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[Scénar 5] Lost in cell...

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Miss Lemington

Type Omega

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Miss Lemington

Alias : Psyché
Race : Mutante
Clan : Nouvel Institut
Age du perso : 38 ans
Profession : Cerbère de l'Institut
Affinités : Abîme sans fond, gouffre des âmes tourmentées
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MessageSujet: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptySam 30 Oct 2010 - 0:54

[Scénar 5] Lost in cell... Skyandcloud

Heureuse, qui près de toi, pour toi seule respire,
Qui jouit du plaisir de t’entendre parler
Qui te voit quelquefois doucement lui sourire



La mutante ne se sentit pas transportée dans une autre pièce. Elle sentit encore moins son sang lentement nettoyé des substances hallucinogènes que l’humanoïde lui avait injectées. Avec les sédatifs qui coulaient à présent dans ses veines, Samarah était loin… très loin. Ailleurs. Songes, rêves, souvenirs… elle n’en avait sans doute même pas conscience, assommée par les drogues diverses qui avaient traversé son sang. Mais des passages de sa vie passée défilaient dans son inconscient. Des moments qu’elle gardait soigneusement cachés au fond de sa mémoire lorsqu’elle était éveillée et parfaitement consciente. Malheureusement, la mutante n’était pas encore capable de commander son cerveau pendant son sommeil. Surtout si celui-ci n’était pas naturel…

---

«On dirait une tête de lapin»
- A côté, une tête d’éléphant
« Et au dessus… quelqu’un qui dort !»


Tête contre tête, couchées dans l’herbe, les deux adolescentes éclatèrent de rire ensembles d’une même voix cristalline. Le soleil d’avril chauffait doucement leurs peaux et les brins d’herbes chatouillaient leurs joues roses.

-Mais où tu vas chercher cette idée ? Je ne le trouve pas là …
Je ne sais pas… c’est ce que je vois …»
-Hm… ça doit être ton cerveau… il est pas très net !
plaisanta la plus grande des deux

La plus jeune lui lança un coup de coude amical dans les côtes. Son amie à côté d’elle fit semblant de se tordre de douleur

« Très drôle, lâcha-t-elle, les autres me considèrent déjà comme une extraterrestre, tu vas pas t’y mettre aussi ? »

La plus âgée, une grande fille avec des cheveux noirs en bataille se releva légèrement et posa un regard amusé sur son amie

-Laisse tomber les autres, ils n’en valent pas la peine, je te l’ai déjà dit. Et puis, on est bien là, toutes les deux…

L’autre adolescente passa ses deux mains dans ses longs cheveux ondulés pour les caler sous sa tête, songeuse.

« C’est vrai, oui. Mais…», elle semblait hésiter
-Oui ?
« Non rien… ou en fait si… je crois que tu plais beaucoup à Alex »
-Ce p’tit morveux ?
l’adolescente émit un ricanement moqueur. Il a une drôle de façon de le montrer, si tu veux mon avis. Il passe son temps à faire le con ! Quand il ne s’en prend pas à toi, évidement.
« Ils n’ont que ça à faire on dirait… rire des autres. Je crois qu’au fond, je les plains. »
-Contente-toi de les ignorer et poursuis ton chemin. Les gens qui n’apprennent pas à te connaitre ne méritent pas qu’on s’y attarde.


La grande avait une philosophie de la vie qui plaisait beaucoup à la plus petite. Depuis qu’elles s’étaient rencontrées, elle avait appris à voir la vie différemment. C’était difficile à expliquer mais certaines couleurs étaient revenues égayer son quotidien auparavant bien morne. A côté d’elle, son amie continua, en souriant légèrement

-Par contre son frère… je dirais pas non

La plus petite se releva à son tour, surprise.

« Terry ? »
-Oui
« Ce grand prétentieux ? »
- Reconnais quand même qu’il est plutôt mignon, non ?


La plus jeune fut un instant prise de cours par la question de son aînée et se recoucha dans l’herbe, comme pour éluder une réponse pourtant attendue par sa voisine

« Euh… ouais, si tu le dis… » déclara-t-elle finalement, plus qu’évasive

Son amie éclata à nouveau de rire. Un rire franc et joyeux, si caractéristique qu’elle l’aurait reconnu entre mille.

-Okay, je vois, mauvaise question. Je te reconnais bien là, ma petite Sam’… Pourtant, faudra bien t’y intéresser un jour aux garçons !

Samarah soupira, visiblement ennuyée. June le savait pourtant, qu’elle n’aimait pas parler de ces choses-là…

« J’ai même pas encore 15 ans, Judy, j’ai le temps… et puis… »
-Et puis ?
« Non, laisse tomber. Simplement ça n’aide pas de voir les gens changer de direction quand ils me voient… »


June comprit le malaise de son amie, elle haussa les épaules et n’insista pas. C’est vrai qu’elle était encore jeune. Dans un an ou deux, peut-être… June se contenta d’ajouter

-Dommage qu’il soit en permanence entouré de son fan-girls
« Dommage pour toi, oui… »
-De toute façon, je dois pas être son genre de nanas… quand tu vois celles qui lui courent après !
« Tu pourrais facilement pourtant, y a qu’à voir comment les mecs te regardent… »
-Comment ça ?
June se tourna vers son amie, étonnée

Samarah se rendit compte trop tard que ses paroles lui avaient échappées et tenta de se justifier, le plus naturellement du monde, le regard perdu dans les nuages

« C’est évident, enfin ! Regarde-toi ! Tu détonnes par rapport à la masse, June. Tu affiches une telle assurance en permanence. C’est à se demander comment tu fais. Crois-moi, la plupart des nanas sont de véritables cruches à côté de toi. Toi, tu as une cervelle et tu sais t’en servir, c’est le genre de choses qui se remarque tout de suite, si tu veux mon avis… »

June resta un instant interdite devant la déclaration de sa jeune amie. Celle-ci faisait rarement part de ses opinions d’une façon aussi claire, surtout à ce sujet. Finalement, elle sourit

-Tu as vraiment le don de surprendre les gens, Sam’ !

Samarah lui rendit son sourire, contente d’avoir ramené la situation dans une direction qu’elle était apte à contrôler. Elle se contenta de confirmer les dires de l’humaine à ses côtés

« Il parait… mais je ne suis pas la seule, ça c’est sûr et certain ! »


---

Puis, le souvenir se brouilla. La mutante remua légèrement mais ne se réveilla pas encore totalement, toujours sous l’emprise des sédatifs qui la condamnaient pour l’instant à rester impuissante, sous le contrôle de ses bourreaux. Assommée par les substances qui se baladaient joyeusement dans son organisme, elle ne réagit pas non plus quand la porte de la cellule s’ouvrit quelques minutes, quelques heures ? après sur une silhouette rude et menaçante qui abandonna sans aucun remord, ni la moindre délicatesse, le corps de Kenjiss, inconscient lui aussi, à ses côtés…

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Kenjiss

R.I.P

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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptySam 30 Oct 2010 - 3:05

Il n'avait jamais cru aux fantômes. Le piston s'enfonça lentement, ses lèvres s'entrouvrirent dans un sourire extatique. Putain ouais... Qu'importait le matelas trempé d'urine sur lequel il convulsait, la flaque de gerbe qui recouvrait le cadavre d'à côté, les mouches qui venaient se poser sur les croutes au coin de ses lèvres. Qu'importait la soif, la faim, la fatigue et le dégoût lorsqu'une giclée de sang jaillissait dans la seringue pour être aussitôt renvoyée dans la veine. Putain ouais... Les ectoplasmes qui n'avaient jamais existé disparurent en une fraction de seconde. Fracas. Bruit de lutte. Coups de feu. Il entrouvrit une paupière injectée de sang, la refermant aussitôt lorsque sa pupille se rétracta sous la lumière crue diffusée par l'ampoule qui se balançait au plafond. Il tenta de balbutier quelque chose, et des bulles de morves éclatèrent dans sa barbe, sans qu'il tente quoique ce soit. Il était bien putain, il était bien... Plus rien n'importait désormais qu'un immense orgasme qui secouait son corps dans une danse à chaque fois plus jouissive... Appuyer sur le piston, encore un peu, juste un petit peu, pour éviter de gaspiller le peu qu'il restait dans la seringue... Allez juste un peu, une pression et le vol ultime, loin de cette vie de douleur. Une silhouette apparut dans son champs de vision. Longs cheveux noirs. Insultes. Le mutant referma les yeux. Merde. Encore loupé.

Kenjiss ouvrit les yeux juste à temps pour ne pas se briser une nouvelle fois le nez sur le béton nu de la cellule. Il resta quelques minutes écroulé sur le sol, tendant une oreille attentive (sans doute le seul sens encore valide chez lui... ) aux sons du couloir. Plus rien. La bonne vieille technique du contraste. Laissez un prisonnier seul dans son coin, laissez le se reposer, puis cognez le deux fois plus dur qu'auparavant, annihilant ainsi les pathétiques espoirs qu'il avait imaginé pendant quelques heures. Bing. Personne n'y résistait. Kenjiss soupira, ouvrant un œil pour observer les gouttes de sang couler sur le sol. Des forces lui revinrent rapidement. Enfin. De quoi se redresser contre le mur et de caler une épaule contre le béton rugueux qui servait de paroi à la cellule, en espérant ne pas glisser parce qu'il n'aurait sans doute pas la force de se relever. Un liquide chaud dégringola sur son menton. Il saignait du nez. Le tatoué aurait haussé les épaules s'il en avait eut la force, mais cette chaleur était bienvenue dans le froid glacial de la cellule. Le colosse rouvrit une paupière, prenant près de dix minutes pour faire le tour de son corps, dans un sale état. La moitié de ses muscles ne répondaient plus et ceux qui étaient encore capables de bouger n'étaient pas capables de ressentir quoi que ce soit. Génial. Les séances de tripotages entre mecs virils et décidés à mourir pour leur patrie n'étaient décidément plus de son âge. Kenjiss n'avait plus peur à présent. Tant qu'ils étaient dans leur cellule, rien n'était réellement effrayant. Ah oui, ils. Parce que Lemington, cette grosse loque, dormait paisiblement sur le sol de leur luxueux palace. Le tatoué referma les paupières épuisé.

Ce n'était pas tant le sommeil qui se refusait à lui que son épaule disloquée et divers petits ennuis de santé qui l'empêchaient de dormir. Inutile d'espérer rejoindre l'apaisante étreinte de Morphée dans ses conditions, à plus forte raison qu'il avait une fâcheuse tendance à sombrer dans la dépression et les souvenirs morbides lorsqu'il rêvait dans une situation semblable. Et dire qu'il avait une fâcheuse tendance à la dépression devant la fatalité était peu dire.

Kenjiss se borna à rouvrir les yeux après quelques temps d'un délai indéfinissable. Il était toujours à poil, ou presque, n'avait rien pour savoir l'heure, et ses absences et autres phases de concentrations pour essayer de réduire la douleur de ses muscles estropiés n'aidaient en rien à la mesure du temps. Le seul indice clair dont il disposait était la coulée de sang qui s'était solidifiée sur son menton. Quelques minutes quoi... Le tatoué fixa Lemington assoupie, hésitant à mobiliser ses dernières calories pour lui balancer un coup de pied vengeur. Et puis il était toujours plus intéressant d'envisager une victoire à court terme que ce qui l'attendait lorsque les militaires auraient fait la lumière sur le code qu'il leur avait fourni. A moins d'être de sacrés manches en matière de cryptage, ils préparaient déjà des instruments aussi réjouissants qu'une paire de tenailles et une perceuse. Kenjiss leva les yeux au ciel et se mit à prier pour que Twikjeya lui ait implanté la capsule de cyanure avec laquelle elle lui rabâchait les oreilles depuis sept ans en l'anesthésiant pendant son sommeil. Dans le doute, il tenta de croquer une à une toutes ses dents.
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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptySam 30 Oct 2010 - 13:49

Dormir était un bien grand mot. Se reposer, un terme tout aussi inadapté à la situation. Certes, la mutante était complètement déconnectée et avait perdu toute notion de réalité, de jour ou bien encore de nuit. Mais elle ne dormait pas. Elle avait été droguée. Nuance.
Ses songes se firent de plus en plus lointains, laissant place à des bruits bien réels autour d’elle. Des grognements. Un frottement sur le sol et contre un mur. Elle n’était pas seule dans cette cellule. Mais plus que les mouvements qu’elle commençait à percevoir près d’elle, il lui sembla que ce fut un léger bourdonnement continu qui la sortir de sa torpeur. La mutante émit un faible gémissement. Comme si elle n’avait déjà pas assez de migraines, voilà qu’on lui en fournissait en plus…

Elle ouvrit enfin les yeux, toujours couchée sur le sol humide et sale de la cellule. Combien de temps était-elle restée inconsciente ? Quelques minutes ? Plusieurs heures ? Ou plusieurs jours ? Elle était incapable de le savoir. Elle passa sa langue sur ses lèvres. Sèches. Elle était déshydratée. Probablement à cause des saloperies qu’ils lui avaient injectées, mais pas encore de trop. Elle opta donc pour une absence de quelques heures au maximum. Du moins, elle l’espéra. Comme Kenjiss avant elle, elle se redressa lentement. Engourdie et courbaturée, elle avait l’impression de ne plus avoir de muscles. Et sa peau, aux endroits que le chalumeau avait martyrisé, lui faisait mal. Le silence qui régnait entre ces quatre murs était sordide de par les atrocités qu’il annonçait déjà. On ne laissait pas de répit aux prisonniers dans de telles conditions. Samarah n’était pas dupe. Tout était fait au contraire pour les affaiblir davantage lors du prochain assaut. Et si Kenjiss était ici aussi, c’est que comme elle, il n’avait pas encore craqué… Tout n’était que manipulation psychologique. Amener la victime dans ses derniers retranchements afin de la faire craquer. Hélas, en avoir conscience bien souvent ne suffisait pas, car généralement cette méthode fonctionnait à merveille.

Avec des gestes lents, elle s’adossa contre le mur opposé à celui qui soutenait déjà le mutant. Il était dans un sale état. Bien pire qu’elle. Visiblement, ils avaient tous les deux eu droit à un traitement de faveur différent. Et ce n’était sans doute pas fini. Samarah frissonna. L’air, en plus de dégager une horrible odeur de pourriture –elle n’essaya même pas de deviner ce qui avait pu se passer dans cette cellule avant qu’ils n’y atterrissent tous les deux- était glacial. Et ce n’était pas le peu de tissus qui recouvrait encore son maigre corps qui allait aider à la réchauffer.

Durant tout le temps qui lui avait fallu pour se hisser le long du mur, la mutante n’avait pas accordé un seul regard pour le Confrériste. Ce n’est que lorsqu’elle eut fini une inspection prolongée de son propre corps –à défaut de fractures, elle n’affichait que des brûlures- qu’elle posa son regard sombre sur son ennemi. Un regard vide et froid. Trop fatigué même pour y lire le dégout caractéristique qu’il affichait d’habitude lorsque la mutante croisait le tatoué sur son chemin.

D’ailleurs, quand était-ce déjà la dernière fois ? Ah oui. A bord de la TransAtlante. Avec June. Dans ses bras. Samarah serra ses poings contre le sol. Pour ne pas glisser. Elle l’avait envoyé se prendre un mur cette nuit-là. Et aujourd’hui, ce n’était toujours pas l’envie qui lui manquait. Seulement peut-être… les moyens.

"Nous enfermer dans la même pièce… Finalement, je pense qu’ils n’auraient pas pu faire pire…" murmura-t-elle simplement, sur un ton las

Il n'y avait sans doute en effet que très peu de choses pires encore comme supplice que de se retrouver à quelques mètres seulement de la personne que vous désiriez le plus au monde voir disparaître et être pourtant parfaitement incapable de la tuer...
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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptyMar 2 Nov 2010 - 0:29

Kenjiss avait arrêté de titiller ses dents lorsque sa langue avait heurté une molaire qui n'avait strictement rien à faire en plein milieu de son palais, à moitié déchaussée. Ça faisait un mal de chien. Et il saignait de la bouche à présent... Dans un contexte différent, le tatoué aurait sans doute plaisanté sur la facture du dentiste qui l'attendait, les quelques hectolitres (au moins) de sang qui le rendaient irrésistible pour une draculinette en vadrouille. Malheureusement l'heure n'était pas aux plaisanterie d'un goût douteux, à plus forte raison lorsque l'homme viril et musclé qui les proférait n'avait plus grand chose du mâle dominant.

Ce fut donc un tatoué abruti de douleur qui suivit les efforts de Lemington pour se relever. A cet instant précis, il la haïssait. Parce qu'elle se relevait. Parce qu'elle parlait. Parce qu'elle ne prenait pas conscience de leur situation. Et ce n'était pas les os saillants de son ennemie qui allait attirer la pitié inexistante du mutant. De toute façon, Twikjeya lui rendait bien cinq kilos. Toutefois, il appréciait que, comme lui, elle soit incapable de recourir à son pouvoir. Cela lui éviterait de devoir dissimuler mentalement dans quelles circonstances il avait pu admirer les os saillants de la jeune slave.

Kenjiss réfléchit avant de parler. C'était rare, certes, mais il songeait moins à ce qu'il allait raconter qu'à limiter au maximum la douleur. Si la séance de torture n'avait pas été tendre, c'était toujours les moments qui la suivaient qui étaient les plus insupportables. Vous ne pouviez guère plus compter pour survivre aux coups, l'adrénaline et les endorphines qui s'engouffraient à flot dans vos veines étaient totalement absentes lorsque vous gisiez sur le sol de votre cellule. Vous n'étiez plus qu'une loque, souffrante, et incapable de se concentrer sur autre chose que sur votre douleur. Plus moyen de parler, personne ne vous écoutait. Vous souffriez, seul. Longtemps. Jusqu'à en devenir fou, à ne plus comprendre pourquoi ce que vous dissimuliez était si important. Petit à petit, vous espériez le retour des geôliers...

Mais Kenjiss se foutait bien du retour des matons. Le tatoué se demandait simplement si insulter Lemington valait le coup d'utiliser une mâchoire brisée. Il décida rapidement que oui. Lorsque l'on était un âne bâté, autant l'être jusqu'au bout. Ce ne fut pas la voix rauque et forte du directeur confrériste qui résonna dans la pièce mais une sorte de murmure entrecoupé de cliquetis lorsque la maxiliaire se déplaçait sur une syllabe un peu trop appuyée.


Ils auraient pu cramer la Confrérie, raser l'Institut, massacrer nos élèves et embrigader les autres. Arrête de penser à ta poire Lemington. Ils doivent déjà danser chez toi, libérés de la dépressive psychopathe. Et je te fais une démonstration particulière des attentions de tes meilleurs amis les humains, t'es pas contente dis ? Allez, ils sont gentils les mammifères hein ?


Trop parlé. Larme à l'œil. Maxillaire coincé. Douleur. Sang. Larmes. Il tousse. Encore. Ça fait un mal de chien. Il tente de lever un bras pour replacer sa mâchoire. Merde. Mauvais bras. Épaule déjà disloquée. Douleur. Il ne tient plus contre le mur. S'écrase à nouveau au sol. Sur son épaule. Hurlement. Sa bouche prend une forme bizarre alors qu'il hoquette de souffrance, écartant chaque fois un peu plus le maxillaire. Une canine se plante dans la lèvre. Sang, à nouveau. Ne plus hurler. Ne plus hurler putain... Le béton lui râpe la joue. Il a mal. Sang et larmes maculent le sol.
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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptyLun 8 Nov 2010 - 1:11

Dans un sale état, vraiment. Mais même à l’agonie, il ne pouvait s’empêcher de la narguer. Un peu comme elle, finalement. Fierté quand tu nous tiens…

Samarah laissa tomber sa tête contre le mur et se massa les tempes avant de s’intéresser au mutant en face d’elle. Enfin… mutant était un bien grand mot. Plutôt à ce qui n’avait pas encore été brisé chez celui qui se prétendait plus intelligent, plus fort et plus puissant que ses tortionnaires. Cela aurait en effet été plus adapté à la vision qui s’offrit à la télépathe migraineuse.

"Tant que nous serons en vie, nos institutions ne craignent rien, ils ont besoin de nos codes. Ils nous auraient sans doute déjà éliminés s’ils pouvaient attaquer sans cela…"

Une fois encore, ce ne fut qu’un murmure qui franchit ses lèvres. Parler lui faisait mal. Réfléchir lui demandait un effort qu’elle n’était plus en mesure de fournir à l’heure actuelle. Lutter pour ne pas faiblir devant l’ennemi avait puisé dans ses dernières forces. A cet instant, malgré une apparence extérieure qui lui parut un brin plus enviable qu’à la sienne, Samarah ne valait guère mieux que Kenjiss en terme de vaillance. Elle ne saignait pas, non. Elle n’avait pas non plus d’os cassés, ni un dos à vous faire hurler le martyr. A peine des brûlures. Mais si elle n’en affectait pas moins sa victime de la même façon, la torture psychologique restait très certainement tout aussi efficace, si pas plus pénible encore que la torture physique. L’une vous offrait la souffrance, l’autre vous assaillait de douleur…

"Pour le reste, je ne sais pas. Je ne les fréquente pas très souvent ces derniers temps… contrairement à certain !"

Le sous-entendu était à peine voilé. Oui, elle était au courant de la situation. De leur situation. Si la mutante n’avait plus vu June depuis près de 7 mois, ce n’était certainement pas le cas du tatoué. En tout cas, elle l’espéra vivement car non content de se retrouver avec l’humaine, dans son état, il n’avait pas intérêt à l’abandonner ! Tomber amoureux d’une humaine –si tant est qu’il en soit réellement capable- était une chose, s’occuper d’une famille en était une autre. Une famille mixte de surcroit. Un fils mutant ou bien même humain… Un comble pour le mutant réputé le plus humanophobe de la planète

Mais se rendait-elle seulement compte que de son côté, c’était exactement ce qu’elle avait fait ? Peinée, la mutante s’était éloignée de June. Parce qu’elle n’avait pas eu le courage d’affronter les évènements, elle s’était reculée. Et elle avait ainsi failli à sa promesse.
Oui, Samarah le savait. Depuis maintenant plusieurs semaines, elle s’en était rendue compte grâce à une discussion avec une petite journaliste une nuit de décembre. Et si la tristesse avait été la première responsable du comportement destructeur à l’encontre de son propre corps, c’était à présent la colère contre elle-même et la culpabilité qui l’empêchait d’arrêter. Cercle vicieux.

Le mutant s’effondra. Certainement pas sous le poids de ses paroles. L’avait-il seulement entendue ? La mutante n’aurait su le dire, ni même aller le vérifier dans son esprit mais sa rancune –trop longtemps contenue- devait sortir. Elle devait évacuer… peu importe l’endroit ou les circonstances.

Ou pas

Un intermède entre deux séances de torture ne représentait sans doute pas la meilleure opportunité pour régler ses comptes…

La mutante ferma les yeux. Pour ne pas voir. Pour ne pas contempler l’état lamentable dans lequel se trouvait celui qui était censé protéger une petite humaine bien chère à son cœur. Mais ses cris la ramenèrent bien vite à la réalité. A la triste réalité.

Ils étaient vraiment mal… Vraiment très mal.
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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptyLun 18 Avr 2011 - 17:10

Par tout temps, l’amour rend les individus capables de bien des prouesses
Mais est-il capable de leur permettre l’impossible ?


Que reste-t-il quand on a tout perdu ?

Cette question taraudait l’esprit de la mutante pourtant à peine consciente et peinait à y trouver une réponse. Mais cette interrogation était légitime et hélas fondée. A cet instant précis, que lui restait-il exactement ? Plus grand-chose… hormis une paire de sous-vêtements peut-être. La mutante avait à peine réagit lorsqu'ils avaient emmenés Kenjiss. Elle ne se souvenait même plus à quel moment les soldats étaient venus le chercher. Toute notion de temps avait disparu.

Samarah était là, gisant sur le sol humide et poisseux d’une cellule de la BCGDCA, sans doute perdue, quelque part dans le vaste territoire que constituaient les USA. Les yeux clos, un corps affamé, décharné et brûlé. Un corps douloureux. Une âme brisée, meurtrie. Une âme esseulée.

Avait-elle encore réellement la force de continuer ? Ne ferait-elle pas mieux de baisser les bras ? Et de s’en aller pour de bon ? Mourir ne lui faisait plus peur. Et elle en était si proche à présent… Il lui suffisait de si peu pour que tout s’arrête définitivement. Malgré ses tourments intérieurs, la mutante semblait presque sereine, persuadée qu’elle n’avait plus rien à regretter.

Plus rien à perdre désormais, si ce n’est que la vie –et pour ce qu’elle valait !-… Elle n’avait même plus de dignité.

Elle ouvrit péniblement les yeux et tenta de refouler la douleur qui irradiait de ses membres endoloris partout dans son corps. Sa chair brûlée à vif par endroit la martyrisait. Son regard vide fixait le plafond de la cellule. Tout aussi insalubre que le sol qui lui glaçait le dos et calmait à peine la douleur des brûlures laissées par l’Humanoïde.

Que me reste-t-il vraiment ?

Une pensée qui ne trouva même pas l’ombre d’un écho dans l’esprit fatigué et perturbé de la télépathe. Que lui avait-dit déjà Virginie ? Le souvenir de leur discussion se faisait trop diffus pour qu’elle s’en rappelle totalement. Que lorsqu’on avait tout perdu, il restait encore la…

* Il te reste ta colère. Celle qui te fait vivre... *

Oui. Mais était-ce seulement la voie à suivre ? La haine était-elle finalement une solution à leur lutte sans espoir ? Ce n’était sans doute pas ça que Virginie lui avait dit. Tout comme la mutante n’aurait sans doute jamais conseillé cela à la jeune demoiselle… Mais c’était avant. Avant de subir la torture. Aujourd’hui, la seule chose qu’elle pourrait encore avoir, c’était effectivement de la colère envers ces êtres aveuglés, englués dans leur volonté d’éradication.

La mutante referma les yeux. Elle s’était battue tous les jours contre cette envie. Et ce combat l’avait épuisée. Parfois, il lui semblait que tout aurait été plus facile si elle s’était permise d’écouter cette voix. Elle sentait cette puissance qui coulait dans ses veines et qui appelait l’affrontement dans le sang. Pour pouvoir régler cette guerre une bonne fois pour toute dans la violence. Et enfin promettre aux mutants un avenir où ils auraient une chance de vivre dignement…

L’homo inferior ne les comprendrait jamais. Il était trop obstiné dans sa bêtise et incapable de réfléchir. Cette voix le savait, sa tolérance envers le genre humain demeurait une faiblesse. Tant qu’il y aurait des humains, cette race d’inférieurs qui ne faisait aucun effort, qui se contentait de craindre et de tuer au lieu de dialoguer, tous ses efforts seraient inutiles et son combat pour leur salut vain…

Cette voix reflétait-elle vraiment ses désirs les plus profonds ? Samarah était-elle réellement cette voix qu’elle entendait depuis des années et qui la poussait lentement vers la négation de l’autre et une xénophobie pure et simple ? Ou n’était-ce que le reflet de sa prétendue folie qui la possédait parfois, qu’elle n’acceptait pas et avait rejetée ? Cette folie qui la torturait autant qu’elle la terrorisait, barricadée derrière une barrière mentale de volonté et de privation qu’elle désirait infranchissable à jamais ?

L’amour pouvait-il pardonner et effacer nos actes ? Etait-il possible d’aimer sans se perdre et verser dans la folie ? L’amour pouvait-il réellement changer les gens ? Douce ironie du sort, voilà qu’elle était à présent elle aussi confrontée à cette terrible interrogation. C’était sans doute possible lors d’une relation épanouie, mais pas lorsqu’on se retrouve seule… Et plus le temps passe, plus la volonté s’use et moins l’effort est aisé...

Les mutants étaient-ils réellement la race dominante du futur ? La race humaine comptait parfois dans ses gènes des exceptions, rares, mais c’est justement tout ce qui en faisait leur beauté et leur valeur… Cette conviction avait aidé la mutante à refouler ses envies de vengeance. Et cela faisait très longtemps que Samarah se battait contre elle-même. Pourtant, les humains devaient payer pour ce qu’ils avaient fait il y a 20 ans

*et ils doivent payer pour ce qu’ils t’ont fait aujourd’hui… et ce qu’ils n’hésiteront pas à faire aux mutants dès demain… ainsi qu’à tout ceux qui ont aidé les mutants. Ils ne comprendront que par la mort et le sang !*

Elle l’avait combattue durant des années, consciente des ravages qu’elle pouvait causer. Elle avait toujours cru que cette voix faisait ne faisait pas totalement partie d'elle. Elle avait toujours cru –ou s’en était-elle convaincue au fil du temps ?- que cette voix prenait le contrôle par moment, ces moments où la colère surpassait sa raison. Des moments de destruction. Mais Samarah n’avait-elle pas finalement stigmatisé ses actes meurtriers dans cette voix pour pouvoir s’en dédouaner ?

Jusqu’à présent, la raison l’avait emporté sur l’envie malgré les opportunités. Car si elle se laisser guider par cette voix, si elle se laissait vraiment tenter, elle ne vaudrait clairement pas mieux que ses ennemis et leurs méthodes sanglantes qu’elle combattait. Et si ses névroses ne résultaient que de ce refoulement incessant ? Et si sa folie n’avait en définitive pour origine que la crainte et le musèlement de sa propre personnalité ? Cette hésitation permanente, cette opposition entre elle et… elle-même ? Entre son esprit rationnel, manipulateur et ses envies issues d’un simple instinct primaire ? La survie et la vengeance. Le combat et le sang. La mort de l’autre pour sa propre vie.

*aujourd’hui tu doutes, n’est-ce pas ?*

Cela faisait beaucoup de questions sans réponses. Peut-être simplement parce que ces questions n’avaient pas lieu d’être tant la réponse était évidente et qu’il n’y avait qu’une seule solution…

Une solution que l’enfer qui se déchaina soudain au-dessus de sa tête dans le désert se chargea de lui apporter dans un nuage de feu et une odeur de corps carbonisés.

La mutante sentit immédiatement le contact rétabli avec son pouvoir lorsque les annulateurs furent détruits et cela eut pour effet immédiat de lui redonner un léger regain d’énergie. Si elle appréciait le fait de pouvoir de temps en temps avoir la tête vide, sans ses dons, elle se sentait pourtant dépossédée d'une part d'elle-même. Elle ouvrit les yeux lorsqu’une seconde explosion eut lieu et se hissa péniblement contre le mur le plus proche. L’onde de choc le faisait trembler et elle crut un instant qu’il allait lui aussi s’effondrer. Elle ignora la douleur que lui hurlaient sa peau brûlée et ses muscles fatigués au moindre de ses déplacements.

Toute envie de mourir avait à présent quitté le corps de la mutante, guidé par une nouvelle envie encore plus forte, un instinct incontrôlable. Celui de survivre à l’apocalypse meurtrière qui se déchainait à l’extérieur

Les renforts débarquaient et ils avaient visiblement envoyé la grosse artillerie. La mutante ignorait comment ils avaient pu les localiser et elle s’en soucierait plus tard. Connaissant le Jet de l’Institut et si elle se fiait à la puissance de feu qui avait été déclenchée, il était fort probable que ce soit la Confrérie qui ait ouvert le feu. L’Institut était-il là aussi ? Probablement, mais elle n’avait encore aucune certitude. Trop d’empreintes se matérialisaient à nouveau simultanément dans son esprit pour qu’elle puisse les identifier correctement. Et son état de santé précaire ne l’aidait certainement pas.
Pour le moment, elle devait profiter de l’effet de surprise que l’escadron de sauvetage avait eu sur la base et tenter de sortir de là tout en restant sur ses gardes. Et en ne lâchant pas le mur à ses côtés car Samarah était trop faible pour se déplacer sans assistance. Ca ne s’annonçait pas évident.

Tandis que la porte de la cellule vola en éclat sous l’effet de sa volonté, elle se concentra sur les trois empreintes mentales les plus proches. Trois soldats sans doute affectés à la garde des prisonniers. Les bombardements extérieurs les avaient surpris et on devinait sans peine l’incompréhension la plus totale sur leur visage. Leurs gestes étaient désordonnés, affolés, inutiles. Mais c’est un effroi sans nom que Samarah surprit au fond de leur regard quand les soldats se rendirent compte de sa présence et croisèrent ses yeux devenus noirs. Ils n’eurent pas le temps de tirer sur elle. Leurs armes tombèrent sur le sol en même temps que leurs corps morts – ou du moins ce qu’il en restait. L’onde mentale projetée par la mutante les avait quasiment désintégrés.

Toujours appuyée contre le mur, éreintée, elle continua son chemin dans le dédale de couloirs souterrains. Le problème d’être inconsciente quand on vous transporte, c’est que vous êtes totalement perdue au réveil. Samarah ignorait complètement où se trouvait la sortie mais la poussière et les cris qui se faisaient de plus en plus proches la mettaient lentement sur la voie. Niant la douleur qui lui vrillait le corps, elle n’avait plus qu’une idée en tête… Trouver ses bourreaux et leur faire payer ce qu’ils lui avaient fait subir. Hélas sa soif de vengeance ne fut qu’à moitié récompensées car elle ne trouva pas l’humanoïde qui s’était spécialement chargé d’elle, encore moins le responsable de son enlèvement dont elle ignorait l’identité.

Elle ne retrouva que l’homme en noir qui les avait menacés au début de leur emprisonnement, persuadé de sa supériorité de par la pureté de son génome. Celui-ci avait également été déboussolé par l’attaque surprise et lorsqu’il aperçut son ex-prisonnière il nota immédiatement sa faiblesse, car la mutante se tenait toujours au mur, mais Samarah ne lui laissa pas le temps de dégainer son arme… Une voix dure, glaciale s’insinua dans son esprit tandis que l’humain se trouva privé de mobilité. Un rictus malsain sur son visage malgré sa faiblesse.

* Tu ne peux plus rien contre moi Inferior, alors d’après toi qui va avoir mal maintenant ?*


L’homme en noir lui lança un regard où le dégoût côtoyait la peur. Tout comme les soldats, lui aussi avait compris qu’il n’était plus qu’un homme mort. Et ce fut un hurlement de douleur qui répondit à sa question tandis qu’il sentait l’esprit de la mutante envahir son crâne et la vie quitter lentement –trop lentement- son corps.

Le cadavre toucha le sol dans un bruit mou et la mutante continua son chemin tant bien que mal. Elle savait qu’utiliser son pouvoir sur ses ennemis n’était pas la meilleure idée du siècle dans ces conditions mais la colère l’aveuglait et Samarah ne réfléchissait plus vraiment de façon très rationnelle. Et si elle devait mourir ici, au moins elle pourrait le faire avec dignité. Cette fois, elle n’était plus à la merci de ses tortionnaires, impuissante.

Ses ennemis avaient commis l’erreur de ne pas la tuer quand ils en avaient eu l'occasion, lorsqu’ils l'avait privée de tous ses moyens et rendue inoffensive. Ils avaient au contraire réveillé ses vieux démons et attisé une flamme dangereuse qui brillait à présent dans son regard dément. Celle de la haine du genre humain. Une flamme que la mutante avait longtemps dissimulée, réservée à ses adversaires extrémistes - mais qui désormais ne pourrait plus s’éteindre. Aujourd’hui, la vengeance qu’elle avait trop longtemps refoulée venait de s’ancrer profondément dans le cœur et l'esprit de la mutante. A présent, elle ne craindrait plus jamais ses actes !

Il lui sembla qu’elle avait déjà parcouru des kilomètres depuis sa cellule alors qu’elle n’avait arpenté que deux bouts de couloirs d’à peine quelques mètres. Elle s’adossa au mur, épuisée. Son corps lui faisait atrocement mal. Un escalier se dessinait au bout du couloir. Peut-être une issue. Mais elle lui semblait encore si lointaine. Elle se remit difficilement en route. Prise de violents vertiges, chaque pas l’afflaiblissait davantage. Elle s’écroula au pied des escaliers. Il y avait de la lumière au sommet. De la poussière aussi. Et une atroce odeur de mort. La chaleur dégagée par les explosions réchauffa légèrement son corps froid, presque nu. Il fallait qu’elle franchisse ces escaliers. Mais elle n’avait plus assez de force pour le faire. Samarah s’adossa avec lenteur contre le mur. A défaut de reprendre des forces – dans son état, elle ne se faisait pas beaucoup d’illusions-, elle pouvait au moins tenter de récupérer un peu son souffle en attendant la suite des évènements. Qui sait ce qu'il l'attendait dehors. Une main secourable ou un nouvel affrontement ?
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Kenjiss

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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptyLun 25 Avr 2011 - 2:08

C'était quelque chose d'atroce que de ressentir ces explosions jusqu'aux tréfonds de son corps. Ses os brisés vibraient à chaque nouvelle bombe et la douleur fulgurante qui explosait alors lui donnait envie de hurler. Il se retenait de justesse, parce qu'il savait que cela n'engendrerait qu'une souffrance encore plus grande. Pourtant, Kenjiss aurait du être heureux. Il avait lui même acheté l'équipement du jet de la Confrérie et savait reconnaître son effroyable pouvoir destructeur. Ces explosifs, ce plasma, c'était autant de feu d'artifices célébrant une libération prochaine.

Pourtant, Kenjiss pleurait. Il savait que ce n'était que l'apothéose d'une mort prochaine. Il n'avait compris que trop tard ce qui se tramait réellement. Oh c'était si simple. Il avait été si stupide... Le tatoué hocha la tête, rageur de se savoir condamné par un plan effroyable d'efficacité, mais surtout si basique qu'il en était monstrueux. A présent, c'était l'attente. Des larmes de rages coulaient sur ses joues tuméfiées. Il voyait déjà l'enfer se déchaîner. C'était si simple bon dieu... A présent elle arrivait. Il la sentait. Elle le savait. Mais qu'y pouvait il désormais ? C'était inéluctable. On n'arrêtait pas un plan parfait. On le subissait en espérant disposer d'une capacité de riposte. Mais Kenjiss était enchainé. Bien sûr, les explosifs avaient détruit les suppresseurs de pouvoir. Et c'était terrifiant. Parce que c'était bien cela qui le condamnait. A présent il allait mourir. Les secondes s'égrenaient, rythmées par les gouttelettes de sang qui frappaient le sol avec une régularité implacable. Plic. Plic. Plic.

Tap, tap, tap.

On entendait à présent des pas dans le couloir.

Plic. Plic.

Des larmes se mêlaient au sang, et Kenjiss serra les dents, abattu de sa propre impuissance. En d'autres circonstances, il se serait battu. Tel un lion blessé, il aurait rendu coup sur coup jusqu'à s'écrouler, lardés par les crocs adverses, mais balayant encore et toujours ceux qui s'acharnaient sur la carcasse que la vie abandonnait...

Plic. Plic.

Il ne pouvait espérer aucune pitié. Tout était parfait. Elle ne l'épargnerait pas. Il ne pouvait combattre. A peine pouvait il espérer un mot compatissant avant que sa tête n'explose.

Plic. Plic.

Brusquement, son existence lui parut futile. Tous les sacrifices auxquels il avait consentis étaient vains. Tout ce qu'il avait accompli était ruiné. Tout ce qu'il désirait était piétiné. A présent et malgré sa générosité, malgré ses actes, il était seul et personne ne viendrait l'aider.

Plic. Plic.

Plic. Plic.

Le sang à moitié coagulé sur le sol avait à présent une forme curieuse n'est ce pas ? Un oiseau noir prenait son envol. Alors Kenjiss se mit à sourire.

Bordel ce qu'il avait envie d'une clope pour accompagner cette dernière ironie.

Tap. Tap.
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Miss Lemington

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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptyLun 2 Mai 2011 - 11:41

Le monde de la mutante se résumait désormais à une douleur sourde et des vertiges de plus en plus intenses. La douleur dans sa chair brûlée. Les vertiges dans sa tête traumatisée par les sédatifs et les hallucinations. Mais malgré tout, la colère brillait dans ses yeux. Le désespoir qui l’avait lentement rongée depuis des mois avait fait place à cette colère tenace et dévastatrice. Même si son état empêchait la mutante de l’exprimer totalement. Toujours adossée contre le mur, sa respiration devenait de plus en plus difficile. Signe d’une lente agonie. Samarah était faible. Trop faible pour continuer.

Deux cadavres supplémentaires jonchaient le sol à ses pieds. Celui du bourreau qui avait fournit les hallucinogènes que l’Humanoïde avait utilisé contre elle pour l’asservir totalement et l’autre, celui d’un soldat qui l’accompagnait dans sa fuite. Ils étaient apparus à l’autre bout du couloir et étaient passés devant la cellule vide. Malgré la panique et l’affolement, ils avaient redoublé de prudence. Si elle était parvenue à sortir, elle n’avait pas pu aller bien loin dans son état. Ils l’avaient alors aperçue dans le couloir suivant, épuisée, contre le mur et apparemment sans défense, les yeux clos. Le regard du soldat croisa celui du bourreau, d’un commun accord. Ils avaient voulu tenté leur chance et l’éliminer pour de bon. Cela leur sembla si facile. Ce fut une grave erreur de leur part.

Samarah ne les avait pas laissé approcher. Dès que leur empreinte mentale s’étaient dessinées dans son esprit, la mutante en avait prit possession. Et leurs corps s’étaient écroulés, morts avant d’avoir touché le sol. Elle leur avait envoyé le coup de grâce, une onde mortelle, directement dans le cœur. Simple, rapide et efficace. Mais cela l’avait condamnée à rester clouée pour de bon contre ce mur. Si son esprit avait encore la volonté de se relever ; son corps lui n’en avait plus la force. Tant de haine coulait dans ses veines à présent… pourtant cela ne suffisait plus...

Dehors le combat faisait rage, ce qui frustra davantage la mutante. Elle aurait voulu, tant voulu participer à la bataille, faire payer à ces Inférior leur acharnement et les exterminer. Enfin laisser parler ses envies si longtemps refoulées… Cela faisait des années qu’elle les retenait, qu’elle luttait contre ses pulsions sanguinaires et destructrices. Le verrou qu’elle avait longuement et durement installé au fond de son inconscient avait sauté à présent et elle ne faisait désormais plus qu’un avec cette voix. Elle la guidait. La mutante l’écoutait
Aujourd’hui, elle avait l’occasion de se libérer, de laisser agir sa haine et sa colère, sans aucune limite ni même celle de sa vie. De se venger, tout simplement. Pourtant elle n’en était plus capable. La mutante enrageait intérieurement. Et cela valait peut-être mieux car si elle avait été capable de laisser parler son potentiel, il n’était pas certain que seuls les murs seraient tombés dehors… La rage et la colère aveuglaient sans peine la raison et la réflexion.

Elle se surprit à penser à Kenjiss. Son éternel ennemi. Etait-il seulement encore en vie ? La mutante avait un moyen infaillible de le savoir mais en était-elle encore capable ? Samarah se concentra. Il y avait beaucoup d’empreintes. Elle les sentait. Mais elles se mélangeaient, confuses et troubles. Elle essaya de faire le tri. Elle connaissait l’empreinte qu’elle cherchait. Imposante. Samarah passait péniblement d’une empreinte à l’autre, survolant à peine celles des soldats, agitées. C’étaient des étrangers. Des inconnus effrayés qui avaient récolté ce qu’ils avaient semé à cause de leur bêtise…

Au début, Samarah ne perçut rien. L’empreinte qu’elle cherchait en vain à localiser ne se matérialisait pas. Etait-elle à ce point épuisée pour qu’elle ne la reconnaisse plus parmi les autres ou bien cela signifiait-il que… ? Soudain, elle la sentit. Faiblement, mais elle s’imprima dans son esprit. Froide et tranchante. Kenjiss devait être dans un sale état, tout comme elle mais au moins était-il encore en vie. Pour l’instant… Et depuis quand cela la rassurait-elle ? Sans doute depuis le jour où elle s’était jurée de le tuer elle-même. Mais cela, c’était avant. Bien avant toute cette histoire…

Samarah percevait les pensées du mutant mais celles-ci restaient lointaines. Trop diffuses pour les comprendre dans leur entièreté. Elle sentait seulement de l’épuisement, du doute et surtout de la résignation. La mutante eut alors un sursaut. Elle ouvrit brusquement les yeux et serra les poings. Comment osait-il ? Comment pouvait-il baisser les bras ? Dans son propre cas, cela pouvait se comprendre. Mais pas dans le sien, non. Contrairement à lui, elle n’avait plus rien à perdre. Mais lui… Elle ne savait pas s’il avait pu sentir sa présence dans son esprit, mais cela n’avait plus beaucoup d’importance. Ils n’étaient plus au British Museum et aujourd’hui les circonstances étaient différentes. Ses lèvres remuèrent légèrement.

"Pas le droit…"

*… tu n’as pas le droit…*

L’esprit de la mutante s’était focalisé sur cette seule pensée, tel un écho à ses propres murmures. Il n’avait pas le droit. Kenjiss n’avait pas le droit. Il ne pouvait pas se résigner. Il n’était plus seul. Il avait une famille. Désormais, il avait non seulement le cœur de June mais aussi un bébé à venir. Un enfant qui aurait besoin de ses parents. Et il n’y avait sans doute pas de personne mieux placées pour le savoir qu’eux trois réunis. Car tous les trois, d’une manière ou d’une autre avaient souffert de l’absence de leur parent.

"… tu n’as pas le droit …"

* …d’abandonner… pas le droit de les abandonner !*


Menace. La colère et la tristesse pointaient dans le son de sa voix teintée de reproche tandis que des larmes coulèrent le long de ses joues. Des larmes de frustration, des larmes d’épuisement. Kenjiss l’entendrait-il ? Samarah n’était plus capable de s’en assurer. Elle n’était plus certaine de l’efficacité de ses communications mentales. Elle percevait à peine les empreintes des êtres vivants. Elle sentit vaguement une nouvelle empreinte se matérialiser soudain à proximité du mutant. Sans parvenir à l’identifier correctement. Elle lui sembla pourtant familière. Glaciale. Mais tout lui semblait froid, à vrai dire. Elle aussi avait froid, très froid maintenant… Son corps avait cessé de lui répondre. Elle ne le sentait plus.

Samarah referma les yeux. Elle aurait voulu se concentrer sur cette empreinte mais elle n’y parvint pas. Elle était trop lointaine pour qu’elle puisse en décrypter les pensées. La mutante ne pouvait sentir s’il s’agissait d’une aide ou d’une menace malgré un pressentiment. Et puis, elle entendit soudain autre chose. Un faible grésillement mais qui s’intensifia légèrement pour devenir doucement un écho. Un écho bientôt remplacé par un murmure puis une voix cristalline qui fit irruption dans son esprit. Elle crut d’abord l’avoir rêvée mais cette voix se faisait de plus en plus proche et… cette fois, elle l’entendit clairement. Elle appelait son prénom. Sans arrêt. Elle le criait, le hurlait presque et le répétait au plus elle s’approchait. Une empreinte aussi douce et dure que le diamant. Samarah avait oublié l’autre empreinte qui l’intriguait pour focaliser toute son attention et le peu de concentration qu’il lui restait sur cette empreinte qui se rapprochait. Celle de…

*… Virginie ?*

A peine un murmure. Noyé dans l’écho de la bataille mortelle qui faisait rage partout. Un dernier appel lancé telle la lumière du phare dans la tempête qui guidait les âmes en perdition. Une lueur dans la nuit. La mutante s’y raccrocha comme un naufragé à son radeau.
Un espoir ?
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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptyDim 8 Mai 2011 - 23:58


Oh ta gueule…

Oh oui il l’entendait la Lemington. Toujours si sûre d’elle-même, fourvoyée dans ses certitudes ahurissantes de naïveté et d’une sensibilité exacerbée qu’elle tentait de cacher sous une façade aussi rude que désagréable. C’était tout à fait risible et cela l’exaspérait. Il était abruti de douleur, incapable de bouger et sur le point de vomir pour la troisième fois en dix minutes, mais Lemington trouvait encore le moyen de lui donner des ordres. Quand comprendrait elle que ses grands effets mentaux n’avaient pour seul effet que de le faire grimacer d’exaspération ? Samarah Lemington, la grande cerbère, n’était qu’une gamine effarouchée qui ne rattrapait ses désastres qu’à grand renfort de son don surpuissant.
Et puis Kenjiss n’avait que faire de ses conseils. Il savait parfaitement gérer ses problèmes, disposait d’une entreprise rentable et aisée, sans parler de divers petits recours dont la télépathe ignorait jusqu’à l’existence. Lui jouait dans la cour des grands.
A présent les explosions s’étaient arrêtées. Les mutants avaient probablement lancé un assaut terrestre qui, s’il se référait aux capacités de ses confrères, pouvait éventuellement leur permettre de le sauver. Mais Kenjiss se refusait cet espoir. Car Twikjeya ne faisait aucune erreur, et qu’elle ne permettrait à quiconque d’arriver à temps.

Lorsque la porte s’était ouverte, le tatoué ne se faisait aucune illusion sur celle qui allait apparaitre. Il fut juste surpris de voir les longs cheveux noirs de la dame de l’ombre tressés. Twikjeya ne voulait même pas prendre le risque de voir une mèche lui balayer l’œil au moment critique. Il avait bien tenté de l’écraser, mais n’était parvenu qu’à faire vaciller celle qui ne demandait qu’une poussée pour s’écrouler au sol. Elle avait investit la pièce alors que la lumière semblait vaciller, le regard dur comme à l’accoutumé. Et à présent, elle l’enlaçait dans une étreinte dont il ne se sauverait jamais. L’arme était pointée sur son crâne, à la verticale. S’il était parvenu à rassembler suffisamment de forces pour broyer le squelette de la jeune femme, il aurait causé sa propre mort en pressant la détente. Alors il ne lui restait plus qu’à méditer. La peur l’avait quitté à présent. C’était quelque chose d’étrange que de se savoir condamné, et de l’assumer. Kenjiss avait eut une vie bien remplie et la mort avait souvent été une compagne permanente, mais il n’avait jamais ressenti pareille inéluctabilité. Alors il pensa à June et à son enfant, et à tout ce qu’il perdait en ce monde. Il n’y avait guère de places pour les regrets à ce moment précis, mais il se surpris à en éprouver, sans se départir d’un égoïsme sans borne en songeant que tout cela ne serait bientôt plus son affaire. Etrangement, il n’en avait aucun remord. Les morts n’avaient pas d’émotions.
Il sentait la main glacée de la mutante lui enserrer fermement le menton, le canon froid de l’arme enfoncer légèrement son menton. Il ne servait à rien de ruer. Les doigts squelettiques étaient rapides, il le savait. Plus qu’un quarantenaire au corps brisé. Il était las. Immensément las. Un bref sourire illumina son visage.


T’es la pire des garces…

L’ange de la mort ne répondit pas, mais elle ne pressa pas la détente. Comme si elle savourait ce moment.

J’ai compris trop tard pour le mouchard… Quand es ce que tu m’as injecté ça ? Deux ans ? Dix ans ? Tu as toujours préparé tes coups… Au point de me vendre aux humains…

Alors elle parla. Cette voix froide, mordante, qui l’avait toujours fait rire lorsqu’elle terrifiait les autres. Il savait la contrôler, l’utiliser… A moins que l’élève n’ait dépassé le maitre et qu’il n’ait jamais clair dans le jeu de celle qu’il avait connue enfant.

Ce n’était qu’une mesure de sécurité jusqu’à ce que tu trahisse la cause.

Le tatoué soupira. Alors c’était pour cela qu’il mourrait. Tellement évident. S’acoquiner avec une humaine suffisait à saborder sa Confrérie. Pour Twikjeya, c’était la trahison par excellence, l’occasion parfaite de …

C’est faux.

Enfin elle manifesta une émotion. Un simple frémissement des doigts, qui lui suffit amplement… Kenjiss sourit. C’était une dernière et futile carte à jouer, mais elle en valait la peine. Une chance si infime, si futile qu’il avait presque honte de tenter cela.

Moi aussi j’ai des cartes en réserve… Isca…


Twikjeya n’hésita pas et pressa la détente. A bout portant, l’effet était terrifiant. Le jet de plasma en fusion traversa le crâne du tatoué comme si de rien n’était. Le cadavre s’écroula et Twikjeya sourit en contemplant le colosse ligoté qui bascula au sol. Alors c’était aussi simple… Il était… décevant. Comme il l’avait toujours été, dans tous les domaines. La fine de l’existence médiocre d’un être à peine digne d’intérêt. La sibérienne s’adossa au mur et observa le cadavre mutilé, sans la moindre trace d’émotion. Ses pupilles azur avaient retrouvé l’éclat métallique si caractéristique de la dame des glaces. C’était trop facile finalement. La dame noire activa son communicateur.

Twikjeya. A tous les confréristes, Kenjiss est mort dans sa cellule. Les gardes l’ont probablement abattu à notre arrivée… Repérez mon signal et rejoignez moi.
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MessageSujet: Re: [Scénar 5] Lost in cell... [Scénar 5] Lost in cell... EmptyJeu 12 Mai 2011 - 22:32



*Oui. On arrive ! On arrive ! Dis-moi où tu es ?*

La mutante n’en n’avait pas la moindre idée ! Elle était inconsciente lorsqu’on l’avait emmenée dans sa cellule. Mais d’après ce qu’elle avait pu vaguement découvrir dans les couloirs, tout lui laissait penser qu’elle se trouvait quelque part dans une partie sous-terraine du bâtiment. Il n’y avait aucune fenêtre, la lumière ne provenait que de néons tremblotants, accrochés au plafond crasseux… Samarah avait l’impression que même son esprit commençait à s’éloigner, comme s’il était engourdi mais elle tenta de répondre à l’appel de Virginie

*… sous-sols… je crois*

Le ton d’une voix brisée, à peine un murmure mental. Il fallait pourtant que Virginie l’entende si elle voulait la sauver. La mutante sentait sa présence, faiblement. Elle n’était sans doute plus très loin d’elle à présent. L’adolescente répétait sans cesse son prénom. Elle avait bien comprit qu’elle ne devait pas perdre le contact avec la télépathe, aussi fragile fut-il.

*Samarah ? Samarah ? *

Samarah rouvrit péniblement les yeux. Avait-elle des points de repère éventuels à lui fournir ? Pas vraiment, non. Rien ne ressemblait plus à un mur… qu’un autre morceau de mur. Qu’il soit entier ou écroulé. Elle regarda le couloir qui s’élançait devant elle, jonchés des cadavres qu’elle avait laissé derrière elle. On était loin des mies de pains semées dans la forêt, mais ça pouvait certainement être utile. A condition d’avoir le cœur bien accroché

* … suivre… fumée… et…corps*

Elle n’avait pas précisé ‘cadavres’, pour ce qu’il en restait. Inutile de choquer davantage la jeune fille. Si elle parvenait à la retrouver, il y aurait déjà probablement assez d’horreur dans l’air. Alors qu’elle tenta encore une fois –en vain- de bouger, Samarah reçut un écho qui la déconcentra. La communication mentale avec Virginie fut brusquement rompue. Elle se concentra sur la voix qui venait de s’imprimer dans son esprit. Ainsi, il l’avait quand même entendue…

Oh ta gueule…

La mutante voulut ricaner. Elle ne parvint qu’à s’étrangler vaguement.

*… toujours…aussi… poli…*

Même à deux doigts de mourir, lui non plus ne se départissait pas de son caractère désagréable. Samarah paraissait peut-être hautaine et assez froide pour qui ne la connaissait pas, mais Kenjiss n’avait jamais été dépourvu d’un certain orgueil lui non plus – après tout, n’était-il pas en train d’abandonner sa famille ? Cependant, l’heure n’était plus aux attaques délibérées et aux entrées mentales fracassantes dans son esprit comme elle s’était toujours plue à les faire. Car elle le sentit las, extrêmement las. Son empreinte faiblissait presque de seconde en seconde.
Et puis, il y avait toujours cette sensation d’une autre présence… Plutôt froide. Y avait-il réellement quelqu’un à ses côtés ou bien le pouvoir de la mutante commençait-il à la tromper ? Se pouvait-il que son esprit ne soit trop embrumé à présent pour ne plus être capable de détecter correctement plusieurs empreintes simultanément ? Samarah fut parcourue d’un violent frisson, puis d’un autre. Suivi d’encore un autre. Elle commença à grelotter sérieusement.

*… qui… là ?...* trouva-t-elle encore la force de demander. Elle voulait être certaine…

Mais elle n’eut pas de réponse.

*…Kenjiss ?*

Elle eut soudain l’impression que sa tête allait exploser et que les os de son crâne se fissuraient les uns après les autres. Tandis que de l’autre côté du bâtiment, un jet de plasma traversait le crâne de son ennemi, elle sentit son contact mental voler brutalement en éclat. Une douleur fulgurante jaillit alors dans son esprit avant de se répandre dans tout son corps, déjà bien trop meurtri. Elle en eut la nausée et le souffle presque coupé. Samarah se crispa et incapable de contenir la douleur qui l’envahissait, elle hurla. Un hurlement incontrôlable qui brisa le silence presque morbide régnant dans le couloir depuis la fin des explosions à l’extérieur.
Un hurlement qui lui couta irrémédiablement ses dernières forces. Samarah perdit définitivement connaissance, terrassée par le choc mental qui l’avait littéralement traversée de part en part tel l’écho de la mort, et sa tête bascula lentement le long du mur…

Un hurlement déchirant mais qui serait peut-être entendu par ceux qui la cherchaient et pourrait enfin les guider jusqu’à elle... Peut-être la vie sauve par la mort de l’éternel rival, l’ironie prenait un malin plaisir à s’acharner sur la mutante.

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