprenait, mais qu’il lance des insultes à tout va, non. Lorsqu’elle ouvra la porte, la mutante vit un jeune homme mince et grand, aux ailes noires de jais. Il était torse nu, campé dans un coin, l’air particulièrement effarouché. Le bac à couvert était sortit, et pire, un couteau était planté dans le placard pile en face de l’entrée. Le jeune mutant était vraisemblablement perdu et ne connaissait rien à la technologie.

- Poul qui tu té plend toi ? Qui es tu et qué veux tu ? (pour qui tu te prends, qui es-tu et que veux-tu ?)

Et oui, Koyuki n’avait toujours pas perdu son accent japonais. Grammaticalement, ses phrases étaient correctes, mais la prononciation laissait encore à désirer.

Imaginez une petite nippone habillée en kimono beige, ses deux armes à la ceinture, vous braillez dessus en un anglais à demi compréhensible, l’air hyper stricte, et vous ressentirez à peu près ce que Remiël ressentait probablement à cet instant. Voyant la mine dépité du nouvel élève, notre petite manieuse de glace se radoucit un peu. C’est qu’il était plus maigre que mince, cette impression étant intensifiée par ses grandes ailes qui l’allongeaient encore. En fait, Koyuki en avait presque pitié, se souvenant de son propre état, après son réveil, durant sa fuite et ses tentatives vaines de ressembler à une humaine normale. Depuis, elle s’était construit un masque, et son existence allait en s’améliorant.

A cet instant précis, Koyuki su qu’elle était prête à tenir son rôle de directrice du Nouvel Institut, prête surtout à soutenir les élèves en difficulté. Remiël, même si elle ne connaissait pas encore son nom, allait être son premier défit. Pour commencer, il devait manger, mais il devait surtout prendre une douche.

**Attends sa réaction, test le pour savoir comment l’atteindre…laisse le faire**

Remiël, de part sa vie dans la rue et les dangers auxquels l’exposait sa nature de mutant, est ultra réceptif de son environnement. Mais là, entre sa faim et la peur de quitter l’Institut, le jeune mutant est prostré et inattentif, ruminant dans un coin de la cuisine.
Ainsi, le fait d’entendre quelqu’un lui parler, puis de voir une personne armée en face de lui, l’effraya au plus haut point.

Il hurla à nouveau. De peur et non de désespoir.

En même temps, il se releva, bondit en arrière et sortit deux couteaux de ses poches. Il se mit en garde, semi accroupi, le couteau de sa main gauche pointé vers le bas, la lame le long de l'avant-bras, et l'autre pointé vers l'intruse.
Il resta ensuite tétanisé, à l’opposé de la mutante, qui devait être aussi surprise que lui.

« Calme, calme … ELLE VA TE BOUFFER ! Nan ! SI ! Nan ! Si elle est là c’est que elle = mutante ! Donc elle est comme moi ! NAN ! ELLE VA TE BOUFFER ! Ferme-la, moi-même ! Elle est pas méchante … euh … ou pas … »

La conversation entre le Remiël normal et son double interne paranoïaque se solda rapidement par un accord commun :
si femme = mutante alors = gentille donc pas attaquer
si femme = méchante et/ou pas mutante, alors taper et courir.

Le mutant se redressa et abandonna sa posture agressive. Il plaqua ensuite ses couteaux contre ses poignets, pour montrer qu’il n’était pas (ou peu) hostile.


« Euh … Bonjour ? »

« Hein ? Quoi que vous dites ? »

Outre le fait d’avoir passé plusieurs années dans la rue et de ne connaitre l’anglais que depuis peu, et seulement l’argo des clochards, Remiël est dans un état de stressimportant, et ne parvint donc à ne déchiffrer que la première partie de la phrase de Koyuki.

« Ah … euh … mon nom ? Euh … »

Le mutant se trouvait face à plusieurs problèmes : il parle à ce qui est manifestement une femme, hors il ne les voit que comme des manipulatrices à fuir comme la peste ; il se trouve avec Koyuki entre lui et la porte, donc sans possibilité de fuite direct, ce qui est extrêmement stressant pour lui ; enfin, il n’y a aucun doute possible sur l’auteur des dégradations de la cuisine : lui, et il s’attend à une sanction sévère.

Le tout additionné met le jeune homme dans un état proche de la crise de nerf.

« Calme toi, mec, calme … elle avance plus … donc elle est pas hostile … ouais mais elle est armée, y deux gros trucs coupant à sa hanche, des gros hachoirs chinois … j’fais quoi, moi ? Quoi que je fais ? Bon, d’abord j'lui répond, ok ? »

« Euh … j’m’appel Remiël, m’dame … j'vient juste d'arriver ...»

Un grand poids s’enleva de la poitrine du mutant, en disant cela. Poids qui revint aussitôt :

« Vous êtes là pour me punir porke j’ai cassé le truc ? C’est pas ma faute, c’est votre machin qu’est mal foutu ! »

Les deux couteaux disparurent des mains de l’être ailé, comme par magie, mais son affolement se lisait dans ses yeux. Il recula, buta contre le mur, et aurait pu passer au travers s’il en avait le pouvoir : le regard de Koyuki le transperçait tel une lame gelée.

« j’crois qu’j’ai gaffé quelqu’part, moi … c’est par où la sortie ? Chié … elle est devant … Bon, quoi que je fais maintenant que je suis dans le caca jusqu’au cou ?

Bon, enfin une information audible. Le jeune mutant s’appelait donc Rémiel. Un nom d’ange, sans doute un pseudonyme. Quoiqu’il en soit, cela convenait parfaitement au personnage. La façon dont il s’exprimait était quelque peu rustre, il faudra sans doute lui faire réapprendre les bases de l’anglais, histoire qu’il évolue un peu. Le regard que Koyuki posa sur lui était glacial, comme l’élément qu’elle maniait, mais cela n’était pas volontaire. En fait, Rémiel lui paraissait absolument dégoutant, et ses manières… n’était tout simplement pas digne d’un élève du Nouvel Institut. Si on le laissait comme ça, il risquait de ternir l’image de l’établissement, celui-ci se relevant tout juste de ses cendres.

Le mutant ailé recula contre le mur de la cuisine et « s’excusa » pour les dégats qu’il avait occasionné. Il avairt probablement vécu plus de la moitié de sa vie dans la rue, sans éducation et ne devait pas comprendre grand-chose aux nouvelles technologies. Histoire de ne pas l’éffrayer d’avantage, la manieuse de glace se radoucit un peu et expliqua à l’être ailé que le fait qu’il est embroché certains meubles de la cuisine flambant neuve n’était pas grave. En fait, cela allait couter une fortune en réparation, quand bien même l’établissement aurait pu se permettre de tels fraits.

Une idée émergea dans l’esprit de la directrice de l’Institut. Léon devait être en train de préparer une simulation pour les nouveaux élèves, et elle pouvait, avec Rémiel, se joindre au groupe. Connaissant Léon, il allait prévoir un entrainement un peu corsé, et elle ne serait pas de trop pour les aider. En plus, Rémiel ferait connaissance avec les autres mutants, et ainsi, peut-être deviendrait-il plus sociable.

-Viens avec moi, Lémiel, on va aller voil les autles élèves, poul qué vous fassiez connaissance.


[ Salle d’entrainement]

Le regard de que posa Koyuki sur Remiël fut plus glacé que l’hiver polaire et lui fit comprendre qu’il risquerait gros en ne l’écoutant pas.
Le mutant se raidit, près à tout, et réussi à se contrôler pour ne pas reprendre ses couteaux et partir en courant le plus loin possible.

« Calme, mec, calmos … laisse-là parler et essai de t’expliquer mieux que ça, t’es vraiment pourri quand tu veux essayer d’être normale. Attend, moi je suis normale ? T’as vu mes ailes ? T’es débile ou quoi ? Faut plutôt que je me concentre sur l’asiat’, là. Bon. Elle à deux hachoirs chinois et une robe indienne … un kinomo ? Un quibodo ? Une merdasse comme ça … »

Le monologue intérieur de Remiël fut interrompu par Koyuki :

-Viens avec moi, Lémiel, on va aller voil les autles élèves, poul qué vous fassiez connaissance.

« Ah … Euh … je dois venir ? Moi ? Mais … »

Les protestations moururent dans la gorge du jeune mutant devant le regard de la co-directrice : elle s’écarta de l’entrée et invita Remiël, d’un petit geste du bras, à passer devant. Celui-ci s’avança, en rasant les murs, et alla dans le couloir, sans quitter Koyuki des yeux.

« Moi dans le caca. Moi dans le caca. Moi dans le caca. Merde. Elle va me butter. Nan. Où que c’est qu’elle m’amène ? Voil les autles élèv’ ? Quoi que c’est que ça veut dire ? Euh … p’t’être les autres élèves ? Merde … ils vont se payer de ma tête quand ils me verront … Pourquoi je suis venu là … ?n plus, elle est dégouté d’être près de moi … C’est sur qu’un mutant, c’est pas normale donc personne les aime … Mais pourquoi je suis pas encore parti, moi ? Parce que je suis faible et que j’en ai marre de dormir dehors ? Pas faux … »

À deux pas derrière lui, Koyuki l’emmenait vers la salle d’entrainement. Elle gardait le nez froncé, pas par dégout de sa condition de mutant, mais juste en raison de l’odeur : sa dernière douche remontait désormais au camp de refugié du Havre, il y a plusieurs mois, et sauf lors des orages, ses vêtements n’ont jamais été lavés. Elle était aussi préoccupée, comprit-il après, par son comportement et ses armes.

-C’est là ?

Koyuki acquiesa et ils entrèrent dans la salle d’entrainement.

[ Salle d'entrainement]